L'homélie du dimanche (prochain)

19 mars 2023

Déliez-le, et laissez-le aller

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Déliez-le, et laissez-le aller

 

Homélie pour le 5° Dimanche de Carême / Année A 

26/03/2023

 

Cf. également :

Inviter Dieu à visiter ce qui nous tue

Reprocher pour se rapprocher

Et Jésus pleura

Une puanteur de 4 jours


Il ne faut pas réveiller la momie qui dort !

Déliez-le, et laissez-le aller dans Communauté spirituelle 286958Vous avez peut-être frissonné en suivant les aventures de Tom Cruise dans le film « La Momie » (2017). Par malheur, une ancienne princesse égyptienne qui avait été momifiée vivante est réveillée par des aventuriers. Grosse erreur ! Parce qu’elle a été consciencieusement enterrée dans un tombeau au fin fond d’un insondable désert, cette princesse va déverser sur notre monde des siècles de rancœurs accumulées et de terreur dépassant l’entendement humain. Des sables du Moyen Orient aux pavés de Londres en passant par les ténébreux labyrinthes d’antiques tombeaux dérobés, La Momie nous transporte dans un monde à la fois terrifiant et merveilleux, peuplé de monstres et de divinités, dépoussiérant au passage un mythe vieux comme le monde.

Il y avait déjà eu un film sur ce thème de la vengeance de la momie réveillée d’entre les morts en 1939, puis un remake en 1999, puis la suite avec « Le retour de la Momie » en 2001, sans oublier les films très proches : « Le Roi scorpion » (2002), « La tombe de l’empereur Dragon » (2008) etc.

Bref : la momie qui se réveille est un filon hollywoodien très populaire depuis plus d’un siècle !

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Il faut croire que Jean l’évangéliste a des talents de cinéaste ! Dans l’Évangile de ce 4e dimanche de Carême (Jn 11,1-45), il met en scène la sortie du tombeau de Lazare avec force détails : la puanteur du cadavre (depuis 4 jours déjà !), les rites funéraires, les pleureuses, le village rassemblé pour soutenir la famille etc.

« Jésus cria d’une voix forte : ‘Lazare, sors dehors !’ Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : ‘Déliez-le, et laissez-le aller’ ».

Voilà donc notre momie-Lazare réveillée d’entre les morts, non pour accomplir une malédiction hollywoodienne, mais au contraire pour que la foule croit que Jésus est l’Envoyé du Père.


Déliez-le et laissez-le aller

Visu-1-6 Carême dans Communauté spirituelleLa scène est impressionnante ; et d’autant plus bizarre qu’on se demande comment Lazare a pu sortir du tombeau alors qu’il était ligoté de partout, pieds et mains liés ! On le voit mal sauter à pieds joints ligoté dans ses bandelettes…

Évidemment, Jean ménage ses effets, et veut insister sur ce qui se passe après la réanimation du corps : il faut le délier de ses linges, et lui redonner sa liberté au lieu de le confiner dans sa famille ou dans le village. La différence avec la résurrection de Jésus saute aux yeux : au matin de Pâques, les bandelettes qui ont entouré le corps du crucifié sont soigneusement roulées et rangées à part, ainsi que le linge qui maintenait sa mâchoire fermée autour de son visage. « Simon-Pierre entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place » (Jn 20,6-7). Le Christ n’a pas besoin d’aide humaine pour être relevé d’entre les morts : c’est de Dieu qu’il reçoit directement cette puissance. Il n’a pas besoin d’être délié par les femmes au tombeau. Il n’a pas besoin d’être autorisé pour aller librement à sa guise là où il veut.
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Si Jésus avait la puissance de ressusciter Lazare pourquoi n’a-t-il pas roulé la pierre lui-même ?

Pourquoi n’a-t-il pas transporté miraculeusement Lazare hors du tombeau ?

Pourquoi ne l’a-t-il pas lui-même délivré de ses bandelettes ?

Et si cette mise en scène étrange et prodigieuse avait un sens plus profond que celui déjà tout à fait extraordinaire de la résurrection ?

Pour Lazare, c’est-à-dire pour nous associer à la résurrection du Christ, il faut la médiation de ses amis, de sa famille, de sa communauté. Autrement dit : il faut la médiation de l’Église pour achever en nous la résurrection du Christ : nous délier, nous laisser aller.

Mais de quels liens l’Église peut-elle nous défaire pour nous faire vivre ?


Les liens qui nous retiennent dans la mort

Résurrection de LazareVous sentez-vous parfois comme entravé par des boulets que vous traînez derrière vous depuis des années ? Vous sentez-vous prisonnier de telle habitude, telle dépendance ? Les biens et richesses que vous possédez vous possèdent-ils aussi ? Telle relation mortifère vous empêche-t-elle de respirer à pleins poumons ?…

Alors vous comprenez que la résurrection n’est pas le tout de la foi chrétienne : il faut qu’elle soit complétée en quelque sorte par une libération complète de tout ce qui nous retient encore dans le royaume de la mort.

Le bateau qui s’élance sans couper les amarres sera violemment rappelé à quai.

Quelles sont donc ces amarres, ces bandelettes qui comme Lazare nous empêchent de mettre en œuvre la liberté du Ressuscité ?

Le texte grec dit : λύσατε αυτό = déliez-le. Le verbe grec λω (luō) qui est employé ici l’est également dans d’autres passages du Nouveau Testament qui nous éclairent sur les liens à détacher pour aller librement comme Lazare. Parcourons quelques usages de ce verbe λω  afin d’évoquer ce dont Lazare et nous-mêmes sommes déliés.


Les liens du mutisme

JESUSexorcise délier« Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia (luō), et il parlait correctement » (Mc 7,35).

Le possédé de Transjordanie ne sait plus parler. Il vocifère. Sa parole est en lambeaux comme ses vêtements en haillons et son corps lacéré d’automutilations. Jésus lui rend la possibilité de communiquer humainement avec ses semblables, au lieu de mugir comme une bête blessée.

Voilà une délivrance qui nous sera utile tôt ou tard : apprendre à articuler notre douleur, à trouver les mots pour dire notre souffrance – notre bonheur – et ainsi ne plus nous enfermer dans le mutisme ou l’inaudible. Se taire, vociférer, grogner sont des bandelettes qui nous enserrent et nous maintiennent dans des tombeaux de solitude pires que celui de Lazare.


Les liens qui nous empêchent de servir

Jésus monte un âne ; les gens se servent de palmes pour le saluer, et étendent des vêtements et des branchages sur la route.« Jésus leur dit : Allez au village qui est en face de vous. Dès que vous y entrerez, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le (luō) et amenez-le » (Mc 11,2).

Nous sommes cet ânon attaché au piquet, attendant qu’on nous réquisitionne pour une cause juste… Et porter Jésus dans son entrée à Jérusalem, quelle cause plus belle pour un âne ? Mais si personne ne nous appelle, nous resterons longtemps à nous demander pourquoi nous sommes ainsi au piquet. Rappelez-vous que les chrétiens sont des ekkletoi en grec =  des appelés, ceux que l’Église (ekklesia) appelle pour servir le Christ en nos frères.

