L'homélie du dimanche (prochain)

9 juillet 2018

Deux par deux, sans rien pour la route

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Deux par deux, sans rien pour la route


Homélie pour le 15° dimanche du temps ordinaire / Année B
15/07/2018

Cf. également :

Le polythéisme des valeurs
Plus on possède, moins on est libre
Secouez la poussière de vos pieds
Medium is message
Briefer et débriefer à la manière du Christ


mormons.jpgVous avez sûrement déjà remarqué que les témoins de Jéhovah ou les mormons font toujours du porte-à-porte deux par deux, jamais seuls. Plus basiquement, vous avez remarqué également que les humains se mettent en couple pour affronter les aléas de la vie et assurer leur mission de parents. Notre Évangile de ce dimanche en fait une règle au cœur de la mission de l’Église : il les envoie deux par deux. Jamais seuls, sans surnombre non plus.

Pourquoi ce deux par deux est-il aussi structurant, et pas seulement en Église ? Car en entreprise également, il est sage et prudent de prévoir des binômes, ainsi que dans la responsabilité associative etc.

Essayons de lister quelques arguments en faveur de ce deux par deux.

 

Ne pas trop personnaliser

Deux par deux, sans rien pour la route dans Communauté spirituelle a701fce12694b65db2cea61ff4a18c2e_XLUne première raison de cet envoi deux par deux est sans doute d’éviter l’hyperpersonnalisation. La dérive de type ‘gourou’ n’est jamais loin pour qui est en première ligne de l’évangélisation. Bien des télévangélistes américains sont tombés dans ce piège, avec tous les excès financiers politiques ou sexuels qui l’accompagnent. La tentation du pouvoir solitaire guette toujours les papes, les évêques, les prêtres ou autres responsables lorsqu’ils n’ont pas de relations suivies de pair à pair. Ainsi saint Paul s’est toujours méfié de la puissance de son charisme personnel. Il prenait soin d’orienter les convertis vers le Christ et non vers lui-même. Même avec Barnabé en mission, on veut les adorer comme des dieux : il proteste énergiquement. Il rappelle sans cesse que nous portons un trésor dans des vases d’argile. L’argile c’est l’apôtre, le trésor c’est le Christ et son Évangile.

La formule deux par deux limite le risque d’hyperpersonnalisation qui aujourd’hui avec les médias est cent fois plus dangereux qu’aux premiers siècles.

 

S’entraider

Le coup de fatigue de l’un peut trouver un appui dans la persévérance de l’autre. Les difficultés rencontrées sont moins lourdes lorsqu’elles sont partagées. Une solution inédite viendra peut-être du débat entre les deux apôtres. Jésus sait que la mission n’est pas un long fleuve tranquille : en les envoyant deux par deux, il donne à chacun un compagnon, un soutien, un point d’appui dont l’aide sera précieuse.

Deux alpinistes encordés progressant sur une pente de neige, corde tendue

 

Valoriser les regards croisés (en stéréo !)

Nul n’est si intelligent qu’il puisse embrasser la totalité du réel à lui tout seul. Paul sans  Pierre aurait été trop excessif, Pierre sans Paul trop judéo-centré, et Rome est devenue la chaire de Pierre et Paul, pas d’un seul.

À deux, on a la possibilité de croiser les regards, les analyses. L’Évangile demande d’utiliser au moins deux yeux pour voir en relief et deux oreilles pour entendre en stéréo !

stereoscopie-art-de-la-vision-en-relief22 débrief dans Communauté spirituelle

 

Deux, car il y a urgence

 EgliseSi dépasser le 1 est nécessaire pour la qualité de la mission, pourquoi alors s’arrêter ici à 2 ? Pourquoi pas trois par trois comme les Pères blancs en Afrique ? Ou même plus (comme les moines bénédictins) ?

En fait, Jésus sait qu’il y a urgence et que ses ressources sont limitées. Urgence, car sa Passion approche et les disciples doivent dès maintenant s’exercer à l’annonce de l’Évangile sans lui. Ressources limitées, car ils ne sont que 12 autour de lui, avec les 72 comme deuxième cercle, et c’est tout. Optimiser l’impact de l’évangélisation tout en limitant l’effet des égos aboutit effectivement à cette stratégie du deux par deux. Davantage obligerait à restreindre le champ de l’annonce. Moins exposerait au risque gourou.

