L'homélie du dimanche (prochain)

14 décembre 2013

L’Église est comme un hôpital de campagne !

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L’Église est comme un hôpital de campagne !

Homélie du 3° dimanche de l’Avent / Année A
15/12/2013

Comme un hôpital de campagne après la bataille

Un jeune séminariste arrive en paroisse pour la première fois. C’est un stage d’immersion pastorale qui doit lui permettre de découvrir la réalité de la vie des paroisses. Au bout de quelques semaines, il fait un rapport étonné : « dans nos assemblées, il y a un nombre incroyable de gens qui ne vont pas bien. Jamais je n’avais vu autant de dépressifs, de gens perturbés, de souffrances en tous genres ! »

L'Église est comme un hôpital de campagne ! dans Communauté spirituelleIl venait de faire l’expérience de l’Évangile de ce dimanche : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » (Mt 11,2-11)Les premiers à accueillir la parole de Dieu sont bien les rebuts de la société, aujourd’hui comme hier. Comme l’écrivait Saint-Paul aux Corinthiens : « Aussi bien, frères, considérez votre appel: il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi; ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est » (1Co 1,26-28).

Corinthe était un double port sur l’isthme unissant la Grèce du Nord au Péloponnèse. Cet isthme se situe à l’intersection de deux grands axes commerciaux : l’axe est-ouest où arrivent les produits de luxe orientaux et l’axe nord-sud. C’était l’équivalent du port d’Amsterdam chanté par Jacques Brel. L’Église de Corinthe était composée de dockers – des tatoués, des durs ! -, de prostituées habituées des marins loin de leurs bases, de petites gens qui grouillaient autour de la manne commerciale de la marine marchande. Voilà pourquoi St Paul ose dire que somme toute l’assemblée de Corinthe a une sale gueule. Le visiteur distingué venant d’ailleurs se boucherait le nez en passant entre les rangs de ces baptisés-là.

Voilà pourtant ceux que Jésus donne comme le signe messianique par excellence : les boiteux de la vie, les estropiés de l’amour, les aveugles du savoir, les lépreux mis à l’écart, les sourds à qui on ne parle plus…

Les Grecs et les Romains des premiers siècles étaient choqués par cette réalité ecclésiale, comme notre jeune séminariste. Les uns aimaient les esthètes et les philosophes, les autres les gladiateurs et les tribuns : ils ne pouvaient que mépriser au début ce ramassis d’esclaves et d’inférieurs qui constituait le gros des troupes chrétiennes…

Quelle folie à leurs yeux de croire que l’humanité nouvelle était en train de naître au milieu de ces assemblées qui relèvent plus de la Cour des Miracles que de l’aréopage d’Athènes !

 

Commencer par le bas

Jésus y voit au contraire l’accomplissement de la volonté de son Père : « la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres ». Cela n’exclut nullement les riches de cette annonce : ils ont toute leur place dans la vie de l’Église. Mais de fait, Jésus constate que les humiliés, les pauvres, les souffrants sont plus généreux dans l’accueil de sa parole. C’est ce que Nietzsche reprochera au christianisme, qu’il qualifiera de religion d’esclaves, par opposition au culte du surhomme dont il voulait être le prophète.

Or, si les pauvres sont au coeur de l’Église, ce n’est pas pour glorifier la pauvreté ou la souffrance. C’est au contraire pour annoncer un monde réconcilié où enfin la pauvreté et la souffrance seront vaincues. Cela commence à partir du bas, et cela gagne le corps social tout entier, lorsque la place des plus petits est reconnue comme la première.

Le pape François, dans sa retentissante interview de 2013 aux revues jésuites, prend l’image suivante :

« Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le coeur des fidèles, la proximité, la convivialité.

Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille » .

707430237_small Avent dans Communauté spirituelleUn hôpital de campagne en pleine guerre, ce n’est pas beau à voir. Visionnez les films sur la Grande Guerre ou la seconde, et vous verrez combien l’humanité est laide, affreuse, mutilée, repoussante lorsqu’elle est défigurée par la haine. « Les sentiers de la gloire » de Stanley Kubrick ou « Il faut sauver le soldat Ryan » de Steven Spielberg nous font deviner le dégoût et l’horreur que peut éprouver un infirmier qui ramasse les corps déchiquetés pour les apporter à l’hôpital de campagne.

Eh bien, en Jésus, Dieu en personne ne s’est pas bouché le nez, n’a pas détourné son regard, n’a pas eu peur d’accueillir cette misère humaine pour la soigner, la désinfecter, la panser, la guérir.

D’où la conséquence capitale que le pape François en déduit pour la mission des baptisés :

« Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut ! Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons aborder le reste.

