L'homélie du dimanche (prochain)

11 octobre 2020

Charlie, César et Dieu

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Charlie, César et Dieu

Homélie pour le 29° Dimanche du temps ordinaire / Année A
18/10/2020

Cf. également :

Résistez à la dictature du format court !
Refusez la pression fiscale !
« Tous pourris » ?
Charlie Hebdo”: la revue de presse des prises de position philosophiques

Droit au blasphème

Charlie Hebdo Le procès des complices des attentats contre Charlie Hebdo de 2015 s’est interrompu ce vendredi 26 septembre. Il a suffi d’un jeune Pakistanais voulant venger l’honneur de Mahomet insulté selon lui par les caricatures publiées à nouveau à la une de Charlie pour que les victimes de 2015, atterrées, revivent l’angoisse devant la haine islamiste. Sans oublier les blessés graves de la rue Nicolas Appert dans le 11e arrondissement de Paris. La question n’est donc pas réglée ? La liberté d’expression ne fait-elle pas consensus ? Le droit français de critiquer les religions n’a-t-il pas été validé une fois pour toutes ?
Il faut croire que non… La religion (musulmane en l’occurrence) s’invite comme acteur de la scène publique, cherchant à imposer sa conception du bien et du mal : caricatures, vêtements ‘décents’ des femmes, nourriture halal, certificats de virginité, séparatisme, rôle trouble du Hezbollah au Liban etc. Un sondage Ifop, en 2018, montrait que 37 % des enseignants s’étaient déjà autocensurés pour éviter un incident au sujet de la laïcité (venant essentiellement des enfants ou familles musulmanes), une proportion qui grimpait jusqu’à 53 % pour ceux de l’éducation prioritaire…

La vieille distinction entre Dieu et César de notre évangile d’aujourd’hui (Mt 22, 15-21) a du plomb dans l’aile ! Un autre récent sondage IFOP indique que 17 % des Français font passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République, 37 % des moins de 25 ans, 74 % des jeunes musulmans ! La jeunesse a toujours été ferment de radicalité – c’est vrai – mais là on est très loin de la laïcité officielle.
Au même moment, Donald Trump nommait à la Cour suprême des États-Unis une catholique pratiquante, réputée pour faire passer ses convictions chrétiennes dans sa pratique juridique, contre l’avortement notamment. Et bien sûr, les médias français ne comprennent pas ce qu’ils appellent une régression et le retour de l’obscurantisme américain. Comment !? Dieu pourrait-il faire plier César ? On n’a pas fait 1905 pour rien !
La question est décidément complexe.
Suivons de plus près le fameux épisode du denier rendu à César de ce dimanche pour apporter quelques éléments de réflexion.

 

Sacré César ?

Faire parler Jésus pour le mettre à l’épreuve et le prendre au piège : la tactique perverse des pharisiens est vite éventée. Pour percer leur hypocrisie et échapper au piège, Jésus, plutôt que de se lancer dans un long discours, plutôt que de répondre oui ou non comme il y est sommé, va poser un geste énigmatique, à la façon des rabbins : « Montrez-moi la monnaie de l’impôt ». Tiens ! C’est donc que Jésus n’a pas un sou en poche, sinon il l’aurait tiré de sa tunique. Première indication : la liberté de Jésus face à César s’enracine dans son rapport à l’argent. Il refuse d’être régi par les lois habituelles des échanges marchands. Il revendiquera ce même droit pour le Temple, qu’il libérera des trafics des marchands d’animaux et de bondieuseries. Est-ce pour autant qu’il méprise l’argent ? Non, puisqu’il demande le faire fructifier, et qu’il y reconnaît le juste salaire d’une journée de travail, ou l’offrande inestimable de la pauvre veuve. Simplement, il ne veut pas que sa parole et ses actes soient régis Charlie, César et Dieu dans Communauté spirituelle Traianus_denarius_105_90020184par les lois de l’argent.
La monnaie romaine présentait  d’ailleurs pour les juifs de Palestine un double sacrilège : les pièces portaient l’inscription de la divinité de César (« Empereur Tibère, auguste fils de l’auguste dieu »), et une effigie du portrait impérial prétendant incarner l’image de ce Dieu vivant. Le denier présenté par les pharisiens alors a dû leur brûler les doigts : qui voudrait garder en ses mains une telle monnaie impie qui bafoue publiquement les deux premiers commandements de Moïse (ne pas avoir d’autre dieu que Dieu, ne pas en faire d’image) ? ! C’est pourquoi les pharisiens répondent du bout des lèvres : « de César », car ils n’ont pas envie d’en dire plus sur le double blasphème gravé sur la pièce.

