L'homélie du dimanche (prochain)

25 avril 2014

Que serions-nous sans nos blessures ?

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Que serions-nous sans nos blessures ?

Homélie du 2° Dimanche de Pâques / Année A
27/04/2014

Que serions-nous sans nos blessures ?

Un corps marqué

Après une blessure, on n’est jamais le même exactement.

Ce que l’on appelle guérison n’est jamais le retour à l’état antérieur purement et simplement.

Prenez une maladie infectieuse : après avoir rencontré le virus pour la première fois, l’organisme a réagi en produisant des anticorps nouveaux. De ce combat il garde le souvenir et la mémoire chimique quelque part, pour pouvoir le déclencher à nouveau si besoin est.

Prenez une coupure : les chairs se referment, mais il y a la cicatrice, qui atteste à jamais de la transformation qu’a subie le corps avec la blessure.

Prenez un chagrin, comme la perte d’un ami ou d’un proche : ?on s’en remet’ comme on dit, mais on n’est plus tout à fait comme avant.

Et il y a des cicatrices intérieures qui mettent plus de temps que d’autres à s’apaiser.

Pourquoi parler cicatrices aujourd’hui alors que la joie du cri de la nuit pascale résonne encore à nos oreilles ? Christ est ressuscité ! Pourquoi revenir sur les traces du passé ?

Pourquoi? ? Justement parce que c’est l’évangile d’après Pâques qui y revient.

Thomas identifie le corps de Jésus aux cicatrices qu’il porte. Ce procédé d’identification nous est sans cesse rappelé par les médias, après un attentat, une catastrophe ou un crime odieux ; on demande aux proches de reconnaître les corps d’un défunt? Ici, ce procédé devient l’identification d’un Vivant !

Celui qui est ressuscité garde sur ses mains la trace des clous, et dans son côté une plaie ouverte par la lance du soldat romain. Il portera toujours les traces de son combat. C’est bien le Crucifié qui est vivant, à la fois le même et pourtant différent. La Résurrection n’est donc pas une opération de chirurgie esthétique où Dieu gommerait comme par magie tout ce qui a fait notre existence pour nous recréer à partir de zéro.

Une petite fille handicapée réfléchissait dans son fauteuil roulant : « à la Résurrection, je pourrai courir et marcher comme si je n’avais rien eu !? Mais non, ce ne serait pas moi ! Je voudrais bien que mon handicap ne soit pas oublié ».

Eh oui : c’est bien moi, marqué et buriné par toutes mes relations humaines, qui vais ressusciter, et pas un autre. L’espérance chrétienne n’est ni la Réincarnation où je deviendrais un autre, ni le Nirvana où l’on pourrait se dissoudre comme une poupée de sel dans l’océan de l’univers. C’est la résurrection de l’être humain tout entier que proclame la fête de Pâques, sans dissocier l’âme du corps ; ce que la Bible et le Credo appellent la « résurrection de la chair ».

Or, la chair d’une existence, qu’est-ce c’est, sinon les traces qu’ont laissées sur nous, comme un fleuve dépose ses alluvions après la crue, nos relations humaines, nos solitudes, nos angoisses et nos amours, nos travaux et nos espoirs ?

Contemplez le visage et le corps d’un vieillard : les rides, les cicatrices, les déformations mêmes parlent ; et jusqu’à l’éclat des yeux, témoin tour à tour des tristesses, des épreuves, des joies, des amertumes, des vrais bonheurs accumulés au coin des paupières, et qu’un sourire suffit à libérer…

Image du Blog mamietitine.centerblog.net

Que serions-nous sans nos blessures ?

 

Pas de remise à zéro

Jesus with doubting Thomas, CaravaggioLe Christ ressuscité demeure blessé à jamais : c’est le mystère de la continuité entre notre vie et la vie autre qui nous attend. C’est donc que cette autre vie est déjà en germe aujourd’hui, pour chacun de nous. Malheureux sommes-nous si nous refusons d’être blessés par amour ! Sous prétexte d’avoir été trahis, par désillusion, ou par cynisme, malheureux sommes-nous si nous avons peur de nous exposer aux blessures de l’amour ! Car ces blessures là, nous les emporterons au Paradis ; ou plutôt, ce sont elles qui nous porteront, et c’est grâce à elles que Dieu nous identifiera et nous reconnaîtra à l’image de son Fils.

