L'homélie du dimanche (prochain)

25 juin 2023

Je vis tranquille au milieu des miens

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Je vis tranquille au milieu des miens

Homélie pour le 13° Dimanche du Temps Ordinaire / Année A
02/07/2023

Cf. également :
Construisons donc une chambre haute pour notre Élisée intérieur
Dieu est le plus court chemin d’un homme à un autre
Le jeu du qui-perd-gagne
Honore ton père et ta mère
Aimer nos familles « à partir de la fin »
Prendre sa croix
Chandeleur : les relevailles de Marie
Zachée : le juste, l’incisé et la figue
Comme une épée à deux tranchants

Salutations africaines
Si vous allez au Burkina Faso, en Afrique de l’Ouest, surtout dans des villages de brousse, observez deux Mossis (l’ethnie majoritaire du centre) qui se saluent sur la route. Vous entendrez une très longue litanie de salutations très codifiées échangées de part et d’autre :
Je vis tranquille au milieu des miens dans Communauté spirituelle Image5– Kiemame ? (comment allez-vous ?)
- Laafi bala (la paix seulement)
– La zakramba, kiemame ? (et la famille, comment ça va ?)
- Laafi bala (la paix seulement)
– La villagedamba, kiemame ? (et les gens du village ?)
- Laafi bala (la paix seulement) … etc.
À chaque demande pour savoir si les proches de l’interlocuteur vont bien, l’autre répond : laafi bala, la paix seulement. Et réciproquement ! Ces salutations durent donc de longues minutes, sans regarder l’autre dans les yeux pour ne pas le gêner ni être agressif. Évidemment, les Blancs (« nassaara ») habitués à un furtif « ça va ? » dont ils n’attendent même pas la réponse pour passer à autre chose sont désemparés devant ce rituel d’apprivoisement réciproque qui demande du temps, de la présence à l’autre, de la délicatesse. Le leitmotiv « laafi bala » qui rythme cette coutume et tout le parler mossi traduit la valeur prépondérante accordée à la paix, l’harmonie, la cohésion sociale dans cette culture. L’idéal du Mossi est de vivre en paix au milieu des siens. Même s’il est malade ou si ses greniers sont vides, il commencera toujours par répondre : « laafi bala »…
Cet objectif de vie très simple est visiblement partagé par la Sunamite de notre première lecture (2 R 4,8-16). Voyons comment.

 

1. La Sunamite qui veut le rester
En la remerciant pour son hospitalité digne du meilleur AirBnb (et en plus c’est gratuit !), Élisée voudrait l’introduire auprès des hautes sphères du royaume :
sunamite-m Elisée dans Communauté spirituelle« Que peut-on faire pour toi ? Faut-il parler pour toi au roi ou au chef de l’armée ? » (2R 4,13). Ce qui reviendrait à l’extraire de son humble condition sociale pour la propulser dans la haute société princière. La réponse de la Sunamite est d’une simplicité profonde : « je vis (demeure יָשַׁבya.shav / οκω oikeō) tranquille au milieu des miens ». Le verbe employé  évoque l’atmosphère familière de la maisonnée (oikeō), et surtout le fait de demeurer (ya.shav) avec les siens. On y entend déjà en filigrane l’annonce du Prologue de Jean : « il est venu demeurer chez les siens ». D’ailleurs Élisée va demeurer chez elle à chacune de ses escales, ce qui transformera toute la maisonnée.

La Sunamite préfère rester au milieu de son village, de son peuple, plutôt que d’aller à la cour du roi. Elle ne rêve pas d’être ailleurs que là où elle est. C’est sans doute cela, la présence : habiter le présent avec ceux qui sont là, sans se projeter ailleurs, ni avant, ni après. Saint François de Sales traduira cette sagesse en une belle maxime : « Fleuris là où Dieu t’a semé ». Nous passons notre temps à vouloir être ailleurs, être quelqu’un d’autre, être à une autre époque, et du coup nous ne sommes plus vraiment là.
Comme quoi savoir demeurer quelque part est tout un art !

