L'homélie du dimanche (prochain)

17 janvier 2025

IVG : les 50 ans de la loi Veil

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 9 h 32 min

IVG : les 50 ans de la loi Veil

 
Le 17/01/205, nous commémorions les 50 ans du vote de la loi Veil dépénalisant l’avortement en France.

Les buts étaient clairs : éviter les avortements clandestins, dangereux et traumatisants, accompagner les « situations de détresse » où des femmes ne voyaient pas d’autre issue.

Rappelons qu’à l’époque, le délai légal était de 10 semaines. Il est passé à 12 semaines, puis 14 semaines actuellement : le seuil entre le statut d’amas de cellules et celui d’être humain potentiel semble difficile à fixer rationnellement, puisqu’il évolue dans le temps, et en Europe également (le délai est de 24 semaines aux Pays Bas !).

Quels sont les effets un demi-siècle après ?

Environ 250 000 avortements en 2023, contre 210 000 en 1990.


IVG nombre

Source: Statista

Le nombre de naissances diminue parallèlement (dénatalité démographique), ce qui fait exploser le taux d’IVG : en 2023, 1 grossesse sur 4 est interrompue volontairement… (le taux est passé de 0,26 IVG / naissance à 0,35)


IVG taux naissances

Source: Statista


Comment peut-on se réjouir de cette dérive ?

Où est passée la promesse d’une contraception efficace limitant le recours à l’IVG ?

Où sont les mesures (politique familiale, crèches, salaires etc.) qui aideraient les familles qui le veulent à accueillir des enfants ?

Il n’est pas inutile de relire quelques extraits du discours de Simone VEIL, qui aurait sans doute du mal à sabrer le champagne pour ces tristes statistiques… :


Extraits du discours de Simone Veil (26 novembre 1974) 

devant l’Assemblée Nationale

pour présenter le projet de loi sur l’avortement


IVG Repères« Je le dis avec toute ma conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ?

C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame.

C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme.

 

Enfin, le troisième absent, n’est-ce pas cette promesse de vie que porte en elle la femme ? Je me refuse à entrer dans les discussions scientifiques et philosophiques dont les auditions de la commission ont montré qu’elles posaient un problème insoluble. Plus personne ne conteste maintenant que, sur un plan strictement médical, l’embryon porte en lui définitivement toutes les virtualités de l’être humain qu’il deviendra. Mais il n’est encore qu’un devenir, qui aura, à surmonter bien des aléas avant de venir à terme, un fragile chaînon de la transmission de la vie.

 

Remettre la décision à la femme, n’est-ce pas contradictoire avec l’objectif de dissuasion, le second des deux que s’assigne ce projet ?

Ce n’est pas un paradoxe que de soutenir qu’une femme sur laquelle pèse l’entière responsabilité de son geste hésitera davan­tage à l’accomplir que celle qui aurait le sentiment que la décision a été prise à sa place par d’autres.

Le Gouvernement a choisi une solution marquant clairement la responsabilité de la femme parce qu’elle est plus dissuasive au fond qu’une autorisation émanant d’un tiers qui ne serait ou ne deviendrait vite qu’un faux-semblant.

Ce qu’il faut, c’est que cette responsabilité, la femme ne l’exerce pas dans la solitude ou dans l’angoisse.

Tout en évitant d’instituer une procédure qui puisse la détourner d’y avoir recours, le projet prévoit donc diverses consulta­tions qui doivent la conduire à mesurer toute la gravité de la décision qu’elle se propose, de prendre.

 

Cette tâche de dissuasion et de conseil revient au corps médical de façon privilégiée et je sais pouvoir compter sur l’expé­rience et le sens de l’humain des médecins pour qu’ils s’efforcent d’établir au cours de ce colloque singulier le dialogue confiant et attentif que les femmes recherchent, parfois même inconsciemment.

 

Les deux  entretiens qu’elle aura eus, ainsi que le délai de réflexion de huit jours qui lui sera imposé, ont paru indispensables pour faire prendre conscience  à la femme de ce qu’il ne s’agit pas d’un acte normal ou banal, mais d’une décision grave qui ne peut être prise sans en avoir pesé les conséquences et qu’il convient d’éviter à tout prix. Ce n’est qu’après cette prise de conscience, et dans le cas où la femme n’aurait pas renoncé à sa décision, que l’interruption de grossesse pourrait avoir lieu.

