L'homélie du dimanche (prochain)

16 mars 2016

Rameaux, kénose et relèvement

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Rameaux, kénose et relèvement

Cf. également :
Briser la logique infernale du bouc émissaire
Les multiples interprétations symboliques du dimanche des rameaux
Le tag cloud de la Passion du Christ
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
C’est l’outrage et non pas la douleur
Il a été compté avec les pécheurs
Sortir, partir ailleurs…

Homélie pour le dimanche des Rameaux / Année C
20/03/2016

 

La parabole christique

Non seulement Jésus parlait en paraboles, mais il vivait aussi en parabole ! Au sens mathématique du terme (Y =a*x²+ b*x+ c)…). Car la trajectoire de sa vie ressemble à une parabole inversée, en forme de U majuscule, dont le récit de la Passion de ce dimanche des Rameaux constitue le sommet, en creux.

Paul, dans la deuxième lecture (Ph 2, 6-11), décrit très exactement ce mouvement de sortie de soi, de descente, jusqu’à toucher le fond (la croix, la descente aux enfers), et ensuite l’exaltation (huperupsôsen : « il l’a sur-élevé » écrit Paul en parlant de la résurrection). On peut ainsi tracer la courbe suivie par le Christ en suivant les mots mêmes de Paul :


parabole-philippiens

 

La kénose, premier versant de la parabole

Le verbe utilisé dans Ph 2, 6-11 pour décrire le premier mouvement de la parabole, descendant, est ékénôsen = se vider de soi pour se tourner entièrement vers autrui. C’est ce verbe grec qui a donné le mot kénose en français. Impressionnant ! La manière d’être de Dieu, c’est de se vider de sa divinité (par amour pour l’homme), de s’anéantir afin de devenir l’un de nous.

Depuis son incarnation, et jusqu’au paroxysme de la mort sur le bois de la croix, assimilé aux maudits par ce châtiment, le Verbe de Dieu se laisse dépouiller de sa puissance, de sa divinité même !

Dès lors, impossible pour nous de rêver le suivre sans passer également par notre propre kénose.

Que veut dire se vider de soi pour un disciple de Jésus ? Que signifie vivre la kénose au XXIe siècle ? Les saints les plus récents nous disent quelque chose de ce mouvement en forme de parabole inversée. St Jean XXIII renonçait à sa tiare papale, à sa chaise à porteurs, limousine et autres oripeaux de gloire et de puissance hérités d’une histoire ‘mélangée’ où le pouvoir ecclésiastique ne pratiquait guère cet abaissement volontaire. St Jean-Paul II, athlète de Dieu luttant haut et fort contre le communisme des pays de l’Est, est devenu un vieillard affaibli, tremblant, malade, dépendant. Mère Teresa a quitté son école ‘pour bonnes familles’ avec juste un seau et un sari, et son désir de rejoindre les mourants rejetés par la société indienne au plus bas de la condition humaine.

Il s’agit toujours de quitter un univers trop séparé, trop éloigné de ceux qui sont en bas de la parabole, pour aller rejoindre, faire corps avec eux et leur ouvrir la voie du relèvement (de la sur-exaltation dont parle Paul dans le deuxième mouvement de la parabole). Quelque soit le degré de pouvoir que vous détenez - et chacun de nous en détient - vous aurez à regarder en bas ce qui sont aux enfers. Sortir de soi (et de son confort, sa tranquillité, son auto-suffisance) est alors le premier pas pour - avec le Christ - aller chercher et sauver ceux qui sont les maudits de notre temps. À la manière d’un champion de tremplin de ski, tout commence par ce basculement en avant, dans le vide d’une pente vertigineuse où tout s’accélère pour aller au plus bas au plus vite…

 

Nous sommes des anti-Harpagon

Tout le monde se souvient de l’Harpagon de Molière et de sa cassette remplie d’argent. « Ma cassette, ma cassette ! » L’angoisse de l’avare le fait serrer contre lui de toutes ses forces ce coffret emprisonnant son coeur.

Afficher l'image d'origine

En Ph 2,6-11, le verbe grec utilisé pour décrire le lâcher prise du Verbe ressemble fort en négatif à cela : ékénôsen. « Jésus ne saisit pas comme une proie à retenir d’être l’égal de Dieu », traduit fort joliment la Bible de Jérusalem.

Ne pas retenir, mais laisser faire.

