L'homélie du dimanche (prochain)

29 mars 2020

LE SAMEDI DE LA TERRE

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 11 h 16 min

LE SAMEDI DE LA TERRE

 

Précipitez-vous sur la collection « Tracts de crise » de Gallimard, offerts en temps de confinement. Chaque jour, quelques pages d’auteurs nous apportent des clés d’interprétation de notre temps de crise, si précieuses pour échapper à la doxa ambiante…

À télécharger gratuitement sur https://tracts.gallimard.fr/fr/pages/tracts-de-crise

Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici la réflexion de l’écrivain italien Erri de Luca sur ce que révèle le confinement de notre rapport à la nature.

 

Tracts de crise (N°02) - Le samedi de la terreJ’ai une définition personnelle de la nature : elle est là où n’existe aucune présence humaine ou bien là où celle-ci est négligeable et de passage. Quand je vais en montagne dans des endroits éloignés, je me trouve alors dans un bout de monde tel qu’il était avant nous et tel qu’il continuera à être après.

La nature est un espace totalement indifférent à nous, où percevoir sa propre mesure infime et intrusive. Ce n’est pas un terrain de jeu ni une aire de pique-nique hors de la ville. La peur qu’inspire son immensité dominante est un préliminaire au respect et à l’admiration. La beauté de la nature n’est pas une mise en scène, c’est un état d’équilibre provisoire entre d’énormes énergies, éruptions, tremblements de terre, ouragans, incendies.

Naples, mon origine, possède un golfe légendaire pour sa beauté, œuvre de cataclysmes qui l’ont formée. La beauté de la nature est un entracte entre des bouleversements. Il ne s’agit pas là d’une conclusion philosophique, mais seulement de ma perception physique. C’est pourquoi, pour moi, la nature est l’espace de notre absence.

Là où existe une zone de peuplement, j’utilise le terme de milieu ambiant. Le latin « ambire » signifie entourer. Le participe présent « ambiens » est ce qui entoure. Depuis ses débuts, l’espèce humaine s’est sentie entourée, établissant avec le territoire des rapports de force alternant entre défense et conquête. De nos jours, il est évident que «ambiens » n’entoure plus, mais qu’il est entouré par l’expansion numérique de l’espèce et de ses moyens d’exploitation. Le milieu ambiant submergé se soumet.

Et soudain une épidémie de pneumonies interrompt l’intensité de l’activité humaine. Les gouvernements instaurent des restrictions et des ralentissements. L’effet de pause produit des signes de réanimation du milieu ambiant, des cieux aux eaux. Un temps d’arrêt relativement bref montre qu’une pression productive moins forte redonne des couleurs à la face décolorée des éléments.

La pneumonie meurtrière qui étouffe la respiration est un effet miroir de l’expansion humaine qui étouffe le milieu ambiant. Le malade demande de l’air et de l’aide en son nom et au nom de la planète tout entière.

Celui qui lit beaucoup reconnaît, ou croit reconnaître, des symboles et des paradigmes dans les événements. Le monothéisme a institué le Samedi qui littéralement n’est pas un jour de fête mais de cessation. La divinité a prescrit l’interruption de toute sorte de travail, écriture comprise.

Et elle a imposé des limites aux distances qui pouvaient   être parcourues à pied ce jour-là. Le Samedi, est-il écrit,   n’appartient pas à l’Adam : le Samedi appartient à la terre.   Cette injonction à la laisser respirer en s’imposant   un arrêt a été ignorée. Je ne crois pas que la terre puisse   récupérer ses Samedis dont elle a été privée. Je crois en   revanche que piétiner les Samedis produit les brutales   suspensions de notre occupation de la planète. C’est une   trêve pour la terre.

