L'homélie du dimanche (prochain)

30 janvier 2022

Quand le Christ nous choisit

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Quand le Christ nous choisit

Homélie du 5° Dimanche du temps ordinaire / Année C
06/02/2022

Cf. également :

La seconde pêche
La relation maître-disciple
Porte-voix embarqué
Du hérisson à la sainteté, puis au management
Dieu en XXL
Démêler le fil du pêcheur
Ruptures et continuités : les conversions à vivre pour répondre à un appel

The Chosen

Une série télévisée fait grand bruit aux USA et a déjà débarqué en France sur C8 : The Chosen [1]. « Ceux qui ont été choisis », en anglais. Chaque épisode d’une heure environ nous montre non pas le parcours de Jésus, mais celui des protagonistes de son histoire. La série est plutôt érudite, en ce sens qu’elle fourmille de détails historiquement attestés ou vraisemblables sur la vie en Palestine au premier siècle. Financée entièrement par les dons des spectateurs (plus de 10 millions d’euros !) et distribuée en dehors des plateformes traditionnelles, la série traduite dans plus de 50 langues cumule déjà plus de 300 millions de vues dans le monde.

Le 4° épisode nous fait découvrir Simon et son frère André avec leurs associés Jean et Jacques. On voit bien qu’à eux tous, ils forment une PME déjà conséquente : 2 barques au moins, plusieurs marins-pêcheurs à leurs ordres, des commandes à honorer, des taxes romaines à payer (c’est Lévi qui s’en charge pour l’occupant !). Tout cela est fort bien rendu. Sauf peut-être la fiction romanesque où le scénariste montre Simon accablé par les dettes, ne pouvant payer l’impôt romain, et finalement bien content de la pêche miraculeuse pour apurer son bilan comptable… Sans aller jusqu’à ce degré de fiction, on peut néanmoins imaginer avec The Chosen que Simon, Jacques et Jean tels que décrits dans l’Évangile de Luc ce dimanche (Lc 5, 1-11) faisaient tourner effectivement une PME de pêche assez conséquente sur le lac de Tibériade. Une classe moyenne sans doute aisée pour l’époque. Mais un métier surprenant ! Car l’eau, la mer, la pêche ne font pas partie du génie d’Israël à cette époque, et depuis des siècles ! À tel point que les autres évangélistes juifs comme Mathieu et Marc, parlant à des juifs, utilisent toujours le terme de mer pour désigner ce que Luc a raison d’appeler lac, tellement ils avaient peur de la moindre flaque d’eau ! La retenue d’eau naturelle qui transforme le Jourdain en lac n’a guère que 21 kms de long et 13 kms de large : pas de quoi effrayer de vrais marins, comme les Phéniciens de la côte ou les autres peuples de la mer ayant envahi le pourtour de la Méditerranée quelques siècles avant. Israël n’a jamais excellé dans l’industrie maritime, ni l’art de la guerre sur l’eau. Seuls quelques textes anciens vantent la flotte de Salomon d’autrefois, mais on n’en a guère la trace. De plus, la mer faisait peur aux juifs, qui la considéraient comme la demeure des monstres marins terrifiants comme le Léviathan, ou des poissons géants comme celui qui avala Jonas, ou des tempêtes soudaines qu’ils étaient incapables d’affronter. Si bien que le moindre coup de vent sur le lac de Tibériade paraissait une tornade pour les terriens alentours.

Sombre et maléfique, lieu de la mort et de la perdition, la mer ne donnait pas bonne réputation aux métiers qui lui sont liés. Un peu comme les dockers plus tard à l’ère industrielle dans les ports, les marins-pêcheurs étaient plutôt mal vus, constituant une caste un peu à part. La majorité des habitants du pays travaillait la terre, les autres étaient artisans ou fonctionnaires. C’était le génie des peuples étrangers que de s’occuper de la pêche et de la navigation, pas d’Israël. Une autre version de l’opposition sédentaires-nomades, agriculteurs-bergers en somme.