Si Thomas n’avait pas été là, nous aurions pu rêver d’un corps refait à neuf, d’une « remise à zéro » totale qui efface le passé. Mais en palpant la marque des clous et le trou de la lance, Thomas nous révèle une espérance bien plus folle encore : puisque le ressuscité est bien le Crucifié, c’est donc que la vie éternelle est déjà commencée pour chacun de nous. À travers les réussites et les échecs qui nous marquent, à travers tous ces liens humains qui nous façonnent, c’est tout notre être qui est travaillé, buriné. C’est cet être là, non pas un autre, cet être là dans toute sa dimension corporelle et spirituelle, c’est cet être là qui va ressusciter avec le Christ, qui va être glorifié comme a été glorifié le corps du Christ.

Que serions-nous sans nos blessures ?

 

Les blessures sociales

Que serions-nous sans nos blessures ? dans Communauté spirituelle 2014_02_25_ukraine_dechiree_entre_europe_et_russieCe qui est vrai d’un corps personnel l’est aussi du corps social. Une société garde longtemps les traces, les cicatrices des combats qui l’ont blessée.

Nos vieilles blessures françaises par exemple, provenant de la guerre d’Algérie, sont toujours enfouies quelque part dans notre mémoire collective : on croyait pouvoir oublier la torture, les exactions commis par chaque camp? Mais pour guérir il faut bien faire mémoire de la vérité de cette sale guerre.

De même pour les atroces méthodes nazies d’extermination des Juifs : l’Europe n’est pas sortie indemne de cette barbarie ; et les drames actuels entre Palestiniens et Israéliens sont toujours des résurgences de cette période, dont le monde n’a pas vraiment guéri?

Dans les troubles actuels qui déchirent l’ancienne Ukraine, il y a sans doute des traces, des séquelles de la période communiste, des dégâts spirituels et sociaux qu’elle a provoquée.

Pourtant, grâce à Thomas, nous savons aujourd’hui que la guérison d’un corps social, d’un peuple, d’un être humain, n’est pas la remise à zéro des compteurs. La véritable guérison n’est pas l’oubli, mais le pardon, pas l’amnésie, mais la vérité sur le passé. La Résurrection n’efface pas la Croix, elle la glorifie.

Que serions-nous sans nos blessures ?

 

C’est parce que nous ne sommes rien sans nos blessures que Dieu nous ressuscite avec elles et grâce à elles.

Voilà de quoi trouver le courage de nous exposer encore et encore, malgré les coups reçus…

 

 

 1ère lecture : La communauté fraternelle des premiers chrétiens (Ac 2, 42-47)

Lecture du livre des Apôtres

Dans les premiers jours de l »Église, les frères étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières. La crainte de Dieu était dans tous les c?urs ; beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les Apôtres.

Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble, et ils mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous selon les besoins de chacun.

Chaque jour, d’un seul c?ur, ils allaient fidèlement au Temple, ils rompaient le pain dans leurs maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité. Ils louaient Dieu et trouvaient un bon accueil auprès de tout le peuple. Tous les jours, le Seigneur faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut.

Psaume : Ps 117, 1.4, 13-14, 19.21, 22-23, 24-25

R/ Éternel est son amour !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

On m’a poussé, bousculé pour m’abattre ; 
mais le Seigneur m’a défendu. 
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; 
il est pour moi le salut. 

Ouvrez-moi les portes de justice : 
j’entrerai, je rendrai grâce au Seigneur. 
Je te rends grâce car tu m’as exaucé : 
tu es pour moi le salut. 

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs 
est devenue la pierre d’angle : 
c’est là l’?uvre du Seigneur, 
la merveille devant nos yeux. 

Voici le jour que fit le Seigneur, 
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! 
Donne, Seigneur, donne le salut ! 
Donne, Seigneur, donne la victoire !

2ème lecture : L’espérance des baptisés (1P 1, 3-9)

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Béni soit Dieu, le Père de Jésus Christ notre Seigneur : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus Christ pour une vivante espérance, pour l’héritage qui ne connaîtra ni destruction, ni souillure, ni vieillissement. Cet héritage vous est réservé dans les cieux, à vous que la puissance de Dieu garde par la foi, en vue du salut qui est prêt à se manifester à la fin des temps.
Vous en tressaillez de joie, même s’il faut que vous soyez attristés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la qualité de votre foi qui est bien plus précieuse que l’or (cet or voué pourtant à disparaître, qu’on vérifie par le feu). Tout cela doit donner à Dieu louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ, lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore ; et vous tressaillez d’une joie inexprimable qui vous transfigure, car vous allez obtenir votre salut qui est l’aboutissement de votre foi.

Evangile : Apparition du Christ huit jours après Pâques (Jn 20, 19-31)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Thomas a vu le Seigneur : il a cru. Heureux celui qui croit sans avoir vu ! Alléluia. (cf. Jn 20, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.
Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.
Patrick BRAUD

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