L'homélie du dimanche (prochain)

7 septembre 2013

S’asseoir, calculer, aller jusqu’au bout

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

S’asseoir, calculer, aller jusqu’au bout


Homélie du 23° Dimanche du temps ordinaire/ Année C
08/09/2013


S’asseoir

Il y a un instant, Jésus demandait de marcher à sa suite? et voici qu’il recommande pour cela de commencer par s’asseoir !

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Prendre le temps de se mettre en position de réflexion : comment ne pas penser au « devoir de s’asseoir » des équipes Notre-Dame ?

Il s’agit de faire silence pour se débarrasser de l’immédiateté, et de pouvoir non seulement délibérer intérieurement, mais d’entendre résonner en soi la Parole que Dieu nous adresse. La conscience est ce que nous discernons au plus profond de nous-mêmes des savoirs que Dieu nous donne.

Quand on chemine, a fortiori à deux, il est fortement recommandé de faire un point régulièrement, pour s’assurer que l’on est dans la bonne direction, que les options prises et les ajustements à apporter sont bien partagés. Aux Équipes Notre-Dame, cela s’appelle le devoir (ou le plaisir) de s’asseoir.

Le devoir de s’asseoir est un temps particulier, au moins chaque mois, dédié à un échange avec son conjoint sur les questions essentielles de notre vie, un tête à tête pour souffler, pour se poser, pour se regarder, pour s’écouter.

Nous échangeons bien sûr en couple très souvent dans la semaine. Mais si nous réfléchissons bien, avons-nous un seul moment dédié spécifiquement à cela dans nos agendas surchargés, sans que la télévision ou l’ordinateur ne soit allumé ?

L’échange commence par une prière, pour placer ce temps sous le regard de Dieu. Cette étape est indispensable pour aller à l’essentiel avec humilité !

Ensuite, nous faisons un point sur notre vie de couple. Chacun écoute son conjoint s’exprimer. Le « je » (« j’ai été heureux(se) de? ou j’ai été blessé(e) par? » est utilisé de préférence au « tu » (« tu n’as pas fait ceci? »), pour faire part de son ressenti sans accuser.

Quelques sujets sensibles peuvent occuper l’essentiel de l’échange. Nous nous efforçons de les aborder avec tact et respect de l’autre.

Nous pouvons également réaliser un tour d’horizon plus large :

- sur soi-même, sur nous deux (la qualité de notre relation de couple, de notre relation personnelle à Dieu, nos efforts, nos progrès, nos faiblesses, nos difficultés,?)

- nos enfants (leur éducation, leur santé, leur caractère, leurs progrès, leurs difficultés,?)

- notre famille (nos parents, petits-enfants, proches âgés, souffrants?), nos amis?

- notre vie professionnelle (nos inquiétudes, nos joies, nos déceptions, nos collègues, les décisions à venir?)

- nos engagements (actions, moyens, objectifs, durée, joies, peines,?)

Les priorités de notre vie doivent être clairement définies : faisons le point sur le temps consacré à la vie de famille depuis quelques mois. N’est-il pas le moment de prévoir un week-end en couple sans enfants pour se retrouver ? Ou alors d’organiser une activité pour tel enfant qui a du mal à trouver sa place dans la fratrie ?

Le devoir de s’asseoir, pratiqué régulièrement, contribue à prendre conscience d’éventuelles dérives de notre relation de couple et à procéder aux ajustements nécessaires. Il est un jalon important dans notre vie de couple.

Cf. http://www.equipes-notre-dame.fr/article/le-devoir-de-sasseoir

 

Le devoir de s’asseoir ne concerne pas que les couples. Chacun de nous, avant de se lancer dans une grande oeuvre, avant de prendre une décision importante, avant de suivre quelqu’un, a tout intérêt à prendre ce temps de réflexion.

Être assis c’est se laisser porter par le sol avant que de demander à nos deux jambes de le faire. C’est un passif qui va fonder l’action suivante. Être assis, c’est l’attitude du Christ en gloire, depuis l’Ascension où Dieu le fait asseoir à sa droite. <
Dans cette position, nous nous souvenons de notre avenir en Christ, car nous serons assis à ses côtés.
C’est donc symboliquement fonder nos décisions en les évaluant à l’aune du but ultime.
C’est peser le pour et le contre en regardant devant, en discernant si cela correspond à l’avenir auquel Dieu nous appelle.

 

Calculer

Jésus emploie bien le verbe calculer. « S’asseoir pour calculer la dépense » est une Patrick Braudattitude de sagesse. Le calcul permet l’anticipation ; il introduit la raison et la logique dans nos projets et nos envies autrement dé-mesurés.

