L'homélie du dimanche (prochain)

15 juillet 2015

Medium is message

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Medium is message


Homélie du 16° dimanche du temps ordinaire /année B
19/07/15

 Cf. également :

Du bon usage des leaders et du leadership

Briefer et débriefer à la manière du Christ

 

Voilà un passage d’évangile fort bien construit, comme d’habitude.

On y voit les Douze débriefer leur mission, c’est-à-dire raconter à Jésus « tout ce qu’ils avaient fait et enseigné ». Mais on ne nous dit pas ni ce qu’ils ont fait, ni ce qu’ils ont enseigné ! Ici, ce qui compte, c’est de relire auprès de Jésus les événements marquants des dernières semaines occupées à annoncer le règne de Dieu.

Comme si parfois le fait de raconter était plus important que ce que l’on raconte.
Comme si être rassemblés à nouveau autour du Christ était plus important que le contenu de ce qu’il leur dirait.
Et cela se prolonge pour Jésus lui-même : « il se mit à enseigner longuement » les foules, sans que Marc prenne soin de nous en livrer quelques sentences bien choisies.
Comme si le fait d’enseigner prenait le pas sur l’enseignement.
Comme si le message réside davantage dans Jésus lui-même parlant aux foules que dans le contenu de sa parole. Comme s’il était la Parole personnifiée.

Autrement dit, Marc semble suggérer que le message c’est Jésus en personne, bien plus encore que son discours !

 Medium is message

Medium is message dans Communauté spirituelle 9782020045940C’est ce qu’un célèbre théoricien des médias, Marshall Mac Luhan, a synthétisé en une formule célèbre : medium is message.

« [...] en réalité et en pratique, le vrai message, c’est le médium lui-même, c’est-à-dire, tout simplement, que les effets d’un médium sur l’individu ou sur la société dépendent du changement d’échelle que produit chaque nouvelle technologie, chaque prolongement de nous-mêmes, dans notre vie *»

Le message réside dans le médium (les médias) employé. La télévision a révolutionné les rapports familiaux et l’ouverture au monde de par sa présence même et sa manière de fonctionner, plus que par ses  programmes. De même, Internet bouleverse notre culture actuelle (d’UberPop au crowfounding, en passant par Instagram ou Tweeter etc.) plus par la vision du monde qu’il engendre que par le contenu qu’il véhicule.

Bref : la manière de dire des choses compte autant (sinon plus) que les choses dites.

 

D’ailleurs, pour le thème du bon berger qui est le fil rouge des lectures de ce dimanche, c’est bien le cas. On ne sait pas ce que dit Jésus, mais on le voit incarner en lui-même une posture de bon berger : il rassemble les siens, il prend soin d’eux  (« venez vous reposer un peu ») avec une délicatesse que les féministes du care ne renieraient pas ; il est saisi de compassion devant les foules en attente ; il les enseigne, et bientôt va les nourrir… ‘Qui il est’ est au coeur de son message. Message is Jesus himself, pourrait-on dire en parodiant Mac Luhan. Il incarne ce qu’il annonce : un Dieu qui fait attention aux besoins des hommes, qui les accompagne, est à leur service, désire leur croissance matérielle et spirituelle.

Des bons bergers qui ont marqué nos histoires personnelles, nous retenons souvent leur sourire, leur affection, leur capacité d’écoute, leur présence aux moments importants plus que des sermons ou des listes de recommandations…

 

En termes de leadership, la capacité que Marc met en avant pour Jésus pourrait s’appeler l’exemplarité. Aujourd’hui, bon nombre de dirigeants sont conscients que rien ne changera dans leur entreprise s’ils ne changent pas d’abord eux-mêmes. Plus de proximité, plus d’écoute, un vrai sens du service des collaborateurs, un management vraiment collaboratif et pas seulement participatif… : rien ne sert de faire des grand-messes avec de grandes ambitions devant tout le personnel si le patron et l’encadrement n’incarnent pas eux-mêmes ce qu’ils annoncent ! Dire à des employés : ‘prenez des initiatives, libérez votre capacité d’innovation, devenez plus responsables et autonomes’, cela demande au minimum de la part de celui qui le dit : confiance jusqu’au bout, moins de contrôles, plus d’accompagnement, donner le droit à l’erreur etc. sinon, la posture managériale de l’encadrement contredira en pratique le message de liberté qu’il essaie de faire passer.

