L'homélie du dimanche (prochain)

7 janvier 2012

L’inquiétude et la curiosité d’Hérode

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’inquiétude et la curiosité d’Hérode


Homélie pour la fête de l’Épiphanie
08/01/2012

Qu’est-ce qui soucie les rois ?

« Lorsqu’il apprit cela, Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. »
Pourquoi un roi s’inquiète-t-il ?

L'inquiétude et la curiosité d'Hérode dans Communauté spirituelle photo_hd_pdt_3015

Qu’est-ce qui fait peur aux grands de ce monde ? Décevoir leur peuple, échouer dans leur mission ? L’inquiétude d’Hérode semble bien plus vulgaire dans cet évangile de l’Épiphanie : il a tout simplement peur de perdre sa place. Il est inquiet de cette vague rumeur au sujet d’un roi concurrent. Il se demande s’il doit lui accorder du crédit. Alors, au cas où, il navigue entre deux eaux : ?revenez me voir pour que je me prosterne devant lui’. Évidemment, on pense tout de suite à une ruse de sa part : utiliser les mages comme patrouille de repérage pour localiser le concurrent et l’éliminer ensuite est une stratégie somme toute courante chez les « N° 1 » de chaque époque. Peut-être va-t-on trop vite. Peut-être Hérode est-il sincère à cet instant de son règne : il cherche à savoir qui est cet enfant. Si c’est vraiment un « N+1 », pourquoi ne pas se prosterner devant lui ? C’est un bon calcul politique. D’ailleurs, on retrouve la même curiosité d’Hérode à la fin de l’histoire de Jésus. Il veut le voir, car il est impressionné par sa renommée de prophète et de guérisseur. Du coup, lorsque Jésus comparaît devant lui, Hérode a encore la curiosité de l’épisode des mages. Mais il sera vite déçu par ce thaumaturge qui ne fait rien d’éblouissant devant lui, par cet illuminé enchaîné qui se prend pour un roi différent.

 

Hérode est décidément l’homme de l’inquiétude et de la curiosité.

Devant Jean-Baptiste, il perçoit la grandeur du personnage. Il en est inquiet, car Jean-Baptiste ose contester publiquement son union avec la femme de son frère, et ça fait tache lorsque le cortège royal se fait ainsi insulter en public par cette hirsute vêtu de poils de chameau ! Là encore il navigue entre deux eaux. Il fait emprisonner Jean-Baptiste, car ?trop c’est trop’, et un puissant ne peut pas supporter un tel effet miroir de ses fautes. Cependant, il répugne à le faire mourir. Il faudra toute la séduction de Hérodiade pour qu’à regret il livre la tête de sa conscience sur un plateau d’argent à sa belle-fille.

 

L’inquiétude d’Hérode devant les mages aurait pu le conduire à la crèche.

La curiosité d’Hérode devant l’étoile aurait pu lui faire accepter d’être moins grand que Jésus.

Ni l’un ni l’autre : Hérode ne bougera pas de Jérusalem. Il instrumentalisera les mages pour faire le chemin à sa place. Un peu comme les seigneurs des XII° et XIII° siècles payaient des mercenaires pour faire les croisades à leur place ou le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle en leur nom.

Cette ruse est éventée grâce au songe des mages. Hérode laissera la peur du concurrent le dominer : il éliminera tout rival potentiel en tuant les nouveau-nés mâles de Bethléem.

 

Nos inquiétudes


L’inquiétude et la curiosité d’Hérode pourraient bien être les nôtres.

Combien de fois vivons-nous comme lui entrent deux eaux, essayant de jouer sur tous les tableaux ? Lorsque l’inquiétude d’un rival nous assaille, que ce soit sur le plan professionnel, affectif ou social, comment réagissons-nous ? À la manière d’Hérode qui hésite, explore toutes les voies pour finalement se résoudre à éliminer le concurrent par tous les moyens ? À la manière de Jean-Baptiste qui salue avec joie un plus grand que lui ? Repérez dans votre vie les moments où l’inquiétude et la curiosité se sont trouvés mêlées : laquelle des deux l’a emporté ? Souvenez-vous des moments où on vous a parlé de quelqu’un plus grand que vous, comme les mages à Hérode : comment avez-vous réagi ? Comment passer d’Hérode à Jean-Baptiste dans notre réponse à ces situations de rivalité apparente ?

