L'homélie du dimanche (prochain)

10 avril 2020

Pâques : le Jour du Seigneur, le Seigneur des jours

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 16 h 00 min

Pâques : le Jour du Seigneur, le Seigneur des jours

Homélie du Dimanche de Pâques / Année A
12/04/2020

Cf. également :

Pâques : les 4 nuits
Pâques : Courir plus vite que Pierre
Comment annoncer l’espérance de Pâques ?
Trois raisons de fêter Pâques
Le courage pascal
La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société
Faut-il shabbatiser le Dimanche ?

Clocher octogonal ...Avez-vous déjà remarqué que la plupart des clochers des églises du Moyen Âge sont octogonaux ? Les baptistères également ? Pourquoi le vendredi est-il musulman, le samedi juif et le dimanche chrétien ? La semaine commence-t-elle le lundi ou le dimanche ? Le temps est-il cyclique, linéaire, en spirale ?

Ces questions peuvent paraître anodines, ou au contraire trop philosophiques. Pourtant elles dépendent de notre réponse à la question : crois-tu au Ressuscité ? Car notre représentation du temps est liée à Pâque plus que nous n’en en avons conscience. Voyons comment, grâce aux femmes qui courent au tombeau (vide) de Jésus en ce premier jour de la semaine.

« Le premier jour de la semaine » : ainsi commence notre évangile de ce dimanche de Pâques (Jn 20, 1-9). Évidemment, ce n’est pas seulement une indication journalistique factuelle : c’est également un témoin symbolique de l’exceptionnelle importance de l’événement de ce jour. On ne trouve que 7 mentions seulement de l’expression « le premier jour de la semaine » dans la Bible, et uniquement dans le Nouveau Testament bien sûr : pour désigner le jour de la Résurrection de Jésus, bien distingué du jour précédent du shabbat, ou bien dans les Actes pour désigner l’assemblée où Paul « rompt le pain » (signe que très tôt les chrétiens ont pris l’habitude de se rassembler ce jour-là pour l’eucharistie).

Jn 20,1: Le premier jour de la semaine, à l’aube, alors qu’il faisait encore sombre, Marie de Magdala se rend au tombeau et voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Jn 20,19: Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des Juifs, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint…
Lc 24,1: Le premier jour de la semaine, de grand matin, elles vinrent à la tombe en portant les aromates qu’elles avaient préparés.
Ac 20,7: Le premier jour de la semaine, alors que nous étions réunis pour rompre le pain, Paul, qui devait partir le lendemain, adressait la parole aux frères et il avait prolongé l’entretien jusque vers minuit.
Mc 16,2: Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil étant levé.
Mc 16,9: Ressuscité le matin du premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie de Magdala, dont il avait chassé sept démons.
Mt 28,1: Après le sabbat, au commencement du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent voir le sépulcre.  

 

·      Le premier et le huitième jour

chiffre porte bonheur chinois : numéro 8Le symbolisme de ce qui deviendra le dimanche est multiple, car Pâques a changé radicalement notre rapport au temps.

Dire que Pâques est le premier jour de la semaine renvoient bien sûr au premier jour de l’univers connu : le début de la création du monde. C’est une manière de dire que la résurrection de Jésus était déjà présente en filigrane dès l’origine, que l’événement pascal est déjà là, en puissance, dès le surgissement de quelque chose émergeant du néant. Impossible de confiner le Christ dans la période de son existence terrestre ou même de l’ère chrétienne. Il est l’Alpha et l’Oméga, de toujours à toujours.

Car en commençant une nouvelle semaine, le premier jour est en même temps le huitième jour (7 + 1 !), C’est-à-dire le commencement d’une création nouvelle. Dans la Genèse, après les six premiers jours symboliques de sa création, Dieu s’est reposé le septième jour. Le début de la nouvelle semaine est donc un nouveau travail pour une nouvelle création. Cet achèvement du temps était attendu par l’espérance juive pour qui 8 est le chiffre du Messie à cause de cela. Les chrétiens reconnaissent dans ce jour de Pâques le huitième jour eschatologique qui voit l’irruption du futur absolu dans notre histoire.