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Medium is message

S’il fallait un (triste) exemple de la pertinence de cette formule de Mac Luhan, prenez cette très belle phrase : le travail rend libre. Prononcée par Gandhi ou Mandela, elle ouvre des perspectives de libération par la noblesse de l’activité-travail, par la lutte contre le chômage et l’exclusion sociale. Mais inscrite en allemand à l’entrée d’un centre de détention près d’un village nommé Auschwitz, cette même phrase devient inhumaine et diabolique.

Tout dépend donc de la personne qui la prononce et de la manière dont elle la proclame.

L%E2%80%99exemplarite-n-est-pas-une-facon-d-influencer-Albert-Schweitzer-e1429423271374 exemplaritéSeule une certaine exemplarité rend crédible le message : en Jésus, sa cohérence personnelle est si forte qu’elle le désigne comme le bon berger en personne. La vérité en christianisme n’est pas une doctrine, pas une liste d’interdits ou de commandements, pas un système d’idées : c’est une personne vivante, Jésus le Christ. Devenir chrétien, c’est entrer toujours davantage en communion avec lui, et non adhérer à une idéologie.

Les bons bergers dont nous avons besoin, en entreprise comme en politique par exemple, sont ceux qui incarnent personnellement leurs idées et leurs convictions.

Les parents, les responsables d’associations etc. sont également concernés !

 

À nous de susciter de tels leaders, en choisissant d’appeler aux responsabilités ceux qui ont la passion de servir les autres, en acceptant nous-mêmes d’endosser un certain leadership lorsque les foules ou les Douze d’aujourd’hui nous le demandent.

 

 _________________________

 *  Marshall Mc Luhan, Pour comprendre les médias, Seuil, coll. Points essais, 1977.

 

 

1ère lecture : « Je ramènerai le reste de mes brebis, je susciterai pour elles des pasteurs » (Jr 23, 1-6)
Lecture du livre du prophète Jérémie

Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage – oracle du Seigneur !          C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple : Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. Eh bien ! Je vais m’occuper de vous, à cause de la malice de vos actes – oracle du Seigneur.         Puis, je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées. Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront.          Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur.           Voici venir des jours – oracle du Seigneur, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice.          En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »  

Psaume : Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

R/ Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.  
(cf. Ps 22, 1)

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : « Le Christ est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité » (Ep 2, 13-18)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères,          maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ.          C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ;               il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix,          et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine.          Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches.          Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père.

Evangile : « Ils étaient comme des brebis sans berger » (Mc 6, 30-34)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ;
moi, je les connais, et elles me suivent.
Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, après leur première mission,     les Apôtres se réunirent auprès de Jésus,  et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné.  Il leur dit :  « Venez à l’écart dans un endroit désert,  et reposez-vous un peu. »  De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux,  et l’on n’avait même pas le temps de manger.      Alors, ils partirent en barque  pour un endroit désert, à l’écart.      Les gens les virent s’éloigner,  et beaucoup comprirent leur intention.  Alors, à pied, de toutes les villes,  ils coururent là-bas  et arrivèrent avant eux.      En débarquant, Jésus vit une grande foule.  Il fut saisi de compassion envers eux,  parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger.  Alors, il se mit à les enseigner longuement.
Patrick BRAUD

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22 avril 2015

Des brebis, un berger, un loup

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Des brebis, un berger, un loup

Homélie du 4° dimanche de Pâques / Année B
26/04/2015

Des brebis, un berger, un loup.

Des brebis, un berger, un loup dans Communauté spirituelle 555426_bernard-bruno-un-berger-du-plateau-de-caussols-dans-les-alpes-maritimes-regarde-l-une-de-ses-brebis-tuee-par-un-loup-le-7-novembre-2012

Traduisez : des personnes à charge (famille, salariés, communauté…), un leader, un danger.

Notre évangile du bon Pasteur est revêtu d’une actualité étonnante lorsqu’on le transpose aux situations de leadership d’aujourd’hui.

Le pape François en est sans doute le plus bel exemple. Alors qu’un danger de mort menace et décime tant de chrétiens – au Moyen-Orient comme en Afrique ou ailleurs – il est l’un des rares à élever la voix pour défendre ces oubliés médiatiques. Il a osé prononcer à voix haute le mot de génocide  - le premier du XX° siècle – pour qualifier l’extermination du peuple arménien par l’empire ottoman, s’attitrant ainsi la colère de la Turquie. Il ne cesse de dénoncer les persécutions des martyrs chrétiens d’aujourd’hui.