Le calcul est désavoué par Dieu lorsqu’il devient orgueilleux au point de ne vouloir compter (tiens, un verbe apparenté à calculer) que sur nos propres forces.

Souvenez-vous du roi David voulant dénombrer ses armées pour être sûr de sa puissance militaire :   » Satan se dressa contre Israël et il incita David à dénombrer les Israélites. » (1 Ch 21) Dieu visiblement n’approuve pas ce genre de calcul !
Dans l’évangile, c’est de manière ironique que le calcul de l’empereur romain va être subverti par Dieu : le même recensement par lequel César voulait manifester l’immensité de son empire va servir à manifester l’humble roi de Bethléem (Lc 2,1-19).

Compter les multitudes soumises deviendra finalement compter sur un fils unique…

Reste que le calcul des dépenses de la tour est ici très évangélique. Car c’est bien de dépenses que parle le Christ : impossible de le suivre sans perdre (avant de gagner, ce qui fait de la dépense un investissement en fait).

On ne se lance pas comme cela à la suite du Christ. C’est pour cela que le catéchuménat des adultes dure deux à trois ans au minimum. Car il faut du temps pour évaluer les conversions à vivre, les pertes à assumer, les changements à engager. Devenir prêtre ou moine demande cette forme de sagesse calculant les effets et les impacts de la suite du Christ. La prime en ce domaine revient sans doute aux jésuites (il faut 10 à 15 ans pour le devenir !)…

 

Aller jusqu’au bout

arton21 agir dans Communauté spirituelleLe calcul, une fois bien assis, a pour but de savoir si on peut aller jusqu’au bout de l’aventure, que ce soit le mariage, le monastère, la création d’une entreprise ou une responsabilité associative à prendre. Dans l’Ancien Testament, l’homme n’a pas pu aller jusqu’au bout de la construction d’une tour célèbre (Gn 11,1-9). Babel est demeurée inachevée, parce que les ouvriers n’ont pas pris le temps de s’asseoir pour réfléchir aux conséquences de leur folle envie. Jésus y fait référence implicitement. Car lui ira jusqu’au bout de la volonté de son Père de bâtir une autre tour touchant le ciel, dont la croix sera le signe. « Aller chercher et sauver ceux qui étaient perdus » (Lc 19,10) pour les associer à l’intimité divine : voilà la construction pour laquelle Jésus est prêt à aller jusqu’au bout. Mais il a pris pour cela 30 années de réflexion auparavant. La vie cachée à Nazareth est la session de préparation à ce chef-d’oeuvre. Et Gethsémani en sera l’intense et bref rappel, pour re-décider – au moment ultime – d’aller jusqu’au bout de cette volonté de son Père.

Comment achever nos projets les plus vrais, familiaux ou professionnels ou autres, si nous ne prenons pas régulièrement le temps de nous asseoir, pour calculer avec sagesse ce qu’il va falloir lâcher, ce qui nous mobilise vraiment, les conséquences à anticiper etc. ?

Ordinaire_23_C_80A bâtirLe devoir de s’asseoir des équipes Notre-Dame les invite à prendre une soirée par mois, une semaine par an pour se retrouver à deux devant Dieu. C’est le même devoir de s’asseoir qui en Lc 14 presse chacun de nous de fonder notre désir d’agir.

Prenez ce temps de sage réflexion, même au travail, pour voir où vous avez envie d’aller et comment y aller jusqu’au bout : vous n’aurez pas perdu la soirée, l’heure, la plage de solitude que vous aurez su vous réserver.

S’asseoir, calculer, aller jusqu’au bout…

 

 

1ère lecture : C’est Dieu qui donne la vraie sagesse (Sg 9, 13-18)

Lecture du livre de la Sagesse

Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?
Les réflexions des mortels sont mesquines, et nos pensées, chancelantes ; car un corps périssable appesantit notre âme, et cette enveloppe d’argile alourdit notre esprit aux mille pensées.
Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à portée de la main ; qui donc a découvert ce qui est dans les cieux ?
Et qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit saint ?
C’est ainsi que les chemins des habitants de la terre sont devenus droits ; c’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît et, par la Sagesse, ont été sauvés.

Psaume : Ps 89, 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc

R/ D’âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge.

Tu fais retourner l’homme à la poussière ;
tu as dit : « Retournez, fils d’Adam ! »
À tes yeux, mille ans sont comme hier,
c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit.

Tu les as balayés : ce n’est qu’un songe ;
dès le matin, c’est une herbe changeante :
elle fleurit le matin, elle change ;
le soir, elle est fanée, desséchée. 

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos coeurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs. 

Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains.