Elle veut vivre tranquillement au milieu des siens.
Un peu plus loin, on la voit réagir à l’insolation qui a frappé ce fils inattendu et qu’on croit mort. À son mari inquiet qui lui demande ce qui se passe, elle répond tranquillement : « tout va bien » (שָׁלוֹם shalom) 2R 4,23, alors que le danger est grand. On retrouve le mot shalom cher aux Mossis du Burkina (sous la forme laafi) : la paix. Être en paix, même en plein danger, vivre en paix, faire la paix avec soi-même et les autres, pacifier le tumulte intérieur des passions désordonnées pour se caler en son centre de gravité spirituelle, aligné sur ses valeurs, tenant résolument le cap choisi.

Il faut pouvoir le prononcer ce « tout va bien » quand tout va mal à l’intérieur, quand la déception est à son comble, quand la douleur de l’absence d’un enfant est ravivée, quand tout le rêve en un instant devient cauchemar… Mais par contraste, la voilà la belle aventure de la foi : faire confiance en l’avenir envers et contre tout, espérer contre toute espérance. En dignes enfants d’Abraham : « Espérant contre toute espérance, il a cru ; ainsi est-il devenu le père d’un grand nombre de nations, selon cette parole : Telle sera la descendance que tu auras ! » (Rm 4,18).

Être ainsi ancré dans un lieu, un peuple, dans les valeurs qui me constituent revient à être ancré en Dieu même. Comme le disait le psalmiste : « je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère » (Ps 131,2).
Pourtant, la Sunamite aurait eu des raisons de vouloir autre chose ! Elle et son mari ne roulent pas sur l’or. Ils doivent travailler encore malgré leur âge. Et surtout cette femme ne peut avoir d’enfant. Cela ne trouble pas sa tranquillité spirituelle. Elle a cette force intérieure qui lui permet d’accueillir ce qui est pour en tirer le meilleur. Comme dira Paul : « j’ai appris à me contenter de ce que j’ai. Je sais vivre de peu, je sais aussi être dans l’abondance. J’ai été formé à tout et pour tout : à être rassasié et à souffrir la faim, à être dans l’abondance et dans les privations. Je peux tout en celui qui me donne la force » (Ph 4,11-13)

Et vous : où souhaitez-vous demeurer parmi les vôtres ? Où en est votre tranquillité de  cœur ?

 

2. Éloge du désintéressement
Le pur amour : pour qui êtes-vous prêts à aller en enfer ?
L’hospitalité accordée à Élisée aurait pu être intéressée. Pensez donc : si c’est un prophète, peut-être fera-t-il quelque chose pour moi ? Or l’aménagement de la chambre haute pour Élisée n’est accompagné d’aucune demande, ni explicite ni implicite. À tel point qu’Élisée ne connaît même pas la souffrance de celle qui l’accueille (ne pas avoir d’enfant). Sans calcul, sans autre motif que la valeur de ce prophète et la valeur de l’hospitalité comme règle de conduite, cette femme se retire avec discrétion en laissant Élisée se reposer, sans l’importuner avec ses soucis. Elle se fait simplement une joie d’accueillir cet homme de Dieu, sans arrière-pensée, gratuitement, pour rien.

Et vous : c’était quand, la dernière fois où vous avez agi ‘pour rien’ ?

 

3. Et par-dessus le marché : la fécondité
Femmes de la bible la Sunamite Elisée
La Sunamite, par pudeur et par discrétion, mais aussi pour ne pas peser sur l’homme de Dieu, ne lui avait rien dit de sa stérilité. C’est une souffrance majeure à cette époque, plus encore qu’aujourd’hui, sur le plan social en tout cas. Une femme sans enfant était déconsidérée, voire moquée et méprisée, discriminée. Anne par exemple passait des heures à pleurer devant YHWH, écrasée par la honte de ne pouvoir être mère : « Seigneur de l’univers ! Si tu veux bien regarder l’humiliation de ta servante, te souvenir de moi, ne pas m’oublier, et me donner un fils… » (1S 1,11). Et Rachel suppliait Jacob : « Voyant qu’elle n’avait pas donné d’enfant à Jacob, Rachel devint jalouse de sa sœur. Elle dit à Jacob : ‘Donne-moi des fils, sinon je vais mourir !’ » (Gn 30,1). Lorsqu’elle met Joseph au monde, elle s’écrie : « Dieu a enlevé ma honte » (Gn 30,23). Car c’était une terrible humiliation, une honte socialement lourde à porter que de ne pas avoir d’enfant.
Malgré cette blessure intime si profonde, la Sunamite ne s’est pas laissée aigrir ni rabougrir par le drame de sa stérilité (ou de celle de son mari ?). Elle a su donner un autre sens à sa vie que les enfants.

