L'homélie du dimanche (prochain)

11 octobre 2020

Charlie, César et Dieu

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Charlie, César et Dieu

Homélie pour le 29° Dimanche du temps ordinaire / Année A
18/10/2020

Cf. également :

Résistez à la dictature du format court !
Refusez la pression fiscale !
« Tous pourris » ?
Charlie Hebdo”: la revue de presse des prises de position philosophiques

Droit au blasphème

Charlie Hebdo Le procès des complices des attentats contre Charlie Hebdo de 2015 s’est interrompu ce vendredi 26 septembre. Il a suffi d’un jeune Pakistanais voulant venger l’honneur de Mahomet insulté selon lui par les caricatures publiées à nouveau à la une de Charlie pour que les victimes de 2015, atterrées, revivent l’angoisse devant la haine islamiste. Sans oublier les blessés graves de la rue Nicolas Appert dans le 11e arrondissement de Paris. La question n’est donc pas réglée ? La liberté d’expression ne fait-elle pas consensus ? Le droit français de critiquer les religions n’a-t-il pas été validé une fois pour toutes ?
Il faut croire que non… La religion (musulmane en l’occurrence) s’invite comme acteur de la scène publique, cherchant à imposer sa conception du bien et du mal : caricatures, vêtements ‘décents’ des femmes, nourriture halal, certificats de virginité, séparatisme, rôle trouble du Hezbollah au Liban etc. Un sondage Ifop, en 2018, montrait que 37 % des enseignants s’étaient déjà autocensurés pour éviter un incident au sujet de la laïcité (venant essentiellement des enfants ou familles musulmanes), une proportion qui grimpait jusqu’à 53 % pour ceux de l’éducation prioritaire…

La vieille distinction entre Dieu et César de notre évangile d’aujourd’hui (Mt 22, 15-21) a du plomb dans l’aile ! Un autre récent sondage IFOP indique que 17 % des Français font passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République, 37 % des moins de 25 ans, 74 % des jeunes musulmans ! La jeunesse a toujours été ferment de radicalité – c’est vrai – mais là on est très loin de la laïcité officielle.
Au même moment, Donald Trump nommait à la Cour suprême des États-Unis une catholique pratiquante, réputée pour faire passer ses convictions chrétiennes dans sa pratique juridique, contre l’avortement notamment. Et bien sûr, les médias français ne comprennent pas ce qu’ils appellent une régression et le retour de l’obscurantisme américain. Comment !? Dieu pourrait-il faire plier César ? On n’a pas fait 1905 pour rien !
La question est décidément complexe.
Suivons de plus près le fameux épisode du denier rendu à César de ce dimanche pour apporter quelques éléments de réflexion.

 

Sacré César ?

Faire parler Jésus pour le mettre à l’épreuve et le prendre au piège : la tactique perverse des pharisiens est vite éventée. Pour percer leur hypocrisie et échapper au piège, Jésus, plutôt que de se lancer dans un long discours, plutôt que de répondre oui ou non comme il y est sommé, va poser un geste énigmatique, à la façon des rabbins : « Montrez-moi la monnaie de l’impôt ». Tiens ! C’est donc que Jésus n’a pas un sou en poche, sinon il l’aurait tiré de sa tunique. Première indication : la liberté de Jésus face à César s’enracine dans son rapport à l’argent. Il refuse d’être régi par les lois habituelles des échanges marchands. Il revendiquera ce même droit pour le Temple, qu’il libérera des trafics des marchands d’animaux et de bondieuseries. Est-ce pour autant qu’il méprise l’argent ? Non, puisqu’il demande le faire fructifier, et qu’il y reconnaît le juste salaire d’une journée de travail, ou l’offrande inestimable de la pauvre veuve. Simplement, il ne veut pas que sa parole et ses actes soient régis Charlie, César et Dieu dans Communauté spirituelle Traianus_denarius_105_90020184par les lois de l’argent.
La monnaie romaine présentait  d’ailleurs pour les juifs de Palestine un double sacrilège : les pièces portaient l’inscription de la divinité de César (« Empereur Tibère, auguste fils de l’auguste dieu »), et une effigie du portrait impérial prétendant incarner l’image de ce Dieu vivant. Le denier présenté par les pharisiens alors a dû leur brûler les doigts : qui voudrait garder en ses mains une telle monnaie impie qui bafoue publiquement les deux premiers commandements de Moïse (ne pas avoir d’autre dieu que Dieu, ne pas en faire d’image) ? ! C’est pourquoi les pharisiens répondent du bout des lèvres : « de César », car ils n’ont pas envie d’en dire plus sur le double blasphème gravé sur la pièce.

Vient alors la célébrissime réplique de Jésus : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Ce n’est peut-être pas le fondement de notre laïcité qui est en jeu ici – ce qui serait anachronique – mais plutôt la désacralisation du pouvoir politique. Jésus en quelque sorte répond : ‘laissez César à sa prétention d’être un Dieu vivant. Ne soyez pas complices du mensonge d’État sur lequel il veut asseoir son pouvoir. Par contre, témoignez  que Dieu est Dieu : à lui seul rendez l’adoration et la louange’ [1].

Les pharisiens n’ont sans doute rien compris. D’ailleurs, pendant la parodie de procès de Jésus, ils iront jusqu’à proclamer : « nous n’avons d’autre roi que César » (Jn 19,15), contredisant ainsi leurs déclarations de fidélité à l’Alliance où seul Dieu est le roi de son peuple. Ils utiliseront également la peur que César inspire à Pilate pour le contraindre : « si tu délivres celui-ci, tu n’es pas ami de César ; car quiconque se fait Roi, est contraire à César » (Jn 19,12). Tordant la réponse de Jésus au sujet de l’impôt à César, ils iront même jusqu’à affirmer : « nous avons trouvé cet homme sollicitant la nation à la révolte, et défendant de donner le tribut à César » (Lc 23,2). Évidemment, Jésus n’a jamais rien dit de tel. Mais la calomnie est toujours utile pour faire condamner l’innocent. Non seulement Jésus n’a pas demandé de boycotter l’impôt dû à César, mais il s’y est lui-même soumis, avec là encore une liberté étonnante. C’est l’autre fameux passage sur l’impôt où Jésus demande à Pierre d’aller pêcher un poisson pour en extraire les pièces d’argent qui suffiront à payer l’impôt pour eux deux. Peut-être une allusion à la prise en charge financière des apôtres par leurs communautés chrétiennes (les ‘poissons’) ? En tout cas, la solution au dilemme est élégante : Jésus aurait le droit d’échapper à cet assujettissement à la taxe romaine, parce qu’il est le fils, mais il préfère changer les cœurs avant les structures sociales, et s’acquitter de son impôt en manifestant que ce n’est pas lui qui paie, donc il est libre vis-à-vis de César.

Comme ils étaient venus à Capharnaüm, les collecteurs du didrachme s’approchèrent de Pierre et lui dirent : « Est-ce que votre maître ne paie pas le didrachme ? »  « Mais si », dit-il. Quand il fut arrivé à la maison, Jésus devança ses paroles en lui disant: « Qu’en penses-tu, Simon ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils taxes ou impôts ? De leurs fils ou des étrangers ? »  Et comme il répondait: « Des étrangers », Jésus lui dit: « Par conséquent, les fils sont exempts.  Cependant, pour ne pas les scandaliser, va à la mer, jette l’hameçon, saisis le premier poisson qui montera, et ouvre-lui la bouche: tu y trouveras un statère ; prends-le et donne-le leur, pour moi et pour toi. » (Mt 17, 24-27)

Ces deux passages sur l’impôt désacralisent le pouvoir politique, quel qu’il soit.

Ils le dédiabolisent également. César n’est pas Dieu, mais il n’est pas le diable non plus. Il a le droit de lever l’impôt (tout dépend de ce qu’il en fera !). Les pharisiens voudraient ici que Jésus conteste frontalement ce droit du politique à organiser la vie sociale. Et Judas espère sans doute secrètement que son idole va sonner l’heure de la révolte violente contre cette oppression de l’occupant romain. En rendant à César ce qui est à César, Jésus refuse de le diaboliser (« tous pourris ! ») : s’il accepte de ne pas prendre la place de Dieu, César doit pouvoir compter sur la participation de tous pour construire le bien commun. À condition que l’impôt serve vraiment à cela. Le collecteur d’impôts Lévi devenu l’apôtre et évangéliste Matthieu est un vivant témoignage de la dédiabolisation que Jésus opère. Paul confirme l’enseignement de Jésus : « C’est encore la raison pour laquelle vous payez des impôts ; ceux qui les perçoivent sont chargés par Dieu de s’appliquer à cet office. Rendez à chacun ce qui lui est dû… » (Rm 13,1-7)

On est bien loin en fait de nos débats actuels sur la laïcité. Désacraliser le pouvoir politique sans le diaboliser pour autant, réaffirmer que Dieu est Dieu, bien au-dessus de César (« tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’avait été donné d’en haut » Jn 19,11) : le geste de Jésus avec le denier romain ne nous donne pas de solution pour gérer les relations entre les religions et les États. Il nous invite seulement à distinguer Dieu et César, sans séparation ni confusion, selon la belle formule des premiers conciles à propos de la double identité de Jésus, vrai homme et vrai Dieu.

 

Ne séparez pas…

La-separation-des-eglises-de-de-l-etat César dans Communauté spirituelleÀ ce titre, la séparation complète prônée par certains idéologues de la laïcité à la française est assez étrangère aux Évangiles. Ceux qui voudraient que la religion relève uniquement de la sphère privée ignorent complètement la nature même de l’élan religieux : relier (religare en latin) les hommes entre eux en les reliant à Dieu, ce qui a obligatoirement des conséquences sociales, collectives, structurelles. Comment s’étonner que des évangélistes et des catholiques américains défendent sur la scène publique leur conviction que la vie humaine est sacrée, de la conception à la mort ? Si vraiment l’avortement est à leurs yeux l’élimination d’une vie humaine, pourquoi ne chercheraient-ils pas (démocratiquement) à protéger les futurs embryons de ce qu’ils considèrent comme un meurtre objectif ?
Comment s’étonner également que des musulmans du Pakistan ou d’Iran ressentent comme un douloureux blasphème les caricatures de Charlie Hebdo ? Digne successeur d’Hara Kiri, « journal satirique bête et méchant » comme il se définissait lui-même, Charlie Hebdo utilise la grossièreté, la vulgarité et la laideur contre les religions, au lieu d’engager un débat de fond – qui serait fort utile ! – sur la véracité et la cohérence des doctrines religieuses, sur l’interprétation des textes sacrés etc.

Vouloir organiser la vie sociale sans tenir aucun compte des opinions religieuses ne peut engendrer que violence et oppression. Croire en Dieu a une répercussion publique. Mieux vaut chercher à harmoniser les conséquences sociales des religions plutôt que de les ignorer ou de les combattre.

Les chrétiens se souviendront que pendant les trois premiers siècles ils ont été en butte à l’hostilité et aux persécutions du pouvoir civil. On les considérait comme de dangereux athées (puisqu’ils disaient que César n’est pas Dieu, ni les autres divinités romaines ou grecques), des séditieux qui recrutaient parmi les esclaves et les prostituées, des fanatiques qui préféraient mourir en bénissant leurs bourreaux plutôt que de renier leur foi. Les apôtres ne chantaient-ils pas après avoir reçu le fouet du Sanhédrin, en proclamant : « mieux vaut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5,29) ? Au II° siècle, la Lettre à Diognète témoigne de la volonté des chrétiens de cohabiter tranquillement avec leurs concitoyens, du moment qu’on leur laisse la liberté de suivre « les lois extraordinaires et paradoxales de leur république spirituelle » :

« … les Chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. Ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne se servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. […] Ils se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l’emporte en perfection sur les lois. »

 

Confusion des pouvoirs

Malheureusement, après trois siècles de séparation plus ou moins violente à leurs dépens, l’histoire des Églises s’est ensuite vautrée dans la confusion des pouvoirs, à l’opposé de la distinction Dieu/César. En Orient, l’aigle byzantin bicéphale symbolise l’immixtion (toujours actuelle) des Églises orthodoxes dans la vie politique. En Occident, la théorie des deux glaives a voulu soumettre le temporel au spirituel, allant jusqu’à humilier le roi germanique Henri IV à Canossa, jusqu’à ce que la modernité des Lumières sonne l’émancipation des peuples de cette trop lourde tutelle ecclésiale.

Bref : à l’image des pharisiens, les chrétiens ont été capables des pires hypocrisies sur les relations entre Dieu et César, confondant le royaume de Dieu avec les intérêts terrestres des rois, des empereurs, des papes, du clergé…

Cela ne supprime pas pour autant l’impératif de Jésus : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Outre l’humilité à laquelle l’histoire nous appelle, il nous faut sans cesse scruter cette parole pour discerner comment elle pourrait s’accomplir aujourd’hui. Musulmans et chrétiens américains voudront trop soumettre César à Dieu (à leur conception de Dieu). Les laïques français voudront plutôt chasser Dieu de la vie publique. Ni les uns ni les autres ne seront satisfaits de l’appel à la responsabilité que Jésus pose dans son geste énigmatique sur le denier de l’impôt ou sur le poisson pour le payer. On peinera à chercher une doctrine de la laïcité dans la bouche du Christ. C’est comme s’il nous disait : « pourquoi voulez-vous me faire juge de vos affaires ? (Lc 12,14) Vous avez l’Esprit Saint : à vous de discerner, de juger, d’inventer ce qui est bon pour l’homme à une époque donnée pour bien gérer les relations entre Dieu et César » [2].

Ne cédons pas aux sirènes majoritaires d’un camp ou d’un autre : le Christ nous rend assez libres pour contester César s’il le faut, et dénoncer les partisans de Dieu lorsqu’ils le défigurent.

L’Église catholique a mis plus d’un siècle en France pour finalement accepter la laïcité républicaine, après bien des déchirements. L’islam mettra-t-il autant de temps ? Pourra-t-il interpréter le Coran en ce sens ? De sa réponse dépendra la paix civile et la concorde nationale.


[1]. Jean Paul II, dans sa lettre aux Évêques de France en 2005, à l’occasion du centenaire de la loi de 1905, revient sur cette question en évoquant la même référence évangélique : « Le principe de laïcité auquel votre pays est très attaché, s’il est bien compris, appartient aussi à la Doctrine sociale de l’Église. Il rappelle la nécessité d’une juste séparation des pouvoirs, qui fait écho à l’invitation du Christ à ses disciples : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Lc 20,25) Encore faut-il s’entendre sur les termes, préciser ce qu’est, pour l’Église une « légitime et saine laïcité » ».

[2]. Ainsi le Concile Vatican II a-t-il pris fermement position : « « sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Église sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes. (…) Elles exerceront d’autant plus efficacement ce service pour le bien de tous qu’elles rechercheront davantage entre elles une saine coopération, en tenant également compte des circonstances de temps et de lieu » (GS 76, 3).

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« J’ai pris Cyrus par la main pour lui soumettre les nations » (Is 45, 1.4-6)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, qu’il a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée : « À cause de mon serviteur Jacob, d’Israël mon élu, je t’ai appelé par ton nom, je t’ai donné un titre, alors que tu ne me connaissais pas. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors moi, pas de Dieu. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. »

PSAUME
(Ps 95 (96), 1.3, 4-5, 7-8, 9-10ac)
R/ Rendez au Seigneur la gloire et la puissance. (Ps 95, 7b)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Il est grand, le Seigneur, hautement loué,
redoutable au-dessus de tous les dieux :
néant, tous les dieux des nations !
Lui, le Seigneur, a fait les cieux.

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.
Apportez votre offrande, entrez dans ses parvis.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté :
tremblez devant lui, terre entière.
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! »
Il gouverne les peuples avec droiture.

DEUXIÈME LECTURE
« Nous nous souvenons de votre foi, de votre charité, de votre espérance » (1 Th 1, 1-5b)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

Paul, Silvain et Timothée, à l’Église de Thessalonique qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. À vous, la grâce et la paix. À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui. En effet, notre annonce de l’Évangile n’a pas été, chez vous, simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint, pleine certitude.