Comment servir si personne ne m’appelle ? Je resterai un âne, inutile, tant que je n’entendrai pas les amis de Jésus me dire en quoi ils ont besoin de moi.
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Tant de salariés sont attachés à leur emploi comme l’ânon au piquet : sans savoir à quoi ils servent vraiment, sans voir d’utilité sociale, écologique ou même personnelle à leur job qui est alimentaire avant tout.

Tant de jeunes gaspillent leur énergie, leur force, leur créativité dans la drogue, la délinquance, les écrans, l’étourdissement des plaisirs faciles. Ils attendent – le plus souvent sans le savoir – qu’on les appelle, qu’on les détache, qu’on leur donne un objectif noble à servir.

Je suis cet âne qu’il faut délier pour servir la Pâque…


Les courroies de sa sandale

7W2y-sarnTi_d6pWh8tsmz4GZQ4@150x110 Lazare

« C’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier (luō) la courroie de sa sandale » (Jn 1,27).

Variante de l’appel précédent, le Baptiste évoque l’humble service domestique de l’esclave qui défait les lacets des chaussures de son maître. Quand j’étais enfant, c’était une joie d’accueillir mon père revenant de sa journée de travail à l’usine en lui tendant ses chaussons : « tiens mon petit papa, mets-toi à l’aise, souffle un peu, tu es chez nous ».

Désormais, le baptême nous rend dignes de soulager autrui de ce qui est lourd et douloureux pour lui, afin de lui procurer le repos et le réconfort du foyer.


Les liens qui nous possèdent

la-femme-courbee momie« Cette femme, une fille d’Abraham, que Satan avait liée voici dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer (luō) de ce lien le jour du sabbat ? » (Lc 13,16).

Les possessions à l’époque de Jésus désignent toutes les maladies, infirmités et attachements qui amoindrissent une existence, la rendant inhumaine. Cette femme qui a visiblement une vie tordue comme son dos était emprisonnée dans ce handicap comme Lazare dans son tombeau. Aujourd’hui, la médecine s’occupe des liens organiques. Mais les  liens spirituel demeurent, et il en est d’épouvantables qui maintiennent des êtres comme au tombeau : la haine, l’addiction sous toutes ses formes, l’idolâtrie (argent, sexe, pouvoir, gloire…). Ils sont nombreux ces liens que ‘Satan’ utilise pour ligoter une liberté !

À chacun d’examiner honnêtement ce qui le possède et le manipule, telle une marionnette prenant plaisir à faire le mal…


Les liens du péché

442px-Emblem_of_the_Papacy_SE.svgFinalement, les liens de possession les plus forts relèvent de ce que nous appelons le péché. Et c’est bien pour nous rendre libres face au péché que le Christ a fondé son Église.

Pour ouvrir nos cadenas, il a confié le pouvoir des clés, à Pierre d’abord : « Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié (luōsur la terre sera délié (luōdans les cieux » (Mt 16,19). Puis finalement à toute l’Église que nous sommes : « Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié (luō) sur la terre sera délié (luōdans le ciel » (Mt 18,18).

Délier du péché, c’est faire sortir notre Lazare intérieur du tombeau ! Par le sacrement de réconciliation bien sûr, mais d’abord par le pardon mutuel, l’oubli des fautes, l’amour des ennemis, l’alliance fraternelle renouvelée sans cesse, jusqu’à pardonner 70 fois 7 fois…


Les liens du livre et des 7 sceaux

« Puis j’ai vu un ange plein de force, qui proclamait d’une voix puissante : ‘Qui donc est digne d’ouvrir le Livre et d’en briser (luōles sceaux ?’ [...] Mais l’un des Anciens me dit : ‘Ne pleure pas. Voilà qu’il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David : il ouvrira (luōle Livre aux sept sceaux’ » (Ap 5,2.5).

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La promesse de la résurrection nous ouvre l’avenir dès maintenant : le livre de nos vies n’est plus fermé, les 7 sceaux qui scellaient notre histoire personnelle et collective sont rompus. Un horizon se dessine, un avenir est ouvert : voilà ce que nous – momies éblouies par le retour de la lumière – nous expérimentons à l’appel de du Christ uni à son Église.

L’absurde n’aura pas le dernier mot.

La résurrection libère notre intelligence pour briser les sceaux, lire, déchiffrer, espérer ce qui autrefois était inaccessible.


Les liens de la mort

10572804« Dieu l’a ressuscité en le délivrant (luōdes douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir » (Ac 2,24).

De manière ultime, les derniers liens que Dieu vaincra en nous mieux que les bandelettes de Lazare sont les liens de la mort elle-même !

Ce que Dieu a fait en Christ, il le réalise en nous dès maintenant : il nous fait sortir hors de nos tombeaux, il nous donne des frères et des sœurs pour nous délier et apprendre à vivre libres, il nous délie de la mort dès maintenant et à jamais…
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Que la momie Lazare nous fasse entendre pour nous-mêmes l’appel du Christ à son Église : « déliez-le et laissez-le aller »… !

 

 

LECTURES DE LA MESSE

 

PREMIÈRE LECTURE
« Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez » (Ez 37, 12-14)

 

Lecture du livre du prophète Ézékiel

Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Vous saurez que Je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous donnerai le repos sur votre terre. Alors vous saurez que Je suis le Seigneur : j’ai parlé et je le ferai – oracle du Seigneur.

 

PSAUME

(Ps 129 (130), 1-2, 3-4, 5-6ab, 7bc-8)
R/ Près du Seigneur est l’amour, près de lui abonde le rachat. (Ps 129, 7bc)

 

Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !

 

Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ?
Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l’homme te craigne.

 

J’espère le Seigneur de toute mon âme ;
je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend le Seigneur
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.

 

Oui, près du Seigneur, est l’amour ;
près de lui, abonde le rachat.
C’est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.

 

DEUXIÈME LECTURE

« L’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en vous » (Rm 8, 8-11)

 

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.

 

ÉVANGILE

« Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11, 1-45)
Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi. Moi, je suis la résurrection et la vie, dit le Seigneur. Celui qui croit en moi ne mourra jamais. Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi. (cf. Jn 11, 25a.26)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade. Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil. Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.
Patrick Braud

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5 mars 2023

Le rocher frappé

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Le rocher frappé

Homélie pour le 3° Dimanche de Carême / Année A
12/03/2023

Cf. également :

Augustin commente la Samaritaine
Le chien retourne toujours à son vomi
Leurre de la cruche…
Les trois soifs dont Dieu a soif
Passons aux Samaritains !
La soumission consentie

Plus célèbre que Justin Bridou : le bâton de Moïse !
Dans les années 80, dès qu’on disait : « bâton de berger », vous répondiez sans réfléchir : « Justin Bridou ! », tant la pub de Patrick Sébastien vantant ce saucisson emballé avait envahi nos écrans !