 

Contrairement à ce qui est dit ici ou là, le projet n’interdit pas de donner des -informations sur la loi et sur l’avortement ; il interdit l’incitation à l’avortement par quelque moyen que ce soit car cette incitation reste inadmissible.

 

… Il nous a paru nécessaire de souligner la gravité d’un acte qui doit rester exceptionnel …

 

Ce qu’il faut aussi, c’est-bien marquer la différence entre la contraception qui, lorsque les femmes ne désirent pas un enfant, doit être encouragée par tous les moyens et dont le remboursement par la sécurité sociale vient d’être décidé, et l’avortement que la société tolère mais qu’elle ne saurait ni prendre en charge ni encourager. »

 

Retrouvez l’intégralité du discours ici :
https://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-discours-parlementaires/simone-veil-26-novembre-1974

IVG : les 50 ans de la loi Veil dans Communauté spirituelle

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4 mars 2024

1 IVG pour 3 naissances en France

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 8 h 00 min

 

1 IVG pour 3 naissances en France

« L’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue », déclarait Simone Veil, le 26 novembre 1974, à la tribune de l’Assemblée nationale où elle défendait le projet de loi de dépénalisation de l’IVG. « Mais comment le tolérer (…) sans que la société paraisse l’encourager ? », interrogeait-elle.

À l’heure où le Président de la République française réunit le Congrès pour inscrire la « liberté garantie » de l’avortement dans la Constitution française, les chiffres officiels de la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques) sont cruels. « L’exception » de Simone Veil est devenue une pratique courante : nous sommes passés de 195 000 IVG en 1995 à 245 000 en 2022 (+26%).

IVG Naissances

Le ratio d’avortement (nombre d’IVG par rapport au nombre de naissances) est passé de 0,25 en 1995 à 0,33 en 2022 :
il y a aujourd’hui 1 IVG pour 3 naissances, si bien qu’une grossesse sur quatre est volontairement interrompue…

 

La majorité des femmes des femmes recourant à l’IVG ont sans surprise entre 20 et 35 ans.

IVG par âge

 

Plus d’une femme sur deux avortera au cours de sa vie… (en 2022, l’indice conjoncturel d’avortement ICA, soit le nombre moyen théorique d’IVG que connaîtrait une femme au cours de sa vie féconde, était de 0,6).

Près de 10 % des femmes auront recours au moins deux fois à l’IVG et environ 4 % avortent trois fois ou plus au cours de leur vie.

IVG ICA

 

De fortes disparités géographiques marquent le recours à l’IVG : beaucoup plus dans le Sud-Est, en région parisienne et dans les DOM-TOM (l’Ouest et l’Est traditionnellement plus ‘catholiques’ sont en-deça)..

IVG par département

Source : 

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-09/ER1281MAJ.pdf

 
 
Déclaration de la Conférence des évêques de France, le 29 février 2024

« La Conférence des évêques de France (CEF) apprend avec tristesse le vote par les sénateurs du texte de révision constitutionnelle (..).
En pensant à celles et ceux qui envisagent de recourir à l’avortement, notamment aux femmes en situation de détresse, la CEF redit que l’avortement, qui demeure une atteinte à la vie en son commencement, ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes.

(…) La Conférence des évêques sera attentive au respect de la liberté de choix des parents décidant, même en des situations difficiles, de garder leur enfant, et de la liberté de conscience des médecins et de tous les personnels soignants, dont elle salue le courage et l’engagement ».

 

 

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8 février 2024

La France vers une Constitution contraire à la vie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 11 h 08 min


Le très officiel site « Vatican News » publie le 7 Février 2024 une prise de position très claire contre le projet d’inscription de l’IVG dans la Constitution française.

 

 

La France vers une Constitution contraire à la vie


Éditorial Vatican News 07/02/24

https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2024-02/la-france-vers-une-constitution-contraire-a-la-vie.html 

 

La France débat de l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. Le Sénat sera appelé à se prononcer après que l’Assemblée nationale a voté en faveur de l’inscription du droit à l’avortement par 493 voix pour et 30 contre.