Ne pas prendre, mais accepter de perdre, pour recevoir le don gratuit.

Bannir la jalousie, la comparaison avec autrui, pour se réjouir de ce qui est donné à chacun, dont soi-même.

Ne pas être Harpagon, c’est ouvrir les doigts de la main pour laisser les êtres et les choses aller vers leur devenir. C’est se laisser conduire plutôt que de vouloir maîtriser. Le Christ incarne au plus haut cette attitude intérieure de dépossession, pour servir au lieu d’utiliser, pour communier avec les pécheurs au lieu de les dominer.

« Il n’a pas jugé prenable (harpagmon) l’égalité à Dieu » : le Christ ne se comporte pas comme Adam en Gn 2-3. Le texte de la Genèse utilise en effet le mot grec harpagmon correspondant au geste de saisir. Le nom Harpagon vient de là : ce sont les doigts crochus. Or ce qui caractérise Adam de Gn 2-3, c’est le geste de prendre (au sens de s’approprier) le fruit selon la parole du serpent : « Le jour où vous en mangerez […] vous serez comme des dieux (ou égaux à Dieu) » (Gn 3,5). Autrement dit, pour le Christ, nouvel Adam, le rapport à la divinité est un rapport qui n’est pas un rapport de préhension mais un rapport de mains ouvertes, c’est-à-dire d’évacuation, car c’est la condition pour qu’il y ait donation.

C’est ainsi que Dieu aime : en se tournant sans cesse vers l’autre, gratuitement, sans aucune trace de repli sur lui-même, pour se donner et se recevoir. Les théologiens vous diront que la kénose économique révèle laquelle la kénose immanente de la Trinité…

Plus simplement, si Dieu en Jésus nous aime jusqu’à se vider de sa puissance pour nous, c’est parce que en lui-même, de toute éternité, il est sortie de soi pour se donner à l’autre, dans l’incessante circulation d’amour trinitaire qui unit le Père au Fils dans l’Esprit. La façon dont Dieu nous aime est la façon dont il est amour en lui-même : il n’y a aucune différence entre Jésus descendant au plus bas de nos enfers infrahumains et l’étreinte amoureuse du Père avec le Fils dans l’Esprit. La Trinité-pour-les-hommes, que la kénose de Jésus révèle comme sortie de soi, don gratuit, offrande absolue, désir de servir, est bien la Trinité-en-soi, élan de communion entre les trois personnes divines. La kénose est au coeur de l’identité divine comme elle est au coeur de la mission de Jésus, et donc de la nôtre.

 

La théorie U du changement

Terminons par une note plus terre-à-terre : ce mouvement parabolique de la kénose, trajectoire du Verbe de Dieu prenant chair, prenant croix, puis tombeau, et élevé à la droite du Père, a inspiré des psychologues réfléchissant sur notre capacité à traverser les changements de notre existence. Bizarrement, peut-être parce que nous sommes à l’image de Dieu, il semble que la courbe du ressenti humain lors d’un changement majeur, par exemple en entreprise, suit une évolution proche de celle que nous avons décrite en Ph 2, 6-11. Ainsi, la « théorie U » représente les étapes que chacun aura à parcourir lors d’un changement :

lc3a2cher-prise-laisser-venir

De même, Elisabeth Kübler-Ross a observé les étapes du désormais fameux « travail de deuil » qui nous est nécessaire pour accepter de perdre un être aimé, ou pour accepter un changement majeur qui nous déstabilise :

courbe-du-deuil

C’est sans aucun doute une forme dégradée de notre deuxième lecture… Mais quand même, cela donne à réfléchir !

 

Suivre le Christ dans sa Passion tout au long de la semaine sainte, et à travers les étapes de notre vie, nous fera parcourir un chemin semblable.

Basculons donc avec courage vers le bas du tremplin, où nous attendent ceux pour qui le Christ est mort : des sans-grade, des moins que rien, des oubliés, ceux qui ne compte pas… Et si nous en faisons partie, reprenons courage : le relèvement est proche !