Dans la Bible par contre, « bâton de berger » est immédiatement associé à Moïse bien sûr. On a tous en mémoire les images du film de Cecil B. DeMille : Les 10 commandements, où l’on voit Moïse frapper le Nil avec son bâton, et les eaux se changèrent en sang. Ou bien frapper la mer Rouge avec ce bâton, et les eaux se fendirent.
Dans la première lecture de ce dimanche (Ex 17,3-7), le bâton de Moïse frappe le rocher de l’Horeb, et l’eau jaillit !
Explorons quelques significations de ce rocher et de cette eau pour nous aujourd’hui.


L’eau vive : les relectures chrétiennes
Saint Longin perçant le flanc du Christ de sa lance, Musée Saint Marc, Florence.
Le rapprochement entre notre première lecture et l’Évangile (Jn 4,5-42) nous met sur une première piste : l’eau que Jésus promet à la Samaritaine est bien l’eau qui jaillit du rocher dans le désert de l’Horeb. C’est l’eau de la vie, l’eau indispensable au peuple assoiffé. Jésus a sans doute pensé à cet épisode de l’Exode lorsqu’il déclare dans le Temple : « Comme dit l’Écriture, celui qui croit en moi, de son cœur couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7,38). Les chrétiens persécutés pouvaient ainsi lire dans leurs blessures la promesse d’une source de vie jaillissant pour tous, même pour leurs ennemis. Où l’on voit au passage que nous pouvons nous-même – uni au Christ - devenir ce rocher frappé pour donner l’eau de vie ! 

Et sur la croix, Jean – le seul – mentionne le coup de lance qui frappe le crucifié au côté, faisant jaillir du sang et de l’eau. Le sang fait allusion à l’eucharistie, et l’eau au baptême dans l’Esprit Saint. Le crucifié frappé sur le côté devient la source jaillissante de l’Esprit qui fait vivre grâce aux sacrements de l’Église. Il est le Nouvel Adam : le Père tire de son côté ouvert son épouse, l’Église. 

La lance du soldat romain et le bâton de Moïse s’unissent pour libérer l’eau de vie là où la mort semblait régner (le désert/le calvaire). Comme l’écrivait Paul qui faisait cette relecture christique de l’Exode : « tous, ils ont bu la même boisson spirituelle ; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ » (1Co 10,4).

Approchons-nous donc du corps du Christ : il est le rocher frappé d’où jaillit l’Esprit qui nous donne la vie. Unis à lui, nous devenons source pour les autres.


Les interprétations juives

Bien sûr nos frères aînés ne font pas cette relecture Jésus–rocher ! Leurs interprétations sont cependant pour nous toujours très nourrissantes.

- Le rocher peut dans un premier temps désigner Dieu lui-même.
Les passages abondent dans l’Ancien Testament qui le qualifient ainsi :
« Il est le Rocher : son œuvre est parfaite ; tous ses chemins ne sont que justice. Dieu de vérité, non pas de perfidie, il est juste, il est droit » (Dt 32,4).
« Tu dédaignes le Rocher qui t’a mis au monde ; le Dieu qui t’a engendré, tu l’oublies » (Dt 32,18).
« Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! » (Ps 95,1).
Quand Moïse frappe le rocher, il nous invite aujourd’hui à frapper Dieu lui-même, avec insistance, par la prière, la supplication et la charité, pour obtenir de lui de quoi ne pas mourir de soif ici-bas dans notre traversée du désert.

On pense également au combat de Jacob contre Dieu (Gn 32) : Jacob frappe Dieu en se roulant avec lui dans la poussière du combat toute la nuit, jusqu’à ce qu’il obtienne de lui la bénédiction qui lui permettra de rencontrer son frère Ésaü sans violence. Frappeur, Jacob est lui-même frappé : sa hanche se déboîte pendant la lutte, et il restera boiteux toute sa vie. Come quoi frapper Dieu-notre-rocher laisse des traces en nous…

- Le rocher-Torah
De manière plus subtile, les deux seuls autres emplois du mot rocher (צוּר = tsuwr) dans le livre de l’Exode nous mettent sur une autre voie. Il s’agit du célèbre passage où YHWH se manifeste à Moïse, non pas face-à-face mais de dos :
« Il dit encore : ‘Tu ne pourras pas voir mon visage, car un être humain ne peut pas me voir et rester en vie.’ Le Seigneur dit enfin : ‘Voici une place près de moi, tu te tiendras sur le rocher (צוּר); quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher et je t’abriterai de ma main jusqu’à ce que j’aie passé. Puis je retirerai ma main, et tu me verras de dos, mais mon visage, personne ne peut le voir’ » (Ex 33,20–23).

Le rocher frappé dans Communauté spirituelle don-de-la-torahLe rocher est ici ce qui à la fois expose à la vision de Dieu et en protège, ce qui révèle la gloire de Dieu et la cache pour qu’elle soit supportable. Voir Dieu de dos, c’est reconnaître après coup sa trace dans les événements de notre histoire. C’est aussi scruter les Tables de la Loi pour y découvrir un chemin de vie. Nous sommes immergés dans le texte biblique comme Moïse était caché au creux du rocher, jusqu’à ce que Dieu passe devant nous, de dos.

Et juste après l’épisode du rocher, Moïse a frappé à nouveau la pierre mais cette fois-ci pour y tailler les deux nouvelles Tables de la Loi, et pour y graver les 10 Paroles (Ex 34).

Frapper le rocher pour en faire jaillir l’eau vive va donc avec graver la pierre pour y inscrire la Loi de vie, et ainsi caché au creux du rocher, au cœur de la Torah, apercevoir la gloire divine de dos, c’est-à-dire déchiffrer les événements de notre histoire grâce à l’Écriture, pour y discerner après coup – de dos – la présence divine…

Le rocher est donc la Torah, toute la Torah. Les deux premières Tables brisées représentent dans la tradition juive la Torah orale, non écrite, qui englobe les interprétations rabbiniques jusqu’à la fin des temps. Notre vraie soif est de frapper ce rocher, de scruter les Écritures et la Tradition, pour en faire jaillir de quoi traverser nos désert, nos exodes…

À nous de frapper ce rocher jusqu’à ce que le Livre s’ouvre et nous révèle le sens de ce que nous vivons. Quel amour de la Bible devrait être le nôtre si nous réalisions l’immense nappe phréatique de sens qui nous attend sous la croûte des mots !

- La pluralité des interprétations
Le Coran, lorsqu’il mentionne l’épisode de Mériba, rajoute douze sources au jaillissement du rocher pour bien montrer que chaque tribu sera désaltérée :
Sourates 2,60 & 7,160 : Et [rappelez-vous], quand Moïse demanda de l’eau pour désaltérer son peuple, c’est alors que Nous dîmes : “Frappe le rocher avec ton bâton.” Et tout d’un coup, douze sources en jaillirent, et certes, chaque tribu sut où s’abreuver ! – “Mangez et buvez de ce qu’Allah vous accorde; et ne semez pas de troubles sur la terre comme des fauteurs de désordre”.