Le Catéchisme de l’Église Catholique écrit (n° 1166) :
 » L’Église célèbre le mystère pascal, en vertu d’une tradition apostolique qui remonte au jour même de la Résurrection du Christ, chaque huitième jour, qui est nommé à bon droit le Jour du Seigneur, ou dimanche  » (SC 106). Le jour de la Résurrection du Christ est à la fois le  » premier jour de la semaine « , mémorial du premier jour de la création, et le  » huitième jour  » où le Christ, après son «  repos  » du grand Sabbat, inaugure le Jour  » que fait le Seigneur « , le  » jour qui ne connaît pas de soir « . Le  » repas du Seigneur  » est son centre, car c’est ici que toute la communauté des fidèles rencontre le Seigneur ressuscité qui les invite à son banquet (cf. Jn 21,12 ; Lc 24,30) :

Aujourd’hui commence la re-création de ce monde. Tel le point focal de l’histoire humaine, le Ressuscité attire à lui tous les hommes (Jn 12,32) et oriente notre désir pour que nous devenions en plénitude ce que nous sommes appelés à être par-delà notre mort personnelle et collective. La Résurrection, événement historique qui renvoie à l’au-delà de l’histoire, est le point Oméga qui aimante notre course tout en la transformant déjà dès maintenant, de l’intérieur.

Christ ressuscité est le centre du temps humain (die Mitte der Zeit, Oscar Cullmann, 1947) récapitulant en lui les siècles précédents pour les ouvrir à l’avenir de Dieu. Voilà pourquoi nos clochers et nos baptistères sont octogonaux : pour planter le chiffre 8 messianique et pascal au cœur de nos villages et de nos liturgies. Un monde nouveau est déjà là, inauguré en ce jour de Pâques : ne le sentez-vous pas bourgeonner et fleurir ? Allez-vous accepter de vous laisser transformer, transfigurer, emporter par cette déferlante qui vient de notre avenir en Dieu ?

 

·      L’accomplissement du shabbat

Accomplissez la table de ShabbatLes juifs attendent le Messie. Les chrétiens célèbrent sa venue tout en attendant que sa victoire sur la mort soit totale en y incluant tous et tout. Les juifs célèbrent le repos du Seigneur le samedi, les chrétiens le travail de résurrection par Dieu le Père le dimanche. Voilà pourquoi le dimanche est différent du samedi : car Pâques est Dieu à l’œuvre en Jésus, alors que le shabbat est le repos de Dieu à l’issue de sa première création. L’Église a sans doute eu tort de ‘shabbatiser’ le dimanche en obligeant au repos absolu ce jour-là, alors qu’au contraire c’est le jour où Dieu travaille ! Puisque la résurrection du Christ est aussi la nôtre, le dimanche marque le travail de Dieu en nous et nous y associe. Plutôt qu’au repos, le dimanche invite à anticiper le monde à venir, en expérimentant ce jour-là des relations gratuites, fraternelles, un temps de communion avec le monde, avec soi-même, dont les activités culturelles, sportives, associatives et autres sont de bons laboratoires.

Accomplir le shabbat demande de le dépasser. Jésus l’avait bien compris qui a guéri, s’est nourri, déplacé le jour du shabbat alors que c’est interdit par la Loi juive. Les pharisiens et les religieux de son époque l’ont bien compris puisqu’ils en ont fait un motif d’accusation et de haine, jusqu’à le livrer à Pilate.

Célébrer Pâque chaque dimanche invite donc à goûter autrement la vie de famille, la réunion avec des amis, l’activité autour d’une passion, d’un hobby etc. Il ne s’agit pas de ne rien faire, ni de faire comme les autres jours, mais de faire autrement pour nous rappeler que nous sommes appelés à vivre autrement que pour le travail, l’argent et les survies habituelles. C’est laisser la fin du temps faire irruption dans notre présent, pour le transformer de l’intérieur. C’est se recevoir du futur au lieu de le construire. Car on ne construit pas le futur : on en vient…

L’accomplissement du shabbat nous fait changer symboliquement de semaine. Le jour de Pâques nous fait passer du régime de la Loi à celui de l’Esprit, de la lettre à l’inspiration, de la répétition à l’innovation.