Les innombrables célibataires – par choix par force – de nos sociétés modernes pourraient trouver en elle une belle figure d’épanouissement personnel, en passant d’un célibat subi à un célibat choisi. En se tournant vers les autres, en rendant service autant qu’elle le peut, tranquillement au milieu des siens, cette femme sans enfant est devenue une référence à Sunam. Une de ces justes ordinaires sans lesquels le monde ne tiendrait pas. Elle est populaire chez les siens, parce qu’elle trouve son plaisir à faire le bien, non pour une éventuelle récompense mais parce que cela est bien, tout simplement. Elle se désigne elle-même comme servante (2R 4,16), diaconesse avant l’heure (comme le sera la belle-mère de Pierre une fois guérie : « elle les servait » Mc 1,31). Sa joie de servir a sublimé sa douleur de ne pas avoir d’enfant. Elle ne s’attarde pas sur sa souffrance, et fait de sa disponibilité familiale un moteur pour aller vers les autres, pour les accueillir chez elle.

Alors, nous dit le texte, la conséquence de ce détachement intérieur est paradoxalement de retrouver la fécondité perdue : « l’année prochaine, tu tiendras un fils dans tes bras » (2R 4,16). C’est tellement fou qu’elle-même n’y croit pas : ne te moque pas de moi, dit-elle à Élisée. Comme Sarah riait incrédule devant l’improbable annonce des trois visiteurs lui promettant une grossesse impossible, la Sunamite ne veut pas souffrir à nouveau en vain en espérant une grossesse qu’elle a sagement effacée de son horizon. Redisons-le : son équilibre de vie, sa tranquillité au milieu des siens, son sens du service faisait qu’elle ne demandait rien à Élisée. Son accueil est vraiment totalement désintéressé !

Aussi l’annonce finale de la naissance ne sonne pas comme une « récompense » au sens classique du terme, mais bien plutôt comme une conséquence logique de son ouverture au passage de Dieu dans sa vie. Autrement dit : la naissance ne sera pas une médaille comme en recherchent les grands de ce monde. Ce sera un cadeau, un excès de bonté divine, un plus, « par-dessus le marché » comme disait Jésus : « cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par-dessus le marché » (M 6,33). Dans l’Évangile de ce dimanche (Mt 10, 37-42), Matthieu emploie trois fois le terme récompense (μισθς = misthos) pour saluer les conséquences de l’accueil d’un prophète, d’un juste, d’un disciple. En bon juif converti à Jésus, Matthieu est légèrement obsédé par la problématique de la Loi juive et de son accomplissement. Il emploie 10 fois (comme les 10 commandements) le mot récompense dans son Évangile [1], justement afin de montrer l’accomplissement de la Loi dans la foi chrétienne. Il se débat avec la doctrine pharisienne de la rétribution, qui voudrait n’accorder à l’homme que ce qu’il mériterait en retour de ses actes. On traduit : récompense, mais également salaire, au sens de ce qui est dû pour le travail accompli, ce qui est normal de recevoir une fois la journée effectuée. Ce n’est donc que justice. Et c’est dans l’ordre des choses – telles que YHWH les a faites – que l’accueil désintéressé transforme celui qui accueille à l’image de celui qu’il accueille, comme l’orant est transformé à l’image de l’icône qu’il contemple.

Cette récompense n’est pas le moteur de notre empressement à accueillir. Ce n’est pas une rétribution, un mérite.
Nous ne pratiquons pas l’hospitalité pour ‘gagner le paradis’. Nous le faisons pour rien, par pur amour aurait dit Madame Guyon (cf. Le pur amour : pour qui êtes-vous prêts à aller en enfer ?).
Nous ne sommes pas ‘intéressés’ par la vie éternelle : c’est elle qui s’offre à nous, par-dessus le marché.