Vient alors la célébrissime réplique de Jésus : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Ce n’est peut-être pas le fondement de notre laïcité qui est en jeu ici – ce qui serait anachronique – mais plutôt la désacralisation du pouvoir politique. Jésus en quelque sorte répond : ‘laissez César à sa prétention d’être un Dieu vivant. Ne soyez pas complices du mensonge d’État sur lequel il veut asseoir son pouvoir. Par contre, témoignez  que Dieu est Dieu : à lui seul rendez l’adoration et la louange’ [1].

domaine-des-dieux-cesar-asterix César dans Communauté spirituelleLes pharisiens n’ont sans doute rien compris. D’ailleurs, pendant la parodie de procès de Jésus, ils iront jusqu’à proclamer : « nous n’avons d’autre roi que César » (Jn 19,15), contredisant ainsi leurs déclarations de fidélité à l’Alliance où seul Dieu est le roi de son peuple. Ils utiliseront également la peur que César inspire à Pilate pour le contraindre : « si tu délivres celui-ci, tu n’es pas ami de César ; car quiconque se fait Roi, est contraire à César » (Jn 19,12). Tordant la réponse de Jésus au sujet de l’impôt à César, ils iront même jusqu’à affirmer : « nous avons trouvé cet homme sollicitant la nation à la révolte, et défendant de donner le tribut à César » (Lc 23,2). Évidemment, Jésus n’a jamais rien dit de tel. Mais la calomnie est toujours utile pour faire condamner l’innocent. Non seulement Jésus n’a pas demandé de boycotter l’impôt dû à César, mais il s’y est lui-même soumis, avec là encore une liberté étonnante. C’est l’autre fameux passage sur l’impôt où Jésus demande à Pierre d’aller pêcher un poisson pour en extraire les pièces d’argent qui suffiront à payer l’impôt pour eux deux. Peut-être une allusion à la prise en charge financière des apôtres par leurs communautés chrétiennes (les ‘poissons’) ? En tout cas, la solution au dilemme est élégante : Jésus aurait le droit d’échapper à cet assujettissement à la taxe romaine, parce qu’il est le fils, mais il préfère changer les cœurs avant les structures sociales, et s’acquitter de son impôt en manifestant que ce n’est pas lui qui paie, donc il est libre vis-à-vis de César.

Comme ils étaient venus à Capharnaüm, les collecteurs du didrachme s’approchèrent de Pierre et lui dirent : « Est-ce que votre maître ne paie pas le didrachme ? »  « Mais si », dit-il. Quand il fut arrivé à la maison, Jésus devança ses paroles en lui disant: « Qu’en penses-tu, Simon ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils taxes ou impôts ? De leurs fils ou des étrangers ? »  Et comme il répondait: « Des étrangers », Jésus lui dit: « Par conséquent, les fils sont exempts.  Cependant, pour ne pas les scandaliser, va à la mer, jette l’hameçon, saisis le premier poisson qui montera, et ouvre-lui la bouche: tu y trouveras un statère ; prends-le et donne-le leur, pour moi et pour toi. » (Mt 17, 24-27)

Ces deux passages sur l’impôt désacralisent le pouvoir politique, quel qu’il soit.

