L'homélie du dimanche (prochain)

25 novembre 2015

Bonne année !

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Bonne année !


Homélie du 1° Dimanche du temps de l’Avent / Année C

29/11/2015

Cf. également :

Sous le signe de la promesse

Le syndrome du hamster

 

Meilleurs vœux d’Avent

Puisque la nouvelle année liturgique commence avec notre premier dimanche de l’Avent, on pourrait effectivement se présenter tous nos voeux comme au 1er Janvier ! Peu de chrétiens ont le sentiment d’entrer dans une année différente. C’est plutôt la course aux cadeaux de Noël, ou à la préoccupation des congés d’hiver qui prend le dessus ! Ou hélas l’inquiétude liée aux récents attentats à Paris.

Pourtant, à y réfléchir, chaque Avent nous repose la question de notre rapport au temps.

Quelle est votre philosophie du temps qui passe ?

Vivez-vous dans la mémoire et le souvenir ?

Ou tendus vers les buts que vous vous êtes fixés ?

Ou goûtez-vous le présent sans penser à autre chose ?

Le temps liturgique est profondément original. Il ne se réduit à rien de connu.

 

Le temps traditionnel cyclique

Ce n’est pas le temps mythique des sociétés traditionnelles.

Les cultures animistes par exemple reposent pour la plupart sur des mythes fondateurs. À l’origine, il y avait une harmonie entre les forces invisibles (les dieux, les génies…), la nature et les hommes. Mais régulièrement, les agissements des hommes ou de la nature ou des forces invisibles remettent en cause cet équilibre primordial. Il faut alors trouver un moyen rituel, symbolique, de réparer ce dysfonctionnement en revenant au temps primordial. C’est la plupart du temps un sacrifice animal (voire humain) qui permet de revenir en ce temps-là (in illo tempore disait-on en latin), au temps des origines. C’est ce que le grand historien roumain Mircea Eliade appelait le mythe de l’éternel retour : un peu comme l’entropie de la thermodynamique, le temps traditionnel apporte dégradation, usure, obsolescence et des crises de plus en plus graves. Par le sacrifice rituel, l’horloge est remise à l’heure d’origine, et le monde peut survivre. Les sacrifices humains aztèques sont à interpréter dans ce cadre par exemple. Le temps de ces sociétés est cyclique : l’idéal est au départ, le futur n’apporte que de la dégradation, et il faut sans cesse revenir à la pureté initiale. Certains intégrismes musulmans comme le wahhabisme ou le salafisme (dont le nom signifie le retour aux ancêtres = salaf), ou certains intégrismes catholiques comme le lefebvrisme sont très proches de cette conception païenne du temps où l’âge d’or est derrière, avant.

 

Le temps linéaire du Progrès

Le temps liturgique n’est pas non plus le temps du Progrès, cher aux Lumières du XVIII° siècle.

CourbeCourbe« Du passé faisons table rase » chantaient les communistes autrefois. Demain sera mieux qu’hier, clamaient les prophètes du progrès technique, scientifique, économique et politique. La modernité s’est nourrie de cet autre mythe fondateur selon lequel le futur se construit à la force du poignet – ou plutôt de l’intelligence humaine – et apporte une croissance indéfinie, tant qualitative que quantitative. Le temps des modernes est éminemment linéaire, orientée vers un demain meilleur qu’aujourd’hui, comme aujourd’hui est meilleur qu’hier.

Bonne année ! dans Communauté spirituelle Le-temps-lineaire_forum_large

Les désillusions du progrès (dangers du nucléaire, catastrophes écologiques, usages  inhumains de la science etc.) ont mis à mal cette croyance, mais elle reste vivace (dans la gauche française par exemple) et a nourri toutes les querelles idéologiques des deux derniers siècles.

 

On n’imagine pas le futur, on en vient

 année dans Communauté spirituelleLe temps liturgique n’est ni cyclique ni linéaire. Il serait plutôt… hélicoïdal !

Lorsque nous entrons en Avent, nous ne revenons pas en arrière, en jouant à faire semblant, comme si nous étions avant la naissance du Christ. À Noël, nous fêtons beaucoup plus, nous fêtons la deuxième venue du Christ (adventus = venue = avent) lors de l’accomplissement final.