 

Appeler non pas les justes mais les pécheurs

Et voilà que Jésus choisit 3 pêcheurs comme premiers disciples ! Choix étonnant, et même déroutant, comme Augustin en témoigne encore au IV° siècle :
Quand le Christ nous choisit dans Communauté spirituelle banniere_nl_-texte_du_j.16_01« Si le Christ avait choisi en premier lieu un orateur, l’orateur aurait pu dire: « J’ai été choisi pour mon éloquence ». S’il avait choisi un sénateur, le sénateur aurait pu dire: « J’ai été choisi à cause de mon rang ». Enfin, s’il avait choisi un empereur, l’empereur aurait pu dire : « J’ai été choisi en raison de mon pouvoir ». Que ces gens-là se taisent, qu’ils attendent un peu, qu’ils se tiennent tranquilles. Il ne faut pas les oublier ni les rejeter, mais les faire attendre un peu; ils pourront alors se glorifier de ce qu’ils sont en eux-mêmes.
« Donne-moi, dit le Christ, ce pêcheur, donne-moi cet homme simple et sans instruction, donne-moi celui avec qui le sénateur ne daigne pas parler, même quand il lui achète un poisson. Oui, donne-moi cet homme. Certes, j’accomplirai aussi mon œuvre dans le sénateur, l’orateur et l’empereur. Un jour viendra où j’agirai aussi dans le sénateur, mais mon action sera plus évidente dans le pêcheur. Le sénateur, l’orateur et l’empereur peuvent se glorifier de ce qu’ils sont : le pêcheur, uniquement du Christ. Que le pêcheur vienne leur enseigner l’humilité qui procure le salut. Que le pêcheur passe en premier. C’est par lui que l’empereur sera plus aisément attiré. »
Songez donc à ce pêcheur saint, juste, bon et rempli du Christ, qui a reçu la charge de prendre ce peuple et tous les autres en jetant son filet jusqu’au bout du monde ».
Saint Augustin (+ 430), Sermon 43, 5-6, CCL41, 510-511

Quand Dieu choisit, il ne le fait pas à la manière humaine, en appelant les plus nobles, les plus riches ou les plus réputés. Le 4e disciple appelé par Jésus confirmera cette tendance divine à contre-courant de nos critères habituels. Il choisira Lévi, le collecteur d’impôts assis au bureau des taxes de Capharnaüm (Lc 5,27-32). Un collabo ! Après les trois marins-pêcheurs, ce choix ne rehausse pas le prestige social du groupe ! D’ailleurs, la racaille invitée au festin donné par Lévi dans sa maison à cette occasion incommode fortement les pharisiens et leurs scribes ! Ce qui permet à Jésus de donner la clé de ces appels étonnants : « je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs ».

Annulus_piscatorius appel dans Communauté spirituelle

L’anneau du pêcheur porté par le pape

Paul refera ce constat anormal, justement à Corinthe, port maritime grouillant de tous les extrêmes à l’entrée de l’isthme de Corinthe. Dockers, esclaves, prostituées, gens de basse condition formaient le gros de la petite assemblée de Corinthe, dont le prestige intellectuel, spirituel et social était du coup quasi nul :
« Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort » (1 Co 1, 26 27).

Quelle Église aujourd’hui est fidèle à ce critère de choix ?
Les assemblées évangéliques dans les quartiers défavorisés débordant d’immigrés et d’Outre-Mer. Les groupes réunis par le Secours catholique, la fondation Emmaüs ou ATD Quart-Monde. Les aumôneries d’hôpital, d’EHPAD, de prison, de pavillons de psychiatrie… Les assemblées plus huppées des beaux quartiers protesteront : ‘la vraie pauvreté ne se voit pas toujours ; nous en avons aussi chez nous !’. C’est vrai, mais avouez qu’il y a quand même moins de ‘gens de rien’ à la paroisse d’Auteuil (fort respectable au demeurant !) qu’à l’aumônerie de la prison de la Santé…

Le critère évangélique du choix par Dieu des mal vus et des humbles doit nous provoquer à une relecture critique de la composition de nos assemblées, et à en tirer les conséquences : non pas renvoyer les riches, mais appeler les pauvres, les mal vus, et leur donner une place centrale !

Notons au passage deux autres caractéristiques du choix par Jésus de ses disciples : ils exercent tous un métier et cela va compter dans leur mission ; ils sont appelés à tout quitter pour suivre Jésus, et pas seulement à lui faire de la publicité.