ÉVANGILE
« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 15-21)
Alléluia. Alléluia.Vous brillez comme des astres dans l’univers en tenant ferme la parole de vie. Alléluia. (Ph 2, 15d.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Patrick BRAUD

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4 mars 2015

De l’iconoclasme aux caricatures

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 01 min

De l’iconoclasme aux caricatures

Homélie du 3° dimanche de carême / Année B
08/03/2015


Peut-on représenter Mohammed ? Pourquoi n’y a-t-il que des motifs géométriques et aucun visage dans les mosquées ? D’ailleurs, pourquoi les synagogues et les temples protestants sont-ils tout aussi sobres en peintures, portraits ou statues diverses ?

Le choc des images

De l'iconoclasme aux caricatures dans Communauté spirituelle 41Upngu6gAL._SX258_BO1,204,203,200_Avec l’assassinat odieux des caricaturistes de Charlie Hebdo (janvier 2015), le monde a redécouvert, étonné, que cette question des images et des représentations étaient bien plus importante pour des milliards de musulmans que pour les autres milliards d’athées, agnostiques, catholiques ou d’autres religions. Il y a donc un enjeu de paix sociale, de respect mutuel, et de définition de la liberté d’expression autour de ces caricatures, et plus largement autour de ces diverses manières de représenter l’humain et le divin.

Tout cela s’enracine dans la première lecture de ce dimanche.

On s’est habitué aux commandements les plus célèbres du Décalogue : « tu ne tueras pas » etc. Mais du coup, l’Occident a oublié la deuxième parole : « Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre… » (Ex 20,2). Ce commandement paraît évidemment lié à l’affirmation du Dieu unique : représenter des idoles (statuettes, amulettes, visages peints ou sculptés etc.) serait donner de la crédibilité à l’hypothèse d’autres dieux que Dieu. Les images et le polythéisme ont partie liée dans l’Ancien Testament. Le célèbre psychanalyste Jacques Lacan y voyait la trace de ce que la pulsion scopique est bien à l’origine de la domination de l’homme sur l’homme : l’envie de voir conduit à la fabrication de faux dieux, à la magie. Alors qu’Israël s’est constitué par l’écoute, et non la vue, car « nul ne peut voir Dieu sans mourir ». On comprend donc que les juifs, et les musulmans à leur suite (car l’islam n’est souvent qu’un retour à judaïsme naturalisé), voire même les protestants (au nom de la fidélité à tous les textes bibliques) n’aient jamais voulu représenter Dieu visuellement. Et cette aversion s’étend à tous les prophètes liés au divin. Même si aucun texte du Coran n’affirme explicitement cette interdiction, il est évident pour presque toutes les traditions musulmanes, encore aujourd’hui, que c’est un péché contre l’unicité de Dieu que de représenter son prophète, ou pire encore Dieu lui-même [1].

Cette interdiction s’étend en plus à toutes les créatures, car les représenter serait se faire l’égal de Dieu en quelque sorte, en les créant à l’aide d’un pinceau ou d’un burin. D’ailleurs, le texte du Décalogue semble bien interdire toute image non seulement du divin, mais également de « ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre » !

 

Les images musulmanes non-arabes

« En islam, il y a un principe de base théologique, voire existentiel, témoigne l’ancien directeur du Centre de recherche sur l’islamisme et la radicalisation, le politologue d’origine iranienne, exilé au Danemark, Mehdi Mozaffari. Il y a un créateur, c’est Allah. Tous les êtres animés, humains et animaux, ne peuvent être représentés car ils sont une création d’Allah. S’ils sont peints à leur tour par un artiste, ils deviennent alors la création d’un autre créateur ». En effet, si un être humain crée une statue d’un autre être animé, il peut alors prétendre à la création. Et le créateur n’est plus Un. « C’est pour cela que Mahomet a fait détruire les idoles à La Mecque, mais aussi que les talibans ont détruit les bouddhas de Bamyan en Afghanistan », poursuit le chercheur, auteur de nombreux livres sur l’islam et cosignataire du Manifeste des 12. (Note : Daesh fait de même en 2015 en détruisant les statues préislamiques à Mossul, hélas… Il faut se souvenir qu’un des premiers gestes ‘prophétiques’ de Mohammed fut la destruction des sculptures, tableaux et autres ‘idoles’ de la Kaaba, à l’exception notable d’une icône de Marie qu’il aurait voulu protéger).

Aujourd’hui, quand on interroge Mehdi Mozaffari sur le fait de savoir si ce sont les caricatures ou bien la représentation du visage du prophète publiées par Charlie Hebdo qui ont choqué les croyants, il répond : « Ce qui les a choqués, c’est qu’on ait touché au prophète. Et c’est vécu comme un viol, comme un harcèlement sexuel. Comme si les caricaturistes avaient touché physiquement, pour de vrai, au prophète. Et même si le prophète avait dit une chose tout à fait innocente, les croyants auraient été blessés de la même manière. Le prophète est le socle de leur identité. L’identité mahométane. Cette identification est fusionnelle, corporelle, physique. Ça les touche beaucoup ». Et Malek Chebel de conclure : « Il faut faire un travail de refondation de la pensée de l’islam ».

Source : http://www.rfi.fr/moyen-orient/20150116-mahomet-iran-islam-mozaffari-chebel-representation-prophete-charlie-hebdo/

En islam, la représentation de Dieu est interdite, non celle de son prophète

Le prophète Mohammed reçoit une première révélation de Jibrîl (l’archange Gabriel), miniature du Jâmi’al-Tawârîkh (« Chronique universelle ») de Rashîd al-Dîn, entre 1307 et 1311, actuellement conservée à la bibliothèque de l’université d’Edimbourg.


Des représentations figurées, parmi lesquelles on peut voir Muhammad, sa famille et les prophètes bibliques, ont existé dans d’autres genres littéraires, épopées, chroniques historiques, Qisas al-anbiyyâ’ (Histoires des prophètes), particulièrement dans les mondes iranien, turc et indien. Des peintures de scènes religieuses existent dans d’autres œuvres, essentiellement en milieu persan et turc, jamais dans le monde arabe.

Quels personnages sont représentés ?

Jonas avalé par le poissonOn ne dépeint pas des personnages mais des épisodes de leur vie qui forment un corpus iconographique allant de la Création du monde jusqu’à Muhammad. Les manuscrits consacrés à ce dernier comme le Siyar-i nabi (Vie du Prophète) ou le Zubdat al-tawarikh (Crème des histoires), exécutés à Istanbul, reprennent les mêmes cycles d’illustration. Certains sont spécifiques à l’islam. Les anges se prosternent devant Adam nu qui vient de sortir des ateliers divins. Le jeune Abraham est jeté dans un brasier sur l’ordre du roi païen Nemrod, récit qui n’est pas tiré de la Bible mais du Talmud et de la Michna. D’autres sont plus traditionnels : ainsi la construction de l’arche de Noé ou l’histoire de Jonas (Yûnas) avalé par le poisson. Les personnages familiers au Nouveau Testament sont évoqués dans des traditions proprement musulmanes : Marie, l’Enfant Jésus sur ses genoux, est adossée à un palmier chargé de dattes près duquel elle vient d’accoucher ; la Crucifixion n’est jamais représentée mais seulement Jésus, accroché à une corde (car le Coran n’admet pas la mort du Christ en croix).

Le Christ voilé lors de la CèneUn nimbe de flammes d’or autour de la tête distingue les prophètes (le Prophète voilé lors de son voyage nocturne, le Christ voilé lors de la Cène, le visage voilé du Prophète lors du Mir’âdj etc.). Avec la montée de l’orthodoxie, les visages, d’abord découverts, se cachent derrière un voile protecteur puis disparaissent, symbolisés seulement par une gerbe de feu ; dans les manuscrits copiés au Cachemire au XIXe siècle, les silhouettes tout entières se fondent en une flamme d’or. Cette hostilité envers la représentation de la figure prophétique se retrouve dans le grattage des visages, mutilés au cours des siècles dans certains manuscrits.

Cf. http://expositions.bnf.fr/parole/arret/05_8.htm

Manuscrit persan du Moyen-Age représentant le prophète Mahomet conduisant Jésus, Moïse et Abraham à la prière.
Manuscrit persan du Moyen-Age représentant le prophète Mahomet conduisant Jésus, Moïse et Abraham à la prière. (WIKIMEDIA COMMONS)

 

Le tournant de l’Incarnation et la querelle iconoclaste

C’est l’Incarnation qui a tout changé pour les chrétiens. En Jésus de Nazareth, homme concret de Palestine, le Dieu invisible se rend visible. Dès lors, peindre le visage du Christ ou de Marie honore le mouvement d’incarnation où les créatures deviennent de vraies icônes (images) de Dieu.

La querelle des images a pourtant gravement troublé l’univers chrétien, entre le VIIe et le VIIIe siècle. Sans aucun doute sous la pression des Arabes musulmans, qui propageaient l’islam à la faveur de leurs conquêtes militaires, menaçant ainsi de l’empire d’Orient. Certains empereurs orientaux se mirent alors à détruire les icônes (iconoclasme) que les moines orthodoxes peignaient avec vénération depuis des siècles. L’affaire fit grand bruit. On arrêta, déporta et tua de nombreux adeptes des icônes, les accusant d’idolâtrie. Mais vénération n’est pas adoration : la nuance aura échappé à Charlemagne et à l’Occident qui ne défendirent pas très nettement les icônes…

Il a fallu un synode en 787 à Nicée, puis à nouveau un autre en 843, pour trancher définitivement et consacrer l’art de l’icône comme un sommet de la spiritualité chrétienne. Depuis cette date, chaque année, l’Église orthodoxe commémore le triomphe des images à l’occasion du premier dimanche de Carême, nommé dimanche de l’orthodoxie.

 

De son côté, l’Occident, par le développement de la peinture, sculpture, écriture et ses enluminures et adorables miniatures hagiographiques ou bibliques, a développé jusqu’à la Réforme un art du visuel où le vieil interdit du Décalogue était comme transcendé dans la transgression que Dieu lui-même en avait faite en se rendant visible en chair et en os. « Qui m’a vu a vu le Père » osait dire le Christ.

 

mali-juillet-2012 caricature dans Communauté spirituelleDe là ce malentendu fondamental entre occidentaux (chrétiens, athées ou agnostiques) et musulmans. Il y a une dissymétrie fondamentale dans le statut de l’image, et donc dans le ressenti à propos des caricatures de Charlie Hebdo ou d’autres journaux. Ce qui n’est pour les qu’une liberté chèrement acquise est pour les autres une atteinte à ce qu’ils ont de plus cher : l’unicité de Dieu. La violence de la réaction musulmane est incompréhensible si on ne la situe pas sur ce fond théologique.

Hélas, la laïcité française n’a plus habitué nos penseurs à raisonner théologie…

Pourtant, une sociologie « compréhensive » telle que Max Weber la promouvait pourrait permettre de saisir de l’intérieur la gravité de la blessure infligée à l’autre, dans chaque camp.

Si l’islam admettait la séparation du politique et du religieux, il pourrait percevoir pourquoi cette liberté d’expression est sacrée en France.

Si les dessinateurs se mettaient à la place de croyants pour qui l’unicité de Dieu est plus importante que leur propre vie, ils pourraient éprouver la violence de leurs coups de crayon.

 

Le peuple juif témoigne pourtant depuis longtemps, et fort tranquillement, que l’interdit les images du Décalogue est compatible avec le génie occidental.

A l’intérieur même de l’univers musulman, les interprétations chiites ou autres montrent que toute représentation n’est pas interdite, au contraire, en islam.

 

Si l’on veut éviter le fameux « choc des civilisations », il faudra que chaque camp, laïc et sunnite, fasse l’effort de comprendre l’autre à partir de ses points de repères à lui. Sinon l’affrontement resurgira, comme aux premiers siècles de l’expansion militaire musulmane.

 



[1]. En juillet 723 en effet, le calife Yazid II avait proscrit toute reproduction anthropomorphique jugée contraire à l’Islam. Le Coran n’interdit pas la représentation du Prophète, ni la représentation humaine en général. Écrit dans une société où l’image est généralement absente (la péninsule arabique au VIIe siècle), le texte ne la mentionne qu’une seule fois : « Le vin, les jeux de hasard, les idoles sont des abominations inventées par Satan. Abstenez-vous en » (Sourate V, verset 90). Ce mot « idoles », littéralement « pierres dressées » (« Ansàb »), désigne les statues des païens.

 

 

 

1ère lecture : La Loi fut donnée par Moïse (Ex 20, 1-17)

 

Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici :
« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ; mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur montre ma fidélité jusqu’à la millième génération. Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom.


Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville. Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.


Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

 

Psaume : 18b (19), 8, 9, 10, 11

R/ Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle. (Jn 6, 68c)

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :

plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.

 

2ème lecture : « Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les hommes, mais pour ceux que Dieu appelle, il est sagesse de Dieu » (1 Co 1, 22-25)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères,
alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient juifs ou grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

Évangile : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 13-25)

Acclamation : Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.  (Jn 3, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.

Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.
Patrick BRAUD

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8 février 2015

La riposte des oulémas contre les fanatiques islamistes

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 00 min

La riposte des oulémas contre les fanatiques islamistes

 

La riposte des oulémas contre les fanatiques islamistes dans Communauté spirituelle riposte-musulmane

Dans une lettre ouverte au calife autoproclamé de l’État islamique (EI), plus d’une centaine de spécialistes du Coran condamnent les meurtres et les attentats commis au nom de l’islam, en s’appuyant sur les textes.

 

Alors que son fils part faire le djihad en Syrie, un père tente de le retenir en arguant simplement l’interdit de tuer. Le jeune extrémiste répond par une citation du Coran, qui exhorte à prendre les armes pour Dieu. Il reste sourd à l’argument du sens commun, et part.

Comment aurait-il pu être ramené à la raison? Pas en lui reprochant sa foi, accusée d’être une folie. On se serait alors déclaré son ennemi. Alors? Une autre option: parler son langage et l’encourager à cultiver davantage la lecture du Coran. Qu’il devienne plus taliban que les talibans, soit, littéralement, un «étudiant» en arabe.

Des théologiens musulmans sunnites s’y sont essayés, s’attelant à cette tâche pédagogique dès septembre 2014. Ces savants (oulémas, en arabe) de toutes nations (Nigeria, Égypte, Émirat d’Abou Dabi, Pakistan, États-Unis…) ont ainsi adressé une lettre ouverte à Abou Bakr Al-Baghdadi, le pseudo-calife de l’État islamique, à l’usage de qui voudrait fourbir ses armes théoriques pour lutter contre le fanatisme.

En s’appuyant sur leur maîtrise du Coran et du Hadith (le livre des traditions), ils entendent prouver que les islamistes fanatiques sont non seulement des criminels mais aussi des impies, et ils les condamnent. Que contiennent ces vingt-quatre mises au point et que dit le Coran ?

Ce document est disponible en anglais, en perse, en turc, en bosniaque. En voici une traduction partielle, avant le texte intégral. Les extraits reproduits montrent que le Coran n’est qu’un prétexte pour les extrémistes, et qu’une lecture radicale et profonde encouragerait à l’union et à la paix.

 

 EXTRAITS

Oulémas

5. Il est interdit par l’islam d’ignorer les réalités contemporaines lorsqu’elles enseignent des règles légales
« La “jurisprudence pratique” est l’application de la charia, qui s’adapte aux réalités et aux circonstances dans lesquelles les gens vivent. Il faut identifier leurs problèmes, difficultés et capacités particuliers auxquels ils sont soumis. Comme le dit Ibn Quayyim (in I’lam Al-Muqui’een, IV, p.157).

6. Il est interdit par l’islam de tuer des innocents

Ne tuez aucun homme, car Dieu vous l’a défendu, sauf pour une cause juste. (Coran, 17, 33) 

Je vais vous lire ce que votre Seigneur vous a défendu : ne lui associez aucun être, traitez vos pères et vos mères avec générosité, ne tuez pas vos enfants à cause de la pauvreté : nous vous donnerons de quoi vivre ainsi qu’à eux, soyez éloignés aussi bien du dehors que de l’intérieur des turpitudes, ne tuez point les hommes, car Dieu vous l’a défendu, excepté si la justice l’exige. Voilà ce que Dieu vous recommande, pour que vous 

compreniez enfin. (Coran, 6,151) 

Tuer une âme est haraam, c’est-à-dire interdit et inviolable sous la loi islamique. Par ailleurs, il est aussi dit :

Celui qui aura tué un homme sans que celui-ci ait tué un homme ou semé le désordre dans le pays sera regardé comme le meurtrier du genre humain. Et celui qui aura rendu la vie à un homme sera regardé comme s’il avait rendu la vie a tout le genre humain. (Coran, 5, 31)

Toi, tu as tué des innocents qui n’étaient pas armés, juste parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec tes opinions.