Entrer en Avent, c’est se tourner vers la venue du Christ en nos vies, demain, hier et aujourd’hui (la liturgie privilégie cet ordre, car l’eschatologie, s’appuyant sur la mémoire du passé, nous ouvre un présent où s’effectue sacramentellement cet engendrement du Christ en nous : il viendra, il est venu, il vient).

Le temps chrétien n’est pas une prolongation du passé, comme le temps scientifique prolonge une courbe en l’extrapolant. C’est vraiment très différent.

En liturgie, on n’imagine pas le futur, on en vient.

C’est toute la différence entre la planification et la Vision :

Processus Vision

Myriem Le Saget, Le manager intuitif, Dunod, 1992, p. 125

En fait, l’avenir vient au-devant de nous, et transforme notre présent pour le configurer à ce qu’il est appelé à advenir.

« Deviens ce que tu es », écrivait le génial Augustin. Le rôle du mémorial liturgique est alors de nous ancrer dans ce que Dieu a déjà fait pour nous, pour nous ouvrir à ce qu’il va faire maintenant.

Les rabbins avaient raison de répéter à leurs disciples : souviens-toi de ton futur...

Ni cyclique quoique mémoriel, ni linéaire quoique eschatologique, le temps liturgique nous invite à nous recevoir du futur promis, afin de transformer le présent à son image, appuyé sur ce que Dieu a déjà réalisé dans le passé pour nous.

 

Prenez le temps de méditer sur le temps

Le premier dimanche de l’Avent nous invite donc à travailler notre rapport au temps :

- Ne pas sacraliser le passé avec nostalgie, mais y relire l’action de Dieu qui a commencé en nous. Car comme dit le psaume, Dieu n’arrêtera pas l’oeuvre de ses mains.

- Ne pas construire l’avenir, mais l’accueillir comme une promesse que Dieu va réaliser pour nous, avec nous. C’est là sans doute le point le plus difficile pour l’Occident : se laisser façonner par l’avenir qui reflue au-devant de nous, au lieu de croire que nous pouvons comme des dieux fabriquer notre destinée tout seuls.

- Ne pas éviter le présent, mais l’habiter comme ouvert à tous les possibles qu’il nous faut orienter vers la fin, l’accomplissement de l’histoire.

Il y a bien une idolâtrie païenne du temps dont la période d’Avent nous délivre.

Plus que jamais, les chrétiens sont des dissidents temporels : ils ne s’affolent pas avec le temps médiatique, ils ne s’engloutissent pas dans le court terme du temps financier ou de la consommation, ils résistent aux futurs idéologiques construits par les hommes contre eux-mêmes.

Ils se tiennent, libres et indéterminés, sur la ligne de crête qui unit l’avenir et le passé en un présent d’une intensité redoublée.

Dès le 2° siècle après JC, la célèbre Lettre à Diognète décrivait ainsi cette paisible dissidence chrétienne, qui s’applique également à la conception du temps :

« Ils (les chrétiens) se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ;
ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle.
Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés.
Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers.
Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère.
Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés.
Ils partagent tous la même table, mais non la même couche.
Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair.
Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel.
Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l’emporte en perfection sur les lois. (…)

Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair.
Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel.
Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. »

Demain, hier, aujourd’hui, dans cet ordre : prenons le temps de méditer sur notre rapport au temps. Cela aura dans notre vie plus de conséquences que nous l’imaginons…

 

 

1ère lecture : « Je ferai germer pour David un Germe de justice » (Jr 33, 14-16)
Lecture du livre du prophète Jérémie

Voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda : En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai germer pour David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, Jérusalem habitera en sécurité, et voici comment on la nommera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »

Psaume : Ps 24 (25), 4-5ab, 8-9, 10.14

R/ Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme,
vers toi, mon Dieu. (Ps 24, 1b-2)

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

Les voies du Seigneur sont amour et vérité
pour qui veille à son alliance et à ses lois.
Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ;
à ceux-là, il fait connaître son alliance.