 

Un métier, une vocation

Politik als BerufSur leur métier : il y a à la fois rupture et continuité entre leur métier et leur vocation, leur mission. Songez qu’en allemand c’est le même mot : Beruf qui veut dire métier et vocation ! Et en français, le mot métier vient du latin ministerium = ministère, service de celui qui se fait plus petit (minus) que l’autre pour le servir.
Le jeu de mots de Jésus : pêcheurs de poissons / pêcheurs d’hommes traduit cette rupture et cette continuité. Ce que marque également le détail mentionné par Luc pour Lévi : assis à son bureau de taxes, il sait manier la plume et le calcul. Il mettra ces talents au service de la rédaction de l’Évangile en devenant Matthieu. Pierre et ses compagnons mettent eux leur talent de marins-pêcheurs au service de l’avancée de la barque-Église au large, en eau profonde, c’est-à-dire chez les nations païennes (Chypre, Malte, Rome, la Turquie, la Grèce etc.).

Exercer son métier avec compétence et talent est donc l’une des meilleures préparations au ministère apostolique ! Nous l’avons peut-être oublié en Occident dans la formation des futurs prêtres… En tout cas, c’est à partir de notre métier que le Christ discerne comment nous appeler. De quoi redonner une valeur hautement spirituelle à la déontologie, à la conscience professionnelle, à l’éthique au travail, à l’excellence dans son métier. L’aventure des prêtres-ouvriers en France aurait pu développer cette veine spirituelle de l’appel lié à un métier. Mais les compromissions idéologiques avec le marxisme des années d’après-guerre ont malheureusement fait échouer cette tentative, qui nous manque cruellement à l’heure actuelle. Le Père Joseph Wrezinski, fondateur d’ATD Quart-Monde, le Père Bernard Dewaere, fondateur d’Habitat et Humanisme, Sr Irène Devos, fondatrice de Magdala etc. sont avec quelques autres des figures contemporaines du lien entre compétence professionnelle et mission ecclésiale. Mais trop rares… Les diacres permanents pourraient relever le défi (à condition qu’on ne les cantonne pas dans des fonctions liturgiques ou sacramentelles de suppléance…).

 

Tout quitter : vraiment ?

Dernière caractéristique du choix par Jésus : « tout quitter ». C’est Luc qui insiste particulièrement sur cette dimension de l’appel : « laissant tout » (les trois pêcheurs en Lc 5,11), « quittant tout » (Lévi en Lc 5,28), ils le suivirent. On peut se demander d’ailleurs comment cela s’est passé en réalité. Car on ne ferme pas une PME de pêche comme cela. Et on ne démissionne pas de la fonction publique non plus en claquant des doigts. Luc exagère donc un peu, pour montrer combien suivre le Christ se traduit tôt ou tard par de vraies coupures, des renoncements et des séparations radicales. Pas même le temps de vendre la pêche miraculeuse et les 2 barques pour se constituer un petit capital d’avance ! Pas même le temps de négocier le solde de tout compte que l’État romain doit à Lévi !

riche métier« Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre », dira Pierre (Mc 10,28). Tout quitter  restera un idéal à atteindre, que François d’Assise, Charles de Foucauld, Mère Teresa et quelques grandes figures de sainteté ont réellement mis en œuvre. Mais la plupart du temps, il est humain, très humain de reprendre d’une main ce qu’on a cru donner de l’autre. Certains prêtres et religieuses ont quitté une possible vie de famille ou de succès séculier, mais récupèrent très vite un prestige, une autorité, une notoriété, un statut social fort enviables, sans compter une sécurité matérielle aujourd’hui appréciable. N’oublions pas que rentrer dans les ordres fut une promotion sociale pendant des siècles ! Et paradoxalement cela le redevient, avec le cléricalisme de nombre de jeunes prêtres dans des petits cercles de catholiques privilégiés…

 

Qu’as-tu quitté pour suivre le Christ ?
Qu’as-tu récupéré, plus ou moins consciemment ?
Si tu as panaché ton adhésion comme on ventile une épargne entre des fonds à risque, des assurances-vie, de l’immobilier etc. alors tu vas jouer sur tous les tableaux en même temps, et tu vas perdre sur l’essentiel !