7. Il est interdit par l’islam de tuer des émissaires, des ambassadeurs et des diplomates, de même qu’il est interdit de tuer des journalistes et des aides humanitaires

Toutes les religions interdisent de tuer les émissaires et autres messagers, comme le dit Ibn Masoud, in Musnad (VI, p.306).

Les journalistes honnêtes sont des émissaires de la vérité. Or toi tu as tué J.Foley et S.Sotloff. Et l’aide humanitaire D.Haines. Tu as commis ce qui était haraam.

[...] 10. Il est interdit par l’islam de maltraiter ou de faire du mal aux chrétiens ou tout autre peuple de l’Écriture.

Aux Arabes chrétiens, tu as proposé l’impôt, la mort ou la conversion. Mais tu as peint leurs maisons, tu as détruit leurs églises, et leur a demandé de partir avec ce qu’ils avaient sur le dos, sinon ils étaient tués. Or ils étaient des amis et des voisins, ils ont fait la guerre avec nous.

Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui n’ont point combattu contre vous à cause de votre religion, et qui ne vous ont point bannis de vos foyers. Dieu aime ceux qui agissent avec équité. (Coran, 60, 8) 

L’impôt que tu voulais imposer ne s’applique que dans certains cas. Pour les Arabes chrétiens, il n’est pas valable.

Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apôtre ont défendu, et à ceux d’entre les hommes des Écritures qui ne professent pas la croyance de la vérité. Faites-leur la guerre jusqu’à ce qu’ils payent le tribut, tous sans exception, et qu’ils soient humiliés. (Coran 9,29) 

Ne combattrez-vous pas contre un peuple qui a violé ses serments, qui s’efforce de chasser votre prophète ? Ce sont eux qui ont été les agresseurs. Les craindrez-vous ? Dieu mérite bien plus que vous les craigniez, si vous êtes croyants. (Coran, 9, 13) 

Comme le calife Omar l’a fait, il faut pratiquer la charité, sadaqah, avec ces chrétiens qui ont toujours voulu vivre avec nous.

[...] 12. La réintroduction de l’esclavage est interdite par l’islam. Il a été aboli par un consensus universel

Pas un seul universitaire musulman ne prétendrait que ce n’est pas un but de l’islam que d’abolir l’esclavage.

Qu’est-ce qui peut apprendre ce que c’est que la pente ? C’est de racheter les captifs, de nourrir, aux jours de disette, l’orphelin qui est notre proche. (Coran, 90, 12-14)

 […] Ils affranchiront un esclave avant qu’il y ait une nouvelle cohabitation. (Coran, 58, 3)

Dans la Sunnah, voire Ibn Kathir’s Al-Bidayah (V, p.284), il est dit que le Prophète Mahomet a libéré les hommes et les femmes qu’on lui avait donné. Tous les pays musulmans sont signataires de conventions anti-esclavage scellées par les siècles. Tu es responsable de crimes contre tous les musulmans. »

 

RÉSUMÉ 

1- Il est interdit en islam de promulguer des fatwas sans posséder toutes les connaissances nécessaires. Même alors, les fatwas doivent suivre la théorie juridique islamique telle que définie dans les textes classiques. Il est également interdit de citer une partie du Coran – ou une partie d’un verset – pour en déduire une règle sans regarder tout l’enseignement du Coran et des hadiths lié à cette question. En d’autres termes, il y a de stricts préalables à la fois subjectifs et objectifs envers les fatwas et on ne peut se permettre de « piquer de-ci-delà » des versets du Coran sortis du contexte du Coran et des hadiths pour les ériger en lois.

2- Il est interdit en Islam d’édicter des lois sur quoi que ce soit sans maîtrise de la langue arabe.

3- Il est interdit en Islam de simplifier à l’extrême des questions relatives à la charia sans tenir compte de ce qu’en disent les savants musulmans.

4- Il est permis dans l’islam d’avoir des avis différents sur quels que soient les sujets, à l’exception des fondements de la religion que tout musulman doit connaître.

5- Il est interdit dans l’islam d’ignorer la réalité de l’époque contemporaine lorsque l’on rend un avis juridique.

6- Il est interdit en islam de tuer des innocents.

7- Il est interdit en Islam de tuer des émissaires, des ambassadeurs et des diplomates ; il est donc interdit de tuer les journalistes et les travailleurs humanitaires.

8- En Islam le Jihad est une guerre de défense. Elle n’est pas autorisée sans de bonnes raisons, sans cause juste et sans des règles de conduite.

9- Il est interdit en Islam de déclarer non-musulmans des personnes sans qu’elles le déclarent elles-mêmes ouvertement.

10- Il est interdit en Islam de faire du mal ou de maltraiter d’une quelconque façon des chrétiens ou des « gens du Livre ».

11- Il est obligatoire de considérer les Yazidis comme des gens du Livre.

12- Est interdite en Islam la réintroduction de l’esclavage aboli par entente universelle.

13- Il est interdit en Islam de forcer des gens à se convertir.

14- Il est interdit en Islam de nier les droits de la femme.

15- Il est interdit en Islam de nier les droits des enfants.

16- Il est interdit en Islam de promulguer des punitions légales (hudud) sans suivre les procédures qui permettent d’assurer la justice et la clémence.

17- Il est interdit en Islam de torturer.

18- Il est interdit en Islam de défigurer des morts.

19- Il est interdit en Islam d’attribuer à Dieu des actes mauvais.

20- Il est interdit en Islam de détruire les tombeaux et lieux de pèlerinage des Prophètes et des Compagnons.

21- L’insurrection armée est interdite en Islam pour des raisons autres que celle de l’incroyance explicite du dirigeant et son refus de laisser prier les gens.

22- Il est interdit en Islam de proclamer un califat sans le consensus de tous les musulmans.

23- La loyauté envers son pays est permise en Islam.

24- Après la mort du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) , l’Islam n’exige de personne d’émigrer où que ce soit.

 

LETTRE OUVERTE

TEXTE INTÉGRAL

 

Au nom de Dieu, Celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux,

Gloire à Dieu, le Seigneur des Mondes,

Paix et Bénédictions soient sur le Sceau des Prophètes et les Messagers.

Par le jour en déclin.

Oui, l’homme est en perdition, à l’exception de ceux qui croient, et qui font de bonnes œuvres, qui

s’encouragent à rechercher la vérité et s’exhortent à la patience. (Sr 103, 1-3)

 

Lettre ouverte

Au Dr Ibrahim Awwad Al-Badri, alias ‘Abu Bakr Al-Baghdadi’

Aux combattants et partisans de l’« État islamique autoproclamé ».

 

La Paix et la Miséricorde de Dieu soit sur vous.

 

5928-61 attentat dans Communauté spirituelleLors de votre sermon du 6 du mois de Ramadan, 1435 (4 juillet 2014), vous déclariez, paraphrasant Abu Bakr Al-Siddiq: « Si vous trouvez que ce que je dis et fais est juste, alors soutenez-moi, mais si vous trouvez que ce que je dis et fais n’est pas correct, alors conseillez moi et remettez-moi dans le droit chemin ». Ce qui suit est l’opinion d’intellectuels via les medias. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit: « La religion c’est l’avis [qui rectifie] [1].» Tout ce qui est rapporté ci-dessous s’appuie entièrement sur les déclarations et actes des compagnons de l’  « État islamique » tels qu’ils les ont eux-mêmes promulgués dans les réseaux sociaux ou dans les rapports de témoins musulmans. On a tout fait pour éviter de pures inventions et des malentendus. En outre, tout ce qui est dit ici consiste en un résumé écrit dans un style simple qui reflète l’opinion de la majorité écrasante des intellectuels sunnites tout au cours de l’histoire musulmane. Dans l’un de ses discours [2], Abu Muhammad Al-Adnani dit : « Que Dieu bénisse le Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  qui a été envoyé avec l’épée de la Miséricorde à tous les mondes. [3] » Cette déclaration comporte une série de confusions et offre un exemple erroné. Elle est pourtant souvent reprise par les partisans de l’« État islamique ». Concernant Dieu qui a envoyé Mohammed (à lui le Salut) à tous les mondes : « Nous ne vous avons envoyé qu’en signe de miséricorde à tous les mondes. » (AlAnbiya’, 22: 107). Cela reste vrai pour tous les temps et tous les lieux. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  fut envoyé en signe de miséricorde aux gens, aux animaux, aux plantes, aux cieux et aux êtres subtils, ceci, tout musulman le reconnaît. C’est une déclaration commune qui ne souffre aucunes conditions et qui est tirée du Coran lui-même. Cependant, l’expression « envoyé avec l’épée » fait partie d’un hadith se rapportant à une certaine époque et un certain lieu qui ne sont plus. Il est donc interdit d’assimiler de cette façon Coran et hadiths, tout comme il est interdit de mêler le général et le particulier, le conditionnel et l’inconditionnel. D’ailleurs, Dieu s’était présenté comme Miséricorde : « « Votre Seigneur s’est prescrit à lui-même la miséricorde … » (Al-An’am, 6: 54). Dieu a également déclaré que Sa Miséricorde recouvre toutes choses… « Ma Miséricorde s’étend à toutes choses … » (Al-A’raf, 7, 156). Dans un hadith classé authentique, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit : « Quand Dieu fit la création, il écrivit au-dessus de son trône : ‘En vérité, Ma Miséricorde surpasse Ma colère [4]’. Il est donc interdit d’assimiler « l’épée » –et par là la colère et l’intransigeance – avec « la Miséricorde ». Il est également interdit de faire croire que l’expression « miséricorde pour tous les peuples » s’efface devant l’expression « envoyé par l’épée ». De plus, comment pourrait « une épée » influencer des royaumes là où les épées n’ont aucun effet, comme dans les cieux, sur les êtres subtils et les plantes ? Le Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  étant miséricorde, on ne peut le taxer de l’être sous conditions pour avoir pris l’épée (à une certaine époque, pour une raison spécifique et dans un contexte particulier). Et ceci n’est pas que de la théorie. Cela révèle justement le sens de la plupart des choses qui vont arriver quand on assimile à tort l’épée à la miséricorde divine.

1. Théorie sur les lois (fiqh) et exégèse coranique :

Parlant de l’exégèse coranique, de la compréhension des hadiths et de la question de la théorie sur les lois en général, la méthodologie employée par Dieu dans le Coran et par le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dans le hadith se présente comme suit: considérer tout ce qui a été révélé sur une question particulière dans son entièreté sans la faire dépendre d’un angle de vision puis juger – si l’on est qualifié pour le faire – en se basant sur toutes les sources scripturaires disponibles. Dieu (il n’y a pas d’autre Dieu que Lui) dit: « Quoi, croyez-vous à une certaine partie du Livre et vous restez incrédules sur une autre ? (Al-Baqarah, 2: 85) «. «… Ils altèrent le sens des mots, en les sortant de leur contexte ; ils oublient une partie de ce qui leur avait été rappelé » (Al-Ma’idah, 5: 13) ; « … ceux qui ont réduit le Coran en pièces » (Al-Hijr,15:91). Une fois tous les passages scripturaires pertinents collectés, il s’agit de distinguer ce qui est ‘général’ de ce qui est ‘particulier’, ce qui est ‘sujet à conditions’ de ce qui est ‘inconditionnel’. De même faut-il distinguer entre passages ‘en clair’ et textes allégoriques. De plus, les raisons et les circonstances de la révélation (asbab annuzul) pour tous les passages et les versets ainsi que toutes autres conditions d’herméneutique mentionnées par les imams classiques, doivent être bien comprises. C’est pourquoi il n’est pas permis de citer un verset ou même une partie sans prendre en compte du sens précis que leur donnent le Coran et les Hadiths. La raison c’est que tout ce qui est dans le Coran est vérité et tout ce qui est dans un hadith authentique est inspiré par Dieu. Il n’est donc pas permis de trier à son gré. Il est en effet impératif de concilier tous les textes entre eux pour autant qu’il soit possible et quand il y a des raisons pour qu’un texte l’emporte sur un autre. C’est ce qu’explique l’imam Shafi’i dans son Al-Risalah que rejoignent tous les spécialistes du Fiqh. L’imam al-Haramayn, Al-Juwayni, dit dans Al-Burhan fi Usul AlFiqh : concernant les qualités requises à un mufti et les disciplines qu’il doit posséder : … il est impératif que le mufti soit un connaisseur de la langue, pour comprendre la charia en arabe. … il est impératif qu’il soit expert en syntaxe et en analyse grammaticale, … il est impératif qu’il connaisse bien le Coran puisque le Coran est la base de toutes les règles fondamentales… Qu’il ait une connaissance de l’abrogation des textes est indispensable ainsi que la science des fondements de la jurisprudence (usul), pierre angulaire de tout l’ensemble… Il devrait aussi posséder toutes les clés pour répondre aux questions qui demandent preuves et arguments ainsi que leurs fondements. Il leur faut également posséder la science du hadith pour être capables de distinguer le hadith authentique du peu fiable, le correct de l’apocryphe … Il devrait être formé à la jurisprudence… De plus, sachant qu’un « esprit de légiste » (fiqh el-nafs) est indispensable, cela devient le propre de quiconque a affaire avec les principes de lois. Les savants musulmans ont résumé tout cela en disant qu’un mufti est « quelqu’un qui a la maîtrise des textes et les arguments pour justifier les principes légaux. » « Les textes » signifient qu’on soit capable de maîtriser la langue, l’exégèse coranique et la connaissance des hadiths ; quant aux « arguments » il s’agit de posséder la théorie des lois, de raisonner par analogie pour comprendre les divers cas et avoir l’esprit des lois (fiqh al-nafs). Al-Ghazali a tenu un même langage dans Al-Mustasfa (Vol. 1, p.342), tout comme Al-Suyuti dans Al-Itqan fi Ulum Al-Qur’an (Vol. 4, p.213).

2. La langue :

Comme nous l’avons déjà dit, un des piliers les plus importants de la théorie des lois c’est la maîtrise de la langue arabe. Cela veut dire, de l’arabe, maîtriser la grammaire, la syntaxe, la morphologie, la rhétorique, la poésie, l’étymologie et l’exégèse coranique. Si l’on ne maîtrise pas ces disciplines, il est inévitable que l’on se fourvoie. Votre déclaration de ce que vous appelez « le Califat » était intitulée « Ce que Dieu a promis ». Celui qui a formulé cette déclaration voulait faire allusion au verset qui dit: « Dieu a promis à ceux d’entre vous qui croient et qui pratiquent de bonnes œuvres qu’il en ferait ses lieutenants sur la terre, tout comme Il le fit pour ceux qui vécurent avant eux. Il leur a promis aussi d’établir fermement leur religion qu’Il lui a plu de leur donner et de changer, ensuite, leur inquiétude en sécurité. Ils m’adoreront et ils ne m’associeront rien. Ceux qui, après cela, seront incrédules, ceux-là sont les pervers » (An-nur, 24, 55). Mais il n’est pas permis d’invoquer un verset particulier tiré du Coran pour l’appliquer à un évènement 1400 ans après que le verset ait été révélé. Comment Abu Mohammed Al-Adnani peut-il dire que c’est la promesse de Dieu qui se réalise dans ce qu’il appelle un califat ? Même en supposant que sa revendication soit juste, il aurait dû dire : « ceci tient de la promesse de Dieu ». Il y a encore une autre erreur : en ce sens qu’il s’est approprié le mot « istikhlaf » (succession) pour l’attribuer à ce qu’il appelle un califat. On peut trouver la preuve que l’utilisation de ce mot n’est pas correcte en lisant le verset suivant: « Il dit: ‘peut-être votre Seigneur fera-t-il périr votre ennemi et, après la disparition de celui-ci, vous fera-t-il son lieutenant pour voir comment vous vous comporterez?’» (Al-Araf, 7, 129). Le mot « istikhlaf » (succession) signifie qu’ils se sont installés sur la terre où vivait un autre peuple. Cela ne veut pas dire qu’ils sont les dirigeants d’un système politique particulier. Selon Ibn Taymiyyah, il n’existe pas de tautologie dans le Coran [5]. Il y a une différence entre « khilafah » et « istikhlaf ». Al-Tabari dit dans son exégèse (tafsir) du Coran: « il vous fera successeurs (yastakhlifakum). Par là il veut dire: « il vous fera leur succéder sur leur terre après leur destruction ; ne les craignez pas ni aucun autre peuple [6]. » Ceci prouve que le mot « istikhlaf », ici, ne signifie pas « gouvernance » mais plutôt « occupation de leur terre ».

