L'homélie du dimanche (prochain)

27 janvier 2016

Les djihadistes n’ont pas lu St Paul !

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Les djihadistes n’ont pas lu saint Paul !

Cf. également :

La grâce étonne ; c’est détonant !
Un nuage d’inconnaissance
La hiérarchie des charismes

Homélie pour le 4° dimanche du temps ordinaire / Année C
31/01/2016


Le documentaire de  intitulé « Salafiste » fait polémique en France, depuis sa sortie en salle ce Mercredi 27/01/2016. Fallait-il montrer ces images terribles du Mali ? Fallait-il donner la parole à des lettrés défendant tranquillement l’application de la Charia ? L’Express titrait hier : ‘Pourquoi il faut voir « Salafistes« , documentaire brut, brutal, mais éclairant’, alors que le ministère de la Culture interdisait le film aux moins de 18 ans.

Au moins la question est posée :

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Comment peut-on tuer au nom d’un dieu d’amour ?

Comment peut-on crier Allah Akbar en mitraillant des innocents à la kalachnikov ?

Comment peut-on se dire croyant, soumis à Dieu (islam = soumission) et appuyer sur le détonateur qui vous transforme en bombe humaine au milieu de la foule ?

Cette contradiction entre la foi et l’amour est terrible.

Elle vient de loin. Elle a déjà marqué l’histoire de l’Occident, à travers notamment les guerres de religion. L’indifférence religieuse du Sud-Ouest de la France par exemple remonte en grande partie à ces périodes troublées où protestants et catholiques se massacraient au nom de leurs croyances, de Béziers à la Rochelle, d’Albi à Toulouse…

Dans notre deuxième lecture, saint Paul ne parle pas seulement de foi, ni même d’amour, mais des trois : foi/amour/espérance. Voyons pourquoi.

 

1. La foi seule est meurtrière

Les djihadistes sont bel et bien mus par des raisons proprement religieuses, en plus des autres. Les belles âmes qui en France ne veulent voir que des racines sociales ou géopolitiques aux attentats de Daech ont du mal à intégrer cette dimension religieuse. Certes, de manière très marxiste, on peut expliquer pour une part ces comportements suicidaires par nombre de facteurs sociaux : les territoires perdus de la République, le chômage massif parmi les jeunes de la troisième génération d’immigrés, les siècles de colonialisme, les guerres injustes en Iran Irak Syrie Libye, le délitement des familles, la faillite de l’école etc. Si elles comportent leur part de vérité, ces explications matérialistes passent pourtant à côté de l’essentiel. Ceux qui tuent et se tuent le font au nom d’Allah, en étant persuadés de lui obéir, en bons musulmans soumis à la parole divine telle que le Coran est censé la retranscrire. Et les textes du Coran prônant le meurtre au nom de la foi en Allah sont légion :

Sourate 2,191. Et tuez-les, où que vous les rencontriez; et chassez-les d’où ils vous ont chassés: l’association est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas près de la Mosquée sacrée avant qu’ils ne vous y aient combattus. S’ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est la rétribution des mécréants.

Sr2,193. Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’association et que la religion soit entièrement à Allah seul. S’ils cessent, donc plus d’hostilités, sauf contre les injustes.

Sr3,10. Ceux qui ne croient pas, ni leur biens ni leurs enfants ne les mettront aucunement à l’abri de la punition d’Allah. Ils seront du combustible pour le Feu.

Sr3,157. Et si vous êtes tués dans le sentier d’Allah ou si vous mourez, un pardon de la part d’Allah et une miséricorde valent mieux que ce qu’ils amassent.

Sr3,158. Que vous mouriez ou que vous soyez tués, c’est vers Allah que vous serez rassemblés.

Sr4,74. Qu’ils combattent donc dans le sentier d’Allah, ceux qui troquent la vie présente contre la vie future. Et quiconque combat dans le sentier d’Allah, tué ou vainqueur, Nous lui donnerons bientôt une énorme récompense.

Tant que ces passages du Coran et bien d’autres semblables seront lus de manière littéraliste, sans exégèse historico-critique, la foi musulmane sera une source de dérive assassine, évidemment en contradiction avec le coeur de la foi chrétienne : Dieu est amour. Mais il faut pour cela remettre en cause le statut du texte du Coran, qui n’est sûrement pas la parole divine dictée à Mohamed, mais une compilation de rédactions successives de textes inspirés par leur contexte du VII° siècle en Arabie.

Des chrétiens ont eux-mêmes été capables de cette contradiction terrible, avant que la recherche scientifique des XVIII° et XIX° siècles sur la Bible ne leur permette de lire l’Ancien Testament et le Nouveau Testament autrement. Il faut se reporter à l’affaire Galilée et ensuite à la crise moderniste pour comprendre les siècles de débats dont l’Église a eu besoin pour finalement accepter de ne pas lire le texte au pied de la lettre.

Au nom de certitudes textuelles, crucifier les apostats, couper la main aux voleurs, lapider  les adultères ou imposer l’islam de force sont perçus par les fous de Dieu comme des exigences d’une foi sincère et conforme au Coran. Leur amour de Dieu prime sur l’amour des autres.

La foi seule devient idéologie, violence et domination de ceux qui ne partagent pas cette foi, le tout au nom de la vérité suprême qui est Dieu en personne :

Sr4,89. Ils aimeraient vous voir mécréants, comme ils ont mécru: alors vous seriez tous égaux! Ne prenez donc pas d’alliés parmi eux, jusqu’à ce qu’ils émigrent dans le sentier d’Allah. Mais s’ils tournent le dos, saisissez-les alors, et tuez-les où que vous les trouviez; et ne prenez parmi eux ni allié ni secoureur.

2. Feuerbach : foi et amour sont contradictoires

Afficher l'image d'origineEn 1841, Ludwig Feuerbach publie un essai qui va révolutionner l’Occident : L’essence du christianisme. Il y explicite les fondements de l’humanisme moderne, qui dénonce la foi en Dieu comme source d’intolérance. Son raisonnement est rigoureux, et hante encore aujourd’hui l’inconscient collectif européen : la foi seule est meurtrière. Car elle sépare les hommes en croyants et mécréants ; seul l’amour de l’humanité pour elle-même peut surmonter les divisions et les conflits inéluctables inéluctablement engendrés par les religions.

« La foi porte nécessairement à la haine, la haine à la persécution, dès que la puissance de la foi ne trouve pas de résistance, ne se brise pas contre une puissance étrangère, celle de l’amour, de l’humanité, du sentiment du droit. La foi, par elle-même, s’élève au-dessus des lois de la morale naturelle ; sa doctrine est la doctrine des devoirs envers Dieu, et le premier devoir est la foi.
Autant Dieu est au-dessus de l’homme, autant les devoirs envers Dieu sont au-dessus des devoirs envers l’homme, et ces devoirs entrent nécessairement en collision les uns avec les autres. »

« L’amour nous révèle l’essence intime, la foi révèle la forme. L’amour identifie Dieu et l’homme et unit les hommes entre eux ; la foi sépare l’homme de Dieu et les hommes les uns des autres ; car Dieu n’est que l’idée mystique de l’espèce, de l’humanité, et sa séparation d’avec l’homme entraîne nécessairement la séparation de l’homme d’avec son semblable, la destruction du lien social. Par la foi la religion se met en contradiction avec la raison, la moralité, le sens du vrai chez l’homme ; par l’amour elle cherche à rétablir l’accord ; la foi isole Dieu, fait de lui un être particulier; l’amour généralise, il fait de Dieu un être universel dont l’amour ne fait qu’un avec l’amour de l’homme. »

Avec brio, Feuerbach renverse alors la proposition centrale du christianisme : Dieu est amour, en : l’amour est Dieu.

« Dieu est l’amour. Cette proposition est la plus belle du christianisme. Mais la contradiction de l’amour et de la foi y est déjà contenue. L’amour n’est qu’un attribut, Dieu est le sujet. Mais qu’est le sujet indépendamment de son attribut ? C’est là une question que je ne puis m’empêcher de faire. Je ne la ferais pas s’il était dit, au contraire : l’amour est Dieu, l’amour est l’être suprême. Dans la première proposition le sujet est le fond obscur derrière lequel se cache la foi; l’attribut est la lumière par laquelle il est éclairé. Dans l’attribut j’affirme l’amour, dans le sujet la foi. »

Feuerbach en tire la conclusion logique que le véritable humanisme est celui qui se passe de la référence à un Dieu personnel, toujours source de clivages et d’exclusion de ceux qui ne croient pas en lui. La seule référence universelle est selon lui l’amour de l’homme pour lui-même, et c’est cet absolu qui prend alors le relais de l’ancienne notion de Dieu. Marx a repris cette thèse en la transformant en athéisme. Le petit père Combes l’a reprise en France pour séparer l’Église et l’État, et promouvoir la laïcité comme privatisation de la foi afin d’éviter la violence dans le domaine public.

 

3. L’espérance : le troisième terme pour sortir de la contradiction foi / amour

Le génie de Paul est de ne pas laisser la foi et l’amour en face-à-face. Il résout leur  antagonisme en apportant un troisième terme qui vient assumer le meilleur de l’opposition entre la foi et l’amour.

« Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1Co 13,13).

Afficher l'image d'origineDe manière quasi hégélienne - pourrait-on dire avec anachronisme - Paul fait de l’espérance le troisième terme qui vient empêcher la radicalisation des deux autres.

L’espérance indique un pas encore qui empêche d’enfermer quelqu’un dans une attitude actuelle de foi ou de non-foi. Espérer pour l’autre, quel qu’il soit, même et surtout s’il est mon pire ennemi, même s’il est le djihadiste qui a commis l’irréparable, c’est ne pas le vouer à l’enfer, mais laisser ouvert le chemin de sa rédemption. L’espérance empêche la foi de dégénérer en idéologie, car la certitude n’est alors plus de ce monde. Elle réintroduit entre la foi et l’amour cette juste distance qui leur permet de garder une tension féconde : ni trop près, car ce serait vouloir établir le royaume de Dieu sur terre (avec comme conséquence une violence injustifiable ; cf. le Christ refusant d’utiliser la force pour rétablir son règne) ; ni trop loin car ce serait renoncer à un véritable au-delà (au-delà de nos divisions actuelles, au-delà de nos convictions différentes, au-delà de la mort physique…).

L’espérance est ce troisième terme qui permet l’assomption (l’Aufhebung hégélienne) du conflit foi-amour en une aventure imprédictible. Poincaré a montré que si l’interaction de deux corps était parfaitement prévisible en physique, celle de trois corps est par contre radicalement indéterminée… Cette incertitude, liée à l’espérance, redonne le jeu nécessaire à l’articulation de la foi et de l’amour.

La triade des vertus théologales a donc un enjeu social majeur pour nos sociétés occidentales.

Hélas, les djihadistes ne lisent ni saint Paul, ni Feuerbach, ni Hegel… sinon ils sauraient… qu’ils ne savent pas.

Que l’Esprit du Christ nous montre à chacun comment mettre en mouvement dans notre vie cette dialectique ternaire : pas la foi seule / pas l’amour impersonnel / mais une dynamique féconde qui laisse l’avenir ouvert grâce à l’espérance en Dieu et en tout homme.

 

 

1ère lecture : « Je fais de toi un prophète pour les nations » (Jr 1, 4-5.17-19)
Lecture du livre du prophète Jérémie

Au temps de Josias, la parole du Seigneur me fut adressée : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations. Toi, mets ta ceinture autour des reins et lève-toi, tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses princes, à ses prêtres et à tout le peuple du pays. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer – oracle du Seigneur. »

Psaume : Ps 70 (71), 1-2, 3, 5-6ab, 15ab.17

R/ Sans fin, je proclamerai ta justice et ton salut. (cf. Ps 70, 15)

En toi, Seigneur, j’ai mon refuge :
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice, défends-moi, libère-moi,
tends l’oreille vers moi, et sauve-moi.

Sois le rocher qui m’accueille,
toujours accessible ;
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon roc, c’est toi !

Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère.

Ma bouche annonce tout le jour
tes actes de justice et de salut.
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.

2ème lecture : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1 Co 12, 31 – 13, 13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, recherchez avec ardeur les dons les plus grands. Et maintenant, je vais vous indiquer le chemin par excellence.
J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.
L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais.
Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.
Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité.

Evangile : Jésus, comme Élie et Élisée, n’est pas envoyé aux seuls Juifs (Lc 4, 21-30)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur m’a envoyé, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération. Alléluia. (Lc 4, 18cd)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : ‘Médecin, guéris-toi toi-même’, et me dire : ‘Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !’ » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.
Patrick BRAUD

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9 septembre 2015

Prendre sa croix

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Prendre sa croix

Homélie du 24° dimanche du temps ordinaire / Année B
13/09/2015

Cf. également :

Croire ou agir ? La foi ou les oeuvres ?

De l’art du renoncement

C’est l’outrage et non pas la douleur

Prendre sa croix chaque jour

  

Prendre sa croix

C’est sans doute une expression centrale du christianisme : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mc 8,34).

Prendre sa croix dans Communauté spirituelle Lapinbleu206C-Mc8_34-copie-1Malheureusement, des siècles de dolorisme ont obscurci l’interprétation de cette invitation du Christ à devenir son disciple. Dans le langage courant, prendre sa croix est devenu synonyme de résignation, d’acceptation du malheur innocent, voire de glorification de l’épreuve injuste qui soi-disant nous ferait ressembler au Christ. Quand on dit : chacun sa croix, c’est pour consoler quelqu’un en lui montrant que les autres aussi sont accablés par l’adversité. Dans cette ligne, la croix suprême pour des parents par exemple, c’est l’handicap ou la mort prématurée de leur enfant ; pour un salarié, ce sera un collègue ou un chef supportable ; pour un adulte, la croix prendra la figure d’un défaut récurrent inamissible (addiction, trait de caractère, disgrâce physique…) etc.

On n’en est même venu à glorifier ces épreuves imposées par le hasard, la méchanceté ou la nature en y voyant un peu trop vite la volonté de Dieu, qui nous unirait ainsi la Croix du Christ en nous faisant souffrir injustement

L’Évangile d’aujourd’hui s’inscrit en faux contre ces interprétations aux relents malsains.
La croix n’est pas d’abord la douleur mais la solidarité avec les exclus.
La croix n’est pas une théorie sur le malheur innocent, mais le signe de la dépossession de soi.

Regardez Pierre : il veut passer devant Jésus, c’est-à-dire décider par lui-même comment le royaume de Dieu va arriver. Au lieu de se laisser conduire, il veut être maître de sa réussite. Au lieu de lâcher prise sur ses objectifs et ses combats, il veut les imposer à Jésus :« qu’à Dieu ne plaise, cela ne t’arrivera pas », récrimine-t-il contre Jésus annonçant sa Passion. Le fameuxVade retro Satanas est très clair : tu es un obstacle Pierre à la réalisation de l’amour divin si tu veux passer devant et tout décider à ta manière.
Passer derrière le Christ veut dire : arrête d’imaginer le succès à la manière des hommes, accepte que Dieu te conduise vers lui par des chemins que tu n’imagines même pas.

pda coran dans Communauté spirituellePrendre sa croix, c’est donc renoncer à sa volonté propre, au sens où je déciderais de tout, et accepter de me laisser guider. Jésus sera encore plus explicite lorsqu’il précisera sa mission à Pierre : « quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu allais où tu voulais ; quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas. Il signifiait, en parlant  ainsi, le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu. Ayant dit cela, il lui dit: « Suis-moi. » » (Jn 21,18-19)

Prendre sa croix pour Pierre l’amènera à Rome, lui qui était au départ en charge de Jérusalem, et sa mort sur la croix dans le cirque romain du Vatican sera l’aboutissement d’une vie finalement donnée aux païens où il ne se possédait plus lui-même.
Pour Paul également,
prendre sa croix n’est pas souffrir ou se résigner, mais laisser le Christ guider ses pas, uni à lui : « Je suis crucifié avec le Christ. Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi »  (Ga 2, 19-20).