Ils le dédiabolisent également. César n’est pas Dieu, mais il n’est pas le diable non plus. Il a le droit de lever l’impôt (tout dépend de ce qu’il en fera !). Les pharisiens voudraient ici que Jésus conteste frontalement ce droit du politique à organiser la vie sociale. Et Judas espère sans doute secrètement que son idole va sonner l’heure de la révolte violente contre cette oppression de l’occupant romain. En rendant à César ce qui est à César, Jésus refuse de le diaboliser (« tous pourris ! ») : s’il accepte de ne pas prendre la place de Dieu, César doit pouvoir compter sur la participation de tous pour construire le bien commun. À condition que l’impôt serve vraiment à cela. Le collecteur d’impôts Lévi devenu l’apôtre et évangéliste Matthieu est un vivant témoignage de la dédiabolisation que Jésus opère. Paul confirme l’enseignement de Jésus : « C’est encore la raison pour laquelle vous payez des impôts ; ceux qui les perçoivent sont chargés par Dieu de s’appliquer à cet office. Rendez à chacun ce qui lui est dû… » (Rm 13,1-7)

On est bien loin en fait de nos débats actuels sur la laïcité. Désacraliser le pouvoir politique sans le diaboliser pour autant, réaffirmer que Dieu est Dieu, bien au-dessus de César (« tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’avait été donné d’en haut » Jn 19,11) : le geste de Jésus avec le denier romain ne nous donne pas de solution pour gérer les relations entre les religions et les États. Il nous invite seulement à distinguer Dieu et César, sans séparation ni confusion, selon la belle formule des premiers conciles à propos de la double identité de Jésus, vrai homme et vrai Dieu.

 

Ne séparez pas…

La-separation-des-eglises-de-de-l-etat CharlieÀ ce titre, la séparation complète prônée par certains idéologues de la laïcité à la française est assez étrangère aux Évangiles. Ceux qui voudraient que la religion relève uniquement de la sphère privée ignorent complètement la nature même de l’élan religieux : relier (religare en latin) les hommes entre eux en les reliant à Dieu, ce qui a obligatoirement des conséquences sociales, collectives, structurelles. Comment s’étonner que des évangélistes et des catholiques américains défendent sur la scène publique leur conviction que la vie humaine est sacrée, de la conception à la mort ? Si vraiment l’avortement est à leurs yeux l’élimination d’une vie humaine, pourquoi ne chercheraient-ils pas (démocratiquement) à protéger les futurs embryons de ce qu’ils considèrent comme un meurtre objectif ?
Comment s’étonner également que des musulmans du Pakistan ou d’Iran ressentent comme un douloureux blasphème les caricatures de Charlie Hebdo ? Digne successeur d’Hara Kiri, « journal satirique bête et méchant » comme il se définissait lui-même, Charlie Hebdo utilise la grossièreté, la vulgarité et la laideur contre les religions, au lieu d’engager un débat de fond – qui serait fort utile ! – sur la véracité et la cohérence des doctrines religieuses, sur l’interprétation des textes sacrés etc.

Vouloir organiser la vie sociale sans tenir aucun compte des opinions religieuses ne peut engendrer que violence et oppression. Croire en Dieu a une répercussion publique. Mieux vaut chercher à harmoniser les conséquences sociales des religions plutôt que de les ignorer ou de les combattre.

Les chrétiens se souviendront que pendant les trois premiers siècles ils ont été en butte à l’hostilité et aux persécutions du pouvoir civil. On les considérait comme de dangereux athées (puisqu’ils disaient que César n’est pas Dieu, ni les autres divinités romaines ou grecques), des séditieux qui recrutaient parmi les esclaves et les prostituées, des fanatiques qui préféraient mourir en bénissant leurs bourreaux plutôt que de renier leur foi. Les apôtres ne chantaient-ils pas après avoir reçu le fouet du Sanhédrin, en proclamant : « mieux vaut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5,29) ? Au II° siècle, la Lettre à Diognète témoigne de la volonté des chrétiens de cohabiter tranquillement avec leurs concitoyens, du moment qu’on leur laisse la liberté de suivre « les lois extraordinaires et paradoxales de leur république spirituelle » :

