L'homélie du dimanche (prochain)

19 mai 2012

Quand Dieu appelle

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Quand Dieu appelle

  

Un appel objectif

Cela fait des décennies qu’en France on parle de « crise des vocations » : la chute vertigineuse du nombre de prêtres et de séminaristes transforme en profondeur le paysage paroissial. D’où vient cette « crise » ? Dieu appellerait-il moins qu’avant ? Les jeunes sont-ils plus éloignés de lui au point de ne plus l’entendre ?

 

Un petit détour par la première lecture de ce dimanche peut nous aider (Ac 1, 15-26). Il s’agit de la situation du groupe des disciples au lendemain de la résurrection. Les « frères » sont environ 120, nombre symbolique qui correspond bien aux 12 tribus d’Israël (multiplié par 10, le nombre du minian c’est-à-dire du groupe minimum de 10 juifs pour réciter la prière). Mais les apôtres eux ne sont plus que 11, depuis que Judas s’est pendu. Matériellement, ils pouvaient rester 11, cela suffirait. Pas symboliquement : Jésus les a appelés à faire 12, et c’est à 12 qu’ils doivent rester des témoins de la vie/mort/résurrection du Messie, accomplissant en cela la vocation d’Israël.

 

Tout par non donc non pas d’un désir personnel de tel ou tel frère de servir en remplaçant Judas, mais du besoin de l’Église de faire corps autour des 12 à nouveau constitués.

Cette première indication est capitale : ce n’est pas l’envie personnelle de tel ou tel qui le qualifie pour devenir apôtre, c’est le besoin de l’Église, objectif.

 

 

Un appel porté par l’Église locale

Deuxième indication : à partir du moment où ce besoin ecclésial est clairement identifié et reconnu par tous, on ne demande pas qui a envie de se proposer. Il n’y a pas de campagnes électorales, pas de candidats qui chercheraient à se faire élire. Il n’y a même pas d’auto-proposition spontanée où il faudrait prendre le temps de discerner (comme dans les séminaires) si cela convient et si le candidat peut être accepté. Non, c’est l’assemblée qui propose, et apparemment sans même demander aux choisis s’ils sont d’accord ! « On en présenta deux ». C’est donc que l’ekklésia participe activement au choix de ses ministres. L’assemblée locale propose. Elle entre en prière pour laisser le choix ultime à Dieu, à travers la méthode du tirage au sort entre les deux présentés.

Cette deuxième indication du texte des Actes explique peut-être en partie notre crise des vocations : si nos assemblées locales étaient effectivement davantage associées au choix et au soutien spirituel des candidats, on n’en serait plus à attendre que des jeunes viennent d’eux-mêmes, mais on leur demanderait s’ils sont d’accord pour être proposés !

 

Dieu ne choisit pas à la manière des hommes

Troisième indication : lorsque Dieu choisit, c’est rarement selon les critères des hommes. On se souvient que c’était déjà le cas pour les rois (David par exemple n’est que le dernier des enfants de Jessé, et en plus il est roux), les prophètes (Jérémie s’en plaint assez), les prêtres (la tribu de Lévi n’était pas la plus prestigieuse) : « Dieu ne juge pas selon les apparences ».

Ceci est confirmé de manière spectaculaire dans le choix du remplaçant de Judas. On présente deux membres de la communauté. Le premier est couvert de titres et visiblement très apprécié de tous. Il a trois prénoms, et pas des moindres : Joseph, Barsabbas, et en plus on le surnomme « le Juste » (Justus). Le second présenté (il n’est pas « candidat », répétons-le) n’a qu’un seul prénom : Matthias. Eh bien, le tirage au sort (procédé pratique pour laisser symboliquement le dernier mot de l’appel à Dieu lui-même) désigne celui qui a le moins de titres : Matthias.

C’est souvent le cas encore aujourd’hui ! Rappelez-vous du bon pape Jean XXIII qui était plus proche des bergers italiens que des intellectuels et diplomates de la Curie romaine. Ou du cardinal Marty, paysan du Rouergue à l’accent rocailleux qui a laissé un souvenir indéfectible dans le coeur des parisiens dont il a été l’évêque aimé. Ou du curé d’Ars réussissant avec peine les examens du Séminaire.

Nul anti-intellectualisme dans ce choix de Dieu, mais seulement ce rappel du Magnificat : « il élève les humbles ».

 

Résumons-nous : ce petit texte de Ac 1, 15-26 nous donnent trois précieuses indications sur la façon dont Dieu procède pour appeler des ministres :

- tout part d’un besoin ecclésial clairement reconnu

- l’assemblée locale choisie qui elle veut pour satisfaire ce besoin ; elle présente, soutient et accompagne les désignés

- le choix ultime est laissé à Dieu, en acceptant que ses critères ne soient pas les critères du monde.