2ème lecture : « Que le Seigneur affermisse vos cœurs lors de la venue de notre Seigneur Jésus » (1 Th 3, 12 – 4, 2)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. Et qu’ainsi il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints. Amen.

 Pour le reste, frères, vous avez appris de nous comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu ; et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà. Faites donc de nouveaux progrès, nous vous le demandons, oui, nous vous en prions dans le Seigneur Jésus. Vous savez bien quelles instructions nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus.

Evangile : « Votre rédemption approche » (Lc 21, 25-28.34-36)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Fais-nous voir, Seigneur, ton amour,
et donne-nous ton salut.
Alléluia. (Ps 84, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.

Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »
Patrick BRAUD

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10 décembre 2014

Un présent caché

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Un présent caché

Homélie du 3° Dimanche de l’Avent / Année B
14/12/2014

cf. également : Tauler, le Métro et Non Sum


« Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas » (Jn 1,6-28).

Un présent caché dans Communauté spirituelle arton33

C’est au présent que Jean-Baptiste annonce la venue du Christ au milieu de nous. Après l’impératif du 1er Dimanche de l’Avent (« Veillez ! ») et le futur du 2ème Dimanche (« il vous baptisera dans l’Esprit Saint »), voici maintenant que l’Avent se conjugue au présent : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ».

Cette déclaration prophétique de Jean-Baptiste peut d’abord s’appliquer à chacun de nous. Nous connaissons si mal nos voisins, nos amis, et même notre famille !

Je me souviens, lorsque mon père est mort, nous avons fait comme beaucoup de familles : nous nous sommes assis autour de la table pour parler de lui, évoquer nos souvenirs, rassembler notre vie avec lui. Ce fut comme un puzzle dont chacun détenait quelques pièces : en les mettant en commun, peu à peu se dessinait le portrait d’un homme plus riche et plus complexe que ce que chaque enfant croyait en connaître. Surprise en effet pour nous 5, les frères et sœurs : nous n’avions pas eu le même père ! Au sens où sa manière d’être père pour l’aîné n’était pas sa manière d’être père pour le 5ème, 10 ans après … Il avait changé avec les années, il ne se révélait pas de la même manière à chacun de ses 5 enfants : bref au milieu de nous se tenait un père que nous ne connaissions pas vraiment. Ce n’est qu’après sa mort que nous apprenons qui il était, en sachant bien que Dieu seul nous le fera connaître en plénitude…  

Les responsables de l’animation pastorale doivent avoir ce souci : faire en sorte que des liens personnels se nouent  dans la paroisse (dans l’aumônerie etc.) ; que nos assemblées ne soient pas impersonnelles et froides ; que le tissu relationnel entre nous soit suffisamment chaleureux pour qu’un nouveau venu ne s’y sente pas un inconnu. Certains doivent assumer ce rôle de climatiseur qui souffle un air de fraternité à travers toute l’Église !

 

« Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ».

C’est vrai également de beaucoup de personnes ignorées dans la société.

- Dans une entreprise, c’est le salarié que personne ne remarque et qui pourtant fait merveille dans la vie associative ou culturelle en dehors.

- Dans une maison de retraite, c’est le pensionnaire qui passe inaperçu, mais dont on réalise  après son départ qu’il était le ciment, le lien entre tous les autres pensionnaires, par sa gentillesse et son sourire.

La_maison_de_Matriona_et_autres_recits avenir dans Communauté spirituelle- Alexandre Soljenitsyne raconte que dans l’été 1953, de retour d’exil, sans attache et sans le sou, il trouve un petit emploi de professeur de mathématiques en Russie. Dans le village, une vieille femme – Matriona – accepte de l’héberger, plus pour lui rendre service qu’autre chose. L’auteur nous raconte la vie misérable de Matriona, et le terme accidentel de son existence : la brave femme encaisse tous les travers et n’agit que pour aider son prochain. Le livre : « la maison de Matriona » s’achève par cette phrase superbe : « … elle n’avait pas accumulé d’avoir pour le jour de sa mort. Une chèvre blanc sale, un chat bancal, des ficus… Et nous tous qui vivions à ses côtés, n’avions pas compris qu’elle était ce juste dont parle le proverbe et sans lequel il n’est village qui tienne. Ni ville. Ni notre terre entière. »