51RBX5TPEHL._SX317_BO1,204,203,200_ bâton dans Communauté spirituelleLe Coran rejoint ainsi sans le savoir un thème cher à la tradition juive : la pluralité des interprétations. Il y a au moins 12 façons de comprendre un même texte ! Pour les rabbins, un passage peut donner lieu à des exégèses très différentes, et même contradictoires, car Dieu est au-delà des contraires, et la source qu’est la Parole est inépuisable. Aucune exégèse ne peut prétendre en détenir le sens ultime. D’où les belles expressions de juifs  contemporains : lire aux éclats (Marc-Alain Ouaknin), la lecture infinie (David Banon), car du rocher de la Torah coulent des fleuves d’eau vive incommensurables, inépuisables, et toujours en mouvement.
En frappant le rocher, Moïse libère la possibilité d’une pluralité d’interprétations, qui est en même temps une interprétation de la pluralité…

- le bâton du Nil
Notre texte d’Ex 17 précise curieusement : « Le Seigneur dit à Moïse : Passe devant le peuple, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! » (Ex 17,5). C’est une allusion à Ex 7,17 : « À ceci tu reconnaîtras que je suis le Seigneur. Voici que moi, je vais frapper les eaux du Nil avec le bâton que j’ai dans la main, et elles se changeront en sang ». Notons d’ailleurs que quand YHWH frappe les eaux, c’est Moïse qui agit, et quand Moïse frappe, c’est YHWH qui agit.  

Mais pourquoi se limiter à cette seule référence au Nil changé en sang ? Le bâton de Moïse avait aussi fait des prodiges en se transformant en serpent qui engloutit les serpents des magiciens de Pharaon, en faisant monter les grenouilles sur l’Égypte, en transformant la terre du sol en poux envahissants, en faisant descendre le tonnerre, le feu et la grêle du ciel sur l’Égypte, en faisant se lever le vent qui apportait l’invasion des sauterelles, et enfin en fendant la mer en deux pour que le peuple la traverse à pied sec.

Mazette ! Tant d’exploits liés au bâton de Moïse, et seule la référence au Nil changé en sang ? Pourquoi se limiter ainsi ?
C’est peut-être parce que le Nil est le cœur battant de l’Égypte. Il est même devenu son dieu, de qui le pays attend richesse et santé, puissance et fécondité. L’Égypte adore le Nil, littéralement. C’est lui son vrai dieu, son idole. Et comme toutes les idoles, l’Égypte a fini par ressembler à ce qu’elle adorait : un empire envahissant régnant par la force et soumettant les autres peuples par la contrainte et la violence, comme le Nil débordant de son lit à chaque crue :
« Qui est-ce qui monte comme le Nil, et dont les eaux bouillonnent comme les eaux des fleuves ? C’est l’Égypte qui monte comme le Nil, et ses eaux bouillonnent comme les eaux des fleuves. Elle disait : ‘Je monterai, je submergerai la terre, je ferai périr toute ville avec ses habitants’ » (Jr 46,7-8).
« Parle. Tu diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Me voici contre toi, Pharaon, roi d’Égypte, grand dragon tapi parmi les bras du Nil ; tu as dit : il est à moi, le Nil, c’est moi qui l’ai fait » (Ez 29,3).

Le bâton qui change l’eau du Nil en sang avertit Pharaon : cette idolâtrie ne conduit qu’à la mort, elle fait couler le sang au lieu de désaltérer le peuple. Elle conduit à tuer les premiers-nés des hébreux en les noyant dans le Nil : « Pharaon donna cet ordre à tout son peuple : ‘Tous les fils qui naîtront aux Hébreux, jetez-les dans le Nil. Ne laissez vivre que les filles’ » (Ex 1,22).
Et c’est vrai que le culte idolâtre des Égyptiens était sans pitié pour leurs ennemis, les vaincus, les esclaves etc. Les pyramides, les tombeaux, les temples égyptiens sont couverts de bas-reliefs où la cruauté du pouvoir s’étalait pour terroriser les rebelles potentiels. Un peu comme les empires Olmèques, Aztèques, Mayas et Incas régnaient par la terreur des sacrifices humains, des victimes offertes aux dieux, écorchées vives, décapitées, éviscérées, exposées à l’humiliation publique.
Hélas, les civilisations idolâtres se sont montrées tout autant sanguinaires au fil des âges, et notre siècle n’a pas son pareil, comme le précédent, pour changer en sang tout ce qu’il touche…

Ce bâton qui a dévoilé le visage sanguinaire du Nil égyptien sert désormais à Moïse pour révéler la force de vie se cachant dans l’Écriture, pour peu qu’on la frappe avec obstination, par la prière, l’étude, la charité. Il dénonce toute forme d’idolâtrie comme meurtrière et inhumaine.

- La faute de Moïse à Mériba
Signalons pour terminer que la Bible propose une deuxième version de notre épisode de Mériba, en Nb 20,1–14. Encore une autre version, très différente de la première (car la pluralité des interprétations est constitutive de l’interprétation de la pluralité…). Ici, Dieu demande à Moïse de parler au rocher, mais Moïse va le frapper, par deux fois, alors qu’il parlera – mal ! – au peuple en l’insultant :
« Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : ‘Prends ton bâton de chef et, avec ton frère Aaron, rassemble la communauté. Puis, sous leurs yeux, vous parlerez au rocher, et il donnera son eau. Pour eux tu feras jaillir l’eau du rocher, et tu feras boire la communauté et ses bêtes.’
« Moïse leur dit : ‘Écoutez donc, rebelles. Est-ce que nous pouvons faire jaillir de l’eau pour vous de ce rocher ?’ Moïse leva la main et, de son bâton, il frappa le rocher par deux fois : l’eau jaillit en abondance, et la communauté put boire et abreuver ses bêtes ».

Frapper est ici négatif. L’eau obtenue par la force privera Moïse d’entrer Canaan… :
« Le Seigneur dit alors à Moïse et à son frère Aaron : ‘Puisque vous n’avez pas eu assez de foi pour manifester ma sainteté devant les fils d’Israël, vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans le pays que je lui donne’ ».
Le bâton de chef est utilisé par Moise pour frapper au lieu de parler, et c’est pourquoi il n’entrera pas en Terre promise ! Parce qu’il a traité le peuple de rebelles, et qu’il n’a pas cru pouvoir faire jaillir l’eau rien qu’en parlant.
Il a frappé le rocher avec son bâton au lieu de parler à Dieu pour qu’il fasse sortir de l’eau du rocher, comme il lui avait été ordonné. En raison de cette faute, Moïse n’a pas été autorisé à entrer en Terre promise avec le peuple d’Israël.
Il fallait parler à Dieu et croire que cela suffirait pour irriguer le peuple. Moïse a parlé au peuple en l’insultant (‘peuple de rebelles’) et a au contraire frappé le rocher deux fois (allusion aux deux Torah, écrite et orale ?). Cette insulte faite au peuple et à Dieu – le rocher frappé – privera Moïse de l’entrée en Canaan.