 

Ne plus se posséder soi-même : cet idéal spirituel peut sembler étrange à une époque qui vante l’individualisme et l’auto-réalisation de soi. Dépendre des autres passe pour un signe de faiblesse. Ne pas décider de sa vie passe pour un signe d’impuissance. Paradoxalement, en même temps, la mondialisation de l’économie nous rend de plus en plus interdépendants, et les sciences humaines nous ramènent sans cesse à notre histoire personnelle qui nous façonne, à notre lien avec l’univers qui fait de nous la résultante de tant d’autres liens.

Nul n’est une île… mais on voudrait nous faire croire que la grandeur est de s’assumer tout seul, ou que la sagesse est d’être maître de soi.

Prendre sa croix à la suite du Christ résonne d’abord comme un immense lâcher-prise : vivre est d’abord un passif, même si cette passivité devient extraordinairement active par la suite.

Je suis désiré avant de désirer.

Je suis parlé avant de parler.

Je suis aimé avant de pouvoir aimer.

Redécouvrir ce passif structurant ma liberté et mon action est l’essence de la croix chrétienne.

 

Recevoir de se recevoir

Accepter de recevoir, c’est déjà beaucoup. Mais la croissance humaine de Jésus nous entraîne encore plus loin. Il ne reçoit pas seulement la vie. Il se reçoit lui-même, sans cesse. Jésus n’a jamais voulu se suffire à lui-même ; il ne croit pas à la sacro-sainte indépendance d’aujourd’hui, qui tourne si vite à l’individualisme ou à la solitude. Lui sait que pour devenir un homme, une femme, il faut accepter de se recevoir des autres, de ceux que l’on rencontre, qui nous façonnent, qui nous blessent, qui nous font grandir en humanité. Lui sait que recevoir de Dieu son identité la plus intime n’est pas humiliant, bien au contraire : il a l’humilité de recevoir de Dieu sa vocation, sa mission, son existence, le but de sa vie, sa raison de vivre la plus vraie (cf. Jn 4,34 ; 14,10 ; 16,32 …). Il demande à ses disciples qui il est, non pas pour leur faire passer un examen, mais pour l’aider lui-même à recevoir son identité et sa mission de ses amis (Mc 8, 27-35).

C’est pour cela qu’il ose appeler Dieu « Abba » = Père, papa ! C’est pour cela que par analogie nous l’appelons « Fils de Dieu » parce qu’il se reçoit continuellement d’un Autre que lui-même, et qu’il puise sa joie à devenir lui-même en se recevant d’un Autre qui l’aime. Tout le contraire du repli sur soi ! Tout le contraire de l’in-dépendance où je voudrais ne rien devoir à personne. L’enfant de la crèche – tout comme le crucifié abandonné – sait qu’il y a des liens d’amour sans lesquels nous ne pourrions pas devenir ce que nous sommes.

La communion d’amour trinitaire à laquelle nous sommes tous appelés n’est-elle pas le dynamisme le plus intime à la vie de Dieu : se recevoir ?

Et si l’appel à la vie divine passait par l’appel à se recevoir, ce que la Croix du Christ incarne au plus haut point ?

 

Le déni de la croix dans le Coran


On sait que pour Mohamed, la mort de Jésus – prophète d’Allah, et le plus saint de tous - sur la croix est inconcevable. Aussi Mohamed change-t-il le récit de la Passion du Christ pour un happy end – l’ascension au ciel – qui ne passe pas par la case honteuse de la crucifixion :

Coran 4, 157-158 : et à cause leur parole:  » Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d’Allah  » .. Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude: ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué. Mais Allah l’a élevé vers Lui. Et Allah est Puissant et Sage.

À la lumière de ce que nous avons dit plus haut, c’est somme toute logique. Parce que Dieu est communion d’amour trinitaire, les chrétiens découvrent en Jésus celui dont l’identité profonde est de faire la volonté du Père, qui est d’aller chercher et sauver ceux qui étaient perdus, dans la force de l’Esprit qui ressuscite les morts. Sans cette dynamique trinitaire, se laisser conduire par un autre redevient incompréhensible. Si Jésus ne fait pas un avec son Père, renoncer à soi, prendre sa Croix n’a aucun sens. Mohamed ressemble à Pierre traité par le Christ traité par le Christ de Satan lorsqu’il s’insurge contre la croix de Jésus. Il n’admet pas que le salut puisse venir de cette impuissance. Alors le Coran invente un prophète à sa manière, échappant à la mort infamante de la Croix, réussissant à la manière des hommes par une victoire éclatante, sans ce supplice déshonorant réservé aux esclaves et aux sans-Dieu. La croix fait d’ailleurs partie des châtiments infligés par les musulmans eux-mêmes aux mécréants :

Coran 5,33 :  La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s’efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l’ignominie ici-bas ; et dans l’au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment.

On comprend mieux pourquoi un Messie crucifié est inacceptable pour l’islam.

 

Comment renoncer à soi-même et se laisser conduire ?

Prendre sa croix est décidément au cœur de l’identité chrétienne. Non comme une résignation ni une glorification malsaine du malheur, mais comme le désir le plus fort de se laisser aimer jusqu’à se laisser conduire là où nous n’aurions pas pensé aller, par amour pour les exclus de notre temps.

Porter sa croix ne se réfère pas en premier lieu aux épreuves que nous appelons des croix, mais à un abandon de sa vie journellement répété  – à la mort à soi-même qui doit marquer le chrétien. Même si cela me dépasse, et nous dépasse, ce ne sont pas les situations les plus douloureuses qui sont pour l’être humain les plus difficiles à vivre. Le plus difficile pour vous et pour moi, est de décider chaque jour et même à chaque minute, de lâcher le gouvernail de notre vie et de le donner et de le redonner sans cesse à Jésus, le Christ qui habite en nous, pour qu’il nous conduise. Souffrir, même et surtout si c’est injuste, est un grand défi, mais accepter de ne plus être maîtres chez nous, en est un plus grand encore.

 

Comment renoncer à soi-même et se laisser conduire ?

En écoutant ce qui est dit à travers les événements, les rencontres, les lectures etc. qui jalonnent notre route.

En contemplant en soi et autour de soi les signes qui nous indiquent des directions à prendre, insoupçonnés.

En étant attentif à ce qui nous dé-route, ce qui nous surprend et nous emmène ailleurs.

En discernant à travers le bruit et la fureur de l’ordinaire ce léger bruissement, ce fin murmure ou l’Esprit de Dieu nous parle, où son souffle gonfle nos voiles vers des rivages inconnus…

 

 

 

1ère lecture : « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient » (Is 50, 5-9a)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu. Il est proche, Celui qui me justifie. Quelqu’un veut-il plaider contre moi ? Comparaissons ensemble ! Quelqu’un veut-il m’attaquer en justice ? Qu’il s’avance vers moi ! Voilà le Seigneur mon Dieu, il prend ma défense ; qui donc me condamnera ?

Psaume : Ps 114 (116 A), 1-2, 3-4, 5-6, 8-9

R/ Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants.
ou : Alléluia ! (Ps 114, 9)

J’aime le Seigneur :
il entend le cri de ma prière ;
il incline vers moi son oreille :
toute ma vie, je l’invoquerai.

J’étais pris dans les filets de la mort,
retenu dans les liens de l’abîme,
j’éprouvais la tristesse et l’angoisse ;
j’ai invoqué le nom du Seigneur :
« Seigneur, je t’en prie, délivre-moi ! »

Le Seigneur est justice et pitié,
notre Dieu est tendresse.
Le Seigneur défend les petits :
j’étais faible, il m’a sauvé.

Il a sauvé mon âme de la mort,
gardé mes yeux des larmes
et mes pieds du faux pas.
Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants.

2ème lecture : « La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte » (Jc 2, 14-18)
Lecture de la lettre de saint Jacques

Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ? Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. »

Evangile : « Passe derrière moi… » (Mc 8, 27-35)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Que la croix du Seigneur soit ma seule fierté !
Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde.
Alléluia. (Ga 6, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? » Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. » Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. » Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne. Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. »
Patrick BRAUD

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21 mars 2015

L’Annonciation, fête islamo-chrétienne

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 18 h 55 min

L’Annonciation, fête islamo-chrétienne

 

Mercredi 25 Mars 2015 / Année B
Homélie pour la fête de l’Annonciation

 

Effet d’annonce

D’habitude, quand les hommes veulent communiquer sur quelque chose d’important, ils soignent la mise en scène. Ils convoquent les journalistes : presse écrite, télévisions… Ils plantent le décor : drapeau républicain ou syndical, écran géant ou cohorte de militants appuyant leurs discours… C’est ce qu’on appelle l’effet d’annonce. Ils espèrent ainsi que l’annonce aura tellement d’impact qu’elle créera l’évènement à elle seule, indépendamment des suites réelles données à cette annonce. D’ailleurs, beaucoup d’annonces sensationnelles proclamées avec un savant effet d’annonce n’ont eu que peu de suites en réalité après… Autrement dit : l’effet d’annonce est rarement une annonce suivie d’effets…

Ici rien de tel dans la fête de l’Annonciation qui nous réunit : pas de journalistes entre Marie et Gabriel, pas de décor majestueux sinon l’humble demeure de Nazareth, pas de groupe de partisans pour épauler la jeune fille.

L’Annonciation, fête islamo-chrétienne dans Communauté spirituelle fra_angelico_annonciation_san_marco_flor

C’est dans le secret que Marie accueille l’incroyable nouvelle de la vie divine déposée en elle. Le même secret dont Jésus a entouré cette période de 40 jours pour nous préparer à Pâques : « Ton Père voit ce que tu fais en secret : il te le revaudra » (Mt 6, 4.6.18) Il n’y a que ces 5 usages du mot « secret » en Mt, 5 étant le chiffre de la loi (les 5 livres de la Tora) : c’est en secret que la loi s’accomplit, et combien plus en Marie !

Nous passons ainsi de l’effet d’annonce à l’Annonciation…

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L’annonce faite à Marie… et à Maryam

Par exemple : savez-vous l’importance de cette fête pour le Liban ? Ce peuple, si souvent déchiré entre musulmans et chrétiens, entre chiites et sunnites, ce peuple libanais  a décrété en 2009 que le 25 Mars serait désormais Fête Nationale. Le conseil des ministres présidé par le sunnite Fouad Si­niora l’avait en effet déclarée « fête nationale islamo-chrétienne ».

Quel superbe message d’espoir : les libanais réunis autour de Marie !

C’est une particularité unique dans le monde, et c’est au Liban que cela se passe : aujourd’hui, fête de l’Annonciation, chrétiens et mu­sulmans prient officiellement ensemble. Cette journée – sobrement intitulée « Ensemble autour de Marie »sonne comme un message d’entente et de dialogue dans un pays souvent divisé.

Car pour les musulmans aussi ce jour est une grande fête. Le Coran raconte lui aussi l’annonce faite à Maryam (Marie) d’une naissance virginale. Pour l’Islam, le plus saint des prophètes, Jésus, est le Fils de Marie, et à cause de cela les musulmans ont une tendresse particulière pour Marie qu’ils vénèrent et à qui ils se confient.

 

Le Coran Sourate 19 Maryam (Marie)

220px-Mariam_and_Isa Annonciation16. Mentionne, dans le Livre (le Coran), Marie, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l’Orient.
17. Elle mit entre elle et eux un voile Nous lui envoyâmes Notre Esprit (Gabriel), qui se présenta à elle sous la forme d’un homme parfait.
18. Elle dit: « Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux Si tu es pieux, (ne m’approche point).
19. Il dit: « Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur ».
20. Elle dit: « Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m’a touchée, et je ne suis pas prostituée ? »
21. Il dit: « Ainsi sera-t-il ! Cela M’est facile, a dit ton Seigneur ! Et Nous ferons de lui un signe pour les gens, et une miséricorde de Notre part. C’est une affaire déjà décidée ».
22. Elle devient donc enceinte (de l’enfant), et elle se retira avec lui en un lieu éloigné.
23. Puis les douleurs de l’enfantement l’amenèrent au tronc du palmier, et elle dit: « Malheur à moi ! Que je fusse morte avant cet instant ! Et que je fusse totalement oubliée ! »
24. Alors, il l’appela d’au-dessous d’elle, (lui disant:) « Ne t’afflige pas Ton Seigneur a placé à tes pieds une source.
25. Secoue vers toi le tronc du palmier: il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres.
26. Mange donc et bois et que ton oeil se réjouisse ! Si tu vois quelqu’un d’entre les humains, dis (lui:) « Assurément, j’ai voué un jeûne au Tout Miséricordieux: je ne parlerai donc aujourd’hui à aucun être humain ».
27. Puis elle vint auprès des siens en le portant (le bébé) Ils dirent: « Ô Marie, tu as fait une chose monstrueuse !
28. Soeur de Haroun (Aaron), ton père n’était pas un homme de mal et ta mère n’était pas une prostituée ».
29. Elle fit alors un signe vers lui (le bébé) Ils dirent: « Comment parlerions-nous à un bébé au berceau ? »
30. Mais (le bébé) dit [1] : « Je suis vraiment le serviteur d’Allah. Il m’a donné le Livre et m’a désigné Prophète.
31. Où que je sois, Il m’a rendu béni ; et Il m’a recommandé, tant que je vivrai, la prière et la Zakat ;
32. et la bonté envers ma mère. Il ne m’a fait ni violent ni malheureux.
33. Et que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant ».

 34. Tel est Issa (Jésus), fils de Marie: parole de vérité, dont ils doutent.

 

Que Marie nous réunisse, ici en France, là-bas au Liban.

Qu’elle nous apprenne à passer de l’effet d’annonce tapageur à l’Annonciation véritable : celle qui, dans le secret des cœurs, tisse la vie divine en chacun de nous…

 

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[1] On voit ici l’influence très nette sur Mohamed et sa rédaction du Coran d’écrits apocryphes provenant de milieux chrétiens hétérodoxes. Ce « miracle » de Jésus parlant dès le berceau est mentionné dans certains textes des premiers siècles, mais n’a pas été retenu dans le Canon des Écritures chrétiennes. L’analyse historico-critique du Coran révèle bien d’autres héritages des courants de pensée juifs ou chrétiens régnant au 6° siècle en Arabie.

 

 

1ère lecture : « Voici que la vierge concevra » (Is 7, 10-14; 8, 10)

Lecture du livre d’Isaïe

Le Seigneur envoya le prophète Isaïe dire au roi Acaz :
« Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets. »
Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. »
Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! Eh bien ! Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, c’est-à-dire : Dieu-avec-nous. »

- Parole du Seigneur

Psaume : 39, 7-8a, 8b-9, 10, 11

R/ Me voici, Seigneur, pour accomplir ta volonté. (cf. 39, 8.9)

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens.


« Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles. »

J’annonce la justice
dans la grande assemblée ;
vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.

Je n’ai pas enfoui ta justice au fond de mon cœur,
je n’ai pas caché ta fidélité, ton salut ;
j’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.

2ème lecture : Le Christ entre dans le monde pour faire la volonté du Père (He 10, 4-10)
Lecture de la lettre aux Hébreux

Il est impossible, que le péché soit enlevé par le sang des animaux.
Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit, d’après le Psaume : Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps.
Tu n’as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché ; alors, je t’ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c’est bien de moi que parle l’Écriture.
Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni accepté les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les expiations pour le péché que la Loi prescrit d’offrir.
Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime l’ancien culte pour établir le nouveau.
Et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.

