L'homélie du dimanche (prochain)

26 novembre 2023

À l’improviste !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

À l’improviste !

 Homélie pour le 1° Dimanche de l’Avent / Année B
03/12/2023

Cf. également :
Dans l’événement, l’avènement
L’événement sera notre maître intérieur
Se laisser façonner
L’Apocalypse, version écolo, façon Greta
Quand le cœur s’alourdit
Laissez le présent ad-venir
Encore un Avent…
L’absence réelle
Le syndrome du hamster

La venue. Quelle venue ?
Bonne année !
Sous le signe de la promesse
L’absence réelle
Anticiper la joie promise

C’est bien Versailles ici !
Connaissez-vous les publicités de TotalEnergies nous incitant à faire des économies d’électricité ? On y voit un homme éteindre systématiquement chez lui avant de se coucher toutes les lumières, veilleuses, aquariums et ordinateurs de la maison en admonestant ses enfants et sa femme : « c’est pas Versailles ici ! » Ce reproche est peut-être un signe annonciateur de l’écologie punitive que quelques ‘khmers verts’ voudraient imposer à tous… En tout cas, l’Évangile de ce dimanche (Mc 13,33-37) prend à contre-pied la symbolique de cette pub : ‘surtout n’éteins pas ta veille ! Garde sans cesse ta lampe allumée, fais provision d’huile pour tenir toute la nuit s’il le faut’ :

« Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

Autrement dit : c’est bien Versailles ici, dans le cœur et l’esprit de celui qui attend la venue du Christ ! Loin de tout éteindre, il nous faut au contraire maintenir tout allumé : notre intelligence, notre désir, notre amour. Rien de pire qu’un chrétien éteint ! Au lieu de mettre sur off, il nous faut paramétrer nos notifications intérieures pour être averti dès que de l’inattendu survient : c’est peut-être le Christ qui s’approche. Pierre à Gethsémani n’a pas su veiller une heure, alors que la bien-aimée du Cantique des cantiques demeure à l’affût : « je dors, mais mon cœur veille » (Ct 5,2).

Jésus ne connaissait la théorie du chaos qui annonce l’imprévisibilité radicale de ce qui va arriver. Mais il en a l’intuition spirituelle. Pour lui visiblement, le présent de Dieu n’est pas la simple prolongation du passé humain. Il peut se produire du neuf à tout instant, déjouant les plans, les stratégies, les calculs. « Vous ne savez pas… » : ce constat d’inconnaissance revient très souvent dans les Évangiles. « Vous ne savez pas quand ce sera le moment. [...] Vous ne savez pas quand vient le maître de la maison…»

Ici, c’est l’ignorance de la date du retour du maître parti en voyage, du royaume de Dieu lui-même. C’est « à l’improviste » que se manifeste l’arrivée du maître.
Le présent de Dieu ne peut donc pas se programmer, se planifier. Il n’est pas prédictible, plus encore que la météo à 15 jours. Surveiller ou contrôler ne sert à rien. C’est veiller qui est l’attitude juste, c’est-à-dire guetter les signes d’une ad-venue inattendue et imprévisible.
Le présent de la foi chrétienne est un événement, au sens littéral du terme : ex-venire = ce qui vient d’ailleurs. Il nous est donné par un Autre. Il échappe à toute mainmise.
Plus encore : ce présent nous vient du futur. Le Christ ressuscité venant à notre rencontre engendre dans notre vie ces événements par lesquels il nous invite à orienter notre existence vers la plénitude finale. « Deviens qui tu seras » : notre vocation en Christ reflue sur notre condition actuelle, tel le mascaret remontant de la mer au fleuve par l’embouchure en une étrange vague à contre-courant…
D’où le nom du temps liturgique qui commence : ad-ventus = Avent = ce qui vient vers nous.

 

Une soudaineté heureuse
Arrêtons-nous sur l’une des caractéristiques de la venue du Christ que nous célébrons en ce début d’Avent : la soudaineté. « S’il arrive à l’improviste (ξαφνης), il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis ».
Le terme grec employé par Marc est ξαφνης (exaiphnes). C’est l’unique usage de ce mot en Marc. Les 4 autres emplois du terme dans le Nouveau Testament nous en disent un peu plus :

À l’improviste ! dans Communauté spirituelle– La soudaineté de Noël évoquée par Luc à l’arrivée des bergers nous invite à écouter tout ce qui chante la gloire de Dieu, surtout quand elle se cache dans la figure du tout-petit : « Et soudain (exaiphnes) il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu… » (Lc 2,13)
– Luc raconte qu’un ‘possédé’ – un épileptique sans doute – est secoué par des crises subites et violentes, ce qui invitent plutôt à nous méfier de la soudaineté du déchaînement du mal qui peut tout emporter, tel l’oued au désert : « Un esprit le saisit, et aussitôt (exaiphnes) il pousse des cris; et l’esprit l’agite avec violence, le fait écumer, et a de la peine à se retirer de lui, après l’avoir tout brisé » (Lc 9,39).
– Les deux derniers usages du mot
soudain sont placés par Luc dans la bouche de Paul lorsqu’il raconte son appel sur le chemin de Damas : « Comme j’étais en chemin, et que j’approchais de Damas, tout à coup (exaiphnes), vers midi, une grande lumière venant du ciel resplendit autour de moi » (Ac 22,6;9,3). Lorsque Dieu nous appelle, il est capable de le faire à l’improviste, alors que nous sommes loin de lui, voire contre lui comme Saül le persécuteur de chrétiens allant vers Damas accomplir sa sinistre besogne.

