L'homélie du dimanche (prochain)

12 janvier 2013

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

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Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Homélie du Baptême du Seigneur, Année C
13/01/13

Pour Jean -Baptiste, le baptême, « c’est pas le pied » ! En effet, il déclare : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » (Lc 3,16). Donc il ne pense pas pouvoir se mettre aux pieds du Christ ; il se croit indigne de lui laver les pieds, de lui ôter ses sandales.
Ça paraît anecdotique, cette histoire de sandales ! Mais dans la Bible, c’est le genre de détail qui renvoie à toute une histoire : une histoire à sandales !

1. Cela commence en effet dans le livre de la Genèse.

Melchisédech, roi de Salem, apporte du pain et du vin à Abraham et vient lever l’impôt royal, la dîme. Abraham lève la main et jure de respecter la royauté de Melchisédech : « Je ne prendrais ni un fil, ni une courroie de sandale, rien de ce qui est à toi. Et tu ne pourras pas dire : ‘J’ai enrichi Abraham’ » (Gn 14, 17-24).

Transposé au baptême de Jésus, la courroie de sandale veut dire que, à l’image d’Abraham, le peuple juif en Jean-Baptiste reconnaît la royauté de Jésus, nouveau Melchisédech venu apporter le pain et le vin en échange du don de chacun. Ne pas tricher dans l’eucharistie, ne pas voler la royauté divine, s’acquitter de l’impôt royal qui est la miséricorde envers son prochain : voilà une première piste pour : « ne pas défaire la courroie de ses sandales ».


2. Ensuite, il y a le fameux épisode de Moïse au Buisson Ardent.

Le baptême du Christ : une histoire

Une histoire sans sandales : « Retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Ex3, 5). Moïse doit se mettre pieds nus, c’est-à-dire se dépouiller de ses représentions humaines, pour rencontrer Dieu.

En sens inverse, par le baptême, Dieu lui aussi en Jésus s’apprête à rencontrer l’homme. Avant de plonger dans l’océan de notre humanité si mélangée de beauté et de terreur, le Christ enlève ses sandales, comme le Pape embrasse la terre du pays qui le reçoit à sa descente d’avion. Et Jean-Baptiste reconnaît que cette plongée de Dieu en nous est si vertigineuse qu’il n’ose laisser croire que cela pourrait venir grâce à lui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. » veut dire alors : « l’abaissement de Jésus, sa plongée jusqu’aux enfers, c’est lui seul et pas moi ».

En ce jour du Baptême du Christ dans le Jourdain, nous fêtons un Dieu qui n’a pas eu peur de rencontrer l’homme, de le rejoindre même au plus bas de son humanité, en ce qu’il a de plus saint comme en ce qu’il a de plus sordide.

La file des pécheurs du Jourdain a sous doute commis tout ce que vous n’oserez jamais accomplir : adultères, vols, meurtres, corruption, délation… C’est à la déchetterie de l’humanité que Jésus se rend en allant au Jourdain à l’endroit où Jean baptise. Pourtant il n’a pas peur d’aller nous rejoindre là, au plus bas, au plus sale.

Un proverbe africain dit : « Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

anesse-Jesus-cadre baptême dans Communauté spirituelle

Dans son baptême, le Christ descend des hauteurs pour éprouver lui-même la brûlure du péché de l’homme. Il enlèvera lui-même les sandales de ses pieds pour éprouver la brûlure de notre terre, et ne pas rester protégé de cette fournaise. La croix sera plus tard la brûlure absolue, l’immersion la plus complète dans l’enfer de la solitude et de la déchéance humaine. S’il était resté monté sur son âne des Rameaux, il n’aurait pu communier avec les plus déchus…

Du baptême à la croix, Paul dira de Jésus qu’il a été, pour nous, identifié au péché. « Christ a été fait péché » pour nous, afin que nul pécheur ne désespère d’être trop loin de Dieu pour pouvoir être aimé.

Christ est aujourd’hui plongé dans le Jourdain pour que plus personne ne soit noyé, submergé par le mal commis ou subi.
Christ remonte aujourd’hui des eaux du Jourdain pour que l’énergie de la résurrection soit offerte à tous les peuples, langues, nations, cultures.

« Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

Aujourd’hui le Christ ‘descend de son âne’, et plonge dans nos brûlures les plus secrètes.