- Parole du Seigneur

Evangile : L’Annonciation (Lc 1, 26-38)

Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire. Venez, adorons-le. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (cf. Jn 1, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? »
L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait : ‘la femme stérile’. Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. »

Alors l’ange la quitta.
Patrick BRAUD

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8 février 2015

La riposte des oulémas contre les fanatiques islamistes

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 00 min

La riposte des oulémas contre les fanatiques islamistes

 

La riposte des oulémas contre les fanatiques islamistes dans Communauté spirituelle riposte-musulmane

Dans une lettre ouverte au calife autoproclamé de l’État islamique (EI), plus d’une centaine de spécialistes du Coran condamnent les meurtres et les attentats commis au nom de l’islam, en s’appuyant sur les textes.

 

Alors que son fils part faire le djihad en Syrie, un père tente de le retenir en arguant simplement l’interdit de tuer. Le jeune extrémiste répond par une citation du Coran, qui exhorte à prendre les armes pour Dieu. Il reste sourd à l’argument du sens commun, et part.

Comment aurait-il pu être ramené à la raison? Pas en lui reprochant sa foi, accusée d’être une folie. On se serait alors déclaré son ennemi. Alors? Une autre option: parler son langage et l’encourager à cultiver davantage la lecture du Coran. Qu’il devienne plus taliban que les talibans, soit, littéralement, un «étudiant» en arabe.

Des théologiens musulmans sunnites s’y sont essayés, s’attelant à cette tâche pédagogique dès septembre 2014. Ces savants (oulémas, en arabe) de toutes nations (Nigeria, Égypte, Émirat d’Abou Dabi, Pakistan, États-Unis…) ont ainsi adressé une lettre ouverte à Abou Bakr Al-Baghdadi, le pseudo-calife de l’État islamique, à l’usage de qui voudrait fourbir ses armes théoriques pour lutter contre le fanatisme.

En s’appuyant sur leur maîtrise du Coran et du Hadith (le livre des traditions), ils entendent prouver que les islamistes fanatiques sont non seulement des criminels mais aussi des impies, et ils les condamnent. Que contiennent ces vingt-quatre mises au point et que dit le Coran ?

Ce document est disponible en anglais, en perse, en turc, en bosniaque. En voici une traduction partielle, avant le texte intégral. Les extraits reproduits montrent que le Coran n’est qu’un prétexte pour les extrémistes, et qu’une lecture radicale et profonde encouragerait à l’union et à la paix.

 

 EXTRAITS

Oulémas

5. Il est interdit par l’islam d’ignorer les réalités contemporaines lorsqu’elles enseignent des règles légales
« La “jurisprudence pratique” est l’application de la charia, qui s’adapte aux réalités et aux circonstances dans lesquelles les gens vivent. Il faut identifier leurs problèmes, difficultés et capacités particuliers auxquels ils sont soumis. Comme le dit Ibn Quayyim (in I’lam Al-Muqui’een, IV, p.157).

6. Il est interdit par l’islam de tuer des innocents

Ne tuez aucun homme, car Dieu vous l’a défendu, sauf pour une cause juste. (Coran, 17, 33) 

Je vais vous lire ce que votre Seigneur vous a défendu : ne lui associez aucun être, traitez vos pères et vos mères avec générosité, ne tuez pas vos enfants à cause de la pauvreté : nous vous donnerons de quoi vivre ainsi qu’à eux, soyez éloignés aussi bien du dehors que de l’intérieur des turpitudes, ne tuez point les hommes, car Dieu vous l’a défendu, excepté si la justice l’exige. Voilà ce que Dieu vous recommande, pour que vous 

compreniez enfin. (Coran, 6,151) 

Tuer une âme est haraam, c’est-à-dire interdit et inviolable sous la loi islamique. Par ailleurs, il est aussi dit :

Celui qui aura tué un homme sans que celui-ci ait tué un homme ou semé le désordre dans le pays sera regardé comme le meurtrier du genre humain. Et celui qui aura rendu la vie à un homme sera regardé comme s’il avait rendu la vie a tout le genre humain. (Coran, 5, 31)

Toi, tu as tué des innocents qui n’étaient pas armés, juste parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec tes opinions.

7. Il est interdit par l’islam de tuer des émissaires, des ambassadeurs et des diplomates, de même qu’il est interdit de tuer des journalistes et des aides humanitaires

Toutes les religions interdisent de tuer les émissaires et autres messagers, comme le dit Ibn Masoud, in Musnad (VI, p.306).

Les journalistes honnêtes sont des émissaires de la vérité. Or toi tu as tué J.Foley et S.Sotloff. Et l’aide humanitaire D.Haines. Tu as commis ce qui était haraam.

[...] 10. Il est interdit par l’islam de maltraiter ou de faire du mal aux chrétiens ou tout autre peuple de l’Écriture.

Aux Arabes chrétiens, tu as proposé l’impôt, la mort ou la conversion. Mais tu as peint leurs maisons, tu as détruit leurs églises, et leur a demandé de partir avec ce qu’ils avaient sur le dos, sinon ils étaient tués. Or ils étaient des amis et des voisins, ils ont fait la guerre avec nous.

Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui n’ont point combattu contre vous à cause de votre religion, et qui ne vous ont point bannis de vos foyers. Dieu aime ceux qui agissent avec équité. (Coran, 60, 8) 

L’impôt que tu voulais imposer ne s’applique que dans certains cas. Pour les Arabes chrétiens, il n’est pas valable.

Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apôtre ont défendu, et à ceux d’entre les hommes des Écritures qui ne professent pas la croyance de la vérité. Faites-leur la guerre jusqu’à ce qu’ils payent le tribut, tous sans exception, et qu’ils soient humiliés. (Coran 9,29) 

Ne combattrez-vous pas contre un peuple qui a violé ses serments, qui s’efforce de chasser votre prophète ? Ce sont eux qui ont été les agresseurs. Les craindrez-vous ? Dieu mérite bien plus que vous les craigniez, si vous êtes croyants. (Coran, 9, 13) 

Comme le calife Omar l’a fait, il faut pratiquer la charité, sadaqah, avec ces chrétiens qui ont toujours voulu vivre avec nous.

[...] 12. La réintroduction de l’esclavage est interdite par l’islam. Il a été aboli par un consensus universel

Pas un seul universitaire musulman ne prétendrait que ce n’est pas un but de l’islam que d’abolir l’esclavage.

Qu’est-ce qui peut apprendre ce que c’est que la pente ? C’est de racheter les captifs, de nourrir, aux jours de disette, l’orphelin qui est notre proche. (Coran, 90, 12-14)

 […] Ils affranchiront un esclave avant qu’il y ait une nouvelle cohabitation. (Coran, 58, 3)

Dans la Sunnah, voire Ibn Kathir’s Al-Bidayah (V, p.284), il est dit que le Prophète Mahomet a libéré les hommes et les femmes qu’on lui avait donné. Tous les pays musulmans sont signataires de conventions anti-esclavage scellées par les siècles. Tu es responsable de crimes contre tous les musulmans. »

 

RÉSUMÉ 

1- Il est interdit en islam de promulguer des fatwas sans posséder toutes les connaissances nécessaires. Même alors, les fatwas doivent suivre la théorie juridique islamique telle que définie dans les textes classiques. Il est également interdit de citer une partie du Coran – ou une partie d’un verset – pour en déduire une règle sans regarder tout l’enseignement du Coran et des hadiths lié à cette question. En d’autres termes, il y a de stricts préalables à la fois subjectifs et objectifs envers les fatwas et on ne peut se permettre de « piquer de-ci-delà » des versets du Coran sortis du contexte du Coran et des hadiths pour les ériger en lois.

2- Il est interdit en Islam d’édicter des lois sur quoi que ce soit sans maîtrise de la langue arabe.

3- Il est interdit en Islam de simplifier à l’extrême des questions relatives à la charia sans tenir compte de ce qu’en disent les savants musulmans.

4- Il est permis dans l’islam d’avoir des avis différents sur quels que soient les sujets, à l’exception des fondements de la religion que tout musulman doit connaître.

5- Il est interdit dans l’islam d’ignorer la réalité de l’époque contemporaine lorsque l’on rend un avis juridique.

6- Il est interdit en islam de tuer des innocents.

7- Il est interdit en Islam de tuer des émissaires, des ambassadeurs et des diplomates ; il est donc interdit de tuer les journalistes et les travailleurs humanitaires.

8- En Islam le Jihad est une guerre de défense. Elle n’est pas autorisée sans de bonnes raisons, sans cause juste et sans des règles de conduite.

9- Il est interdit en Islam de déclarer non-musulmans des personnes sans qu’elles le déclarent elles-mêmes ouvertement.

10- Il est interdit en Islam de faire du mal ou de maltraiter d’une quelconque façon des chrétiens ou des « gens du Livre ».

11- Il est obligatoire de considérer les Yazidis comme des gens du Livre.

12- Est interdite en Islam la réintroduction de l’esclavage aboli par entente universelle.

13- Il est interdit en Islam de forcer des gens à se convertir.

14- Il est interdit en Islam de nier les droits de la femme.

15- Il est interdit en Islam de nier les droits des enfants.

16- Il est interdit en Islam de promulguer des punitions légales (hudud) sans suivre les procédures qui permettent d’assurer la justice et la clémence.

17- Il est interdit en Islam de torturer.

18- Il est interdit en Islam de défigurer des morts.

19- Il est interdit en Islam d’attribuer à Dieu des actes mauvais.

20- Il est interdit en Islam de détruire les tombeaux et lieux de pèlerinage des Prophètes et des Compagnons.

21- L’insurrection armée est interdite en Islam pour des raisons autres que celle de l’incroyance explicite du dirigeant et son refus de laisser prier les gens.

22- Il est interdit en Islam de proclamer un califat sans le consensus de tous les musulmans.

23- La loyauté envers son pays est permise en Islam.

24- Après la mort du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) , l’Islam n’exige de personne d’émigrer où que ce soit.

 

LETTRE OUVERTE

TEXTE INTÉGRAL

 

Au nom de Dieu, Celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux,

Gloire à Dieu, le Seigneur des Mondes,

Paix et Bénédictions soient sur le Sceau des Prophètes et les Messagers.

Par le jour en déclin.

Oui, l’homme est en perdition, à l’exception de ceux qui croient, et qui font de bonnes œuvres, qui

s’encouragent à rechercher la vérité et s’exhortent à la patience. (Sr 103, 1-3)

 

Lettre ouverte

Au Dr Ibrahim Awwad Al-Badri, alias ‘Abu Bakr Al-Baghdadi’

Aux combattants et partisans de l’« État islamique autoproclamé ».

 

La Paix et la Miséricorde de Dieu soit sur vous.

 

5928-61 attentat dans Communauté spirituelleLors de votre sermon du 6 du mois de Ramadan, 1435 (4 juillet 2014), vous déclariez, paraphrasant Abu Bakr Al-Siddiq: « Si vous trouvez que ce que je dis et fais est juste, alors soutenez-moi, mais si vous trouvez que ce que je dis et fais n’est pas correct, alors conseillez moi et remettez-moi dans le droit chemin ». Ce qui suit est l’opinion d’intellectuels via les medias. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit: « La religion c’est l’avis [qui rectifie] [1].» Tout ce qui est rapporté ci-dessous s’appuie entièrement sur les déclarations et actes des compagnons de l’  « État islamique » tels qu’ils les ont eux-mêmes promulgués dans les réseaux sociaux ou dans les rapports de témoins musulmans. On a tout fait pour éviter de pures inventions et des malentendus. En outre, tout ce qui est dit ici consiste en un résumé écrit dans un style simple qui reflète l’opinion de la majorité écrasante des intellectuels sunnites tout au cours de l’histoire musulmane. Dans l’un de ses discours [2], Abu Muhammad Al-Adnani dit : « Que Dieu bénisse le Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  qui a été envoyé avec l’épée de la Miséricorde à tous les mondes. [3] » Cette déclaration comporte une série de confusions et offre un exemple erroné. Elle est pourtant souvent reprise par les partisans de l’« État islamique ». Concernant Dieu qui a envoyé Mohammed (à lui le Salut) à tous les mondes : « Nous ne vous avons envoyé qu’en signe de miséricorde à tous les mondes. » (AlAnbiya’, 22: 107). Cela reste vrai pour tous les temps et tous les lieux. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  fut envoyé en signe de miséricorde aux gens, aux animaux, aux plantes, aux cieux et aux êtres subtils, ceci, tout musulman le reconnaît. C’est une déclaration commune qui ne souffre aucunes conditions et qui est tirée du Coran lui-même. Cependant, l’expression « envoyé avec l’épée » fait partie d’un hadith se rapportant à une certaine époque et un certain lieu qui ne sont plus. Il est donc interdit d’assimiler de cette façon Coran et hadiths, tout comme il est interdit de mêler le général et le particulier, le conditionnel et l’inconditionnel. D’ailleurs, Dieu s’était présenté comme Miséricorde : « « Votre Seigneur s’est prescrit à lui-même la miséricorde … » (Al-An’am, 6: 54). Dieu a également déclaré que Sa Miséricorde recouvre toutes choses… « Ma Miséricorde s’étend à toutes choses … » (Al-A’raf, 7, 156). Dans un hadith classé authentique, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit : « Quand Dieu fit la création, il écrivit au-dessus de son trône : ‘En vérité, Ma Miséricorde surpasse Ma colère [4]’. Il est donc interdit d’assimiler « l’épée » –et par là la colère et l’intransigeance – avec « la Miséricorde ». Il est également interdit de faire croire que l’expression « miséricorde pour tous les peuples » s’efface devant l’expression « envoyé par l’épée ». De plus, comment pourrait « une épée » influencer des royaumes là où les épées n’ont aucun effet, comme dans les cieux, sur les êtres subtils et les plantes ? Le Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  étant miséricorde, on ne peut le taxer de l’être sous conditions pour avoir pris l’épée (à une certaine époque, pour une raison spécifique et dans un contexte particulier). Et ceci n’est pas que de la théorie. Cela révèle justement le sens de la plupart des choses qui vont arriver quand on assimile à tort l’épée à la miséricorde divine.