2ème lecture : Ton esclave est devenu ton frère (Phm 1, 9b-10.12-17)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Philémon

Fils bien-aimé,
moi, Paul, qui suis un vieil homme, moi qui suis aujourd’hui en prison à cause du Christ Jésus, j’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, dans ma prison, j’ai donné la vie du Christ.
Je te le renvoie, lui qui est une part de moi-même.
Je l’aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu’il me rende des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de l’Évangile.
Mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses librement ce qui est bien, sans y être plus ou moins forcé.
S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais, bien mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé : il l’est vraiment pour moi, il le sera plus encore pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur.
Donc, si tu penses être en communion avec moi, accueille-le comme si c’était moi.

Evangile : La vraie sagesse, c’est de renoncer à tout pour le Christ (Lc 14, 25-33)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Répands sur nous, Seigneur, la lumière de ton visage, apprends-nous tes volontés. Alléluia. (cf. Ps 118, 135)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit :
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et s?urs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple.

Quel est celui d’entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
Car, s’il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui : ‘Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peut pas achever !’
Et quel est le roi qui part en guerre contre un autre roi, et qui ne commence pas par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui vient l’attaquer avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander la paix.

De même, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »
Patrick Braud

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11 décembre 2009

Éloge de la déontologie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 8 h 34 min

Éloge de la déontologie


Homélie du 3° Dimanche de l’Avent / Année C
13/12/2009

 

Lorsque les foules viennent interroger Jean le Baptiste : « que devons-nous faire ? », il répond au niveau de leur conscience : « celui qui a de vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ».

Viennent ensuite des catégories professionnelles qui lui posent la même question. Aux collecteurs d’impôts, Jean-Baptiste répond par un appel à l’honnêteté professionnelle : « n’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé ». Aux militaires, il fait appel là encore alors à leur honnêteté et à leur conscience professionnelle : « ne faites ni violence ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde ».

Ce premier niveau de conscience morale auquel fait appel Jean-Baptiste est capital. Lui, le Précurseur, il prépare les chemins du Christ en appelant chacun à écouter sa conscience,  notamment dans l’exercice de ses responsabilités professionnelles.

Aujourd’hui encore, ce rôle de précurseur est attendu par beaucoup. Que ce soit des traders  en quête de légitimité pour leurs salaires ou leurs primes ; que ce soit des chercheurs en bioéthique se posant des questions sur l’utilisation de leurs découvertes ; que ce soit les responsables d’entreprises confrontés à la crise sociale, ils sont nombreux ceux qui posent toujours cette même question : « et nous, que devons-nous faire ? »


La science du devoir

Derrière cette question, il y a l’intuition que, pour être efficace et morale, une profession doit se donner des règles de comportement, avec des interdits et des contrôles, bref une déontologie (en grec : discours sur ce qu’il convient de faire = la science du devoir).

Le serment d'Hippocrate (forme originale, en grec ancien)C’est le premier niveau de toute morale économique, trop souvent télescopé par les réflexions éthiques (et même celle de l’Église). Les acteurs d’un champ économique sont capables, entre eux, de définir un certain nombre de règles qu’ils jugent « morales » et indispensables à leur activité. C’est vrai à la Bourse de Paris, mais aussi dans le monde médical (cf. le serment d’Hippocrate, sans doute l’une des plus anciennes formes de déontologie professionnelle, au 4° siècle av. JC, cf. l’Ordre des médecins.), dans une branche professionnelle (les journalistes ont leur charte de déontologie dès 1918, les avocats leur Conseil de l’Ordre, et bien d’autres métiers également)?

Dans notre page d’évangile, c’est à Jean Baptiste que les fonctionnaires et les soldats s’adressent pour savoir ce qu’il faut faire. Mais la réponse de Jean-Baptiste les renvoie en fait à eux-mêmes, à leur conscience. D’où le 1° niveau de la réflexion éthique: « examinez en vous-mêmes ce qui est juste ». C’est comme si Jean-Baptiste les invitait à être les premiers acteurs de leur conversion, à ne pas chercher à l’extérieur d’eux-mêmes des normes et des devoirs à accomplir.

Cela rejoint le rôle essentiel de la déontologie : établir un ensemble de règles de pratiques  professionnelles, élaborées et contrôlées par les professionnels eux-mêmes.

 

La déontologie répond ainsi à deux objectifs :

- l’intégrité de la profession (« ad intra ») : ne pas laisser le groupe professionnel éclater à cause de l’attitude hétérogène de quelques-uns. La déontologie contribue à l’harmonie, la confraternité au sein de la profession.

- la légitimité de la profession (« ad extra ») : obtenir la reconnaissance extérieure et la dignité professionnelle grâce au respect du client. C’est la question de la légitimité de l’image donnée à l’extérieur.