Comment pourrions-nous fêter le Baptême du Seigneur sans nous aussi ‘descendre de notre âne’ et ‘enlever nos sandales’ ?
Sans embrasser l’autre même s’il nous fait peur au début ?
Sans goûter avec lui la grande espérance du corps du Christ sortant vainqueur des eaux de mort ?

 

3. Après le Buisson Ardent, il y a la Pâque juive où il est encore question de sandales :
 « C’est ainsi que vous mangerez la Pâque : le ceinture aux reins, vos sandales aux pieds, votre bâton à la main » (Ex 3,5). C’est la tenue du voyageur, qui en hâte, traverse le péril, passe à travers le danger de mort qui le guette.

Les sandales aux pieds, le Christ inaugure déjà sa Pâque dès le baptême au Jourdain. Jean-Baptiste ne veut pas lui ôter ces sandales-là, il nous aide à deviner en cet homme baigné dans le fleuve un passeur, qui le premier traverse jusqu’à l’autre rive.

haggadoth1 Jean Baptiste

4. Mais il y a encore un autre texte savoureux qui parle de sandales. C’est Dt 25,5-10 : la loi du lévirat en Israël.

Donner des enfants à un homme, perpétuer un nom de famille est si important dans le peuple juif que si un homme marié meurt, son frère doit épouser sa veuve, pour relever le nom du frère défunt :
« Si le frère ne veut pas assumer ce devoir de descendance, la veuve lui fera honte devant tout le monde : en présence des Anciens, la femme ôtera la sandale du pied du frère, lui crachera au visage et dira : ‘Ainsi fait-on à l’homme qui ne relève pas la maison de son frère’, et sa maison sera appelée ‘Maison du déchaussé’ ! »

Au temps de Jean-Baptiste, Israël est comme une veuve loin de son mari (Dieu semble mort). Jésus ne se dérobe pas : il vient épouser Israël, relever la Maison d’Israël. Et Jean-Baptiste ne veut ni lui cracher au visage, ni ôter la sandale de son pied ; et le peuple Église ne sera pas la Maison du Déchaussé, malgré les crachats et la nudité de la Passion !


5. Autre petit bijou où la sandale joue un rôle : le livre de Ruth, superbe histoire 
d’amour avec Booz immortalisé par Victor Hugo et Chagall. Séduit par la beauté de cette étrangère, le Juif Booz conclut un marché pour acquérir les terres de sa famille.
Rt 4,7-8 : « Or c’était autrefois la coutume en Israël en cas de rachat ou d’héritage : pour valider toute l’affaire, l’un ôtait sa sandale et la donnait à l’autre. Telle était en Israël la manière de témoigner. »
Et Booz retira sa sandale pour racheter l’étrangère qu’il aimait plus que tout.
C’était pour annoncer Jésus retirant sa sandale au Jourdain pour racheter tous ceux qui se croient étrangers à Dieu, trop loin de Dieu, mais que lui Jésus aime plus que Booz aimait Ruth. Et Jean-Baptiste reconnaît que cet amour est si grand qu’il ne peut en être que le témoin, pas l’acteur à la place de Jésus, l’époux véritable qui ôte sa sandale pour se marier notre humanité…


6. Il y a bien d’autres usages du symbolisme de la sandale dans la Bible :

- arme de séduction entre les mains de la belle Judith pour faire craquer le général ennemi Holopherne (« Sa sandale ravit son regard » Judith 10, 4 ; 16, 9),

- écrin pour l’admiration de l’amoureux du Cantique des Cantiques (Ct 7,20) « Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince »,

 Jourdain- symbole de l’exploitation sociale, lorsque, hélas, « on vend le pauvre pour une paire de sandales » (Am 2,6 ; 8,6).

- et lorsque le Christ envoie ses disciples, il leur demande de n’emporter ni bourse, ni besace ni sandales (Lc 10, 4 ; Mt 10, 10).


Vous sentez toutes les harmoniques bibliques de cette petite phrase de Jean-Baptiste aujourd’hui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » ?

Nous non plus ne sommes pas dignes !

Repensez à Jean-Baptiste et, les prochains soirs d’été, vous n’enlèverez plus jamais vos sandales comme avant !

Restons émerveillés avec Jean-Baptiste, car Le Christ ne cesse de délier par lui-même la courroie de sa sandale pour venir plonger dans notre humanité, dans mon humanité.