 

S’il y a une crise des vocations, elle vient sans doute moins des jeunes d’aujourd’hui que de la coupure meurtrière qui a été établie entre les églises locales et l’appel des ministres. Sous prétexte de respecter l’intimité et le secret des coeurs, on a laissé la vocation devenir une histoire privée, individuelle, voire individualiste. Du coup cela fait peur ; et l’église locale devient étrangère à ces itinéraires privés.

 

La controverse Branchereau-Lahitton

Une controverse célèbre dans l’histoire avait pourtant raisonné comme un avertissement contre cette privatisation de l’appel au ministère. C’est la fameuse controverse Branchereau ? Lahitton au début du XX° siècle.

Branchereau était un sulpicien qui défendait une approche subjective  de la vocation: l’appel est selon lui l’effet d’une grâce divine déposée directement par Dieu dans le coeur du candidat. C’est la théorie dite « des germes de vocation » dans le coeur des candidats au ministère. Le rôle de l’Église est alors de fortifier cette grâce après l’avoir discerné. La vie laïque s’applique à tous ceux qui ne se sentent pas appelés à autre chose. Il y a vocation sacerdotale là où Dieu appelle, de façon impérative, pour confier un honneur  et un pouvoir  particuliers. La pastorale des vocations s’appuie alors sur cette théorie des germes: l’appel existe, mais il est étouffé dans le coeur des jeunes gens (=> Petits Séminaires pour les accueillir plus tôt, avant qu’ils ne soient corrompus par l’esprit du monde).  Le signe de la vocation, c’est l’attrait personnel, conjoint aux aptitudes requises. S’il y a les deux, c’est que la vocation est réelle et vient de Dieu. Voilà la théorie qui a largement marqué (et encore aujourd’hui) l’accès aux ministères. Le lien Église locale – ministres y disparaît, au profit de l’aventure personnelle de l’aspirant au pouvoir sacramentel. Elle oublie le souci d’édification du corps ecclésial, et fait « du » prêtre « l’homme de Dieu », l’homme du sacré.

 

Lahitton était un dominicain, qui contestait fortement contre cette théorie des germes de la vocation. Pour lui, c’est l’appel adressé à quelqu’un par l’Église hiérarchique qui est le critère déterminant de la vocation au ministère. Il critique les Petits Séminaires qui confondent vie parfaite et ministère: le ministère est subverti en un moyen d’être plus proche de Dieu, au lieu de vouloir servir l’Église dans le monde. L’expression « vocation tardive » traduit bien cette conception où l’appel est censé exister normalement dès l’enfance, mais à la manière d’une vocation religieuse dévoyée… La dimension infantile de la théorie des germes de vocation dès l’enfance se traduit par une recherche éperdue des germes de vocation, confondus avec la certitude subjective d’être appelé. Pour Lahitton, c’est l’appel objectif  par l’Église (évêque) qui est déterminant. Les ministres sont appelés, même s’ils n’ont pas d’attrait personnel: ainsi Aaron, Marie, les Apôtres… D’ailleurs, dans l’Église ancienne, beaucoup d’hommes furent appelés à l’épiscopat contre leur gré (invitus, coactus  comme l’écrit Congar): Ambroise de Milan (vox populi, vox Dei), Grégoire de Nazyance (ordonné malgré lui!), Grégoire de Nysse, Augustin, Jean Chrysostome, Cyprien, Germain, Hilaire, Martin, Paulin de Nole, Grégoire le Grand, Rémi, Philippe de Néri (sacerdos ex obedientia factus, disait-on de lui) etc… Voilà, parmi les plus connus, quelques prêtres qui n’avaient pas « l’attrait » pour le ministère, mais qui furent des pasteurs et des saints remarquables! Et les liturgies d’ordination commencent encore par une phrase rituelle qui a tout son sens: « Père, la sainte Église vous présente son fils N. ». À laquelle répond l’interrogation de l’évêque: « savez-vous s’il a les aptitudes requises ? » Les aptitudes en question ne proviennent pas du désir du candidat, mais doivent être attestées par les chrétiens consultés. Cette ligne « objective » où l’appel vient de l’Église plus que d’une motion intérieure peut s’appuyer sur la thèse de l’idonéité  chère à St Thomas: les deux critères pour ordonner quelqu’un sont avoir une ?bonne vie’, et une science compétente. Il suffit donc de trouver des hommes idoines et de les ordonner. C’est d’ailleurs encore le cas pour les évêques : si l’Église appelle un prêtre à devenir évêque sans que celui-ci se soit proposé, pourquoi ne le ferait-elle pas, a fortiori, pour les autres ministres ?