La déontologie fait appel à la conscience morale de chaque acteur professionnel : ce n’est pas une logique juridique. Elle n’est pas de l’ordre d’un Code pénal. Elle encadrera l’exercice de la conscience professionnelle, sans se réduire à elle.

En ce sens, elle présente l’avantage de ne pas être imposée de l’extérieur (hétéronomie), mais de résulter d’un consensus moral entre acteurs se forgeant une conscience commune.

On voit le poids que peuvent avoir dans ces questions de déontologie des acteurs inspirés par l’Évangile : s’ils sont compétents et reconnus comme tels par leurs pairs, ils pourront témoigner d’une vision de l’homme qui peut inspirer des comportements adoptés par tous.

 

La déontologie : nécessaire, mais non suffisante

Prenons l’exemple de la Bourse. Pour que les marchés financiers fonctionnent bien, il faut qu’il y ait un minimum d’autodiscipline chez les opérateurs des sociétés de Bourse. Par exemple : s’engager à effectuer réellement un ordre d’achat ou de vente dans le temps et l’espace indiqués ; accorder à la parole au téléphone le même poids qu’à un écrit ; ne pas utiliser d’informations confidentielles à d’autres fins que celles du client ; exercer les activités avec diligence, loyauté, neutralité et impartialité etc?

Ces impératifs déontologiques n’ont manifestement pas tous été respectés lors de la période qui a conduit à la crise financière de 2008 !

 

Mais l’interdit moral sous-jacent à la déontologie est d’ordre général. Il s’adresse à la conscience, et fait appel à la bonne volonté du professionnel. Il ne comporte d’autre sanction que la reconnaissance ou la réprobation morale par son milieu professionnel ou par les clients (seuls certains Ordres ont le droit de rayer quelqu’un de la profession en cas de faute grave).

On ne peut donc pas confondre code déontologique et code pénal : la déontologie n’est pas juridique ; sa logique est morale, non pénale.

Par exemple, la Maffia italienne a un code d’honneur très précis (l’omerta?) mais qui ne contribue certes pas au bien commun général !

La déontologie joue cependant le rôle d’un diapason, qui donne le ton, qui indique l’attitude commune moyenne (au sens statistique) et la sensibilité morale moyenne d’un milieu professionnel.

C’est déjà un premier niveau, fort important, d’autodiscipline et d’autorégulation.

Ensuite viennent les niveaux des normes morales, de la visée éthique. Mais ensuite seulement?

Si nous voulons être fidèles au Précurseur, alors il nous faut commencer par là : préparer les chemins, graduellement.

Le premier appel à lancer n’est pas d’emblée la conversion au Christ, radicale et intransigeante. Le premier appel est bien celui de Jean-Baptiste : « faites ce qui vous semble juste, en conscience, par rapport à vos responsabilités professionnelles notamment ».

C’est ainsi que vous préparerez les chemins du Seigneur : en comblant les ravins de l’injustice, en redressant les chemins tortueux de pratique professionnelles peu reluisantes, en aplanissant la route des décisions ordinaires  à prendre dans l’exercice de votre métier.

Déontologie, morale, éthique : puisse Jean-Baptiste nous apprendre à ne pas confondre ces trois niveaux de la conversion au Christ, et à en jouer graduellement !


Lectures du 3° Dimanche de l’Avent / Année C

1ère lecture : « Fille de Sion, réjouis-toi, car le Seigneur est en toi » (So 3, 14-18)

Lecture du livre de Sophonie

Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem!
Le Seigneur a écarté tes accusateurs, il a fait rebrousser chemin à ton ennemi. Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. Tu n’as plus à craindre le malheur.
Ce jour-là, on dira à Jérusalem : « Ne crains pas, Sion ! Ne laisse pas tes mains défaillir !
Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. »

Psaume : Is 12, 2, 4bcde, 5-6

R/ Laissons éclater notre joie : Dieu est au milieur de nous.

Voici le Dieu qui me sauve :
j’ai confiance, je n’ai plus de crainte.
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.
Rendez grâce au Seigneur,
proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits !
Redites-le : « Sublime est son nom ! »
Jouez pour le Seigneur,
car il a fait des prodiges que toute la terre connaît.
Jubilez, criez de joie, habitants de Sion,
car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !

2ème lecture : Soyez dans la joie : le Seigneur est proche (Ph 4, 4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul aux Philippiens

Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie.
Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche.
Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes.
Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre coeur et votre intelligence dans le Christ Jésus.

Evangile : Jean Baptiste prépare les foules à la venue du Messie (Lc 3, 10-18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? »
Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! »
Des publicains (collecteurs d’impôts) vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. »
A leur tour, des soldats lui demandaient : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites ni violence ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde. »
Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie.
Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.
Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. »
Par ces exhortations et bien d’autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
Patrick BRAUD
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