Ce qui est remarquable, c’est que la soudaineté divine dans le Nouveau Testament est une soudaineté heureuse, alors que dans l’Ancien Testament lorsque Dieu vient à l’improviste c’est pour provoquer la ruine et le malheur sur Israël infidèle ou sur ses ennemis.
- Ainsi la maison de Jacob s’écroule tout d’un coup, sans prévenir, sur sa famille : « Soudain un grand vent est venu depuis l’autre côté du désert et a frappé contre les quatre coins de la maison. Elle s’est écroulée sur les jeunes gens et ils sont morts » (Jb 1,19).
- Les pratiques de magie et de sorcellerie attireront de grandes souffrances se déversant à l’improviste sur ceux qui ont recours : « 
Ces deux souffrances – la perte d’enfants et le veuvage – t’atteindront en un instant, en un seul jour. Elles te frapperont de plein fouet malgré tous tes rites de sorcellerie, malgré toute la puissance de tes pratiques magiques » (Is 47,9).
- La dévastation arrivera de manière rapide et inattendue sur Jérusalem si elle délaisse son Seigneur :
« Fille de mon peuple, habille-toi d’un sac et roule-toi dans la cendre, prends le deuil comme pour un fils unique, verse des larmes, des larmes pleines d’amertume, car c’est de façon soudaine que le dévastateur viendra sur nous » (Jr 6,26).
« Je rends ses veuves plus nombreuses que les grains de sable de la mer. J’amène sur eux, sur la mère du jeune homme, le dévastateur en plein midi. Je fais soudain tomber sur elle l’angoisse et la terreur » (Jr 15,8).
« C’est pourquoi, voici ce que dit l’Éternel: Je prépare contre ce peuple un malheur dont vous ne dégagerez pas votre cou, et subitement vous ne marcherez pas la tête haute (Mi 2,3).
43292358 Avent dans Communauté spirituelle- Seul Malachie annonce un revirement en nourrissant l’espérance du peuple d’accueillir un jour le messager du Seigneur se manifestant dans son temple, à l’improviste, inattendu, presque par surprise : « Voici que j’enverrai mon messager pour me préparer le chemin. Et soudain, il entrera dans son Temple, le Seigneur que vous cherchez ; le messager de l’alliance que vous désirez, le voici qui arrive, dit l’Éternel, le maître de l’univers » (Mal 3,1). Les chrétiens n’ont eu aucun mal évidemment à reconnaître ce messager en Jésus au Temple de Jérusalem.

Il y a donc une inversion de sens de la surprise de l’un à l’autre Testament : du malheur et de la ruine survenant à l’improviste, on passe à la soudaine venue du Christ apportant jugement et salut.
Cette soudaineté sera heureuse pour ceux qui l’attendent, mais confondante pour ceux qui s’étaient endormis dans le luxe et l’injustice : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste » (Lc 21,34) ; « Quand les gens diront : ‘Quelle paix ! Quelle tranquillité !’, c’est alors que, tout à coup, la catastrophe s’abattra sur eux, comme les douleurs sur la femme enceinte : ils ne pourront pas y échapper » (1Th 5,3).
L’enjeu est de ne pas passer à côté de cette irruption soudaine de l’amour de Dieu dans nos vies. Celui qui regarde le ciel sans regarder ne verra pas l’étoile filante ni la météorite qui soudain traverse l’espace…

 

Marie Madeleine et le jardinier inattendu
Le pape Grégoire le Grand (540-604) a prononcé une homélie (n° 25) extraordinaire sur Marie-Madeleine. Il note qu’après avoir vu le tombeau vide, Simon-Pierre et Jean rentrèrent chez eux (ils ont même repris leur métier de pêcheur comme si de rien n’était), alors que Marie-Madeleine reste là, dehors, à pleurer, refusant d’être consolée et de passer à autre chose : « Les disciples s’en retournèrent donc chez eux. Marie, elle, se tenait près du tombeau, au-dehors, et pleurait » (Jn 20, 10-11).

 désir« Elle recherchait celui qu’elle ne trouvait pas, elle pleurait en le cherchant, et, embrasée par le feu de son amour, elle brûlait du désir de celui qu’elle croyait enlevé. C’est pour cela qu’elle a été la seule à le voir, elle qui était restée pour le chercher, car l’efficacité d’une œuvre bonne tient à la persévérance, et la Vérité dit cette parole : Celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.

Elle a donc commencé par chercher, et elle n’a rien trouvé ; elle a persévéré dans sa recherche, et c’est pourquoi elle devait trouver ; ce qui s’est produit, c’est que ses désirs ont grandi à cause de son attente, et en grandissant ils ont pu saisir ce qu’ils avaient trouvé. Car l’attente fait grandir les saints désirs. Si l’attente les fait tomber, ce n’était pas de vrais désirs. C’est d’un tel amour qu’ont brûlé tous ceux qui ont pu atteindre la vérité. Aussi David dit-il : ‘Mon âme a soif du Dieu vivant : quand pourrai-je parvenir devant la face de Dieu ?’ Aussi l’Église dit-elle encore dans le Cantique des cantiques : ‘Je suis blessée d’amour’. Et plus loin : ‘Mon âme a défailli’.

Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? On lui demande le motif de sa douleur, afin que son désir s’accroisse, et qu’en nommant celui qu’elle cherchait, elle rende plus ardent son amour pour lui ».

Grégoire pointe là très justement le lien entre la veille et la rencontre : le désir. Celui qui ne désire plus rien ne veille pas. Il vit en automate (métro, boulot, dodo) en satisfaisant ses besoins primaires sans rien attendre d’autre. En désirant d’un saint désir, Marie-Madeleine fait grandir sa capacité d’attendre, de veiller, même devant un tombeau vide où normalement plus rien ne va se passer. Grâce à cela elle ne manque pas l’étoile filante dans le ciel que Pierre et Jean ne voient pas tout de suite. Elle reconnaît être rencontrée, prenant pour le jardinier celui qu’elle recherchait de tout son être sans oser y croire. Comme s’il fallait jardiner notre désir pour rencontrer le Ressuscité…

Notre désir nous garde en état de veille, s’il est un saint désir assoiffé de l’essentiel. Voilà l’huile pour la lampe. Lorsque le Christ nous intime : « veillez ! », l’Esprit nous indique le chemin : « désire ! ». Désire, et ne cède pas sur ton désir, s’il est vrai. Voilà comment veiller sans cesse : en désirant sans cesse, en désirant davantage, en désirant mieux, en élargissant notre désir à ce que nous ne pouvons contenir.
Désire, et tu veilleras. Veille à entretenir en toi ce désir mieux que la flambée dans la cheminée.