Et vous, quelle fécondité pouvez-vous accepter de recevoir, ‘par-dessus le marché’ ?

 

4. Déceler le besoin de l’autre
Elisée et la Sunamite
Terminons en essayant d’être moins balourd qu’Élisée ! Il n’avait rien vu de la situation de la Sunamite. C’est son serviteur Guéhazi qui lui révèle : « elle n’a pas de fils ». Élisée est tout surpris, et confus, de se rendre compte qu’il est passé à côté de la souffrance de son hôte. C’est encore le cas quand il la revoit plus tard sans deviner la maladie mortelle qui a couché son fils (« son âme est dans l’amertume. Le Seigneur me l’a caché, il ne m’a rien annoncé » 2R 4,27). C’est encore le cas quand il pense à tort que son seul bâton sera suffisant, sans lui, pour guérir l’enfant apparemment mort (2R 4,29–32).
Heureusement qu’il y a le brave Guéhazi pour lui souffler à chaque fois la solution… Tout  prophète qu’il est, Élisée ne fait pas assez attention aux petites gens qu’il croise, même ceux qui lui font du bien.
Il nous faut donc nous appuyer sur d’autres yeux que les nôtres, d’autres sensibilités, d’autres proximités sociales et spirituelles pour déceler le besoin de l’autre.

Et vous : sur qui pouvez-vous vous appuyer pour déchiffrer les réels besoins des gens qui vous entourent, au travail, en famille, en Église ?

 


[1]. Mt 5,12.46 ; 6,1.2.5.16 ; 10,41.42 ; 20,8

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Celui qui s’arrête chez nous est un saint homme de Dieu » (2 R 4, 8-11.14-16a)

Lecture du deuxième livre des Rois
Un jour, le prophète Élisée passait à Sunam ; une femme riche de ce pays insista pour qu’il vienne manger chez elle. Depuis, chaque fois qu’il passait par là, il allait manger chez elle. Elle dit à son mari : « Écoute, je sais que celui qui s’arrête toujours chez nous est un saint homme de Dieu. Faisons-lui une petite chambre sur la terrasse ; nous y mettrons un lit, une table, un siège et une lampe, et quand il viendra chez nous, il pourra s’y retirer. »
Le jour où il revint, il se retira dans cette chambre pour y coucher. Puis il dit à son serviteur : « Que peut-on faire pour cette femme ? » Le serviteur répondit : « Hélas, elle n’a pas de fils, et son mari est âgé. » Élisée lui dit : « Appelle-la. » Le serviteur l’appela et elle se présenta à la porte. Élisée lui dit : « À cette même époque, au temps fixé pour la naissance, tu tiendras un fils dans tes bras. »

PSAUME
(Ps 88 (89), 2-3, 16-17, 18-19)
R/ Ton amour, Seigneur, sans fin je le chante ! (Ps 88, 2a)

L’amour du Seigneur, sans fin je le chante ;
ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge.
Je le dis : C’est un amour bâti pour toujours ;
ta fidélité est plus stable que les cieux.

Heureux le peuple qui connaît l’ovation !
Seigneur, il marche à la lumière de ta face ;
tout le jour, à ton nom il danse de joie,
fier de ton juste pouvoir.

Tu es sa force éclatante ;
ta grâce accroît notre vigueur.
Oui, notre roi est au Seigneur ;
notre bouclier, au Dieu saint d’Israël.

DEUXIÈME LECTURE
Unis, par le baptême, à la mort et à la résurrection du Christ (Rm 6, 3-4.8-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c’est au péché qu’il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c’est pour Dieu qu’il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ.

ÉVANGILE
« Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui vous accueille m’accueille » (Mt 10, 37-42)
Alléluia. Alléluia. Descendance choisie, sacerdoce royal, nation sainte, annoncez les merveilles de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Alléluia. (cf. 1 P 2, 9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »
Patrick BRAUD

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2 octobre 2022

Jésus, Élisée et moi

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Jésus, Élisée et moi

 

Homélie pour le 28° dimanche du Temps Ordinaire / Année C
09/10/2022

 

Cf. également :

Cadeau de janvier, ingratitude de février

Quel sera votre sachet de terre juive ?