 

 

Lectures de la fête du Baptême du Seigneur

1ère lecture : « Voici l’eau, venez et vous vivrez » (Is 40, 1-5.9-11)

Lecture du livre d’Isaïe

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au c?ur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. »
Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à  Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à  Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu. »
Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son c?ur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume : Ps 103, 1c-3a, 3bc-4, 24ac-25, 27-28, 29-30

R/ L’eau et l’Esprit te rendent témoignage, Seigneur de gloire !

Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

Des nuées, tu te fais un char,
tu t’avances sur les ailes du vent ;
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs.

Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.
Voici l’immensité de la mer,
son grouillement innombrable d’animaux grands et petits,

Tous, ils comptent sur toi
pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux, ils ramassent ;
tu ouvres la main : ils sont comblés.

Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ;
tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

2ème lecture : Par le bain du Baptême (Tt 2, 11-14 ; 3,4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle.

Evangile : L’Esprit Saint et le Père au baptême de Jésus (Lc 3, 15-16.21-22)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici venir un plus fort que moi, proclame le Baptiste ; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Alléluia. (Jn 1, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre :
« C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
Patrick Braud

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8 janvier 2011

« Laisse faire » : l’étrange libéralisme de Jésus

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« Laisse faire » :

l’étrange libéralisme de Jésus

 

Homélie pour la fête du Baptême du Seigneur / Année A

Dimanche 9 Janvier 2011

 

http://storage.canalblog.com/77/29/249840/21041018.jpg« Laisse faire ».

Par deux fois.  

« ‘Laisse faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste.’

Alors Jean le laisse faire. » (Mt 3,5)


Une expression rare dans la Bible

·       L’expression est étrange. Elle est singulière également, car elle n’apparaît qu’ici dans le Nouveau Testament, dans cette scène du baptême de Jésus par Jean-Baptiste.

En effet, Jean-Baptiste résiste à l’idée d’être celui qui baptise Jésus et non l’inverse. Jésus est obligé de lui intimer cet impératif : « laisse faire ». On y sent une pointe d’incompréhensible : « tu ne peux pas saisir la porte de ton geste maintenant. Accepte de ne pas tout maîtriser. Laisse Dieu agir à sa manière ».

·       Dans toute la Bible, une rapide enquête montre que l’expression n’est utilisée formellement qu’une seule autre fois. Lorsque le roi d’Israël, Josias, voit le roi d’Égypte Neko monter combattre à Karkemish, sur le fleuve Euphrate, il croit qu’il doit le combattre au nom de Dieu. Neko essaie de le dissuader : « laisse donc faire Dieu qui est avec moi. Ce n’est pas toi que je viens attaquer ». Josias s’entête, livre bataille à Megiddo. Ne pas « laisser-faire » Dieu lui sera fatal : il est blessé mortellement (2Ch 35,20-27).

Lui, Josias, le grand roi de la réforme religieuse, qui avait restauré le Temple et la Loi à Jérusalem après l’exil, s’est pourtant mortellement trompé en ne laissant pas agir de Dieu à sa manière (et la manière de Dieu ici, c’était la paix !, la non-guerre avec l’Égypte…).

 

On trouve quelques rares autres allusions à ce « laisse faire », par exemple dans l’injonction de Dieu à Pharaon : « laisse aller mon fils » (Ex 4,23). C’est le fameux : « do let my people go », magnifié par les gospels. Pharaon endurcit son coeur et ne veut pas laisser Dieu faire l’histoire. Les 10 plaies d’Égypte seront la rançon de ce refus du « laisse faire ».

On peut également penser à l’attitude de laisser-faire qui caractérise Marie : elle ne comprend pas pourquoi, elle ne sait pas comment, mais elle laisse l’Esprit de Dieu agir en elle, elle le laisse faire… (Lc 1,28-38 ; 2,19.33.41-52).

·       Bref, cette expression est suffisamment rare dans la Bible pour lui accorder tout son poids d’étrangeté ici. Ce « laisse faire » pourrait bien être une clé majeure de l’identité profonde de Jésus : il est celui qui se laisse entièrement façonner par son Père, qui se laisse entièrement conduire par l’Esprit du Père, et le  laisse parler et agir à travers lui.

 

Le « laisser-faire » des libéraux

·       En Europe, cette expression a immédiatement un autre écho, et cela vaut la peine de s’y confronter. Le « laisser-faire » est en effet au coeur du libéralisme philosophique, conçu comme un projet de libération de toutes les entraves étatiques émanant du Prince ou de l’Église.

