Emmaüs : une catéchèse de cheminement
Emmaüs : une catéchèse de cheminement
Homélie pour le 3° Dimanche de Pâques / Année A
23/04/2023
Cf. également :
Et nous qui espérions…
Le courage pascal
Emmaüs : mettre les 5 E dans le même panier
Le premier cri de l’Église
La grâce de l’hospitalité
On demande des pédagogues !
L’Éducation Nationale manque cruellement de professeurs. La faute sans doute à des salaires trop bas. Et plus encore à des conditions difficiles : une classe de trente adolescents qui ne jurent que par leurs écouteurs, leurs écrans et leurs réseaux sociaux n’est pas facile à apprivoiser. Pour peu que les élèves viennent de quartiers défavorisés, tous les handicaps se cumulent pour faire de la charge d’enseignant une mission presque impossible. Et encore, à 35 ans, un jeune prof peut s’en sortir ; mais à 60 ans et plus, cette perspective effraie la plupart d’entre eux !
L’une des sources de ce problème – que l’on retrouve d’ailleurs en catéchèse – est la difficulté d’ajuster la pédagogie scolaire aux jeunes d’aujourd’hui, dont l’attention dépasse rarement trois minutes. Être pédagogue ne s’apprend pas à l’université. C’est un savoir-être qui relève de l’intelligence du cœur plus que du diplôme. Même dans des écoles Montessori ou Freinet, on cherche des pédagogues pour mettre en œuvre des apprentissages adaptés à chacun !
Le célèbre passage d’évangile (Lc 24,13-35) de ce dimanche est pour nous à cet égard une source d’inspiration inépuisable : le Ressuscité agit envers les deux disciples d’Emmaüs avec une telle délicatesse et méthode que nous pouvons y puiser des points de repères toujours pertinents pour notre catéchèse. Les théologiens et catéchistes qui ont fait ce travail d’actualisation ont formalisé leur travail en une belle expression : catéchèse de cheminement [1]. Et ils ont distingué 7 attitudes catéchétiques de base pour être fidèle à la pédagogie du Christ accompagnant les disciples d’Emmaüs :
1. Rejoindre, s’approcher
2. Faire route avec
3. Questionner, écouter
4. Interpréter les événements à la lumière des Écritures
5. Séjourner chez l’autre
6. Célébrer
7. Savoir s’éclipser
Commentons rapidement chacune de ces étapes, en les appliquant à nos relations avec nos collègues de travail, avec qui ce cheminement est possible et fécond.
1. Rejoindre, s’approcher
Ça n’a l’air de rien, mais le premier mouvement est d’aller vers.
Aller vers l’autre : le Ressuscité ne se délecte pas en privé de la vie retrouvée. Il ‘repère’ en quelque sorte deux disciples désabusés qui s’éloignent de Jérusalem, leur espérance déçue.
Sortir de soi pour aller vers l’autre est le premier mouvement du catéchiste. Or la plupart des paroisses se contentent de mettre des affiches et des annonces pour dire de s’inscrire au caté à la rentrée. Comment s’étonner dès lors que le taux de catéchisation soit en chute libre, autour de 10%–15% dans le meilleur des cas [1] (1% à 5% le plus souvent) ? Rejoindre les enfants là où ils vivent : c’est la mission de l’École catholique, mais aussi de l’Aumônerie de l’Enseignement Public et de la catéchèse en primaire. On devrait voir dans les cités, les immeubles, les clubs sportifs etc. des adultes partageant « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses » (Vatican II, Gaudium et spes n° 1) des enfants de tous milieux et origines…
Dans le monde du travail, c’est plus évident. On est d’emblée immergé dans des relations professionnelles où l’on est proche de collègues, de clients, de fournisseurs etc. À condition de ne pas travailler en solo, le nez rivé sur son seul écran, à l’abri des cloisons de son open-space (pas si open que cela…). Se rendre proche demande de ne pas toujours être en mode compétition mais collaboration, de briser les fonctionnements ‘en silos’ (ou ‘tuyaux d’orgue’) où chacun ignore ce que fait l’autre et ne lui communique rien.
Notons le côté gratuit de cette proximité : il ne s’agit pas de proposer tout de suite quelque chose, de même que le Christ ne propose pas d’emblée aux disciples d’Emmaüs d’ouvrir les Écritures ou de célébrer l’eucharistie ! Non : il s’agit d’être là, d’être avec, d’être proche. Sans calcul, ni stratégie, ni arrière-pensée. Avoir de tels collègues à ses côtés est un trésor de réassurance, de partage, d’ambiance positive et solidaire au travail…
2. Faire route avec
C’est étymologiquement la caractéristique du pédagogue dans le monde grec. Le pédagogue était le serviteur qui allait chercher l’enfant (παῖς, paîs) pour marcher avec lui et le conduire (ἄγω, ágô) jusqu’à l’école. Marcher avec l’autre demande de régler son pas sur le sien, ni trop lent ni trop rapide.