Pour la première fois de ma vie, j’assiste à ce renversement : l’économie, l’obsession de sa croissance, a sauté   de son piédestal, elle n’est plus la mesure des rapports ni   l’autorité suprême. Brusquement, la santé publique, la   sécurité des citoyens, un droit égal pour tous, est l’unique   et impératif mot d’ordre. Dans le cas de l’Italie, l’idolâtrie de l’économie s’est   donné la liberté de se moquer des conséquences d’activités   nocives. De la dispersion de l’amiante dans le percement   du tunnel du Val de Susa à l’intoxication de Tarante, la   santé publique est traitée comme une variable secondaire.   Les morts dues aux problèmes environnementaux sont   considérées comme des dommages collatéraux d’activités   légitimes et impunies. Ce sont au contraire des crimes de  guerre accomplis en temps de paix au détriment de populations réduites au rang de vassales.

Tel est le brusque retournement de situation, l’économie tombée de cheval et soumise à une nouvelle priorité : la vie pure et simple. Les médecins et non les économistes sont les plus hautes autorités. C’est une conversion. Elle améliore le rapport entre citoyens et État, les gouvernements passent de garants du PIB en vaillants défenseurs de la communauté.

Certes, il s’agit d’un état d’exception et on a hâte d’arrêter l’épidémie et de revenir au plein régime précédent. Mais le Samedi de la terre sème en même temps que les deuils une lueur de vie différente pour les survivants. Car, dorénavant, chacun est un rescapé provisoire. C’est un sentiment qui me rapproche le plus de tous ceux auxquels je ne peux serrer la main.

Une autre inversion est à relever dans le cas de l’Italie. Depuis son unité, des flux migratoires ont eu lieu du sud vers le massif alpin. Aujourd’hui, on assiste à un retour massif en flux inversé, jusqu’au récent blocage des retours. Le spécialiste de l’environnement Guido Viale remarquait que l’épicentre des contaminations en Chine, en Allemagne, en Italie, coïncide avec les zones de très forte pollution atmosphérique, signe d’une prédisposition à l’agression des voies respiratoires.

Le sud perçu comme terre de refuge, asile sanitaire, recommence à accueillir ses enfants. La parabole du fils prodigue n’est pas valable ici. Ils ne sont pas partis pour dilapider, mais par nécessité. Ils ne reviennent pas repentis, mais désespérés d’affronter des isolements loin de leurs attaches familiales, impatients d’entendre un peu de dialecte, affectueuse langue maternelle. Peut-être que le système immunitaire s’améliore avec l’humeur. Une fois les priorités redéfinies, c’est l’urgence de sauver qui compte et aussi celle de purger une quarantaine indéterminée dans des lieux familiers. Le sud, perçu comme plus sain, est certainement un milieu ambiant plus cordial pour calmer l’angoisse d’un état de siège.

«Basta che ce sta ‘o sole, basta che ce sta ‘o mare…» Il suffit qu’il y ait le soleil, il suffit qu’il y ait la mer. Ce n’est pas une thérapie reconnue, mais c’est bon pour l’âme de se mettre au balcon et de se laisser baigner de lumière.

 

ERRI DE LUCA
LE SAMEDI DE LA TERRE
Tracts de crise – Gallimard 19/03/2020 ISBN : 9782072909368
19 MARS 2020 / 10H / N° 2
OFFERT EN PÉRIODE DE CONFINEMENT
© ÉDITIONS GALLIMARD, 2020.

 

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13 mars 2020

Macron, la crise, le coronavirus : quelques enjeux spirituels

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 17 h 23 min

Macron, la crise, le coronavirus : quelques enjeux spirituels

Hier soir (12/03/2020), le président Macron a prononcé une allocution solennelle suivie par plus de 25 millions de Français (un record).

Macron Coronavirus 120320Quand on fait un nuage de mots à partir du texte prononcé (cf. image ci-contre), on constate que c’est autant un discours sur l’Europe (18 fois) que sur le virus (17 fois), que l’enjeu central est la crise (10 fois) avec les mesures (12 fois) à prendre pour protéger (11 fois) la santé (12 fois) de tous, et continuer (10 fois) à vivre.