On ne peut entrer en Terre promise en méprisant le peuple qui nous a été confié, et encore moins en forçant Dieu à nous donner ce que nous voulons !

La relecture chrétienne ira encore plus loin : le Christ est le rocher frappé par deux fois : dans sa Passion au Golgotha et dans sa descente aux enfers. Celui qui maltraite et insulte l’Église replonge le Christ en agonie, et se prive lui-même de l’entrée en Terre promise, en vie éternelle…


Conclusion
On le voit, selon les interprétations, le rocher frappé de l’Horeb peut être Dieu lui-même qu’il nous faut questionner, ou bien l’Écriture et la Tradition qu’il nous faut scruter pour vivre, ou bien Jésus crucifié laissant couler de son côté ouvert l’Esprit qui donne la vie, ou bien nous-même uni au Christ devenant source pour les autres, ou bien…

Frappons ce rocher sans nous lasser, par l’étude biblique, par la supplication priante, par la charité agissante : alors des sources incroyables feront fleurir nos déserts…

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE

« Donne-nous de l’eau à boire » (Ex 17, 3-7)

Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, dans le désert, le peuple, manquant d’eau, souffrit de la soif. Il récrimina contre Moïse et dit : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? » Moïse cria vers le Seigneur : « Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! » Le Seigneur dit à Moïse : « Passe devant le peuple, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ! » Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d’Israël.
Il donna à ce lieu le nom de Massa (c’est-à-dire : Épreuve) et Mériba (c’est-à-dire : Querelle), parce que les fils d’Israël avaient cherché querelle au Seigneur, et parce qu’ils l’avaient mis à l’épreuve, en disant : « Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? »

PSAUME

(Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)
R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur ! (cf. Ps 94, 8a.7d)

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

DEUXIÈME LECTURE

« L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 1-2.5-8)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs.

ÉVANGILE

« Une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jn 4, 5-42)
Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Tu es vraiment le Sauveur du monde, Seigneur ! Donne-moi de l’eau vive : que je n’aie plus soif. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Jn 4, 42.15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en a eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !… Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. » À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.
Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : ‘Encore quatre mois et ce sera la moisson’ ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur. Il est bien vrai, le dicton : ‘L’un sème, l’autre moissonne.’ Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »
Patrick BRAUD

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26 février 2023

En descendant de la montagne…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

En descendant de la montagne…

Homélie pour le 2° Dimanche de Carême / Année A
05/03/2023

Cf. également :
Abraham, comme un caillou dans l’eau
Transfiguration : le phare dans la nuit
Transfiguration : la métamorphose anti-kafkaïenne
Leikh leikha : Va vers toi !
Dressons trois tentes…
La vraie beauté d’un être humain
Visage exposé, à l’écart, en hauteur
Figurez-vous la figure des figures
Bénir en tout temps en tout lieu

Tous les matins du monde

Tous les matins du monde (1991)Face à l’immense écran de cinéma du Grand Rex à Paris qui enveloppait toute la salle, tous  restèrent jusqu’à la dernière ligne du long générique final, hypnotisés par la plainte de la viole de gambe qui n’avait cessé de les bouleverser tout au long du film. Écouter et voir Tous les matins du monde en THX dans cette bulle sonore exceptionnelle fut une expérience musicale et visuelle des plus rares. Nous étions pétrifiés, paralysés, incapables de rompre le charme, déchirés de devoir quitter ce pur moment de beauté. Pourtant il fallut, au bout d’un long silence, les lumières allumées, lever les sièges et s’en aller un à un, à regret. Dehors le boulevard Poissonnière était gris, le grondement du métro Bonne Nouvelle n’était que fracas, les vêtements de la foule étaient quelconques, le flux du quotidien recouvrait peu à peu ce que la splendeur de la viole de gambe avait découvert…

C’est quelque chose de cet ordre-là que nous éprouvons tous « en descendant de la montagne », comme l’écrit l’Évangile du dimanche de la Transfiguration (Mt 17,1-9).

Ceux qui se sont enlacés desserrent leur étreinte ; ceux qui étaient éblouis clignent des yeux et se réajustent à la lumière ambiante ; ceux qui étaient transportés ailleurs sur une haute montagne grâce à leur lecture, leur musique, leur passion, leur jouissance du moment doivent redescendre et affronter l’étuve du métro, la banalité des conversations quotidiennes, la grisaille de l’ordinaire. Pas étonnant que les Chartreux choisissent le silence et la solitude, pour demeurer sur la ligne de crête ! Pas étonnant que les junkies se piquent encore et encore, conscients de se détruire : mais l’extase là-haut est si forte qu’ils ne veulent pas redescendre…

L'Assekrem dans les montagnes du Hoggar,Je me souviens d’une semaine sur la montagne, littéralement : celle de l’Assekrem, dans le désert du Hoggar, en Algérie. J’avais passé une semaine de solitude dans un petit ermitage de rochers brûlants, avec pour seule rencontre la messe du matin célébrée par un petit frère de Charles de Foucauld dans la chapelle de cailloux que l’ermite avait construite. Redescendre sur Tamanrasset fut un crève-cœur : plus jamais je ne pourrais vivre à ces altitudes du cœur, pensais-je en pleurant de voir les pics du Hoggar s’éloigner…

En descendant de la montagne du Thabor où il a été ébloui, saisi de la beauté divine, Jésus a peut-être pleuré intérieurement de devoir quitter cette communion si intense pour une Passion qui s’annonçait si dégradante. En descendant de la montagne, Pierre Jacques et Jean ont dû eux aussi être immensément tristes de ne pas demeurer là-haut, à contempler, à s’immerger dans la Transfiguration de Jésus. Alors Jésus leur livre la clé pour ce qui va suivre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ».

De fait, entre Transfiguration et Résurrection, les épisodes à venir ne seront pas très beaux. Lâchetés, reniements, délations, faux procès, peine de mort (la pire possible)… Ce moment sur la montagne ressemble à un avertissement : dernière station avant le désert, faites le plein si vous voulez tenir bon et aller jusqu’au bout !

 

Affronter le mal

En descendant de la montagne… dans Communauté spirituelle 220px-Veau_d%E2%80%99orQuand Jésus descend de la montagne, on pense bien sûr à Moïse descendant du Sinaï (Dt 9), son visage rayonnant de la gloire divine au point de devoir se voiler la face pour ne pas éblouir le peuple ! À peine descendu, il est confronté à l’adultère du Veau d’or : en l’absence de Moïse, le peuple est capable de se prostituer devant l’argent, les idoles, la volonté de puissance.