Soigner les blessures, soigner les blessures… Il faut commencer par le bas. »

Autrement dit : arrêtez de prononcer des jugements au nom de la morale sur vos contemporains.

Arrêtez de leur poser des conditions a priori pour s’approcher de la Bible et des sacrements.

Arrêtez de leur demander d’être des chrétiens 100 % cohérents – ce que vous n’êtes pas vous-mêmes - pour pouvoir s’approcher de l’Église.

Vous devinez ce que cela devrait changer dans nos assemblées : accueillir et aller chercher les personnes telles qu’elles sont, sans leur poser de questions indiscrètes, sans mettre sur leurs épaules des fardeaux que nous-mêmes sommes incapables de porter. Que ce soient des personnes divorcées/remariées, homosexuelles, en complète contradiction ou non avec l’Évangile, chacune a le droit de s’entendre dire : « mon ami, descends au plus profond de toi ; aujourd’hui Dieu veut demeurer chez toi ».

Une morale de réponse et non de préalable

L’appel à la conversion fera son chemin après. Le choc de la rencontre produira son fruit ensuite. La fréquentation de l’Écriture des sacrements donnera faim et soif de cohérence après : ayons confiance en la puissance du renouveau apporté par l’Esprit du Christ.

Mais c’est une conséquence et non pas un préalable.

La morale n’a jamais été une condition d’accès au salut, sinon le bon larron n’aurait jamais entendu le Christ lui ouvrir le Paradis.

Notre morale est une morale de réponse et non de préalable.

Le coeur du message chrétien n’est pas la morale, mais la foi, l’abandon confiant au Dieu qui nous aime infiniment. Nietzsche avait pressenti que le salut se situe « au-delà du bien et du mal ». Mais pour les chrétiens, ce n’est pas un idéal volontariste de l’homme se surpassant lui-même. C’est plutôt la devise de St Augustin : « aime, et fais ce que tu veux »

790b60eb3c84eea4e2877d8a505c1eda Eglise« Soigner les blessures… Soigner les blessures. Il faut commencer par le bas » nous répète inlassablement le pape François.

Le « bas » de notre société française, quel est-il ? Écoutez le Secours Catholique, les communautés Emmaüs ou ATD Quart-Monde nous parler de ceux et celles qu’ils rencontrent. Ouvrez les yeux sur vos voisins, vos familles mêmes, traversées par le chômage, l’handicap, la violence. L’Église reconstruit une société nouvelle en commençant par le bas.

 

 

Ni rigoristes, ni laxistes.

Laissons le dernier mot au Pape François qui invite l’Église à se convertir, à revenir à sa mission essentielle :

« L’Église s’est parfois laissé enfermer dans des petites choses, de petits préceptes. Le plus important est la première annonce : Jésus Christ t’a sauvé ! Les ministres de l’Église doivent être avant tout des ministres de miséricorde. Le confesseur, par exemple, court toujours le risque d’être soit trop rigide, soit trop laxiste. Aucune des deux attitudes n’est miséricordieuse parce qu’aucune ne fait vraiment cas de la personne. Le rigoureux s’en lave les mains parce qu’il s’en remet aux commandements. Le laxiste s’en lave les mains en disant simplement : ‘cela n’est pas un péché’ ou d’autres choses du même genre. Les personnes doivent être accompagnées et les blessures soignées. »

 

 

 

1ère lecture : Les merveilles du salut à venir (Is 35, 1-6a.10)
Lecture du livre d’Isaïe

Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse,
qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et de Sarône. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu.
Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent,
dites aux gens qui s’affolent : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. »
Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds.
Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. 

Ils reviendront, les captifs rachetés par le Seigneur, ils arriveront à Jérusalem dans une clameur de joie, un bonheur sans fin illuminera leur visage ; allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuiront.

Psaume : Ps 145, 7, 8, 9ab.10a

R/ Viens, Seigneur, et sauve-nous !

Le Seigneur fait justice aux opprimés ; 
aux affamés, il donne le pain, 
le Seigneur délie les enchaînés. 

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, 
le Seigneur redresse les accablés, 
le Seigneur aime les justes.

Le Seigneur protège l’étranger. 
Il soutient la veuve et l’orphelin.

D’âge en âge, le Seigneur régnera.

2ème lecture : « Ayez de la patience : la venue du Seigneur est proche » (Jc 5, 7-10)
Lecture de la lettre de saint Jacques

Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience. Voyez le cultivateur : il attend les produits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la première et la dernière récoltes.
Ayez de la patience vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche.
Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte.
Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.