« … les Chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. Ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne se servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. […] Ils se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l’emporte en perfection sur les lois. »

 

Confusion des pouvoirs

Malheureusement, après trois siècles de séparation plus ou moins violente à leurs dépens, l’histoire des Églises s’est ensuite vautrée dans la confusion des pouvoirs, à l’opposé de la distinction Dieu/César. En Orient, l’aigle byzantin bicéphale symbolise l’immixtion (toujours actuelle) des Églises orthodoxes dans la vie politique. En Occident, la théorie des deux glaives a voulu soumettre le temporel au spirituel, allant jusqu’à humilier le roi germanique Henri IV à Canossa, jusqu’à ce que la modernité des Lumières sonne l’émancipation des peuples de cette trop lourde tutelle ecclésiale.

Bref : à l’image des pharisiens, les chrétiens ont été capables des pires hypocrisies sur les relations entre Dieu et César, confondant le royaume de Dieu avec les intérêts terrestres des rois, des empereurs, des papes, du clergé…

Cela ne supprime pas pour autant l’impératif de Jésus : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Outre l’humilité à laquelle l’histoire nous appelle, il nous faut sans cesse scruter cette parole pour discerner comment elle pourrait s’accomplir aujourd’hui. Musulmans et chrétiens américains voudront trop soumettre César à Dieu (à leur conception de Dieu). Les laïques français voudront plutôt chasser Dieu de la vie publique. Ni les uns ni les autres ne seront satisfaits de l’appel à la responsabilité que Jésus pose dans son geste énigmatique sur le denier de l’impôt ou sur le poisson pour le payer. On peinera à chercher une doctrine de la laïcité dans la bouche du Christ. C’est comme s’il nous disait : « pourquoi voulez-vous me faire juge de vos affaires ? (Lc 12,14) Vous avez l’Esprit Saint : à vous de discerner, de juger, d’inventer ce qui est bon pour l’homme à une époque donnée pour bien gérer les relations entre Dieu et César » [2].

Ne cédons pas aux sirènes majoritaires d’un camp ou d’un autre : le Christ nous rend assez libres pour contester César s’il le faut, et dénoncer les partisans de Dieu lorsqu’ils le défigurent.

L’Église catholique a mis plus d’un siècle en France pour finalement accepter la laïcité républicaine, après bien des déchirements. L’islam mettra-t-il autant de temps ? Pourra-t-il interpréter le Coran en ce sens ? De sa réponse dépendra la paix civile et la concorde nationale.


[1]. Jean Paul II, dans sa lettre aux Évêques de France en 2005, à l’occasion du centenaire de la loi de 1905, revient sur cette question en évoquant la même référence évangélique : « Le principe de laïcité auquel votre pays est très attaché, s’il est bien compris, appartient aussi à la Doctrine sociale de l’Église. Il rappelle la nécessité d’une juste séparation des pouvoirs, qui fait écho à l’invitation du Christ à ses disciples : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Lc 20,25) Encore faut-il s’entendre sur les termes, préciser ce qu’est, pour l’Église une « légitime et saine laïcité » ».

[2]. Ainsi le Concile Vatican II a-t-il pris fermement position : « « sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Église sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes. (…) Elles exerceront d’autant plus efficacement ce service pour le bien de tous qu’elles rechercheront davantage entre elles une saine coopération, en tenant également compte des circonstances de temps et de lieu » (GS 76, 3).

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« J’ai pris Cyrus par la main pour lui soumettre les nations » (Is 45, 1.4-6)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, qu’il a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée : « À cause de mon serviteur Jacob, d’Israël mon élu, je t’ai appelé par ton nom, je t’ai donné un titre, alors que tu ne me connaissais pas. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors moi, pas de Dieu. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. »

PSAUME
(Ps 95 (96), 1.3, 4-5, 7-8, 9-10ac)
R/ Rendez au Seigneur la gloire et la puissance. (Ps 95, 7b)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Il est grand, le Seigneur, hautement loué,
redoutable au-dessus de tous les dieux :
néant, tous les dieux des nations !
Lui, le Seigneur, a fait les cieux.