Le caractère d’urgence de la mission est fortement souligné dans le texte par le fameux passage ou Jésus préconise de secouer la poussière de ses sandales et de partir d’un lieu non réceptif plutôt que de gaspiller temps et énergie qui seront plus féconds ailleurs.

Nous avons un peu perdu ce sentiment d’urgence dans la mission. C’est dommage. Car cela nous demande de ne pas concentrer toutes nos forces au même endroit, de multiplier nos points d’impact par de petites unités simples et agiles, et d’aller là où l’Évangile est attendu.

 

Témoigner de l’amitié par l’amitié

111610Les messagers vont eux-mêmes incarner leur message. Ils témoignent d’un Dieu qui est dialogue, conversation, échanges et amitié (philia = amitié en grec est un des noms de l’amour). D’abord pour lui-même (c’est la Trinité). Puis avec l’humanité et chacun de nous. L’atmosphère de coopération, d’entente et de vrai partenariat amical qui règne entre les apôtres renvoient au mystère de communion du Dieu Trinité. Impossible d’en témoigner seul. Même les ermites sont reliés à une communauté monastique. C’est ce principe qui fera de l’Église « comme un sacrement » (Vatican II) de la communion opérée en Dieu : « voyez comme ils s’aiment ».

La première responsabilité des apôtres et de pratiquer entre eux l’amitié qui unit le Fils à son Père dans l’Esprit. C’est en même temps leur message.

 

Medium is message

Car vous avez sans doute été étonnés que Jésus ne leur donne pas de programme  d’évangélisation, pas de versets à réciter, pas de loi à apprendre par cœur ! Bizarrement, il semble ne pas avoir de contenu à cet envoi en mission.

C’est que l’Évangile consiste moins en des choses à apprendre qu’à des relations à vivre. Marshal Mac Luhan, théoricien des médias, écrivait fort justement en 1964 : « the medium is the message ». La manière dont nous annonçons l’Évangile est l’Évangile lui-même…

Témoigner de l’amitié divine demande de la pratiquer entre envoyés plus que d’en écrire de volumineux traités. Pendant trois siècles, les martyrs chrétiens annonceront l’Évangile avec leur sang : la façon dont ils s’aimaient à la veille de leur martyre, leur pardon à leurs bourreaux, leur joie et leurs chants au moment de mourir ont fait plus pour convertir l’empire romain que Constantin avec son Édit en 313.

Plus tard, l’expansion musulmane sera totalement différente : Mohamed se réclamera être le seul dépositaire de la révélation, il transmettra un texte auquel se soumettre, par la force si besoin. L’évangélisation chrétienne et la conquête musulmane sont radicalement différentes en leur essence (même si hélas les Églises l’ont souvent dénaturé après le III°  siècle). L’une se fait par le témoignage des apôtres, l’autre se fait à la pointe du sabre et des conquêtes militaires.

Annoncer l’Évangile, c’est d’abord le vivre entre nous.

Cela ne résout pas tous les conflits, inévitablement récurrents. Mais on voit dans les Actes des Apôtres comment les Douze et les Églises avec eux ont continué à pratiquer l’amitié divine : par le débat et le consensus (cf. le concile de Jérusalem, Actes 15), par le réalisme dans la composition des équipes (cf. Paul et Barnabé se séparant après en être presque venus aux mains dans leur dispute !), par des lettres, des visites, des collectes solidaires entre Églises etc.

Envoyer deux par deux est un signe fort de l’amitié incarnant l’Évangile.

 

Sans rien pour la route

Un autre signe fort de l’Évangile est la pauvreté des moyens utilisés.

Pas de caravane publicitaire, pas de location de stade à grands frais, pas de show  époustouflant, pas d’argent à distribuer pour acheter les cœurs… 

« Il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. ‘Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange’ ».

Mission des Douze 11.jpg

Là encore, la manière dont est annoncé l’Évangile fait partie du contenu de l’Évangile. Si Dieu est pauvre et désarmé en lui-même comme seul le concept de Trinité nous le révèle, ses disciples le seront également pour qu’ils témoignent de lui, et parce qu’ils vivent de sa vie, donc à sa manière, tout simplement.