 

Quelle est l’improviste dans ma vie ?
– Si la caractéristique de la venue du Christ en nous est son caractère ‘à l’improviste’, nous avons là une bonne piste pour chercher des indices de cette venue dans notre histoire personnelle et collective. L’inattendu de Dieu est cette fracture de la glace à la surface d’un lac gelé qui soudain nous fait deviner une autre profondeur. Dieu vient à nous comme un voleur, par effraction. À l’improviste il nous surprend lorsque quelque chose de non-calculé nous bouleverse : une musique, une rencontre, une lecture, un geste de tendresse, de compassion…
Le gratuit souvent nous ouvre ‘à l’improviste’.
Le calculé se déroule logiquement sans surprise.
Le marchandé s’obtient par négociation, pas par grâce.

– À l’improviste, Dieu vient vers nous par le biais de notre désir trouvant soudain de quoi flamber sans mesure.
Une amie récemment divorcée me confiait au téléphone : « je sens que depuis ma séparation, mon cœur se ferme peu à peu et ne veut plus aimer. Je ne me laisse plus émouvoir par un visage, et je résiste malgré moi à la perspective de recréer ce lien ». C’est si tentant de se dessécher sur place, et de ne plus rien vouloir pour ne plus rien souffrir. L’extinction du désir est une forme d’anorexie spirituelle qui conduit à la mort.
Cette extinction peut également se dissimuler sous la poursuite de désirs superficiels ou vains. Ainsi l’homme riche qui ne sait plus quoi faire de ses greniers pleins de blé va mourir gavé : « insensé, cette nuit même on va te demander ta vie ! »

identite-narrative-storytelling Grégoire– Une troisième piste - après l’inattendu et le désir - pour reconnaître la venue de Dieu en nous est de raconter ce qui nous est arrivé. J’ai toujours été impressionné que Luc dans les Actes des Apôtres raconte trois fois la conversion de Paul sur le chemin de Damas : ni une, ni deux, mais trois fois ! Pourquoi ? Parce qu’un événement aussi inattendu, improbable – voire choquant – que la conversion d’un persécuteur demande de raconter, d’écrire, pour interpréter et garder en mémoire une telle bousculade. Imaginez que Poutine change pour se mettre au service de la paix entre les peuples ! Cela mériterait d’être raconté en détails pour les générations à venir…
On rejoint là ce que Paul Ricœur appelait l’identité narrative : tant que je n’ai pas fait le récit de ce qui m’est arrivé, je ne sais pas qui je suis (et les autres non plus).
Veiller demande de parler, d’écrire, de raconter les événements inattendus où quelque chose de l’amour de Dieu s’est manifesté pour nous. Un peu comme l’étoile filante demande à être filmée sur un smartphone pour être ensuite publiée sur les réseaux sociaux : un témoin, une image, et la déchirure du ciel à l’improviste devient crédible, reconnue, archivée.

L’inattendu, le désir, le récit : faisons feu de tout bois pour que flambe en nous l’attente de la venue de Dieu vers nous, pour que la vigilance nous prépare à recevoir, à l’improviste

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais ! » (Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7)

Lecture du livre du prophète Isaïe
C’est toi, Seigneur, notre père ; « Notre-rédempteur-depuis-toujours », tel est ton nom. Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? Reviens, à cause de tes serviteurs, des tribus de ton héritage. Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face.
Voici que tu es descendu : les montagnes furent ébranlées devant ta face. Jamais on n’a entendu, jamais on n’a ouï dire, nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi agir ainsi pour celui qui l’attend. Tu viens rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de toi en suivant tes chemins. Tu étais irrité, mais nous avons encore péché, et nous nous sommes égarés. Tous, nous étions comme des gens impurs, et tous nos actes justes n’étaient que linges souillés. Tous, nous étions desséchés comme des feuilles, et nos fautes, comme le vent, nous emportaient. Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. Car tu nous as caché ton visage, tu nous as livrés au pouvoir de nos fautes. Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main.

PSAUME
(79 (80), 2ac.3bc, 15-16a, 18-19)
R/ Dieu, fais-nous revenir ;que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés ! (79, 4)

Berger d’Israël, écoute,
resplendis au-dessus des Kéroubim !
Réveille ta vaillance
et viens nous sauver.

Dieu de l’univers, reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !

DEUXIÈME LECTURE
Nous attendons de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ (1 Co 1, 3-9)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères, à vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu. Car le témoignage rendu au Christ s’est établi fermement parmi vous. Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ. Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur.

ÉVANGILE
« Veillez, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison » (Mc 13, 33-37)
Alléluia. Alléluia. Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut. Alléluia. (Ps 84, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »
Patrick BRAUD

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30 juin 2019

Je voyais Satan tomber comme l’éclair

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Je voyais Satan tomber comme l’éclair

Homélie pour le 14° Dimanche du temps ordinaire / Année C
07/07/2019

Cf. également :

Secouez la poussière de vos pieds
Les 72
Briefer et débriefer à la manière du Christ
Qu’est-ce qui peut nous réjouir ?
Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Bigre ! Revoilà Satan, que la modernité avait cru évacuer à grand renfort de démythologisation. Il y a bien l’Exorciste, Amityville, Annabelle et tout autre film terrifiant que les effets spéciaux rendent de plus en plus efficaces ; mais c’est du cinéma. Il y a certes les soi-disant marabouts venus d’Afrique ou d’ailleurs qui pullulent pour exploiter la misère sociale en promettant force désenvoûtements et autres « travaux occultes ». Mais globalement, Satan n’a plus guère de place dans la culture ambiante, ni dans la foi des catholiques non plus.