Evangile : Jean Baptiste et Jésus (Mt 11, 2-11)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Prophète du Très-Haut, Jean est venu préparer la route devant le Seigneur et rendre témoignage à la Lumière.Alléluia. (cf. Lc 1, 76 ; Jn 1, 7)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! » 

Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?… Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi.
Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »
Patrick Braud

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7 décembre 2013

Crier dans le désert

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Crier dans le désert

Homélie du 2° dimanche de l’Avent / Année C
08/12/2013

 

En français, l’expression n’est guère encourageante. Celui qui crie dans le désert a la désagréable impression que personne ne l’écoute, que son cri n’est pas entendu, et donc que son action est aussi stérile que le désert auquel finalement il s’adresse. Sans aucun doute, crier dans le désert est une expression dérivée de la Bible, et notamment de la figure de Jean-Baptiste décrite dans l’évangile de ce dimanche, mais de manière si déformée qu’elle en est arrivée à signifier à peu près l’inverse. Car Jean-Baptiste certes est dans le désert, mais son cri n’est pas stérile. Au contraire : sa prédication attire. Des foules quittent les villes pour le rejoindre au désert. Toutes les classes sociales viennent se faire baptiser – plonger – dans le Jourdain. Beaucoup écoutent la voix de ce prophète original – poils de chameau et sauterelles * - et acceptent de se convertir, de croire au pardon, d’en tirer toutes les conséquences pour eux-mêmes.

« Une voix crie dans le désert ».

Dans le livre d’Isaïe, cette voix annonce le retour d’exil, et c’est donc une sacrée nouvelle terriblement efficace (Is 40,3-5). Un problème de ponctuation a transformé le texte : « une voix crie : dans le désert préparez les chemins du Seigneur » en supprimant les « : ». Et après, on a oublié la force de cette voix, fasciné par l’autre force, celle du désert semblant tout engloutir dans la solitude.

D’ailleurs en hébreu, désert se dit midebar, que l’on peut traduire : hors de la parole, dabar signifiant parole ou chose, et mi signifiant « hors de » ou « à partir de ». Le grec erêmos (qui a donné : érémitique) a exactement le même sens, rêma signifiant parole ou chose, et e signifiant « hors de » ou « à partir de ». Jean-Baptiste affronte donc le mutisme du désert en y portant une parole forte.

Par contre, le latin desertum vient du verbe « sero » = je connecte.  Le désert évoque ainsi un lieu sans connections, sans routes. Jean-Baptiste oblige les foules qui veulent le rejoindre à tracer dans le désert une route qui mène à lui.

Or le retour de Babylone à Jérusalem en 536 av. J.C. est un événement aussi important que le retour des juifs en Palestine après la deuxième guerre mondiale en 1948 ! La voix qui annonce ce genre d’événements est tout sauf stérile ou inefficace.

La voie biblique qui crie dans le désert ne parle pas à un mur **.

Elle est puissante, efficace ; elle attire à elle l’humanité en quête de rédemption.

Elle ose être différente, singulière – poils de chameau et sauterelles ! – justement pour provoquer un choc salutaire.

Elle est en retrait, au désert pour obliger chacun à se déplacer de chez soi au Jourdain.

Elle ne cherche pas à plaire, mais à provoquer un mouvement : de même que vous êtes sortis de chez vous pour venir m’entendre au désert, sortez de votre ancienne vie pour pratiquer une vie droite. Quittez vos habitudes mauvaises et noyez-les dans l’eau du Jourdain, comme l’esclavage de vos ancêtres a été noyé dans la Mer Rouge en sortant d’Égypte.

Autrement dit : dans la Bible, crier dans le désert est une mission prophétique indispensable au redressement de la vie sociale.

Les baptisés héritent de cette mission.

À eux de crier dans le désert médiatique pour appeler au respect de la vie humaine, dès sa conception, jusqu’à sa fin.

À eux de proclamer – même minoritaires – que la différence homme-femme fait partie de la dignité fondamentale de l’humanité : l’image de Dieu en nous.

À eux de prêcher à temps et à contretemps le combat pour le respect des plus petits, dans l’univers du travail notamment.

À eux de montrer publiquement la grandeur et la beauté de toute personne humaine : avec les handicapés dans l’Arche de Jean Vanier, avec les chiffonniers du Caire dans l’oeuvre de soeur Emmanuelle, avec le peuple du Quart Monde dans le mouvement ATD fondé par le père Joseph Wrézinski etc. etc.

La liste est longue de ces voix dans le désert qui finissent par toucher bien des coeurs, bien des intelligences, et provoquent des conversions, des changements de vie radicaux. Ainsi, des jeunes traders donnent quelques années de leur vie pour les plus pauvres. Des volontaires partent en Afrique ou dans nos cités pour lutter contre l’exclusion. Des grands professionnels donnent de leur temps et de leurs compétences pour imaginer d’autres entreprises, d’autres modes d’insertion, d’autres rentabilités?