 

La solution à cette controverse a été formellement énoncée par Pie X, dans un jugement publié dans les Acta Apostolicae Sedis en 1912, et qui acquiert par là une force magistérielle très haute. « Nul n’a jamais aucun droit à l’ordination, antérieurement au libre choix de l’évêque ». Ni « l’attrait intérieur », ni les « invites du Saint Esprit » ne sont nécessaires, mais seuls l’appel de l’évêque, et de la part du candidat « l’intention droite unie à l’idonéité ».

 

Si on suit les conclusions de cette dispute, comme celle de notre première lecture, on devrait réintroduire la responsabilité des Églises locales dans l’appel de ses ministres.

Mais cela bousculerait bien des traditions purement humaines…

 

 

1ère lecture : Élection de Matthias en remplacement de Judas (Ac 1, 15-17.20a.20c-26)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, les frères étaient réunis au nombre d’environ cent vingt. Pierre se leva au milieu de l’assemblée et dit :
« Frères, il fallait que l’Écriture s’accomplisse : par la bouche de David, l’Esprit Saint avait d’avance parlé de Judas, qui en est venu à servir de guide aux gens qui ont arrêté Jésus, ce Judas qui pourtant était l’un de nous et avait reçu sa part de notre ministère. Il est écrit au livre des Psaumes : Que sa charge passe à un autre. Voici donc ce qu’il faut faire : il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis son baptême par Jean jusqu’au jour où il nous a été enlevé. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne avec nous témoin de sa résurrection. »
On en présenta deux : Joseph Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias. Puis l’assemblée fit cette prière : « Toi, Seigneur, qui connais le c?ur de tous les hommes, montre-nous lequel des deux tu as choisi pour prendre place dans le ministère des Apôtres, que Judas a déserté en partant vers son destin. »
On tira au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut dès lors associé aux onze Apôtres.

 

Psaume : 102, 1-2, 11-12, 19.22

R/ Gloire à toi, Seigneur, à la droite du Père !

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint ;
aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés.

Le Seigneur a son trône dans les cieux :
sa royauté s’étend sur l’univers.
Toutes les ?uvres du Seigneur, bénissez-le,
sur toute l’étendue de son empire !

 

2ème lecture : « Nous avons reconnu l’amour de Dieu » (1Jn 4, 11-16)

Lecture de la première lettre de saint Jean

Mes bien-aimés,
puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres.
Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous sa perfection. Nous reconnaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous, à ce qu’il nous donne part à son Esprit. Et nous qui avons vu, nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde.

Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu.
Et nous, nous avons reconnu et nous avons cru que l’amour de Dieu est parmi nous. Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui.

 

Evangile : La grande prière de Jésus : « Consacre-les dans la vérité » (Jn 17, 11b-19)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur ne vous laisse pas orphelins : il reviendra vers vous, alors votre c?ur connaîtra la joie. Alléluia. (cf. Jn 14, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux, je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.
Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde. Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.
Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. »
Patrick BRAUD

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14 avril 2012

Au confluent de trois logiques ecclésiales : la communauté, l’assemblée, le service public

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Au confluent de trois logiques ecclésiales :

la communauté, l’assemblée, le service public

Homélie du 2° Dimanche de Pâques
15/04/2012


Nos manières de vivre l’Église sont traversées et influencées par plusieurs courants différents, voire contradictoires.
Trois logiques semblent marquer notre vie ecclésiale, et singulièrement nos paroisses ; mais quel type d’initiation engendrent-elles ?

 

* la communauté

Au confluent de trois logiques ecclésiales : la communauté, l'assemblée, le service public dans Communauté spirituelle repas-moines 

Le vocabulaire de type communautaire a connu un succès extraordinaire après Vatican II. Il traduit une aspiration à des relations plus personnelles, une foi plus engagée, une mise en commun qui va parfois très loin, un idéal de liens profonds et fraternels entre tous.

Le modèle (« l’idéal-type », selon la sociologie de Max Weber) de ce vécu ecclésial est la première cellule d’Église à Jérusalem, décrite dans le livre des Actes des Apôtres en 4,32-35 (ainsi qu’en 2,42-47) dans la 1° lecture de ce 2° Dimanche de Pâques.

On en connaît les quatre piliers : mise en commun des biens assez radicale (cf. Ananie et Saphire qui trichent et sont exclus !) au point qu’on a pu parler d’un « communisme chrétien », prière publique, enseignement apostolique, eucharisties domestiques?