Comment recevoir alors la désignation du combat que les démons eux-mêmes attribuent à Jésus : « Tu es venu pour nous perdre » (Lc 4,34).
Comment interpréter la joie de Jésus félicitant les 72 comme après une victoire : « je voyais Satan tomber comme l’éclair » (Lc 10,18) ?

Il se trouve que ce verset est également le titre d’un livre de René Girard, célèbre anthropologue français ayant enseigné aux USA, mort en 2015. René Girard propose une lecture originale et séduisante de cette déclaration de Jésus. Essayons d’en préciser les grandes lignes pour en tirer quelques pistes d’actualisation de notre évangile (Lc 10, 1-20).

Si Satan tombe comme l’éclair du ciel vers la terre grâce à la mission de 72, c’est parce que les disciples en annonçant le Royaume de Dieu désamorcent le cercle proprement infernal de la violence (notons au passage que les 72 le font… avant les 12 !).

En effet, d’où vient la violence ? Pour René Girard, s’appuyant sur le Décalogue (commandement 6 à 10 : « tu ne convoiteras pas… »), la violence vient essentiellement du désir mimétique, de la convoitise de ce qui appartient à autrui, de l’envie d’être l’autre. En convoitant ce qu’il a et ce qu’il est, le désir mimétique fait naître et grandir une violence meurtrière : prendre la place de l’autre.

Je voyais Satan tomber comme l'éclair dans Communauté spirituelle 10.%2BTu%2Bne%2Bconvoiteras%2Bpas%2Ble%2Bbien%2Bdes%2BautresLe bien d’autrui est désirable justement en cela qu’il est à autrui. Le désir devient infernal lorsqu’il est mimétique : vouloir, à travers la possession de l’objet appartenant à l’autre, devenir l’autre lui-même, à sa place (désir de la marchandise, pour parler le langage contemporain). Donc désir qui, par nature, est homicide dans son principe : désirer être l’autre, c’est déjà vouloir le tuer. « Homicide dans son principe » est la définition biblique de Satan. Satan, nous dit Girard, c’est justement tout le cycle mimétique dans son ensemble.

Cette prolifération de la violence culmine en une crise généralisée dangereuse pour tous. La seule issue est alors celle du bouc émissaire : trouver une victime et lui faire porter tout le poids du désordre, l’exclure pour exclure ainsi la violence, du moins pour un temps. Des sacrifices humains aztèques à la tentative de sacrifice d’Isaac jusqu’aux pogromes ou autres lynchages racistes, les rites païens essaient de réguler la violence mimétique en désignant un coupable à éliminer.

Image illustrative de l’article Bouc à AzazelLes rites juifs ont transformé cette logique en ne supprimant pas le bouc émissaire, mais en le chassant au désert « pour Azazel » après avoir prononcé sur lui un rite d’absolution (Lv 16). Pour les pèlerins musulmans, c’est la lapidation d’un pilier représentant le grand Satan qui lors du pèlerinage à la Mecque (le hadj) en sera une résurgence.

Le christianisme quant à lui reconnaît en Jésus la victime innocente, injustement condamnée pour soi-disant sauver le peuple : « il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple » (Jn 11,50 ; 18,14). En prenant le parti des victimes, en refusant que l’innocent soit déclaré coupable, en dévoilant la convoitise à la racine de la violence, les disciples de Jésus révèlent au grand jour ce qui devait rester caché pour exercer son emprise. Il prive ainsi Satan de son pouvoir sur des hommes.
« C’est maintenant le jugement de ce monde, maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors. » (Jn 12,31)
« Qui commet le péché est du diable, parce que depuis l’origine le diable est pécheur. C’est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu » (1 Jn 3,8).
« Il est vaincu l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu » (Ap 12,10).

C’est par l’Esprit de Dieu que Jésus défait Satan. « Si c’est par l‘Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous » (Mt 12,28). René Girard explique ce pouvoir libérateur de l’Esprit par son autre nom, le Paraclet :

J’ai commenté ce terme dans d’autres essais mais son importance pour la signification de ce livre est si grande que je dois y revenir. Le sens principal de parakleitos, c’est l’avocat dans un tribunal, le défenseur des accusés. Au lieu de chercher des périphrases, des échappatoires, dans le but d’éviter cette traduction, il faut la préférer à toutes les autres, il faut s’émerveiller de sa pertinence. Il faut prendre à la lettre l’idée que l’Esprit éclaire les persécuteurs sur leurs propres persécutions. L’Esprit révèle aux individus la vérité littérale de ce qu’a dit Jésus pendant sa crucifixion : « Ils ne savent pas ce qu’ils font. » Il faut songer aussi à ce Dieu que Job appelle : « mon Défenseur ».
La naissance du christianisme est une victoire du Paraclet sur son vis-à-vis, Satan, dont le nom signifie originairement l’accusateur devant un tribunal, celui qui est chargé de prouver la culpabilité, des prévenus. C’est une des raisons pour lesquelles les Évangiles font de Satan le responsable de toute mythologie.
Que les récits de la Passion soient attribués à la puissance spirituelle qui défend les victimes injustement accusées correspond merveilleusement au contenu humain de la révélation, tel que le mimétisme permet de l’appréhender.

Il est intéressant de noter que Satan n’est pas défini en lui-même, mais par sa fonction : accuser l’homme, ou par sa chute comme l’éclair.
Cette révélation du ressort mimétique de la violence est en marche avec les 72 bien avant la Croix. Avec la Passion-Résurrection, cette dénonciation de la convoitise conduisant au bouc émissaire s’incarnera au plus haut point en Jésus de Nazareth. Il est, lui, l’innocent, que tous comptent parmi les pécheurs. Il est condamné pour les coupables alors qu’il n’a jamais rien fait de mal. En ce sens il est l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. En le faisant se lever d’entre les morts, Dieu apporte sa caution à cette dénonciation du désir mimétique. Il appose son sceau à l’œuvre de dévoilement opéré par cet obscur prophète éliminé pour maintenir la paix à Jérusalem.