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.
Apportez votre offrande, entrez dans ses parvis.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté :
tremblez devant lui, terre entière.
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! »
Il gouverne les peuples avec droiture.

DEUXIÈME LECTURE
« Nous nous souvenons de votre foi, de votre charité, de votre espérance » (1 Th 1, 1-5b)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

Paul, Silvain et Timothée, à l’Église de Thessalonique qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. À vous, la grâce et la paix. À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui. En effet, notre annonce de l’Évangile n’a pas été, chez vous, simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint, pleine certitude.

ÉVANGILE
« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 15-21)
Alléluia. Alléluia.Vous brillez comme des astres dans l’univers en tenant ferme la parole de vie. Alléluia. (Ph 2, 15d.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Patrick BRAUD

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9 octobre 2014

Tenue de soirée exigée…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Tenue de soirée exigée…

Homélie du 28° Dimanche du temps ordinaire Année A
12/10/2014

 

Tenue de soirée exigée… dans Communauté spirituelle menu

         Reines de l’océan en Belle-Vue
         Turbot au chablis
         Veau braisé soubise
         Poulardes truffées
         Salade mimosa
         Fromages
         Bavaroise
         Fruits – Café                 

Ça vous met l’eau à la bouche !

 

J’avais retrouvé ce menu d’un repas de noces dans ma famille, d’un mariage célébré en 1945 ! À écouter un tel menu de noces, on se demande pourquoi il y en a qui refuseraient de s’asseoir à la table ! Et pourtant, la parabole de ce Dimanche nous rappelle que ce refus est toujours possible, et que Jésus s’y est exposé, jusqu’à la Croix.

« Le Royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils ».

Quand Jésus évoque le Royaume des cieux, il prend l’une des plus vieilles réalités humaines : les noces.

C’est lui le Fils qui célèbre ses épousailles avec l’humanité.

Et chacun de nous est demandé en mariage aujourd’hui par le Fils de Dieu lui-même !

C’est la grandeur et la dignité du mariage, et c’est pour cela que le mariage est pour nous un sacrement. En regardant vivre les gens mariés, on devrait pouvoir deviner combien le Christ désire épouser chacun. D’où la responsabilité particulière des couples mariés à l’église : témoigner des noces que Dieu célèbre pour son fils avec tout être humain, toute l’humanité. Heureux les invités à ce repas de noces où le Christ lui-même dresse la table de l’eucharistie, nouvelle Alliance !

Or certains refusent de venir.

1nouve12 César dans Communauté spirituelle

La violence meurtrière

Et nous sommes parfois de ceux-là qui ne tiennent aucun compte de cette invitation, à cause de fausses bonnes raisons : un champ à cultiver, un commerce à faire tourner – comme dans la parabole -, c’est-à-dire une vie professionnelle qui devient envahissante, une vie trop remplie de choses à faire pour entendre l’invitation. Pire encore, le Christ sait qu’il s’expose à la violence, alors même qu’il est porteur d’une invitation d’amour. L’homme est ainsi fait qu’il peut choisir de répondre par la violence à une invitation d’amour.

Il peut saccager ce qu’il a de plus cher.

Là encore, reprenez l’image-sacrement du couple : la violence peut répondre à l’amour ; c’est un constat, malheureusement.

Dieu, lui, envoie son invitation sans se lasser. Dans un couple, on se lasse vite de la violence de l’autre, et on n’accepte que difficilement d’être la bête grasse égorgée pour lui ou pour elle ! Dieu dénonce cette violence, qui se retourne d’ailleurs contre ceux qui la commettent : ils s’y détruisent, en refusant d’être aimés…

La violence peut répondre à l’amour. La Croix en est le signe.

L’indifférence suicidaire

La violence ou, pire encore, l’indifférence.
« Ils n’en tirent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce. »
Regardez les dégâts que peut provoquer l’indifférence dans un couple : lorsque s’installe silencieusement la juxtaposition et non la communion, lorsque chacun s’investit dans son champ, son commerce – comme dit la parabole – sans tenir compte de l’autre. L’indifférence est peut-être le plus grand péché contre l’Amour. C’est elle qui nous rend imperméable aux appels de nos frères, aux appels de Dieu.