 

Un exemple récent parmi 100 000 : les Semaines Sociales de France.

Crier dans le désert dans Communauté spirituelle affiche_semaine_socialeChaque année, des centaines de chrétiens se rassemblent autour d’un thème de société. Pendant trois jours, ils planchent ensemble sur les conversions à vivre et à proposer à nos contemporains dans le domaine social et économique. Cette année, c’était sur le thème du travail : « réinventer le travail ».

Plus de 180 ateliers réalisés en partenariat avec 52 mouvements ont été animés du 22 au 24 novembre 2013, à Lyon-Villeurbanne, Paris et Strasbourg (cf. http://www.ssf-fr.org/ssf ).

Peu relayées par les médias, les Semaines Sociales de France sont pourtant une voix qui crie dans le désert, et dont la portée se mesure année après année aux initiatives originales qui fleurissent dans le monde de la finance, de l’industrie, des services. Cette poignée de croyants peut suffire à transformer bien des entreprises. Ce petit groupe ignoré des médias porte en germe une puissance de renouveau qui étonnera le monde.

 

Le message de Jean-Baptiste au désert est fort : n’ayez pas peur vous aussi de crier alors qu’au début personne ne semble vous entendre. Ne vous découragez pas d’être ignorés des grands de ce monde, des modes médiatiques et du bling-bling des people. Tenez bon en proclamant vos convictions : elles attireront ceux que la Parole de Dieu pourra bouleverser à travers vous. Ne regardez pas le vide apparent du désert qui vous entoure, mais la source d’eau vive dans laquelle plonger avec les compagnons de route qui vous sont donnés.

Jean-Baptiste – on le sait – paiera de sa vie sa liberté de parole. Il osera reprocher haut et fort à Hérode d’avoir épousé la femme de son frère, Hérodiade. Salomé (fille de Hérodiade) se vengera en le faisant décapiter. Mais on ne fait pas taire la voix de la vérité en éliminant ses porte-parole. La force de la voix au désert est telle qu’elle démasque l’hypocrisie des puissants, qu’elle renverse les tyrans de leur trône, qu’elle redonne aux humbles le courage de ne pas se laisser dominer.

Chaque baptisé reçoit cette mission prophétique avec l’onction d’huile.

Qu’en faisons-nous ?

Quelle est notre voix, et dans quel désert est-elle appelée à retentir ?

Croyons en la puissance de cette voix, et la parole qu’elle porte pourra à travers nous convertir des foules entières à vivre une vie plus droite. Dans nos familles, nos entreprises, le quartier, des foules attendent qu’on les appelle au désert pour noyer leurs esclavages.

Ne nous dérobons pas à cette vocation prophétique, qui passe par le courage d’être différents, minoritaires, afin d’ouvrir à tous le chemin du salut.

 

 ________________________

* Les poils de chameau symbolisent la solidarité de Jean-Baptiste avec les nations païennes impures, et le salut qui leur est offert. Car le chameau est un animal impur pour les juifs. Et les sauterelles renvoient sans doute aux plaies d’Égypte : un avertissement pour souligner l’urgence de la conversion avant qu’il ne soit trop tard.

** La langue familière dit aussi : pisser dans un violon !

1ère lecture : Le Messie, roi de paix (Is 11, 1-10)

Lecture du livre d’Isaïe

Parole du Seigneur Dieu :
Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines.
Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur,
qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas d’après les apparences, il ne tranchera pas d’après ce qu’il entend dire.
Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays. Comme un bâton, sa parole frappera le pays, le souffle de ses lèvres fera mourir le méchant.
Justice est la ceinture de ses hanches ; fidélité, le baudrier de ses reins.

Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.
La vache et l’ourse auront même pâturage, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le b?uf, mangera du fourrage.
Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra, sur le trou de la vipère l’enfant étendra la main.
Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompusur ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer.

Ce jour-là, la racine de Jessé, père de David, sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure.

Psaume : Ps 71, 1-2, 7-8, 12-13, 17

R/ Voici venir un jour sans fin de justice et de paix.

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !

En ces jours-là, fleurira la justice, 
grande paix jusqu’à la fin des lunes ! 
Qu’il domine de la mer à la mer, 
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Il délivrera le pauvre qui appelle 
et le malheureux sans recours. 
Il aura souci du faible et du pauvre, 
du pauvre dont il sauve la vie.

Que son nom dure toujours ; 
sous le soleil, que subsiste son nom ! 
En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ; 
que tous les pays le disent bienheureux !