Voilà pourquoi Satan tombe comme l’éclair, rapidement et avec puissance, de la terre au ciel : sa chute est la conséquence de la prédication de l’Évangile où l’humilité, l’esprit de pauvreté et l’amour des ennemis désarment l’envie et la violence qui dressent des hommes les uns contre les autres. D’ailleurs, notre passage insiste sur cet esprit de non-possession qui va triompher de Satan : « Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales ». Lorsqu’on ne veut rien posséder, l’autre n’est pas une menace. Lorsqu’on veut aimer l’autre comme soi-même, ni plus ni moins, la tentation de la violence s’efface devant la reconnaissance de l’autre. Le désir mimétique s’évanouit devant le désir de communion. Chaque fois que les Églises se sont éloignées de cet esprit de pauvreté – et ce fut souvent ! – elles sont elles-mêmes tombées dans le piège de Satan et ont généré une violence en complète contradiction avec leur message évangélique.

En demandant aux 72 d’être « comme des agneaux au milieu des loups », Jésus brise le ressort infernal de la violence : la non-violence répondra à la violence, le pardon à l’offense, le don au vol, la bénédiction à la persécution.

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En leur demandant de ne rien posséder comme lui-même n’a ni terrier ni pierre où poser la tête (Lc 9,58), Jésus prive Satan du levier par lequel il soulève les antagonismes entre les hommes. La cupidité des riches n’a pas de limites (cf. l’affaire Carlos Gohsn !). Seul un cœur de pauvre peut extirper cette volonté folle de posséder et d’amasser sans cesse.

Même le geste si fort de secouer la poussière de ses pieds en cas de non-accueil coupe l’herbe sous le pied à la violence : en refusant de s’imposer par la force, en ne sacrifiant pas la vérité à la concorde, en s’éloignant des violents sans pour autant fermer la porte pour toujours.

Reconnaître en Satan le mimétisme violent, c’est achever de discréditer le prince de ce monde, c’est parachever la démystification évangélique, c’est contribuer à cette « chute de Satan » que Jésus annonce aux hommes avant sa crucifixion. La puissance révélatrice de la Croix dissipe les ténèbres dont le prince de ce monde ne peut pas se passer pour conserver son pouvoir.

Satan tombe comme l’éclair du ciel vers la terre. C’est donc que sur terre il n’a pas fini de faire des dégâts… Il est potentiellement vaincu, mais pas encore pleinement. Il faudra attendre la manifestation du Christ en gloire pour que cette victoire soit totale, un peu comme il a fallu attendre le 8 mai 1945 après le 6 juin 1944, entre débarquement et armistice, entre D-Day et triomphe final.

Et nous, à la suite des 72, comment allons-nous couper court à la violence en nous et autour de nous ?
Comment allons-nous désarmer Satan et le faire
« chuter comme l’éclair » ?
Si la racine du péché est la convoitise comme l’écrit Jacques :
« chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l’amorce et l’entraîne. Ensuite la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché, et le péché, lorsqu’il est consommé, engendre la mort » (Jc 1,14-15), alors le remède est simple : cesser de se comparer, cesser de convoiter, se réjouir de ce que l’autre a sans l’envier, se réjouir de ce que l’autre est sans le jalouser. Ce qui n’empêche nullement de se battre contre les structures d’un système injuste. Au contraire, car le combat est alors pur de toute recherche égoïste. La recherche du bien commun demande en effet des cœurs libres de tout attachement excessif.

Travaillons sur nous-mêmes afin d’étouffer dans l’œuf la violence infernale du désir mimétique qui pollue notre carrière professionnelle, nos relations familiales, notre vie spirituelle…

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve » (Is 66, 10-14c)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui la pleuriez !
Alors, vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations ; alors, vous goûterez avec délices à l’abondance de sa gloire. Car le Seigneur le déclare : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. » Vous serez nourris, portés sur la hanche ; vous serez choyés sur ses genoux. Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit. Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.

Psaume
(Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20)
R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur !
(cf. Ps 65, 1)

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,

ses exploits redoutables pour les fils des hommes.

Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne.

Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme ;
Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

Deuxième lecture
« Je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus » (Ga 6, 14-18)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

Frères, pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. Ce qui compte, ce n’est pas d’être circoncis ou incirconcis, c’est d’être une création nouvelle. Pour tous ceux qui marchent selon cette règle de vie et pour l’Israël de Dieu, paix et miséricorde. Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter, car je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. Amen.

Évangile
« Votre paix ira reposer sur lui » (Lc 10, 1-12.17-20)
Alléluia. Alléluia.
Que dans vos cœurs, règne la paix du Christ ; que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse. Alléluia. (Col 3, 15a.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : ‘Le règne de Dieu s’est approché de vous.’ » Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites : ‘Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le : le règne de Dieu s’est approché.’ Je vous le déclare : au dernier jour, Sodome sera mieux traitée que cette ville. »
Les 72 disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire. Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

Patrick BRAUD

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17 décembre 2014

La dilatation du désir

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 8 h 01 min

La dilatation du désir

Homélie du 4° Dimanche de l’Avent / Année B
21/12/2014

cf. également :  Laisser le volant à Dieu

« Que tout se passe pour moi selon ta parole… » (Lc 1, 26-38)

La dilatation du désir dans Communauté spirituelle 260px-Fra_Angelico_069Marie consent à la parole de Dieu qui lui est adressée.

Elle a d’abord été bouleversée par cette annonce qui ne ressemble à aucune autre, comme le sont souvent les annonces imprévues dans nos vies.

Elle a ensuite présenté loyalement son objection majeure : sa virginité, comme nous opposons souvent à Dieu notre manque de compétences ou nos réticences pour ce qu’il veut faire de nous.

Et finalement, elle consent.