Au milieu de ce village se tenait cette vieille femme, Matriona, que personne ne connaissait vraiment, mais qui pourtant soutenait le village à bout de bras de manière  invisible…

Les responsables de l’animation pastorale ont pour mission de valoriser chacun dans la communauté. Non pas de tout faire à la place des autres, mais d’appeler des autres à faire vivre le Corps du Christ. S’appuyant sur le Conseil Paroissial, les responsables des différents services paroissiaux, sans oublier les communauté de religieux-ses, ils vont chercher à discerner le charisme de chacun, et à lancer des appels en fonction du bien commun. Ne passons pas à côté des Matrionas d’aujourd’hui. Aidons-nous à rester vigilants sur la place unique, la valeur unique  de chacun.

 

« Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ».

bon-cadeau-cheque-cadeau futurBien sûr, la déclaration prophétique de Jean-Baptiste – et vous voyez que le rôle d’un prophète est de dévoiler le présent bien plus que de prédire le futur – vise d’abord Jésus, la présence de Jésus, Messie ignoré, au milieu de son peuple. C’est Jésus au présent, c’est le présent de sa présence pourrait-on dire en français, avec le double sens du mot présent : il se tient là au milieu de nous, le plus souvent ignoré, mais réellement efficace aujourd’hui. Et il est le véritable cadeau, le présent que Dieu nous fait, gracieusement, gratuitement.

- Inconnu, il se sert de tant de visages et d’évènements pour se laisser découvrir.

- Méconnu, il supporte patiemment caricatures et clichés, sans cesser de se livrer, et d’irriguer secrètement la vie du Père.

- Méprisé, il ne rend pas le mal pour le mal, et ne désespère jamais du changement du cœur de l’homme.

- Adoré, il échappe à la connaissance de ceux qui voudraient le posséder, et les emmène toujours ailleurs, vers un Dieu toujours plus grand…

Les responsables de l’animation pastorale doivent passionnément lire les signes des temps, localement. Quels signes révèlent la présence du Christ au milieu de nous ? Quelles personnes nous parlent du passage du Christ dans nos vies ? Des enfants du caté et leurs parents aux familles en deuil ou aux adultes qui demandent le baptême, le Christ ne cesse de nous donner des signes de sa présence. Aidons-nous à déchiffrer sans cesse les évènements de nos vies à la lumière de l’Évangile du Christ.

 

« Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ».

Notre Avent prend donc une couleur de présent : celui que nous attendons est déjà là au milieu de nous, en nous.

Ouvrons les yeux sur ce présent qui ne demande qu’à se manifester : la richesse et la complexité de nos proches, le rôle secret et caché des Matrionas d’aujourd’hui, l’amitié du Christ dans nos joies et dans nos peines.

 

« Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ».

Alors ne cessez pas de le chercher, et de le chercher encore…

« Le chercher avec le désir de le trouver, le trouver avec le désir de le chercher encore » (St Augustin)

Pour ne pas passer à côté de lui sans le remarquer.

Pour ne pas gâcher le présent que Dieu nous donne.

 

 

1ère lecture : Le Sauveur apporte la joie (Is 61, 1-2a.10-11)

Lecture du livre d’Isaïe

L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté, annoncer une année de bienfaits, accordée par le Seigneur.

Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a enveloppé du manteau de l’innocence, il m’a fait revêtir les vêtements du salut, comme un jeune époux se pare du diadème, comme une mariée met ses bijoux. De même que la terre fait éclore ses germes, et qu’un jardin fait germer ses semences, ainsi le Seigneur fera germer la justice et la louange devant toutes les nations.

Psaume : Lc 1, 46b-48, 49-50, 53-54

R/ J’exulte de joie en Dieu, mon Sauveur !

Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.

Il comble de bien les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour.

 

2ème lecture : Comment préparer la venue du Seigneur (1Th 5, 16-24)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens

Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne repoussez pas les prophètes, mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal.

Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et qu’il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre âme et votre corps, pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, le Dieu qui vous appelle : tout cela, il l’accomplira.

 

Evangile : « Il se tient au milieu de vous » (Jn 1, 6-8.19-28)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Prophète du Très-Haut, Jean est venu préparer la route devant le Seigneur et rendre témoignage à la Lumière. Alléluia. (cf. Lc 1, 76 ; Jn 1, 7)
Evangile de Jésus Christ selon saint Jean

Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage.

Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il le reconnut ouvertement, il déclara : « Je ne suis pas le Messie. » Ils lui demandèrent : « Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Non. — Alors es-tu le grand Prophète ? » Il répondit : « Ce n’est pas moi. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, certains des envoyés étaient des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Si tu n’es ni le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. »
Patrick BRAUD

 

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3 décembre 2014

Maintenant, je commence

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Maintenant, je commence

Homélie du 2° Dimanche de l’Avent / Année B 07/12/2014
cf. également : Res et sacramentum

« Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ».

Il y a bien un futur au cœur de la foi chrétienne. Un futur qui se retrouve dans nos 3 lectures.

- La voix d’Isaïe proclame une action de Dieu imminente dans le désert : « tout ravin sera comblé, toute montagne sera abaissée, les passages tortueux seront aplanis, la gloire du Seigneur se révélera, tous verront que le Seigneur a parlé ». (Is 40, 1-9).

- Cette voix dans le désert, Jean-Baptiste la fait à nouveau retentir : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint » (Mt 1,8).

- Et Pierre évoque l’avenir grandiose qui nous attend à partir de là : « le jour du Seigneur viendra comme un voleur. Les cieux disparaîtront, les éléments seront détruits, la terre sera brûlée, un ciel nouveau et une terre nouvelle viendront, où résidera la justice » (2P 3, 8-11).

Après l’impératif du 1er Dimanche de l’Avent : « veillez ! », voici ce que le 2ème Dimanche nous met devant un futur extraordinaire.
Veiller ouvre donc sur une promesse : il y a bien un futur à attendre ; il y a bien une plénitude de l’Esprit Saint qui nous « immergera » (baptizein en grec =baptiser) un jour.
La Bible devient Parole de Dieu pour nous lorsqu’elle nous ouvre à ce futur, à cette promesse à laquelle Dieu est et sera fidèle.
Cet avenir de Dieu sera sans commune mesure avec le temps présent : il s’agit bien d’une nouvelle création du monde, selon Isaïe, que la Résurrection du Christ le 8ème jour inaugure et anticipe.

Quand cela arrivera-t-il ? Nous n’en savons rien.
Jésus lui-même avoue ne pas savoir (Mc 13,32) : seul le Père peut en fixer le moment. Mais ce que nous savons, c’est que« le temps est court » (1Co 7,29) ; qu’il va vers sa plénitude (la « fin des temps »), et que cette plénitude promise est déjà à l’œuvre.
Avouons-le : nous avons du mal à laisser ce futur de Dieu nous rejoindre. Nous extrapolons toujours ce qui se passe actuellement pour imaginer ce qui se passera après. Or Dieu est capable de faire du neuf, du radicalement neuf, dès maintenant !

Prenons quelques exemples :

Maintenant, je commence dans Communauté spirituelleDans l’évangile de Jean, la crise est ce moment « critique » où il devient manifeste que certains comportements / attitudes conduisent à la mort (‘no future’) alors que d’autres ouvrent à l’avenir. La croix est la crise suprême : pour les uns elle est la fin, pour les autres elle déchire le ciel et marque l’avenir ouvert.

Ainsi de nos crises humaines : elles marquent la fin d’un monde, mais pas encore la fin du monde ! C’est donc qu’un nouveau monde peut émerger de l’ancien qui s’efface : de nouvelles relations internationales, une régulation mondiale de l’économie, une vigilance accrue sur les dérives de la financiarisation, un souci commun du long terme etc…

L’Apocalypse n’est pas ce qu’on veut nous faire croire : pour saint Jean, ce n’est pas la catastrophe finale, c’est le dévoilement de la réalisation de la promesse de Dieu, la révélation et l’accomplissement du futur attendu !