 

·      Le jour commence le soir

Pâques : le Jour du Seigneur, le Seigneur des jours dans Communauté spirituelle vepresLa liturgie chrétienne a gardé la conception juive du jour. Les Romains comptent 24 heures de minuit à minuit, et d’ailleurs le calendrier officiel continue à le faire. Mais dans le temps biblique, le jour commence dès l’obscurité du soir jusqu’au déclin du soleil le lendemain. Le jour romain va de la nuit à la nuit, le jour juif et chrétien va de l’obscurité à la lumière. Voilà pourquoi nous disons que le Christ est ressuscité le troisième jour, alors que selon le calendrier officiel il ne s’est écoulé que deux jours à peine entre sa mort et sa résurrection, du vendredi 15 heures à la nuit du samedi. Comptez avec moi :
du vendredi 15 heures au coucher du soleil = 1 jour ;
du coucher du soleil vendredi à celui du samedi = 1 jour ;
du coucher du soleil samedi à la nuit du samedi = 1 jour.
Voilà pourquoi nous fêtons les saints dès l’office de Vêpres la veille au soir de leur fête, et pourquoi nous célébrons Pâques dans la nuit du samedi. Voilà pourquoi les messes du samedi soir sont réellement celle du dimanche. Pâque est la victoire de la lumière sur l’ombre de la mort. Nous n’allons pas de la nuit à la nuit comme les païens, mais de l’ombre à la lumière, de la mort à la résurrection.

 

·      Jour du Seigneur au jour du soleil ?

Les langues ont gardé cette hésitation entre jour romain et jour liturgique. Les Grecs, français, italiens, espagnols, portugais etc. ont appelé dimanche le jour de Pâques selon l’étymologie latine : dies dominus = jour du Seigneur. Mais les Anglais (sunday), les Allemands (Sonntag) ont continué à l’appeler ‘jour du soleil’, comme sous les cultes anciens. La première Apologie de St Justin écrivait en 67:  » C’est le jour du soleil que nous faisons tous notre réunion ». Puisque la résurrection du Christ est la vraie lumière en ce monde, il était facile de substituer le Christ au soleil. Les solstices christiques sur les tympans romans où sont sculptés les 12 signes du zodiaque en sont un beau témoignage.

Travail le dimanche et modification du contrat de travail

 

·      Le Seigneur des jours

Changer le nom du jour l’habille d’une importance primordiale : le jour du Seigneur devient ainsi le Seigneur des jours, selon la belle expression d’Eusèbe de Césarée :

« Le jour saint du dimanche est donc celui où l’on fait mémoire du Seigneur. C’est pourquoi on l’a appelé « le jour du Seigneur ». Et il est comme le seigneur des jours. En effet, avant la Passion du Seigneur, il n’était pas appelé « jour du Seigneur » mais « premier jour ». En ce jour, le Seigneur a établi le fondement de la résurrection, c’est-à-dire qu’il a entrepris la création ; en ce jour, il a donné au monde les prémices de la résurrection ; en ce jour, comme nous l’avons dit, il a ordonné de célébrer les saints mystères. Ce jour a donc été pour nous le commencement de toute grâce : commencement de la création du monde, commencement de la résurrection, commencement de la semaine. Ce jour, qui renferme en lui-même trois commencements, préfigure la primauté de la sainte Trinité. »
Homélie attribuée à Eusèbe d’Alexandrie (fin du V° siècle) Sermons sur le dimanche, 16, 1-2 ; PG 86, 416-421.

La Documentation Catholique N° 14 : La Sanctification Du Dimanche - Jean Paul Ii : Lettre Apostolique Dies Domini, Le Voyage Du Pape En Australie de CollectifSi le dimanche (et par excellence le dimanche de Pâques) est le Seigneur des jours, c’est pour nous ajuster à ce qu’il annonce : un monde nouveau, enfin libérée du péché et de la mort, où la communion en Dieu nous réunira pour toujours.

Le jour du Seigneur est donc à la fois le jour de l’Église, née de cet événement stupéfiant du tombeau vide, le jour de l’homme qui le révèle à lui-même en lui montrant sa vocation ultime, le Seigneur des jours qui nous donnent la clé d’interprétation des autres jours de la semaine.