Le Christ fait route avec ses disciples : il va partager leurs émotions, leurs souvenirs, leurs rêves brisés… Et cela dure : selon les estimations, la distance de Jérusalem à Emmaüs varie entre 10 et 30 kilomètres ! Annoncer l’Évangile demande de cheminer dans la durée, de faire route avec, jusqu’à éprouver les mêmes peines, les mêmes difficultés et épreuves de ceux vers qui nous somme envoyés. Impossible d’évangéliser ‘de l’extérieur’ : c’est en chemin que surviennent les rencontres où le Christ se partage en plénitude.
Au travail, faire route avec ses collègues demande de jouer collectif et pas perso (comme on dit au foot !), de se rendre solidaire de l’équipe, d’avancer avec elle. Le terme cheminement exprime bien ce compagnonnage patient. Au début, on n’échange que des banalités. Peu à peu, avec le temps et les événements de la vie de chacun ou de l’entreprise, on échange des confidences plus personnelles, on débat de convictions plus intimes, on partage des souvenirs ou des moments plus impliquants. Il faut parfois des années de conversation sur la météo, le match de rugby ou la dernière série de Netflix avant qu’un jour, à l’occasion d’un événement, la parole devienne personnelle, vraie, profonde. C’est le fruit du cheminement, patient et respectueux, que les pressés ne connaîtront jamais.
3. Questionner, écouter
Cheminer ainsi avec nos collègues se fait grâce au questionnement et à l’écoute. Des questions ouvertes comme celle du Christ (« de quoi discutiez-vous ? ») et non des questions fermées comme celles des journalistes (« vous discutiez sans doute de la croix… »), qui n’attendent d’ailleurs jamais la réponse complète.
Questionner est un art : sans être intrusive, la question ouverte laisse à l’autre la possibilité d’ouvrir les portes ou les fenêtres qu’il désire ouvrir, pas les vôtres. Là encore, la gratuité préside à ce type d’échange : il ne s’agit pas d’amener l’autre sournoisement sur votre terrain, mais réellement de lui laisser la possibilité de trouver les mots pour dire ce qui est important pour lui.
Écouter la réponse est tout aussi important : sans interrompre l’autre, à l’image du Ressuscité qui n’interrompt pas le long développement des disciples racontant « tout ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth ». Pourtant, Jésus aurait pu couper court à cette longue évocation, car s’il y en avait un qui était au courant, c’était bien lui ! Il voulait sans doute entendre de la bouche des deux ex-disciples comment eux l’avaient vécu, avec leurs mots, leurs émotions, leurs doutes, leurs interrogations.
Au travail comme ailleurs, il faut souvent se mordre la langue pour ne pas intervenir trop tôt, pour ne pas répliquer, pour ne pas réagir avant que l’autre ait fini de dire ce qu’il voulait dire ! Que ce soit en tête-à-tête autour de la tasse de café ou en réunion devant son chef, écouter l’autre jusqu’au bout, attentivement, en pensant à ce que lui est en train de dire et non pas à ce que je vais lui répondre, est une véritable ascèse ! C’est pourtant à ce prix que l’écoute porte du fruit. La tradition chrétienne appelle chasteté cette qualité d’écoute de l’autre pour lui-même, et non pour ce que je voudrais en faire.
4. Interpréter les événements à la lumière des Écritures
Ayant bien entendu leur souffrance, leur déception, leur espérance, le Ressuscité « partant de Moïse et de tous les Prophètes, leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait… ».
C’est le moment de l’annonce explicite, où le croyant se risque à abattre ses cartes, à confesser sa foi, à s’appuyer sur les Écritures pour comprendre et déchiffrer ce qui arrive. L’enjeu est l’interprétation des événements : pourquoi tel conflit entre nous ? Comment réagir à tel plan social ? Comment relever tel défi collectif etc. ? Les conversations entre collègues abordent tôt ou tard les questions essentielles de chacun : que veut dire ce divorce, ce deuil, cette maladie, les problèmes avec les enfants etc. ?
Interpréter les événements demande au croyant de scruter les Écritures, et de partager honnêtement avec d’autres sa lecture des faits tels que l’Esprit lui l’inspire, éclairé par les textes.
5. Séjourner chez l’autre
« Le Ressuscité fit semblant d’aller plus loin ». Il ne veut pas forcer les disciples à l’accueillir. Mais s’il est invité, il accepte avec joie : « Il entra donc, pour rester avec eux ».
Entrer chez l’autre, c’est entrer dans sa culture, son histoire, sa langue, sa famille…
Rester chez lui, c’est prendre le temps, ne pas être pressé, s’imprégner de son univers avant de poser le geste sacramentel.
On dit à raison qu’on ne connaît pas vraiment un collègue tant qu’on n’a pas été chez lui, pour l’apéro, le dîner ou un match à la télé ! Tout change quand on voit les photos, les cadres, les meubles, l’arrangement de son appartement, de sa maison, et bien sûr son conjoint et ses enfants !
« Il a planté sa tente parmi nous » dira Jean du Verbe de Dieu (Jn 1) : l’incarnation est ce mouvement pour aller vers l’autre et rester chez lui.