Dans les soubresauts actuels de l’économie se révèle la vérité du système ancien. Le dévoilement de la cupidité, de la courte vue et des contradictions des marchés financiers peut contribuer à faire émerger un monde nouveau qui aura pris conscience de ses dérives et aura rebâti une économie profondément renouvelée.

Keynes, le grand économiste qui est la référence des actions publiques en ce moment, a construit sa théorie après la 1ère crise de la guerre de 14-18, n’a pas été écouté ni après cette guerre, ni après la crise de 1929. Il aura fallu attendre la 2ème guerre pour voir ses idées être appliquées après 1945, et inspirer les réactions des États à la crise de 2008.

Chaque épreuve peut devenir un seuil.
De la crise peut émerger un monde nouveau ; de tout mal peut émerger un bien plus grand encore.

D’autres exemples pourraient être pris dans l’histoire personnelle de chacun :

guenard%20plus%20fort%20que%20la%20haine%20 avenir dans Communauté spirituelle- La jambe cassée d’Ignace de Loyola lui a ouvert le chemin de la conversion.

- L’enfance dorée de Charles de Foucauld a déposé en lui la soif d’une vie plus intense, réalisée plus tard dans le dénuement du désert de l’Assekrem.

- L’enfance maltraitée de Tim Guénard aurait pu le conduire à la haine ; mais il parcourt la France pour témoigner que l’amour du Christ l’a guéri de son passé et que l’avenir est toujours possible.

- Nous connaissons bien des personnes qui ne se laissent pas enfermer dans leur passé, qu’il soit douillet ou douloureux, mais se hâtent avec bonheur vers l’avenir qui leur vient de leur confiance en Dieu. Ils sont comme ces pèlerins qui ne se découragent jamais de marcher vers Saint Jacques de Compostelle ou le Mont St Michel, même lorsque les Pyrénées semblent trop hautes, même lorsque la marée semble trop rapide.

Un moine, le bienheureux Guérric d’Igny (1070-1157), écrivait :
« le voyageur sage et empressé, lorsqu’il sera arrivé au terme, ne fera que commencer, de sorte que, oubliant ce qui est en arrière, il se dira chaque jour : ‘maintenant, je commence’ ».
Répétez-vous chaque matin, chaque jour – de plénitude ou de crise – : « maintenant, je commence ».

D’ailleurs, c’est le début de notre évangile de ce Dimanche: « Commencement de la Bonne Nouvelle… » Cette bonne nouvelle ne fait que commencer dans mon histoire.
Et elle ira « de commencements en commencements, par d’éternels commencements qui n’auront jamais de fin » (Grégoire de Nysse).

Oui, il y a un futur.
Oui il y a une plénitude à venir.

« Maintenant, je commence ».

 

 

1ère lecture : « Préparez le chemin du Seigneur » (Is 40, 1-5.9-11)
Lecture du livre d’Isaïe

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. »
Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda :« Voici votre Dieu. » Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume : 84, 9ab.10, 11-12, 13-14

R/ Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.

J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple.
Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.

Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.

Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin.

2ème lecture : « Nous attendons les cieux nouveaux et la terre nouvelle » (2P 3, 8-14)
Lecture de la deuxième lettre de saint Pierre Apôtre

Frères bien-aimés, il y a une chose que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur n’est pas en retard pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes ; c’est pour vous qu’il patiente : car il n’accepte pas d’en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir. Pourtant, le jour du Seigneur viendra comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments en feu seront détruits, la terre, avec tout ce qu’on y a fait, sera brûlée. Ainsi, puisque tout cela est en voie de destruction, vous voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir, vous qui attendez avec tant d’impatience la venue du jour de Dieu (ce jour où les cieux embrasés seront détruits, où les éléments en feu se désagrégeront). Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. Dans l’attente de ce jour, frères bien-aimés, , faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix.

Evangile : Jean Baptiste annonce la venue du Seigneur (Mc 1, 1-8)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez la route : tout homme verra le salut de Dieu. Alléluia. (Cf. Lc 3, 4.6)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu.
Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer la route. À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
Patrick BRAUD

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