Le jour du Seigneur – ainsi que fut désigné le dimanche dès les temps apostoliques – a toujours été particulièrement honoré dans l’histoire de l’Église, à cause de son lien étroit avec le cœur même du mystère chrétien. En effet, dans le rythme hebdomadaire, le dimanche rappelle le jour de la résurrection du Christ. C’est la Pâque de la semaine, jour où l’on célèbre la victoire du Christ sur le péché et sur la mort, l’accomplissement de la première création en sa personne et le début de la « création nouvelle » (cf. 2 Co 5,17). C’est le jour où l’on évoque le premier jour du monde dans l’adoration et la reconnaissance, et c’est en même temps, dans l’espérance qui fait agir, la préfiguration du « dernier jour », où le Christ viendra dans la gloire (cf. Ac 1,11; 1 Thess 4,13-17) et qui verra la réalisation de « l’univers nouveau » (cf. Ap 21,5).

La résurrection de Jésus est la donnée première sur laquelle repose la foi chrétienne (cf. 1 Co 15,14): c’est une réalité stupéfiante, perçue en plénitude dans la lumière de la foi, mais attestée historiquement par ceux qui eurent le privilège de voir le Seigneur ressuscité; c’est un événement merveilleux qui ne se détache pas seulement d’une manière absolument unique dans l’histoire des hommes, mais qui se place au centre du mystère du temps. (Lettre apostolique Dies Domini,  Jean-Paul II, 1998).

 

On raconte qu’un jour, saint Benoît, perdu dans sa solitude d’ermite, reçut la visite d’un prêtre, sans savoir que c’était le jour de Pâques. Le prêtre qui était venu le visiter dit : «  Lève-toi et prenons de la nourriture car c’est Pâques aujourd’hui  ». À quoi l’homme de Dieu répondit : « Je sais que c’est Pâques, puisque tu es venu me voir ». En effet, demeurant loin des hommes, il ignorait qu’en ce jour, c’était la solennité de Pâques !

En ce temps de post-confinement, redécouvrons l’actualisation de l’évènement pascal que nous célébrons aujourd’hui : «  C’est Pâques, puisque tu es venu me voir…  »

 

« Voici le jour que fit le Seigneur. Jour d’allégresse et jour de joie ! » (Ps 117,24)
Habitons ce jour comme tous les dimanches avec au cœur l’invincible espérance de Pâques.

 

 

MESSE DU JOUR DE PÂQUES

PREMIÈRE LECTURE
« Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » (Ac 10, 34a.37-43)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, quand Pierre arriva à Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole et dit : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés. »

PSAUME
(Ps 117 (118), 1.2, 16-17, 22-23)
R/ Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! (Ps 117, 24)

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !

Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai,
pour annoncer les actions du Seigneur.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

DEUXIÈME LECTURE
« Recherchez les réalités d’en haut, là où est le Christ » (Col 3, 1-4)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens

Frères, si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre.
En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire.

OU AU CHOIX

DEUXIÈME LECTURE
« Purifiez-vous des vieux ferments, et vous serez une Pâque nouvelle » (1 Co 5, 6b-8)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères, ne savez-vous pas qu’un peu de levain suffit pour que fermente toute la pâte ? Purifiez-vous donc des vieux ferments, et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. Car notre agneau pascal a été immolé : c’est le Christ.
Ainsi, célébrons la Fête, non pas avec de vieux ferments, non pas avec ceux de la perversité et du vice, mais avec du pain non fermenté, celui de la droiture et de la vérité.

SÉQUENCE

À la Victime pascale, chrétiens, offrez le sacrifice de louange.
L’Agneau a racheté les brebis ; le Christ innocent a réconcilié l’homme pécheur avec le Père.
La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne.
« Dis-nous, Marie Madeleine, qu’as-tu vu en chemin ? »
« J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, j’ai vu la gloire du Ressuscité.
J’ai vu les anges ses témoins, le suaire et les vêtements.
Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! Il vous précédera en Galilée. »
Nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts.
Roi victorieux, prends-nous tous en pitié ! Amen. 

ÉVANGILE
« Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 1-9)
Alléluia. Alléluia.Notre Pâque immolée, c’est le Christ ! Célébrons la Fête dans le Seigneur ! Alléluia. (cf. 1 Co 5, 7b-8a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Patrick BRAUD

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20 mars 2017

Faut-il shabbatiser le Dimanche ?