 

Procession des Rameaux
Entrée messianique du Seigneur à Jérusalem : (Lc 19, 28-40)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus partit en avant pour monter à Jérusalem. Lorsqu’il approcha de Bethphagé et de Béthanie, près de l’endroit appelé mont des Oliviers, il envoya deux de ses disciples, en disant : « Allez à ce village d’en face. À l’entrée, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous demande : ‘Pourquoi le détachez-vous ?’ vous répondrez : ‘Parce que le Seigneur en a besoin.’ » Les envoyés partirent et trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit. Alors qu’ils détachaient le petit âne, ses maîtres leur demandèrent : « Pourquoi détachez-vous l’âne ? » Ils répondirent : « Parce que le Seigneur en a besoin. » Ils amenèrent l’âne auprès de Jésus, jetèrent leurs manteaux dessus, et y firent monter Jésus. À mesure que Jésus avançait, les gens étendaient leurs manteaux sur le chemin. Alors que déjà Jésus approchait de la descente du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus, et ils disaient : « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, réprimande tes disciples ! » Mais il prit la parole en disant : « Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. »

Messe de la Passion
1ère lecture : « Je n’ai pas caché ma face devant les outrages, je sais que je ne serai pas confondu » (Troisième chant du Serviteur du Seigneur) (Is 50, 4-7)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.

Psaume : Ps 21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a

R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Ps 21, 2a)

Tous ceux qui me voient me bafouent ;
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »

Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure ;
Ils me percent les mains et les pieds,
je peux compter tous mes os.

Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !

Mais tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur.

2ème lecture : « Il s’est abaissé : c’est pourquoi Dieu l’a exalté » (Ph 2 6-11)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens

Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
 Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.
 Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
 C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
 et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

Evangile : Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Lc 22, 14 – 23, 56)
Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus.
Pour nous, le Christ est devenu obéissant, jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (cf. Ph 2, 8-9)

La Passionde notre Seigneur Jésus Christ selon saint Luc

Indications pour la lecture dialoguée : Les sigles désignant les divers interlocuteurs sont les suivants :
X = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.

L. Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui. Il leur dit : X « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. » L. Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce, il dit : X « Prenez ceci et partagez entre vous. Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. »

L. Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : X « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » L. Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : X « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. Et cependant, voici que la main de celui qui me livre est à côté de moi sur la table. En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux cet homme-là par qui il est livré ! » L. Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres quel pourrait bien être, parmi eux, celui qui allait faire cela.

 Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ? Mais il leur dit : X « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.

Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. » L. Pierre lui dit : D. « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. » L. Jésus reprit : X « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. »

L. Puis il leur dit : X « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous donc manqué de quelque chose ? » L. Ils lui répondirent : D. « Non, de rien. » L. Jésus leur dit : X « Eh bien maintenant, celui qui a une bourse, qu’il la prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une. Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les impies. De fait, ce qui me concerne va trouver son accomplissement. » L. Ils lui dirent : D. « Seigneur, voici deux épées. » L. Il leur répondit : X « Cela suffit. »

 L. Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit : X « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » L. Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : X « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » L. Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. Il leur dit : X « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »

L. Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. Jésus lui dit : X « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? » L. Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : D. « Seigneur, et si nous frappions avec l’épée ? » L. L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. Mais Jésus dit : X « Restez-en là ! » L. Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit. Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, grands prêtres, chefs des gardes du Temple et anciens : X « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous n’avez pas porté la main sur moi. Mais c’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres. »

 L. S’étant saisis de Jésus, ils l’emmenèrent et le firent entrer dans la résidence du grand prêtre. Pierre suivait à distance. On avait allumé un feu au milieu de la cour, et tous étaient assis là. Pierre vint s’asseoir au milieu d’eux. Une jeune servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : A. « Celui-là aussi était avec lui. » L. Mais il nia : D. « Non, je ne le connais pas. » L. Peu après, un autre dit en le voyant : F. « Toi aussi, tu es l’un d’entre eux. » L. Pierre répondit : D. « Non, je ne le suis pas. » L. Environ une heure plus tard, un autre insistait avec force : F. « C’est tout à fait sûr ! Celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. » L. Pierre répondit : D. « Je ne sais pas ce que tu veux dire. » L. Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta. Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement.

 Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le rouaient de coups. Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : F. « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? » L. Et ils proféraient contre lui beaucoup d’autres blasphèmes.

Lorsqu’il fit jour, se réunit le collège des anciens du peuple, grands prêtres et scribes, et on emmena Jésus devant leur conseil suprême. Ils lui dirent : F. « Si tu es le Christ, dis-le nous. » L. Il leur répondit : X « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j’interroge, vous ne répondrez pas. Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la Puissance de Dieu. » L. Tous lui dirent alors : F. « Tu es donc le Fils de Dieu ? » L. Il leur répondit : X « Vous dites vous-mêmes que je le suis. » L. Ils dirent alors : F. « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes, nous l’avons entendu de sa bouche. » L. L’assemblée tout entière se leva, et on l’emmena chez Pilate.