3. Une simplification à outrance :

Il n’est pas permis de parler constamment de « simplifier les choses » ni de « piquer ça et là » un extrait du Coran sans l’appréhender dans tout son contexte. Il n’est pas non plus permis de dire: « L’Islam est simple et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) , et ses honorables Compagnons étaient simples, alors pourquoi compliquer l’islam ? ». C’est exactement ce qu’Abu Al-Baraa’Al-Hindi a fait dans sa vidéo en ligne de juillet 2014 où il dit: « Ouvrez le Coran et lisez les versets sur le jihad et tout deviendra clair… tous les savants me disent: « Ceci est obligatoire devant la loi (fard) ou cela ne l’est pas et que ce n’est pas le moment pour un jihad… ignorez-les tous et lisez le Coran, vous saurez ce qu’est le jihad » «. Les gens ont besoin de comprendre que le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  et ses honorables Compagnons se sont débrouillés avec peu, sans technologie sophistiquée, mais ils étaient plus à même que nous tous de comprendre la jurisprudence et l’esprit. Pourtant un tout petit nombre seulement de Compagnons furent qualifiés pour promulguer des fatwas. Dieu dit dans le Coran: « Dis: « Ceux qui savent et ceux qui ne savent pas se valent-ils ? » (Al-Zumar, 39: 9). Dieu dit encore: « Interrogez les gens auxquels le Rappel a été adressé, si vous ne savez pas » (Al-Anbiya’, 21: 7) ; et encore: « Si on l’avait rapporté au Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  et à ceux qui, parmi eux, détiennent l’autorité, ceux qui parmi eux sont capables de discernement l’auraient appris d’eux… ». (Al-Nisa’, 4: 83). Ainsi, la jurisprudence n’est pas chose facile et n’importe qui ne peut en parler avec autorité, ni décréter des fatwas (ordonnances religieuses). Dieu dit dans le Coran: « …Mais seuls réfléchissent ceux qui sont doués d’intelligence » (Al-Ra’d, 13: 19). Et le Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit : « Quiconque parle du Coran sans le connaître mérite d’attendre sa place au Feu « [7]. Il est aussi grand temps d’arrêter de dire de façon irréfléchie: « ce sont des hommes et nous sommes hommes » ; ceux qui prétendent cela n’ont pas du tout la même appréhension et le même discernement que les vénérables Compagnons et les imams des Pieux ancêtres (as-salaf as-saleh) auxquels ils se réfèrent.

4. Quand les points de vue diffèrent :

Il y a deux sortes de points de vue: les blâmables et les louables. Pour ce qui diffère dans les blâmables, Dieu dit dans le Coran: « Ceux qui ont reçu le Livre ne se sont divisés qu’après la venue de la preuve décisive. » (Al-Bayyinah, 98: 4). Quant à la différence de point de vue dans les louables, Dieu dit : « Dieu a dirigé ceux qui ont cru à la Vérité au sujet de laquelle d’autres se sont disputés, avec sa permission… » (Al-Baqarah, 2, 213). C’est l’opinion qui a été défendue par Al-Imam Asshafi’i dans Al-Risalah, par les trois autres imams et tous les savants de l’islam pendant plus d’un millier d’années. Quand il y a différence de points de vue parmi les éminents savants, on choisit le plus miséricordieux, c’est-à-dire le meilleur. La sévérité est à éviter tout comme on devrait éviter l’idée que la sévérité est la mesure de la piété. Dieu dit en effet : « Suivez l’excellente Révélation qui vous est parvenue de la part de votre Seigneur … » (Az-Zumar, 39, 55) ; et aussi : « Pratique le pardon, ordonne la bonté et tiens-toi loin des ignorants. » (Al-A’raf, 7, 199). Il dit encore : « [Ceux] qui écoutent la Parole [de Dieu] et qui obéissent à ce qu’elle contient de meilleur, voilà ceux que Dieu dirige, voilà ceux qui sont doués d’intelligence ! » (Az-zumar, 39, 18). Dans un hadith de source authentique, on rapporte ces mots d’Aïcha: « Devant plusieurs choix, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  a toujours choisi le moins sévère [8]. ». On ne devrait pas considérer le point de vue le plus sévère comme le plus pieux, le plus religieux ou le plus conforme à Dieu. En effet, dans la sévérité il y a de l’exagération et de l’extrémisme. Dieu dit dans le Coran : « Dieu veut pour vous la facilité, il ne vous veut pas la contrainte. » (Al-Baqarah, 2: 185). D’ailleurs, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  déclare : « Ne soyez pas sévères avec vous-mêmes de peur que Dieu le soit envers vous. Un peuple a été sévère avec lui-même et Dieu le leur a bien rendu [9]. Il y a de la folie des grandeurs et de la vanité dans la sévérité, car les gens sévères se disent en eux-mêmes : « Je suis sévère, quiconque l’est moins que moi est un faible et je leur suis donc supérieur. » Il est évident qu’on attribue là une mauvaise intention à Dieu, comme s’Il avait révélé le Coran pour rendre les gens malheureux. Dieu dit en effet : « Ta. Ha. Nous n’avons pas fait descendre sur toi le Coran pour te rendre malheureux ». (Ta Ha, 20, 1-2). Il est intéressant de noter que la plupart des gens devenus musulmans à travers l’histoire, y ont été invités par la douceur (da’wah hasanah). Dieu dit encore : « Appelle les hommes vers les chemins de ton Seigneur par la Sagesse et une belle exhortation ; discute avec eux de la meilleure manière. Oui, ton Seigneur connaît parfaitement celui qui s’égare hors de son chemin, comme il connaît ceux qui sont bien dirigés. » (Al-Nahl, 16: 125). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit: “Soyez doux et méfiez-vous de la violence et du langage grossier [10]. » Et, alors que l’islam se répandait politiquement de l’Asie Centrale (Khurasan) à l’Afrique du Nord au gré des conquêtes musulmanes, la majorité des habitants de ces contrées sont restés chrétiens pendant des centaines d’années jusqu’à voir certains d’entre eux l’accepter progressivement, invités par la douceur et non par la sévérité ou la contrainte. En effet d’immenses pays et des provinces entières devinrent musulmanes non pas par la conquête mais par l’invitation (da’wah), ainsi en fut-il de l’Indonésie, de la Malaisie, de l’Ouest et de l’Est de l’Afrique et autres. La sévérité n’est donc ni une marque de piété ni une manière de répandre l’islam.

5. La jurisprudence dans les faits (fiqh al-waq’i) :

Que veut-on dire par jurisprudence dans les faits ? Il s’agit du processus à suivre pour appliquer les règles de la charia et les adapter aux réalités et conditions que vivent les gens. Il faut pour cela connaître de l’intérieur les réalités que vivent les gens, sentir leurs problèmes, leurs combats, leurs possibilités et ce qu’ils ont à supporter. La jurisprudence dans la pratique (fiqh al-waq’i) étudie les textes applicables aux réalités des gens dans un temps donné et les obligations que l’on peut repousser ou retarder jusqu’à ce qu’ils soient capables de les suivre. L’imam Ghazali dit : « Concernant les façons de faire qui s’imposent, il n’y a pas à chercher bien loin, il suffit d’un effort individuel de réflexion (ijtihad) pour les trouver, même si elles n’existaient pas [11]. Ibn Qayyim Al-Jawziyyah dit: “Un juriste doit comprendre la propension qu’a une population à comploter, tromper et frauder, en plus des coutumes et traditions qui sont les siennes. Les édits religieux (fatwas) changent avec l’époque, les lieux, les coutumes et les circonstances. Tout ceci vient de la religion de Dieu, telle qu’elle a déjà été expliquée [12].

6. Le massacre d’innocents :

Dieu dit dans le Coran : « Ne tuez pas l’homme que Dieu vous a interdit de tuer sinon pour une juste raison » (Al-Isra, 17, 33). Il dit encore : « Dis, « Venez ! Je vous dirai ce que votre Seigneur vous a interdit: ne lui associez rien ; soyez bons envers vos parents ; ne tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté – nous vous accorderons votre subsistance avec la leur – éloignez-vous des péchés abominables, apparents ou cachés ; ne tuez personne injustement, Dieu vous l’a interdit. Voilà ce que Dieu vous ordonne. Peut-être comprendrez-vous » «. (Al-An’am, 6, 151). Eliminer un être vivant (quel qu’il soit) est harram (absolument interdit par la loi musulmane) c’est aussi un des péchés les plus abominables (mubiqat). Dieu dit dans le Coran : « Voilà pourquoi nous avons prescrit aux fils d’Israël que quiconque a tué un homme qui lui-même n’a pas tué ni commis de violence sur terre, est considéré comme s’il avait tué toute l’humanité ; et celui qui sauve un seul homme est considéré comme s’il avait sauvé l’humanité entière. Nos prophètes étaient venus à eux avec des preuves irréfutables, mais, par la suite, un grand nombre d’entre eux se mirent à commettre des excès sur terre. » (Al-Ma’idah, 5: 32). Vous avez tué de nombreux innocents qui n’étaient ni des combattants, ni armés mais simplement parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec vous [13].

7. Le meurtre d’émissaires :

Il est clair que toute religion interdit le meurtre d’émissaires. Ce qu’on entend ici par émissaires ce sont les gens qui sont envoyés d’un pays à un autre pour accomplir la noble tâche de réconciliation ou la délivrance d’un message. Les émissaires ont un statut spécial d’inviolabilité. Voici ce que dit Ibn Masoud: «La Sunnah maintient qu’aucun émissaire ne soit jamais tué [14]«. Les journalistes – s’ils sont honnêtes et, bien sûr, pas des espions – sont des émissaires de la vérité, parce que leur travail est en général de présenter la vérité des faits en public. Vous avez tué sans pitié les journalistes James Foley et Steven Sotloff, même après que la mère de Sotloff vous eût supplié et imploré de l’épargner. Les travailleurs humanitaires sont aussi des ambassadeurs de la miséricorde et de la douceur. David Haines en était et vous l’avez tué. Ce que vous avez fait est absolument interdit (harram).