·      La référence constante à l’Europe montre à l’évidence que l’angle d’attaque était d’abord politique, ce qui après tout convient bien à la parole d’un président.

·      Le mot virus, évidemment incontournable, a quant à lui une connotation médicale, mais pas uniquement. En latin, virus signifie : suc, jus, poison. C’est une substance qui s’écoule insidieusement et qui peut compromettre la santé, autre mot-clé qui vient du latin sanus (sain) – sanitas (santé). Parler de virus implique donc que rode un danger sournois menaçant notre intégrité physique, qui nous empêche d’être sains. Impossible d’être un optimiste béat devant la nature lorsqu’on traque ces bêtes minuscules au microscope : la nature est pour une part hostile à l’homme. Nous l’avions oublié avec le progrès technique triomphant ou l’écologie mettant Gaïa avant l’homme. Ce monde nous est donné comme un lieu de combat contre la maladie et la mort. Nous n’y sommes les bienvenus qu’en restant sur nos gardes, notre intelligence en éveil pour déjouer les pièges de nos prédateurs petits et grands.

La pénibilité de l’existence nous revient soudain en pleine figure. Un récit de la Genèse évoque la peine qui traverse notre être-au-monde, depuis qu’Adam et Ève ont été symboliquement expulsés du jardin d’Éden (Gn 3, 23-24). Gagner son pain à la sueur de son front et accoucher dans la douleur sont deux figures bibliques que nous appellerions aujourd’hui fragilité et finitude de l’humanité. Comme la peste noire du XIV° siècle ou la grippe espagnole de 1918 avant lui, le coronavirus nous rappelle que nous sommes fragiles, mortels, vulnérables à ces poisons qui circulent entre nous à notre insu.

Il y a une dimension spirituelle à se souvenir de ce « fauve qui rôde, cherchant qui dévorer » (1P 5,8). Le virus est en ce sens une allégorie du péché – ce vieux mot que les économistes ou les politiques voudraient obsolète – capable de compromettre la santé spirituelle de chacun et de tous. Essayez d’effacer le péché de notre horizon nous condamne à le voir revenir plus fort encore, à l’image des sept démons dont parle Jésus (Mt 12, 43-45). La mobilisation générale antivirus nous redit l’importance et l’urgence du combat contre le péché, sans qu’il y ait aucun lien de causalité entre les deux, bien sûr. Vaincre le mal sous toutes ses formes est un enjeu de survie physique, morale et spirituelle.

·      D’ailleurs, l’usage des mots protéger et continuer par le Président de la République disent bien que persévérer dans l’être (comme dirait Heidegger) n’est pas automatique et ne se fera pas sans notre volonté, notre courage, notre intelligence.

Protéger sa santé pour continuer à vivre : voilà également un programme à tonalité très spirituelle ! Parce que nous minimisons les menaces qui pèsent sur notre vie spirituelle, nous nous exposons à être emportés très vite à tous les vents des modes qui nous éloignent de Dieu. Le Carême est là pour nous inviter à prendre des mesures, tout aussi drastiques que celle du gouvernement en période de pandémie, pour préserver et sanctuariser ce qui nous fait vivre : la Bible, les relations fraternelles, la faim et la soif de Dieu…

·      Un autre mot présidentiel résonne très fort dans la culture chrétienne : crise. On connaît les deux significations du mot en grec krisis : jugement, et discernement (tamis). Pour les Pères de l’Église, la croix du Christ est la crise révélant le cœur et les pensées, la droiture de chacun, avec des surprises comme le bon larron ou le centurion romain se rangeant du côté du crucifié, et au contraire Pilate et la foule hostiles. La crise du coronavirus sert de révélateur de l’envers de la mondialisation à marche forcée, de l’importance du sain, du local dans notre alimentation, et remet en cause les dogmes de Maastricht sur les 3 % du déficit budgétaire. Un moment de crise dévoile ainsi des ressorts cachés, des conséquences oubliées. En ce sens une crise est toujours spirituelle pour partie : elle permet de passer au tamis les croyances de son temps, de ne retenir que ce qui est bon et de laisser tomber ce qui paraît corrompu ou futile à la lumière des événements. Si la crise du coronavirus peut nous aider à changer nos habitudes de consommation, de déplacement, de production alors elle n’aura pas été inutile. La crise peut déclencher une conversion des mœurs, des habitudes, des pensées, et toute conversion a une dimension spirituelle.