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Faut-il shabbatiser le Dimanche ?


Homélie du 4° Dimanche de Carême / Année A
26/03/2017

Cf. également :

La barre de fraction de la foi

Rousseur et cécité : la divine embauche !

Ce n’est pas le savoir qui sauve

 

Ouvrir les magasins le Dimanche ?

magasins_ouverts_le_dimancheDoit-on autoriser l’ouverture des magasins le dimanche ? La question a disparu du débat présidentiel en France. On se souvient pourtant que c’est l’actuel favori des sondages, Emmanuel Macron, qui a élargi cette possibilité en faisant voter une loi qui porte son nom. La libéralisation de l’économie demande en effet de ne pas interrompre le circuit des échanges volontaires, même un seul jour. Au nom de la concurrence, du chiffre d’affaires, de la création d’emplois, les tenants du travail dominical démontrent tout le bien que l’on peut attendre de sa généralisation.

Les adversaires se répartissent en deux camps. Les Eglises chrétiennes contestent cette mesure au nom de leur lecture de la Genèse où Dieu se reposa après le 6° jour de la création. Les syndicats et partis de gauche réclament un jour sanctuarisé, non pas pour aller à la messe ou au culte, mais pour la famille, la vie sociale.

 

Shabbat et Dimanche pendant les trois premiers siècles

De tels débats ont très vite parcouru les premières communautés chrétiennes. Avec le souci supplémentaire de gérer l’héritage juif du shabbat. L’évangile de l’aveugle-né de ce dimanche (Jn 9, 1-41) en porte la trace. « Cet homme-là n’est pas de Dieu puisqu’il n’observe pas le repos du shabbat », contestent les pharisiens avec une certaine logique. Imparable ! Car loi du repos sabbatique est un absolu que les juifs pratiquants respectent aujourd’hui encore scrupuleusement. Au point de ne pas appuyer sur le bouton de l’ascenseur (car c’est un contact électrique, et faire du feu est interdit le jour du shabbat) ou d’enlever l’ampoule du réfrigérateur (pour la même raison). Les rabbins disent avec raison que ce n’est pas Israël qui a gardé le shabbat, mais le shabbat qui a gardé Israël tout au long de ses trois millénaires d’histoire tumultueuse. Sans lui, il n’y aurait plus de peuple juif dans le monde aujourd’hui.

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Les premiers chrétiens, qui étaient juifs, pouvaient-il purement et simplement abolir le shabbat ? Impossible ! Jésus lui-même ne cessait de répéter qu’il est venu accomplir, pas abolir la Torah, dont pas un iota ne sera enlevé. Alors, comment faire ? Ils ont d’abord relu la façon dont Jésus a habité la pratique du shabbat.

Le Juif Jésus et le Shabbat - Cover imagePas moins de sept épisodes de guérisons miraculeuses opérées par Jésus un jour de shabbat sont recensés par les Évangiles. Ces actes sont tous appréhendés par les rabbins pris à témoins comme autant de profanations : l’homme possédé (Mc 1,21-28 et paral.) ; la belle-mère fiévreuse de Simon/Pierre (Mc 1,29-34 et paral.) ; l’homme à la main desséchée (Mc 3,1-6 et paral.) ; le paralysé à Bethesda (Jn 5,1-18) ; l’aveugle-né (Jn 9,1-41) ; la femme courbée (Lc 13,10-17) ; l’hydropique (Lc 14,1-4). À cela, il faut ajouter l’incident de l’arrachement des épis par les disciples de Jésus (cf. Lc 6,1-5), acte justifié par le maître mais non accompli par lui. L’émoi qu’il suscite chez les rabbins éberlués n’a rien d’ordinaire. Le débat est loin d’être « académique », l’attitude de Jésus est manifestement présentée par les évangélistes, quels qu’ils soient, comme provocatrice [1].