 

Massimiliano Menichetti - responsable des titres Radio Vatican et Vatican News

Le Sénat français devra se prononcer sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution le 28 février. «Un nouvel élan de foi, de charité et d’espoir». Il y a cinq mois à peine, en regardant dans les yeux plus de 50 000 fidèles au stade Vélodrome de Marseille, dernière étape de son 44e voyage apostolique international, le Pape s’adressait ainsi à l’Église, à la France et à toute l’Europe, les exhortant à la vie, à l’accueil, à la fraternité. À cette occasion, il a utilisé deux mots forts: «cynisme» et «résignation», fléaux qui blessent souvent nos réalités, il a invité chacun à lever les yeux vers le ciel, en faisant confiance au Seigneur qui «agit dans l’histoire, fait des merveilles et est à l’œuvre même dans nos sociétés marquées par un sécularisme mondain et une certaine indifférence religieuse». Il a regardé le drame du rejet de la vie humaine qui prend différentes formes, de la vie rejetée des migrants à celle des enfants à naître, en passant par celle des personnes âgées abandonnées, demandant de ne pas se détourner, d’aimer, de reconnaître l’autre: que ce soit dans un bateau au milieu de la mer, ou dans la condition la plus vulnérable dans le sein d’une mère. 

 

C’est un message fort d’espoir, de lumière et d’engagement que François a délivré en France. Pourtant, fin janvier, l’Assemblée nationale à Paris a approuvé l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. La réforme proposée par le gouvernement est actuellement examinée par le Sénat. Dans une Europe blessée par la guerre, minée par des élans souverainistes, populistes, consuméristes, et par des stratégies économiques qui tentent de détourner la vision des pères fondateurs - Alcide De Gasperi, Robert Schuman, Konrad Adenauer - cet élan de vérité, rappelé par le successeur de Pierre, qui illumine le visage de l’homme, est décisif.

L’avortement est un meurtre

Représentation de l'épisode du massacre des innocents raconté dans l'Évangile selon Matthieu.«L’avortement est un meurtre», a clairement déclaré François aux journalistes sur le vol de retour de Slovaquie en septembre il y a trois ans. Comment est-il possible de juxtaposer dans la charte fondamentale d’un État le droit qui protège la personne et celui qui sanctionne sa mort ? Nous vivons dans une société technologiquement avancée, informatisée et connectée. La croissance de l’être humain dès sa conception n’est plus un secret depuis des décennies.

Nous utilisons des mots tels que pré-embryon, embryon, nourrisson, enfant, adolescent, adulte, personne âgée pour indiquer des stades de développement dans lesquels le nombre de cellules change, dans lesquels l’aspect cognitif, le besoin d’assistance, évolue mais il s’agit toujours d’une personne. «Est-il juste de tuer une vie humaine pour résoudre un problème ? Est-il juste d’engager un tueur à gages pour tuer une vie humaine?», a demandé le Pape, s’adressant encore aux journalistes sur le vol retour de Bratislava à Rome. Une société ne se mesure pas à ses interdits, mais à sa capacité d’aimer, et «la liberté grandit avec l’amour», a expliqué François dans sa catéchèse lors de l’audience générale du 20 octobre 2021, «avec l’amour que nous voyons dans le Christ, la charité: c’est l’amour vraiment libre et libérateur». Les évêques français, au début du processus parlementaire, ont exprimé leur inquiétude face à cette modification de la Constitution et ont réaffirmé que toute vie est un don, un don fragile et précieux, infiniment digne, à accueillir et à servir depuis son commencement jusqu’à sa fin naturelle.

 

Une authentique culture de l’accueil 

Bénédiction Urbi et Orbi du lundi 25 décembre 2023.L’humanité a toujours condamné toute théorie eugénique, mais les embryons continuent d’être manipulés et sélectionnés comme s’ils étaient des matériaux et non des personnes. Dans ce contexte, l’avortement est à la fois prémisse et conséquence. Étrangement, c’est comme si nous n’étions plus capables de voir, d’être libres, de donner, d’aider. Dans un monde meurtri par tant de violence, il semble difficile de construire une bonne stratégie globale d’accueil et de soutien, de pouvoir allouer des fonds, de l’attention, de l’amour aux femmes qui vivent une grossesse difficile, aux enfants portés dans leur ventre. De nombreuses vies seraient pourtant sauvées, comme le démontre l’activité des Centri di aiuto alla vita italiens (Centres de soutien à la vie), si les femmes étaient soutenues sur les plans économique, juridique, psychologique, religieux et social, au moment dramatique où l’avortement semble être la seule solution.