·      Discerner avec sagesse ce qui est sain de ce qui ne l’est pas a bien quelque chose à voir avec la sagesse du roi Salomon, ou la capacité de discernement que donne l’Esprit de Dieu. Ce n’est pas seulement un acte économique ou logistique, c’est un choix, à la lumière de la crise, qui n’est pas sans rappeler le choix fondamental que Dieu met devant Israël : « j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité » (Dt 30,19). Choisir de délocaliser ou non des productions vitales, choisir de privilégier ou non des circuits courts, choisir ou non de voyager autrement, parler comme Emmanuel Macron de souveraineté, d’autres échanges, d’indépendance nationale : tous ces choix que nous évaluons à nouveau en pleine conscience grâce à la crise relèvent de notre désir de bonne santé pour l’homme, tout l’homme, tous les hommes (selon la belle expression de Paul VI).

« Le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme. Comme l’a fort justement souligné un éminent expert : « Nous n’acceptons pas de séparer l’économique de l’humain, le développement des civilisations où il s’inscrit. Ce qui compte pour nous, c’est l’homme, chaque homme, chaque groupement d’hommes, jusqu’à l’humanité tout entière ».
C’est un humanisme plénier qu’il faut promouvoir.
Qu’est-ce à dire, sinon le développement intégral de tout l’homme et de tous les hommes ?» (Popularum Progressio n° 14. 44.45, 1967).

·      Il manque un mot important dans le discours présidentiel. Un mot qui fait peur mais qui est pourtant à la une en Chine et en Italie depuis des semaines. C’est le mot confinement. On était habitué à l’utiliser pour le nucléaire,  car l’enceinte de confinement d’un réacteur nucléaire est le bâtiment étanche entourant complètement le réacteur. Ici, le confinement est une mesure spectaculaire qui oblige des millions de Chinois et d’Italiens à vivre dans quelques mètres carrés sans sortir ni voir d’autres personnes pendant 14 jours au moins. Confinement vient du latin cum = avec et finis = limites (confins), ce qui signifie « à l’intérieur des limites connues », au sein des frontières. Vivre aux confins du monde connu était autrefois ce qui a donné son nom au Finistère (la terre de la fin)… Être confiné dans son logement, c’est redécouvrir qu’il y a des frontières salutaires, des solitudes nécessaire, des barrières à ne pas franchir. Parce que le confinement est difficile à supporter, il nous fait ressentir en creux combien nous sommes faits pour l’échange, la relation, le dialogue en face-à-face réel. Parce que le confinement est salutaire, il nous ramène également à l’intériorité, à la capacité d’habiter nos solitudes, à accepter nos limites, nos frontières, notre finitude. Si le confinement devient une purge des toxines d’une mondialisation débridée, s’il limite notre surconsommation de tout, alors un autre capitalisme pourra peut-être voir le jour après la crise. On pense au jeûne du Carême, salutaire pour la vie spirituelle. On pense aux retraites dans le cloître d’un monastère : se restreindre volontairement quelques jours permet de retrouver entre ses murs une respiration et une liberté intérieure sans égales. Le confinement dans un cluster ou un pays entier demande à chacun, chaque famille, chaque ville ou région non de se replier sur soi mais de retrouver la joie de vivre avec soi-même sans tout demander aux autres, sans s’épuiser à accumuler des choses, sans se disperser en mille soi-disant relations, en vérité très futiles, superficielles et légères…
« Il faut cultiver notre jardin », écrivait Voltaire.
Et Blaise Pascal diagnostiquait avec finesse : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. »


Si la quarantaine peut nous tourner vers notre jardin intérieur, pourquoi ne pas l’accueillir avec joie ?