Les premiers chrétiens ont conclu que le shabbat juif n’était pas aboli, mais relativisé : les interdits liés au shabbat ne doivent pas empêcher de guérir et sauver, de travailler pour le bien commun. En même temps, une autre pratique est venue se superposer à celle du shabbat : le huitième jour. Car la célébration de la résurrection du Christ un dimanche matin marquait l’achèvement de la première création (le huitième jour), et le début de la création nouvelle (le premier jour d’un monde nouveau). Le premier jour de la semaine est vite devenu plus important pour les croyants au Ressuscité que le septième jour de l’ancienne création. Le dimanche se juxtaposait ainsi au samedi pour les judéo-chrétiens. Pour les païens convertis, la référence au shabbat n’était pas majeure. Le dimanche, avec son symbolisme de résurrection et de création nouvelle, messianique, prit d’emblée une importance prépondérante. L’abandon de la cashrout  (interdits alimentaires) et des rituels juifs a également poussé les judéo-chrétiens à abandonner progressivement l’observation du shabbat. Ainsi pendant les trois premiers siècles, shabbat et dimanche ont plus ou moins coexisté dans les communautés chrétiennes, avec des significations très différentes.

 

Le repos dominical en Occident

Puis vint Constantin et sa conversion de l’empire romain au christianisme (à partir de l’édit de Milan en 313). Il fait officiellement du dimanche (dies solis = jour du soleil auparavant, remplacé par le dies dominicus = jour du Seigneur) le jour de repos. L’Église y voit l’opportunité d’aligner le temps des hommes sur le temps de Dieu, et se met à reporter sur le dimanche des obligations liées autrefois au shabbat, et notamment le repos, le non-travail. Mais du coup, la dérive judaïsante [2] et sacerdotale est devenue majoritaire. On a shabbatisé le dimanche en lui faisant porter la symbolique du repos, de l’arrêt, du non-travail, alors que le premier jour de la semaine est celui de la Résurrection, du travail actif de Dieu et des hommes pour ‘se lever d’entre les morts’. « Il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé » dit Jésus à ses disciples qui l’interrogent sur les raisons de la cécité du mendiant près du Temple et de sa guérison un jour de shabbat.

Pendant trois siècles, les chrétiens allaient d’abord le dimanche matin à l’ecclésia = l’assemblée = l’église pour célébrer la résurrection du Christ, puis ensuite vaquaient normalement à leurs occupations ! Le livre des Actes des apôtres en témoigne abondamment. Ni le Christ, ni le Nouveau Testament n’ont jamais revendiqué de faire du dimanche le shabbat des chrétiens ! Le jour du Seigneur est l’annonce joyeuse d’un monde nouveau à accueillir et à construire, bien davantage que la stricte observance d’un repos lié à l’ancienne création.

Jean-François Millet - L'AngélusPourquoi vouloir shabbatiser le dimanche ? Pour les Églises, ce fut la tentation constantinienne : ceux qui régissent le temps humain sont les maîtres du monde… De Constantin au XVI° siècle, seules les horloges et les cloches des églises marquèrent le temps communal en Occident. Le tableau de l’angélus de Millet illustre parfaitement cet inconscient collectif où le travail des champs était rythmé par l’Église (la montre et le temps individuel n’existent pas encore) et non la sirène d’usine, le pointage ou la durée légale de travail…

Avec la Réforme, les Lumières et les révolutions industrielles, la suprématie de l’Église sur le temps commun fut – à juste titre – largement remise en cause. Les beffrois communaux affichèrent leur propre horloge et leur propre carillon, émancipant la ville de la tutelle temporelle de l’Église. Les marchands calculaient le temps rémunéré autrement. Les usines transformèrent la journée de travail, jusqu’à tourner en feu continu 24 heures sur 24 parfois, 7 jours sur 7.

La catastrophe de Courrières illustrée par Le Petit Journal.Perdant peu à peu sa maîtrise du temps, l’Église a changé son plaidoyer. Ce n’était plus uniquement pour aller à la messe et respecter le commandement du Seigneur (altéré, rappelons-le, car le commandement porte sur le samedi et non sur le dimanche !) qu’elle revendiquait le repos dominical, mais également pour la famille, le lien social, la limitation de la marchandisation de la vie humaine. En cela, elle fut rejointe par les syndicats et partis ouvriers. Notamment après la catastrophe de Courrières (dans le Pas-de-Calais)  tristement célèbre. En 1906, un coup de grisou dans les mines du valenciennois fit plus de 1000 morts. L’indignation et la colère devant la responsabilité des patrons des mines et leur gestion du drame engendrèrent des grèves terribles et finalement le vote de la loi de 1906, qui garantit depuis un jour de repos minimum aux travailleurs autrefois taillables corvéables à merci, tels que Zola le dépeignait dans Germinal.