De la santé au salut en passant par la foi

Faire miniane

Fréquenter les infréquentables

Pour en finir avec les lèpres

 

Méfiez-vous des charlatans !

La période de confinement a fait fleurir sur les réseaux sociaux des milliers de soi-disant alternatives aux vaccins contre le Covid. Les antivax y présentaient force plantes, décoctions, rituels savants et autres manipulations ésotériques pour conjurer le virus…
Rien de nouveau sous le soleil ! 
Un historien du XIX° siècle relate par exemple comment les guérisseurs soignaient les verrues  [1] :

Jésus, Élisée et moi dans Communauté spirituelle« En Corrèze, on frotte les verrues contre la veste d’un cocu ou on les frictionne avec du suc de chélidoine (herbe locale), ou on peut aussi les toucher avec une limace rouge. 

En Haut-Limousin, il faut enterrer à deux heures du matin, sans être vu et à la pleine lune, une pomme ou une touffe de cheveux ou bien mettre deux grains de sel dans un linge et le jeter ensuite au milieu d’un chemin : celui qui le ramassera prend les verrues. On peut aussi les frictionner avec des feuilles de saule que l’on enfouit ensuite dans du fumier. 

En Charente, il faut uriner sur les verrues au milieu d’un chemin, puis verser sur celles-ci du lait que l’on fait lécher par un chat, puis ramasser un os abandonné par un chien et trois matins de suite avant le lever du soleil, en frotter les verrues et jeter dans un puits une pierre ou autant de haricots que l’on a de verrues, en courant de façon à ne pas entendre le bruit de leur chute. » 

Même les tumeurs cancéreuses pouvaient trouver un traitement magique, pourvu qu’il fût suffisamment obscur :

« Pour faire disparaître les tumeurs : Il faut appliquer sur celle-ci un crapaud âgé de 7 ans. D’ailleurs, il n’est pas rare d’entendre dire que tous les médecins en possèdent un, mais ne veulent pas le prêter. » 

Consciemment ou non, les antivax essaient régulièrement de mettre à l’honneur de vieilles techniques qu’on appelait autrefois sorcellerie, chamanisme, magie, occultisme etc.

 

Rien de nouveau sous le soleil ! Notre première lecture (2R 5,14-17) nous montre un général syrien, Naaman, être déçu lorsque le prophète Élisée ne lui prodigue pas des soins magiques, avec des rituels compliqués et obscurs pour le guérir de la lèpre :

« Naaman se mit en colère et s’éloigna en disant : ‘Je m’étais dit : Sûrement il va sortir, et se tenir debout pour invoquer le nom du Seigneur son Dieu ; puis il agitera sa main au-dessus de l’endroit malade et guérira ma lèpre. Est-ce que les fleuves de Damas, l’Abana et le Parpar, ne valent pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? Si je m’y baignais, est-ce que je ne serais pas purifié ?’ Il tourna bride et partit en colère » (2R 5,11-12).

Se baigner dans le Jourdain, même 7 fois, est nettement moins mystérieux que les onguents de crapaud, les passes de la main sur les bubons, ou les gestes légèrement effrayants que le chaman est censé faire sur le corps du possédé etc.

 

Dans l’Évangile (Lc 17,11-19), les 10 lépreux auraient pu réagir de même, en étant eux aussi très déçus : ‘ce grand guérisseur qu’est réputé être Jésus ne nous a même pas touché, ni prescrit aucune cure compliquée, ni accompli aucun geste impressionnant ! « Allez voir les prêtres au Temple de Jérusalem ». C’est tout ? Pas la peine d’en faire un fromage ! On aurait pu trouver ça tout seul. Cet homme n’est pas à la hauteur de sa réputation…’

Eh bien non ! Méfiez-vous des charlatans qui vous embobinent avec des soi-disant soins opaques, irrationnels… et chers !

« Grand marabout venu d’Afrique ; travail sur photo pour retrouver l’amour, succès, argent. Réussite garantie ». Qui n’a jamais eu sur son pare-brise ou dans sa boîte aux lettres un de ces flyers dérisoires, bourrés de fautes d’orthographe, chaluts labourant la misère sociale pour y ferrer les gogos et leur extorquer un maximum d’argent ?