·      Crise, virus, santé, protéger, continuer, confiner : ces mots de la période actuelle peuvent – malgré les souffrances et les morts des victimes du coronavirus – réveiller notre soif d’être au monde autrement que comme consommateurs et prédateurs. Et cela, c’est un combat authentiquement spirituel…

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3 décembre 2014

Maintenant, je commence

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Maintenant, je commence

Homélie du 2° Dimanche de l’Avent / Année B 07/12/2014
cf. également : Res et sacramentum

« Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ».

Il y a bien un futur au cœur de la foi chrétienne. Un futur qui se retrouve dans nos 3 lectures.

- La voix d’Isaïe proclame une action de Dieu imminente dans le désert : « tout ravin sera comblé, toute montagne sera abaissée, les passages tortueux seront aplanis, la gloire du Seigneur se révélera, tous verront que le Seigneur a parlé ». (Is 40, 1-9).

- Cette voix dans le désert, Jean-Baptiste la fait à nouveau retentir : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint » (Mt 1,8).

- Et Pierre évoque l’avenir grandiose qui nous attend à partir de là : « le jour du Seigneur viendra comme un voleur. Les cieux disparaîtront, les éléments seront détruits, la terre sera brûlée, un ciel nouveau et une terre nouvelle viendront, où résidera la justice » (2P 3, 8-11).

Après l’impératif du 1er Dimanche de l’Avent : « veillez ! », voici ce que le 2ème Dimanche nous met devant un futur extraordinaire.
Veiller ouvre donc sur une promesse : il y a bien un futur à attendre ; il y a bien une plénitude de l’Esprit Saint qui nous « immergera » (baptizein en grec =baptiser) un jour.
La Bible devient Parole de Dieu pour nous lorsqu’elle nous ouvre à ce futur, à cette promesse à laquelle Dieu est et sera fidèle.
Cet avenir de Dieu sera sans commune mesure avec le temps présent : il s’agit bien d’une nouvelle création du monde, selon Isaïe, que la Résurrection du Christ le 8ème jour inaugure et anticipe.

Quand cela arrivera-t-il ? Nous n’en savons rien.
Jésus lui-même avoue ne pas savoir (Mc 13,32) : seul le Père peut en fixer le moment. Mais ce que nous savons, c’est que« le temps est court » (1Co 7,29) ; qu’il va vers sa plénitude (la « fin des temps »), et que cette plénitude promise est déjà à l’œuvre.
Avouons-le : nous avons du mal à laisser ce futur de Dieu nous rejoindre. Nous extrapolons toujours ce qui se passe actuellement pour imaginer ce qui se passera après. Or Dieu est capable de faire du neuf, du radicalement neuf, dès maintenant !

Prenons quelques exemples :

Maintenant, je commence dans Communauté spirituelleDans l’évangile de Jean, la crise est ce moment « critique » où il devient manifeste que certains comportements / attitudes conduisent à la mort (‘no future’) alors que d’autres ouvrent à l’avenir. La croix est la crise suprême : pour les uns elle est la fin, pour les autres elle déchire le ciel et marque l’avenir ouvert.

Ainsi de nos crises humaines : elles marquent la fin d’un monde, mais pas encore la fin du monde ! C’est donc qu’un nouveau monde peut émerger de l’ancien qui s’efface : de nouvelles relations internationales, une régulation mondiale de l’économie, une vigilance accrue sur les dérives de la financiarisation, un souci commun du long terme etc…

L’Apocalypse n’est pas ce qu’on veut nous faire croire : pour saint Jean, ce n’est pas la catastrophe finale, c’est le dévoilement de la réalisation de la promesse de Dieu, la révélation et l’accomplissement du futur attendu !