8. Le jihad :

Tout musulman voit dans le jihad quelque chose de vertueux. Dieu dit, sourate Al-Tawbah, 9, 38 : « Ô vous qui croyez, qu’avez-vous ? Lorsque l’on vous a dit : ‘élancez-vous sur le chemin de Dieu’, vous vous êtes appesantis sur la terre. Préférez-vous la vie de ce monde à la vie future ? » Il dit encore : « combattez sur le chemin de Dieu ceux qui luttent contre vous. Ne soyez pas agressifs, Dieu n’aime pas les agressifs » (Al-Baqarah, 2, 190) et bien d’autres versets. L’imam Shafi’i, les trois autres imams et d’ailleurs tous les savants voient dans le jihad une obligation faite à tous (fard kifayah) et non pas une obligation personnelle (fard ayn) du fait que Dieu a dit : « Dieu a promis à tous d’excellentes choses, mais Il préfère les combattants à ceux qui restent chez eux et il leur réserve une grande récompense. » (An-Nisa’, 4, 95). Le mot ‘jihad’ est un terme musulman qui ne peut s’appliquer à un conflit armé contre un autre musulman ; c’est un principe fermement établi. De plus, tous les savants s’accordent pour dire que le jihad ne peut se faire qu’avec le consentement de ses parents. Preuve en est qu’un jour, un homme vint trouver le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  pour lui demander la permission de faire le jihad, ce à quoi le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) lui a rétorqué : ‘Tes parents sont-ils vivants ?’, ‘- Oui’, dit-il, ‘Alors, fais ton jihad (combat) en les aidant.’ [15]. En fait, il y a deux jihad en islam : le grand qui est un combat contre soi-même et le petit, pour combattre son ennemi. Parlant du grand jihad, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit : « Nous sommes revenus du grand jihad pour aller au petit [16]«. Si vous dites que ce hadith est de faible authenticité ou apocryphe, vous en trouverez évidence dans le Coran lui-même : « Ne te soumets pas aux incrédules, lutte contre eux, avec force [litt. un grand jihad]. (Al-furqan, 25, 52). Le mot “en plus” dans ce verset nous réfère au Coran et signifie « une guérison pour ce qui est dans les cœurs » (Yunus, 10, 57). Il se retrouve clairement exprimé dans le hadith du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) : « Vous dirais-je ce que sont les meilleures actions et le plus bel acte de piété aux yeux de notre Seigneur, ce sont ceux qui élèveront votre rang dans l’Au-delà, ce qui est mieux pour vous que d’acheter de l’or ou des traites et mieux encore que de vous lancer armés à l’assaut de votre ennemi et de vous entretuer ? – ‘Oui’, disent-ils et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) de répondre : ‘C’est se souvenir de Dieu’ [17]« Ainsi, le grand jihad, c’est le jihad contre soi-même et l’arme c’est se souvenir de Dieu et purifier son âme. De plus, Dieu, dans un autre verset, nous éclaire sur la relation qu’il y a entre les deux sortes de jihad: « Ô vous qui croyez ! Soyez fermes quand vous rencontrez un ennemi, souvenez-vous de Dieu, que vous puissiez l’emporter ». (Al-Anfal, 8, 45). Ainsi, rester ferme, tel est le petit jihad ; il dépend du grand jihad qui est le combat contre soi-même dans le souvenir de Dieu et la purification de l’âme. De toute façon, le jihad est un chemin qui mène à la paix et à la sécurité et non une fin en soi. Dieu a des paroles claires : « Combattez-les jusqu’à la fin de la révolte et que le culte de Dieu soit rétabli. S’ils s’arrêtent, cessez de combattre, sauf contre les malfrats. «(Al-Baqarah, 2: 193). Dans votre discours du 4 juillet 2014, vous dites : « Il n’y a pas de vie sans jihad. » Vous vous basez peut- être sur l’exégèse d’Al-Qurtubi du verset suivant : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Dieu et à son Prophète, quand il vous appelle à ce qui vous fait vivre… » (Al-Anfal, 8: 24). Un vrai jihad vivifie le cœur. Mais il peut y avoir vie sans jihad, car des musulmans peuvent passer une vie entière sans être appelés à combattre ou sans avoir à faire appel au jihad. L’histoire musulmane en regorge d’exemples. De fait, vous êtes, vous et vos compagnons, d’intrépides combattants prêts à vous sacrifier dans votre course au jihad. Tout ceux qui suivent fidèlement les évènements, qu’ils soient amis ou ennemis, le reconnaissent. Mais un jihad sans raisons, ni buts, ni méthodologies, ni intentions légitimes, n’est pas un jihad mais relève plutôt d’une propagande belliciste et du crime. a. L’intention derrière le Jihad: Dieu dit : « L’homme ne possédera que ce qu’il aura acquis par ses efforts. » (Al-Najm, 53: 39). La tradition prophétique rapporte que sous l’autorité de Abu Mussa Al-Ash’ari, un homme vint trouver le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  pour lui dire : ‘De celui qui combat par zèle, par courage ou par orgueil, lequel des trois est dans la voie de Dieu ? Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  répondit : ‘Quiconque combat pour que l’emporte la Parole de Dieu est dans la voie de Dieu. [18] Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit encore : « Le premier qui sera jugé au jour de la Résurrection c’est celui qui est mort en martyr. Il sera présenté à Dieu qui lui fera connaître ses talents et il les reconnaîtra. Il lui demandera : ‘Qu’est ce que tu en as fait ?’ A quoi il répondra : ‘J’ai combattu pour vous jusqu’à en mourir’. Dieu dira : ‘Tu mens. Tu as combattu pour qu’on puisse dire de toi que tu es courageux et c’est ce qui est arrivé’. Il sera ensuite ôté de sa Face et jeté au Feu… » [19] b. La raison derrière le Jihad: la raison qui pousse les musulmans au jihad c’est lutter contre ceux qui les attaquent et non pas attaquer quelqu’un qui ne les as pas attaqués, ni faire violence contre quelqu’un qui ne leur a pas fait de mal. Les mots de Dieu qui permettent le jihad sont les suivants: « Toute permission est donnée de se défendre à ceux qui ont été attaqués parce qu’ils ont été opprimés injustement. Dieu est tout à fait capable de les aider ; et ceux qui ont été chassés injustement de leurs maisons pour avoir seulement dit : ‘Notre Seigneur est notre Dieu’. Si Dieu n’avait pas permis à certains de repousser d’autres hommes, des ermitages auraient été démolis, des synagogues, des oratoires et des mosquées où le nom de Dieu est largement invoqué. Oui, Dieu sauvera ceux qui l’assistent. Dieu le Fort, le Puissant. » (Al-Hajj, 22: 39-40). C’est ainsi que le jihad est lié à la sécurité, à la liberté de religion, à ceux qui ont subi du tort, qui ont été chassés de leurs terres. Ces deux versets ont été révélés après que le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) et ses Compagnons aient été torturés, massacrés et persécutés durant 13 ans sous les coups d’idolâtres. Il n’existe donc aucun jihad offensif ou agressif pour la simple raison qu’on a une religion ou des opinions différentes. C’est la position d’Abu Hanifa, les imams Malik et Ahmed et tous les autres savants y compris Ibn Taymiyyah à l’exception de quelques savants de l’école chafiite [20] c. Le but du Jihad: Les savants en islam s’accordent sur le but du jihad car Dieu dit : « Combattez-les jusqu’à la fin de la révolte et que le culte de Dieu soit rétabli. S’ils s’arrêtent, cessez de combattre, sauf contre les malfrats. «(Al-Baqarah, 2: 193). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dira plus tard : « Il m’a été demandé de combattre des gens jusqu’à ce qu’ils disent : ‘Il n’y a pas de dieu hormis Dieu. Si donc quelqu’un dit : ‘Il n’y a pas de dieu, hormis Dieu’, il est sauvé lui et ses biens en dehors de ce que permet la loi, et il est estimé de Dieu [21]. Tel est le but du jihad quand la guerre est engagée contre des musulmans. Ces textes disent ce qu’est la victoire dans le cas où les musulmans l’emportent ; ils précisent que la raison de faire le jihad ne doit pas se confondre avec son but. Le hadith cité plus haut se rapporte à un évènement qui a déjà eu lieu et qui se réfère à la Parole de Dieu : « C’est Lui qui a envoyé son Messager avec la direction et la religion vraie pour la faire prévaloir sur toute autre religion. Dieu se suffit comme témoin. » (AlFath, 48: 28). Cet évènement a eu lieu dans la péninsule arabique au temps du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) , car Dieu dit : « … afin que tu avertisses la Mère des cités [Umal-Qura] et ceux des environs… (Al-An’am, 6: 92) ; et aussi: “ Ô vous qui croyez! Combattez ceux des incrédules qui sont près de vous… » (Al-Tawbah, 9: 123). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit également : « Sortez les idolâtres de la péninsule arabique [22]«. Comment ceci n’a-t-il pas pu se passer quand Dieu promet au Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  : « C’est Lui qui a envoyé son Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  avec la direction, la religion vraie, pour la placer au-dessus de tout autre religion, en dépit des polythéistes. » (Al-Saff, 61: 9). Ce qu’on entend ici se passe dans la péninsule arabique au temps du Prophète. De toute façon, si les commandeurs du jihad voit que c’est dans l’intérêt des musulmans, il leur est permis de cesser le combat, même si le but n’a pas été atteint, car Dieu dit : « … S’ils s’arrêtent, cessez de combattre, sauf contre les malfrats. «(Al-Baqarah, 2: 193) Preuve en sont les évènements de Sulh al Hudaybiyyah. d. Le code de conduite du jihad: Le code de conduite du jihad se résume dans les propos du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  : « Mène la guerre mais ne sois pas sévère, ni traître, ne mutile ni ne tue des enfants [23]… ». Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  a dit encore, le jour de la conquête de la Mecque: « Vous ne devez pas tuer, ni blesser, ni faire du mal à ceux qui battent en retraite et quiconque ferme sa porte sera sauf. [24]«. De même, quand Abu Bakr As-saddiq mit sur pied une armée et l’envoya au Levant il déclara : « Vous trouverez des gens qui se sont dévoués à la vie en monastères, laissez-les à leurs dévotions. Vous en trouverez d’autres qui ont le diable en têtes (les diacres armés [25]), coupez-leur le cou. Mais ne tuez pas les vieux et les perclus, ni les femmes ou les enfants ; ne détruisez pas les maisons, ne coupez pas les arbres, ne vous attaquez pas au bétail sans bonnes raisons, ne brûlez pas, ni ne noyez les palmiers, ne soyez pas des traîtres ni des lâches, ne mutilez pas, ne pillez pas. Alors Dieu soutiendra ceux qui l’honorent Lui et Ses messagers alors qu’ils ne Le voient pas. Dieu est le Fort et le Puissant [26]. » Quant à l’exécution des prisonniers, la loi islamique l’interdit. Et pourtant vous avez tué de nombreux prisonniers y compris les 1700 du Camp Speicher à Tikrit en juin 2014, les 200 sur le champ pétrolier de Sha’er en juillet 2014, les 700 de la tribu des Sha’État à Deir el-Zor, (dont 600 civils nonarmés). Vous avez tués 250 prisonniers sur la base aérienne de Tabqah à Al-Raqqah en août 2014 ainsi que des militaires kurdes et libanais et tant d’autres dont on a rien dit mais que Dieu connaît. Ce sont là de haineux crimes de guerre. Si vous vous recommandez du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  qui aurait tué des prisonniers au cours de batailles, sachez qu’il n’en a ordonné l’exécution que de deux, à la bataille de Badr : Uqbah ibn Abi Mu’ayt et Nadr ibn AlHarith. C’était des chefs de guerre et des criminels et l’exécution de criminels de guerre est admise dans le cadre des lois de la guerre. C’est ce qu’a fait Saladin en prenant Jérusalem et ce qu’ont fait les alliés au procès de Nuremberg après la 2eguerre mondiale. Quant aux dizaines de milliers de prisonniers qui tombèrent sous la juridiction du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  au cours des dix ans qui furent le théâtre de 29 batailles, il n’a pas exécuté un seul soldat régulier. Bien mieux, il confia qu’ils avaient été traités avec clémence. [27]Le commandement de Dieu concernant les prisonniers et les prisonniers de guerre se lit ainsi: « … Puis vous choisirez entre les libérer ou les rançonner… » (Mohammed, 47, 4). Dieu commande que les captifs et les prisonniers de guerre soient traités avec dignité et respect : « Ils nourrissaient le pauvre, l’orphelin et le captif, pour l’amour de Dieu. » (Al-Insan, 76: 8). C’est un fait que la Sunna du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  revendique le pardon et l’amnistie pour les captifs, comme on peut le voir durant la conquête de la Mecque quand le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  déclara : « Je le dis comme mon frère Joseph l’a dit : ‘Il n’y aura aucun reproche ce jour’ Allez, vous êtes libres ! [28] » Finalement, un des plus grands principes sur la façon de mener le jihad c’est qu’on ne peut tuer que des combattants. On ne peut attenter intentionnellement à la vie de leurs familles ou de n’importe quel civil. Si vous voulez prendre en exemple ce qu’a dit le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  quand on lui a demandé si les personnes collatérales au combat et les femmes tuées en même temps que les idolâtres, voici : « Ils en font partie » [29]. Il faut savoir que ce hadith se rapporte à la mort d’innocents par accident et qu’il ne peut en aucune façon signifier que tuer intentionnellement des innocents – comme dans des bombardements – soit permis. Et quand Dieu dit : « … sois dur avec eux… » (Al-Tawbah, 9: 73) ; et: ‘… qu’ils vous trouvent durs…’ (Al-Tawbah, 9: 123), il s’agit d’un temps de guerre et non pas après.

9. Décréter des gens non-musulmans (takfir) :

Il s’est créé une confusion à propos du mot takfir, suite à l’exagération de quelques maîtres salafistes en matière de takfir (décréter quelqu’un non-musulman) et en poussant à l’extrême ce que Ibn Taymiyyah et Ibn Al-Qayyim en ont présenté. En bref, on peut résumer le takfir comme suit : a. Dans la quintessence de l’islam, quiconque déclare: « Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et Mohammed est le Prophète de Dieu «, est musulman et ne peut pas être déclaré non-musulman. Dieu dit : « Ô vous qui croyez ! Lorsque vous vous engagez dans le chemin de Dieu, soyez lucides et ne dites pas à celui qui vous offre la paix : ‘Tu n’es pas croyant !’Vous rechercheriez ainsi les biens de la vie de ce monde ; mais le butin est abondant auprès de Dieu. Vous vous comportiez ainsi autrefois : Dieu vous a accordé sa grâce, soyez lucides ! Dieu est bien informé de ce que vous faites ! » (Al-Nisa’, 4: 94). La signification du ‘soyez lucides’ dans le verset ci-dessus revient à poser la question: ‘Etes-vous musulmans ?’ La réponse est à prendre dans sa valeur nominale sans vouloir questionner ou éprouver leur foi. De plus, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit : « Malheur à vous, regardez ! Une fois que je serai mort, ne revenez pas à l’incroyance, et à vous entretuer [30] ». Il dit encore : « Quiconque dit : ‘Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu’ se sauve lui-même et ses biens, excepté ce qui est permis par la loi, et il est apprécié de Dieu [31] ». Ibn Omar et Aïcha ont dit : « Il n’est pas permis de déclarer les gens de la Qiblah non-musulmans [32]. » b. Cette question est de la plus haute importance car on l’invoque pour justifier le meurtre de musulmans, pour violer leur intégrité et usurper leurs biens et leurs droits. Dieu dit: « Quiconque tue volontairement un croyant aura l’enfer en rétribution ; il y séjournera et y encourra la colère de Dieu qui le maudit et lui prépare un châtiment terrible ». (Al-Nisa’, 4: 93). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  , ajoute : « Qui dit à son frère: ‘Ô mécréant, cela arrivera certainement à l’un d’entre vous [33]. » Dieu s’est élevé, dans des termes on ne peut plus sévères, contre celui qui tue quelqu’un qui confesse l’islam : « S’ils se tiennent à l’écart, s’ils ne combattent pas contre vous, s’ils vous offrent la paix, Dieu ne vous donne plus alors aucune raison de lutter contre eux. (Al-Nisa’, 4: 90). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  s’oppose à ce qu’on accuse des gens d’être polythéistes et de lever l’épée contre eux : « Celui que vous devez craindre le plus c’est celui qui a lu le Coran…, qui l’a mis de côté, jeté derrière lui et qui a levé l’épée contre son voisin, l’accusant de polythéisme [34]. » Il n’est pas permis de tuer un musulman (ni non plus tout être humain) sans arme et hors du combat. Usamah Ibn Zayd nous dit qu’après avoir tué un homme qui lui avait dit : « Il n’y a d’autre dieu que Dieu «, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  lui posa la question : « Il t’a dit ‘Il n’y a d’autre dieu que Dieu’ et tu l’as tué ? «Je lui répondis : « Ô messager de Dieu, il l’a simplement dit de peur de passer par nos armes. » Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  lui dit: «As-tu pu lire dans son cœur pour savoir s’il le pensait vraiment ? « [35]. Il y a peu de temps, nous avons pu voir sur une vidéo de Youtube Shaker Wahib, membre de ce que l’on connaissait alors sous le nom d’État islamique de l’Iraq et du Levant (ISIL) arrêter des civils nonarmés qui se déclaraient musulmans. Il leur a demandé combien de prostrations (raka’ahs) il y avait dans les prières rituelles. Comme ils n’avaient pas su répondre, il les a tués [36], un crime abominable, absolument interdit pas la loi musulmane. c. Les actions des hommes sont liées aux intentions qui sont derrière. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit: « Les actions valent par leur intention et chacun méritera en fonction de l’intention qu’il a eue [37]. ». De plus, Dieu dit : « Quand les hypocrites viennent à toi, ils disent : ‘Nous attestons que tu es le Prophète de Dieu !’ Et Dieu sait que tu es son Prophète, et Dieu atteste que les hypocrites sont menteurs. » (Al-Munafiqun, 63: 1). C’est ainsi que Dieu considère les mots des hypocrites sur le message du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  – fait incontestable –comme des mensonges vu que leur intention en le disant était de mentir. C’est un mensonge puisque leur bouche a prononcé une vérité que, Dieu le sait, leur cœur rejette. Ce qui veut dire que pour renier Dieu il faut en manifester l’intention et pas seulement lâcher des mots ou poser des actes. Il n’est pas permis d’accuser quelqu’un d’incroyance sans avoir la preuve qu’il le fait délibérément. Il n’est pas non plus permis d’accuser quiconque d’être non-musulman sans s’assurer de son intention. Il est, après tout, possible que quelqu’un ait été contraint, qu’il ne sache pas, qu’il soit aliéné ou qu’il se soit mal exprimé. Il a pu aussi mal interpréter une question. Dieu dit: « Celui qui renie Dieu après avoir cru – non pas celui qui subit une contrainte et dont le cœur reste en paix dans la foi – celui qui, délibérément, ouvre son cœur à l’incrédulité, la colère de Dieu est sur lui et un terrible châtiment l’atteindra. » (Al-Nahl, 16: 106). Il est interdit de faire des interprétations sur les conséquences des actes que posent les autres ; seule la personne elle-même peut les interpréter, surtout quand il y a différences d’opinion à ce sujet parmi les musulmans. Il est également interdit de déclarer quelqu’un non-musulman (takfir) sur la base d’un élément sur lequel il y a différences d’opinion parmi les savants musulmans. Il est interdit de déclarer non-musulman un peuple tout entier. C’est individuellement que l’on est incroyant par les actes que l’on pose et l’intention qui les fondent. Dieu dit : « Nul ne portera le fardeau d’un autre. » (Al-Zumar, 39: 7). Enfin, ceux qui savent leur entourage incroyant ou qui refusent de les appeler non-musulmans, il est interdit de les dire non-musulmans. La raison pour laquelle cette question a été longuement travaillée c’est que vous avez distribué les livres de Mohammed ben Abdel-Wahhab dès que vous avez atteint Mossoul et Alep. De toute façon, les savants, y compris Ibn Taymiyyah et Ibn Al-Qayyim Al-Jawziyyah font la distinction entre les actes de l’incroyant (kafir) et le fait de déclarer des gens non-musulmans (takfir). Même si quelqu’un pose des gestes dignes d’un incroyant, on ne peut, pour les raisons déjà citées, dire qu’il est incroyant. Al-Dhahabi [38] rapporte que son maître, Ibn Taymiyyah, avait l’habitude de dire à la fin de sa vie : « Je ne déclare aucun membre de la Ummah non-musulman. … Le Prophète dit : ‘Quiconque fait ses ablutions est un croyant’. C’est pourquoi je dis, qui observe ses prières avec ses ablutions est un musulman. » Ceci est très important. En effet, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit : « Le chirk subtil, (chirk = associer des dieux à Dieu) c’est quand un homme se met en position de faire sa prière et fait le beau pour qu’on le voit prier [39].» Il appelle donc l’ostentation dans la prière le chirk subtil, qui est un petit chirk. Ce petit chirk auquel succombent certains fidèles n’est pas considéré comme une association d’idolesmajeure, il ne conduit pas au takfir ni à quitter l’islam. A part les prophètes et les messagers, tous les autres adorent Dieu comme ils le peuvent et non comme Dieu le mérite. Dieu dit : « Ils n’apprécient pas Dieu à sa juste mesure… » (Al-An’am, 6: 91). Et aussi : « Ils vont t’interroger sur l’Esprit. Dis : ‘L’Esprit procède du commandement de mon Seigneur.’ Et il ne vous a été donné que peu de science…’ » (Al-Isra’, 17: 85). Et pourtant Dieu accepte cette adoration. Mais on ne peut concevoir la nature de Dieu parce que: « Rien n’est semblable à Lui » (Al-Shura, 42: 11) et encore : « Le regard des hommes ne peut l’atteindre, mais Lui scrute les regards. » (Al-An’am, 6: 103). On ne connaît rien de Lui si ce n’est ce qu’Il a dévoilé dans la révélation (al-wahy) ou transmis au Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  : « Son Esprit, il le lance sur qui il veut parmi ses serviteurs … » (Ghafir, 40: 15). Alors comment pourrait un homme lever l’épée contre les autres simplement parce qu’il pense qu’ils n’adorent pas Dieu comme Il le mérite ? Aucun n’adore Dieu comme Il le mérite si ce n’est avec sa permission. Plus fondamentalement encore, la question du chirk chez les Arabes est discutable, comme le dit le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  : « Le démon a perdu espoir de voir les Arabes de la Péninsule l’adorer, mais il cherche à semer la discorde parmi eux. [40] »