1. Théorie sur les lois (fiqh) et exégèse coranique :

Parlant de l’exégèse coranique, de la compréhension des hadiths et de la question de la théorie sur les lois en général, la méthodologie employée par Dieu dans le Coran et par le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dans le hadith se présente comme suit: considérer tout ce qui a été révélé sur une question particulière dans son entièreté sans la faire dépendre d’un angle de vision puis juger – si l’on est qualifié pour le faire – en se basant sur toutes les sources scripturaires disponibles. Dieu (il n’y a pas d’autre Dieu que Lui) dit: « Quoi, croyez-vous à une certaine partie du Livre et vous restez incrédules sur une autre ? (Al-Baqarah, 2: 85) «. «… Ils altèrent le sens des mots, en les sortant de leur contexte ; ils oublient une partie de ce qui leur avait été rappelé » (Al-Ma’idah, 5: 13) ; « … ceux qui ont réduit le Coran en pièces » (Al-Hijr,15:91). Une fois tous les passages scripturaires pertinents collectés, il s’agit de distinguer ce qui est ‘général’ de ce qui est ‘particulier’, ce qui est ‘sujet à conditions’ de ce qui est ‘inconditionnel’. De même faut-il distinguer entre passages ‘en clair’ et textes allégoriques. De plus, les raisons et les circonstances de la révélation (asbab annuzul) pour tous les passages et les versets ainsi que toutes autres conditions d’herméneutique mentionnées par les imams classiques, doivent être bien comprises. C’est pourquoi il n’est pas permis de citer un verset ou même une partie sans prendre en compte du sens précis que leur donnent le Coran et les Hadiths. La raison c’est que tout ce qui est dans le Coran est vérité et tout ce qui est dans un hadith authentique est inspiré par Dieu. Il n’est donc pas permis de trier à son gré. Il est en effet impératif de concilier tous les textes entre eux pour autant qu’il soit possible et quand il y a des raisons pour qu’un texte l’emporte sur un autre. C’est ce qu’explique l’imam Shafi’i dans son Al-Risalah que rejoignent tous les spécialistes du Fiqh. L’imam al-Haramayn, Al-Juwayni, dit dans Al-Burhan fi Usul AlFiqh : concernant les qualités requises à un mufti et les disciplines qu’il doit posséder : … il est impératif que le mufti soit un connaisseur de la langue, pour comprendre la charia en arabe. … il est impératif qu’il soit expert en syntaxe et en analyse grammaticale, … il est impératif qu’il connaisse bien le Coran puisque le Coran est la base de toutes les règles fondamentales… Qu’il ait une connaissance de l’abrogation des textes est indispensable ainsi que la science des fondements de la jurisprudence (usul), pierre angulaire de tout l’ensemble… Il devrait aussi posséder toutes les clés pour répondre aux questions qui demandent preuves et arguments ainsi que leurs fondements. Il leur faut également posséder la science du hadith pour être capables de distinguer le hadith authentique du peu fiable, le correct de l’apocryphe … Il devrait être formé à la jurisprudence… De plus, sachant qu’un « esprit de légiste » (fiqh el-nafs) est indispensable, cela devient le propre de quiconque a affaire avec les principes de lois. Les savants musulmans ont résumé tout cela en disant qu’un mufti est « quelqu’un qui a la maîtrise des textes et les arguments pour justifier les principes légaux. » « Les textes » signifient qu’on soit capable de maîtriser la langue, l’exégèse coranique et la connaissance des hadiths ; quant aux « arguments » il s’agit de posséder la théorie des lois, de raisonner par analogie pour comprendre les divers cas et avoir l’esprit des lois (fiqh al-nafs). Al-Ghazali a tenu un même langage dans Al-Mustasfa (Vol. 1, p.342), tout comme Al-Suyuti dans Al-Itqan fi Ulum Al-Qur’an (Vol. 4, p.213).

2. La langue :

Comme nous l’avons déjà dit, un des piliers les plus importants de la théorie des lois c’est la maîtrise de la langue arabe. Cela veut dire, de l’arabe, maîtriser la grammaire, la syntaxe, la morphologie, la rhétorique, la poésie, l’étymologie et l’exégèse coranique. Si l’on ne maîtrise pas ces disciplines, il est inévitable que l’on se fourvoie. Votre déclaration de ce que vous appelez « le Califat » était intitulée « Ce que Dieu a promis ». Celui qui a formulé cette déclaration voulait faire allusion au verset qui dit: « Dieu a promis à ceux d’entre vous qui croient et qui pratiquent de bonnes œuvres qu’il en ferait ses lieutenants sur la terre, tout comme Il le fit pour ceux qui vécurent avant eux. Il leur a promis aussi d’établir fermement leur religion qu’Il lui a plu de leur donner et de changer, ensuite, leur inquiétude en sécurité. Ils m’adoreront et ils ne m’associeront rien. Ceux qui, après cela, seront incrédules, ceux-là sont les pervers » (An-nur, 24, 55). Mais il n’est pas permis d’invoquer un verset particulier tiré du Coran pour l’appliquer à un évènement 1400 ans après que le verset ait été révélé. Comment Abu Mohammed Al-Adnani peut-il dire que c’est la promesse de Dieu qui se réalise dans ce qu’il appelle un califat ? Même en supposant que sa revendication soit juste, il aurait dû dire : « ceci tient de la promesse de Dieu ». Il y a encore une autre erreur : en ce sens qu’il s’est approprié le mot « istikhlaf » (succession) pour l’attribuer à ce qu’il appelle un califat. On peut trouver la preuve que l’utilisation de ce mot n’est pas correcte en lisant le verset suivant: « Il dit: ‘peut-être votre Seigneur fera-t-il périr votre ennemi et, après la disparition de celui-ci, vous fera-t-il son lieutenant pour voir comment vous vous comporterez?’» (Al-Araf, 7, 129). Le mot « istikhlaf » (succession) signifie qu’ils se sont installés sur la terre où vivait un autre peuple. Cela ne veut pas dire qu’ils sont les dirigeants d’un système politique particulier. Selon Ibn Taymiyyah, il n’existe pas de tautologie dans le Coran [5]. Il y a une différence entre « khilafah » et « istikhlaf ». Al-Tabari dit dans son exégèse (tafsir) du Coran: « il vous fera successeurs (yastakhlifakum). Par là il veut dire: « il vous fera leur succéder sur leur terre après leur destruction ; ne les craignez pas ni aucun autre peuple [6]. » Ceci prouve que le mot « istikhlaf », ici, ne signifie pas « gouvernance » mais plutôt « occupation de leur terre ».

3. Une simplification à outrance :

Il n’est pas permis de parler constamment de « simplifier les choses » ni de « piquer ça et là » un extrait du Coran sans l’appréhender dans tout son contexte. Il n’est pas non plus permis de dire: « L’Islam est simple et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) , et ses honorables Compagnons étaient simples, alors pourquoi compliquer l’islam ? ». C’est exactement ce qu’Abu Al-Baraa’Al-Hindi a fait dans sa vidéo en ligne de juillet 2014 où il dit: « Ouvrez le Coran et lisez les versets sur le jihad et tout deviendra clair… tous les savants me disent: « Ceci est obligatoire devant la loi (fard) ou cela ne l’est pas et que ce n’est pas le moment pour un jihad… ignorez-les tous et lisez le Coran, vous saurez ce qu’est le jihad » «. Les gens ont besoin de comprendre que le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  et ses honorables Compagnons se sont débrouillés avec peu, sans technologie sophistiquée, mais ils étaient plus à même que nous tous de comprendre la jurisprudence et l’esprit. Pourtant un tout petit nombre seulement de Compagnons furent qualifiés pour promulguer des fatwas. Dieu dit dans le Coran: « Dis: « Ceux qui savent et ceux qui ne savent pas se valent-ils ? » (Al-Zumar, 39: 9). Dieu dit encore: « Interrogez les gens auxquels le Rappel a été adressé, si vous ne savez pas » (Al-Anbiya’, 21: 7) ; et encore: « Si on l’avait rapporté au Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  et à ceux qui, parmi eux, détiennent l’autorité, ceux qui parmi eux sont capables de discernement l’auraient appris d’eux… ». (Al-Nisa’, 4: 83). Ainsi, la jurisprudence n’est pas chose facile et n’importe qui ne peut en parler avec autorité, ni décréter des fatwas (ordonnances religieuses). Dieu dit dans le Coran: « …Mais seuls réfléchissent ceux qui sont doués d’intelligence » (Al-Ra’d, 13: 19). Et le Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit : « Quiconque parle du Coran sans le connaître mérite d’attendre sa place au Feu « [7]. Il est aussi grand temps d’arrêter de dire de façon irréfléchie: « ce sont des hommes et nous sommes hommes » ; ceux qui prétendent cela n’ont pas du tout la même appréhension et le même discernement que les vénérables Compagnons et les imams des Pieux ancêtres (as-salaf as-saleh) auxquels ils se réfèrent.

4. Quand les points de vue diffèrent :

Il y a deux sortes de points de vue: les blâmables et les louables. Pour ce qui diffère dans les blâmables, Dieu dit dans le Coran: « Ceux qui ont reçu le Livre ne se sont divisés qu’après la venue de la preuve décisive. » (Al-Bayyinah, 98: 4). Quant à la différence de point de vue dans les louables, Dieu dit : « Dieu a dirigé ceux qui ont cru à la Vérité au sujet de laquelle d’autres se sont disputés, avec sa permission… » (Al-Baqarah, 2, 213). C’est l’opinion qui a été défendue par Al-Imam Asshafi’i dans Al-Risalah, par les trois autres imams et tous les savants de l’islam pendant plus d’un millier d’années. Quand il y a différence de points de vue parmi les éminents savants, on choisit le plus miséricordieux, c’est-à-dire le meilleur. La sévérité est à éviter tout comme on devrait éviter l’idée que la sévérité est la mesure de la piété. Dieu dit en effet : « Suivez l’excellente Révélation qui vous est parvenue de la part de votre Seigneur … » (Az-Zumar, 39, 55) ; et aussi : « Pratique le pardon, ordonne la bonté et tiens-toi loin des ignorants. » (Al-A’raf, 7, 199). Il dit encore : « [Ceux] qui écoutent la Parole [de Dieu] et qui obéissent à ce qu’elle contient de meilleur, voilà ceux que Dieu dirige, voilà ceux qui sont doués d’intelligence ! » (Az-zumar, 39, 18). Dans un hadith de source authentique, on rapporte ces mots d’Aïcha: « Devant plusieurs choix, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  a toujours choisi le moins sévère [8]. ». On ne devrait pas considérer le point de vue le plus sévère comme le plus pieux, le plus religieux ou le plus conforme à Dieu. En effet, dans la sévérité il y a de l’exagération et de l’extrémisme. Dieu dit dans le Coran : « Dieu veut pour vous la facilité, il ne vous veut pas la contrainte. » (Al-Baqarah, 2: 185). D’ailleurs, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  déclare : « Ne soyez pas sévères avec vous-mêmes de peur que Dieu le soit envers vous. Un peuple a été sévère avec lui-même et Dieu le leur a bien rendu [9]. Il y a de la folie des grandeurs et de la vanité dans la sévérité, car les gens sévères se disent en eux-mêmes : « Je suis sévère, quiconque l’est moins que moi est un faible et je leur suis donc supérieur. » Il est évident qu’on attribue là une mauvaise intention à Dieu, comme s’Il avait révélé le Coran pour rendre les gens malheureux. Dieu dit en effet : « Ta. Ha. Nous n’avons pas fait descendre sur toi le Coran pour te rendre malheureux ». (Ta Ha, 20, 1-2). Il est intéressant de noter que la plupart des gens devenus musulmans à travers l’histoire, y ont été invités par la douceur (da’wah hasanah). Dieu dit encore : « Appelle les hommes vers les chemins de ton Seigneur par la Sagesse et une belle exhortation ; discute avec eux de la meilleure manière. Oui, ton Seigneur connaît parfaitement celui qui s’égare hors de son chemin, comme il connaît ceux qui sont bien dirigés. » (Al-Nahl, 16: 125). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit: “Soyez doux et méfiez-vous de la violence et du langage grossier [10]. » Et, alors que l’islam se répandait politiquement de l’Asie Centrale (Khurasan) à l’Afrique du Nord au gré des conquêtes musulmanes, la majorité des habitants de ces contrées sont restés chrétiens pendant des centaines d’années jusqu’à voir certains d’entre eux l’accepter progressivement, invités par la douceur et non par la sévérité ou la contrainte. En effet d’immenses pays et des provinces entières devinrent musulmanes non pas par la conquête mais par l’invitation (da’wah), ainsi en fut-il de l’Indonésie, de la Malaisie, de l’Ouest et de l’Est de l’Afrique et autres. La sévérité n’est donc ni une marque de piété ni une manière de répandre l’islam.

5. La jurisprudence dans les faits (fiqh al-waq’i) :

Que veut-on dire par jurisprudence dans les faits ? Il s’agit du processus à suivre pour appliquer les règles de la charia et les adapter aux réalités et conditions que vivent les gens. Il faut pour cela connaître de l’intérieur les réalités que vivent les gens, sentir leurs problèmes, leurs combats, leurs possibilités et ce qu’ils ont à supporter. La jurisprudence dans la pratique (fiqh al-waq’i) étudie les textes applicables aux réalités des gens dans un temps donné et les obligations que l’on peut repousser ou retarder jusqu’à ce qu’ils soient capables de les suivre. L’imam Ghazali dit : « Concernant les façons de faire qui s’imposent, il n’y a pas à chercher bien loin, il suffit d’un effort individuel de réflexion (ijtihad) pour les trouver, même si elles n’existaient pas [11]. Ibn Qayyim Al-Jawziyyah dit: “Un juriste doit comprendre la propension qu’a une population à comploter, tromper et frauder, en plus des coutumes et traditions qui sont les siennes. Les édits religieux (fatwas) changent avec l’époque, les lieux, les coutumes et les circonstances. Tout ceci vient de la religion de Dieu, telle qu’elle a déjà été expliquée [12].

6. Le massacre d’innocents :

Dieu dit dans le Coran : « Ne tuez pas l’homme que Dieu vous a interdit de tuer sinon pour une juste raison » (Al-Isra, 17, 33). Il dit encore : « Dis, « Venez ! Je vous dirai ce que votre Seigneur vous a interdit: ne lui associez rien ; soyez bons envers vos parents ; ne tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté – nous vous accorderons votre subsistance avec la leur – éloignez-vous des péchés abominables, apparents ou cachés ; ne tuez personne injustement, Dieu vous l’a interdit. Voilà ce que Dieu vous ordonne. Peut-être comprendrez-vous » «. (Al-An’am, 6, 151). Eliminer un être vivant (quel qu’il soit) est harram (absolument interdit par la loi musulmane) c’est aussi un des péchés les plus abominables (mubiqat). Dieu dit dans le Coran : « Voilà pourquoi nous avons prescrit aux fils d’Israël que quiconque a tué un homme qui lui-même n’a pas tué ni commis de violence sur terre, est considéré comme s’il avait tué toute l’humanité ; et celui qui sauve un seul homme est considéré comme s’il avait sauvé l’humanité entière. Nos prophètes étaient venus à eux avec des preuves irréfutables, mais, par la suite, un grand nombre d’entre eux se mirent à commettre des excès sur terre. » (Al-Ma’idah, 5: 32). Vous avez tué de nombreux innocents qui n’étaient ni des combattants, ni armés mais simplement parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec vous [13].

7. Le meurtre d’émissaires :

Il est clair que toute religion interdit le meurtre d’émissaires. Ce qu’on entend ici par émissaires ce sont les gens qui sont envoyés d’un pays à un autre pour accomplir la noble tâche de réconciliation ou la délivrance d’un message. Les émissaires ont un statut spécial d’inviolabilité. Voici ce que dit Ibn Masoud: «La Sunnah maintient qu’aucun émissaire ne soit jamais tué [14]«. Les journalistes – s’ils sont honnêtes et, bien sûr, pas des espions – sont des émissaires de la vérité, parce que leur travail est en général de présenter la vérité des faits en public. Vous avez tué sans pitié les journalistes James Foley et Steven Sotloff, même après que la mère de Sotloff vous eût supplié et imploré de l’épargner. Les travailleurs humanitaires sont aussi des ambassadeurs de la miséricorde et de la douceur. David Haines en était et vous l’avez tué. Ce que vous avez fait est absolument interdit (harram).