« La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul c?ur et une seule âme ; et personne ne se disait propriétaire de ce qu’il possédait, mais on mettait tout en commun. C’est avec une grande force que les Apôtres portaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et la puissance de la grâce était sur eux tous.

Aucun d’entre eux n’était dans la misère, car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, et ils en apportaient le prix pour le mettre à la disposition des Apôtres. On en redistribuait une part à chacun des frères au fur et à mesure de ses besoins. »

Les Actes des Apôtres témoignent de sa formidable puissance d’attraction pour les chercheurs de Dieu de l’époque : « Chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés » (Ac 2, 47).
Ce vécu communautaire, lorsqu’il existe réellement, est un puissant « bouillon de culture » pour que, à tout âge, un participant ou un invité à cette intensité relationnelle progresse sur le chemin de l’initiation chrétienne.
Les dangers de l’absolutisation de ce modèle sont également bien connus : impossibilité de gérer un grand nombre de catéchumènes si la communauté est petite, risque d’élitisme, de communautarisme, dérive possible vers une foi idéologique confondant les particularités d’une communauté locale avec les grands fondamentaux de la foi chrétienne?
De plus, beaucoup de nouveaux-venus à la foi refuseront d’entrer dans une logique communautaire trop stricte et trop forte pour eux. 

Reste que l’aspiration communautaire est un puissant garde-fou contre la dépersonnalisation ou la froideur qui guette l’ordinaire ecclésial. Il semble légitime, et même nécessaire, de favoriser la multiplication de noyaux de ce type, qui sauront appeler et accompagner des catéchumènes, à condition qu’ils le fassent en communion avec les autres formes de vie d’Église, dans un réel partenariat d’évangélisation.

 

* l’assemblée

En contraste avec Jérusalem, l’Église d’Antioche dans les Actes des Apôtres (11, 19-30) présente d’autres caractéristiques, intéressantes également quant à leurs conséquences sur l’initiation chrétienne.

Ce n’est guère une communauté, au sens défini plus haut, mais plutôt une assemblée.

C’est d’ailleurs l’étymologie même du mot ekklésia, qui vient du grec ek-kaleo : appeler au-dehors. L’Église est l’assemblée qui naît de la convocation de ceux qui sont appelés à sortir d’eux-mêmes pour entrer en communion avec l’Autre (Dieu) / les autres (les membres de l’assemblée).

Cette assemblée (ekklésia) d’Antioche n’est pas fondée par les apôtres, mais par les juifs hellénistes fuyant la persécution consécutive au martyre d’Étienne. 

Elle se construit de l’extérieur, alors que Jérusalem attirait de l’intérieur.
Elle est en lien avec Jérusalem, considérée comme Église-mère (à travers notamment l’envoyé Barnabé qui admire et se réjouit !).
Elle a des enseignants attitrés, Barnabé et Saul, qui y donnent une catéchèse continue sur un an, et qui sont ensuite envoyés en mission par une assemblée de prière (Ac 13, 1-3).

On les appelle « chrétiens », et ils acceptent ce nom des gens du dehors.

Il n’y a plus de communauté de biens, mais une entraide matérielle. La collecte (koïnonia) pour Jérusalem traduit bien l’autre façon de vivre le partage : non pas mettre en commun, mais être solidaires.

L’assemblée d’Antioche vit donc son dynamisme ecclésial bien différemment de la communauté de Jérusalem. L’initiation chrétienne y est visiblement pensée pour un grand nombre, sans les obliger à une intégration totale. L’enseignement apostolique, le lien avec les non-chrétiens, la communion avec les autres Églises en sont dès le départ des éléments-clés.

Quand on sait la fécondité de « l’école d’Antioche » pour la théologie et la spiritualité lors des controverses christologiques des premiers siècles, on se dit que ce modèle ecclésial a ses lettres de noblesse, tout autant que le premier.

Parler d’assemblée met l’accent sur le caractère catholique de l’Église : ne pas se choisir, être convoqués par un Autre, se recevoir d’une tradition vivante, en communion avec les autres assemblées, dans le temps et dans l’espace? À ce titre, l’importance du territoirepour une paroisse est capitale (comme pour un diocèse): recevoir la mission d’annoncer l’Évangile à toute la population d’un territoire donné oblige à ne pas se choisir à la manière des membres d’un club fermé. Être catholique suppose de vivre une réelle ouverture à l’universel, et le lien avec un territoire géographique (social et culturel) donné est un précieux levier pour cela.
Ces éléments font partie intégrante du programme de l’initiation chrétienne : à ce titre, des assemblées ?ordinaires’ sont des lieux incontournables pour devenir chrétien. 