Elle ne dit pas oui en fait dans le texte : c’est plus qu’un détail. Elle ne dit pas oui, mais « fiat » : « que tout se passe pour moi selon ta parole ». Dire oui aurait pu laisser croire qu’elle comprenait ce qui se passait et allait tout prendre en main. Il n’en est rien. Elle est loin de tout comprendre ; elle ne maîtrise rien. Mais elle agrandit son désir à la taille du désir de Dieu pour elle : « que tout se passe pour moi selon ta parole ».

Et du coup, parce que la Parole de Dieu est efficace, cette parole prend chair aussitôt en elle.

Parce que en Dieu la Parole et la Chair ne sont pas séparées, la chair elle-même de Marie s’élargit, sans le savoir encore, pour accueillir le Verbe de Dieu en son sein.

Dilater notre désir jusqu’au désir de Dieu a des répercussions sur tout notre être, notre chair même.

Le 4° Dimanche de l’Avent agrandit encore donc notre présent à tous les possibles qu’il contient. À l’image de Marie, dont le subjonctif indique l’élargissement de son corps, de son désir, de tout son être : « Que tout se passe pour moi selon ta parole ».

La Bible devient Parole de Dieu pour nous lorsqu’elle agrandit nos souhaits à l’immensité du souhait de Dieu pour nous…

 

« Que tout se passe pour moi selon ta parole… »

vierge-annonciation Annonciation dans Communauté spirituelleCe subjonctif exprime encore plus qu’un souhait : c’est un élargissement de notre désir le plus vrai, c’est une dilatation du cœur, c’est un puits creusé pour agrandir la soif, c’est une réorientation fondamentale de l’envie de vivre.

« Donne-moi quelqu’un qui aime, et il comprend ce que je dis » écrit saint Augustin.
« Donne-moi quelqu’un qui désire, qui a faim, donne-moi un homme qui voyage dans ce désert, qui a soif, qui soupire après la source de l’éternelle patrie, donne-moi un tel homme, et il comprend ce que je dis. Si je parle à un homme insensible, il ne sait pas de quoi je parle. Montre un rameau vert à une brebis et tu l’attires ; présente des noix à un enfant et il est attiré, il est attiré parce qu’il aime : c’est par la chaîne du cœur qu’il est attiré ».
« Ne t’imagines pas que tu es attiré malgré toi : c’est par l’amour que l’âme est attirée ».
(Commentaire sur l’Évangile de Jean 26, 4-6).

« Que tout se passe pour moi selon ta parole… »

Marie, icône de l’Église, consent à la conversion de son désir.

En réponse à la Parole de Dieu qui lui est adressée, elle s’ouvre ainsi à tous les possibles que l’Esprit va engendrer en elle…

Comme l’écrit encore le génial Augustin, il s’agit d’élargir les aspirations de notre cœur à « plus haut », « plus vrai » que nos ambitions ordinaires :

« Toute la vie du chrétien est un saint désir.
Sans doute, ce que tu désires, tu ne le vois pas encore : mais en le désirant tu deviens capable d’être comblé lorsque viendra ce que tu dois voir.
Supposons que vous vouliez remplir une sorte de poche, et que vous sachiez les grandes dimensions de ce qu’on va vous donner. Vous élargissez cette poche, que ce soit un sac, une outre ou n’importe quoi de ce genre. Vous savez l’importance de ce que vous allez y mettre, et vous voyez que la poche est trop resserrée : en l’élargissant, vous augmentez sa capacité.
C’est ainsi que Dieu, en faisant attendre, élargit le désir.
En faisant désirer, il élargit l’âme ;
en l’élargissant, il augmente sa capacité de recevoir.
Nous devons donc désirer, mes frères, parce que nous allons être comblés. (…)

Et nous ? À l’approche de Noël, où en sommes-nous de cet élargissement de nos désirs ?

Allons-nous laisser la Parole convertir notre énergie la plus secrète ?

Ou resterons-nous englués dans de petites envies superficielles qui rétrécissent notre soif de vivre au lieu de la dilater à l’extrême ?

Les enfants auront les yeux rivés sur les tablettes spécialement conçues pour eux, les ados sur les dernières consoles de jeux… ; les adultes sur les écrans incurvés 4K 1000 Hz…

En s’élevant un peu, on se mettra à rêver d’une famille enfin réunie autour de la table de Noël, et en paix.

Certains se demanderont s’ils n’ont pas faim d’autre chose que d’accumuler des biens matériels ou de continuer sur des rails bien tracés.

D’autres, à cause de la crise ou de difficultés personnelles, devront réorienter leur vie radicalement.

 

 Augustin 


À tous, la Parole de Dieu transmise par Gabriel s’adresse, bouleversante :
veux-tu engendrer de nouveaux possibles ? Acceptes-tu d’élargir ton désir bien au-delà de tes horizons immédiats ?’

Pour chacun, la réponse de Marie peut devenir votre réponse : « Que tout se passe pour moi selon ta parole… »

 

 

1ère lecture : La royauté de David subsistera toujours devant le Seigneur (2 S 7, 1-5.8b-12.14a.16)