“Nous nous enfermons souvent dans des oppositions politiques ou idéologiques stériles, mais le défi est de voter des lois et de modifier des constitutions avec des propositions de vie et non de mort. Des investissements et des mesures pour renforcer les structures et les réalités capables d’assumer le poids de la souffrance, de la peur, des situations extrêmes et dramatiques.”

Aider, c’est aimer, c’est être libre de choisir. Et cet horizon fraternel, qui prend en charge l’autre, la personne, construit des sociétés qui ne se résignent pas, mais marchent vers une authentique culture de l’accueil, du partage et de la paix.

 

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18 juin 2018

Dès le sein de ta mère…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Dès le sein de ta mère…


Homélie pour le 12° dimanche du temps ordinaire, fête de la Nativité de St Jean Baptiste / Année B
24/06/2018

Cf. également :

Personne dans la famille ne porte ce nom-là
Faites votre métier… autrement
Un présent caché
Révéler le mystère de l’autre
« Laisse faire » : éloge du non-agir
Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »
Le Verbe et la voix
Res et sacramentum
Éloge de la déontologie
Le petit reste d’Israël, ou l’art d’être minoritaires

 

Dès le sein de ta mère…

L’Irlande vient de voter par référendum ce 26 mai 2018 à plus de 66 % la légalisation de l’avortement. Bien sûr, cette décision historique est saluée en France et dans de nombreux pays occidentaux comme un progrès social. Et nos commentateurs sont persuadés qu’il y a là comme une loi de l’histoire, inexorable : plus les pays sont développés, plus ils pratiquent l’IVG ; plus ils sont démocratiques, plus ils autorisent, remboursent et banalisent l’acte d’avorter.

Les pro-avortement exultent à l\'annonce des résultats du référendum, le 26 mai à Dublin.

Soyons clairs : même si l’Église catholique se désole de ce résultat, elle doit absolument l’accepter. Car qui a le droit d’imposer sa morale aux autres ? De plus, elle devrait avec humilité mesurer le fossé qui s’est creusé entre la morale individuelle contemporaine et ses propres points de repères en la matière. C’est de sa responsabilité en grande partie : perte de confiance à cause des scandales multiples, règles morales trop rigides et mal argumentées, position d’autorité – des évêques notamment – qui frise à l’autoritarisme sur ces sujets familiaux etc.

Quand j'étais dans ton ventreReste que la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste en ce dimanche nous met sous les yeux des textes impossibles à édulcorer (Is 49, 1-6) :

« J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. […] Le Seigneur parle, lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur… »

Pour le prophète Isaïe, il n’y a pas de discontinuité entre l’être humain qu’il est aujourd’hui et celui qu’il était dans le sein de sa mère !

Cette intuition spirituelle se voit aujourd’hui confirmée par la science : il n’y a aucune discontinuité biologique entre l’œuf fécondé, l’embryon, le fœtus et finalement l’enfant nouveau-né. La nature a programmé ce cycle pour qu’un enfant apparaisse sans qu’on puisse isoler l’instant où des cellules deviendraient soudain humaines alors qu’elles ne l’étaient pas auparavant. 12 semaines, 14 semaines, un cœur qui bat ou un cerveau qui devient visible : qui peut dire le seuil où avant il y avait une chose et ou après il y aurait un être humain ? Aux yeux de Dieu, tel que la Bible nous le transmet, celui/celle qui est dans le ventre maternel n’est pas un sujet différent de l’homme mûr. Notre psaume 138 de ce jour le dit très simplement :

Dieu, c’est toi qui as créé mes reins,
qui m’as tissé dans le sein de ma mère. […]
Mes os n’étaient pas cachés pour toi
quand j’étais façonné dans le secret.

Plus tard, l’Incarnation du Verbe en Marie sera saluée par Gabriel et la tradition unanime comme le Messie rempli de l’Esprit saint dès sa conception en Marie.

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit » (Mt 1,20).

La Visitation marquera un moment privilégié où la relation mère enfant à naître est bouleversante de communion : « l’enfant a tressailli d’allégresse au dedans de moi » (Lc 2,44) dira Élisabeth en parlant de Jean-Baptiste. La rencontre des deux cousines Marie et Élisabeth manifeste un lien entre ceux qu’elles portent en elles, Jésus et Jean-Baptiste. D’ailleurs, Jésus, Marie et Jean-Baptiste sont les trois seuls personnages du calendrier chrétien dont on fête la naissance. Pour les autres saints, on fête leur mort (leur naissance à la vie éternelle). La naissance et la vie avant la naissance de ces trois-là est donc particulièrement importante.