Jésus, descendant du Thabor, rencontre la foule et combat le mal à l’œuvre (Lc 9,37 ; Mt 8,1). Il s’affronte à un esprit démoniaque qui est en train de détruire un enfant. En Mc 9,9 et Mt 17,9, il annonce plonger résolument dans l’océan pestilentiel de sa Passion, qu’il accepte pleinement à partir de ce moment de la Transfiguration. Et Jean, qui pourtant faisait partie du petit groupe du Thabor, ne raconte pas l’épisode mais parle de la gloire divine sur Jésus juste après l’image du grain de blé en terre (Jn 12,24), car pour Jean également la gloire et la croix sont indissociables.

Quand Moïse et Jésus descendent de la montagne, c’est donc pour affronter le mal sous toutes ses formes, la mort étant l’ultime combat à mener.

N’espérons pas passer à côté de ce changement radical de perspective : de la beauté de nos extases à la laideur de nos péchés, du sommet de l’éblouissement à la bassesse des lâchetés ordinaires, de la transfiguration à la défiguration, du Thabor au Golgotha…
Nos transfigurations nous sont données pour faire le plein avant nos Passions : le plein d’espérance, de force, le courage, de beauté, de communion intense, avant le doute, la laideur, la faiblesse, la peur, la nuit de la foi.

 

Un jour de lumière pour des années de nuit

S’il en est une qui a connu cette séquence : un moment de transfiguration / des années d’obscurité, c’est bien Mère Teresa. Son Thabor à elle fut un voyage en train, de Calcutta à Darjeeling, le 10 septembre 1946 pour aller à une retraite de sa communauté. Pendant qu’elle essaye de dormir :

« soudain, j’entendis avec certitude la voix de Dieu. Le message était clair : je devais sortir du couvent et aider les pauvres en vivant avec eux. C’était un ordre, un devoir, une certitude. Je savais ce que je devais faire mais je ne savais comment ».

Mère Teresa parle de cette journée comme étant le « jour de l’inspiration », « l’appel dans l’appel ».

Un seul jour, et sa vie a basculé.
Amazon.fr - Le royaume de sa nuit : Mère Teresa, le récit d'une vie -  Alberti, Olympia - Livres
Mais quel chemin d’obscurité ensuite ! Elle fonde son ordre des Missionnaires de la Charité en 1948. Tout le monde la voit en sari bleu auprès des mourants de Calcutta, toujours le sourire aux lèvres, apparemment habitée. Pourtant, en elle-même, elle n’éprouve plus que vide et désolation. Après l’avoir effleuré de son aile dans la fulgurance de l’expérience à bord du train, la beauté divine la quittait, elle ne ressentait plus rien de l’amour de Dieu qui l’avait mise en mouvement :

« Seigneur mon Dieu, qui suis-je pour que Tu m’abandonnes ?… J’appelle, je m’accroche, je veux. Et il n’y a personne pour répondre. Personne à qui je puisse m’accrocher. Non, personne. Seule. L’obscurité est si sombre et je suis seule. Non désirée, abandonnée. La solitude du cœur qui désire l’amour est insupportable. Où est ma foi ? Même tout au fond, jusque là, il n’y a que le vide et l’obscurité. Mon Dieu, comme est douloureuse cette douleur inconnue. Elle me fait souffrir sans cesse… Amour, le mot n’évoque rien. On me dit que Dieu m’aime et pourtant l’obscurité, la froideur et le vide sont une réalité si grande que rien ne touche mon cœur ».
« J’éprouve que Dieu n´est pas Dieu, qu´Il n´existe pas vraiment. C´est en moi de terribles ténèbres. Comme si tout était mort, en moi, car tout est glacial », écrit-elle.
En 1958, elle avoue : « Tout le temps à sourire. Les Sœurs et les gens pensent que ma foi, mon espérance, mon amour me comblent en profondeur, et que l´intimité avec Dieu et l´union avec Sa volonté imprègnent mon cœur. Si seulement ils pouvaient savoir ».
« C’est seulement la foi aveugle qui me transporte, parce que, en vérité, tout est obscurité pour moi. »

Cette nuit de la foi fut terrible, et dura jusqu’à sa mort en 1997.
Quelques lueurs de Thabor pour des décennies de froideur, sans aucun signe pour être réconfortée.

N’espérons pas éviter ce genre de nuit lorsque nous descendons de nos montagnes  familiales, intellectuelles, spirituelles, artistiques ou autres.

Lorsque votre Thabor s’éloignera, durcissez votre visage comme le Christ montant à Jérusalem : il suffit d’une seule illumination pour aller jusqu’au bout de la route, il ne faut qu’un moment de pur bonheur pour qu’il irrigue toute une existence…

Mais quelle est donc votre Transfiguration à vous ?

 

BONUS
Je me suis amusé à demander à ChatGPT (Intelligence artificielle qui rédige des textes automatiquement pour vous) d’écrire une homélie sur la Transfiguration de Jésus, et voilà le résultat (cohérent, pas transcendant, mais néanmoins solide !) :

Question : Écris une homélie en français sur la Transfiguration de Jésus

Réponse de Chat GPT :

Chers frères et sœurs,
La Transfiguration de Jésus est un événement important dans la Bible, qui montre la gloire de Jésus et sa divinité. C’est l’un des moments les plus importants de la vie de Jésus, où il est transfiguré devant ses disciples, Pierre, Jacques et Jean, et où la voix de Dieu le Père est entendue.
La Transfiguration nous rappelle que Jésus est le Fils de Dieu, et que sa vie, sa mort et sa résurrection ont un sens divin. C’est un moment de révélation, où les disciples voient la gloire de Jésus et comprennent sa véritable nature.
Mais cette Transfiguration n’est pas seulement un événement passé. Elle est aussi un appel pour nous, pour que nous transfigurions notre propre vie en suivant Jésus et en vivant selon ses enseignements. Cela signifie vivre une vie de foi, d’amour et de service aux autres.
Enfin, la Transfiguration nous rappelle que notre vie terrestre n’est qu’un passage vers une vie éternelle avec Dieu. En suivant Jésus, nous pouvons être transfigurés et partager sa gloire éternelle.
Que Dieu nous bénisse tous, et qu’il nous guide sur le chemin de la Transfiguration. Amen.

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
Vocation d’Abraham, père du peuple de Dieu (Gn 12, 1-4a)

Lecture du livre de la Genèse

En ces jours-là, le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth s’en alla avec lui.

PSAUME
(Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22)
R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, comme notre espoir est en toi ! (Ps 32, 22)

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !

DEUXIÈME LECTURE
Dieu nous appelle et nous éclaire (2 Tm 1, 8b-10)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée

Fils bien-aimé, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. Car Dieu nous a sauvés, il nous a appelés à une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce. Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles, et maintenant elle est devenue visible, car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté : il a détruit la mort, et il a fait resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Évangile.