10. Les gens du Livre:

Aux Arabes chrétiens, vous avez donné trois choix: la jizyah (l’impôt), l’épée ou la conversion à l’islam. Vous avez peint leurs maisons en rouge, détruit leurs églises et en certains endroits, saccagé leurs demeures et leurs propriétés. Vous en avez tués et vous avez forcé à l’exil beaucoup d’autres avec rien d’autre sur le dos que ce qu’ils portaient. Ces chrétiens ne sont pas de ceux qui ont combattu l’islam, ni de ceux qui l’ont attaqué. Au contraire, ce sont des amis, des voisins, des concitoyens. Dans la perspective de la Chari’a, ils tombent tous sous des accords ancestraux qui remontent à 1400 ans et les lois du jihad ne s’appliquent pas à eux. Certains ont même combattu dans les rangs de l’armée du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  contre les Byzantins et sont, depuis, citoyens de l’État de Médine. D’autres bénéficient d’accords passés au temps d’Omar Ibn Al-Khattab, de Khalid Ibn Al-Walid, des Umayyades, des Abbassides, des Ottomans et leurs régimes respectifs. Bref, ce ne sont pas des étrangers sur ces terres, bien au contraire, ils sont originaires de ces lieux depuis les temps préislamiques. Ce ne sont pas des ennemis, mais des amis. Pendant 1400 ans, ils ont défendu leurs pays en guerroyant contre les Croisés, les colons, Israël et les autres… Alors comment pouvez-vous les traiter en ennemis ? Dieu dit dans le Coran : « Dieu ne vous interdit pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre foi et ne vous ont pas expulsés de chez vous. Traitez-les avec bonté et commercez avec eux dans l’équité. Dieu aime les justes.» (Al-Mumtahanah, 60: 8). Parlant de la jizyah, il faut dire qu’il y a deux sortes de jizyah dans la chari’a (loi islamique): La 1ère jizyah est celle qu’on lève sur des sujets qui ‘viennent d’être battus’. Elle s’applique à ceux qui ont combattu l’islam comme le dit la Parole de Dieu : « Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu ni au Jour dernier, ceux qui ne déclarent pas illicite ce que Dieu et son Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) ont déclaré illicite, ceux qui, parmi les gens du Livre, ne pratiquent pas la vraie religion. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils paient le tribut de la jizya après s’être soumis ». (Al-Tawbah, 9: 29). Comme il est dit dans un verset précédant cette sourate, ceux là sont ceux qui ont précédemment attaqué les musulmans : « Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments et cherché à expulser le Prophète ? N’ont-ils pas attaqué les premiers ? En aurez-vous peur ? Alors que Dieu mérite plus qu’eux d’être redouté, si vous êtes croyants ? (Al-Tawbah, 9: 13) [41]. La 2ème sorte de jizyah est celle qu’on lève sur ceux qui n’ont pas combattu l’islam. Elle remplace la zakat (dont seuls s’acquittent les musulmans et qui est plus élevée que la jizyah). Elle procède d’un engagement sans contrainte. Omar Ibn Al-Kattab convint de l’appeler « geste de charité » (sadaqah). La jizyah est alors déposée dans le trésor public et distribuée aux citoyens y compris aux chrétiens, comme cela s’est fait durant le califat d’Omar [42].

11. Les Yazidis :

Vous avez combattus les Yazidis sous la bannière du jihad mais ils n’avaient attaqué ni vous ni les musulmans. Vous les avez considérez comme des possédés du démon et leur avez donné le choix de la mort ou de la conversion forcée à l’islam. Vous en avez tués des centaines et les avez enterrés dans des fosses communes. Vous avez fait mourir et souffrir des centaines d’autres. Sans l’intervention des Américains et des Kurdes, des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards auraient été tués. Ce sont là d’horribles crimes. Selon la législation de la Chari’a, ce sont desMages et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit: « Traitez-les comme les gens du Livre [43]«. Oui, ce sont des gens du Livre car Dieu dit : « Le Jour de la Résurrection, Dieu distinguera les uns des autres : les croyants, les Juifs, les Sabéens, les Chrétiens, les Mages et les polythéistes. Dieu est témoin de tout. » (Al-Hajj, 22: 17). Même si vous doutez qu’ils soient des gens du Livre, selon la législation de la Chari’a, nombreux sont parmi les Vénérés Anciens à les assimiler à ces Mages dont il est fait mention dans les Hadiths. Les Umayyades considéraient même les Hindous et les Bouddhistes comme des dhimmis. Al-Qurtubi dit : «‘Al-Awza’I a dit: “La jizyah est levée sur ceux qui adorent les idoles et le feu, ainsi que sur les incroyants et les agnostiques.” C’est également la position des malékites. Selon l’Imam Malik, on prélevait la jizyah sur tous les adorateurs d’idoles et les incroyants, qu’ils soient arabes ou non … exception faite des apostats. [44]

12. L’esclavage :

Il n’est point de savants de l’islam qui mettent en cause que les visées de l’islam soient d’abolir l’esclavage. Dieu dit en effet : « Et comment savoir quelle est la barre à dépasser ? C’est racheter un captif, nourrir un proche en temps de famine » (Al-Balad, 90: 12-14) et encore: «… [Leur peine, ce sera] d’affranchir un esclave avant de cohabiter à nouveau…. » (Al-Mujadilah, 58: 3). La Sunna du Prophète rapporte qu’il libéra tous les esclaves hommes et femmes de sa maison ou qui lui avaient été remis [45]. Pendant plus d’un siècle, les musulmans, et pratiquement le monde entier se sont ligués pour interdire et criminaliser l’esclavage, ce qui fut un pas énorme dans l’histoire de l’humanité. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit en parlant du ‘Pacte des Vertueux’ d’avant l’islam au temps de la Jahiliyyah : « Si on m’avait demandé de l’accomplir en islam, je l’aurai fait [46]. Après un siècle d’accord entre musulmans sur l’interdiction de l’esclavage, vous l’avez violé. Vous avez pris des femmes pour en faire vos concubines faisant ainsi renaître conflits, séditions (fitnah), corruption et obscénité sur la terre. You avez ressuscité ce que la Chari’a avait infatigablement travaillé à supprimer et qu’elle considère unanimement interdit depuis plus d’un siècle. Oui, tous les pays musulmans du monde ont signé des conventions antiesclavagistes. Dieu dit : « Tenez vos engagements car les hommes seront interrogés sur leurs engagements. » (Al-Isra’, 17: 34). Vous portez la responsabilité d’un grand crime ainsi que toutes les réactions qu’il peut imputer aux musulmans.

13. Coercition et Contrainte:

Dieu dit: « Tu n’es pas leur surveillant.» (Al-Ghashiyah, 88: 22), et encore: “Pas de contrainte en religion. La voie droite se distingue bien de l’erreur… » (Al-Baqarah, 2: 256). Et aussi : « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous les habitants de la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les hommes à être croyants, alors qu’il n’appartient à personne de croire ? » (Yunus, 10: 99). Et ceci: « Dis : ‘La Vérité émane de votre Seigneur. Que celui qui le veut croie donc et que celui qui le veut ne croie pas’. » (AlKahf, 18: 29) et enfin: « A vous votre religion, à moi, la mienne.» (Al-Kafirun, 109: 6). On sait que le verset : « Pas de contrainte en religion », fut révélé après la conquête de la Mecque, on ne peut donc pas dire qu’il a été abrogé. Vous avez forcé des gens à se convertir à l’islam tout comme vous avez forcé des musulmans à adopter vos vues. Vous avez également forcé ceux que vous avez pris sous votre contrôle à vous suivre en tous points, importants ou pas et même sur des sujets qui regardent chacun dans son rapport avec Dieu. A Al-Raqqa, Deir el-Zor et dans d’autres régions que vous contrôlez, des groupes armés qui se font appeler ‘al-hisbah’, font leurs rondes parmi les populations et mettent les gens aux travaux forcés comme s’ils avaient reçu un ordre de Dieu. Et pourtant pas un seul des Compagnons ne s’est comporté ainsi. Ceci n’a rien à voir avec encourager ce qui est bien et honnête et interdire le mal. Au contraire, c’est de la violence, du harcèlement et de l’intimidation gratuite et continue. Si Dieu avait voulu ça, il vous l’aurait indiqué dans les plus minutieux détails de Sa religion. Car Dieu dit : « N’ont-ils pas compris, les croyants, que s’Il le voulait, Dieu aurait pu diriger tous l’humanité ? … » (Al-Ra’d, 13: 31). Et ceci : « Si nous le voulions nous ferions descendre du ciel un Signe sur eux et leurs nuques ploieraient devant lui. (Al-Shu’ara’, 26: 4).


14. Les femmes :

Vous traitez tout simplement les femmes comme des détenues et des prisonnières. Vous les faites s’habiller selon vos caprices. Elles ne peuvent quitter leurs demeures, ni aller à l’école. Et pourtant le Prophète a dit : « Il est obligatoire pour tout musulman de développer ses connaissances [47]. D’ailleurs le premier mot révélé du Coran fut : « Lis ». Elles n’ont pas non plus le droit de travailler ni de gagner leur vie, de vaquer librement à leurs occupations. Elles sont forcées de marier vos combattants. Dieu dit : « Vous les hommes, craignez votre Dieu qui vous a créés d’un seul être et de celui-ci a créé son épouse et a fait naître de ce couple un grand nombre d’hommes et de femmes. Craignez Dieu dont vous revendiquez [vos droits] des uns sur les autres et vos relations. Dieu vous voit. » (Al-Nisa’, 4: 1).Et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) : « Respectez les femmes [48]«

15. Les enfants:

Vous avez enrôlé des enfants dans la guerre et les avez poussés à tuer. Certains ont des armes dans les mains et d’autres jouent avec la tête de vos victimes. Vous envoyez des enfants au front pour tuer et se faire tuer. Dans vos écoles, des enfants sont torturés et forcés de faire tout ce que vous leur ordonnez, d’autres sont exécutés. Ce sont des crimes contre des innocents si jeunes qu’ils ne se rendent pas compte du mal qu’ils font. Dieu dit : « Pourquoi ne combattez-vous pas dans la voie de Dieu, pour les opprimés, les femmes et les enfants qui disent : ‘Seigneur, fais-nous sortir de ce pays dont les habitants sont injustes. Protège-nous. Porte-nous secours’. » (Al-Nisa’, 4: 75).

16. Les châtiments dits Hudud :

Les châtiments (hudud) sont fixés par le Coran et les hadiths et sont imposables sans rémission par la loi islamique. Mais on ne peut pas les appliquer sans qu’ils aient été clairement édictés, annoncés, rappelés et que la preuve fasse foi. Ils ne peuvent être pratiqués de manière cruelle. C’est ainsi que le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) évitait dans certains cas d’en arriver au hudud ; il est aussi notoire qu’Omar Ibn Al-Khattab a suspendu le hudud pendant la famine. Toutes les écoles de jurisprudence ont édicté pour les châtiments du hudud une manière bien définie empreinte de mansuétude qui les rend difficiles à mettre en pratique dans les faits. De plus, la suspicion et les doutes limitent le hudud au point que s’il y a un quelconque doute, on ne prononce pas le châtiment. D’ailleurs, ce châtiment n’est pas appliqué envers ceux qui sont dans le besoin, démunis ou destitués. On ne pratique pas le hudud envers ceux qui ont volé des fruits ou des légumes ou une somme modique. Vous vous êtes hâtés de remettre en valeur le hudud alors qu’en réalité la ferveur religieuse fait de la pratique du hudud quelque chose de difficile à réaliser avec un maximum de preuve.

17. La torture:

Des prisonniers et certains de ceux que vous contrôliez ont dit que vous les torturiez et les terrorisiez en les battant jusqu’à la mort et par d’autres formes de torture dont l’ensevelissement vivant. Vous avez décapité des gens au couteau, une des formes les plus cruelles de torture, ce qui est interdit par la loi islamique (Chari’a). Dans les massacres de masse que vous avez perpétrés – interdits par la loi islamique – vos combattants se moquaient de leurs victimes, bêlant devant eux pour leur dire qu’ils seraient tués comme des moutons avant de les achever comme des bêtes. Vos combattants ne se contentent pas de tuer, ils humilient, rabaissent et ridiculisent. Dieu dit : « Ô vous les croyants, ne laissez personne se moquer des autres : ils pourraient être meilleurs qu’eux… » (Al-Hujurat, 49: 11).

18. La mutilation:

Non seulement vous avez mutilé des corps, mais vous avez planté des têtes décapitées sur des piques et des bâtons. Vous avez shooté dans des têtes comme avec des ballons et vous avez diffusé ces images sur vidéos pendant la Coupe du Monde – un sport admis par l’islam et qui permet aux gens de se détendre et d’oublier leurs problèmes. Vous avez ri devant des cadavres et des têtes coupées et posté ces vues sur internet depuis des bases militaires que vous occupez en Syrie. Avec vos vidéos d’actes infâmes que vous prétendez être au profit de l’islam, vous avez ainsi procuré une provision d’armes à ceux qui veulent faire de l’islam un barbare. Vous avez donné au monde un bâton pour battre l’islam alors qu’en réalité l’islam est absolument innocent de ces actes et il les proscrit.

19. Faire de Dieu un criminel par humilité:

Après avoir attaché des soldats de la 17e division du Nordest de la Syrie à des barbelés, vous leur avez coupé la tête au couteau et posté le tout sur internet. Dans la vidéo, vous déclarez : « Nous sommes vos frères, les soldats de l’État islamique. Dieu nous a gratifiés de la victoire en gagnant contre la 17e division une victoire grâce à Dieu. Notre recours est en Dieu, notre force et notre pouvoir. Notre recours est en Dieu par nos armes et notre bravoure ». Vous avez donc attribué à Dieu ces crimes haineux et vous feignez une humble soumission à Dieu en disant que c’est lui qui a œuvré et pas vous. Mais Dieu dit : « Quand ils commettent l’abominable, ils disent : ‘Nous avons vu nos pères en faire autant et Dieu nous l’a ordonné’. Dis : ‘Dieu n’ordonne pas l’abomination. Dites-vous de Dieu ce que vous ne savez pas ? » (Al-A’raf, 7: 28).

20. Destruction des tombes et des sanctuaires des Prophètes et des Compagnons :

Vous avez fait sauter et détruit les tombeaux des Prophètes et des Compagnons. Les savants musulmans ne sont pas tous d’accord sur la question des tombes. Mais il n’est pas permis de détruire les tombeaux des Prophètes et des Compagnons et de déterrer leurs restes. Tout comme il est interdit de détruire des raisins sous prétexte que des gens en font du vin. Dieu dit : « … Ceux dont l’avis prévalut, dirent : ‘Elevons un sanctuaire au-dessus d’eux.’ » (Al-Kahf, 18: 21). Et encore : « Prenez la station d’Abraham comme lieu de prière… » (Al-Kahf, 18: 21). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit : « Je vous avais d’abord interdit de visiter les tombes. Permission a été accordée à Mohammed de visiter celle de sa mère, alors, visitez-les, car elles vous rappellent la mort et l’au-delà. » [49] La visite des tombes aide les gens à se rappeler la mort et l’au-delà. Dieu dit dans le Coran : « La rivalité [du monde] vous distrait jusqu’à ce que vous visitiez les tombes. » (Al-Takathur, 102: 1-2). Votre ancien chef, Abu Omar Al-Baghdadi disait: “A notre avis, il faut détruire et ôter de la terre toute manifestation de chirk (idolâtrie) et interdire tous les chemins qui y conduisent parce qu’on raconte de Muslim dans son Sahih sur l’autorité de Abu Al-Hayaj Al-Asadi, qu’‘Ali ibn Abi Talib a dit : ‘Ne devrais-je pas vous dire ce que le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) m’a mandaté de faire : n’épargner aucune statue qui ne soit anéantie ni aucune tombe qui ne soit rasée.’ ». Mais même si ce qu’il a dit est vrai, cela ne s’applique pas aux tombeaux des prophètes ou des compagnons, vu que les Compagnons se mirent d’accord pour enterrer le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  et ses deux compagnons, Abu Bakr et Omar dans un édifice contigu à la mosquée du Prophète.