 

S’il n’y avait qu’Hérode, si cela ne concernait que lui… Mais l’évangile précise qu’Hérode fut saisi d’inquiétude, « et tout Jérusalem avec lui ». Il est roi, et il entraîne la ville avec lui dans son inquiétude bientôt meurtrière.

 

Chacun de nous a le pouvoir, même s’il n’est pas roi, d’entraîner ainsi d’autres autour de lui dans des inquiétudes dangereuses. Inquiétude au sujet de ceux qui seraient sensés vouloir prendre notre place. Inquiétude sur la menace que des petits pourtant bien faibles pourraient à terme représenter pour notre bien-être. Inquiétude devant une étoile qui se lève alors qu’elle annonce une grande espérance.

Prenons conscience de la responsabilité qui est la nôtre lorsque nous entraînons d’autres autour de nous dans nos inquiétudes malsaines.

 

Gardons d’Hérode sa curiosité et son interrogation devant l’étoile et les mages d’aujourd’hui.

Gardons de Jean-Baptiste sa joie à reconnaître un plus grand que lui, à le manifester (épiphanie = dévoilement, manifestation) à tous.

 

LECTURES DE LA MESSE

1ère lecture : Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem (Is 60, 1-6)

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton c?ur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations. Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encenset proclamant les louanges du Seigneur.

 

Psaume : Psaume 71 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

R/ Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux ! 

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents.
les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

 

2ème lecture : L’appel au salut est universel (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Ephésiens

Frères,
vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous ; par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ.
Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes. Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

 

Evangile : Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus (Mt 2, 1-12)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Nous avons vu se lever son étoile, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia. (cf. Mt 2, 2)

 

Lecture de la première lettre de saint Jean

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Sur ces paroles du roi, ils partirent.
Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick BRAUD

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1 janvier 2011

Éloge de la mobilité épiphanique

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Éloge de la mobilité épiphanique

Homélie pour la fête de l’Épiphanie / Année A
Dimanche 2 Janvier 2011

·       Dimanche dernier, la Sainte Famille était projetée sur les routes de l’émigration en Égypte pour fuir Hérode.

En cette fête de l’Épiphanie, ce sont les mages qui prennent la route, passent par Hérode, et reviennent chez eux. De l’Orient à Bethléem en passant par Jérusalem, ces savants astrologues (le texte ne dit pas qu’ils sont rois ni qu’ils sont trois) n’ont pas peur de la mobilité ! Car voyager en ce temps-là, sur d’aussi longues distances, c’est toute une affaire ! En plus, quand on est savant comme ces mages, on ne part pas sans un matériel assez sophistiqué qui demande beaucoup de serviteurs et un « convoi exceptionnel » : lunettes astronomiques, ouvrages scientifiques, cabinet de travail…

 Éloge de la mobilité épiphanique dans Communauté spirituelle visite_mages_2

·       La mobilité des mages résonne d’une manière particulièrement heureuse dans notre monde interconnecté et globalisé. Bien davantage que les mouvements de migration (qui ne représente que 1/400° des mouvements à la frontière en France), les allers-retours des touristes et autres passagers à nos frontières révèlent une population en quête de quelque chose, à l’instar des mages.

Quête de beauté des paysages et des cités pour les touristes.

Quête de rendez-vous avec des partenaires économiques pour les hommes d’affaires (pas toujours si pressés que cela).