« De l’or et de l’argent, je n’en ai pas. Mais ce que j’ai je te le donne : au nom de Jésus le Nazaréen, lève-toi et marche » : Pierre et André (à nouveau à deux) n’ont rien d’autre à donner à l’impotent de la Belle Porte du Temple que cette bonne nouvelle d’un Dieu remettant l’homme debout pour aimer, louer et servir.

Le concile Vatican II a retrouvé cette vision originelle de l’évangélisation en souhaitant une Église humble, servante et pauvre à l’image de Jésus de Nazareth. Que le pape François soit appelé ‘le pape des pauvres’ est un indice du renouveau profond de l’Église catholique. Bien du chemin reste à parcourir sur cette voie de simplicité fraternelle pour annoncer l’Évangile. Mais les bases sont posées par Jésus lui-même envoyant ses disciples deux par deux sans aucun arsenal missionnaire sinon l’amitié vécue.

 

Débriefer à deux

Jésus ne se contente pas d’envoyer, il est désireux de les entendre rendre compte au retour de leur mission. C’est le fameux débrief dont l’importance n’échappe à personne aujourd’hui, militaires et managers y compris. Or débriefer seul induirait un biais trop subjectif : qui sait si je ne travestis pas la réalité en la racontant avec mes mots, ma sensibilité, mes choix personnels etc. ? Débriefer à deux limite là encore le risque de mainmise d’un seul sur la mission exercée.

Chacun des deux aura ses nuances, ses mots propres, ses apports complémentaires ou même divergents. L’unanimité est une force, la capacité de ne pas appauvrir le réel en est une autre. Et la pluralité des approches garantit un meilleur respect de la réalité.

the debrief

La tumultueuse relation entre Pierre et Paul en est un bon exemple : Paul n’hésite pas à fustiger l’attitude de Pierre lorsqu’il le voit ne pas manger avec des païens convertis.  Pourtant il s’appuie sur lui comme une « colonne de l’Église » pour être initié à Jérusalem  pendant trois ans à son contact après le chemin de Damas.

Il faut donc qu’il y ait des analyses différentes, dès lors qu’on peut les croiser dans l’amitié et la recherche de ce qui est juste.

Vous devinez qu’en parlant de l’envoi deux par deux des disciples, nous parlions en même temps de l’envoi deux par deux des couples, des responsables économiques et politiques, des acteurs associatifs, de notre vie amicale, de quartier etc.

Transposez à chacun de ces domaines les points de repères évoqués et vous verrez que cette sagesse du deux par deux est terriblement actuelle !

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Va, tu seras prophète pour mon peuple » (Am 7, 12-15)

Lecture du livre du prophète Amos

En ces jours-là, Amazias, prêtre de Béthel, dit au prophète Amos : « Toi, le voyant, va-t’en d’ici, fuis au pays de Juda; c’est là-bas que tu pourras gagner ta vie en faisant ton métier de prophète. Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser; car c’est un sanctuaire royal, un temple du royaume. » Amos répondit à Amazias : « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ »

Psaume

(Ps 84 (85), 9ab.10, 11-12, 13-14)
R/ Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut. (Ps 84, 8)

J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles.
Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.

Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.

Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui, 
et ses pas traceront le chemin.

Deuxième lecture
« Il nous a choisis dans le Christ avant la fondation du monde » (Ep 1,3-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé. En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence. Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ : pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre. En lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ. En lui, vous aussi, après avoir écouté la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit promis par Dieu est une première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons, à la louange de sa gloire.

Évangile

« Il commença à les envoyer » (Mc 6,7-13) Alléluia. Alléluia. Que le Père de notre Seigneur Jésus Christ ouvre à sa lumière les yeux de notre cœur, pour que nous percevions l’espérance que donne son appel. Alléluia. (cf. Ep 1, 17-18)

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
Patrick BRAUD

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29 juin 2016

Les 72

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

LES 72

 

Homélie du 14° Dimanche / Année C
Dimanche 3 Juillet 2016

 

Cf. également :

Briefer et débriefer à la manière du Christ 

Qu’est-ce qui peut nous réjouir ?

Secouez la poussière de vos pieds

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Medium is message

 

Qui sont ces 72 dont seul parle Luc ?