2ème lecture : L’espérance offerte par l’Écriture s’étend à toutes les nations (Rm 15, 4-9)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire, afin que nous possédions l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Écriture. Que le Dieu de la persévérance et du courage vous donne d’être d’accord entre vous selon l’esprit du Christ Jésus. Ainsi, d’un même coeur, d’une même voix, vous rendrez gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ.
Accueillez-vous donc les uns les autres comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu, vous qui étiez païens. Si le Christ s’est fait le serviteur des Juifs, c’est en raison de la fidélité de Dieu, pour garantir les promesses faites à nos pères ; mais, je vous le déclare, c’est en raison de la miséricorde de Dieu que les nations païennes peuvent lui rendre gloire ; comme le dit l’Écriture : Je te louerai parmi les nations, je chanterai ton nom.

Evangile : Jean Baptiste annonce que le Messie vient juger le monde (Mt 3, 1-12)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez la route : tout homme verra le salut de Dieu. Alléluia. (cf. Lc 3, 4.6)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée :
« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole transmise par le prophète Isaïe : À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.
Jean portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui,
et ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. 
Voyant des pharisiens et des sadducéens venir en grand nombre à ce baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion, et n’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
Moi, je vous baptise dans l’eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu ; il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. »
Patrick Braud

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30 novembre 2013

Gravity, la nouvelle arche de Noé ?

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Gravity, la nouvelle arche de Noé ?


Homélie du 1° Dimanche de l’Avent / Année A
01/12/2013

Pour évoquer sa venue en ce premier dimanche de l’Avent, Jésus revient au Déluge et à l’Arche qui a permis à Noé et à sa famille d’échapper à la catastrophe.

« L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé.
À cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche.
Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’au déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme. » (Mt 24, 37-44)

Le dernier film d’Alfonso Cuarón, Gravity, peut nous aider à revisiter cette image de l’Arche de Noé, transposée dans notre monde moderne, technique, scientifique et individualiste.

Vous connaissez sans doute le scénario de ce blockbuster. Un vaisseau spatial américain Explorer est désintégré dans une pluie de débris provenant d’autres satellites. Deux astronautes seulement en réchappent, expulsés dans l’espace (Matt Kowalski = George Clooney, et la scientifique Ryan Stone = Sandra Bullock) 1. Pour survivre, ils se déplacent vers une station internationale, mais l’un des deux doit se sacrifier pour permettre à l’autre d’y arriver. La survivante – Ryan - seule et menacée, se réfugie dans une navette pour tenter de rejoindre une troisième station chinoise, où un vaisseau de secours pourra la ramener à terre.

Gravity 

On peut suivre cette aventure en la lisant au premier degré : une belle histoire de sacrifice de l’un, la volonté de survie de l’autre, des images magnifiques (surtout en 3D) de notre planète vue de l’espace.

 

La perte de repères

On peut également lire ce film au second degré.

Voilà une jeune femme qui tout d’un coup est expulsée de sa base, projetée dans un espace inconnu où très vite elle est seule, isolée. Un déluge de débris venus eux-mêmes de la destruction d’autres satellites a désintégré son univers. Triste constat : ce sont des débris insignifiants, provoqués par d’autres, qui projetés à la vitesse de rotation autour de la Terre, deviennent un déluge engloutissant tout sur son passage. Voilà déjà une interprétation novatrice du vieux thème du déluge : c’est un presque rien qui vient tout détruire ; c’est une réaction en chaîne où le mal provoqué ailleurs entraîne le déluge ici.

Soyons attentifs à ces débris qui traversent notre trajectoire : ils annoncent souvent l’effondrement qui vient.

Soyons attentifs aux réactions en chaîne qui répandent le mal comme une traînée de poudre : ces séries noires finiront un jour par nous atteindre.

Gravity, la nouvelle arche de Noé ? dans Communauté spirituelle gravity-debris 

La perte de repères se glisse jusque dans son prénom : Ryan est un prénom masculin, parce que son père voulait un fils au lieu d’une fille. Elle porte ce prénom d’un homme, alors que justement elle n’a plus d’homme dans sa vie, et qu’elle est mère d’une enfant décédée à l’âge de 4 ans?

Le déluge de Gravity est cette pluie de ‘débris’ du savoir humain qui viennent cribler la demeure transitoire des astronautes. Projetée dans l’espace, coupée de sa base, Ryan n’a plus de repères visuels, ni le repère de la gravité. Tout est littéralement sens-dessus-dessous. On se souvient d’ailleurs que le mot hébreu pour dire déluge est : maboul, tant il est vrai que l’épreuve du déluge peut rendre fou en faisant disparaître nos repères, notre gravité intérieure.

Il est des catastrophes personnelles et collectives qui produisent cet effet-là.

Les familles juives expulsées hors de chez elles et projetées dans l’horreur de la Shoah étaient dans cet état d’esprit d’apesanteur morale et spirituelle.