 On se mit alors à l’accuser : F. « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le trouble dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et il dit qu’il est le Christ, le Roi. » L. Pilate l’interrogea : A. « Es-tu le roi des Juifs ? » L. Jésus répondit : X « C’est toi-même qui le dis. » L. Pilate s’adressa aux grands prêtres et aux foules : A. « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. » L. Mais ils insistaient avec force : F. « Il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée ; après avoir commencé en Galilée, il est venu jusqu’ici. » L. À ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen. Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya devant ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.

 À la vue de Jésus, Hérode éprouva une joie extrême : en effet, depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle. Il lui posa bon nombre de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. Les grands prêtres et les scribes étaient là, et ils l’accusaient avec véhémence. Hérode, ainsi que ses soldats, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate. Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant il y avait de l’hostilité entre eux.

 Alors Pilate convoqua les grands prêtres, les chefs et le peuple. Il leur dit : A. « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant d’introduire la subversion dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation. D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. » L. Ils se mirent à crier tous ensemble : F. « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. » L. Ce Barabbas avait été jeté en prison pour une émeute survenue dans la ville, et pour meurtre. Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole. Mais ils vociféraient : F. « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » L. Pour la troisième fois, il leur dit : A. « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. » L. Mais ils insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient. Alors Pilate décida de satisfaire leur requête. Il relâcha celui qu’ils réclamaient, le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir.

 L. Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : X « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : ‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’ Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous.’ Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »

 L. Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter. Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : X « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » L. Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.

 Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : F. « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » L. Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : F. « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »

 L. Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »

 L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : A. « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » L. Mais l’autre lui fit de vifs reproches : A. « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » L. Et il disait : A. « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » L. Jésus lui déclara : X « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

 L. C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure, car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri : X « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » L. Et après avoir dit cela, il expira.

(Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant)

À la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : A. « Celui-ci était réellement un homme juste. » L. Et toute la foule des gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, observant ce qui se passait, s’en retournaient en se frappant la poitrine. Tous ses amis, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, se tenaient plus loin pour regarder.

 Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste, qui n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le règne de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé. C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
Patrick BRAUD

 

Mots-clés : , , , , , , , , , ,

21 octobre 2015

Les larmes du changement

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Les larmes du changement

 

Homélie du 30° dimanche du temps ordinaire /Année B
25/10/2015

Cf. également : Bartimée et Jésus : les deux fois deux fils

L’eucharistie selon Melchisédek

 

Afficher l'image d'origineÀ l’heure où la coupe du monde de rugby se termine, rappelez-vous une image qui avait marqué la finale de 1995 : Nelson Mandela, en maillot springbok, brandissant la coupe avec l’équipe nationale d’Afrique du Sud… Superbe image d’un pays sur le chemin de la réconciliation, où un vieux leader noir passe son bras sur l’épaule d’un jeune homme blanc qui avait été son ennemi et 20 ans plus tôt.

Pour en arriver là, on oublie souvent qu’il aura fallu des décennies de conflits sanglants, d’émeutes, de heurts entre manifestants et policiers à cause de l’apartheid. Et il aura fallu 27 années de prison pour que Mandela l’agitateur extrémiste et violent devienne finalement le leader pacifiste, renversant l’apartheid sans chasser les blancs hors du pays, sans haine ni vengeance (cf. la revanche de Dieu). Le film Invictus a immortalisé ce parcours de Mandela, sur tant d’années de combat pour la liberté.

 

C’est ce genre de parcours que vise le psaume de ce dimanche : « celui qui sème dans les larmes moissonne dans la joie ». C’est à la fois un avertissement et une espérance qui nous concerne tous :

1. Ne confondez pas semer et moissonner,
2. Acceptez qu’il faille du temps entre les deux,
3. Ne vous détournez pas des larmes que le changement apporte si vous désirez que la joie coule à flots après.