La préoccupation du pape pour le sort des chrétiens d’Orient s’est exprimée tout au long de cette semaine de Noël. Lors de la bénédiction urbi et orbi qu’il a prononcée à midi, jeudi 25 décembre 2014, place Saint-Pierre à Rome, à l’occasion de la fête de la nativité, François a dénoncé les « persécutions brutales » dont sont victimes les chrétiens d’Irak et de Syrie, avec ceux « qui appartiennent à d’autres groupes ethniques et religieux ».

Il a évoqué « les nombreuses personnes déplacées, dispersées et réfugiées […] de la région et du monde entier » et a demandé qu’elles « puissent recevoir les aides humanitaires nécessaires pour survivre à la rigueur de l’hiver et revenir dans leur pays ».

Lundi, le pape argentin avait adressé une lettre aux chrétiens du Moyen-Orient pour les « encourager » et leur dire « combien [leur] présence et [leur] mission sont précieuses en cette terre » où « est né et où s’est répandu le christianisme ». Comme à son habitude, il n’y citait pas nommément l’État islamique mais il y dénonçait une « organisation terroriste » qui « commet toutes sortes d’abus et de pratiques indignes de l’homme, en frappant de manière particulière certains d’entre vous qui ont été chassés de façon brutale de leurs propres terres, où les chrétiens sont présents depuis les temps apostoliques ».

Après l’horreur du massacre de Garissa au Kenya en Avril 2015, la dénonciation de la violence djihadiste a pris le pas sur les thèmes de paix et de justice d’ordinaire évoqués lors des célébrations de Pâques. Le pape François a dénoncé samedi 4 avril au soir, lors de la longue Veillée pascale, qui célèbre, selon la croyance chrétienne, la résurrection de Jésus, « le silence complice » et « l’indifférence » devant la « furie djihadiste » qui frappe les chrétiens.

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Il a fermement condamné la « brutalité insensée » du massacre des Shebab contre les étudiants de Garissa qui a fait au moins 148 morts. « Tous les responsables doivent redoubler leurs efforts afin de mettre un terme à une telle violence », a demandé dès vendredi le chef de l’église catholique. Équipés d’explosifs et d’armes à feu, les assaillants se sont lancés jeudi à l’aube à l’assaut du campus universitaire situé à près de 200 kilomètres de la frontière somalienne, tuant d’abord sans discernement avant d’épargner les étudiants musulmans et de prendre de nombreux chrétiens en otages, en fonction de leurs vêtements.

Les chrétiens, « victimes désignées »

Au Vatican, on s’irrite du fait que la multiplication des persécutions de chrétiens – par des individus ou des groupes islamistes – de l’Irak au Kenya en passant par la Libye, le Pakistan ou le Nigeria, ne soit pas plus dénoncée, y compris par les autorités occidentales et musulmanes. « Aujourd’hui nous voyons nos frères persécutés, décapités et crucifiés pour leur foi en Toi, sous nos yeux ou souvent avec notre silence complice », a accusé le pape François d’une voix sombre à la fin du Chemin de Croix vendredi soir au Colisée, s’adressant au Christ.

Source : http://www.lemonde.fr/

 

Loup, y es-tu ?

2015-04-02-affiche-les-pretres-en-concert-pour-les-chretiens-d-orient FrançoisLe loup actuel, c’est bien la folie djihadiste d’un islam ne supportant pas la différence, et notamment la différence chrétienne. Les médias occidentaux, les hommes politiques occidentaux, n’osent pas mettre le mot chrétiens sur les victimes de ces persécutions. En réveillant les consciences, le pape François défend les brebis de son troupeau (et des autres troupeaux) et oblige Hollande comme Obama à nommer le drame : oui, ces hommes et ces femmes sont kidnappés, déportés, torturés, décapités, forcés à s’exiler parce qu’ils sont chrétiens, et qu’aux yeux de ces musulmans c’est insupportable.

Voilà le rôle du berger : élever la voix pour faire fuir le loup, avertir pour organiser la défense des plus faibles, ne pas avoir peur de s’exposer soi-même pour protéger les petits.