Quête d’amitié et de rencontres pour les familles, les amis et autres militants de la solidarité à travers les frontières…

L’Épiphanie nous donne donc de bonnes raisons de lire avec bienveillance cette frénésie de mobilité moderne qui multiplie les voyages, les contacts, les découvertes, les quêtes « païennes » pas si éloignées de la quête des mages.

tourisme-mondial-par-anamorphose1 émigration dans Communauté spirituelle

Ci-dessus une carte par anamorphose qui déforme volontairement la taille des pays en fonction du nombre de touristes qui ont visité les états. La France est énorme car c’est le pays qui a accueilli le plus de touristes l’an passé. L’Afrique et l’Amérique du sud sont minuscules car elles n’ont reçu que très peu de touristes.

 Source: http://www.blogg.org/blog-76418-date-2009-04-08-billet-le_tourisme_mondial-1008102.html

·       Le contraste est d’autant plus saisissant avec Hérode, les chefs des prêtres juifs et les scribes Israël : ils refusent de bouger, tant géographiquement que spirituellement. Ils demeurent immobiles, « scotchés » à Jérusalem, et envoient quasiment les mages voyager à leur place. Ils demeurent également immobiles dans leur lecture de l’Écriture. Ils « savent » la prophétie sur Bethléem, mais ils n’en tirent aucune conséquence. Même l’événement de l’étoile ne les fait pas bouger, ne déplace pas leur interprétation de l’Écriture.

Le fondamentalisme, c’est hélas cela : une lecture immobile.

Les mages n’avaient que l’étoile, mais elle les a mis en route, en mouvement.

Les notables juifs de Jérusalem avaient l’Écriture, mais ils ont refusé de se déplacer, d’être dé-placés…

·       Voilà donc un des secrets de l’Épiphanie : seuls ceux qui acceptent de bouger dans leurs représentations, dans leur savoir, dans leur identité même, peuvent découvrir où Dieu se cache en l’humain.

« Pour nous, accompagnons les mages, débarrassons-nous des moeurs païennes, faisons un long voyage pour voir le Christ ; car, s’ils n’étaient pas partis loin de leur pays, ils ne l’auraient pas vu. 

Qu’est-ce donc qui les persuade d’agir ainsi ? Cela même qui les a jetés sur les routes pour entreprendre un tel voyage » (saint Jean Chrysostome : homélies sur l’évangile selon saint Matthieu, VII).

Ceux dont les certitudes sont immobiles ne pourrons le reconnaître, et deviendront bientôt jaloux, pire : violents.

Même l’étoile n’est pas immobile dans le ciel : elle bouge, elle se déplace, elle effectue une trajectoire qui devient symbolique.

Oui vraiment dans ce texte, la mobilité des acteurs (mages, étoile, Dieu, bergers, Joseph et Marie) devient épiphanique ! C’est-à-dire qu’elle manifeste la présence de Dieu en l’homme.

  caldermobile Epiphanie

·       Le premier à avoir revêtu la mobilité, c’est Dieu lui-même. « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu… s’est anéanti… est devenu semblable aux hommes… jusqu’à la mort » (Ph 2,6-11). Cet hymne célèbre la trajectoire étonnante d’un Dieu qui quitte sa patrie d’origine (le « ciel ») pour émigrer chez les hommes, en allant même jusqu’à descendre aux enfers. Tout le contraire d’un Dieu immobile !

Pour nous, Dieu s’est mis en mouvement.

Comme les mages, il est parti « loin de chez lui ».

Comme eux, il a été jeté sur les routes des hommes, « sans une pierre où reposer sa tête ». ComUnitas-Trinitas_reference magesme eux, il a cherché où Dieu se cachait en l’humain, et il l’a adoré à chaque fois que cela se manifestait.

En devenant mobile, en se « mobilisant » par amour pour nous, Dieu se révèle mobile en lui-même. L’amour trinitaire n’est pas un océan de tranquillité absolue. C’est une circulation, un échange intense entre trois personnes, une visitation permanente, une « circumincessio » disait les latins pour évoquer le mouvement circulaire qui unit les trois, une « périchorèse » disait les Grecs pour évoquer le mouvement de danse qui relie les trois…

 

L’Épiphanie nous révèle un Dieu mobile ! Dont le seul mobile est de s’offrir, par amour…

Les mages itinérants saluent en l’enfant de l’étable un compagnon de voyage.