 

1. Ne confondez pas semer et moissonner

Afficher l'image d'origineD’autres passages bibliques distinguent tellement les deux qu’ils précisent : « autre est le semeur, autre le moissonneur » Jn 4,37, ou bien « vous moissonnez ce que vous n’avez pas semé » Jn 4,38, « tu moissonnes où tu n’as point semé » Mt 25,24 ; « qui sème chichement moissonnera aussi chichement; qui sème largement moissonnera aussi largement » (2 Co 9,6) etc.

Ici, dans le psaume, c’est le même semeur qui se réjouit moissonneur, et cela nous arrive régulièrement. Les couples se retrouvent parents, et engrangent ensuite comme grands-parents le bonheur de la longue chaîne familiale qui se poursuit. Des créateurs d’entreprises ont la fierté de la voir franchir des seuils insoupçonnés (et pas seulement Google ou Apple !). Des militants associatifs qui avaient la sensation d’être bien seuls à crier dans le désert ont l’heureuse surprise de voir la majorité se rallier finalement à leurs idées (exemple : sur l’écologie, sur l’apartheid, sur le droit à la différence etc.). Quand ils vous racontent le chemin parcouru, tous vous disent que semer n’est pas moissonner.

Sachez donc discerner quel est votre moment présent :

- est-ce celui des semailles ? Auquel cas l’enfouissement, l’absence de résultats immédiats, le labeur nécessaire ne sont pas des signes d’échec mais des garanties d’un travail en profondeur.

- est-ce celui des moissons ? Auquel cas l’exubérance est de mise, la joie est abondante, la valorisation des réussites indispensable.

Mais ne confondez pas les deux : vous risqueriez de vous décourager alors que l’affaire prend bonne tournure, d’abandonner au moment où le succès est tout proche, de désespérer alors que la vendange dépassera toutes vos espérances.

 

2. Le temps n’épargne pas ce que l’on fait sans lui

Avec l’accélération de notre rythme de vie, l’impatience se généralise. Tel projet commercial doit être rentable dans les deux mois à venir. Tel projet humain est supposé transformer l’état d’esprit des collaborateurs en un trimestre maximum. Tel investissement financier doit apporter un retour sur investissement (à deux chiffres de préférence) en moins d’un an etc.

Le pape François désigne cette accélération de notre rapport au temps d’un terme espagnol : rapidacion :

Afficher l'image d'origine« L’accélération continuelle des changements  de l’humanité et de la planète s’associe aujourd’hui  à l’intensification des rythmes de vie et de travail,  dans  ce  que  certains  appellent  ‘‘rapidación’’.  Bien  que le changement fasse partie de la dynamique  des systèmes complexes, la rapidité que les actions  humaines lui imposent aujourd’hui contraste avec  la  lenteur  naturelle  de  l’évolution  biologique.  À  cela, s’ajoute le fait que les objectifs de ce changement rapide et constant ne sont pas nécessairement orientés vers le bien commun, ni vers le  développement  humain,  durable  et  intégral.  Le  changement est quelque chose de désirable, mais il devient préoccupant quand il en vient à détériorer  le monde et la qualité de vie d’une grande partie  de l’humanité. »
Laudato si n° 18

 

La dictature du format court (Tweet, SMS, mail, documents d’entreprises) s’étend hélas au format temporel de nos actions. Peu nombreux par exemple sont les responsables d’entreprises qui lisent un ou plusieurs livres dans l’année (par manque de temps, disent-ils). Or, faute de laisser le temps au temps, on surfe sur l’immédiat au lieu de répondre aux besoins réels des consommateurs et des clients ; on reste dans le superficiel au lieu de creuser les analyses globales; on brusque les mentalités en donnant de grands coups de barres managériales à droite puis à gauche au gré des obstacles ou des modes ; on laisse des entreprises exsangues après les avoir pillées pour des objectifs à court terme etc.

 

Le délai entre semailles et moissons, entre le plant de vigne et la première vendange, nous invite pourtant à refuser cette dictature du court terme, à inscrire nos actions sur un horizon plus long, à l’échelle d’une vie humaine, voire de plusieurs générations lorsqu’il s’agit de la planète.

 

3. Les larmes du changement

Reste le troisième couple au programme : larmes / joie.

La pensée occidentale a tellement voulu éradiquer la souffrance de la vie des hommes (cf. la médecine, le développement personnel, la psychanalyse, la société d’abondance etc.) qu’elle ne sait plus que faire des larmes du semeur. Car, sans les chercher en aucune manière, les larmes risquent fort d’apparaître sur le chemin de celui qui crée, innove, transforme, change les choses.