La lamentable polémique au sujet de l’affiche du concert du groupe « Les Prêtres » interdite par la RATP sous prétexte de la mention « pour les chrétiens d’Orient » montre qu’en France la défense  des chrétiens est une cause qui suscite bien des polémiques, bien des allergies atterrantes…

 

Entreprise et famille

Il n’y a pas que dans le domaine religieux où cette parabole du bon berger est éclairante. En entreprise également, le manager se voit confier une équipe de collaborateurs qu’il doit défendre bec et ongles contre les loups internes ou externes.

En interne, le loup peut revêtir la figure de celui qui est toujours hors jeu, dénigrant toute forme d’action collective et cherchant même à la faire échouer, n’adhérant pas aux valeurs communes. Un leader responsable sait que la défense des salariés intègres passe par un certain courage managérial envers les loups destructeurs et toxiques. Le bon berger d’une équipe maniera à la fois la  bienveillance envers les personnes et l’intransigeance sur les valeurs. Sinon l‘injustice qui pèsera sur les brebis intègres compromettra toute réussite future.

Le loup en entreprise peut encore prendre la figure de patrons malhonnêtes, voire manipulateurs. Et là, le management lui-même doit faire le ménage en son sein : écoute des salariés pour détecter les tyrans, mise en place d’un numéro vert, d’aide extérieure etc. Les organisations syndicales doivent monter au créneau pour défendre les sans-voix qui risquent d’être massacrés sans que personne n’ose s’élever contre (harcèlement, exploitation des sans-papiers, marchands de sommeil, embauches ou pratiques illégales…). D’ailleurs, lorsque les syndicats agissent ainsi, ils sont suivis, reconnus, à la différence des mercenaires (les jaunes disait-on autrefois) qui gardent le silence et n’osent rien faire.

 leader 

En famille, la plupart des parents adoptent d’instinct cette posture du bon berger : protéger leurs proches des dangers de la vie, les mettre à l’abri d’accidents financiers, être à leurs côtés en cas de coup dur. Que dirait-on d’un père ou d’une mère qui délaisserait son enfant à l’approche d’un divorce, d’une maladie grave ou d’une perte d’emploi ?

 

Risquer sa vie

Ce faisant, chacun de ces bergers s’expose et risque sa vie, comme le suggère l’évangile en identifiant le bon Pasteur avec le Christ qui donne sa vie pour ceux qu’il aime.

Le pape François sait que bien des menaces entourent ses prises de positions courageuses pour défendre ses ouailles (= brebis !) : la mafia pourrait vouloir lui faire payer sa guerre ouverte contre la corruption en Italie ; les fanatiques musulmans seront tentés par un coup d’éclat contre lui etc.

Le leader attentif à la défense de son équipe de salariés sait qu’il prendra des coups, de sa hiérarchie ou de collègues malveillants ou de salariés contrariés dans leur travail de sape.

Même les parents savent que défendre leurs proches c’est s’exposer à la rigueur bancaire ou judiciaire ou sociale…

Ne réduisons donc pas l’évangile du bon berger à un discours sur les pasteurs qu’il nous faudrait.

C’est un manifeste pour un leadership au service des plus petits.

C’est un engagement à défendre les plus faibles.

C’est une conception de l’autorité comme un devoir envers ceux qui ont besoin de sécurité.

C’est une conversion de l’exercice du pouvoir pour qu’il devienne une libération des sans-grade.

 

Et les mercenaires ?

Que faire des mercenaires dont parle l’évangile ? Doit-on faire la chasse aux sorcières pour éliminer tous ces bergers à gages qui s’enfuient à la vue du loup ? Écoutez l’habileté avec laquelle Saint Augustin analyse l’utilité de ces faux bergers en finale :

Et que dirons-nous du mercenaire, du berger à gages ?