La liste des autres textes bibliques appelant au respect de la vie dès le ventre maternel est bien connue :

« Avant de t’avoir formé dans le sein de ta mère, je t’ai choisi ; et avant ta naissance, je t’ai consacré : je t’ai destiné à être prophète pour les peuples ». (Jérémie 1,5)

« Si des hommes, en se battant, heurtent une femme enceinte et causent un accouchement prématuré, mais sans qu’il y ait d’autre conséquence grave, l’auteur de l’accident devra payer une indemnité dont le montant sera fixé par le mari de la femme et approuvé par arbitrage. Mais s’il s’ensuit un dommage, tu feras payer vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, contusion pour contusion ». (Ex 21, 22-25)

« Dès qu’Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. » (Luc 1,41).

« Comme tu ne sais pas quel est le chemin du vent, ni comment se forment les os dans le ventre de la femme enceinte, tu ne connais pas non plus l’œuvre de Dieu qui fait tout. » (Ecclésiaste 11,5).

« Celui qui m’a créé dans le ventre de ma mère ne l’a-t-il pas créé ? Le même Dieu ne nous a-t-il pas formés dans le sein maternel ? » (Job 31,15).

« Tes mains m’ont formé, elles m’ont créé, Elles m’ont fait tout entier… Et tu me détruirais! Souviens-toi que tu m’as façonné comme de l’argile; Voudrais-tu de nouveau me réduire en poussière? Ne m’as-tu pas coulé comme du lait? Ne m’as-tu pas caillé comme du fromage ? » (Job 10, 8-12)  

« Oui, tu m’as fait sortir du sein maternel, Tu m’as mis en sûreté sur les mamelles de ma mère; Dès le sein maternel j’ai été sous ta garde, Dès le ventre de ma mère tu as été mon Dieu ». (Psaume 22, 9-10   )

Il y a encore plusieurs textes soulignant la continuité d’une vie personnelle avant et après la naissance: Genèse 25, 22-23 (même rivalité avant et après la naissance); Luc 1,15.41.44 (même ministère de Jean-Baptiste); Ps 139.13-16; Jérémie 1.5; 20.17-18; Job 10.18-19 etc.

Pratiquants en franceIl y a consensus entre croyants (juifs, musulmans, chrétiens) pour respecter la vie dès le sein maternel autant que possible [1], et également pour ne jamais mettre en danger la vie de la mère en cas de grossesse difficile. Il y a débat sur les cas de viol, inceste ou grave malformation physique ou mentale. Mais l’immense majorité des IVG ne concerne pas ces situations douloureuses. Le fait que les croyants soient minoritaires en Europe occidentale et aux USA sur cette question reflète leur  position minoritaire dans ces sociétés, et c’est finalement fort logique. C’est peut-être également parce que beaucoup de ceux qui se disent croyants ne suivent plus là-dessus leur Église, leurs rabbins, leurs imams. Ainsi en Irlande, 80 % de la population se déclarent catholique, avec une pratique de 40 % en moyenne. Ce n’est donc pas à cause d’une situation minoritaire que l’Église catholique n’a pas été suivie en Irlande lors du référendum sur l’avortement. C’est parce qu’un divorce a  éloigné le peuple des clercs, suite aux multiples scandales qui ont ruiné leur crédibilité, suite à des prises de position trop autoritaires et mal fondées.

En France ou ailleurs, être minoritaire demande d’accepter de l’être. On peut être en désaccord avec la pensée ambiante sur l’IVG sans chercher pour autant à imposer son point de vue à quiconque. Il suffit que chacun soit cohérent avec sa conscience pour lui-même. Le sort des enfants non-nés peut certes être un angle mort sociétal qui un jour sera donc dénoncé comme tel par tous. Et pour ceux qui croient que la vie intra-utérine possède tout de la dignité humaine, le fait qu’une grossesse sur cinq n’arrive pas à terme est un grand malheur, la généralisation de l’IVG résonne comme un signal social très grave.