21. Rébellion contre un dirigeant :

Il n’est pas permis de se rebeller contre le dirigeant quand il n’est pas avéré qu’il soit coupable d’incroyance déclarée (al-kufr al-bawwah), c’est-à-dire d’incroyance qu’il admet lui-même ouvertement et pour laquelle tous les musulmans s’accordent à voir en lui un non-musulman –ou quelqu’un qui s’oppose au rite de la prière. C’est clair dans la parole de Dieu : « Ô vous qui croyez, obéissez à Dieu, obéissez au Prophète et à ceux qui ont autorité sur vous » (Al-Nisa’, 4: 59). Et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  dit : « Ecoutez et obéissez même si un Abyssinien à la tête comme un raisin sec a autorité sur vous [50] ». Il dit encore : « Les meilleurs gouverneurs sont ceux que vous aimez et qui vous aiment, qui invoquent les bénédictions de Dieu sur vous et sur lesquels vous invoquez les bénédictions. Les pires sont ceux que vous haïssez et qui vous haïssent et que vous maudissez comme ils vous maudissent. Ceux qui étaient présents lui demandèrent : ‘Ne devrions-nous pas les pourfendre par l’épée ? – Non, dit-il, tant qu’ils préservent la prière chez vous. Mais si vous trouvez chez eux des choses à leur reprocher, exécrer leur administration, mais ne cessez pas de leur obéir. [51]. Quant au gouverneur réprouvé ou corrompu, il revient à ceux qui ont la possiblitié de voter, de mettre à sa place un calife issu de la Ummah (nation) (ahl al-hall wal-‘aqd) – si possible – sans sédition, ni révolte armée ni effusion de sang. Mais, il ne s’est pas rebellé. Il est interdit de se soulever contre un dirigeant même s’il n’applique pas la Chari’a, ou une partie, car Dieu dit : « Les incroyants sont ceux qui ne jugent pas les hommes d’après ce que Dieu a révélé. » (Al-Ma’idah, 5: 44). Et encore : « Les injustes sont ceux qui ne jugent pas les hommes d’après ce que Dieu a révélé ». (Al-Ma’idah, 5: 45). Et ceci: « Les pervers sont ceux qui ne jugent pas les hommes d’après ce que Dieu a révélé. » (Al-Ma’idah, 5: 47). Il y a donc trois niveaux parmi les gens qui ne mettent pas en pratique la Chari’a: l’incroyance (kufr), la méchanceté (fusuq) et la cruauté (dhulm). Quiconque met un obstacle ferme à la pratique de la Chari’a dans un pays musulman est un incroyant, mais celui qui ne met pas tout en pratique de la Chari’a ou simplement ce qui est le plus important est simplement un malhonnête ou un malicieux. Dans certains pays, la mise en pratique de la Chari’a est limitée pour une question de souveraineté dont dépend la sécurité nationale et on peut l’admettre. En résumé, Ibn Abbas [52] dit que quiconque ne met pas en pratique la Chari’a est un malhonnête malicieux, mais il ne peut être taxé d’incroyant. On ne doit donc pas se rebeller contre lui. Ibn Abbas a dit que régner autrement qu’avec les commandements de Dieu est ‘une incroyance d’incroyance’. Il dit encore : « Ils ne veulent pas dire incroyance ; ce n’est pas une incroyance qui vous sort de la religion. »

22. Le Califat :

On s’accorde (ittifaq) parmi les savants de l’islam sur le fait que le califat est une obligation au sein de l’Ummah. Celle-ci n’en a plus depuis 1924. Mais pour nommer un nouveau califat il faut le consensus des musulmans et pas simplement d’une faction dans un petit coin du monde. Omar Ibn, AlKattab dit : « Quiconque prête allégeance à un homme sans consulter les musulmans se ridiculise lui-même et on ne devra suivre ni lui ni celui à qui il prête allégeance, car ils ont mis leur vie en péril [53]. Proclamer un califat sans consensus est une insurrection (fitnah) parce qu’elle met la majorité des musulmans qui ne l’approuve pas hors du califat. Cela va également conduire à l’émergence d’autres califats rivaux qui risquent de semer soulèvements et querelles parmi les musulmans. Les débuts d’une discorde ont commencé à pointer quand les imams sunnites de Mossoul ont refusé de vous prêter allégeance et que vous les avez tués. Dans votre discours, vous citez le Compagnon d’Abu Bakr Al-Siddiq : « On m’a donné autorité sur vous et je ne suis pas le meilleur d’entre vous. » Ceci pose une question : qui vous a donné autorité sur la Ummah ? Quel est ce groupe ? Et si c’est le cas, ce serait un groupe de quelques milliers qui se serait autoproclamé gouverneur de plus d’un milliard et demi de musulmans. Cette attitude tient du cercle vicieux déclarant : le fait d’être musulmans nous permet de décider qui est le calife. Nous en avons choisi un et quiconque le refuse n’est pas musulman. » Dans ce cas, un calife n’est rien de plus que le leader d’un groupe qui déclare que plus de 99% de musulmans ne sont pas musulmans. D’autre part, si vous reconnaissez le milliard et demi de personnes qui se considèrent musulmans, comment ne pas les consulter (chura) sur votre soi-disant califat ? Vous êtes donc confrontés à deux conclusions : soit vous admettez qu’ils sont musulmans et ils ne vous ont pas nommé calife – auquel cas vous ne l’êtes pas, soit vous ne les reconnaissez pas musulmans, auquel cas les musulmans sont un petit groupe qui n’ont pas besoin de calife, alors pourquoi utiliser le terme de ‘calife’ ? Pour être vrai, le califat doit être issu du consensus des pays musulmans, des organisations de savants musulmans et des musulmans du monde entier.

23. Des filiations nationales :

Dans un de vos discours, vous dites: « La Syrie n’appartient pas aux Syriens ni l’Iraq aux Iraquiens [54]. Dans le même discours, vous appelez les musulmans du monde entier à immigrer dans les pays sous contrôle de l’« État islamique » de l’Iraq et du Levant. En faisant cela, vous vous octroyez les droits et les ressources de ces pays et vous les distribuez à des populations étrangères à ces terres, même si elles sont de la même religion. C’est exactement ce qu’Israël a fait en invitant les Juifs de l’extérieur à s’installer en Palestine, chassant les Palestiniens et les privant de leurs droits et de leurs terres. Où est la justice dans tout cela ? Il reste que le patriotisme et l’amour de son pays ne sont pas en contradiction avec l’enseignement de l’islam. Bien au contraire, l’amour de son pays coule de notre foi qui est instinctive et guidée par la Sunnah. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) a dit à la Mecque: « Comme mon pays m’est cher et combien vous l’êtes pour moi ! Si mon peuple ne m’avait pas forcé à partir, je ne serais pas parti vivre ailleurs [55]«. On retrouve de nombreuses marques de patriotisme et d’amour du pays dans le Coran et dans la Sunnah : « Si nous leur avions prescrit : ‘Entretuez-vous ou quittez vos maisons, ils ne l’auraient pas fait, excepté un petit nombre. » (Al-Nisa’, 4: 66). Le commentaire de Fakhr Al-Din Al-Razi dit: « Quitter sa terre revient à se donner la mort [56]«. Et, sous l’autorité d’Anas Ibn Malik, de retour à Médine et en voyant les murs de la ville, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) aurait hâté le pas de sa chamelle. Arpentant une côte, il l’aurait gravie de tout son amour [pour Médine] [57]. Ibn Hajar dit: « Ce hadith prouve à la fois que Médine a de la valeur et qu’il est tout à fait légal d’aimer sa patrie et de languir de la revoir [58].

24. L’émigration :

Vous avez invité les musulmans du monde entier à émigrer dans les pays contrôlé par  l’« État islamique » en Iraq et au Levant [59]. Abu Muslim Al-Canadi, soldat de  l’« État islamique » a déclaré : « Venez nous rejoindre [en Syrie] avant qu’on en ferme les portes. [60] Il suffit de reprendre les mots du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) : « Il n’y a plus d’émigration après la conquête [de la Mecque], mais le jihad et [son] intention demeure. Et quand tu seras appelé à combattre, marche en avant [61]. » Conclusion En conclusion, Dieu s’est présenté comme « le plus miséricordieux des miséricordieux ». Il créa l’homme de sa bonté. Dieu dit dans le Coran : « Le Miséricordieux a fait connaître le Coran. Il a créé l’homme. » (AlRahman, 55: 1-3). Et Dieu créa l’homme par sa Bonté: « Si ton Seigneur l’avait voulu, il aurait rassemblé tous les hommes en une seule communauté. Mais ils ne cessent pas de se diviser, excepté ceux auxquels ton Seigneur a fait miséricorde et c’est pour cela qu’il les a créés. (Hud, 11: 118-119). Du point de vue linguistique, « cela » ici se rapporte au nom le plus proche, c’est-à-dire à la « miséricorde » et non pas au fait de « se diviser ». C’est l’opinion d’Ibn Abbas qui dit: « Il les créa de sa bonté [62]. » La voie la plus sûre d’atteindre cette bonté c’est d’adorer Dieu qui dit : « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent ». (Al-Dhariyat, 51: 56). Adorer Dieu n’est pas une faveur que l’on obtient de Dieu mais bien plutôt une nourriture qu’il nous prodigue. « Je n’attends aucun don de leur part. Je ne désire pas qu’ils me nourrissent. C’est Dieu le dispensateur de tous biens et le Maître de la force. ». (Al-Dhariyat, 51: 57-58). De plus, Dieu a révélé le Coran dans un effet de sa bonté: “Nous faisons descendre avec le Coran ce qui est guérison et miséricorde pour les croyants… ». (Al-Isra’, 17: 82). L’islam est miséricorde et ses valeurs sont pleines de clémence. Le prophète, qui fut envoyé en signe de miséricorde pour tous les mondes a résumé les actions d’un musulman envers les autres par ces mots : « Celui qui ne manifeste aucune pitié, n’en recevra aucune [63] ». Et : « Montrez de la pitié et il vous sera fait miséricorde [64]. » Mais, comme on a pu le constater à travers tout ce qui a été mentionné, vous avez fait faussement de l’islam une religion de la dureté, de la brutalité, de la torture et du meurtre. Comme nous l’avons démontré, c’est là une énorme faute et une offense envers l’islam, envers les musulmans et envers le monde entier. Revenez sur vos actes, cessez vos exactions, repentez-vous, arrêtez de faire du mal aux autres et revenez à la religion de la miséricorde. Dieu dit dans le Coran: « Dis ‘Ô mes serviteurs, vous qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. Dieu pardonne tous les péchés. Oui, il est celui qui pardonne, le miséricordieux !’ » (Al-Zumar, 39: 53). Et Dieu est Le plus savant.

Le 24 du Dhu el Qi’da, année de l’Hégire / Le 19 septembre 2014 de l’ère chrétienne.

Les déclarations d’Ali bin Abi Talib (c.)

Nu’aym ibn Hammad rapporte dans Al-Fitan, que le 4e calife, Ali ibn Abi Talib a dit: Quand vous verrez les drapeaux noirs, restez où vous êtes, ne bougez ni les mains ni les pieds. Puis, apparaîtra un groupe médiocre et insignifiant. Leur cœur ressemblera à des fragments de fer. Ils possèderont l’état. Ils ne passeront ni engagement ni accord. Ils en appelleront à la vérité, mais ils ne seront pas le peuple de la vérité. Leurs noms seront ceux attribués par leurs parents et leurs noms de code seront dérivés des villes. Ils laisseront leurs cheveux libres au vent comme ceux des femmes. Cette situation durera jusqu’à ce qu’ils se divisent. Puis, Dieu apportera la Vérité à qui Il veut [65]. Les gens demandent : ce récit par Ali bin Abi Talib (c.) rapporté par le maître d’Al-Bukhari (Nu’aym bin Hamad) il y a plus 1200 ans dans son livre Al-Fitan, se rapporte-t-il à  l’« État islamique » ? Peut-on comprendre ce récit comme suit ? « Quand vous verrez les drapeaux noirs ». Les drapeaux de  l’« État islamique » sont noirs. « Restez où vous êtes » : c’est-à-dire: restez chez vous, ô musulmans et ne les rejoignez pas. « Et ne bougez ni les mains ni les pieds «, autrement dit: ne les aidez pas financièrement ni avec de l’équipement. « Puis, apparaîtra un groupe médiocre et insignifiant » : en fait, médiocre et insignifiant s’entend de leur religion, de leur moralité et de leur pratique religieuse. « Leur cœur ressemblera à des fragments de fer » : ils vont tuer impitoyablement des prisonniers de guerre et torturer cruellement des gens. « Ils possèderont l’état » : en fait il y a près d’un siècle qu’aucun autre califat islamique n’a été proclamé que cet actuel « État islamique » en Iraq et au Levant. « Ils ne passeront ni engagement ni accord. » : l’« État islamique » n’a passé aucun accord avec la tribu Cha’État après que celle-ci leur ait prêté allégeance. En fait, l‘« État islamique » en a égorgé des centaines ainsi que des journalistes. « Ils en appelleront à la vérité » : l‘« État islamique » se revendique de l’islam. « Mais ils ne seront pas le peuple de la vérité. » Les gens de la vérité sont cléments. Le Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)  a dit: « Montrez de la pitié et il vous sera fait miséricorde ». « Leurs noms seront ceux attribués par leurs parents » : ‘ Ainsi, Abu Muthanna’, ‘Abu Muhammad’, ‘Abu Muslim’ etc.… « Et leurs noms de code seront dérivés des villes ». Ainsi: ‘Al-Baghdadi’, ‘al-Zarqawi’, ‘al-Tunisi’, etc.… « Ils laisseront leurs cheveux libres au vent comme ceux des femmes ». C’est justement ainsi que les combattants de l’« État islamique portent leur cheveux. « Jusqu’à ce qu’ils se divisent «, ainsi en est-il des différences entre l’« État islamique et son parent, le Front el-Nusra (el-Qaïda en Syrie). La lutte entre ces deux a déjà fait environ 10.000 morts en une seule année. « Puis, Dieu apportera la Vérité à qui Il veut ». Par une proclamation musulmane claire et sans équivoque (comme cette lettre ouverte). Le sage Luqman dit dans le Coran : « Ô mon fils. Même si c’était l’équivalent du poids d’un grain de moutarde et que cela fût caché dans un rocher ou dans les cieux, ou sur la terre, Dieu le présentera en pleine lumière. Dieu est subtil et bien informé. » (Luqman, 31: 16)

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NOTES

 

[1] Rapporté par Muslim in Kitab al-Iman, no. 55

[2] Publié par Sawarim Media sur YouTube (3 avr.14)

[3] Ibn Taymiyyah dit in Majmu’ Al-Fatawa (Vol. 28, p. 270), ‘The Prophet dit, “J’ai été envoyé avec l’épée

comme signe de la Dernière Heure pour que nul ne soit honoré sinon Dieu seul, sans associé. J’en appelle à

la force de mon épée. Honte, humiliation adviendront à ceux qui désobéissent à mes enseignements. Et

quiconque imite les gens en fera partie.” Ahmad fait part de ce hadith dans son Musnad [Vol. 2, p.50] sous

l’autorité de Ibn Umar et Bukhari le cite’. La chaîne des narrateurs de ce hadith est cependant faible.

[4] Rapporté par Bukhari in Kitab al-Tawhid, n° 7422 et par Muslim in Kitab al-Tawbah, n° 2751.

[5] Ibn Taymiyyah dit in Majmu’ Al-Fatawa (Vol. 13, p. 341), ‘La tautologie dans la langue [arabe] est rare et encore plus dans le Coran sinon inexistante.’ Al-Raghib Al-Asfahani dit in Mufradat Al-Qur’an (p. 55), ‘Ce livre a été suivi …d’un autre qui nous informe sur l’usage des synonymes et sur leurs subtiles différences. En cela, le caractère unique de chaque expression nous permet de la distinguer de ses synonymes.’

[6] Tafsir Al-Tabari (Vol. 9, p. 28).

[7] Rapporté par Al-Tirmidhi in Tafsir Al-Qur’an, n° 2950.

[8] Rapporté par Bukhari in Kitab al-Hudud, n° 6786 et by Muslim in Kitab al-Fada’il, n° 2327.

[9] Rapporté par Abu Dawood in Kitab Al-Adab, n° 4904.

[10] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Adab, n° 6030.

[11] Al-Ghazali, Al-Mustasfa fi Usul Al-Fiqh, (Vol. 1, p. 420).