8. Le jihad :

Tout musulman voit dans le jihad quelque chose de vertueux. Dieu dit, sourate Al-Tawbah, 9, 38 : « Ô vous qui croyez, qu’avez-vous ? Lorsque l’on vous a dit : ‘élancez-vous sur le chemin de Dieu’, vous vous êtes appesantis sur la terre. Préférez-vous la vie de ce monde à la vie future ? » Il dit encore : « combattez sur le chemin de Dieu ceux qui luttent contre vous. Ne soyez pas agressifs, Dieu n’aime pas les agressifs » (Al-Baqarah, 2, 190) et bien d’autres versets. L’imam Shafi’i, les trois autres imams et d’ailleurs tous les savants voient dans le jihad une obligation faite à tous (fard kifayah) et non pas une obligation personnelle (fard ayn) du fait que Dieu a dit : « Dieu a promis à tous d’excellentes choses, mais Il préfère les combattants à ceux qui restent chez eux et il leur réserve une grande récompense. » (An-Nisa’, 4, 95). Le mot ‘jihad’ est un terme musulman qui ne peut s’appliquer à un conflit armé contre un autre musulman ; c’est un principe fermement établi. De plus, tous les savants s’accordent pour dire que le jihad ne peut se faire qu’avec le consentement de ses parents. Preuve en est qu’un jour, un homme vint trouver le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  pour lui demander la permission de faire le jihad, ce à quoi le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) lui a rétorqué : ‘Tes parents sont-ils vivants ?’, ‘- Oui’, dit-il, ‘Alors, fais ton jihad (combat) en les aidant.’ [15]. En fait, il y a deux jihad en islam : le grand qui est un combat contre soi-même et le petit, pour combattre son ennemi. Parlant du grand jihad, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit : « Nous sommes revenus du grand jihad pour aller au petit [16]«. Si vous dites que ce hadith est de faible authenticité ou apocryphe, vous en trouverez évidence dans le Coran lui-même : « Ne te soumets pas aux incrédules, lutte contre eux, avec force [litt. un grand jihad]. (Al-furqan, 25, 52). Le mot “en plus” dans ce verset nous réfère au Coran et signifie « une guérison pour ce qui est dans les cœurs » (Yunus, 10, 57). Il se retrouve clairement exprimé dans le hadith du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) : « Vous dirais-je ce que sont les meilleures actions et le plus bel acte de piété aux yeux de notre Seigneur, ce sont ceux qui élèveront votre rang dans l’Au-delà, ce qui est mieux pour vous que d’acheter de l’or ou des traites et mieux encore que de vous lancer armés à l’assaut de votre ennemi et de vous entretuer ? – ‘Oui’, disent-ils et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) de répondre : ‘C’est se souvenir de Dieu’ [17]« Ainsi, le grand jihad, c’est le jihad contre soi-même et l’arme c’est se souvenir de Dieu et purifier son âme. De plus, Dieu, dans un autre verset, nous éclaire sur la relation qu’il y a entre les deux sortes de jihad: « Ô vous qui croyez ! Soyez fermes quand vous rencontrez un ennemi, souvenez-vous de Dieu, que vous puissiez l’emporter ». (Al-Anfal, 8, 45). Ainsi, rester ferme, tel est le petit jihad ; il dépend du grand jihad qui est le combat contre soi-même dans le souvenir de Dieu et la purification de l’âme. De toute façon, le jihad est un chemin qui mène à la paix et à la sécurité et non une fin en soi. Dieu a des paroles claires : « Combattez-les jusqu’à la fin de la révolte et que le culte de Dieu soit rétabli. S’ils s’arrêtent, cessez de combattre, sauf contre les malfrats. «(Al-Baqarah, 2: 193). Dans votre discours du 4 juillet 2014, vous dites : « Il n’y a pas de vie sans jihad. » Vous vous basez peut- être sur l’exégèse d’Al-Qurtubi du verset suivant : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Dieu et à son Prophète, quand il vous appelle à ce qui vous fait vivre… » (Al-Anfal, 8: 24). Un vrai jihad vivifie le cœur. Mais il peut y avoir vie sans jihad, car des musulmans peuvent passer une vie entière sans être appelés à combattre ou sans avoir à faire appel au jihad. L’histoire musulmane en regorge d’exemples. De fait, vous êtes, vous et vos compagnons, d’intrépides combattants prêts à vous sacrifier dans votre course au jihad. Tout ceux qui suivent fidèlement les évènements, qu’ils soient amis ou ennemis, le reconnaissent. Mais un jihad sans raisons, ni buts, ni méthodologies, ni intentions légitimes, n’est pas un jihad mais relève plutôt d’une propagande belliciste et du crime. a. L’intention derrière le Jihad: Dieu dit : « L’homme ne possédera que ce qu’il aura acquis par ses efforts. » (Al-Najm, 53: 39). La tradition prophétique rapporte que sous l’autorité de Abu Mussa Al-Ash’ari, un homme vint trouver le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  pour lui dire : ‘De celui qui combat par zèle, par courage ou par orgueil, lequel des trois est dans la voie de Dieu ? Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  répondit : ‘Quiconque combat pour que l’emporte la Parole de Dieu est dans la voie de Dieu. [18] Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit encore : « Le premier qui sera jugé au jour de la Résurrection c’est celui qui est mort en martyr. Il sera présenté à Dieu qui lui fera connaître ses talents et il les reconnaîtra. Il lui demandera : ‘Qu’est ce que tu en as fait ?’ A quoi il répondra : ‘J’ai combattu pour vous jusqu’à en mourir’. Dieu dira : ‘Tu mens. Tu as combattu pour qu’on puisse dire de toi que tu es courageux et c’est ce qui est arrivé’. Il sera ensuite ôté de sa Face et jeté au Feu… » [19] b. La raison derrière le Jihad: la raison qui pousse les musulmans au jihad c’est lutter contre ceux qui les attaquent et non pas attaquer quelqu’un qui ne les as pas attaqués, ni faire violence contre quelqu’un qui ne leur a pas fait de mal. Les mots de Dieu qui permettent le jihad sont les suivants: « Toute permission est donnée de se défendre à ceux qui ont été attaqués parce qu’ils ont été opprimés injustement. Dieu est tout à fait capable de les aider ; et ceux qui ont été chassés injustement de leurs maisons pour avoir seulement dit : ‘Notre Seigneur est notre Dieu’. Si Dieu n’avait pas permis à certains de repousser d’autres hommes, des ermitages auraient été démolis, des synagogues, des oratoires et des mosquées où le nom de Dieu est largement invoqué. Oui, Dieu sauvera ceux qui l’assistent. Dieu le Fort, le Puissant. » (Al-Hajj, 22: 39-40). C’est ainsi que le jihad est lié à la sécurité, à la liberté de religion, à ceux qui ont subi du tort, qui ont été chassés de leurs terres. Ces deux versets ont été révélés après que le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) et ses Compagnons aient été torturés, massacrés et persécutés durant 13 ans sous les coups d’idolâtres. Il n’existe donc aucun jihad offensif ou agressif pour la simple raison qu’on a une religion ou des opinions différentes. C’est la position d’Abu Hanifa, les imams Malik et Ahmed et tous les autres savants y compris Ibn Taymiyyah à l’exception de quelques savants de l’école chafiite [20] c. Le but du Jihad: Les savants en islam s’accordent sur le but du jihad car Dieu dit : « Combattez-les jusqu’à la fin de la révolte et que le culte de Dieu soit rétabli. S’ils s’arrêtent, cessez de combattre, sauf contre les malfrats. «(Al-Baqarah, 2: 193). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dira plus tard : « Il m’a été demandé de combattre des gens jusqu’à ce qu’ils disent : ‘Il n’y a pas de dieu hormis Dieu. Si donc quelqu’un dit : ‘Il n’y a pas de dieu, hormis Dieu’, il est sauvé lui et ses biens en dehors de ce que permet la loi, et il est estimé de Dieu [21]. Tel est le but du jihad quand la guerre est engagée contre des musulmans. Ces textes disent ce qu’est la victoire dans le cas où les musulmans l’emportent ; ils précisent que la raison de faire le jihad ne doit pas se confondre avec son but. Le hadith cité plus haut se rapporte à un évènement qui a déjà eu lieu et qui se réfère à la Parole de Dieu : « C’est Lui qui a envoyé son Messager avec la direction et la religion vraie pour la faire prévaloir sur toute autre religion. Dieu se suffit comme témoin. » (AlFath, 48: 28). Cet évènement a eu lieu dans la péninsule arabique au temps du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) , car Dieu dit : « … afin que tu avertisses la Mère des cités [Umal-Qura] et ceux des environs… (Al-An’am, 6: 92) ; et aussi: “ Ô vous qui croyez! Combattez ceux des incrédules qui sont près de vous… » (Al-Tawbah, 9: 123). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit également : « Sortez les idolâtres de la péninsule arabique [22]«. Comment ceci n’a-t-il pas pu se passer quand Dieu promet au Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  : « C’est Lui qui a envoyé son Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  avec la direction, la religion vraie, pour la placer au-dessus de tout autre religion, en dépit des polythéistes. » (Al-Saff, 61: 9). Ce qu’on entend ici se passe dans la péninsule arabique au temps du Prophète. De toute façon, si les commandeurs du jihad voit que c’est dans l’intérêt des musulmans, il leur est permis de cesser le combat, même si le but n’a pas été atteint, car Dieu dit : « … S’ils s’arrêtent, cessez de combattre, sauf contre les malfrats. «(Al-Baqarah, 2: 193) Preuve en sont les évènements de Sulh al Hudaybiyyah. d. Le code de conduite du jihad: Le code de conduite du jihad se résume dans les propos du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  : « Mène la guerre mais ne sois pas sévère, ni traître, ne mutile ni ne tue des enfants [23]… ». Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  a dit encore, le jour de la conquête de la Mecque: « Vous ne devez pas tuer, ni blesser, ni faire du mal à ceux qui battent en retraite et quiconque ferme sa porte sera sauf. [24]«. De même, quand Abu Bakr As-saddiq mit sur pied une armée et l’envoya au Levant il déclara : « Vous trouverez des gens qui se sont dévoués à la vie en monastères, laissez-les à leurs dévotions. Vous en trouverez d’autres qui ont le diable en têtes (les diacres armés [25]), coupez-leur le cou. Mais ne tuez pas les vieux et les perclus, ni les femmes ou les enfants ; ne détruisez pas les maisons, ne coupez pas les arbres, ne vous attaquez pas au bétail sans bonnes raisons, ne brûlez pas, ni ne noyez les palmiers, ne soyez pas des traîtres ni des lâches, ne mutilez pas, ne pillez pas. Alors Dieu soutiendra ceux qui l’honorent Lui et Ses messagers alors qu’ils ne Le voient pas. Dieu est le Fort et le Puissant [26]. » Quant à l’exécution des prisonniers, la loi islamique l’interdit. Et pourtant vous avez tué de nombreux prisonniers y compris les 1700 du Camp Speicher à Tikrit en juin 2014, les 200 sur le champ pétrolier de Sha’er en juillet 2014, les 700 de la tribu des Sha’État à Deir el-Zor, (dont 600 civils nonarmés). Vous avez tués 250 prisonniers sur la base aérienne de Tabqah à Al-Raqqah en août 2014 ainsi que des militaires kurdes et libanais et tant d’autres dont on a rien dit mais que Dieu connaît. Ce sont là de haineux crimes de guerre. Si vous vous recommandez du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  qui aurait tué des prisonniers au cours de batailles, sachez qu’il n’en a ordonné l’exécution que de deux, à la bataille de Badr : Uqbah ibn Abi Mu’ayt et Nadr ibn AlHarith. C’était des chefs de guerre et des criminels et l’exécution de criminels de guerre est admise dans le cadre des lois de la guerre. C’est ce qu’a fait Saladin en prenant Jérusalem et ce qu’ont fait les alliés au procès de Nuremberg après la 2eguerre mondiale. Quant aux dizaines de milliers de prisonniers qui tombèrent sous la juridiction du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  au cours des dix ans qui furent le théâtre de 29 batailles, il n’a pas exécuté un seul soldat régulier. Bien mieux, il confia qu’ils avaient été traités avec clémence. [27]Le commandement de Dieu concernant les prisonniers et les prisonniers de guerre se lit ainsi: « … Puis vous choisirez entre les libérer ou les rançonner… » (Mohammed, 47, 4). Dieu commande que les captifs et les prisonniers de guerre soient traités avec dignité et respect : « Ils nourrissaient le pauvre, l’orphelin et le captif, pour l’amour de Dieu. » (Al-Insan, 76: 8). C’est un fait que la Sunna du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  revendique le pardon et l’amnistie pour les captifs, comme on peut le voir durant la conquête de la Mecque quand le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  déclara : « Je le dis comme mon frère Joseph l’a dit : ‘Il n’y aura aucun reproche ce jour’ Allez, vous êtes libres ! [28] » Finalement, un des plus grands principes sur la façon de mener le jihad c’est qu’on ne peut tuer que des combattants. On ne peut attenter intentionnellement à la vie de leurs familles ou de n’importe quel civil. Si vous voulez prendre en exemple ce qu’a dit le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  quand on lui a demandé si les personnes collatérales au combat et les femmes tuées en même temps que les idolâtres, voici : « Ils en font partie » [29]. Il faut savoir que ce hadith se rapporte à la mort d’innocents par accident et qu’il ne peut en aucune façon signifier que tuer intentionnellement des innocents – comme dans des bombardements – soit permis. Et quand Dieu dit : « … sois dur avec eux… » (Al-Tawbah, 9: 73) ; et: ‘… qu’ils vous trouvent durs…’ (Al-Tawbah, 9: 123), il s’agit d’un temps de guerre et non pas après.