Dans les soubresauts actuels de l’économie se révèle la vérité du système ancien. Le dévoilement de la cupidité, de la courte vue et des contradictions des marchés financiers peut contribuer à faire émerger un monde nouveau qui aura pris conscience de ses dérives et aura rebâti une économie profondément renouvelée.

Keynes, le grand économiste qui est la référence des actions publiques en ce moment, a construit sa théorie après la 1ère crise de la guerre de 14-18, n’a pas été écouté ni après cette guerre, ni après la crise de 1929. Il aura fallu attendre la 2ème guerre pour voir ses idées être appliquées après 1945, et inspirer les réactions des États à la crise de 2008.

Chaque épreuve peut devenir un seuil.
De la crise peut émerger un monde nouveau ; de tout mal peut émerger un bien plus grand encore.

D’autres exemples pourraient être pris dans l’histoire personnelle de chacun :

guenard%20plus%20fort%20que%20la%20haine%20 avenir dans Communauté spirituelle- La jambe cassée d’Ignace de Loyola lui a ouvert le chemin de la conversion.

- L’enfance dorée de Charles de Foucauld a déposé en lui la soif d’une vie plus intense, réalisée plus tard dans le dénuement du désert de l’Assekrem.

- L’enfance maltraitée de Tim Guénard aurait pu le conduire à la haine ; mais il parcourt la France pour témoigner que l’amour du Christ l’a guéri de son passé et que l’avenir est toujours possible.

- Nous connaissons bien des personnes qui ne se laissent pas enfermer dans leur passé, qu’il soit douillet ou douloureux, mais se hâtent avec bonheur vers l’avenir qui leur vient de leur confiance en Dieu. Ils sont comme ces pèlerins qui ne se découragent jamais de marcher vers Saint Jacques de Compostelle ou le Mont St Michel, même lorsque les Pyrénées semblent trop hautes, même lorsque la marée semble trop rapide.

Un moine, le bienheureux Guérric d’Igny (1070-1157), écrivait :
« le voyageur sage et empressé, lorsqu’il sera arrivé au terme, ne fera que commencer, de sorte que, oubliant ce qui est en arrière, il se dira chaque jour : ‘maintenant, je commence’ ».
Répétez-vous chaque matin, chaque jour – de plénitude ou de crise – : « maintenant, je commence ».

D’ailleurs, c’est le début de notre évangile de ce Dimanche: « Commencement de la Bonne Nouvelle… » Cette bonne nouvelle ne fait que commencer dans mon histoire.
Et elle ira « de commencements en commencements, par d’éternels commencements qui n’auront jamais de fin » (Grégoire de Nysse).

Oui, il y a un futur.
Oui il y a une plénitude à venir.

« Maintenant, je commence ».

 

 

1ère lecture : « Préparez le chemin du Seigneur » (Is 40, 1-5.9-11)
Lecture du livre d’Isaïe

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. »
Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda :« Voici votre Dieu. » Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume : 84, 9ab.10, 11-12, 13-14

R/ Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.

J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple.
Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.

Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.

Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin.

2ème lecture : « Nous attendons les cieux nouveaux et la terre nouvelle » (2P 3, 8-14)
Lecture de la deuxième lettre de saint Pierre Apôtre

Frères bien-aimés, il y a une chose que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur n’est pas en retard pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes ; c’est pour vous qu’il patiente : car il n’accepte pas d’en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir. Pourtant, le jour du Seigneur viendra comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments en feu seront détruits, la terre, avec tout ce qu’on y a fait, sera brûlée. Ainsi, puisque tout cela est en voie de destruction, vous voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir, vous qui attendez avec tant d’impatience la venue du jour de Dieu (ce jour où les cieux embrasés seront détruits, où les éléments en feu se désagrégeront). Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. Dans l’attente de ce jour, frères bien-aimés, , faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix.

Evangile : Jean Baptiste annonce la venue du Seigneur (Mc 1, 1-8)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez la route : tout homme verra le salut de Dieu. Alléluia. (Cf. Lc 3, 4.6)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu.
Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer la route. À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
Patrick BRAUD

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