 

* le service public

Cette notion n’est pas a priori négative, surtout dans la tradition française ! Nous constatons en paroisse que beaucoup viennent nous demander des sacrements, des liturgies, des services, comme on vient demander un papier ou un remboursement au guichet d’un service public, « parce qu’on y a droit ».

C’est la trace, dans l’inconscient collectif, de la période historique où l’Église catholique ‘encadrait’ la vie territoriale, et les grands moments de l’existence. On s’adresse encore à elle, indépendamment de la question de la foi personnelle ou de la pratique religieuse, pour sacraliser une naissance, l’amour humain, la mort.

Au lieu de jeter un regard négatif de soupçon sur cette demande, on peut croire qu’il est possible de la travailler pour qu’elle évolue en un chemin d’inspiration catéchuménale.

Au lieu de disqualifier un réflexe sociologique qui vient de loin, on peut y discerner la chance d’un appel à lancer, d’une expérience à vivre, d’un désir à éveiller. D’autant plus que ce type de demandes constitue encore une interface sociale très large et très nombreuse, véritable ‘champ à moissonner’ qui nous manquerait si nous venions à le dédaigner.
Beaucoup de diocèses par exemple ont fait un tel travail sur la préparation au mariage. Ils ont changé de regard sur les fiancés, et leur proposent désormais un parcours de type catéchuménal, sur six à neuf mois, pour que leur demande de mariage devienne une réponse à l’appel de l’Église.
Nous devons en effet changer notre regard sur les futurs mariés qui s’adressent à l’Église. Baptisés ou non, ils doivent être accueillis comme autant de chercheurs de Dieu. Notre mission est de les accompagner avec l’Évangile pour guide, pour aller avec eux à la rencontre de Dieu présent dans l’expérience d’amour qu’ils sont en train de vivre.

Il y a urgence à prendre en compte tous ces jeunes couples qui s’adressent à l’Église à l’occasion de leur mariage, d’une demande de baptême pour leur enfant, d’une inscription au catéchisme. Le plus souvent, ils ne participent pas à la vie habituelle de nos communautés, mais ils sont en attente d’une Parole qui puisse donner sens à leur vie.

Le but est clair : passer d’une pastorale de l’accueil des personnes et des demandes à une véritable pastorale de la proposition de la foi, dans le cadre d’une prise en charge commune inspirée de la démarche catéchuménale.

Une véritable initiation peut alors être vécue, de façon organique et systématique, en croisant les paroisses, les équipes de préparation au mariage, les ministres ordonnés et d’autres compétences locales (bibliques, témoignages?).

Pourquoi ne pas convertir ainsi notre pastorale pour les autres demandeurs d’un « service religieux » ? (obsèques, parents du caté, du baptême etc…) 

 

* articuler ces trois modes d’ecclésialité

Chacune de ces trois modalités de vie d’Église est légitime : si une communauté vit plutôt selon l’une, elle devra reconnaître et encourager les autres à exister et se développer. Elle évitera d’absolutiser ses choix pastoraux. Elle aura le courage de renvoyer des demandeurs vers d’autres formes ecclésiales si elle ne peut répondre. Un diocèse aura à coeur de tisser des liens et d’articuler les efforts missionnaires entre ces différentes manières d’évangéliser. Un projet pastoral d’ensemble sera utile pour ne pas en marginaliser ni en oublier une. Des instances de communion seront nécessaires pour que chacune se réjouisse et s’enrichisse de ce qui est donné à l’autre.

 

Communauté, assemblée, servie public : à quelle forme d’Église avons-nous besoin de nous ouvrir, personnellement et collectivement là où nous sommes ?

 

 

1ère lecture : Le partage dans la communauté des premiers chrétiens (Ac 4, 32-35)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul c?ur et une seule âme ; et personne ne se disait propriétaire de ce qu’il possédait, mais on mettait tout en commun. C’est avec une grande force que les Apôtres portaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et la puissance de la grâce était sur eux tous.
Aucun d’entre eux n’était dans la misère, car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, et ils en apportaient le prix pour le mettre à la disposition des Apôtres. On en redistribuait une part à chacun des frères au fur et à mesure de ses besoins.

Psaume : Ps 117, 1.4, 16-17, 22-23, 24-25

R/ Éternel est son amour !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! 
Éternel est son amour ! 
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur : 
Éternel est son amour ! 

Le bras du Seigneur se lève, 
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai, 
pour annoncer les actions du Seigneur. 

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs 
est devenue la pierre d’angle ;
c’est là l’?uvre du Seigneur, 
la merveille devant nos yeux. 