9. Décréter des gens non-musulmans (takfir) :

Il s’est créé une confusion à propos du mot takfir, suite à l’exagération de quelques maîtres salafistes en matière de takfir (décréter quelqu’un non-musulman) et en poussant à l’extrême ce que Ibn Taymiyyah et Ibn Al-Qayyim en ont présenté. En bref, on peut résumer le takfir comme suit : a. Dans la quintessence de l’islam, quiconque déclare: « Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et Mohammed est le Prophète de Dieu «, est musulman et ne peut pas être déclaré non-musulman. Dieu dit : « Ô vous qui croyez ! Lorsque vous vous engagez dans le chemin de Dieu, soyez lucides et ne dites pas à celui qui vous offre la paix : ‘Tu n’es pas croyant !’Vous rechercheriez ainsi les biens de la vie de ce monde ; mais le butin est abondant auprès de Dieu. Vous vous comportiez ainsi autrefois : Dieu vous a accordé sa grâce, soyez lucides ! Dieu est bien informé de ce que vous faites ! » (Al-Nisa’, 4: 94). La signification du ‘soyez lucides’ dans le verset ci-dessus revient à poser la question: ‘Etes-vous musulmans ?’ La réponse est à prendre dans sa valeur nominale sans vouloir questionner ou éprouver leur foi. De plus, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit : « Malheur à vous, regardez ! Une fois que je serai mort, ne revenez pas à l’incroyance, et à vous entretuer [30] ». Il dit encore : « Quiconque dit : ‘Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu’ se sauve lui-même et ses biens, excepté ce qui est permis par la loi, et il est apprécié de Dieu [31] ». Ibn Omar et Aïcha ont dit : « Il n’est pas permis de déclarer les gens de la Qiblah non-musulmans [32]. » b. Cette question est de la plus haute importance car on l’invoque pour justifier le meurtre de musulmans, pour violer leur intégrité et usurper leurs biens et leurs droits. Dieu dit: « Quiconque tue volontairement un croyant aura l’enfer en rétribution ; il y séjournera et y encourra la colère de Dieu qui le maudit et lui prépare un châtiment terrible ». (Al-Nisa’, 4: 93). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  , ajoute : « Qui dit à son frère: ‘Ô mécréant, cela arrivera certainement à l’un d’entre vous [33]. » Dieu s’est élevé, dans des termes on ne peut plus sévères, contre celui qui tue quelqu’un qui confesse l’islam : « S’ils se tiennent à l’écart, s’ils ne combattent pas contre vous, s’ils vous offrent la paix, Dieu ne vous donne plus alors aucune raison de lutter contre eux. (Al-Nisa’, 4: 90). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  s’oppose à ce qu’on accuse des gens d’être polythéistes et de lever l’épée contre eux : « Celui que vous devez craindre le plus c’est celui qui a lu le Coran…, qui l’a mis de côté, jeté derrière lui et qui a levé l’épée contre son voisin, l’accusant de polythéisme [34]. » Il n’est pas permis de tuer un musulman (ni non plus tout être humain) sans arme et hors du combat. Usamah Ibn Zayd nous dit qu’après avoir tué un homme qui lui avait dit : « Il n’y a d’autre dieu que Dieu «, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  lui posa la question : « Il t’a dit ‘Il n’y a d’autre dieu que Dieu’ et tu l’as tué ? «Je lui répondis : « Ô messager de Dieu, il l’a simplement dit de peur de passer par nos armes. » Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  lui dit: «As-tu pu lire dans son cœur pour savoir s’il le pensait vraiment ? « [35]. Il y a peu de temps, nous avons pu voir sur une vidéo de Youtube Shaker Wahib, membre de ce que l’on connaissait alors sous le nom d’État islamique de l’Iraq et du Levant (ISIL) arrêter des civils nonarmés qui se déclaraient musulmans. Il leur a demandé combien de prostrations (raka’ahs) il y avait dans les prières rituelles. Comme ils n’avaient pas su répondre, il les a tués [36], un crime abominable, absolument interdit pas la loi musulmane. c. Les actions des hommes sont liées aux intentions qui sont derrière. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit: « Les actions valent par leur intention et chacun méritera en fonction de l’intention qu’il a eue [37]. ». De plus, Dieu dit : « Quand les hypocrites viennent à toi, ils disent : ‘Nous attestons que tu es le Prophète de Dieu !’ Et Dieu sait que tu es son Prophète, et Dieu atteste que les hypocrites sont menteurs. » (Al-Munafiqun, 63: 1). C’est ainsi que Dieu considère les mots des hypocrites sur le message du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  – fait incontestable –comme des mensonges vu que leur intention en le disant était de mentir. C’est un mensonge puisque leur bouche a prononcé une vérité que, Dieu le sait, leur cœur rejette. Ce qui veut dire que pour renier Dieu il faut en manifester l’intention et pas seulement lâcher des mots ou poser des actes. Il n’est pas permis d’accuser quelqu’un d’incroyance sans avoir la preuve qu’il le fait délibérément. Il n’est pas non plus permis d’accuser quiconque d’être non-musulman sans s’assurer de son intention. Il est, après tout, possible que quelqu’un ait été contraint, qu’il ne sache pas, qu’il soit aliéné ou qu’il se soit mal exprimé. Il a pu aussi mal interpréter une question. Dieu dit: « Celui qui renie Dieu après avoir cru – non pas celui qui subit une contrainte et dont le cœur reste en paix dans la foi – celui qui, délibérément, ouvre son cœur à l’incrédulité, la colère de Dieu est sur lui et un terrible châtiment l’atteindra. » (Al-Nahl, 16: 106). Il est interdit de faire des interprétations sur les conséquences des actes que posent les autres ; seule la personne elle-même peut les interpréter, surtout quand il y a différences d’opinion à ce sujet parmi les musulmans. Il est également interdit de déclarer quelqu’un non-musulman (takfir) sur la base d’un élément sur lequel il y a différences d’opinion parmi les savants musulmans. Il est interdit de déclarer non-musulman un peuple tout entier. C’est individuellement que l’on est incroyant par les actes que l’on pose et l’intention qui les fondent. Dieu dit : « Nul ne portera le fardeau d’un autre. » (Al-Zumar, 39: 7). Enfin, ceux qui savent leur entourage incroyant ou qui refusent de les appeler non-musulmans, il est interdit de les dire non-musulmans. La raison pour laquelle cette question a été longuement travaillée c’est que vous avez distribué les livres de Mohammed ben Abdel-Wahhab dès que vous avez atteint Mossoul et Alep. De toute façon, les savants, y compris Ibn Taymiyyah et Ibn Al-Qayyim Al-Jawziyyah font la distinction entre les actes de l’incroyant (kafir) et le fait de déclarer des gens non-musulmans (takfir). Même si quelqu’un pose des gestes dignes d’un incroyant, on ne peut, pour les raisons déjà citées, dire qu’il est incroyant. Al-Dhahabi [38] rapporte que son maître, Ibn Taymiyyah, avait l’habitude de dire à la fin de sa vie : « Je ne déclare aucun membre de la Ummah non-musulman. … Le Prophète dit : ‘Quiconque fait ses ablutions est un croyant’. C’est pourquoi je dis, qui observe ses prières avec ses ablutions est un musulman. » Ceci est très important. En effet, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit : « Le chirk subtil, (chirk = associer des dieux à Dieu) c’est quand un homme se met en position de faire sa prière et fait le beau pour qu’on le voit prier [39].» Il appelle donc l’ostentation dans la prière le chirk subtil, qui est un petit chirk. Ce petit chirk auquel succombent certains fidèles n’est pas considéré comme une association d’idolesmajeure, il ne conduit pas au takfir ni à quitter l’islam. A part les prophètes et les messagers, tous les autres adorent Dieu comme ils le peuvent et non comme Dieu le mérite. Dieu dit : « Ils n’apprécient pas Dieu à sa juste mesure… » (Al-An’am, 6: 91). Et aussi : « Ils vont t’interroger sur l’Esprit. Dis : ‘L’Esprit procède du commandement de mon Seigneur.’ Et il ne vous a été donné que peu de science…’ » (Al-Isra’, 17: 85). Et pourtant Dieu accepte cette adoration. Mais on ne peut concevoir la nature de Dieu parce que: « Rien n’est semblable à Lui » (Al-Shura, 42: 11) et encore : « Le regard des hommes ne peut l’atteindre, mais Lui scrute les regards. » (Al-An’am, 6: 103). On ne connaît rien de Lui si ce n’est ce qu’Il a dévoilé dans la révélation (al-wahy) ou transmis au Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  : « Son Esprit, il le lance sur qui il veut parmi ses serviteurs … » (Ghafir, 40: 15). Alors comment pourrait un homme lever l’épée contre les autres simplement parce qu’il pense qu’ils n’adorent pas Dieu comme Il le mérite ? Aucun n’adore Dieu comme Il le mérite si ce n’est avec sa permission. Plus fondamentalement encore, la question du chirk chez les Arabes est discutable, comme le dit le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  : « Le démon a perdu espoir de voir les Arabes de la Péninsule l’adorer, mais il cherche à semer la discorde parmi eux. [40] »

10. Les gens du Livre:

Aux Arabes chrétiens, vous avez donné trois choix: la jizyah (l’impôt), l’épée ou la conversion à l’islam. Vous avez peint leurs maisons en rouge, détruit leurs églises et en certains endroits, saccagé leurs demeures et leurs propriétés. Vous en avez tués et vous avez forcé à l’exil beaucoup d’autres avec rien d’autre sur le dos que ce qu’ils portaient. Ces chrétiens ne sont pas de ceux qui ont combattu l’islam, ni de ceux qui l’ont attaqué. Au contraire, ce sont des amis, des voisins, des concitoyens. Dans la perspective de la Chari’a, ils tombent tous sous des accords ancestraux qui remontent à 1400 ans et les lois du jihad ne s’appliquent pas à eux. Certains ont même combattu dans les rangs de l’armée du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  contre les Byzantins et sont, depuis, citoyens de l’État de Médine. D’autres bénéficient d’accords passés au temps d’Omar Ibn Al-Khattab, de Khalid Ibn Al-Walid, des Umayyades, des Abbassides, des Ottomans et leurs régimes respectifs. Bref, ce ne sont pas des étrangers sur ces terres, bien au contraire, ils sont originaires de ces lieux depuis les temps préislamiques. Ce ne sont pas des ennemis, mais des amis. Pendant 1400 ans, ils ont défendu leurs pays en guerroyant contre les Croisés, les colons, Israël et les autres… Alors comment pouvez-vous les traiter en ennemis ? Dieu dit dans le Coran : « Dieu ne vous interdit pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre foi et ne vous ont pas expulsés de chez vous. Traitez-les avec bonté et commercez avec eux dans l’équité. Dieu aime les justes.» (Al-Mumtahanah, 60: 8). Parlant de la jizyah, il faut dire qu’il y a deux sortes de jizyah dans la chari’a (loi islamique): La 1ère jizyah est celle qu’on lève sur des sujets qui ‘viennent d’être battus’. Elle s’applique à ceux qui ont combattu l’islam comme le dit la Parole de Dieu : « Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu ni au Jour dernier, ceux qui ne déclarent pas illicite ce que Dieu et son Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) ont déclaré illicite, ceux qui, parmi les gens du Livre, ne pratiquent pas la vraie religion. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils paient le tribut de la jizya après s’être soumis ». (Al-Tawbah, 9: 29). Comme il est dit dans un verset précédant cette sourate, ceux là sont ceux qui ont précédemment attaqué les musulmans : « Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments et cherché à expulser le Prophète ? N’ont-ils pas attaqué les premiers ? En aurez-vous peur ? Alors que Dieu mérite plus qu’eux d’être redouté, si vous êtes croyants ? (Al-Tawbah, 9: 13) [41]. La 2ème sorte de jizyah est celle qu’on lève sur ceux qui n’ont pas combattu l’islam. Elle remplace la zakat (dont seuls s’acquittent les musulmans et qui est plus élevée que la jizyah). Elle procède d’un engagement sans contrainte. Omar Ibn Al-Kattab convint de l’appeler « geste de charité » (sadaqah). La jizyah est alors déposée dans le trésor public et distribuée aux citoyens y compris aux chrétiens, comme cela s’est fait durant le califat d’Omar [42].

11. Les Yazidis :

Vous avez combattus les Yazidis sous la bannière du jihad mais ils n’avaient attaqué ni vous ni les musulmans. Vous les avez considérez comme des possédés du démon et leur avez donné le choix de la mort ou de la conversion forcée à l’islam. Vous en avez tués des centaines et les avez enterrés dans des fosses communes. Vous avez fait mourir et souffrir des centaines d’autres. Sans l’intervention des Américains et des Kurdes, des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards auraient été tués. Ce sont là d’horribles crimes. Selon la législation de la Chari’a, ce sont desMages et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit: « Traitez-les comme les gens du Livre [43]«. Oui, ce sont des gens du Livre car Dieu dit : « Le Jour de la Résurrection, Dieu distinguera les uns des autres : les croyants, les Juifs, les Sabéens, les Chrétiens, les Mages et les polythéistes. Dieu est témoin de tout. » (Al-Hajj, 22: 17). Même si vous doutez qu’ils soient des gens du Livre, selon la législation de la Chari’a, nombreux sont parmi les Vénérés Anciens à les assimiler à ces Mages dont il est fait mention dans les Hadiths. Les Umayyades considéraient même les Hindous et les Bouddhistes comme des dhimmis. Al-Qurtubi dit : «‘Al-Awza’I a dit: “La jizyah est levée sur ceux qui adorent les idoles et le feu, ainsi que sur les incroyants et les agnostiques.” C’est également la position des malékites. Selon l’Imam Malik, on prélevait la jizyah sur tous les adorateurs d’idoles et les incroyants, qu’ils soient arabes ou non … exception faite des apostats. [44]

12. L’esclavage :

Il n’est point de savants de l’islam qui mettent en cause que les visées de l’islam soient d’abolir l’esclavage. Dieu dit en effet : « Et comment savoir quelle est la barre à dépasser ? C’est racheter un captif, nourrir un proche en temps de famine » (Al-Balad, 90: 12-14) et encore: «… [Leur peine, ce sera] d’affranchir un esclave avant de cohabiter à nouveau…. » (Al-Mujadilah, 58: 3). La Sunna du Prophète rapporte qu’il libéra tous les esclaves hommes et femmes de sa maison ou qui lui avaient été remis [45]. Pendant plus d’un siècle, les musulmans, et pratiquement le monde entier se sont ligués pour interdire et criminaliser l’esclavage, ce qui fut un pas énorme dans l’histoire de l’humanité. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit en parlant du ‘Pacte des Vertueux’ d’avant l’islam au temps de la Jahiliyyah : « Si on m’avait demandé de l’accomplir en islam, je l’aurai fait [46]. Après un siècle d’accord entre musulmans sur l’interdiction de l’esclavage, vous l’avez violé. Vous avez pris des femmes pour en faire vos concubines faisant ainsi renaître conflits, séditions (fitnah), corruption et obscénité sur la terre. You avez ressuscité ce que la Chari’a avait infatigablement travaillé à supprimer et qu’elle considère unanimement interdit depuis plus d’un siècle. Oui, tous les pays musulmans du monde ont signé des conventions antiesclavagistes. Dieu dit : « Tenez vos engagements car les hommes seront interrogés sur leurs engagements. » (Al-Isra’, 17: 34). Vous portez la responsabilité d’un grand crime ainsi que toutes les réactions qu’il peut imputer aux musulmans.

13. Coercition et Contrainte:

Dieu dit: « Tu n’es pas leur surveillant.» (Al-Ghashiyah, 88: 22), et encore: “Pas de contrainte en religion. La voie droite se distingue bien de l’erreur… » (Al-Baqarah, 2: 256). Et aussi : « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous les habitants de la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les hommes à être croyants, alors qu’il n’appartient à personne de croire ? » (Yunus, 10: 99). Et ceci: « Dis : ‘La Vérité émane de votre Seigneur. Que celui qui le veut croie donc et que celui qui le veut ne croie pas’. » (AlKahf, 18: 29) et enfin: « A vous votre religion, à moi, la mienne.» (Al-Kafirun, 109: 6). On sait que le verset : « Pas de contrainte en religion », fut révélé après la conquête de la Mecque, on ne peut donc pas dire qu’il a été abrogé. Vous avez forcé des gens à se convertir à l’islam tout comme vous avez forcé des musulmans à adopter vos vues. Vous avez également forcé ceux que vous avez pris sous votre contrôle à vous suivre en tous points, importants ou pas et même sur des sujets qui regardent chacun dans son rapport avec Dieu. A Al-Raqqa, Deir el-Zor et dans d’autres régions que vous contrôlez, des groupes armés qui se font appeler ‘al-hisbah’, font leurs rondes parmi les populations et mettent les gens aux travaux forcés comme s’ils avaient reçu un ordre de Dieu. Et pourtant pas un seul des Compagnons ne s’est comporté ainsi. Ceci n’a rien à voir avec encourager ce qui est bien et honnête et interdire le mal. Au contraire, c’est de la violence, du harcèlement et de l’intimidation gratuite et continue. Si Dieu avait voulu ça, il vous l’aurait indiqué dans les plus minutieux détails de Sa religion. Car Dieu dit : « N’ont-ils pas compris, les croyants, que s’Il le voulait, Dieu aurait pu diriger tous l’humanité ? … » (Al-Ra’d, 13: 31). Et ceci : « Si nous le voulions nous ferions descendre du ciel un Signe sur eux et leurs nuques ploieraient devant lui. (Al-Shu’ara’, 26: 4).