Lecture du deuxième livre de Samuel
Le roi David habitait enfin dans sa maison.  Le Seigneur lui avait accordé la tranquillité  en le délivrant de tous les ennemis qui l’entouraient.  Le roi dit alors au prophète Nathan : « Regarde ! J’habite dans une maison de cèdre,  et l’arche de Dieu habite sous un abri de toile ! »  Nathan répondit au roi : « Tout ce que tu as l’intention de faire,  fais-le, car le Seigneur est avec toi. » Mais, cette nuit-là,  la parole du Seigneur fut adressée à Nathan : « Va dire à mon serviteur David :  Ainsi parle le Seigneur :  Est-ce toi qui me bâtiras une maison  pour que j’y habite ?  C’est moi qui t’ai pris au pâturage,  derrière le troupeau,  pour que tu sois le chef de mon peuple Israël.  J’ai été avec toi partout où tu es allé,  j’ai abattu devant toi tous tes ennemis.  Je t’ai fait un nom aussi grand  que celui des plus grands de la terre.  Je fixerai en ce lieu mon peuple Israël,  je l’y planterai, il s’y établira  et ne tremblera plus,  et les méchants ne viendront plus l’humilier,  comme ils l’ont fait autrefois,  depuis le jour où j’ai institué des juges  pour conduire mon peuple Israël.  Oui, je t’ai accordé la tranquillité  en te délivrant de tous tes ennemis.   Le Seigneur t’annonce  qu’il te fera lui-même une maison.  Quand tes jours seront accomplis  et que tu reposeras auprès de tes pères,  je te susciterai dans ta descendance un successeur,  qui naîtra de toi,  et je rendrai stable sa royauté. Moi, je serai pour lui un père ;  et lui sera pour moi un fils.  Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi,  ton trône sera stable pour toujours. »

Psaume : 88 (89), 2-3, 4-5, 27.29
R/ Ton amour, Seigneur, sans fin je le chante ! cf. 88, 2a

L’amour du Seigneur, sans fin je le chante ;
ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge.

Je le dis : c’est un amour bâti pour toujours ;
ta fidélité est plus stable que les cieux.

« Avec mon élu, j’ai fait une alliance, j’ai juré à David, mon serviteur :
J’établirai ta dynastie pour toujours,
je te bâtis un trône pour la suite des âges. »

« Il me dira : ‘Tu es mon Père, mon Dieu, mon roc et mon salut !’
Sans fin je lui garderai mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle. »

2ème lecture : Le mystère gardé depuis toujours dans le silence est maintenant manifesté (Rm 16, 25-27)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains
Frères,
à Celui qui peut vous rendre forts  selon mon Évangile qui proclame Jésus Christ : révélation d’un mystère  gardé depuis toujours dans le silence,  mystère maintenant manifesté  au moyen des écrits prophétiques,  selon l’ordre du Dieu éternel, mystère porté à la connaissance de toutes les nations  pour les amener à l’obéissance de la foi, à Celui qui est le seul sage, Dieu, par Jésus-Christ,  à lui la gloire pour les siècles. Amen.

Évangile : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils » (Lc 1, 26-38)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. Alléluia.  (Lc 1, 38)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu  dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,  à une jeune fille vierge,  accordée en mariage à un homme de la maison de David,  appelé Joseph ;  et le nom de la jeune fille était Marie.  L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée,  et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.  L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie,  car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.  Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ;  tu lui donneras le nom de Jésus.  Il sera grand,  il sera appelé Fils du Très-Haut ;  le Seigneur Dieu  lui donnera le trône de David son père ;  il régnera pour toujours sur la maison de Jacob,  et son règne n’aura pas de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire,  puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi,  et la puissance du Très-Haut  te prendra sous son ombre ;  c’est pourquoi celui qui va naître sera saint,  il sera appelé Fils de Dieu.  Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente,  a conçu, elle aussi, un fils  et en est à son sixième mois,  alors qu’on l’appelait la femme stérile.  Car rien n’est impossible à Dieu. »  Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ;  que tout m’advienne selon ta parole. »  Alors l’ange la quitta.
Patrick BRAUD

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17 août 2013

De l’art du renoncement

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

De l’art du renoncement

Homélie du 20° Dimanche du temps ordinaire / Année C
18/08/2013

 

« Renonçant à la joie qui lui était proposée, Jésus a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix, et, assis à la droite de Dieu, il règne avec lui. »

Chaque mot de cette phrase de la lettre aux Hébreux de ce Dimanche (He 12,1-4)  heurte notre sensibilité occidentale du XXI° siècle. Chaque mot semble prendre le contre-pied des idéologies soft actuelles sur le bien-être personnel, la recherche de l’épanouissement, le désir de ne pas souffrir, l’investissement dans la vie présente…

Prenez le verbe renoncer : qui prêche le renoncement aujourd’hui ? À part quelques écologistes radicaux prônant la décroissance, et donc la réduction de notre train de vie, qui rappelle cette vieille loi pourtant pleine de sagesse : le renoncement peut devenir un chemin de libération ?

Ce à quoi le Christ renonce, c’est à « la joie qui lui était proposée ». Voilà qui est encore plus scandaleux ! Le christianisme semble tomber ici sous les accusations de Nietzsche : religion de sous-hommes ne pouvant accéder à la joie dionysiaque, et érigeant leur impuissance en chemin de sainteté. Ce serait vrai si la phrase de He 12,3 s’arrêtait là, s’il n’y avait le but, la raison pour laquelle le Christ renonce à la joie possible.

La finalité de ce renoncement, c’est d’ « être assis à la droite de Dieu » et de « régner avec lui ». Avec en plus l’ouverture de cette ascension / assomption à tous ceux qui le suivraient.

Pour avoir oublié ce but ultime, certains courants du christianisme se sont transformés en rabats-joie lugubres que Nietzsche a eu raison de fustiger.

Pour avoir chassé ce but ultime de leur horizon, les courants hédonistes actuels ne comprennent pas que le renoncement est un investissement pour une joie future, éternelle. Seule la perspective eschatologique d’un autre monde en Dieu permet de comprendre le sacrifice (encore un autre mot que la modernité méconnaît) du Christ. Sinon il faut être fou pour ne pas rechercher son bonheur personnel, ici et maintenant, par tous les moyens.

 

En écartant la problématique de la joie présente comme non pertinente, Jésus introduit une contestation révolutionnaire : le salut offert aux autres est plus important que son propre épanouissement du moment. La fidélité à soi-même passe par le dessaisissement de soi pour que les humiliés de la terre puissent être élevés au plus haut.