En attendant, la liberté de choix permet aux croyants comme aux non-croyants d’être respectés dans leurs convictions, pour peu que l’objection de conscience et le débat sur le fond continuent à exister. Difficile donc de se réjouir du résultat de ce référendum irlandais ; difficile également de ne pas l’accepter démocratiquement.

Mieux vaudrait pour les catholiques notamment revoir leur discours sur la contraception en particulier et la sexualité en général. Mieux vaudrait réformer l’Église de l’intérieur pour qu’elle soit plus proche des pauvres et les petits.

Nous connaissons tous des personnes touchées de près ou de loin par un avortement, peut-être nous-mêmes directement. L’accueil inconditionnel et la miséricorde sans jugement doivent toujours être notre premier réflexe. Cela n’empêche pas de continuer à réfléchir, débattre, argumenter. La Bible, le Talmud  ou le Coran fournissent pour les croyants des points de repère clairs et exigeants. Les discussions scientifiques et philosophiques doivent permettre d’élargir ce débat à tous les hommes de bonne volonté. L’humanité a pu pendant des siècles pratiquer l’esclavage sans mauvaise conscience et se désintéresser de la souffrance animale. Il y a toujours un temps où les yeux s’ouvrent et où les comportements changent…

 


[1]. Cf. par exemple pour l’Église catholique le n° 2271  de son catéchisme : « Depuis le premier siècle, l’Église a affirmé la malice morale de tout avortement provoqué. Cet enseignement n’a pas changé. Il demeure invariable. L’avortement direct, c’est-à-dire voulu comme une fin ou comme un moyen, est gravement contraire à la loi morale : ‘Tu ne tueras pas l’embryon par l’avortement et tu ne feras pas périr le nouveau-né’ (Didaché 2,2 cf. Barnabé, ep. 19,5 Épître à Diognète 5,5 Tertullien, apol. 9). Dieu, maître de la vie, a confié aux hommes le noble ministère de la vie, et l’homme doit s’en acquitter d’une manière digne de lui. La vie doit donc être sauvegardée avec soin extrême dès la conception : l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables ( GS 51 ). »

 

Messe du jour
Première lecture
« Je fais de toi la lumière des nations » (Is 49, 1-6) 

Lecture du livre du prophète Isaïe

Écoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m’a protégé par l’ombre de sa main ; il a fait de moi une flèche acérée, il m’a caché dans son carquois. Il m’a dit : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur. » Et moi, je disais : « Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces. » Et pourtant, mon droit subsistait auprès du Seigneur, ma récompense, auprès de mon Dieu. Maintenant le Seigneur parle, lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène Jacob, que je lui rassemble Israël. Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force. Et il dit : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. »

Psaume
(Ps 138 (139), 1-2.3b, 13-14ab, 14c-15ab)
R/ Je te rends grâce, ô mon Dieu, pour tant de merveilles. (cf. Ps 138, 14)

Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées,
tous mes chemins te sont familiers.

C’est toi qui as créé mes reins,
qui m’as tissé dans le sein de ma mère.
Je reconnais devant toi le prodige,
l’être étonnant que je suis.

Étonnantes sont tes œuvres,
toute mon âme le sait.
Mes os n’étaient pas cachés pour toi
quand j’étais façonné dans le secret.

Deuxième lecture
« Jean le Baptiste a préparé l’avènement de Jésus » (Ac 13, 22-26)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, Paul disait aux Juifs : « Dieu a, pour nos pères, suscité David comme roi, et il lui a rendu ce témoignage : J’ai trouvé David, fils de Jessé ; c’est un homme selon mon cœur qui réalisera toutes mes volontés. De la descendance de David, Dieu, selon la promesse, a fait sortir un sauveur pour Israël : c’est Jésus, dont Jean le Baptiste a préparé l’avènement en proclamant avant lui un baptême de conversion pour tout le peuple d’Israël. Au moment d’achever sa course, Jean disait : “Ce que vous pensez que je suis, je ne le suis pas. Mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds.” Vous, frères, les fils de la lignée d’Abraham et ceux parmi vous qui craignent Dieu, c’est à nous que la parole du salut a été envoyée. »

Évangile
« Son nom est Jean » (Lc 1, 57-66.80)
Alléluia. Alléluia. Toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : tu marcheras devant, en présence du Seigneur, et tu prépareras ses chemins. Alléluia. (Lc 1, 76)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. » On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui.
L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël.
Patrick BRAUD

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