Ce beau consensus Églises-syndicats est aujourd’hui largement contesté par le reste de la société. D’abord au nom des services publics, de l’activité touristique ou autre : environ 30% de Français travaillent le dimanche, et personne ne veut revenir en arrière. Ensuite parce que les volontaires sont nombreux lorsqu’il y a une opportunité de venir travailler le dimanche en heures supplémentaires payées davantage, et les bas salaires en premier. Enfin parce que notre société n’aime plus le vide, le silence, la non-activité. Un dimanche où tout est à l’arrêt est d’un ennui mortel pour beaucoup, voire une angoisse qui nourrit le malaise de ceux pour qui le repas en famille n’est pas possible ou désirable.

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La loi Macron élargissant les dérogations à l’interdiction du travail le dimanche a donc de beaux jours devant elle ! Nul doute que nous allons – là encore – vers un modèle américain où la plupart des boutiques seront ouvertes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 (ce qui est déjà le cas sur Internet et le e-commerce). Au moins pourrait-on préserver une couleur dominicale marquée par des activités sportives, culturelles, amicales ou associatives différentes du reste de la semaine…

 

Ce débat a cependant une conséquence positive : les chrétiens doivent dé-shabbatiser le dimanche ! Ce n’est pas un jour pour ne rien faire. Au contraire, c’est l’invitation à se lever pour rencontrer les autres (et soi-même) autrement. C’est un jour pour guérir les aveugles et prendre soin des exclus. Et même s’il faut travailler ce jour-là, rien n’empêche de le marquer par la célébration de la résurrection, avant ou après le travail. Et cela suffit !

 


[1] . cf. Rivon Krygier, Le chabbat de Jésus, Recherches de Science Religieuse 2005/1 (Tome 93), pp. 9-25.

[2] . Dérive que Paul reprochait déjà à Pierre : « quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde: « Si toi qui es Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser ? » (Ga 2,14)

 

 

PREMIÈRE LECTURE
David reçoit l’onction comme roi d’Israël (1 S 16, 1b.6-7.10-13a)

Lecture du premier livre de Samuel

En ces jours-là, le Seigneur dit à Samuel : « Prends une corne que tu rempliras d’huile, et pars ! Je t’envoie auprès de Jessé de Bethléem, car j’ai vu parmi ses fils mon roi. » Lorsqu’ils arrivèrent et que Samuel aperçut Éliab, il se dit : « Sûrement, c’est lui le messie, lui qui recevra l’onction du Seigneur ! » Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit : « Le Seigneur n’a choisi aucun de ceux-là. » Alors Samuel dit à Jessé : « N’as-tu pas d’autres garçons ? » Jessé répondit : « Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. » Alors Samuel dit à Jessé : « Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu’il ne sera pas arrivé. » Jessé le fit donc venir : le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau. Le Seigneur dit alors : « Lève-toi, donne-lui l’onction : c’est lui ! » Samuel prit la corne pleine d’huile, et lui donna l’onction au milieu de ses frères. L’Esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là.

PSAUME
(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)

R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. (cf. Ps 22, 1)

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

DEUXIÈME LECTURE
« Relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera » (Ep 5, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière – or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité – et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur. Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon ; démasquez-les plutôt. Ce que ces gens-là font en cachette, on a honte même d’en parler. Mais tout ce qui est démasqué est rendu manifeste par la lumière, et tout ce qui devient manifeste est lumière. C’est pourquoi l’on dit : Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.

ÉVANGILE
« Il s’en alla et se lava ; quand il revint, il voyait » (Jn 9, 1-11)

Gloire et louange à toi Seigneur Jésus. !
Moi, je suis la lumière du monde, dit le Seigneur.
Celui qui me suit aura la lumière de la vie.
Gloire et louange à toi Seigneur Jésus ! (Jn 8, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. » Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? » Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : ‘Va à Siloé et lave-toi.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. » Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »  On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. » Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. » Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? » Les parents répondirent : « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle. Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. » Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »  Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. » L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.  Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui.  Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’, votre péché demeure.
Patrick BRAUD

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