Laissons donc le Christ choisir à sa manière qui il veut.
Cultivons le métier où nous pourrons entendre cet appel.
Préparons-nous à tout quitter, c’est-à-dire au moins davantage que nos petites concessions à l’Évangile…

 


[1]. Cf. https://watch.angelstudios.com/thechosen (choisissez « French » dans les sous-titres en cliquant sur les 3 points en bas à droite)

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 1-2a.3-8)

Lecture du livre du prophète Isaïe
L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils se criaient l’un à l’autre : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. » Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée. Je dis alors : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! » L’un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il l’approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné. » J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »

Psaume

(Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 4-5, 7c-8)
R/ Je te chante, Seigneur, en présence des anges.
 (cf. Ps 137, 1c)

De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.

Tous les rois de la terre te rendent grâce
quand ils entendent les paroles de ta bouche.
Ils chantent les chemins du Seigneur :
« Qu’elle est grande, la gloire du Seigneur ! »

Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.

Deuxième lecture
« Voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez » (1 Co 15, 1-11)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Évangile, vous l’avez reçu ; c’est en lui que vous tenez bon, c’est par lui que vous serez sauvés si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants. Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze ; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont endormis dans la mort –, ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres. Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis. Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi.
Bref, qu’il s’agisse de moi ou des autres, voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez.

Évangile
« Laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 1-11)
Alléluia. Alléluia. 
« Venez à ma suite, dit le Seigneur, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Alléluia. (Mt 4, 19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.
Patrick BRAUD

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17 janvier 2021

Que nous faut-il quitter ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Que nous faut-il quitter ?

Homélie pour le 3° dimanche du Temps Ordinaire / Année B
24/01/2021

Cf. également :

Ruptures et continuités : les conversions à vivre pour répondre à un appel
Il était une fois Jonas…
La « réserve eschatologique »
De la baleine au ricin : Jonas, notre jalousie
La soumission consentie
Les 153 gros poissons
Secouez la poussière de vos pieds

Que nous faut-il quitter ? dans Communauté spirituelleThierry me téléphone pour les fêtes de fin d’année :
– Je reviens de loin tu sais !
– Qu’est-ce qui t’es arrivé ?
– En novembre, j’ai fait un infarctus. Urgences, opération : ils m’ont posé des stents, et apparemment ça allait bien. Mais des complications sont apparues : ils ont même dû me ré-hospitaliser ! Nouvelle opération pour recoudre la cloison mitrale qui fuyait, et double pontage en prime…
– Eh bien !… Quelles conséquences pour toi maintenant ?
– La première chose que j’ai faite immédiatement, c’est arrêter de fumer. Je me craquais un paquet par jour avant. Désormais c’est terminé. Pas besoin de patch ni de cure : j’ai eu trop peur ! Il est temps que je remette un peu d’ordre là-dedans…

Nous sommes sans doute nombreux à avoir eu ce dialogue avec quelqu’un qui a soudain pris  conscience de ce qu’il lui fallait quitter s’il voulait retrouver sa santé, son équilibre, sa joie de vivre. Ici, c’est le paquet de cigarettes quotidien. Une autre fois, ce sera la dépendance à l’alcool, au jeu, ou bien une relation malsaine, des influences négatives etc.

Le premier pas pour devenir libre est souvent de rompre avec ce qui nous en empêche. Tant que cela ne va pas trop mal, chacun peut s’habituer à ses esclavages, consentir à telle soumission. Dès que la situation se dégrade, il apparaît clairement que certaines amarres sont à larguer si on veut avancer, ou simplement survivre.

Le moteur pour changer est la plupart du temps la peur : peur de mourir, de s’étioler sur place,  de se renier soi-même. C’est parfois le désir d’une vie meilleure, un but enfin clairement identifié pour lequel on est prêt à faire des sacrifices s’il le faut.

Toujours est-il qu’il semble impossible humainement de devenir soi-même sans apprendre à quitter : quitter le sein maternel pour naître au monde, quitter l’enfance pour faire des choix adultes, quitter sa zone de confort pour progresser ailleurs, quitter ses erreurs pour accueillir le vrai, et finalement quitter cette vie pour naître à l’autre.

Dans l’Évangile de Marc, dès l’appel des premiers disciples, Jésus leur manifeste cet impératif de laisser derrière eux les filets qui les emprisonnent (Mc 1, 14-20) :
« Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent ».