La pluie de débris peut prendre la figure d’un divorce : séparation nourrie de ces multitudes d’impacts relationnels où le couple est passé au crible de ce qui justement le crible de partout.

C’est également un licenciement où explose la fragile sécurité d’un toit, d’un équilibre de vie.

Ou bien le coup de tonnerre d’un cancer dépisté trop tard, où l’on anticipe la fin sûrement très proche…

Bref, les déluges d’aujourd’hui sont aussi puissants que celui qui a submergé le monde de Noé ou la station spatiale de Gravity.

 

Face au déluge, où est l’arche ?

Pour Noé c’est ce vaisseau de bois qui va lui permettre de sauver sa famille, 8 personnes au total, car 8 et le chiffre de la résurrection (cf. 1P 3,20 ; 2P 2,5).

Pour Gravity, c’est le module de la station internationale, puis la capsule de retour sur Terre de la station chinoise. Mais là, individualisme moderne oblige, Ryan est la seule rescapée. Et elle n’inaugure pas un monde nouveau (ce que fait Noé) mais le retour à la bonne vieille Terre, au bon vieux plancher des vaches qu’elle étreint de ses mains en réalisant enfin qu’elle est sauvée.

L’Avent est pour les chrétiens l’interdiction de revenir à l’ancien monde, « l’ardente obligation » 2 de quitter ce monde-ci pour accueillir un monde nouveau. La venue du Christ à la fin des temps ne sera pas la restauration de notre univers enfin corrigé de ses imperfections, mais la création d’une autre réalité où « Dieu sera tout en tous » (1Co 15,28).

arche-noe-mont-ararat Arche dans Communauté spirituelle 

Qu’est-ce qui permet de survivre quand le déluge s’abat sur vous ?

Dans la Genèse, c’est la foi qui donne à Noé de construire l’arche malgré les railleries de ses contemporains. C’est la foi qui lui donne le courage d’être minoritaire. C’est la foi qui lui donne la patience d’attendre 40 jours et 40 nuits, les plus longues de son existence, pour constater enfin la décrue des eaux du déluge.

Dans Gravity, c’est d’abord le déplacement qui sauve Ryan. Elle accepte de se laisser traîner par Matt vers un autre coin de l’espace, où la station internationale sera un relais. Quand on a perdu tous ses repères, quand on est  coupé de sa base, quand son univers familier s’est désintégré sous ses yeux, alors on est prêt à aller ailleurs, prêts à tout quitter puisqu’il ne reste plus rien qui tienne encore debout. Ce déplacement, ce dépaysement est salutaire. C’est ce qui permet de trouver une autre source d’oxygène, un autre véhicule pour atterrir enfin. Le russe, le chinois : autant de langues inconnues que Ryan devra traverser pour quand même arriver à maîtriser son vaisseau.

De manière touchante, dans Gravity interviennent également d’autres facteurs de salut pour tenir bon après le déluge :

- l’aide d’un compagnon de route – ou plutôt d’espace ici – qui peut aller jusqu’à se sacrifier pour m’offrir de survivre.

- le souvenir de sa petite-fille de quatre ans – Sarah – morte à la suite d’un bête accident domestique, un de ces débris qui causent des catastrophes sur Terre. C’est dans la fidélité à sa fille que sa mère veut survivre malgré tout. On se bat toujours pour ceux qu’on aime, même s’ils ne sont plus là.

Noé se battait pour sa famille, nouvelle génération du monde d’après. Ryan se bat pour elle-même, pour que son compagnon d’espace ne soit pas mort en vain. Elle s’appuie en même temps sur la mémoire de son enfant morte pour ne pas se laisser engloutir par le désespoir.

Un moment donné, elle est dans sa capsule : plus de carburant, l’oxygène baisse dangereusement. Recroquevillée sur elle-même, seule au monde, elle est tentée par  cette pente dépressive qui guette tous ceux qui n’en peuvent plus tellement le déluge dure : elle commence à se laisser mourir, asphyxiée, abandonnée… C’est alors un rêve étrange, où Matt vient lui expliquer la manoeuvre à suivre, qui va la tirer de sa torpeur suicidaire. Une version sécularisée en somme de la colombe de Noé où le rameau d’olivier se change en rétropropulseurs d’atterrissage… L’intérêt est le message commun : porter attention aux signes de renouveau (le rameau d’olivier), aux possibilités de redémarrage (les propulseurs) est l’antidote à la dépression qu’engendre l’après-déluge.

san-marco_-noe-envoie-la-co Avent 

- Ryan n’a pas appris à prier. Elle aimerait pouvoir compter sur cette force-là à ce moment de sa vie, mais n’a ni les mots ni les gestes. La tradition spirituelle dit pourtant que le désir de la prière vaut mieux que la prière elle-même. Le regard de Ryan se porte sur l’icône de saint Christophe posée sur le tableau de bord russe, puis sur le Bouddha qui trône au-dessus du panneau chinois. Nul doute que cet appel à la prière sous la forme d’un autel pour Noé, d’un rêve pour Jacob, d’une icône pour Ryan est un fil rouge pour tenir bon jusqu’à la fin de l’épreuve.