Voici le jour que fit le Seigneur, 
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! 
Donne, Seigneur, donne le salut ! 
Donne, Seigneur, donne la victoire !

2ème lecture : Celui qui croit est né de Dieu (1Jn 5, 1-6)

Lecture de la première lettre de saint Jean

Tout homme qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est vraiment né de Dieu ; tout homme qui aime le Père aime aussi celui qui est né de lui. 
Nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements.
Car l’amour de Dieu, c’est cela :garder ses commandements. Ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Et ce qui nous a fait vaincre le monde, c’est notre foi.
Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : pas seulement l’eau, mais l’eau et le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.

Evangile : Apparition du Christ huit jours après Pâques (Jn 20, 19-31)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Thomas a vu le Seigneur : il a cru. Heureux celui qui croit sans avoir vu ! Alléluia. Alléluia. (cf. Jn 20,29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

1l y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.
Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.
Patrick BRAUD

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18 février 2012

Une Église de brancardiers, qui accepte de se faire remonter les bretelles

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Une Église de brancardiers,
qui accepte de se faire remonter les bretelles

 

Homélie du 7° Dimanche ordinaire  / Année B

19/02/2012

 

D’étranges bretelles

Allez à Lourdes entre Mai et Septembre. Non seulement vous y verrez les foules de personnes malades et handicapées, mais vous remarquerez également, mélangées aux bonnets et aux blouses des infirmières, d’étranges bretelles portées par les hospitaliers (les membres de l’hospitalité Notre-Dame de Lourdes, ou les hospitalités diocésaines, associations loi 1901 qui pilotent les pèlerinages diocésains).

Bretelles de cordes pour les membres titulaires, bretelles rouges pour les stagiaires et débutants, bretelles de cuir pour les responsables des services généraux : ces étranges ficelles pendant inutilement des épaules des hospitaliers sont la trace d’une pratique des débuts.

 Lorsqu’il n’y avait pas de ?tringlots ? pour déplacer facilement les personnes grabataires, on les portait à force d’hommes. En allongeant le malade sur un brancard, les brancardiers enfilaient les quatre poignées du brancard dans ces bretelles de cordes, suffisamment résistantes pour porter ainsi sans trop d’efforts à quatre un malade pendant les longues heures des processions et autres célébrations.

Exactement comme dans l’évangile de ce dimanche. Il a fallu quatre porteurs pour que cet homme handicapé – qui n’avait rien demandé en apparence – puisse être mis en présence de Jésus. Quitte à défaire la terrasse du toit de la maison pour le faire descendre directement au milieu de la scène !

 

La bande des 4, c’est l’Église !

Ces quatre porteurs anonymes ont très vite été interprétés comme une des figures de l’Église.

Parce qu’ils portent un frère malade, ils rappellent à l’Église sa vocation d’intercession, d’accompagnement personnalisé, d’action concrète pour soulager la souffrance.

Parce qu’ils sont quatre, le chiffre de l’universel dans la Bible (cf. les quatre points cardinaux, les quatre vents, les quatre coins de la terre dans la représentation de l’époque etc.), ces brancardiers de Capharnaüm rappellent à l’Église que tous les peuples en elle sont invités à s’entraider, à coopérer, pour relever tout homme blessé, quelle que soit son ethnie, sa culture et même sa foi (on ne sait rien de la foi de ce paralytique dans l’évangile, rappelons-le).

 

Voilà donc l’Église en marche : faire coopérer tous les peuples pour présenter au Christ l’humanité paralysée par les blocages modernes, tant personnels que collectifs.

Voilà le vrai culte dont parle Jésus, qui déborde largement les sacrifices et autres obligations rituelles :« c’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices » (Mt 9,13 ; 12,7).

 

Nos bretelles actuelles

Mais quelles sont les bretelles d’aujourd’hui ? Quelle médiation, quelle intercession, quel accompagnement devraient être au coeur de la vie de nos communautés ecclésiales en ce début de millénaire ?

 

- Les bretelles de la prière d’intercession

C’est évident, mais encore faut-il le redire avec force : la première intercession pour nos frères blessés, c’est la prière. Persévérante, altruiste, tenace voire têtue : la prière de l’Église porte au Christ les aspirations des hommes et des femmes de ce temps, avec confiance.

C’est tout le sens de la prière universelle lors de la messe dominicale.

C’est la mission des prêtres, diacres, religieux et religieuses à travers l’office des heures, c’est-à-dire le bréviaire, où les intentions du monde sont portées devant Dieu avec les mots des psaumes.

C’est la mission irremplaçable de nos vigiles spirituelles que sont les communautés contemplatives de moines et de moniales, intercédant sans se lasser, jour et nuit.