Hérode immobile verra en Jésus arriva un rival redoutable à éliminer.

 

·       Et nous : quelle est notre immobilité actuelle ?

À quelle mobilité (intellectuelle, spirituelle, géographique, amicale…) sommes-nous appelés ?

  

 

 

1ère lecture : Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem (Is 60, 1-6)

 

Lecture du livre d’Isaïe

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton coeur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations. Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur.

Psaume : Ps 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

R/ Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents,
les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

2ème lecture : L’appel au salut est universel (Ep 3, 2-3a.5-6°

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ. Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes. Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

Evangile : Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus (Mt 2, 1-12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick Braud 

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2 janvier 2010

Epiphanie : La sagesse des nations

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Épiphanie : La sagesse des nations

 

Homélie de la fête de l’Épiphanie / Année C

03/01/10

 

Quel besoin l’enfant de la crèche avait-il de recevoir de l’or, de l’encens et de la myrrhe ?
Cadeaux embarrassants dont les parents de Jésus n’ont sans doute pas su quoi faire…

Cadeaux symboliques bien sûr, qui ont une grande valeur pour nous, peuples païens, peuples non juifs, représentés par les mages de l’Épiphanie.

Outre la triple dimension du baptême qui est évoquée à travers ces présents (prêtre = encens ; prophète = myrrhe ; roi = or), on peut voir dans l’adoration des mages l’acceptation par le Christ des richesses des peuples.

Le corps du Christ – et donc l’Église encore aujourd’hui – a besoin de recevoir l’or, l’encens et la myrrhe des cultures païennes environnantes. Loin de mépriser les trésors des peuples, le Christ – et son Église avec lui – accueille avec reconnaissance le meilleur de la sagesse des non juifs, des non-chrétiens.

L’or de la philosophie, l’encens de la connaissance scientifique, la myrrhe des coutumes locales… : fêter l’Épiphanie, c’est accepter de recevoir des autres, de ceux qui ne font pas partie du cercle des croyants.

 

Cela rejoint une longue tradition !

Israël n’a cessé dans son histoire de faire son miel avec le meilleur du génie des peuples environnants. Le courant sapientiel en témoigne avec force dans la Bible.  Des écrits multiples s’inspirent de la sagesse des nations : l’histoire de Joseph avec ses songes ; Moïse et sa double culture, hébreu et égyptienne ; le Cantique des cantiques et sa célébration de l’amour humain ; le livre de Job qui s’interroge sur l’énigme du mal ; et encore le livre des Proverbes, maximes de sagesse, l’épopée de Ruth, le livre de la Sagesse, du Qohelet, de Ben Sirac etc…

 

Tout au long de son histoire, Israël n’a cessé d’adopter le meilleur de ses voisins, reconnaissant ainsi que l’Esprit de Dieu agit bien au-delà de ses frontières.

 

Dès la sortie d’Égypte, Dieu ordonne un au peuple d’Israël de ne pas partir sans emporter les trésors de l’Égypte : « Les enfants d’Israël firent ce que Moïse avait dit, et ils demandèrent aux Égyptiens des vases d’argent, des vases d’or et des vêtements.  Yahvé fit trouver grâce au peuple aux yeux des Égyptiens, qui se rendirent à leur demande. Et ils dépouillèrent les Égyptiens. » (Ex 12,36).

Les fuyards deviennent riches des trésors de leurs bourreaux !

 

La sagesse devient ainsi un pont entre le peuple juif particulier et les autres.

En cette fête de l’Épiphanie, l’Église devrait – avec le Christ de Bethléem – reconnaître qu’elle a beaucoup à recevoir des savants non chrétiens, des philosophes modernes, des sagesses populaires. Car le Christ de l’Épiphanie n’est pas seulement le roi des juifs. Il accomplit également la sagesse des autres nations, et reçoit d’elle les présents qui le révèlent.