Elles peuvent venir de l’extérieur : une opposition farouche à l’initiative prise, des pouvoirs établis qui mettent des bâtons dans les roues, l’obstruction parentale à tout parcours différent, les coups bas des concurrents, ou – pire - des collègues…

Toutes les théories managériales du changement ont en outre identifié que les larmes viennent le plus souvent de l’intérieur, du combat personnel de celui qui vit une mutation (de son poste, son métier, sa manière d’être et de travailler avec les autres etc.).

Elisabeth Kübler-Ross par exemple a défini un modèle du changement en matière de deuil en 8 étapes. On l’appelle parfois « la vallée des larmes », ou « le processus de conversion ». Ce processus s’applique également dans tout changement, qu’il soit familial ou d’entreprise (il faut faire le deuil de la situation antérieure).

etapes_deuil

Les larmes surgiront inévitablement au creux de ce processus de transformation, où le changement passe par une perte difficile à accepter. Mais c’est la condition sine qua non pour qu’un renouveau soit possible.

 

La Bible consonne ici avec cette sagesse : ne croyez pas que le changement s’opérera tout seul, automatiquement, sans qu’il y ait une perte à traverser, un prix à payer, des larmes à laisser couler.

 

Qui n’a jamais pleuré sur un être cher, ou à cause de lui, ne sait sans doute pas ce qu’aimer veut dire.

C’est Jésus pleurant sur Jérusalem ou sur Lazare, Pierre sanglotant d’avoir renié, Israël égrenant les 6 millions de noms de la Shoah… Fuir les larmes sous prétexte qu’il faudrait être heureux tout de suite et tout le temps serait tourner le dos à la joie promise.

Il y a même des moments où les contraires se rejoignent, où les antagonismes s’annulent, comme le griffonnait Blaise Pascal sur un bout de papier cousu dans la doublure de son manteau pour garder trace de son éblouissement intérieur : « Joie ! joie ! joie ! pleurs de joie ! »

 

« Celui qui sème dans les larmes moissonne dans la joie. »

Interrogeons-nous : dans quelle phase suis-je en ce moment ?

Comment trouver et habiter le temps nécessaire pour que le grain lève ?

Et si les larmes viennent parce que le changement est trop dur, pourquoi ne pas les accueillir comme torrents au désert ?

 

 

1ère lecture : « L’aveugle et le boiteux, je les fais revenir »(Jr 31, 7-9)

Lecture du livre du prophète Jérémie

Ainsi parle le Seigneur : Poussez des cris de joie pour Jacob, acclamez la première des nations ! Faites résonner vos louanges et criez tous : « Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël ! »     Voici que je les fais revenir du pays du nord, que je les rassemble des confins de la terre ; parmi eux, tous ensemble, l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée : c’est une grande assemblée qui revient.     Ils avancent dans les pleurs et les supplications, je les mène, je les conduis vers les cours d’eau par un droit chemin où ils ne trébucheront pas. Car je suis un père pour Israël, Éphraïm est mon fils aîné.

Psaume : Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6

R/ Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie (Ps 125, 3)

Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.

Alors on disait parmi les nations :
« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !

Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.

Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.

2ème lecture : « Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité » (He 5, 1-6)
Lecture de la lettre aux Hébreux

Tout grand prêtre est pris parmi les hommes ; il est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu ; il doit offrir des dons et des sacrifices pour les péchés.     Il est capable de compréhension envers ceux qui commettent des fautes par ignorance ou par égarement, car il est, lui aussi, rempli de faiblesse ;     et, à cause de cette faiblesse, il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés comme pour ceux du peuple.     On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même, on est appelé par Dieu, comme Aaron.

Il en est bien ainsi pour le Christ : il ne s’est pas donné à lui-même la gloire de devenir grand prêtre ; il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit : Tu es mon Fils,moi, aujourd’hui, je t’ai engendré,     car il lui dit aussi dans un autre psaume : Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédekpour l’éternité.

Evangile : « Rabbouni, que je retrouve la vue » (Mc 10, 46b-52)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Notre Sauveur, le Christ Jésus, a détruit la mort,
il a fait resplendir la vie par l’Évangile. Alléluia. (2 Tm 1, 10)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.     Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »     Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »     Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »     L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.     Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! »     Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.
Patrick Braud

Mots-clés : , , , , , ,