2cd5ec0_S6Jc9V6ovT75mlyDskaN3C82 charlatan dans Communauté spirituelle

 

Méfiez-vous des charlatans, même et surtout s’ils se présentent sous des apparences très religieuses. La simplicité de l’Évangile cadre mal avec des rituels alambiqués, des prières rabâchées, des superstitions qui mélangent des noms de saints  avec des demandes peu louables.

 

Les multiples retournements de Naaman

ob_2b2319_naaman-obeit-a-dieu EliséeLa première conversion de Naaman est bien là : il voulait un charlatan et il trouve un prophète. Dans un premier temps, il s’en va, déçu, dépité. Avouez que cela vous est déjà arrivé : s’éloigner de Dieu lorsque la liturgie ne vous semble pas assez nimbée de mystère, lorsque le message biblique paraît trop simple, lorsqu’on ne vous propose pas de pratiques étranges ou la révélation de secrets cachés etc. D’ailleurs, beaucoup tordent leur religion jusqu’à ce qu’elle leur permette de garder ces habitudes païennes d’autrefois. En Afrique, on appelle cela le syncrétisme. Les Pères Blancs disent avec humour qu’un baptisé de plus ne fait pas toujours un animiste de moins… Cela a donné par exemple le vaudou, la santeria, la magie blanche, le gnosticisme etc.

Rien de tel entre Élisée et Naaman. Il faudra l’intervention de ses serviteurs pour le convaincre de descendre à la rivière. Habilement, ils font appel à son orgueil : ‘tu aurais accompli des rituels difficiles et compliqués, et tu ne veux pas accomplir une simple baignade ?’ Piqué au vif, Naaman consent à se détourner du spectaculaire, du tremendum (l’effroi qui caractérise le sacré ; Rudolf Otto l’appelait le ‘numineux’) et fait confiance à un ordre simple : « va te baigner au Jourdain ». Sans le savoir, il préfigure ainsi le baptême, la plongée de Jésus dans le Jourdain qui sera la guérison pour l’humanité de la lèpre de son péché. Il va s’y baigner 7 fois. 7 est le symbole de la Création du monde, en 7 jours. C’est une nouvelle création de chacun qui est en jeu dans le baptême. Nous en sortons purifiés, comme la chair de Naaman devenue celle « d’un petit enfant » qui vient de naître, alors qu’elle était envahie de pustules lépreuses auparavant.

La première conversion de Naaman est donc de se détourner du charlatanisme, pour faire confiance à la parole de Dieu transmise par le prophète.

 

Car c’est bien de conversion qu’il s’agit dans notre texte :

Obligation de faire demi-tourLe mot שׁוּב (shuv) revient 3 fois.

2R 5,10 Élisée lui fit dire par un messager : Va, et lave-toi sept fois dans le Jourdain; ta chair redeviendra (שׁוּב) saine, et tu seras pur.

2R 5,10 Il descendit alors et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l’homme de Dieu; et sa chair redevint (שׁוּב) comme la chair d’un jeune enfant, et il fut pur.

2R 5,15 Naaman retourna (שׁוּב) vers l’homme de Dieu, avec toute sa suite. Lorsqu’il fut arrivé, il se présenta devant lui, et dit : Voici, je reconnais qu’il n’y a point de Dieu sur toute la terre, si ce n’est en Israël. Et maintenant, accepte, je te prie, un présent de la part de ton serviteur.

C’est un mot qui signifie en hébreu : prendre un tournant, se retourner, se détourner (des idoles) pour revenir à Dieu. Par extension, le mot techouva qui en découle en est venu à désigner la démarche de repentance qui nous prépare à recevoir la guérison en revenant vers Dieu. La techouva est donc un retour aux sources, aux origines, à son moi profond, qui, dès lors, se révèle et dirige sa vie.

« Tu reviendras (שׁוּב) au Seigneur ton Dieu, toi et tes fils, tu écouteras sa voix de tout ton cœur et de toute ton âme, tu observeras tout ce que je te commande aujourd’hui. Alors le Seigneur ton Dieu fera revenir (שׁוּב) tes déportés et aura compassion de toi. Il te fera revenir (שׁוּב) et te rassemblera encore du milieu de tous les peuples parmi lesquels il t’aura lui-même dispersé » (Dt 30,2).