 

Gravity n’est évidemment pas une oeuvre théologique.

Lorsque le Christ déchiffre sa venue comme un nouveau déluge, il va infiniment plus loin qu’un bon film de science-fiction. Et Gravity comporte bien des défauts (très américains d’ailleurs : par exemple les clichés sur la vodka, les raquettes de ping-pong etc.). On regrette qu’il n’ait pas la force de 2001 : L’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Mais il y a dans ce film assez d’interrogations sur nos déluges d’aujourd’hui pour nous aider à entrer en Avent avec sagesse.

Lorsque viendra la pluie de ‘débris’ qui va ruiner votre équilibre actuel, souvenez-vous de Noé et de son arche, de Ryan et de sa volonté de survivre.

La fin de l’épreuve sera le début d’un monde nouveau.

 

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1. Tiens ! : Kowalski sonne polonais, comme un hommage au melting pot américain qui rend possible ces grandes aventures, et Stone évoque la chute d’une pierre sous l’influence de la gravité (to fall like a stone).

2. Expression chère à De Gaulle pour désigner le Plan quinquennal de son gouvernement.

1ère lecture : Rassemblement des peuples et paix pour toujours (Is 2, 1-5)

Lecture du livre d’Isaïe

Le prophète Isaïe a reçu cette révélation au sujet de Juda et de Jérusalem :
Il arrivera dans l’avenir que la montagne du temple du Seigneur sera placée à la tête des montagnes et dominera les collines. Toutes les nations afflueront vers elle,
des peuples nombreux se mettront en marche, et ils diront : « Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers. Car c’est de Sion que vient la Loi, de Jérusalem la parole du Seigneur. »
Il sera le juge des nations, l’arbitre de la multitude des peuples. De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on ne s’entraînera plus pour la guerre.
Venez, famille de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur.

Psaume : Ps 121, 1-2, 3-4ab, 4cd-5, 6-7, 8-9

R/ Allons dans la joie à la rencontre du Seigneur.

Quelle joie quand on m’a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem ! 

Jérusalem, te voici dans tes murs : 
ville où tout ensemble ne fait qu’un! 
C’est là que montent les tribus, 
les tribus du Seigneur.

C’est là qu’Israël doit rendre grâce 
au nom du Seigneur. 
C’est là le siège du droit, 
le siège de la maison de David. 

Appelez le bonheur sur Jérusalem : 
« Paix à ceux qui t’aiment ! 
Que la paix règne dans tes murs, 
le bonheur dans tes palais ! » 

À cause de mes frères et de mes proches, 
je dirai : « Paix sur toi ! » 
À cause de la maison du Seigneur notre Dieu, 
je désire ton bien.

2ème lecture : « Le jour est tout proche » (Rm 13, 11-14a)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frère, vous le savez : c’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil. Car le salut est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants.
La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la lumière.
Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans ripailles ni beuveries, sans orgies ni débauches, sans dispute ni jalousie, mais revêtez le Seigneur Jésus Christ.

Evangile : « Vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra » (Mt 24, 37-44)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde : fais-nous voir le jour de ton salut. Alléluia.  (cf. Ps 84, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé.
À cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche.
Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’au déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme.
Deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin : l’une est prise, l’autre laissée.
Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra.
Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Patrick Braud

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15 décembre 2012

La joie parfaite, et pérenne

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La joie parfaite, et pérenne

 

Homélie du 3° dimanche de l’Avent / Année C
16/12/2012

 

Ce troisième dimanche de l’Avent est appelé le dimanche de la joie (du Gaudete = réjouis-toi en latin).

Patrick BraudÀ cause bien sûr de l’appel de Sophonie à Jérusalem : « pousse des cris de joie ! ». Et à cause de Paul qui surenchérit : « soyez toujours dans la joie du Seigneur ».

 

Il y a des moments où la joie nous est naturelle et facile. Un succès, une rencontre, une musique… : la liste est longue des événements qui peuvent déclencher en nous cette sérénité joyeuse qui nous transporte ailleurs.

Mais Paul parle de la joie « du Seigneur », et pas de la seule joie humaine. Il conjugue cette joie-là avec l’adverbe toujours : en tout temps, en tout lieu ; même lorsqu’il n’y a pas ces événements sources de joie ordinaire ; même lorsqu’il y a d’autres événements apportant le malheur avec eux. D’ailleurs, au moment où Paul écrit ces mots, il est « dans les chaînes » de sa prison (Ph 1,1-15), et aurait toutes les raisons de désespérer car il sait bien que le pouvoir romain ne va pas le laisser en vie.