14. Les femmes :

Vous traitez tout simplement les femmes comme des détenues et des prisonnières. Vous les faites s’habiller selon vos caprices. Elles ne peuvent quitter leurs demeures, ni aller à l’école. Et pourtant le Prophète a dit : « Il est obligatoire pour tout musulman de développer ses connaissances [47]. D’ailleurs le premier mot révélé du Coran fut : « Lis ». Elles n’ont pas non plus le droit de travailler ni de gagner leur vie, de vaquer librement à leurs occupations. Elles sont forcées de marier vos combattants. Dieu dit : « Vous les hommes, craignez votre Dieu qui vous a créés d’un seul être et de celui-ci a créé son épouse et a fait naître de ce couple un grand nombre d’hommes et de femmes. Craignez Dieu dont vous revendiquez [vos droits] des uns sur les autres et vos relations. Dieu vous voit. » (Al-Nisa’, 4: 1).Et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) : « Respectez les femmes [48]«

15. Les enfants:

Vous avez enrôlé des enfants dans la guerre et les avez poussés à tuer. Certains ont des armes dans les mains et d’autres jouent avec la tête de vos victimes. Vous envoyez des enfants au front pour tuer et se faire tuer. Dans vos écoles, des enfants sont torturés et forcés de faire tout ce que vous leur ordonnez, d’autres sont exécutés. Ce sont des crimes contre des innocents si jeunes qu’ils ne se rendent pas compte du mal qu’ils font. Dieu dit : « Pourquoi ne combattez-vous pas dans la voie de Dieu, pour les opprimés, les femmes et les enfants qui disent : ‘Seigneur, fais-nous sortir de ce pays dont les habitants sont injustes. Protège-nous. Porte-nous secours’. » (Al-Nisa’, 4: 75).

16. Les châtiments dits Hudud :

Les châtiments (hudud) sont fixés par le Coran et les hadiths et sont imposables sans rémission par la loi islamique. Mais on ne peut pas les appliquer sans qu’ils aient été clairement édictés, annoncés, rappelés et que la preuve fasse foi. Ils ne peuvent être pratiqués de manière cruelle. C’est ainsi que le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) évitait dans certains cas d’en arriver au hudud ; il est aussi notoire qu’Omar Ibn Al-Khattab a suspendu le hudud pendant la famine. Toutes les écoles de jurisprudence ont édicté pour les châtiments du hudud une manière bien définie empreinte de mansuétude qui les rend difficiles à mettre en pratique dans les faits. De plus, la suspicion et les doutes limitent le hudud au point que s’il y a un quelconque doute, on ne prononce pas le châtiment. D’ailleurs, ce châtiment n’est pas appliqué envers ceux qui sont dans le besoin, démunis ou destitués. On ne pratique pas le hudud envers ceux qui ont volé des fruits ou des légumes ou une somme modique. Vous vous êtes hâtés de remettre en valeur le hudud alors qu’en réalité la ferveur religieuse fait de la pratique du hudud quelque chose de difficile à réaliser avec un maximum de preuve.

17. La torture:

Des prisonniers et certains de ceux que vous contrôliez ont dit que vous les torturiez et les terrorisiez en les battant jusqu’à la mort et par d’autres formes de torture dont l’ensevelissement vivant. Vous avez décapité des gens au couteau, une des formes les plus cruelles de torture, ce qui est interdit par la loi islamique (Chari’a). Dans les massacres de masse que vous avez perpétrés – interdits par la loi islamique – vos combattants se moquaient de leurs victimes, bêlant devant eux pour leur dire qu’ils seraient tués comme des moutons avant de les achever comme des bêtes. Vos combattants ne se contentent pas de tuer, ils humilient, rabaissent et ridiculisent. Dieu dit : « Ô vous les croyants, ne laissez personne se moquer des autres : ils pourraient être meilleurs qu’eux… » (Al-Hujurat, 49: 11).

18. La mutilation:

Non seulement vous avez mutilé des corps, mais vous avez planté des têtes décapitées sur des piques et des bâtons. Vous avez shooté dans des têtes comme avec des ballons et vous avez diffusé ces images sur vidéos pendant la Coupe du Monde – un sport admis par l’islam et qui permet aux gens de se détendre et d’oublier leurs problèmes. Vous avez ri devant des cadavres et des têtes coupées et posté ces vues sur internet depuis des bases militaires que vous occupez en Syrie. Avec vos vidéos d’actes infâmes que vous prétendez être au profit de l’islam, vous avez ainsi procuré une provision d’armes à ceux qui veulent faire de l’islam un barbare. Vous avez donné au monde un bâton pour battre l’islam alors qu’en réalité l’islam est absolument innocent de ces actes et il les proscrit.

19. Faire de Dieu un criminel par humilité:

Après avoir attaché des soldats de la 17e division du Nordest de la Syrie à des barbelés, vous leur avez coupé la tête au couteau et posté le tout sur internet. Dans la vidéo, vous déclarez : « Nous sommes vos frères, les soldats de l’État islamique. Dieu nous a gratifiés de la victoire en gagnant contre la 17e division une victoire grâce à Dieu. Notre recours est en Dieu, notre force et notre pouvoir. Notre recours est en Dieu par nos armes et notre bravoure ». Vous avez donc attribué à Dieu ces crimes haineux et vous feignez une humble soumission à Dieu en disant que c’est lui qui a œuvré et pas vous. Mais Dieu dit : « Quand ils commettent l’abominable, ils disent : ‘Nous avons vu nos pères en faire autant et Dieu nous l’a ordonné’. Dis : ‘Dieu n’ordonne pas l’abomination. Dites-vous de Dieu ce que vous ne savez pas ? » (Al-A’raf, 7: 28).

20. Destruction des tombes et des sanctuaires des Prophètes et des Compagnons :

Vous avez fait sauter et détruit les tombeaux des Prophètes et des Compagnons. Les savants musulmans ne sont pas tous d’accord sur la question des tombes. Mais il n’est pas permis de détruire les tombeaux des Prophètes et des Compagnons et de déterrer leurs restes. Tout comme il est interdit de détruire des raisins sous prétexte que des gens en font du vin. Dieu dit : « … Ceux dont l’avis prévalut, dirent : ‘Elevons un sanctuaire au-dessus d’eux.’ » (Al-Kahf, 18: 21). Et encore : « Prenez la station d’Abraham comme lieu de prière… » (Al-Kahf, 18: 21). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit : « Je vous avais d’abord interdit de visiter les tombes. Permission a été accordée à Mohammed de visiter celle de sa mère, alors, visitez-les, car elles vous rappellent la mort et l’au-delà. » [49] La visite des tombes aide les gens à se rappeler la mort et l’au-delà. Dieu dit dans le Coran : « La rivalité [du monde] vous distrait jusqu’à ce que vous visitiez les tombes. » (Al-Takathur, 102: 1-2). Votre ancien chef, Abu Omar Al-Baghdadi disait: “A notre avis, il faut détruire et ôter de la terre toute manifestation de chirk (idolâtrie) et interdire tous les chemins qui y conduisent parce qu’on raconte de Muslim dans son Sahih sur l’autorité de Abu Al-Hayaj Al-Asadi, qu’‘Ali ibn Abi Talib a dit : ‘Ne devrais-je pas vous dire ce que le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) m’a mandaté de faire : n’épargner aucune statue qui ne soit anéantie ni aucune tombe qui ne soit rasée.’ ». Mais même si ce qu’il a dit est vrai, cela ne s’applique pas aux tombeaux des prophètes ou des compagnons, vu que les Compagnons se mirent d’accord pour enterrer le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  et ses deux compagnons, Abu Bakr et Omar dans un édifice contigu à la mosquée du Prophète.

21. Rébellion contre un dirigeant :

Il n’est pas permis de se rebeller contre le dirigeant quand il n’est pas avéré qu’il soit coupable d’incroyance déclarée (al-kufr al-bawwah), c’est-à-dire d’incroyance qu’il admet lui-même ouvertement et pour laquelle tous les musulmans s’accordent à voir en lui un non-musulman –ou quelqu’un qui s’oppose au rite de la prière. C’est clair dans la parole de Dieu : « Ô vous qui croyez, obéissez à Dieu, obéissez au Prophète et à ceux qui ont autorité sur vous » (Al-Nisa’, 4: 59). Et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit : « Ecoutez et obéissez même si un Abyssinien à la tête comme un raisin sec a autorité sur vous [50] ». Il dit encore : « Les meilleurs gouverneurs sont ceux que vous aimez et qui vous aiment, qui invoquent les bénédictions de Dieu sur vous et sur lesquels vous invoquez les bénédictions. Les pires sont ceux que vous haïssez et qui vous haïssent et que vous maudissez comme ils vous maudissent. Ceux qui étaient présents lui demandèrent : ‘Ne devrions-nous pas les pourfendre par l’épée ? – Non, dit-il, tant qu’ils préservent la prière chez vous. Mais si vous trouvez chez eux des choses à leur reprocher, exécrer leur administration, mais ne cessez pas de leur obéir. [51]. Quant au gouverneur réprouvé ou corrompu, il revient à ceux qui ont la possiblitié de voter, de mettre à sa place un calife issu de la Ummah (nation) (ahl al-hall wal-‘aqd) – si possible – sans sédition, ni révolte armée ni effusion de sang. Mais, il ne s’est pas rebellé. Il est interdit de se soulever contre un dirigeant même s’il n’applique pas la Chari’a, ou une partie, car Dieu dit : « Les incroyants sont ceux qui ne jugent pas les hommes d’après ce que Dieu a révélé. » (Al-Ma’idah, 5: 44). Et encore : « Les injustes sont ceux qui ne jugent pas les hommes d’après ce que Dieu a révélé ». (Al-Ma’idah, 5: 45). Et ceci: « Les pervers sont ceux qui ne jugent pas les hommes d’après ce que Dieu a révélé. » (Al-Ma’idah, 5: 47). Il y a donc trois niveaux parmi les gens qui ne mettent pas en pratique la Chari’a: l’incroyance (kufr), la méchanceté (fusuq) et la cruauté (dhulm). Quiconque met un obstacle ferme à la pratique de la Chari’a dans un pays musulman est un incroyant, mais celui qui ne met pas tout en pratique de la Chari’a ou simplement ce qui est le plus important est simplement un malhonnête ou un malicieux. Dans certains pays, la mise en pratique de la Chari’a est limitée pour une question de souveraineté dont dépend la sécurité nationale et on peut l’admettre. En résumé, Ibn Abbas [52] dit que quiconque ne met pas en pratique la Chari’a est un malhonnête malicieux, mais il ne peut être taxé d’incroyant. On ne doit donc pas se rebeller contre lui. Ibn Abbas a dit que régner autrement qu’avec les commandements de Dieu est ‘une incroyance d’incroyance’. Il dit encore : « Ils ne veulent pas dire incroyance ; ce n’est pas une incroyance qui vous sort de la religion. »

22. Le Califat :

On s’accorde (ittifaq) parmi les savants de l’islam sur le fait que le califat est une obligation au sein de l’Ummah. Celle-ci n’en a plus depuis 1924. Mais pour nommer un nouveau califat il faut le consensus des musulmans et pas simplement d’une faction dans un petit coin du monde. Omar Ibn, AlKattab dit : « Quiconque prête allégeance à un homme sans consulter les musulmans se ridiculise lui-même et on ne devra suivre ni lui ni celui à qui il prête allégeance, car ils ont mis leur vie en péril [53]. Proclamer un califat sans consensus est une insurrection (fitnah) parce qu’elle met la majorité des musulmans qui ne l’approuve pas hors du califat. Cela va également conduire à l’émergence d’autres califats rivaux qui risquent de semer soulèvements et querelles parmi les musulmans. Les débuts d’une discorde ont commencé à pointer quand les imams sunnites de Mossoul ont refusé de vous prêter allégeance et que vous les avez tués. Dans votre discours, vous citez le Compagnon d’Abu Bakr Al-Siddiq : « On m’a donné autorité sur vous et je ne suis pas le meilleur d’entre vous. » Ceci pose une question : qui vous a donné autorité sur la Ummah ? Quel est ce groupe ? Et si c’est le cas, ce serait un groupe de quelques milliers qui se serait autoproclamé gouverneur de plus d’un milliard et demi de musulmans. Cette attitude tient du cercle vicieux déclarant : le fait d’être musulmans nous permet de décider qui est le calife. Nous en avons choisi un et quiconque le refuse n’est pas musulman. » Dans ce cas, un calife n’est rien de plus que le leader d’un groupe qui déclare que plus de 99% de musulmans ne sont pas musulmans. D’autre part, si vous reconnaissez le milliard et demi de personnes qui se considèrent musulmans, comment ne pas les consulter (chura) sur votre soi-disant califat ? Vous êtes donc confrontés à deux conclusions : soit vous admettez qu’ils sont musulmans et ils ne vous ont pas nommé calife – auquel cas vous ne l’êtes pas, soit vous ne les reconnaissez pas musulmans, auquel cas les musulmans sont un petit groupe qui n’ont pas besoin de calife, alors pourquoi utiliser le terme de ‘calife’ ? Pour être vrai, le califat doit être issu du consensus des pays musulmans, des organisations de savants musulmans et des musulmans du monde entier.

23. Des filiations nationales :

Dans un de vos discours, vous dites: « La Syrie n’appartient pas aux Syriens ni l’Iraq aux Iraquiens [54]. Dans le même discours, vous appelez les musulmans du monde entier à immigrer dans les pays sous contrôle de l’« État islamique » de l’Iraq et du Levant. En faisant cela, vous vous octroyez les droits et les ressources de ces pays et vous les distribuez à des populations étrangères à ces terres, même si elles sont de la même religion. C’est exactement ce qu’Israël a fait en invitant les Juifs de l’extérieur à s’installer en Palestine, chassant les Palestiniens et les privant de leurs droits et de leurs terres. Où est la justice dans tout cela ? Il reste que le patriotisme et l’amour de son pays ne sont pas en contradiction avec l’enseignement de l’islam. Bien au contraire, l’amour de son pays coule de notre foi qui est instinctive et guidée par la Sunnah. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) a dit à la Mecque: « Comme mon pays m’est cher et combien vous l’êtes pour moi ! Si mon peuple ne m’avait pas forcé à partir, je ne serais pas parti vivre ailleurs [55]«. On retrouve de nombreuses marques de patriotisme et d’amour du pays dans le Coran et dans la Sunnah : « Si nous leur avions prescrit : ‘Entretuez-vous ou quittez vos maisons, ils ne l’auraient pas fait, excepté un petit nombre. » (Al-Nisa’, 4: 66). Le commentaire de Fakhr Al-Din Al-Razi dit: « Quitter sa terre revient à se donner la mort [56]«. Et, sous l’autorité d’Anas Ibn Malik, de retour à Médine et en voyant les murs de la ville, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) aurait hâté le pas de sa chamelle. Arpentant une côte, il l’aurait gravie de tout son amour [pour Médine] [57]. Ibn Hajar dit: « Ce hadith prouve à la fois que Médine a de la valeur et qu’il est tout à fait légal d’aimer sa patrie et de languir de la revoir [58].