Les dix jours de retournement (techouva) entre les fêtes juives de Roch Hachana et Yom Kippour sont un peu l’équivalent de notre Carême chrétien, chemin de conversion essentiel pour que les juifs reçoivent réellement le Grand Pardon dont la guérison de Naaman au Jourdain était un signe, une figure.

 

Quand Naaman retourne voir Élisée une fois guéri, il reconnaît qu’« il n’y a pas de Dieu sur toute la terre, si ce n’est en Israël » (v. 15). Belle profession de foi ! Naaman marque ainsi son adhésion à YHWH, même s’il vivra sa foi nouvelle au milieu des païens à Damas.

Quand Élisée invite Naaman à se baigner dans le Jourdain, il lui promet une techouva physique : « Élisée envoya un messager lui dire : ‘Va te baigner sept fois dans le Jourdain, et ta chair redeviendra nette, tu seras purifié.’ » (2R 5,10). Et c’est bien ce qui arrive : la guérison de la chair lépreuse est qualifiée de retour, comme on souhaite bon rétablissement à un convalescent. Il s’agit de retrouver en nous notre pureté d’avant, celle que le péché a défigurée.

 

Choisir qui servir

La conversion de Naaman va encore plus loin.

Il est intéressant d’observer le début et la fin du texte : celui qui était général avec une escorte se proclame par 5 fois (signe de sa nouvelle obéissance à la Loi juive, 5 étant le chiffre de la Torah) « serviteur » עֶ֫בֶד (e.ved (vv 15.17) d’Élisée alors qu’avant il était désigné comme « mon serviteur » par le roi de Syrie ou comme « père » par ses propres serviteurs.

« Accepte, je te prie, un présent de la part de ton serviteur (עֶ֫בֶד) » (v.15).

« Alors Naaman dit : Puisque tu refuses, permets que l’on donne de la terre à ton serviteur (עֶ֫בֶד), une charge de deux mulets; car ton serviteur (עֶ֫בֶד) ne veut plus offrir à d’autres dieux ni holocauste ni sacrifice, il n’en offrira qu’à YHWH (v. 17).

Voici toutefois ce que je prie YHWH de pardonner à ton serviteur (עֶ֫בֶד). Quand mon maître entre dans la maison de Rimmon pour s’y prosterner et qu’il s’appuie sur ma main, je me prosterne aussi dans la maison de Rimmon : veuille YHWH pardonner à ton serviteur (עֶ֫בֶד), lorsque je me prosternerai dans la maison de Rimmon ! (v18) »

Il a donc changé de maître (Élisée au lieu du roi syrien), et de Dieu (YHWH au lieu de Rimmon) pourrait-on dire. Sauf que le premier lui était imposé, alors que le second est librement choisi. Même si Naaman sera obligé de se prosterner devant l’idole Rimmon comme le fait son roi à Damas, il aura emporté avec lui un peu de la terre juive qui lui permettra de rester attaché au service de YHWH en son cœur, sans pour autant déroger aux obligations de la cour royale.

Choisir de servir le Dieu d’Israël rend libre comme lui. C’est tout l’enjeu de l’Exode : passer de la servitude au service, des travaux forcés au culte du vrai Dieu, des marmites de viande égyptiennes à la manne des affranchis.

 

 JésusQui voulons-nous servir ?

Acceptons-nous qu’on nous impose d’être le serviteur de tel ou tel intérêt ? Pensez aux objectifs que l’on fixe pour vous au travail, aux rôles sociaux qu’on vous fait jouer par simple pression ambiante etc. On dit que le nombre de démissions en CDI n’a jamais été aussi important en France qu’en cette année 2022 (520 000 au 1° trimestre !). Les enquêtes montrent que les Français qui démissionnent le font parce qu’ils ont découvert la vacuité de leur boulot, notamment pendant le confinement. Un travail qui n’a pas de sens, ou qui n’a qu’un sens marchand, financier, ou qui détruit la planète, ou qui se fait dans une ambiance détestable, ou qui dévore la vie privée… un tel travail est insensé ! Servir un tel maître est épuisant et désespérant à la longue. Il est alors urgent de changer de job, et de choisir qui l’on veut servir ! Quand les rapports de force du marché du travail s’inversent dans certains secteurs (informatique, BTP, santé, restauration), le salarié a plus de latitude pour bouger, évoluer, changer, ne pas subir. Démissionner peut être salutaire ! Naaman nous invite à choisir quels intérêts nous voulons servir. Nul ne doit le décider à notre place !