Pourquoi un 2ème groupe à côté des 12 Apôtres ?

La question nous intéresse, car autant le dire tout de suite, c’est notre mission qui est en jeu dans celle des 72.

Afficher l'image d'origineIls sont 72, ce qui d’après Gn 10,1-32 (dans la version grecque des Septante) évoque la postérité des fils de Noé qui repeuple la terre après le déluge et avant Babel. Ce nombre 72 symbolise donc l’ensemble des nations, avec qui Dieu désire entrer en alliance.

Les 72 ne remplacent pas les 12 ; ils s’ajoutent à eux.

Les 12 sont les apôtres, symbolisant les 12 tribus d’Israël, envoyés du temps de Jésus. Les 72, eux, sont envoyés par « le Seigneur », c’est-à-dire par le Christ ressuscité, à toutes les nations.

Les 72 complètent l’action des 12, comme la somme de 72 et 12 l’indique : 6 x 12 + 1 x 12 = 7 x 12, soit la plénitude d’Israël (7 est le chiffre de la Création : les 7 jours; 12 est le nombre des tribus d’Israël) = l’Église des nations. (Notez que la prophétesse Anne au Temple de Jérusalem chez Luc avait justement… 84 ans = 7×12 ! Elle annonce en elle-même l’universalité de la foi chrétienne lorsqu’elle accueille le bébé Jésus au Temple…)

Au-delà des chiffres, on voit bien que Luc écrit pour montrer que les envoyés après les Apôtres ont bien été voulus par Jésus lui-même. Après Pâques, le Seigneur continue d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.

 

Regardons ensemble les caractéristiques de ces 72.

 

1.    Ils sont autres que les 12

Le texte dit en effet : « le Seigneur en désigna 72 autres ».

Gardons nous d’ajouter trop vite : 72 autres disciples ou apôtres. Le texte dit qu’ils sont autres. Le nouvel envoyé est à la fois « autre » et en lien étroit avec ceux qui l’ont précédé. Il est « autre » en raison de la période nouvelle dans laquelle il est envoyé, et parce que les cultures à qui il s’adresse sont autres.

Ces 72 s’ajoutent aux 12, mais à la deuxième génération de missionnaires. St Luc sait qu’ils seront « autres ». Le groupe des 12 est unique, car témoin de la Résurrection du Christ; il n’y en aura pas d’autre. Grâce aux 72, la Parole initiale résonne au-delà des frontières, et sollicite de nouveaux auditoires.

C’est la nouveauté de notre mission chrétienne à chaque génération : il s’agit à la fois de prolonger l’action des 12 et en même temps d’être autres, de faire du neuf !

 

2.    Ces 72 sont envoyés là où le Christ n’est pas encore allé, mais projette de venir

Autrement dit, ils doivent préparer sa venue, défricher le terrain, être « en avant » du Christ.

Afficher l'image d'origineComment ne pas y voir l’immense champ d’apostolat des laïcs ? Les baptisés envoyés vivre leur foi dans les domaines politiques, économiques, culturels…

Là où le Christ n’est pas encore allé.

Explorer par exemple le champ de la recherche scientifique, du débat bioéthique, dans de redoutables questions que la foi chrétienne n’a pas encore pu éclairer.

Il y a tant de réalités humaines où le Christ n’est pas encore allé ! Aux baptisés de parcourir, en précurseurs, ces réalités nouvelles où le Seigneur lui-même voudrait se manifester…

 

3.    Ces 72 sont envoyés 2 par 2 : quelle sagesse !

Afficher l'image d'originePour éviter que l’un d’entre eux ne s’accapare le succès ou l’échec de leur mission ;

pour éviter de trop personnaliser l’annonce de la foi à la manière d’un gourou ;

pour se soutenir mutuellement… : les raisons sont nombreuses d’y aller 2 par 2.

Jamais seul.

Aujourd’hui encore c’est un critère sûr pour envoyer quelqu’un dans une responsabilité particulière : jamais seul ; toujours avec une équipe, au moins 2.

Équipe d’accompagnement au deuil, équipe d’Animation Pastorale, visite des malades, chargé des finances paroissiales au sein du Conseil économique, etc.… Jamais seul, au moins 2 par 2, en équipe : c’est une règle de sagesse.