 

Le silence incompréhensible

Un dernier mot enfin sur les pleurs et les grincements de dents qui attendent l’invité qui n’a pas revêtu son vêtement de noces. Cela fait penser aux bristols très officiels à la carte d’invitation précise : « Tenue de soirée exigée ! ».

Que signifie ce vêtement de noces ?

On peut penser à la robe de baptême. Il ne suffit pas d’être invité, encore faut-il se laisser revêtir de cette robe baptismale.

Le plus dur dans l’amour, ce n’est pas aimer, c’est d’accepter d’être aimé, et d’accepter que cet amour nous change. « Dépouillez-vous du vieil homme et revêtez l’homme nouveau » disait St Paul en évoquant lui aussi ce vêtement de noces.

Reprenez l’image-sacrement de l’amour humain : revêtir la robe de l’amour mutuel, c’est laisser l’être aimé me dépouiller de mon égoïsme, faire tomber mes blocages, mes défenses, mes forteresses intérieures…

En cela, le mariage est dans le droit fil du baptême, et la mariée a raison d’être en blanc ! Car se marier est un chemin pour mourir à soi-même et renaître à l’autre, comme le Christ est mort et ressuscité pour nous. Alors, celui qui est dans la salle de noces, dans l’Église, et fait semblant d’être chrétien alors que sa vie n’est pas en accord avec ce qu’il croit, celui-là abîme le témoignage de l’Église. Dieu l’interroge : « Mon ami – car il est toujours son ami à ce stade – comment es-tu entré ici sans avoir le vêtement de noce ? »

Mais le silence répond à l’amour. « L’autre garda le silence ».

 

Après l’indifférence ou la violence, voilà maintenant le silence, la non communication, le non-dit, ce que l’on cache, le refus d’entrer en dialogue.

Demandez aux couples en difficulté combien cette non-communication est la pire des épreuves ! Se taire alors qu’il y a des contradictions à lever, fuir alors que Dieu nous propose la confiance et le dialogue, c’est finalement suicidaire. Cela n’engendre que des pleurs et des grincements de dents.

Heureusement, l’invitation au repas des noces reste la plus forte : Dieu fait le nécessaire pour remplir la salle des noces avec les mauvais et les bons que nous sommes tous. À nous de nous laisser transformer de fond en comble par notre présence ici, pour revêtir « la tenue de soirée » qui va avec.

Que ce banquet de l’eucharistie nous rappelle la grandeur et l’exigence de notre baptême.
Que ce festin des noces renouvelle pour les époux la grâce de leur mariage.
Que cette invitation à nous laisser aimer par le Christ ne rencontre en nous ni indifférence, ni violence, ni silence coupable.

 

 

1ère lecture : Le festin messianique (Is 25, 6-9)

Lecture du livre d’Isaïe

Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l’univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations. Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple ; c’est lui qui l’a promis.
Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! »

Psaume : 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

 R/ Près de toi, Seigneur, sans fin nous vivrons.

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : La vraie richesse dans le Christ (Ph 4, 12-14.19-20)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut. Être rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu’il me faut et manquer de tout, j’ai appris cela de toutes les façons. Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. Cependant, vous avez bien fait de m’aider tous ensemble quand j’étais dans la gêne. Et mon Dieu subviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse, dans le Christ Jésus.
Gloire à Dieu notre Père pour les siècles des siècles. Amen.

Evangile : Parabole des invités au festin (brève : 1-10) (Mt 22, 1-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici la Pâque du Seigneur au milieu de son peuple. Heureux les invités au festin du Royaume ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus disait en paraboles : « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : ‘Voilà : mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce.’ Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : ‘Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce.’ Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce, et lui dit : ‘Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?’ L’autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : ‘Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents.’
Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »
Patrick BRAUD

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