 

- Les bretelles de l’action d’urgence

Depuis le début du christianisme, visiter les malades, soigner, éduquer, promouvoir font partie du coeur de l’annonce de l’Évangile. On ne peut annoncer le Christ vivant sans se retrousser les manches pour qu’il continue à relever l’humanité paralysée, à travers toutes les oeuvres de l’Église notamment. Les Pères Blancs en Afrique installaient invariablement et en même temps une église, des salles de catéchèse, une PMI, une école, un dispensaire…

 

- Les bretelles du savoir

Au-delà de l’urgence, porter l’humanité immobile demande à l’Église une curiosité et une recherche permanente d’un savoir plus humain. Percer les mystères de la nature, découvrir les grandes lois de l’univers, allier « science et conscience » : les pionniers scientifiques étaient la plupart du temps des croyants qui entendaient servir leur foi en apportant au monde les lumières de la raison.

 

- Les bretelles du pardon

« Dieu seul peut pardonner » : la foule n’a pas tort de s’étonner du pardon accordé par l’homme-Jésus au paralysé. De même qu’en Jésus sont unies notre humanité et la divinité, de même dans l’Église sont unies l’intercession et le pardon. De la part de Dieu, unie au Christ, l’Église ne cesse d’être un catalyseur de pardon. Du moins c’est son rôle, et cela est d’autant plus grave quand elle s’en éloigne.

Les commissions de réconciliation nationale qui lui sont confiées en Afrique ou ailleurs après des guerres civiles sont la traduction politique de cette mission capitale.

 

L’intercession, l’action, le savoir, le pardon : voilà au moins quatre bretelles que chaque Église devrait accepter de se faire remonter ! Et il y en a sûrement d’autres.

 

Il suffit pour ce dimanche de visualiser les bretelles des brancardiers de Lourdes, au service fraternel des malades.

Que ce soit dans votre profession, votre famille ou votre quartier, accepterez-vous de vous faire remonter les bretelles pour ceux qui attendent d’être portés ?

 

 

1ère lecture : Dieu pardonne les péchés d’Israël (Is 43, 18-19.21-22.24c-25)

Lecture du livre d’Isaïe

Parole du Seigneur :
Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé.
Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides.
Ce peuple que j’ai formé pour moire dira ma louange.
Toi, Jacob, tu ne m’avais pas appelé, tu ne t’étais pas fatigué pour moi, Israël !
Par tes péchés tu m’as traité comme un esclave, par tes fautes tu m’as fatigué.
Mais moi, oui, moi, je pardonne tes révoltes, à cause de moi-même, et je ne veux plus me souvenir de tes péchés.

 

Psaume : Ps 40, 2-3a.4a, 5-6, 11a.12a.13

R/ Guéris mon âme, Seigneur, car j’ai péché contre toi

Heureux qui pense au pauvre et au faible : 
le Seigneur le sauve au jour du malheur !
Il le protège et le garde en vie,
 
Il le soutient sur son lit de souffrance.

J’avais dit : « Pitié pour moi, Seigneur, 
guéris-moi, car j’ai péché contre toi ! »
Mes ennemis me condamnent déjà :
 
« Quand sera-t-il mort ? son nom, effacé ? »

Mais toi, Seigneur, prends pitié de moi,
et je saurai que tu m’aimes.
Dans mon innocence tu m’as soutenu
et rétabli pour toujours devant ta face.

 

2ème lecture : Le « oui » du Christ commande notre loyauté (2Co 1, 18-22)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
j’en prends à témoin le Dieu fidèle : le langage que nous vous parlons n’est pas à la fois « oui » et « non ».
Le Fils de Dieu, le Christ Jésus, que nous avons annoncé parmi vous, Silvain, Timothée et moi, n’a pas été à la fois « oui » et « non » ; il n’a jamais été que « oui ».
Et toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur « oui » dans sa personne. Aussi est-ce par le Christ que nous disons « amen », notre « oui », pour la gloire de Dieu.
Celui qui nous rend solides pour le Christ dans nos relations avec vous, celui qui nous a consacrés, c’est Dieu ; il a mis sa marque sur nous, et il nous a fait une première avance sur ses dons : l’Esprit qui habite nos c?urs.

 

Evangile : Guérison d’un paralysé, signe du pardon des péchés(Mc 2, 1-12)

Acclamation :

Alléluia. Alléluia. Le Seigneur a envoyé Jésus, son Serviteur, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres.Alléluia.