Le Christ ne les mentionne pas parmi les bons. Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Le berger à gages qui n’est pas le pasteur et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse là les brebis, il se sauve et le loup les emporte et les disperse. Le berger à gages ne joue pas le rôle d’un homme de bien. Pourtant, il est utile à quelque chose ; on ne le nommerait pas berger à gages, s’il ne recevait un salaire de son employeur. Quel est donc ce berger à gages, à la fois coupable et nécessaire ? Il y a dans l’Église des gens bien placés, dont l’Apôtre Paul déclare : « Tous recherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus-Christ » (Ph 2,21). Qu’est-ce que cela veut dire ? Leur amour pour le Christ n’est pas désintéressé ; ce n’est pas pour Dieu qu’ils cherchent Dieu : ils poursuivent des avantages temporels, ils désirent vivement gagner de l’argent, acquérir des honneurs. Quand c’est ce qu’on aime dans les premières places et que c’est là la raison de servir Dieu, quel qu’on soit, on est un berger à gages ; on ne doit pas se mettre au nombre des fils. De ces bergers à gages, le Christ déclare : « En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense » (Mt 5,5). Apprenez maintenant pourquoi les bergers à gages sont nécessaires. Il y a dans l’Église beaucoup de gens qui recherchent des avantages temporels. Pourtant, ils prêchent le Christ ; par eux la voix du Christ se fait entendre: les brebis les suivent. Ce n’est pas le berger à gages qu’elles suivent, mais la voix du pasteur à travers la sienne. Écoutez le Seigneur lui-même définir les bergers à gages : « Les Scribes et les Pharisiens occupent la chaire de Moïse : faites donc et observez tout ce qu’ils pourront vous dire ; mais ne vous réglez pas sur leurs actes » (Mt 23,2). Ce qui revient à dire : Écoutez la voix du pasteur qui se fait entendre par les bergers à gages. Ils sont assis sur la chaire de Moïse et enseignent la Loi de Dieu, c’est donc par eux que Dieu vous instruit. Mais s’ils voulaient vous enseigner leurs propres pensées, ne les écoutez pas, ne faites pas ce qu’ils disent. Évidemment, de tels maîtres cherchent leurs intérêts et non ceux de Jésus-Christ; pourtant, aucun berger à gages n’a osé dire au peuple du Christ : Cherche mes intérêts et non ceux de Jésus-Christ.

Saint Augustin : « Tractatus in Johannis evangelium », XLVI, 5-8

 

Des brebis, un berger, un loup : peut-être sommes nous tour à tour l’un ou l’autre ?

Qui avons-nous en charge de défendre et de protéger ?

Contre quel loup nous faut-il trouver le courage de nous dresser pour le bien de ceux qui nous sont confiés ?

 

 

1ère lecture : « En nul autre que lui, il n’y a de salut » (Ac 4, 8-12)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, Pierre, rempli de l’Esprit Saint, déclara : « Chefs du peuple et anciens, nous sommes interrogés aujourd’hui pour avoir fait du bien à un infirme, et l’on nous demande comment cet homme a été sauvé. Sachez-le donc, vous tous, ainsi que tout le peuple d’Israël : c’est par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, devant vous, bien portant. Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. 

Psaume : 117 (118), 1.8-9, 21-23, 26.28-29

R/ La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. ou : Alléluia ! (117, 22)

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur
que de compter sur les hommes ;
mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur
que de compter sur les puissants !

Je te rends grâce car tu m’as exaucé :
tu es pour moi le salut.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient !
De la maison du Seigneur, nous vous bénissons !
Tu es mon Dieu, je te rends grâce,
mon Dieu, je t’exalte !
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !

2ème lecture : « Nous verrons Dieu tel qu’il est » (1 Jn 3, 1-2)
Lecture de la première lettre de saint Jean

Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.

Evangile : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11-18)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Je suis le bon pasteur, dit le Seigneur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Alléluia. (Jn 10, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »
Patrick BRAUD

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20 décembre 2014

Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune…

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Noël : « Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

Homélie de Noël 2014/ Année B
25/12/2014

cf. également :
Le potlatch de Noël
Noël : la trêve des braves
Noël : croyance dure ou croyance molle ?
La bienveillance de Noël

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… » (Lc 2, 1-14)

Le 1er Noël commence avec le récit d’une exclusion hélas terriblement actuelle. Bien des jeunes, lycéens ou étudiants, pensent aujourd’hui qu’il n’y a guère de place pour eux dans la société. Beaucoup de salariés vont guetter avec angoisse les conséquences de la crise économique pour voir s’ils ont toujours leur place dans l’entreprise. Certains, dans nos voisins, dans nos familles même, désespèrent tellement de trouver leur place parmi nous qu’ils en auront des idées noires, très noires…

Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… dans Communauté spirituelle Pauvrete-et-exclusion-sociale-les-grandes-lignes-du-plan-quinquennal1_large 

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

Eh bien ce soir, l’enfant de la crèche nous délivre de la peur de l’exclusion ! Il nous donne le courage d’affronter la solitude, ou la mise à l’écart, le côté difficile de toute naissance humaine. Car il a connu l’exclusion sans que cela l’arrête dans son désir d’aimer. « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1,1-18) : mais cela n’a engendré chez lui ni revanche ni jalousie maladive.