« Il y a une querelle historique sur cette humble supplique de commerçants pour que l’État corporatiste d’Ancien régime desserre l’étau de ses règlementations. L’origine s’en trouve chez Turgot, dans son Éloge de M. de Gournay. Il prête la maxime « laissez-nous faire » à un commerçant lyonnais du temps de Colbert, mais il semble bien que la formule soit de Gournay lui-même. « Laissez-faire, laissez passer » les grains entre les provinces. A cette époque, la France était hérissée d’octrois et de droits contre la circulation libre. L’État avait le contrôle du commerce des grains, ce qui provoquait de nombreuses famines.

L’idée, géniale, qui se cachait derrière le « laissez-nous faire », était que la liberté de circulation des grains entraînerait un enrichissement général. Qui peut dire qu’il n’en a pas été ainsi ? La société d’Ancien régime, avec 25 millions d’habitants, vivait de famine en crise de subsistances. A partir du moment où la liberté a été instaurée, la disette ne fut plus jamais qu’un souvenir. »

Source : http://www.wikiberal.org/wiki/Laissez-faire

 

·       On attribue la paternité de cette formule en économie politique au marquis d’Argenson : « Laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises ».

« Ces deux mots, laisser faire et laisser passer, étant deux sources continuelles d’actions, seraient donc pour nous deux sources continuelles de richesses » (Conclusion des « Réflexions sur la contrebande » de Vincent de Gournay, Grenoble Septembre 1753).

« Laissez-nous faire » est la réponse du marchand Legendre à Colbert qui lui demandait : « que peut-on faire pour vous aider ? » (rapportée par Turgot).

Turgot attribue le « laisser-faire, laisser-passer » à Vincent de Gournay en 1759, dans son éloge funèbre. C’est en tout cas une injonction au pouvoir de cesser d’intervenir sans cesse dans l’économie. Turgot écrit dans l’encyclopédie de d’Alembert et Diderot :

« Ce que l’État doit à chacun de ses membres c’est la destruction des obstacles qui les gêneraient dans leur industrie (…). Les hommes sont-ils puissamment intéressés au bien que vous voulez leur procurer ? LAISSEZ-LES FAIRE. Voilà le grand, l’unique principe. » (Turgot, article « Fondation » pour l’Encyclopédie de D’Alembert et Diderot)

François Quesnay, médecin-chirurgien de Louis XV et précurseur de la macroéconomie moderne, ira encore plus loin :

« Que faire ? demande le roi ;
Rien, Sire, répond Quesnay.
Qui gouvernera ?
Les lois »
(Tableau économique, 1758).

·       Le projet libéral du XVIII° siècle est donc bien de faire sauter les entraves royales à la libre circulation des hommes et des marchandises. On a beaucoup critiqué cette formule du laisser-faire, lorsqu’elle est devenue un slogan ultralibéral contre toute forme de régulation et de réglementation économique. Mais à l’origine, il s’agissait de desserrer l’étau qui asphyxiait le commerce et empêchait les gens de circuler, d’acheter et de vendre librement. Cette maxime traduit une certaine confiance (à tort ou à raison), soit dans la capacité des hommes à créer de la richesse, soit dans une « main invisible » (l’expression est d’Adam Smith, 1776) qui va providentiellement faire concourir la liberté de chacun au bien de tous, plus sûrement qu’une administration dirigiste ou un pouvoir planificateur et centralisateur.

 

Le libéralisme de Jésus

·       Jésus serait-il libéral lorsqu’il demande de laisser-faire ?

Cet anachronisme est volontairement provocant… On n’imagine pas Jésus en champion de l’individualisme capitaliste ! Pourtant, lorsqu’il dit : « laisse faire », il fait confiance à une autre liberté, celle de Dieu. Son libéralisme est centré sur Dieu et non sur l’intérêt individuel. Il veut faire sauter les entraves à la libre réalisation du projet divin. Il veut assurer la libre circulation de l’initiative divine entre les hommes. À cause de cette revendication de la pleine liberté pour l’action de Dieu, Jésus osera contester les pouvoirs totalitaires, les institutions religieuses. Il osera renverser le comptoir des marchands du Temple justement pour « laisser-faire » la gratuité entre les hommes et Dieu (Jn 2,13-16). Il sera le premier surpris qu’une force sorte de lui pour guérir une cananéenne impure, mais il « laissera faire » le salut de Dieu là où il ne l’avait pas prévu (Lc 8,43-48). De même avec la libanaise qui réclame la guérison de sa fille, comme les petits chiens réclament les miettes tombant de la table de leur maître : Jésus ne s’attendait pas à cet universalisme-là, mais il la laissera faire ; elle obtiendra cette guérison, révélant à Jésus qu’il est envoyé même aux païens (Mc 7,24-30)…