 

Comment peut-on rester ancré dans la joie lorsque tout va mal ? ou lorsque tout va gris ?

Comment distinguer la joie humaine – déjà bonne en elle-même – de la joie de Dieu, la joie parfaite (Jn 16,24).

 

Voilà ce que François d’Assise a répondu à son compagnon, frère Léon, qui lui posait en substance la même question.

Patrick Braud« Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu’il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu’il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu’à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d’injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et si nous persistons à frapper, et qu’il sorte en colère, et qu’il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets en disant : « Allez-vous-en d’ici misérables petits voleurs, allez à l’hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le supplions pour l’amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu’il dise, plus irrité encore : « ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et s’il sort avec un bâton noueux, et qu’il nous saisisse par le capuchon, et nous jette par terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les noeuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu’en cela est la joie parfaite.

 

Selon François d’Assise, la vraie joie et donc d’être identifié au Christ lorsque, bafoué et rejeté par les siens, il trouve encore la force de ne pas haïr.

 

Qui peut souhaiter d’en arriver à cet extrême ?

La joie en DieuParfois cela arrive, et c’est alors qu’il faut se souvenir de la joie parfaite selon François.

Le plus souvent, ce n’est pas une telle humiliation, mais les contrariétés habituelles qui nous empêchent d’être « toujours dans la joie ». Là, se souvenir que la joie vient de Dieu plus que de l’homme sera utile : la joie de Dieu vient de sa promesse, la joie de l’homme vient de ses oeuvres.

L’une reflue de la fin pour irriguer le présent, en étant toujours disponible ; l’autre célèbre ce qui est, et manque lorsqu’il n’y a rien à célébrer.

La première est eschatologique, comme une ancre jetée dans les cieux (He 6,17). La seconde est existentielle, basée sur nos réussites.

La joie de Dieu est permanente car enracinée en lui. La joie humaine est fragile et éphémère, car soumise aux aléas de la fortune.

 

L’appel de ce dimanche nous invite à unir les deux : savourer les cadeaux de la vie sans perdre de vue le cadeau ultime qui donne sens à tous les autres.

Si nous faisons ainsi, nous réjouirons Dieu de notre joie, ainsi qu’il est écrit dans le livre de Sophonie : « Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. »

 

Cette inhabitation mutuelle de Dieu en nous et de nous en Dieu est le secret de la pérennité de notre joie. Elle nous est donnée dans la surprise, surabondance de joie que nous n’osions désirer ; elle a un goût pascal parce qu’elle sait ce que traverser la mort signifie ; elle est joie partagée avec l’autre, joie de l’autre, de cet autre en qui est le tout-Autre, infiniment proche…

Que l’Esprit du Christ vienne nous ancrer dans cette sérénité dont Paul souhaite qu’elle soit connue de tous les hommes.

 

 

1ère lecture : « Fille de Sion, réjouis-toi, car le Seigneur est en toi » (So 3, 14-18)
Lecture du livre de Sophonie

Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem !
Le Seigneur a écarté tes accusateurs, il a fait rebrousser chemin à ton ennemi. Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. Tu n’as plus à craindre le malheur.
Ce jour-là, on dira à Jérusalem : « Ne crains pas, Sion ! Ne laisse pas tes mains défaillir !
Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. »

Psaume : Is 12, 2, 4bcde, 5-6

R/ Laissons éclater notre joie : Dieu est au milieur de nous.
Voici le Dieu qui me sauve :
j’ai confiance, je n’ai plus de crainte.

Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.

Rendez grâce au Seigneur,
proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits !
Redites-le : « Sublime est son nom ! »

Jouez pour le Seigneur,
car il a fait des prodiges que toute la terre connaît.
Jubilez, criez de joie, habitants de Sion,
car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !

2ème lecture : Soyez dans la joie : le Seigneur est proche (Ph 4, 4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul aux Philippiens

Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie.
Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche.
Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes.
Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre c?ur et votre intelligence dans le Christ Jésus.

Evangile : Jean Baptiste prépare les foules à la venue du Messie (Lc 3, 10-18)

Acclamation : Alléluia, alléluia. Prophète du Très-Haut, Jean est venu préparez la route devant le Seigneur et porter témoignage à la Lumière.Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? »
Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! »
Des publicains (collecteurs d’impôts) vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. »
À leur tour, des soldats lui demandaient : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites ni violence ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde. »
Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie.
Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.
Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. »
Par ces exhortations et bien d’autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
Patrick Braud

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