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

Oui vraiment ; de manière étonnante et paradoxale ce fragile nouveau-né dans une étable devient la source de notre force et de notre courage :

 Ce soir :

Ligoté dans ses langes, il nous délivre aujourd’hui de nos peurs qui nous paralysent.

Abrité dans une étable comme une bête, il nous révèle maintenant la vraie dignité de tout être humain qu’on ne peut traiter comme une bête.  

- Couché ce soir ‘sur la paille’, pauvre et fragile, il nous enrichit de sa sagesse.  

Mis à l’écart, pas accueillic’est lui qui accueille pourtant les bergers, les mal-aimés de la vie et nous prépare une place auprès du Père.  

Réchauffé ce soir par le souffle du bœuf et de l’âne, il nous réchauffe à son tour du souffle de son Esprit Saint.  

-  Déposé ce soir à Bethléem (la ‘maison du pain’, en hébreu) dans une mangeoire, il se livrera lui-même dans le pain de l’eucharistie en nourriture pour ceux qui ont faim et soif de vivre vraiment.   

SocialExclusionWordCloud amour dans Communauté spirituelle 

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

Les bergers dans les champs ne s’y sont pas trompés, car eux, question exclusion, ils connaissent ! Ils sont un peu comme les Gitans sur nos aires de stationnement ou à nos feux rouges : rarement désirés, souvent suspectés, toujours en marge de la société ordinaire. Ils viennent saluer en Jésus un de leurs compagnons d’exclusion qui, lui, va remporter la plus éclatante des victoires : vaincre le rejet des hommes non par la violence ou le même rejet en retour, mais par le pardon, et l’amour des ennemis…

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

Vous le voyez, Noël n’est pas seulement une belle histoire pour faire briller les yeux des enfants. C’est d’abord l’histoire d’un Dieu qui fait l’expérience du mal en venant vers nous, mais que ni le mal ni la souffrance ne pourront arrêter dans sa volonté farouche de révéler à l’homme se grandeur et sa dignité.

 

Alors fêtons Noël avec la force et le courage que nous donne le Christ, né sur le bois de la mangeoire, crucifié sur le bois de la Croix, ressuscité dans l’amour du Père.

Si nos familles traversent des épreuves, des séparations, ne désespérons pas les uns des autres : le temps peut faire son œuvre, le pardon est possible.  

Si nos familles sont dans la joie en ce moment, savourons et mettons cette joie en mémoire en l’appréciant à son juste prix.  

Si nous avons des combats importants à mener, que ce soit pour notre travail, notre santé, ou pour nos proches, ne perdons pas courage : jour après jour nous sera donnée la force pour tenir bon, pour ne pas baisser les bras.  

Et refusons les discours catastrophistes, qui se généralisent en ces temps difficiles de mutation économique : nulle fatalité n’est écrite nulle part. Nous ne pouvons pas nous conduire comme si nous n’avions pas d’espérance. Car notre espérance est immense et terriblement efficace.   

 

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

À Noël, notre Dieu, mis à l’écart, avec les exclus, va pourtant manifester que son amour est plus fort que nos rejets.

Appuyons-nous sur lui pour mener avec Lui le combat contre toutes les forces d’exclusion, en nous et autour de nous.

Que Noël ne soit pas seulement la fête de l’enfance, mais la fête de l’amour offert, quelques soient les oppositions, à tout âge de la vie…

 

 

Messe de la nuit

1ère lecture : « Un enfant nous est né » (Is 9, 1-6)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres
a vu se lever une grande lumière ;
et sur les habitants du pays de l’ombre,
une lumière a resplendi.
Tu as prodigué la joie,
tu as fait grandir l’allégresse :
ils se réjouissent devant toi,
comme on se réjouit de la moisson,
comme on exulte au partage du butin.
Car le joug qui pesait sur lui,
la barre qui meurtrissait son épaule,
le bâton du tyran,
tu les as brisés comme au jour de Madiane.
Et les bottes qui frappaient le sol,
et les manteaux couverts de sang,
les voilà tous brûlés :
le feu les a dévorés.

Oui, un enfant nous est né,
un fils nous a été donné !
Sur son épaule est le signe du pouvoir ;
son nom est proclamé :
« Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort,
Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. »
Et le pouvoir s’étendra,
et la paix sera sans fin
pour le trône de David et pour son règne
qu’il établira, qu’il affermira
sur le droit et la justice
dès maintenant et pour toujours.
Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !

Psaume : 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc

R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : c’est le Christ, le Seigneur.
cf. Lc 2, 11

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
car il vient pour juger la terre.

Il jugera le monde avec justice,
et les peuples selon sa vérité !

2ème lecture : « La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes » (Tt 2, 11-14)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé,
la grâce de Dieu s’est manifestée
pour le salut de tous les hommes.
Elle nous apprend à renoncer à l’impiété
et aux convoitises de ce monde,
et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable,
avec justice et piété,
attendant que se réalise la bienheureuse espérance :
la manifestation de la gloire
de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ.
Car il s’est donné pour nous
afin de nous racheter de toutes nos fautes,
et de nous purifier
pour faire de nous son peuple,
un peuple ardent à faire le bien.

Evangile : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.  Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là,
parut un édit de l’empereur Auguste,
ordonnant de recenser toute la terre
– ce premier recensement eut lieu
lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth,
vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem.
Il était en effet de la maison et de la lignée de David.
Il venait se faire recenser avec Marie,
qui lui avait été accordée en mariage
et qui était enceinte.

Or, pendant qu’ils étaient là,
le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Et elle mit au monde son fils premier-né ;
elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire,
car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers
qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs
pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux,
et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière.
Ils furent saisis d’une grande crainte.
Alors l’ange leur dit :
« Ne craignez pas,
car voici que je vous annonce une bonne nouvelle,
qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David,
vous est né un Sauveur
qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné :
vous trouverez un nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable,
qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Patrick BRAUD

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21 juillet 2012

Du bon usage des leaders et du leadership

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Du bon usage des leaders et du leadership

Homélie du 16° dimanche ordinaire / Année B
22/07/2012

Le thème du bon berger relie la première lecture (Jr 23,3-6), le psaume (22), l’évangile ce dimanche (Mc 6,13-34). Du coup, la question nous est posée à nous également : quel « berger » suivons-nous ? Comment sommes-nous bergers nous-mêmes ?

 

Quel berger suivons-nous ?

Il est assez courant hélas de voir des chrétiens professer leur foi le dimanche et suivre un tout autre credo la semaine au travail. Que ce soit pour suivre la dernière technique de management à la mode, ou pour approuver tel projet présenté par tel chef etc., beaucoup de chrétiens sont comme hypnotisés et perdent leur liberté critique. Comme si leur foi ne pouvait pas jouer dans leur vie professionnelle. Or, suivre aveuglement les objectifs fixés par une hiérarchie peut amener à une forme de schizophrénie intérieure douloureuse ; sans compter l’amertume de se voir un jour abandonné par ceux-là mêmes que l’on a imité.

Le portrait du mauvais leader brossé par Jérémie reste toujours valable : il égare et disperse, il apeure et accable, il rend stérile ceux qui le suivent. Bien des gourous les affaires se sont comportées ainsi - avec succès - jusqu’à ce que leur vrai leadership soit enfin révélé. Bien des chefs, petits ou grands, ont suscité une adhésion a posteriori étonnante, ou ont imposé par la peur et la contrainte des comportements formatés à leurs équipes.

Quel est votre berger au travail ?

Ne dites pas que vous êtes libres et que vous n’en avez pas… Il y a toujours quelqu’un qui a autorité sur vous, qui peut vous forcer à faire des choses que vous n’aimez pas. Plus subtil : il y a toujours des modèles que vous voudrez imiter, consciemment ou non. Le ?désir mimétique’ analysé par René Girard est si puissant qu’il arrive même à se faire oublier, pour mieux manipuler.

Pourtant il faut bien des modèles et des chefs hiérarchiques. La question de Jérémie est : les avez-vous réellement choisis ? Correspondent-ils à vos valeurs les plus précieuses ? Comment les laissez-vous avoir une influence sur vous-même ?

Les moutons de Panurge ne se sont pas réveillés à temps et ont sauté dans le vide en croyant suivre le bon berger…

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Le portrait du bon leader court dans toute la Bible : il exerce le droit et la justice (Jérémie, les psaumes) ; il fait reposer ceux dont il a la charge, leur fait traverser les épreuves et même les ravins de la mort selon le psaume de ce dimanche ; il devine les vrais besoins de ceux qui lui sont confiés ; il les instruit et les nourrit en joignant le geste à la parole.