 

Jésus, Élisée et moi

Jesus-Christ-guerit-dix-lepreux NaamanLes ressemblances entre la première lecture et l’Évangile de ce dimanche sont évidentes :

- un ou des lépreux adressent une demande de guérison à l’homme de Dieu

- Élisée comme Jésus refusent le charlatanisme. Ils n’en font pas des tonnes : une simple parole suffit. La foi en cette parole est plus puissante que toutes les magies ou sorcelleries du monde.

- Élisée comme Jésus guérissent à distance. Cette distance est aujourd’hui manifeste entre moi et le Christ : il n’est pas là devant mes yeux, et pourtant il guérit !

- Naaman, cet étranger, revient pour remercier Élisée. Le lépreux samaritain, cet hérétique, revient pour rendre gloire à Jésus. Le retour vers Dieu leur est commun. La gratitude ignore les frontières des Églises. L’ingratitude guette les pratiquants en règle.

 

Pour Naaman comme pour le lépreux samaritain, c’est un véritable chemin de techouva, de retournement. C’est un grand tournant de leur vie. Le samaritain va passer de la lèpre à la santé, du Temple à Jésus, de la guérison au salut. Luc – en bon médecin qu’il n’a cessé d’être – fait de cette guérison une catéchèse : Jésus est le nouvel Élisée, et moi lecteur je suis Naaman se détournant de mes idoles, je suis le samaritain découvrant que la louange me sauve, plus encore que la foi ne me purifie de mes lèpres.

 

Quelle sera ma techouva ?

La conversion de Naaman (car même un païen peut faire techouva, c’est-à-dire retourner à son vrai moi intérieur) est donc multiple :

- renoncer au charlatanisme et aux superstitions païennes

- retourner à une chair d’enfant, pure de toute lèpre, comme une nouvelle naissance

- se détourner des idoles

- pour s’attacher au Dieu d’Israël

- choisir de servir la parole de Dieu plutôt que de subir un service imposé, même prestigieux.

 

Nous aussi, faisons techouva avec Naaman !

Il y a sûrement un retournement, une conversion qui nous concerne de près dans celles qu’il a vécues…

__________________________________

[1]Sorciers, croyances et formules magiques relatives à la maladie, en Limousin au XIX° siècle par J.-L MONIEZ et M. BOUCHER, Lyon.
Cf. : https://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx1977x011x003/HSMx1977x011x003x0120.pdf 


LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Naaman retourna chez l’homme de Dieu et déclara : Il n’y a pas d’autre Dieu que celui d’Israël » (2 R 5, 14-17)

 

Lecture du deuxième livre des Rois

En ces jours-là, le général syrien Naaman, qui était lépreux, descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois, pour obéir à la parole d’Élisée, l’homme de Dieu ; alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié ! Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte ; il entra, se présenta devant lui et déclara : « Désormais, je le sais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ! Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur. » Mais Élisée répondit : « Par la vie du Seigneur que je sers, je n’accepterai rien. » Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa. Naaman dit alors : « Puisque c’est ainsi, permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël. »

 

PSAUME

(Ps 97 (98), 1, 2-3ab,3cd-4)
R/ Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations. (Ps 97, 2)

 

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s’est assuré la victoire.

 

Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d’Israël.

 

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !

 

DEUXIÈME LECTURE
« Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons » (2 Tm 2, 8-13)

 

Lecture de la deuxième lèpre de saint Paul apôtre à Timothée

Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David : voilà mon évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent, eux aussi, le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle.
Voici une parole digne de foi : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même.

 

ÉVANGILE

« Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » (Lc 17, 11-19)
Alléluia. Alléluia.Rendez grâce à Dieu en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. Alléluia. (1 Th 5, 18) 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » À cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.

L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
Patrick Braud

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