 

Car le renoncement du Christ à ce à quoi il aurait pu prétendre (la gloire, l’admiration De l'art du renoncement dans Communauté spirituelledes foules, le pouvoir politique et religieux, la vénération populaire etc.) est la condition sine qua non pour qu’il épouse la condition des humiliés. « Il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix ». Notons au passage que la croix, dans cette interprétation des plus anciennes, est signe d’humiliation et non pas de souffrance physique. C’est en effet le supplice des humiliores dans le monde romain : la croix est le supplice des esclaves (cf. Spartacus et ses 6000 révoltés crucifiés avec lui le long des voies romaines), le supplice infamant qui prive tout juif le subissant des promesses faites à Israël, au point de devenir un « maudit de Dieu » (Ga 3,13; Dt 21,23) dont le corps n’est même pas digne d’être enterré.

La volonté du Christ c’est d’aller au bout de celle de son Père, « jusqu’à l’extrême » (Jn 13,1) : faire corps avec les damnés de la terre pour leur ouvrir un chemin de libération et de vie en Dieu.

En allant les rejoindre, il est assimilé à eux. Leur humiliation devient la sienne ; mais il l’assume « sans honte », alors que les puissants ont réussi en dominant les humiliés à leur faire intérioriser la honte d’être dominés. Il y a dans ce « sans honte » le début du retournement de la situation d’humiliation, comme on retourne un gant de l’intérieur. Le Père Joseph Wrésinsky l’a bien compris, qui a commencé à redonner un nom et une histoire au peuple du Quart-Monde pour qu’il retrouve la fierté d’être lui-même. Les grands libérateurs ont fait de même : Gandhi avec les colonisés indiens, Martin Luther King avec les ?nègres’ américains des années 60, Mandela avec les townships souffrant de ségrégation et de misère etc.

Endurer sans honte l’humiliation de ceux qui en sont écrasés est déjà leur ouvrir la possibilité d’une dignité pleinement rétablie.

 

Ce faisant, il ne faudra pas s’étonner de rencontrer « l’hostilité des pécheurs ». Le combat contre l’hostilité de ses adversaires, Jésus l’a vécu sans aide ni violence. Il a préféré être broyé par la violence adverse plutôt que d’employer contre elle la même logique de puissance, de domination.

Ceux qui veulent défendre les humiliés parmi leurs collègues, leurs salariés, leurs familles même, feront cette expérience au début très amère : prendre le parti des petits suscite l’hostilité, conduit à être méprisé comme eux, et apparemment cette violence semble gagner à court terme. Il faut une sacrée énergie spirituelle pour tenir bon sans « se laisser accabler par le découragement ». Il faut une vision prophétique pour garder « les yeux fixés » sur le long terme, pour surmonter les premières défaites inévitables. Il faut recevoir de Dieu le courage de « résister jusqu’au sang » s’il le faut dans notre lutte contre le mal.

 

Alors les renoncement à opérer nous apparaîtront logiques et efficaces.

Renoncer aux joies immédiates est finalement un bien par rapport à la perspective du règne de Dieu auquel le Christ nous associe. Le bonheur n’est pas un but de la vie présente. La recherche du bonheur personnel pourrait même nous éloigner de notre vrai désir. Le philosophe Alain écrivait : « le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l’ont pas cherchée ». Le bonheur est illucide, au sens où c’est en renonçant à lui qu’on peut paradoxalement y demeurer.

 

Quel est notre but ultime ?

Quelles humiliés sommes-nous appelés à défendre ?

À quel renoncement cela nous conduit-il ?

 

 

 

1ère lecture : Le prophète signe de contradiction (Jr 38, 4-6.8-10)

Lecture du livre de Jérémie

Pendant le siège de Jérusalem, les chefs qui tenaient Jérémie en prison dirent au roi Sédécias : « Que cet homme soit mis à mort : en parlant comme il le fait, il démoralise tout ce qui reste de combattant dans la ville, et toute la population. Ce n’est pas le bonheur du peuple qu’il cherche, mais son malheur. »
Le roi répondit : « Il est déjà entre vos mains, et le roi ne peut rien contre vous ! »
Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne du prince Melkias, dans la cour de la prison. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie s’enfonça dans la boue.
Un officier du palais, l’Éthiopien Ébed-Mélek, vint trouver le roi : « Mon Seigneur le roi, ce qu’ils ont fait au prophète Jérémie, c’est mal ! Ils l’ont jeté dans la citerne, il va y mourir de faim ! »
Alors le roi donna cet ordre à l’Éthiopien Ébed-Mélek : « Prends trois hommes avec toi, et retire de la citerne le prophète Jérémie avant qu’il ne meure. »

Psaume : 39, 2, 3, 4, 18

R/ Seigneur, à mon aide ! Viens à mon secours !

D’un grand espoir 
   j’espérais le Seigneur : 
il s’est penché vers moi 
   pour entendre mon cri. 

Il m’a tiré de l’horreur du gouffre, 
   de la vase et de la boue ; 
il m’a fait reprendre pied sur le roc, 
   il a raffermi mes pas. 

Dans ma bouche il a mis un chant nouveau, 
   une louange à notre Dieu. 
Beaucoup d’hommes verront, ils craindront, 
   ils auront foi dans le Seigneur. 

Je suis pauvre et malheureux, 
   mais le Seigneur pense à moi. 
Tu es mon secours, mon libérateur : 
   mon Dieu, ne tarde pas !

2ème lecture : Le combat dans la foi à l’exemple de Jésus (He 12, 1-4)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères, ceux qui ont vécu dans la foi, foule immense de témoins, sont là qui nous entoure. Comme eux, débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d’abord du péché qui nous entrave si bien ; alors nous courrons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix, et, assis à la droite de Dieu, il règne avec lui.
Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché.

Evangile : Jésus, cause de division entre les hommes (Lc 12, 49-53)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Jésus, le bon Pasteur, connaît ses brebis et ses brebis le connaissent : pour elles il a donné sa vie.Alléluia. (cf. Jn 10, 14-15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli !
Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division.
Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ;
ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
Patrick Braud 

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