24. L’émigration :

Vous avez invité les musulmans du monde entier à émigrer dans les pays contrôlé par  l’« État islamique » en Iraq et au Levant [59]. Abu Muslim Al-Canadi, soldat de  l’« État islamique » a déclaré : « Venez nous rejoindre [en Syrie] avant qu’on en ferme les portes. [60] Il suffit de reprendre les mots du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) : « Il n’y a plus d’émigration après la conquête [de la Mecque], mais le jihad et [son] intention demeure. Et quand tu seras appelé à combattre, marche en avant [61]. » Conclusion En conclusion, Dieu s’est présenté comme « le plus miséricordieux des miséricordieux ». Il créa l’homme de sa bonté. Dieu dit dans le Coran : « Le Miséricordieux a fait connaître le Coran. Il a créé l’homme. » (AlRahman, 55: 1-3). Et Dieu créa l’homme par sa Bonté: « Si ton Seigneur l’avait voulu, il aurait rassemblé tous les hommes en une seule communauté. Mais ils ne cessent pas de se diviser, excepté ceux auxquels ton Seigneur a fait miséricorde et c’est pour cela qu’il les a créés. (Hud, 11: 118-119). Du point de vue linguistique, « cela » ici se rapporte au nom le plus proche, c’est-à-dire à la « miséricorde » et non pas au fait de « se diviser ». C’est l’opinion d’Ibn Abbas qui dit: « Il les créa de sa bonté [62]. » La voie la plus sûre d’atteindre cette bonté c’est d’adorer Dieu qui dit : « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent ». (Al-Dhariyat, 51: 56). Adorer Dieu n’est pas une faveur que l’on obtient de Dieu mais bien plutôt une nourriture qu’il nous prodigue. « Je n’attends aucun don de leur part. Je ne désire pas qu’ils me nourrissent. C’est Dieu le dispensateur de tous biens et le Maître de la force. ». (Al-Dhariyat, 51: 57-58). De plus, Dieu a révélé le Coran dans un effet de sa bonté: “Nous faisons descendre avec le Coran ce qui est guérison et miséricorde pour les croyants… ». (Al-Isra’, 17: 82). L’islam est miséricorde et ses valeurs sont pleines de clémence. Le prophète, qui fut envoyé en signe de miséricorde pour tous les mondes a résumé les actions d’un musulman envers les autres par ces mots : « Celui qui ne manifeste aucune pitié, n’en recevra aucune [63] ». Et : « Montrez de la pitié et il vous sera fait miséricorde [64]. » Mais, comme on a pu le constater à travers tout ce qui a été mentionné, vous avez fait faussement de l’islam une religion de la dureté, de la brutalité, de la torture et du meurtre. Comme nous l’avons démontré, c’est là une énorme faute et une offense envers l’islam, envers les musulmans et envers le monde entier. Revenez sur vos actes, cessez vos exactions, repentez-vous, arrêtez de faire du mal aux autres et revenez à la religion de la miséricorde. Dieu dit dans le Coran: « Dis ‘Ô mes serviteurs, vous qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. Dieu pardonne tous les péchés. Oui, il est celui qui pardonne, le miséricordieux !’ » (Al-Zumar, 39: 53). Et Dieu est Le plus savant.

Le 24 du Dhu el Qi’da, année de l’Hégire / Le 19 septembre 2014 de l’ère chrétienne.

Les déclarations d’Ali bin Abi Talib (c.)

Nu’aym ibn Hammad rapporte dans Al-Fitan, que le 4e calife, Ali ibn Abi Talib a dit: Quand vous verrez les drapeaux noirs, restez où vous êtes, ne bougez ni les mains ni les pieds. Puis, apparaîtra un groupe médiocre et insignifiant. Leur cœur ressemblera à des fragments de fer. Ils possèderont l’état. Ils ne passeront ni engagement ni accord. Ils en appelleront à la vérité, mais ils ne seront pas le peuple de la vérité. Leurs noms seront ceux attribués par leurs parents et leurs noms de code seront dérivés des villes. Ils laisseront leurs cheveux libres au vent comme ceux des femmes. Cette situation durera jusqu’à ce qu’ils se divisent. Puis, Dieu apportera la Vérité à qui Il veut [65]. Les gens demandent : ce récit par Ali bin Abi Talib (c.) rapporté par le maître d’Al-Bukhari (Nu’aym bin Hamad) il y a plus 1200 ans dans son livre Al-Fitan, se rapporte-t-il à  l’« État islamique » ? Peut-on comprendre ce récit comme suit ? « Quand vous verrez les drapeaux noirs ». Les drapeaux de  l’« État islamique » sont noirs. « Restez où vous êtes » : c’est-à-dire: restez chez vous, ô musulmans et ne les rejoignez pas. « Et ne bougez ni les mains ni les pieds «, autrement dit: ne les aidez pas financièrement ni avec de l’équipement. « Puis, apparaîtra un groupe médiocre et insignifiant » : en fait, médiocre et insignifiant s’entend de leur religion, de leur moralité et de leur pratique religieuse. « Leur cœur ressemblera à des fragments de fer » : ils vont tuer impitoyablement des prisonniers de guerre et torturer cruellement des gens. « Ils possèderont l’état » : en fait il y a près d’un siècle qu’aucun autre califat islamique n’a été proclamé que cet actuel « État islamique » en Iraq et au Levant. « Ils ne passeront ni engagement ni accord. » : l’« État islamique » n’a passé aucun accord avec la tribu Cha’État après que celle-ci leur ait prêté allégeance. En fait, l‘« État islamique » en a égorgé des centaines ainsi que des journalistes. « Ils en appelleront à la vérité » : l‘« État islamique » se revendique de l’islam. « Mais ils ne seront pas le peuple de la vérité. » Les gens de la vérité sont cléments. Le Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  a dit: « Montrez de la pitié et il vous sera fait miséricorde ». « Leurs noms seront ceux attribués par leurs parents » : ‘ Ainsi, Abu Muthanna’, ‘Abu Muhammad’, ‘Abu Muslim’ etc.… « Et leurs noms de code seront dérivés des villes ». Ainsi: ‘Al-Baghdadi’, ‘al-Zarqawi’, ‘al-Tunisi’, etc.… « Ils laisseront leurs cheveux libres au vent comme ceux des femmes ». C’est justement ainsi que les combattants de l’« État islamique portent leur cheveux. « Jusqu’à ce qu’ils se divisent «, ainsi en est-il des différences entre l’« État islamique et son parent, le Front el-Nusra (el-Qaïda en Syrie). La lutte entre ces deux a déjà fait environ 10.000 morts en une seule année. « Puis, Dieu apportera la Vérité à qui Il veut ». Par une proclamation musulmane claire et sans équivoque (comme cette lettre ouverte). Le sage Luqman dit dans le Coran : « Ô mon fils. Même si c’était l’équivalent du poids d’un grain de moutarde et que cela fût caché dans un rocher ou dans les cieux, ou sur la terre, Dieu le présentera en pleine lumière. Dieu est subtil et bien informé. » (Luqman, 31: 16)

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NOTES

 

[1] Rapporté par Muslim in Kitab al-Iman, no. 55

[2] Publié par Sawarim Media sur YouTube (3 avr.14)

[3] Ibn Taymiyyah dit in Majmu’ Al-Fatawa (Vol. 28, p. 270), ‘The Prophet dit, “J’ai été envoyé avec l’épée

comme signe de la Dernière Heure pour que nul ne soit honoré sinon Dieu seul, sans associé. J’en appelle à

la force de mon épée. Honte, humiliation adviendront à ceux qui désobéissent à mes enseignements. Et

quiconque imite les gens en fera partie.” Ahmad fait part de ce hadith dans son Musnad [Vol. 2, p.50] sous

l’autorité de Ibn Umar et Bukhari le cite’. La chaîne des narrateurs de ce hadith est cependant faible.

[4] Rapporté par Bukhari in Kitab al-Tawhid, n° 7422 et par Muslim in Kitab al-Tawbah, n° 2751.

[5] Ibn Taymiyyah dit in Majmu’ Al-Fatawa (Vol. 13, p. 341), ‘La tautologie dans la langue [arabe] est rare et encore plus dans le Coran sinon inexistante.’ Al-Raghib Al-Asfahani dit in Mufradat Al-Qur’an (p. 55), ‘Ce livre a été suivi …d’un autre qui nous informe sur l’usage des synonymes et sur leurs subtiles différences. En cela, le caractère unique de chaque expression nous permet de la distinguer de ses synonymes.’

[6] Tafsir Al-Tabari (Vol. 9, p. 28).

[7] Rapporté par Al-Tirmidhi in Tafsir Al-Qur’an, n° 2950.

[8] Rapporté par Bukhari in Kitab al-Hudud, n° 6786 et by Muslim in Kitab al-Fada’il, n° 2327.

[9] Rapporté par Abu Dawood in Kitab Al-Adab, n° 4904.

[10] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Adab, n° 6030.

[11] Al-Ghazali, Al-Mustasfa fi Usul Al-Fiqh, (Vol. 1, p. 420).

[12] Ibn Qayyim Al-Jawziyyah, I’lam Al-Muqi’een ‘an Rabbil-‘Alamin, (Vol. 4, p. 157).

[13] Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) n’a pas tué les hypocrites qui n’étaient pas d’accord avec lui, il n’a pas non plus permis qu’ils soient tués. En effet, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit: ‘Afin qu’on ne dise pas que Mohammed a tué ses compagnons.’ Rapporté par Bukhari in Kitab Tafsir al-Qur’an, n° 4907, et par Muslim in Kitab alBirr wal-Silah, n° 2584.

[14] Rapporté par Imam Ahmad in his Musnad, (Vol. 6, p. 306).

[15] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Jihad, n° 3004.

[16] Rapporté par Al-Bayhaqi in Kitab al-Zuhd, (Vol. 2, p. 165), et par Al-Khatib Al-Baghdadi in Tarikh Baghdad, (Vol. 3, p. 523).

[17] Rapporté par l’Imam Malik in Al-Muwatta’ ; Kitab al-Nida’ Lissalah, n° 490 et aussi par Al-Tirmidhi in

Kitab alDa’awat et Ibn Majah in Kitab al-Adab, n°3790, et corrigé par Al-Hakim in Al-Mustadrak (Vol. 1, p. 673).

[18] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Tawhid, n° 7458 et par Muslim in Kitab al-Imarah, n° 904.

[19] Rapporté par Muslim in Kitab Al-Imarah, n° 1905.

[20] Cf. Ahkam al-Harb fil-Islam de Wahbi Al-Zuhayli.

[21] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Jihad, n° 2946.

[22] Rapporté par Bukhari in Sahih, Kitab al-Jihad, n° 3053, et par Muslim in Kitab al-Wasiyyah, n° 1637.

[23] Rapporté par Muslim in Kitab al-Jihad, n° 1731 et par Al-Tirmidhi in Kitab al-Diyyat, n° 1408.

[24] Rapporté par Ibn Abi Shayba in Al-Musannaf (Vol. 6, p. 498).

[25] Les diacres étaient des prêtres armés combattants.

[26] Rapporté par Al-Bayhaqi in Al-Sunan Al-Kubra, (Vol. 9, p. 90) et par Al-Marwazi in Musnad Abi Bakr, n°21.

[27] Rapporté par Ibn Abdullah in Al-Isti’ab (Vol. 2, p. 812) et par Al-Qurtubi dans son commentaire (Vol. 9,

p. 129): ‘Qatada dit: “Dieu a ordonné que les prisonniers soient bien traités.”’

[28] Rapporté par Al-Bayhaqi in Al-Sunan Al-Kubra, (Vol. 9, p. 118) ; Fayd Al-Qadeer Sharh al-Jami’ alSagheer, (Vol. 5, p. 71).

[29] Rapporté par Muslim in Kitab al-Jihad, n° 1745.

[30] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Maghazi, n° 4403 et par Muslim in Kitab al-Iman, n° 66.

[31] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Jihad, n° 2946.

[32] Tel que relaté in Al-Hafiz Al-Haythami’s Majma’ Al-Zawa’id, (Vol. 1, p. 106).

[33] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Jihad, n° 6104. [34] Rapporté par Ibn Habban in his Sahih, (Vol. 1, p. 282).

[35] Rapporté par Muslim in Kitab al-Iman, n° 96. Un autre récit rapporte: ‘“L’as-tu tué après qu’il ait dit: ‘il n’y a d’autre dieu que Dieu’. Je lui dis alors: “ Il essayait de sauver sa vie”. [The Prophet] continua à poser la question …” Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Maghazi, n° 4369.

[36] Vidéo sur YouTube, http: //www.youtube.com/watch?v=9yrVPE_-f9I , Juin, 2014.

[37] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab Bad’ al-Wahy, n °1 ; et aussi par Muslim in Kitab al-Imarah, n°1907.

[38] Siyar A’lam Al-Nubala’ de Al-Dhahabi, (Vol. 11, p. 393).

[39] Rapporté par Ibn Majah, Kitab al-Zuhd, n° 4204.

[40] Rapporté par Muslim in Kitab Sifat al-Qiyamah wal-Jannah wal-Nar, n° 2812.

[41] Al-Tabari dit dans son commentaire (Vol. 6, p. 157): ‘Dans la parole de Dieu: “combattez ceux qui ne croient pas en Dieu ni au Jour dernier …” n’est pas liée la question du pardon et de l’amnistie … S’ils sont d’accord d’être soumis et de payer la jizyah après la guerre, on peut ordonner de pardonner les complots et serments fomentés pour autant qu’ils ne mènent plus la guerre, sans payer la jizyah ou qu’ils refusent de suivre les lois qui s’y réfèrent.

[42] Des juristes décrétèrent la suppression de la jizyah pour ceux qui rejoindraient l’armée musulmane, comme ce fut le cas au temps d’Omar bin Al-Khattab.

[43] Rapporté par Al-Imam Malik in al-Muwatta’, in Kitab al-Zakat, n° 617, and by Al-Shafi’i in his Musnad,

n°1008.

[44] Commentaires d’Al-Qurtubi, (Vol. 8, p. 110).

[45] Cf. Al-Bidayah wal-Nihayah d’Ibn Kathir (Vol. 5, p. 284) dans lequel il dit: ‘Le Prophète a libéré les esclaves hommes et femmes …et après la mort du Prophète, on n’en comptait plus chez lui.’

[46] Ma’rifat as-Sunan wa Al-Athar, Bayhaqi (Vol. 11, p. 135) ; As-Sunan Al-Kubra, Bayhaqi (Vol. 6, p. 596) ; Sirah Ibn Hisham (Vol. 1, p. 266).

[47] Rapporté par Ibn Majah, n° 224 et par Al-Tabarani in al-Mu’jam al-Kabir (10/195).

[48] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Nikah, n°5186 ; et par Muslim in Kitab al-Rida’, n°1468.

[49] Rapporté par Muslim dans son Sahih, n° 977, et par Al-Tirmidhi, n°1054 et d’autres.

[50] Rapporté par Al-Bukhari in Ktab al-Adhan, n° 693.

[51] Rapporté par Muslim in Kitab al-Imarah, n° 1855.

[52] Rapporté par Al-Hakim in Al-Mustadrak ‘ala as-Sahihayn, (Vol. 2, p. 342).

[53] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Hudud, n°6830.

[54] BBC news online, 1er Juillet 2014.

[55] Rapporté par Al-Tirmidhi in Kitab al-Manaqib, n°3926 et in Sahih Ibn Hibban (Vol. 9, p. 23).

[56] Mafatih Al-Ghayb, Al-Razi (Vol. 15, p. 515) exégèse d’Al-Anfal, 8: 75.

[57] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Hajj, n°1886.

[58] Fath Al-Bari, Ibn Hajar (Vol. 3, p. 621).

[59] BBC news online, on 1st July 2014.

[60] Il est apparu sur une vidéo de propagande diffusée par Hayat Media Center, en août, 2014.

[61] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Jihad, n° 2783.

[62] Cf. Mafatih Al-Ghayb, Al-Razi (Vol. 18, p. 412).

[63] Rapporté par Bukhari in Kitab al-Adab, n°5997, et par Musim in Kitab al-Fada’il, n°2318.

[64] Rapporté par Ahmad dans son Musnad (Vol. 2, p. 160).

[65] Rapporté par Nu’aym ibn Hammad in Kitab Al-Fitan, Hadith n°573.

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Sources :

 
et
et la traduction française ici:

 

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