 

·       Voilà le « libéralisme » de Jésus : se laisser conduire par les événements là où il n’aurait jamais pensé aller, laisser à son Père la liberté de prendre les hommes à contre-pied, se laisser conduire par l’Esprit jusqu’au laisser-faire ultime : être accusé d’être un maudit de Dieu, être jugé, condamné et crucifié comme tel…

 

·       Et nous, comment « laisser-faire » Dieu à travers les imprévus de notre existence ?

Comment lui laisser la liberté réelle d’agir comme lui seul sait le faire, de façon si surprenante ?

 

« Laisse faire » : quelle traduction concrète allez-vous donner à cette attitude si paradoxale ?

 

 

1ère lecture : Le serviteur de Dieu consacré pour le salut des hommes (Is 42, 1-4.6-7)

Lecture du livre d’Isaïe

Ainsi parle le Seigneur :
Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; devant les nations, il fera paraître le jugement que j’ai prononcé.
Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n’entendra pas sa voix sur la place publique.
Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité.
Lui ne faiblira pas, lui ne sera pas écrasé, jusqu’à ce qu’il impose mon jugement dans le pays, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses instructions.
Moi, le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice, je t’ai pris par la main, je t’ai mis à part, j’ai fait de toi mon Alliance avec le peuple et la lumière des nations ; tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres.

Psaume : Ps 28, 1-2, 3ac-4, 3b.9c-10

R/ Dieu, bénis ton peuple, donne-lui la paix.

Rendez au Seigneur, vous, les dieux,
rendez au Seigneur gloire et puissance.
Rendez au Seigneur la gloire de son nom,
adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.

La voix du Seigneur domine les eaux,
le Seigneur domine la masse des eaux.
Voix du Seigneur dans sa force,
voix du Seigneur qui éblouit.

Le Dieu de la gloire déchaîne le tonnerre.
Et tous dans son temple s’écrient : « Gloire ! »
Au déluge le Seigneur a siégé ;
il siège, le Seigneur, il est roi pour toujours !

2ème lecture : Le ministère du Sauveur commence à son baptême (Ac 10, 34-38)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Quand Pierre arriva à Césarée, chez un centurion de l »armée romaine, il s’adressa à ceux qui étaient là : « en vérité, je le comprends : Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste. Il a envoyé la Parole aux fils d’Israël, pour leur annoncer la paix par Jésus Christ : c’est lui, Jésus, qui est le Seigneur de tous.
Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean :
Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui. »

Evangile : Le baptême de Jésus (Mt 3, 13-17)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui, le ciel s’est ouvert, l’Esprit descend sur Jésus, et la voix du Père domine les eaux : « Voici mon Fils, mon bien-aimé ! » Alléluia. (cf. Mt 3, 16-17, Ps 28, 3)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus, arrivant de Galilée, paraît sur les bords du Jourdain, et il vient à Jean pour se faire baptiser par lui.
Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »
Mais Jésus lui répondit : « Pour le moment, laisse faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste. » Alors Jean le laisse faire.
Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l’eau ; voici que les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. »
Patrick Braud 

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9 janvier 2010

Lot de consolation

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Lot de consolation

Homélie de la fête du Baptême du Christ / Année C
10/01/10

 

L’expression est un peu condescendante : on donne un lot de consolation au perdant  d’un jeu télévisé pour qu’il ne reparte pas les mains vides. Avec un peu de pitié et d’ironie mélangées, on le renvoie en lui disant : « Merci d’avoir joué, mais vous êtes le perdant. Au revoir… »

Rien de tel dans la double adresse qui marque la déclaration de Dieu en faveur de son peuple : « consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu ». À cause de cette ouverture remplie d’affection et de tendresse, les chapitres 40 à 55 du livre d’Isaïe (le « deutéro-Isaïe ») ont reçu le nom de : « livre de la consolation d’Israël ».

Certes, à ce moment où Isaïe parle, Israël est un perdant, un « looser » sur l’échiquier international. Il est en exil, ses deux premiers temples ont été détruits. Il pleure le long des rives du fleuve de Babylone en se souvenant de la splendeur passée…

 

Mais Dieu lui-même sera sa consolation : un sacré lot !