ÉVANGILE
« Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 1-9)
Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. De la nuée lumineuse, la voix du Père a retenti : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! » Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »
Patrick BRAUD

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23 février 2023

Trois histoires pour avoir faim d’autre chose

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 8 h 00 min

Trois histoires pour avoir faim d’autre chose

Homélie pour le 1° Dimanche de Carême / Année A

26/02/2023

Cf. également :
Carême : le détox spirituel
Ne vous habituez pas à vivre dans le mensonge
Poussés par l’Esprit
Un méridien décide de la vérité ?
L’île de la tentation
Ne nous laisse pas entrer en tentation
L’homme ne vit pas seulement de pain
Nous ne sommes pas une religion du livre, mais du Verbe
Et plus si affinité…

« L’homme ne vit pas seulement de pain » : l’Évangile de ce premier dimanche de Carême (Mt 4,1-11) est devenu proverbial. Même les militants politiques les plus matérialistes reconnaissent que la dignité humaine, la justice sociale, la réduction des inégalités etc. sont des causes plus grandes que quelques avantages matériels en plus. Et les écologistes prônent une sobriété qui peut devenir heureuse si elle est choisie, raisonnable, respectueuse de l’avenir de la planète, car l’homme a besoin d’autre chose que de consommer et piller les ressources naturelles.

Voilà un terrain d’entente avec beaucoup de familles de pensées non-chrétiennes : l’être humain a faim et soif d’autre chose que de la seule nourriture ou de l’accumulation des richesses. Il aspire à la beauté, au respect, au don de soi, à plus grand que lui. Que ce soit dans l’art, le combat social, sa famille ou sa croyance, l’homme ne se réduit pas à de simples considérations matérielles. Bien sûr, seuls les croyants entendent la seconde partie de la phrase : « mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Reste que pour entendre un jour cette parole, il faut découvrir en soi une faim différente, un manque plus fondamental que le manque de nourriture.

Alors, en ce début de Carême, voici trois histoires vraies pour réveiller en nous cette soif de vivre plus intensément, trois histoires pour avoir faim d’autre chose.


1. Des fleurs avant le pain

Noël 1951 : le Grand-Palais à Paris bruisse d’un brouhaha inhabituel. Des centaines de bénévoles s’activent pour confectionner des milliers de colis de Noël. Ces colis sont pour ceux et celles qu’on appelait les vieillards après-guerre. Dans une France dévastée par les bombardements (regardez l’Ukraine aujourd’hui !), tout était à reconstruire, et beaucoup de vieillards étaient sans logement, sans famille, isolés et en grande précarité. Armand Marquiset avait fondé l’association « Les Petits Frères des Pauvres » en 1946 au sortir de la guerre, justement pour lutter contre la solitude et la précarité des personnes âgées. Armand avait su d’instinct que les pauvres ont autant besoin de beauté que de repas, de considération que d’assistance. Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on doit fêter Noël au rabais. Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on doit réveillonner à l’hospice. Ce n’est pas parce qu’on est seul qu’on doit avoir honte des grandes soirées de gala où le beau monde se retrouve…
Ce réveillon de 1951 fut suivi de beaucoup d’autres, et encore actuellement [1], car les vieillards n’ont pas seulement besoin d’un panier-repas pour réveillonner, mais surtout de compagnie, de chaleur humaine, de musique, de relation, de danse, de belles nappes…

1er octobre 2022 : des jeunes distribuent des fleurs aux passants du métro en leur disant : ‘Si vous connaissez une personne âgée isolée, allez lui porter cette fleur en signe d’amitié. C’est aujourd’hui la journée internationale des personnes âgées : comment mieux la fêter qu’avec ce geste empreint de respect, d’affection, de proximité humaine ?’
Ainsi chaque année c’est plus de 1 300 bénévoles et salariés des Petits Frères des Pauvres qui parcourent rues, marchés, gares, hôpitaux et maisons de retraite, pour distribuer 78000 roses dans 185 villes de France.
Avec ce geste, les bénévoles font vivre la devise de leur fondateur : « des fleurs avant le pain ». Cela peut choquer. Certains diront que, quand même, le plus important c’est la pension, l’alimentaire, le chauffage etc. Heureusement, Armand Marquiset n’a pas dit : « des fleurs au lieu du pain » ! Il a simplement priorisé les besoins fondamentaux des personnes âgées isolées : on crèvera plus de manque d’amour que du manque de pommes de terre, plus de solitude que de froid (même si cela arrive hélas). Et mettre les fleurs en avant ne dispense absolument pas de donner le pain dans le même geste. Simplement, c’est une question de regard sur la personne : ce vieillard isolé n’est pas d’abord un ventre affamé, mais une personne en attente de liens, de reconnaissance, d’amitié venant rompre sa solitude.
Voir une personne âgée retrouver ainsi sa dignité réveille en nous le désir des liens qui nous maintiennent en vie…


2. Quel est votre petit frère ?

Le 24 juin  2016, les élèves de la prestigieuse école de commerce HEC sont rassemblés pour la remise de leur diplôme. La tradition est d’inviter un orateur, ancien élève, qui va les galvaniser en vantant les hautes responsabilités auxquelles ce diplôme les destine. Cette année-là, c’est le directeur général de Danone qui va parler. Multinationale puissante et redoutées, nul doute que son directeur général va chanter les bienfaits du commerce de masse et le brillant avenir des ‘épiciers’ (comme on appelle les étudiants en prépa HEC). Emmanuel Faber prend la parole. Son discours est plus court que d’habitude. Et surtout plus disruptif [2] ! Il ne parle pas de stratégie d’entreprise, de commerce mondial, ni même de business ethics tant à la mode. Non : il raconte la place qu’a prise son frère Dominique dans sa vie, et qui l’a amené à tout reconsidérer sous un jour différent, sa carrière, sa mission, sa rémunération même [3].