(cf. Lc 4,18ab)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Jésus était de retour à Capharnaüm, et la nouvelle se répandit qu’il était à la maison.
Tant de monde s’y rassembla qu’il n’y avait plus de place, même devant la porte. Il leur annonçait la Parole.
Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes.
Comme ils ne peuvent l’approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de lui, font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé.
Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés. »
Or, il y avait dans l’assistance quelques scribes qui raisonnaient en eux-mêmes :
« Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »
Saisissant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu’ils faisaient, Jésus leur dit : « Pourquoi tenir de tels raisonnements ?
Qu’est-ce qui est le plus facile ? de dire au paralysé : ‘Tes péchés sont pardonnés’, ou bien de dire : ‘Lève-toi, prends ton brancard et marche’ ?
Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, je te l’ordonne, dit-il au paralysé : Lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi. »
L’homme se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde. Tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu, en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »

Patrick Braud

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14 août 2011

Marie, parfaite image de l’Église à venir

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Parfaite image de l’Église à venir

Homélie de l’Assomption / 15 Août 2011

L’Église en fête célèbre la première créature à être déjà pleinement divinisée : Marie, humble jeune femme juive, « élevée dans la gloire du ciel » (préface de l’Assomption).

Tant mieux pour Marie. Mais quelle incidence sur notre propre aventure humaine ?
En célébrant Marie, associée à la résurrection de son fils, nous célébrons en fait notre propre avenir.

L’Assomption : une pro-vision efficace.

Une vieille règle théologique médiévale peut nous aider à déchiffrer le sens des fêtes mariales. Il n’arrive à Marie personnellement que ce qui est promis à l’Église collectivement. Et ce qu’est l’Église radicalement (une, sainte, catholique, apostolique) Marie l’est déjà personnellement, en plénitude.

« C’est à juste titre que, dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit en  général de cette vierge mère qu’est l’Église s’applique en particulier à la Vierge Marie ; et ce qui est dit en particulier de la vierge mère qu’est Marie se comprend en général de l’Église vierge mère. Lorsqu’un texte parle de l’une ou de l’autre, il peut être appliqué presque sans distinction à l’une et à l’autre. »  [1]

La préface de l’Assomption oriente notre regard vers Marie, en avant, comme l’effet symétrique d’un coup d’oeil dans le rétroviseur : « parfaite image de l’Église à venir, aurore de l‘Église triomphante, elle guide et soutient l’espérance de ton peuple encore en chemin ».

C’est en quelque sorte une pro-vision d’espérance, une vision anticipée de ce qui nous attend.

En Marie, l’une des nôtres est déjà personnellement parvenue au terme de ce qui attend chacun d’entre nous et ensemble.

Impossible dans la foi chrétienne d’avoir le regard dans le rétroviseur ! Nulle nostalgie d’un paradis perdu, d’un âge d’or mythique, nul regret d’une période soi-disant idéale n’anime cette provision d’espérance. On peut fixer du regard Marie dans son Assomption en répétant les paroles de Paul : « je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus.  Non, frères, je ne me flatte point d’avoir déjà saisi; je dis seulement ceci: oubliant le chemin parcouru, je vais droit de l’avant, tendu de tout mon être,  et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus. » (Ph 3,13-14)

Cette pro-vision est efficace, auto-réalisatrice diraient les linguistes : au moment où l’Église fixe son regard sur l’une d’entre elles déjà élevée dans la gloire, elle en est profondément transformée dans cette contemplation même.

Ce que nous regardons nous influence en retour : c’est vrai de nos écrans, de nos architectures, de nos livres, combien plus encore de nos regards intérieurs !

Lever les yeux vers Marie associée à la gloire du Christ, c’est faire provision d’espérance, et « l’espérance ne déçoit pas » (Rm 5,5).
Entre Marie et l’Église, le lien est si fort que la vocation de l’une éclaire le mystère de l’autre, et réciproquement.

Parfaite image de l’Église à venir : puisse l’Assomption de Marie soutenir notre marche, notre pèlerinage dans la foi.
Que nul événement ne nous détourne de cette pro-vision d’espérance.

 


[1]. Isaac de l’Étoile, 1100-1178, abbé du monastère de l’Etoile (à Archigny dans la Vienne), fondateur de l’abbaye Notre Dame des Châteliers sur l’ile de Ré, Homélie LI, « Sources chrétiennes n° 339, pp. 203-205

 

 

1ère lecture : La Femme de l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Le Temple qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple.
Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds,e t sur la tête une couronne de douze étoiles.
Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement.
Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes,et sur chaque tête un diadème.
Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.
Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône,
et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place.
Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut,la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »

Psaume : Ps 45, 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16

R/ Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils.

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

2ème lecture : Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle ( 1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

Evangile : « Heureuse celle qui a cru ! » (Lc 1, 39-56)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur,
« Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âgesur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. »
Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick Braud

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