Le perdant bénéficiera de la puissance du Dieu qui vient (Is 40,10) pour le consoler, c’est-à-dire pour être son appui, son soutien.

En architecture, la console est une pièce saillante, en forme de S le plus souvent, qui sert à soutenir une corniche, un balcon. Dans la Bible, Dieu console en étant pour son peuple celui qui le soutient, en l’empêchant de basculer dans le vide.

Par extension, le mot console en est venu à désigner l’interface entre des musiciens et leur système d’enregistrement (console de mixage).

nullPar extension encore les consoles de jeu désignent aujourd’hui ces merveilleuses manettes entre le joueur et son écran qui lui permette sans le savoir d’être « consolé » de l’ennui ou de la solitude… Dieu assume en Jésus tous les sens de ce mot « console », jusqu’à la Wii, la PlayStation, la Nintendo ou la XBox?

 

La répétition accentue encore le côté solennel de cet engagement de Dieu en faveur des perdants de l’histoire : « consolez, consolez ».

Pourquoi le dire deux fois ? Pour insister ? Pour dramatiser ?

nullLes rabbins y voient plutôt l’allusion aux deux temples qui ont été détruits à Jérusalem (en 586 et 70 avant Jésus-Christ). La consolation est double, car le troisième temple que Dieu va édifier récapitulera les qualités du premier temple – il contenait l’arche d’alliance – et du deuxième temple – qui étaient le plus grand parmi les hommes -. Le premier temple était plus vertical, transcendant ; le deuxième temple plus horizontal plus humain. Le troisième temple espéré par les juifs sera éternel ; il mariera le vertical et horizontal, le transcendant et l’humain. Pour les chrétiens, ce troisième temple est déjà accompli dans le corps de Jésus ressuscité.

En consolant des deux premières catastrophes nationales (il faudrait y rajouter la Shoah aujourd’hui…), Dieu ne fait pas que sécher les larmes de son peuple : il lui ouvre un avenir infini, en venant lui-même avec puissance pour le sauver.

« Consolez, consolez mon peuple » : cette double consolation annonce donc la délivrance en plénitude. La répétition évoque un accroissement, une multiplication sans proportion d’avec le passé.

 

On voit alors le rapport entre la double consolation d’Isaïe et le baptême de Jésus dans le Nouveau Testament. La liturgie fait ce rapprochement dans les lectures de cette fête du baptême du Christ, sans doute à cause de la citation d’Isaïe par Luc (3,4-6). Et elle a raison ! Du coup, ce rapprochement joue aussi sur le lien entre baptême et consolation : la plongée de Jésus dans le Jourdain de notre humanité est bien l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe.

En Jésus le fils bien-aimé du Père, la consolation nous est offerte, à l’infini.

Consolation de la tristesse devant nos péchés, comme le peuple venu vers Jean-Baptiste en signe de repentir.

Consolation de nos déceptions les plus amères, comme en témoigne la mention de Luc : « le peuple était en attente ».

Double consolation en fait, comme annoncé par Isaïe : dans le baptême, ce qui avait été détruit dans nos vies sera reconstruit, par Dieu lui-même ; ce qui nous avait éloigné de nous-mêmes sera vaincu par Dieu qui nous offre de devenir ses proches, ses fils et ses filles, par Jésus le Christ : « tu es mon enfant bien-aimé… »

Ce ministère de la consolation est si important que Saint-Paul en sera le thème majeur de sa deuxième lettre aux Corinthiens :

2 Co  1,4-7 : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit.  De même en effet que les souffrances du Christ abondent pour nous, ainsi, par le Christ, abonde aussi notre consolation.  Sommes-nous dans la tribulation? C’est pour votre consolation et salut. Sommes-nous consolés? C’est pour votre consolation, qui vous donne de supporter avec constance les mêmes souffrances que nous endurons, nous aussi. Et notre espoir à votre égard est ferme: nous savons que, partageant nos souffrances, vous partagerez aussi notre consolation. »


Alors, comment allons-nous entendre en ce dimanche le double appel d’Isaïe : « consolez, consolez mon peuple » ?

Quelle visite, quel coup de fil, quel geste, quelle parole, quelle marque d’attention allons-nous avoir pour consoler quelqu’un qui autour de nous est « en attente » ?