« Qu’est-ce qui m’a le plus marqué pendant mes trois ans ici (à HEC) ? C’est ce coup de fil que je n’aurais jamais voulu recevoir, à 21 heures […] et où j’ai appris que mon frère venait d’être interné pour la première fois en hôpital psychiatrique, diagnostiqué avec une schizophrénie lourde. Ma vie a basculé. Il m’a fallu apprendre le milieu des hôpitaux psychiatriques, apprendre le langage des fous pour ne pas perdre le dialogue, découvrir la beauté de ce langage – la normalité, ça enferme beaucoup -, découvrir l’altérité, m’ouvrir à plein de choses. À cause de lui j’ai découvert l’amitié de SDF, de temps en temps je vais dormir avec eux, j’ai découvert qu’on pouvait vivre avec très peu de choses et être heureux. Je suis allé dans des bidonvilles… »
Vous aurez à surmonter trois grandes écueils qui viendront facilement avec le statut que vous venez d’obtenir par ce diplôme : le pouvoir, l’argent et la gloire.
Oubliez la gloire, c’est une course qui n’en finit jamais et qui ne mène nulle part. La liste de toutes les personnes renommées existe juste pour qu’elles regardent leur propre nom. Elles ne s’intéressent pas à ceux des autres.
L’argent: j’ai rencontré tant de personnes, quand j’étais banquier d’investissement dans la finance, quand j’ai voyagé dans le monde – j’en rencontre encore – qui sont prisonniers de l’argent qu’ils ont gagné. Ne devenez jamais esclaves de l’argent. Restez libres ! Peu importe la raison pour laquelle vous gagnez de l’argent, peu importe ce que vous en faites, restez libres !
Et la puissance : je pense que vous pouvez regarder autour de vous, il y a tant de personnes qui sont puissantes et qui ne font rien, juste pour garder cette puissance, pour qu’elle dure un jour encore. La puissance n’a de sens que dans le service rendu aux autres. Et c’est ce service qui vous fera devenir qui vous êtes en vérité. Le meilleur de vous-même, dont vous n’avez même pas conscience.
J’ai donc une question à vous poser, avec laquelle je vous laisserai, chacun d’entre vous : qui est votre frère ? Qui est ce petit frère, cette petite sœur, qui habite en vous et qui vous connaît mieux que vous-même et qui vous aime plus que vous ne vous aimez vous-même ? C’est cette petite voix, qui parle de vous étant plus grand encore que vous ne pensez l’être. Qui sont-elles ? Elles vous apporteront cette voix, cette musique interne, cette mélodie qui est véritablement la vôtre. Votre mélodie transformera la symphonie du monde qui vous entoure, qu’elle soit grande ou petite, elle le changera ! Le monde en a besoin et vous méritez cela.
Trouvez votre frère, trouvez votre petite sœur ! Et quand vous les rencontrerez dites-leur bonjour de ma part, nous sommes amis ! Portez-vous bien. »

Les étudiants entendent bouche bée un de leurs aînés leur livrer, non pas le secret d’une belle réussite professionnelle, mais sa vraie motivation pour agir, quelle que soit son action.
Ni le pouvoir, ni la richesse, ni la gloire : son frère handicapé a appris à Emmanuel Faber que la fragilité peut changer le monde, et que la vraie réussite ne se lit pas dans le Who’s who ou dans la liste des promotions à la Légion d’honneur.

Quand le succès vous grisera, quand l’argent vous amollira, quand la puissance vous tournera la tête, réécoutez le discours d’Emmanuel Faber à HEC, et posez-vous la question : quel est mon petit frère ?…


3. À la recherche de mon Ikigaï

Trois histoires pour avoir faim d’autre chose dans Communauté spirituelle schema-ikigai-600x567Il est une île dans l’archipel japonais d’Okinawa qui étonne par sa proportion de centenaires. Un américain, Dan Buettner, a voulu étudier au plus près les raisons de cette longévité peu ordinaire. Bien sûr il y a l’alimentation, l’exercice physique, le climat, la culture ambiante etc. Mais il a découvert que ces japonais vivent plus longtemps parce qu’ils vivent mieux, avec une sorte de cohérence profonde de leur être, qui les rend alignés sur leurs convictions, cohérents avec leurs valeurs.
En 2009, il a formalisé son étude autour de 4 cercles de motivation qui peuvent représenter nos raisons d’agir et de vivre : nos passions, nos talents, notre utilité, notre valeur marchande et sociale. À l’intersection de ces 4 cercles, il y a le cœur du cœur de ce que nous sommes : l’Ikigaï, mot japonais intraduisible (la raison d’être, le cœur, le secret, le centre, la joie de vivre, l’élan vital…). Les habitants d‘Okinawa vivent vieux parce qu’ils habitent en leur Ikigaï.

Découvrez votre Ikigaï et vous n’aurez pas peur d’assumer les ruptures, les choix nécessaires pour habiter au centre de vous-même. Car on peut aimer faire des choses sans vraiment y être doué. On peut avoir des compétences, mais qui nous ennuient. On peut toucher un salaire généreux, avec un travail finalement peu utile et sans beaucoup de sens etc.
Chercher son Ikigaï fait écho à la célèbre injonction de Lacan : « désire, et ne cède pas sur ton désir ». Ou à celle de Saint Augustin : « aime, et fais ce que tu veux ».
Le tout est de ne pas se tromper sur son désir personnel le plus vrai. Le tout est de ne pas courir après des amours idolâtres ou adultères qui pullulent autour de nous.
Descendre en soi pour explorer nos vrais moteurs pour agir, partir à la recherche de son Ikigaï, c’est un peu partir au désert et renoncer à ce qui nous comble immédiatement habituellement (jusqu’à nous gaver parfois !), pour éprouver la joie du pêcheur de perles : j’ai trouvé ce dont j’ai faim en vérité…

Que la parole de Dieu agrandisse en nous cette faim d’autre chose !

 


[1]. En 2022 : 31 968 personnes accompagnées toute l’année, 380 équipes locales, 15 133 bénévoles engagés, 28 maisons, 397 logements indépendants.

[3]. En 2016, sa rémunération s’élevait à 4,8 millions d’euros. Le 25 avril 2019, lors de l’assemblée générale des actionnaires de Danone, il fait approuver une résolution baissant sa rémunération en 2018 à 2,8 millions d’euros. Il annonce également renoncer à son indemnité de départ contraint ainsi qu’à sa retraite chapeau de cadre chez Danone qui s’élève à 1,2 million d’euros par an, pour ne toucher que la retraite classique des salariés du groupe.

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
Création et péché de nos premiers parents (Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a)

Lecture du livre de la Genèse

Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et y plaça l’homme qu’il avait modelé. Le Seigneur Dieu fit pousser du sol toutes sortes d’arbres à l’aspect désirable et aux fruits savoureux ; il y avait aussi l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Or le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : ‘Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin’ ? » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : ‘Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.’ » Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable, cet arbre, puisqu’il donnait l’intelligence. Elle prit de son fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, et il en mangea. Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus.

PSAUME

(Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17)
R/ Pitié, Seigneur, car nous avons péché ! (cf. Ps 50, 3)

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.

DEUXIÈME LECTURE
« Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 12-19)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché.
Avant la loi de Moïse, le péché était déjà dans le monde, mais le péché ne peut être imputé à personne tant qu’il n’y a pas de loi. Pourtant, depuis Adam jusqu’à Moïse, la mort a établi son règne, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. Or, Adam préfigure celui qui devait venir. Mais il n’en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ.
Le don de Dieu et les conséquences du péché d’un seul n’ont pas la même mesure non plus : d’une part, en effet, pour la faute d’un seul, le jugement a conduit à la condamnation ; d’autre part, pour une multitude de fautes, le don gratuit de Dieu conduit à la justification. Si, en effet, à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul, la mort a établi son règne, combien plus, à cause de Jésus Christ et de lui seul, régneront-ils dans la vie, ceux qui reçoivent en abondance le don de la grâce qui les rend justes.
Bref, de même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie. En effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste.

ÉVANGILE
Jésus jeûne quarante jours, puis est tenté (Mt 4, 1-11)
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. 
L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 4b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : 
C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.
Patrick Braud

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