Le symbolisme des filets est ambivalent, comme toujours dans la Bible.
50508984-mains-de-p%C3%AAcheur-r%C3%A9parer-les-filets-commerciaux André dans Communauté spirituelleIci, les filets représentent les liens qui maintiennent ces pêcheurs rivés à leur entreprise familiale, à leur dialecte, à leur terre de Galilée. Ne dit-on pas à juste titre : ‘attirer ou prendre quelqu’un dans ses filets’ pour exprimer le piège tendu par un séducteur ? Ces filets qui emprisonnent les poissons les tiennent en même temps sous leur coupe : impossible pour Simon et André d’être autre chose que des pêcheurs galiléens s’ils restent pris dans les mailles de leur condition d’origine. Pire encore (sur le plan symbolique) : Jacques et Jean un peu plus loin sont dans la barque et s’attachent à réparer leurs filets qui pourtant les maintiennent dans la nasse de leur condition :
« Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite ».
Nous sommes hélas capables de réparer nous-mêmes les entraves qui nous assujettissent ! Nous entretenons avec complaisance les addictions qui nous dominent, les soumissions qui nous avilissent, les influences qui nous détournent de nous-mêmes. Du coup, Jacques et Jean laissent là leur barque (leur métier), leur père (leur situation familiale), leurs ouvriers (leur entreprise) pour suivre Jésus. Les filets contenaient bien ces différents aspects de leur vie antérieure. Dans les deux cas, c’est aussitôt qu’ils quittent leurs filets : aussi soudainement que Thierry abandonnait la cigarette, aussi entièrement.

Au siècle dernier, Mannick chantait les bateaux capables de partir « deux par deux affronter le gros temps quand l’orage est sur eux », « les bateaux qui s’égratignent un peu sur les routes océanes où les mènent leurs jeux », alors que tant d’autres croupissent sans sortir du port :

Je connais des bateaux qui restent dans le port
De peur que les courants les entraînent trop fort
Je connais des bateaux qui rouillent dans le port
À ne jamais risquer une voile au dehors.

Je connais des bateaux qui oublient de partir
Ils ont peur de la mer à force de vieillir
Et les vagues, jamais, ne les ont séparés
Leur voyage est fini avant de commencer.

 

 appelL’ambivalence des filets se révélera à la fin de l’Évangile de Jean, après la résurrection. Simon Pierre retourne pêcher avec Jacques et Jean, et cette fois-ci leurs filets ne les emprisonnent pas : après les 153 gros poissons qui ont failli faire craquer les filets en les remontant, ils iront en Judée, en Samarie et jusqu’à Rome pour annoncer le Christ. Les filets deviennent alors une figure du salut apporté aux hommes grâce à la prédication de l’Évangile. En effet, la mer a toujours été pour les israélites le lieu des forces obscures, des monstres sous-marins terrifiants (comme le Léviathan), du mal et de la mort. Sortir les poissons hors de l’eau, c’est donc tirer l’humanité hors des ténèbres. Les hisser avec les filets dans la barque-Église, c’est par le baptême offrir la vie éternelle à ceux qui désirent suivre Jésus.

On pourrait dire qu’au bord du lac de Galilée les premiers disciples quittent leurs filets de pêcheurs pour un jour manier leurs filets de pêcheurs d’hommes.

Indice précieux : la rupture n’a pas son but en elle-même. Il ne s’agit pas de quitter pour quitter – d’ailleurs, qui en serait capable ? – mais de quitter pour un but meilleur, plus désirable, qui va mobiliser toutes nos énergies. Thierry n’a pas quitté la cigarette pour réaliser un exploit : il l’a fait pour retrouver sa santé. Le mari qui a une maîtresse la quittera s’il veut réellement retrouver son couple et sa famille. Sinon il s’habituera à une double vie. L’esclave prendra le risque de s’échapper s’il désire vraiment vivre libre, sinon il préférera son esclavage.

La question n’est donc pas seulement : que nous faut-il quitter ? Mais également : pour quoi (pour qui) nous faut-il quitter ? Si nous identifions avec clarté et conviction l’objectif que nous désirons réellement, ce qu’il nous faut quitter nous apparaîtra en pleine conscience et la motivation pour y aller viendra en même temps.

Que me faut-il quitter dans les mois qui viennent ?