6. Célébrer
« Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna ». Le geste eucharistique vient en point d’orgue de ce compagnonnage, de ce parcours sur la route où le Christ a cheminé avec ses disciples.
Avec nos collègues de travail, les occasions de célébrer ensemble seront rares. Mais il y en a : des obsèques, un baptême, un mariage, Noël etc. Notre catéchèse peut d’ailleurs s’appuyer sur ces célébrations qui sont souvent des points de départ, des sources et pas seulement des sommets.
Aller jusqu’à ce moment sacramentel est essentiel à la catéchèse de cheminement, qui autrement risque de se cantonner à un accompagnement humaniste, de valeur certes, mais tronqué.
7. Savoir s’éclipser
« Il disparut à leurs regards » : juste au moment où enfin il aurait pu se faire adorer, vénérer, fêter, le Ressuscité prend la tangente… C’est tout le contraire de la lâcheté : le vrai pédagogue est celui qui conduit l’autre à lui-même, puis s’éclipse pour le rendre adulte et autonome. Seuls les gourous maintiennent leurs adeptes dans leur dépendance.
Le maître se réjouit que l’élève aille plus loin que lui sans lui.
Le catéchiste espère non pas que l’enfant se souvienne de lui mais qu’il grandisse dans la foi et se passe de lui. Savoir disparaître pour ne pas peser sur la liberté de l’autre est la délicatesse du bon samaritain qui donne l’argent suffisant à l’aubergiste pour s’occuper du blessé, puis disparaît sans laisser sa carte de visite. Au réveil, le blessé ne saura pas qui l’a sauvé. Du coup il aura à cœur de faire circuler cette dette d’amour en devenant à son tour le samaritain d’un autre…
Ce cheminement à travers ces 7 étapes est un processus graduel, progressif, avec des hauts et des bas.
« Il faut une conversion continuelle, permanente, qui, tout en exigeant de se détacher intérieurement de tout mal et d’adhérer au bien dans sa plénitude, se traduit concrètement en une démarche conduisant toujours plus loin. Ainsi se développe un processus dynamique qui va peu à peu de l’avant grâce à l’intégration progressive des dons de Dieu et des exigences de son amour définitif et absolu dans toute la vie personnelle et sociale de l’homme. C’est pourquoi un cheminement pédagogique de croissance est nécessaire pour que les fidèles, les familles et les peuples, et même la civilisation, à partir de ce qu’ils ont reçu du mystère du Christ, soient patiemment conduits plus loin, jusqu’à une conscience plus riche et à une intégration plus pleine de ce mystère dans leur vie. » (Jean-Paul II, Familiaris Consortio n° 9, 1981)
Puisse l’Esprit du Ressuscité nous inspirer une pédagogie de cheminement avec nos collègues, nos familles, et même nos ennemis !
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[1]. En 2016, le taux moyen d’enfants catéchisés en France, entre le CE2 et le CM2, était de 17,4 %, selon une enquête publiée par le Service national de la catéchèse et du catéchuménat. La dernière étude réalisée à ce sujet avec des critères similaires, établissait qu’en 1993, 42,1 % enfants étaient catéchisés en France. Sacrée chute !
[2] Cf. Luc Aerens, Catéchèse de cheminement. Pédagogie pastorale pour mener la transition en paroisse, Ed. Lumen vitae, 2003.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir » (Ac 2, 14.22b-33)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix et leur fit cette déclaration : « Vous, Juifs, et vous tous qui résidez à Jérusalem, sachez bien ceci, prêtez l’oreille à mes paroles. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, homme que Dieu a accrédité auprès de vous en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes. Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. En effet, c’est de lui que parle David dans le psaume : Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche :il est à ma droite, je suis inébranlable. C’est pourquoi mon cœur est en fête, et ma langue exulte de joie ;ma chair elle-même reposera dans l’espérance :tu ne peux m’abandonner au séjour des morts ni laisser ton fidèle voir la corruption. Tu m’as appris des chemins de vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
Frères, il est permis de vous dire avec assurance, au sujet du patriarche David, qu’il est mort, qu’il a été enseveli, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous. Comme il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un homme issu de lui. Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption. Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez.
PSAUME
(Ps 15 (16), 1-2a.5, 7-8, 9-10, 11)
R/ Tu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie.ou : Alléluia ! (Ps 15, 11a)
Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »
Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !
DEUXIÈME LECTURE
« Vous avez été rachetés par un sang précieux, celui d’un agneau sans tache, le Christ » (1 P 1, 17-21)
Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre
Bien-aimés, si vous invoquez comme Père celui qui juge impartialement chacun selon son œuvre, vivez donc dans la crainte de Dieu, pendant le temps où vous résidez ici-bas en étrangers. Vous le savez : ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ; mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ. Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné d’avance et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous. C’est bien par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.
ÉVANGILE
« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain » (Lc 24, 13-35)
Alléluia. Alléluia. Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures ! Que notre cœur devienne brûlant tandis que tu nous parles. Alléluia. (cf. Lc 24, 32)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. » Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Patrick BRAUD