Avant de suivre une idéologie politique quelconque, une culture d’entreprise, des objectifs professionnels, posons la question : quel est le berger qui est caché derrière ce à quoi on me demande d’adhérer ? Puis-je lui faire confiance ? Puis-je le suivre en restant en accord avec moi-même ? En les passant au tamis des critères bibliques, quelles finalités puis-je choisir pour courir après des objectifs qui me correspondent  vraiment ?

 

Quel berger sommes-nous ?

Chacun est tantôt conduit tantôt conducteur, tantôt suiveur tantôt leader. Avec le risque d’ailleurs de faire payer à ceux qui me voient dans un rôle ce dont je souffre dans un autre rôle. Tel salarié obéissant et fidèle devient un tyran à la maison. Tel bon père de famille devient insupportable au bureau.

Nous avons tous des moments, des responsabilités, des situations où nous sommes le berger d’autrui. Consciemment, pour aider un enfant à choisir ses études par exemple, son avenir. Inconsciemment, en se forgeant une aura telle que les autres n’ont plus qu’à m’imiter etc.

Là encore il vaut mieux reconnaître avec joie et humilité ces moments où il nous faut assumer un leadership. Ce serait une illusion de vouloir abdiquer de toute forme de responsabilité à conduire d’autres personnes. Par l’exemple, par la parole : on a besoin de figures charismatiques qui donnent le bon cap à une association, un club sportif, dans une ambiance de quartier entre voisins, dans la famille bien sûr etc. Toujours imiter et suivre les autres est normalement impossible, sauf à n’être plus que l’ombre de soi-même.

Alors, comment exercerons-nous l’autorité lorsqu’il nous faut le faire ? Comment et vers où conduisons-nous des collègues, des enfants, des amis ?

 

Du bon leadership

Jésus précise dans l’évangile de Jean que le bon berger est celui qui « donne sa vie pour ses brebis ».

Voilà un sacré critère pour examiner nos leaderships !
Voilà une attitude du coeur qui devrait éviter à des parents de dire à leur enfant : « après tout ce que nous avons fait pour toi… ».
Voilà un sens du service qui devrait amener un chef hiérarchique à manager son équipe bien différemment des standards habituels.
Voilà une intelligence du coeur qui transformera toute responsabilité exercée en engagement pour les autres.

berger4 berger dans Communauté spirituelle

 

La deuxième lecture complète d’ailleurs ce portrait du bon berger par des qualités essentielles : faire tomber les murs qui séparent, rassembler, faire la paix entre les ennemis d’hier, créer du nouveau, réconcilier, donner à tous l’accès à l’essentiel (Ep 2, 13-18).

Transposez à chaque domaine de votre vie (famille, amis, travail, voisin…) et vous verrez que le bon berger de nos lectures peut inspirer vos choix.

Quel leader suivez-vous ?

Quel leadership assumez-vous ?

 

1ère lecture : Les bons pasteurs du peuple de Dieu (Jr 23, 1-6)

Lecture du livre de Jérémie

Parole du Seigneur. Misérables bergers, qui laissent périr et se disperser les brebis de mon pâturage ! C’est pourquoi ? ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple ? : À cause de vous, mes brebis se sont égarées et dispersées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. Eh bien ! Moi je vais m’occuper de vous, à cause de vos méfaits, déclare le Seigneur. Puis je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai dispersées. Je les ramènerai dans leurs pâturages, elles seront fécondes et se multiplieront. Je leur donnerai des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées et accablées, et aucune ne sera perdue, déclare le Seigneur. 

Voici venir des jours, déclare le Seigneur, où je donnerai à David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. Sous son règne, le royaume de Juda sera sauvé, et Israël habitera sur sa terre en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice ».

Psaume : 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer. 

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : Jésus est la Paix pour tous les hommes (Ep 2, 13-18)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Ephésiens

Frères, vous qui autrefois étiez loin du Dieu de l’Alliance, vous êtes maintenant devenus proches par le sang du Christ.
C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine,
en supprimant les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix, et créer en lui un seul Homme nouveau.
Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix : en sa personne, il a tué la haine.
Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches.
Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons accès auprès du Père, dans un seul Esprit.

Evangile : Jésus a pitié de la foule (Mc 6, 30-34)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Jésus, le bon Pasteur, connaît ses brebis et ses brebis le connaissent : pour elles il a donné sa vie. Alléluia. (cf. Jn 10, 14-15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Après leur première mission, les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné.
Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger.
Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart.
Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux.
En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement.
Patrick Braud

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