Il met déjà en actes cette bienveillance à laquelle Paul exhortera les chrétiens de Philippe : «   tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper. » (Ph 4,8)

 

Si nous oublions cette dimension sapientielle que manifeste l’Épiphanie, alors nous risquons de survaloriser la Loi et les Prophètes. En oubliant la sagesse, ce troisième courant si important dans la Bible (cf. Jr 18,18 : «  la Loi ne périra pas faute de prêtre, ni le conseil faute de sage, ni la parole faute de prophète »), nous risquons de couper notre Église d’avec la société environnante ; avec comme conséquence une séparation croissante entre ces deux univers.

Si on oublie la sagesse des mages d’aujourd’hui, nos communautés chrétiennes risquent de se replier frileusement sur leur « identité ecclésiale » mal comprise, de s’enfermer dans un univers purement religieux plutôt que de s’engager dans la société en réponse à l’appel du Christ d’en être le sel et la lumière.

 

Le concile Vatican deux reconnaît explicitement l’aide que l’Église peut ainsi recevoir du monde :

null« l’Église n’ignore pas tout ce qu’elle a reçu de l’histoire et de l’évolution du genre humain.

 L’expérience des siècles passés, le progrès des sciences, les richesses cachées dans les diverses cultures, qui permettent de mieux connaître l’homme lui-même et ouvrent de nouvelles voies à la vérité, sont également utiles à l’Église. En effet, dès les débuts de son histoire, elle a appris à exprimer le message du Christ en se servant des concepts et des langues des divers peuples et, de plus, elle s’est efforcée de le mettre en valeur par la sagesse des philosophes: ceci afin d’adapter l’Évangile, dans les limites convenables, et à la compréhension de tous et aux exigences des sages. À vrai dire, cette manière appropriée de proclamer la parole révélée doit demeurer la loi de toute évangélisation. C’est de cette façon, en effet, que l’on peut susciter en toute nation la possibilité d’exprimer le message chrétien selon le mode qui lui convient, et que l’on promeut en même temps un échange vivant entre l’Église et les diverses cultures. Pour accroître de tels échanges, l’Église, surtout de nos jours où les choses vont si vite et où les façons de penser sont extrêmement variées, a particulièrement besoin de l’apport de ceux qui vivent sans le monde, et en épousent les formes mentales, qu’il s’agisse des croyants ou des incroyants. Il revient à tout le peuple de Dieu, notamment aux pasteurs et aux théologiens, avec l’aide de l’Esprit-Saint, de scruter, de discerner et d’interpréter les multiples langages de notre temps et de les juger à la lumière de la parole divine, pour que la vérité révélée puisse être sans cesse mieux perçue, mieux comprise et présentée sous une forme plus adaptée. » (Lumen Gentium n° 44)

 

Soyons donc attentifs aux cadeaux que nous pouvons recevoir des mages actuels :

- les scientifiques ont des choses à nous transmettre sur les origines de l’univers, de l’homme, sur l’infiniment petit comme l’infiniment grand…

- Les philosophes continuent d’aiguiser notre raison pour discerner ce qui est juste dans les questions d’éthique ou de pensées contemporaines.

- Les artistes de tous bords, de la bande dessinée au cinéma en passant par les musiciens et les poètes, ont également des choses à dire à notre Église, des secrets à lui révéler…

 

Ne soyons donc pas trop centrés sur la vie ecclésiale ! Respirons au large !

 

Intéressons-nous aux trésors que les cultures environnantes peuvent toujours offrir au Christ.

Intéressons-nous aux sagesses que cette fête de l’Épiphanie magnifie lorsqu’elles deviennent des présents offerts…

 

 

1ère lecture : Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem (Is 60, 1-6)

Lecture du livre d’Isaïe

 Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Regarde : l’obscurité recouvre la terre,l es ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.
Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ;tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras.
Alors tu verras, tu seras radieuse, ton coeur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations.
Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur

 

Psaume : 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

R/ Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut.

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux ! 

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

 

2ème lecture : L’appel au salut est universel (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ.
Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes.
Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile

 

Evangile : Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus (Mt 2, 1-12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent :
« A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Sur ces paroles du roi, ils partirent.Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.
En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick BRAUD

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