[12] Ibn Qayyim Al-Jawziyyah, I’lam Al-Muqi’een ‘an Rabbil-‘Alamin, (Vol. 4, p. 157).

[13] Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) n’a pas tué les hypocrites qui n’étaient pas d’accord avec lui, il n’a pas non plus permis qu’ils soient tués. En effet, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit: ‘Afin qu’on ne dise pas que Mohammed a tué ses compagnons.’ Rapporté par Bukhari in Kitab Tafsir al-Qur’an, n° 4907, et par Muslim in Kitab alBirr wal-Silah, n° 2584.

[14] Rapporté par Imam Ahmad in his Musnad, (Vol. 6, p. 306).

[15] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Jihad, n° 3004.

[16] Rapporté par Al-Bayhaqi in Kitab al-Zuhd, (Vol. 2, p. 165), et par Al-Khatib Al-Baghdadi in Tarikh Baghdad, (Vol. 3, p. 523).

[17] Rapporté par l’Imam Malik in Al-Muwatta’ ; Kitab al-Nida’ Lissalah, n° 490 et aussi par Al-Tirmidhi in

Kitab alDa’awat et Ibn Majah in Kitab al-Adab, n°3790, et corrigé par Al-Hakim in Al-Mustadrak (Vol. 1, p. 673).

[18] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Tawhid, n° 7458 et par Muslim in Kitab al-Imarah, n° 904.

[19] Rapporté par Muslim in Kitab Al-Imarah, n° 1905.

[20] Cf. Ahkam al-Harb fil-Islam de Wahbi Al-Zuhayli.

[21] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Jihad, n° 2946.

[22] Rapporté par Bukhari in Sahih, Kitab al-Jihad, n° 3053, et par Muslim in Kitab al-Wasiyyah, n° 1637.

[23] Rapporté par Muslim in Kitab al-Jihad, n° 1731 et par Al-Tirmidhi in Kitab al-Diyyat, n° 1408.

[24] Rapporté par Ibn Abi Shayba in Al-Musannaf (Vol. 6, p. 498).

[25] Les diacres étaient des prêtres armés combattants.

[26] Rapporté par Al-Bayhaqi in Al-Sunan Al-Kubra, (Vol. 9, p. 90) et par Al-Marwazi in Musnad Abi Bakr, n°21.

[27] Rapporté par Ibn Abdullah in Al-Isti’ab (Vol. 2, p. 812) et par Al-Qurtubi dans son commentaire (Vol. 9,

p. 129): ‘Qatada dit: “Dieu a ordonné que les prisonniers soient bien traités.”’

[28] Rapporté par Al-Bayhaqi in Al-Sunan Al-Kubra, (Vol. 9, p. 118) ; Fayd Al-Qadeer Sharh al-Jami’ alSagheer, (Vol. 5, p. 71).

[29] Rapporté par Muslim in Kitab al-Jihad, n° 1745.

[30] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Maghazi, n° 4403 et par Muslim in Kitab al-Iman, n° 66.

[31] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Jihad, n° 2946.

[32] Tel que relaté in Al-Hafiz Al-Haythami’s Majma’ Al-Zawa’id, (Vol. 1, p. 106).

[33] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Jihad, n° 6104. [34] Rapporté par Ibn Habban in his Sahih, (Vol. 1, p. 282).

[35] Rapporté par Muslim in Kitab al-Iman, n° 96. Un autre récit rapporte: ‘“L’as-tu tué après qu’il ait dit: ‘il n’y a d’autre dieu que Dieu’. Je lui dis alors: “ Il essayait de sauver sa vie”. [The Prophet] continua à poser la question …” Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Maghazi, n° 4369.

[36] Vidéo sur YouTube, http: //www.youtube.com/watch?v=9yrVPE_-f9I , Juin, 2014.

[37] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab Bad’ al-Wahy, n °1 ; et aussi par Muslim in Kitab al-Imarah, n°1907.

[38] Siyar A’lam Al-Nubala’ de Al-Dhahabi, (Vol. 11, p. 393).

[39] Rapporté par Ibn Majah, Kitab al-Zuhd, n° 4204.

[40] Rapporté par Muslim in Kitab Sifat al-Qiyamah wal-Jannah wal-Nar, n° 2812.

[41] Al-Tabari dit dans son commentaire (Vol. 6, p. 157): ‘Dans la parole de Dieu: “combattez ceux qui ne croient pas en Dieu ni au Jour dernier …” n’est pas liée la question du pardon et de l’amnistie … S’ils sont d’accord d’être soumis et de payer la jizyah après la guerre, on peut ordonner de pardonner les complots et serments fomentés pour autant qu’ils ne mènent plus la guerre, sans payer la jizyah ou qu’ils refusent de suivre les lois qui s’y réfèrent.

[42] Des juristes décrétèrent la suppression de la jizyah pour ceux qui rejoindraient l’armée musulmane, comme ce fut le cas au temps d’Omar bin Al-Khattab.

[43] Rapporté par Al-Imam Malik in al-Muwatta’, in Kitab al-Zakat, n° 617, and by Al-Shafi’i in his Musnad,

n°1008.

[44] Commentaires d’Al-Qurtubi, (Vol. 8, p. 110).

[45] Cf. Al-Bidayah wal-Nihayah d’Ibn Kathir (Vol. 5, p. 284) dans lequel il dit: ‘Le Prophète a libéré les esclaves hommes et femmes …et après la mort du Prophète, on n’en comptait plus chez lui.’

[46] Ma’rifat as-Sunan wa Al-Athar, Bayhaqi (Vol. 11, p. 135) ; As-Sunan Al-Kubra, Bayhaqi (Vol. 6, p. 596) ; Sirah Ibn Hisham (Vol. 1, p. 266).

[47] Rapporté par Ibn Majah, n° 224 et par Al-Tabarani in al-Mu’jam al-Kabir (10/195).

[48] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Nikah, n°5186 ; et par Muslim in Kitab al-Rida’, n°1468.

[49] Rapporté par Muslim dans son Sahih, n° 977, et par Al-Tirmidhi, n°1054 et d’autres.

[50] Rapporté par Al-Bukhari in Ktab al-Adhan, n° 693.

[51] Rapporté par Muslim in Kitab al-Imarah, n° 1855.

[52] Rapporté par Al-Hakim in Al-Mustadrak ‘ala as-Sahihayn, (Vol. 2, p. 342).

[53] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Hudud, n°6830.

[54] BBC news online, 1er Juillet 2014.

[55] Rapporté par Al-Tirmidhi in Kitab al-Manaqib, n°3926 et in Sahih Ibn Hibban (Vol. 9, p. 23).

[56] Mafatih Al-Ghayb, Al-Razi (Vol. 15, p. 515) exégèse d’Al-Anfal, 8: 75.

[57] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Hajj, n°1886.

[58] Fath Al-Bari, Ibn Hajar (Vol. 3, p. 621).

[59] BBC news online, on 1st July 2014.

[60] Il est apparu sur une vidéo de propagande diffusée par Hayat Media Center, en août, 2014.

[61] Rapporté par Al-Bukhari in Kitab al-Jihad, n° 2783.

[62] Cf. Mafatih Al-Ghayb, Al-Razi (Vol. 18, p. 412).

[63] Rapporté par Bukhari in Kitab al-Adab, n°5997, et par Musim in Kitab al-Fada’il, n°2318.

[64] Rapporté par Ahmad dans son Musnad (Vol. 2, p. 160).

[65] Rapporté par Nu’aym ibn Hammad in Kitab Al-Fitan, Hadith n°573.

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Sources :

 
et
et la traduction française ici:

 

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1 février 2015

“Charlie Hebdo”: la revue de presse des prises de position philosophiques

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 00 min
“Charlie Hebdo”: la revue de presse des prises de position philosophiques

Cédric Enjalbert, sur le site de Philosophie Magazine, avait réalisé à chaud une petite revue de presse des différentes relectures philosophiques qui ont été faites de l’événement des attentats contre Charlie Hebdo :

http://www.philomag.com/lepoque/breves/charlie-hebdo-la-revue-de-presse-des-prises-de-position-philosophiques-11011

Intéressant à relire après coup, et pertinent, comme toujours avec cette revue.

 

Le 13/01/2015

Mahomet en une du Charlie Hebdo du mercredi 14 janvier 2015

L’attentat qui a visé la rédaction de “Charlie Hebdo” mercredi 7 janvier 2015 n’a pas seulement suscité un émoi sans précédent dans le pays. Cette atteinte à l’un des fondements de la République et à un pan de l’esprit français des Lumières – l’impertinence de la satire – a immédiatement alimenté une masse d’interprétations philosophiques dans les médias. Tour d’horizon de ces prises de positions.

 

Liberté contre sécurité

« Un attentat abominable » qui doit « nous ouvrir les yeux ».C’est ainsi que s’exprime Pascal Bruckner dans Le Figaro, le soir de l’attentat qui a fait douze morts à la rédaction de Charlie Hebdo. Ouvrir les yeux, soit. Sur quoi? Sur la « complaisance coupable » que la société aurait à l’égard de l’islam radical selon l’essayiste, pour lequel « le seul moyen de combattre ce genre de menace est d’étendre le pouvoir de la police »

Contre ces mesures d’exception nullement souhaitables et contre tout risque de dérive sécuritaire, Robert Badinter réitère la mise en garde« Les terroristes nous tendent un piège politique ». Car « ce n’est pas par des lois et des juridictions d’exception qu’on défend la liberté contre ses ennemis. Ce serait là un piège que l’histoire à déjà tendu aux démocraties. »

Dont acte. À l’unisson de l’ancien Garde des sceaux, Bernard-Henri Lévy reprend avec emphase« La France doit – se doit – de mettre en œuvre un antiterrorisme sans pouvoirs spéciaux, un patriotisme sans Patriot Act, une gouvernementalité qui ne tombera dans aucun des pièges où manquèrent de se perdre les États-Unis de l’après-11-Septembre. »


 

Un 11-Septembre français?

Le spectre d’un 11-Septembre français hante quelques esprits. L’analogie tente Alain Finkielkraut qui identifie au micro d’Élisabeth Lévy pour Causeur.fr, dans l’attaque terroriste qui a bouleversé le pays, une « césure historique »Michel Onfray se livre, lui, dans Le Point à une ample analyse géopolitique du dramatique événement, dans la foulée du Tweet dont il s’est fendu dans l’urgence: « Mercredi 7 janvier 2015 : notre 11-Septembre ». Il creuse l’analogie: « À qui peut-on faire croire qu’hier le régime des talibans en Afghanistan, celui de Saddam Hussein en Irak ou de Kadhafi en Libye, aujourd’hui celui des salafistes au Mali ou du califat de l’État islamique menaçaient réellement la France avant que nous ne prenions l’initiative de les attaquer ? Que maintenant, depuis que nous avons pris l’initiative de les bombarder, ils ripostent, c’est, si l’on me permet cette mauvaise formule, de bonne guerre ! »
 


 

Mauvaise formule et ressemblance trompeuse comme le souligne notamment Régis Debray au micro d’Europe 1 et le chercheurOlivier Roy, spécialiste de l’Islam. Selon ce dernier, « l’enjeu, au-delà d’une dimension purement sécuritaire qui est parfaitement gérable (non, il ne s’agit pas du 11-Septembre français, – un peu de tenue et de retenue !), est celui de la présence musulmane en France. »

Il poursuit, distinguant les deux discours qui se partagent l’espace public. Le premier entend démontrer que le terrorisme n’est que« l’expression exacerbée d’un “vrai” islam qui se ramènerait en fait au refus de l’autre, à la suprématie de la norme (charia) et au djihad conquérant ». Le second, plus minoritaire, renvoie à l’Islam dit des Lumières, progressiste, qui incarnerait « une religion de paix et de tolérance ». Or « Les deux discours opposés sont fondés en fait sur le même fantasme d’une communauté musulmane imaginaire. Il n’y a pas de communauté musulmane, mais une population musulmane. Admettre ce simple constat serait déjà un bon antidote contre l’hystérie présente et à venir. »

Ali Benmakhlouf cite à son tour Olivier Roy dans les dix points qu’il dresse pour « éviter quelques crampes mentales pouvant naître à la suite des évènements meurtriers qui se sont produits dans les locaux de Charlie Hebdo, en pleine rue à Montrouge et dans l’épicerie casher de la porte de Vincennes. » Parmi eux, cesser de « faire de l’islam un critère explicatif des malaises ou des difficultés que rencontre la société française » et « éviter de mettre quelqu’un ou de se mettre soi-même dans la boîte miniaturisée de l’appartenance religieuse. »

Réforme spirituelle

Abdennour Bidar renchérit sur cette absence d’unité, qu’il faut cultiver et enrichir comme antidote au fanatisme ainsi qu’aux délires religieux et racistes. L’auteur de la Lettre ouverte au monde musulman, publiée le 9 janvier 2015, écrit : « Il y a en Terre d’islam et partout dans les communautés musulmanes du monde des consciences fortes et libres, mais elles restent condamnées à vivre leur liberté sans assurance […]. Ce refus du droit à la liberté vis-à-vis de la religion est l’une de ces racines du mal dont tu souffres, ô mon cher monde musulman, l’un de ces ventres obscurs où grandissent les monstres que tu fais bondir depuis quelques années au visage effrayé du monde entier. » 

Et l’auteur de conclure sa lettre par un appel à une réforme spirituelle, à laquelle Étienne Balibar appelle lui aussi : « À l’exploitation de l’islam par les réseaux djihadistes – dont, ne l’oublions pas, des musulmans partout dans le monde et en Europe même sont les principales victimes – ne peut répondre qu’une critique théologique, et finalement une réforme du “sens commun” de la religion, qui fasse du djihadisme une contre-vérité aux yeux des croyants. Sinon, nous serons tous pris dans le mortel étau du terrorisme, susceptible d’attirer à lui tous les humiliés et offensés de notre société en crise, et des politiques sécuritaires, liberticides, mises en œuvre par des États de plus en plus militarisés. Il y a donc une responsabilité des musulmans, ou plutôt une tâche qui leur incombe. Mais c’est aussi la nôtre, non seulement parce que le “nous” dont je parle, ici et maintenant, inclut par définition beaucoup de musulmans, mais aussi parce que les chances d’une telle critique et d’une telle réforme, déjà ténues, deviendraient carrément nulles si nous nous accommodions encore longtemps des discours d’isolement dont, avec leur religion et leurs cultures, ils sont généralement la cible. »

DJihad, c’est l’un des trois mots explorés par le philosophe « pour les morts et les vivants », aux côtés de communauté et d’imprudence. Communauté – préférée à « union nationale », un concept qui « n’a pratiquement jamais servi qu’à des buts inavouables : imposer le silence aux questions dérangeantes et faire croire à l’inévitabilité de mesures d’exception » – dont la France a fait la preuve ce dimanche 11 janvier. En descendant dans les rues, des millions de citoyens républicains ont retrouvé, au propre comme au figuré selon la formule du médiologue Régis Debray invité de France Culture, le « chemin de la République à la Nation ».

Imprudence, est le troisième terme posé par Étienne Balibar, sur lequel il faudra continuer de se pencher pour comprendre comment articuler le « mépris du danger » des tenants courageux de la liberté d’expression et leur « indifférence envers les conséquences éventuellement désastreuses d’une saine provocation ».

Liberté d’offenser

Le philosophe Ruwen Ogien propose une précision philosophique pour mener à bien cette tâche d’utilité démocratique, se demandant : « Que reste-t-il de la liberté d’offenser ? » dans Libérationopérant une distinction entre la liberté d’offenser contenue dans la liberté d’expression et le préjudice. « Il serait difficile en effet de défendre la liberté d’expression sans reconnaître la pleine liberté d’offenser, celle que l’équipe décimée de Charlie Hebdo a si bien pratiquée en se moquant des croyances absurdes et des préjugés racistes ou xénophobes, sans jamais causer le moindre préjudice concret à qui que ce soit en particulier. » 

À en croire la prochaine couverture du numéro exceptionnel de Charlie Hebdoà paraître demain, la rédaction meurtrie n’a rien perdu de sa liberté, d’expression et d’offenser, elle qui représente le prophète larme à l’oeil, une pancarte à la main. Y est inscrit : « Je suis Charlie ». Et au-dessus, surmontant ironiquement l’ensemble: « Tout est pardonné ». Ce pied de nez à la bêtise et au fanatisme sera tiré à trois millions d’exemplaires et distribué partout en Europe dès mercredi.

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