 

Lot de consolation dans Communauté spirituelle consolation

Continuer à fêter Noël, n’est-ce pas aller consoler quelqu’un qui attend votre visite ? Ou bien accepter vous-mêmes d’être consolé par un autre, si vous êtes dans une période de détresse ou de désolation ?

 

Le baptême est vraiment un lot de consolation pas comme les autres : laissons-nous consoler par Dieu lui-même qui vient redire à chacun : « tu es mon enfant bien-aimé »...

 

1ère lecture : « Consolez, consolez mon peuple » (Is 40, 1-11)

Lecture du livre d’Isaïe

Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu.

Parlez au coeur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes.

Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu.

Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine.

Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. »

Une voix dit : « Proclame ! » et je dis : « Que dois-je proclamer ?- Toute créature est comme l’herbe, toute sa grâce est comme la fleur des champs : l’herbe se dessèche et la fleur se fane quand passe le souffle du Seigneur. En effet, le peuple est comme l’herbe.

L’herbe se dessèche et la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu demeure pour toujours. »

Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu. »

Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent.

Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son coeur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.


Psaume 103

R/ L’eau et l’Esprit te rendent témoignage, Seigneur de gloire.

Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! Revêtu de magnificence,

tu as pour manteau la lumière ! Comme une tenture, tu déploies les cieux,

tu élèves dans leurs eaux tes demeures ; des nuées, tu te fais un char, tu t’avances sur les ailes du vent ;

tu prends les vents pour messagers, pour serviteurs, les flammes des éclairs.

Tu as donné son assise à la terre : qu’elle reste inébranlable au cours des temps.

Tu l’as vêtue de l’abîme des mers : les eaux couvraient même les montagnes ;

à ta menace, elles prennent la fuite, effrayées par le tonnerre de ta voix.

Elles passent les montagnes, se ruent dans les vallées vers le lieu que tu leur as préparé.

Tu leur imposes la limite à ne pas franchir : qu’elles ne reviennent jamais couvrir la terre.

Dans les ravins tu fais jaillir des sources et l’eau chemine au creux des montagnes ;

elle abreuve les bêtes des champs : l’âne sauvage y calme sa soif ;

les oiseaux séjournent près d’elle : dans le feuillage on entend leurs cris.

De tes demeures tu abreuves les montagnes, et la terre se rassasie du fruit de tes oeuvres ;

tu fais pousser les prairies pour les troupeaux, et les champs pour l’homme qui travaille. De la terre il tire son pain : le vin qui réjouit le coeur de l’homme, l’huile qui adoucit son visage, et le pain qui fortifie le coeur de l’homme.

Les arbres du Seigneur se rassasient, les cèdres qu’il a plantés au Liban ;

c’est là que vient nicher le passereau, et la cigogne a sa maison dans les cyprès ;

aux chamois, les hautes montagnes, aux marmottes, l’abri des rochers.

Tu fis la lune qui marque les temps et le soleil qui connaît l’heure de son coucher.

Tu fais descendre les ténèbres, la nuit vient : les animaux dans la forêt s’éveillent ;

le lionceau rugit vers sa proie, il réclame à Dieu sa nourriture.

Quand paraît le soleil, ils se retirent : chacun gagne son repaire.

L’homme sort pour son ouvrage, pour son travail, jusqu’au soir.

Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur ! + Tout cela, ta sagesse l’a fait ; * la terre s’emplit de tes biens.

Voici l’immensité de la mer, son grouillement innombrable d’animaux grands et petits,

ses bateaux qui voyagent, et Léviathan que tu fis pour qu’il serve à tes jeux.

Tous, ils comptent sur toi pour recevoir leur nourriture au temps voulu.

Tu donnes : eux, ils ramassent ; tu ouvres la main : ils sont comblés.

Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière.

Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre.

2ème lecture : Le bain du baptême (Ti 2,11-14; 3,4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul à Tite  

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.

C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnable, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur.

Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes, il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint.

Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle.

Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes, il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint.

Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle.

Evangile : Le baptême de Jésus (Lc 3, 15-22)

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie.

Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.

Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. »

Par ces exhortations et bien d’autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.

Hérode, prince de Galilée, avait reçu des reproches de Jean au sujet d’Hérodiade, la femme de son frère, et au sujet de tout ce que lui, Hérode, avait fait de mal.

A tout le reste il ajouta encore ceci : il fit enfermer Jean Baptiste en prison.

Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit.

L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre : « C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
Patrick BRAUD

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