 

4.    Ces 72 sont envoyés « comme des agneaux au milieu des loups »

Ce qui d’une part situe leur mission comme un combat contre le mal (« Je voyais Satan tomber comme l’éclair » dira Jésus), de façon très réaliste, et d’autre part leur interdit d’utiliser les même moyens que le mal pour triompher.

Afficher l'image d'origine

Ce serait laisser gagner les loups que de nous transformer nous-même en loups ; mieux vaut demeurer agneau, quitte à le payer au prix fort, comme « l’Agneau de Dieu », pariant sur l’espérance qu’un jour « le loup habitera avec l’agneau » (Is 11,6).

L’envoyé ne veut pas la mort de ses adversaires, mais qu’ils vivent. Il ne répond pas au mal par le mal.

 

5.    Ces 72 devront apprendre à recevoir de ceux vers qui ils sont envoyés

« Là où vous serez accueillis, mangez ce qu’on vous offrira. Restez dans cette maison, acceptez ce qu’on vous servira ». Autrement dit : les cultures nouvelles vers qui vous êtes envoyés ont quelque chose à vous donner ; vous devez apprendre à recevoir d’elles, à vous nourrir de leurs richesses et pas seulement à leur donner.

C’est capital pour ne pas arriver en conquérant colonisateur ! En partageant l’intimité d’un peuple, d’une histoire étrangère, on reçoit beaucoup, on reçoit même de quoi vivre, et cela change fondamentalement l’annonce de l’Évangile. Annonce qui se fait alors de l’intérieur d’un peuple, et non de l’extérieur.

Apprenez à recevoir de ceux à qui vous désirez annoncer l’Évangile.

Afficher l'image d'origine

6.    Ces 72 seront confrontés à l’échec

Patrick BraudIl y a des villes qui ne les accueilleront pas. Au lieu de perdre du temps, ils devront alors secouer la poussière de leurs sandales tout en maintenant que « le Règne de Dieu est tout proche ».

Savons-nous assez secouer la poussière de nos pieds lorsque le Christ n’est pas accueilli, pour aller l’annoncer ailleurs ?…

 

7.    Ces 72 reviennent tout joyeux raconter au Seigneur comment s’est passée leur mission

Afficher l'image d'origineRendre compte de la responsabilité exercée ; faire le point, un bilan personnel et collectif.
Débriefer.

Notre culture ecclésiale pratique trop peu l’évaluation.

Nous sommes mal à l’aise avec la culture du résultat.

Et pourtant c’est de raconter qu’ils sont joyeux.

Pratiquons nous assez ce retour de mission où on revient sur les succès, les échecs, en apprenant à nous réjouir de l’essentiel : nos noms « inscrits dans les cieux » ?

 

Décidément, ces 72 sont bien actuels !

À nous de le méditer pour la vie de notre Église aujourd’hui, mais également dans les responsabilités profanes auxquelles nous sommes envoyés…

 

 

 

1ère lecture : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve » (Is 66, 10-14c)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui la pleuriez ! Alors, vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations ; alors, vous goûterez avec délices à l’abondance de sa gloire. Car le Seigneur le déclare : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. » Vous serez nourris, portés sur la hanche ; vous serez choyés sur ses genoux. Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit. Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.

Psaume : Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20

R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur ! (cf. Ps 65, 1)

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.

Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne.
Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme ;
Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

2ème lecture : « Je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus » (Ga 6, 14-18)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

Frères, pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. Ce qui compte, ce n’est pas d’être circoncis ou incirconcis, c’est d’être une création nouvelle. Pour tous ceux qui marchent selon cette règle de vie et pour l’Israël de Dieu, paix et miséricorde. Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter, car je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. Amen.

Evangile : « Votre paix ira reposer sur lui » (Lc 10, 1-12.17-20)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Que dans vos cœurs, règne la paix du Christ ; que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse.
Alléluia. (Col 3, 15a.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : ‘Le règne de Dieu s’est approché de vous.’ » Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites : ‘Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le : le règne de Dieu s’est approché.’ Je vous le déclare : au dernier jour, Sodome sera mieux traitée que cette ville. »

Les 72 disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire. Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »
Patrick BRAUD

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