Ne répondons pas trop vite, sinon nous nous tromperons de cible. Prenons le temps d’habiter cette question, avec son corollaire : où aller ?
Dimanche dernier, deux disciples de Jean-Baptiste le quittaient pour se mettre à la suite du Christ : où demeures-tu ?
Ce dimanche, quatre pêcheurs quittent leur filet, leur barque, leur père, leurs ouvriers pour suivre Jésus.

Et vous, qu’allez-vous quitter ? Dans quel but ?

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Les gens de Ninive se détournèrent de leur conduite mauvaise » (Jon 3, 1-5.10)

Lecture du livre de Jonas

La parole du Seigneur fut adressée de nouveau à Jonas : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle. » Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. Or, Ninive était une ville extraordinairement grande : il fallait trois jours pour la traverser. Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! » Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac.
En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.

 

PSAUME
(24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9)
R/ Seigneur, enseigne-moi tes chemins. (24, 4a)

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi,Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Dans ton amour, ne m’oublie pas,
en raison de ta bonté, Seigneur.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

 

DEUXIÈME LECTURE
« Il passe, ce monde tel que nous le voyons » (1 Co 7, 29-31)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères, je dois vous le dire : le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme, ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui ont de la joie, comme s’ils n’en avaient pas, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas vraiment. Car il passe, ce monde tel que nous le voyons.

 

ÉVANGILE
« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 14-20)
Alléluia. Alléluia.Le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. Alléluia. (Mc 1, 15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Après l’arrestation de Jean le Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.
Patrick BRAUD

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6 mars 2017

Leikh leikha : Va vers toi !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Leikh leikha : Va vers toi !

Homélie du 2° Dimanche de Carême / Année A
12/03/2017

Cf. également :
Dressons trois tentes…
La vraie beauté d’un être humain
Visage exposé, à l’écart, en hauteur
Figurez-vous la figure des figures

Traduire, trahir

"Traduttore, traditore"

Renoncer à soi-même, obéir à Dieu, oublier son ego, penser d’abord aux autres… : nous sommes tous habités de ces représentations religieuses où il faudrait s’éloigner de soi pour aller vers Dieu, renoncer au monde pour trouver Dieu. Notre première lecture de ce dimanche semble abonder en ce sens : quitte ton pays, la maison de ton père… Mais est-ce bien cela ? Traduttore, traditore, disaient les Anciens. Traduire, c’est trahir ! Et la traduction française des bibles courantes commet ici un lourd faux sens. En hébreu, leikh leikha se traduit littéralement par : va vers toi. C’est totalement différent de : quitte ton pays ! Le grand commentateur juif médiéval de la Torah, Rachi de Troyes, n’avait pas perdu ce sens premier lorsqu’il traduit : va pour toi, pour ton bonheur. Et il ajoute :

« Pour ton bonheur et pour ton bien. C’est là-bas que je te ferai devenir une grande nation. Ici tu n’auras pas la faveur d’avoir des enfants (Roch haChana 16b).tations religieuses où il faudrait s’éloigner de soi pour aller vers Dieu, renoncer au monde pour trouver Dieu. Notre première lecture de ce dimanche semble abonder en ce sens : quitte ton pays, la maison de ton père… Mais est-ce bien cela ? Traduttore, traditore, disaient les Anciens. Traduire, c’est trahir ! Et la traduction française des bibles courantes commet ici un lourd faux sens. En hébreu, leikh leikha se traduit littéralement par : va vers toi. C’est totalement différent de : quitte ton pays ! Le grand commentateur juif médiéval de la Torah, Rachi de Troyes, n’avait pas perdu ce sens premier lorsqu’il traduit : « va pour toi, pour ton bonheur. » Et il ajoute :

Et de plus, je ferai connaître ta nature à travers le monde (Midrach tan‘houma Lèkh lekha 3) ».

La psychanalyste Marie Balmarie a retrouvé cette exégèse de Rachi, et elle en a bondi de joie !

« YHWH ne dit pas non plus à Abram : Viens vers moi. Ni même : Monte vers moi. […] YHWH est celui qui appelle l’homme vers l’homme : ceci m’apparaît comme un événement d’une portée incalculable pour le devenir conscient de l’humanité. Avec quelle joie n’ai-je pas lu, dans ma jeunesse, le « Deviens qui tu es » de Nietzsche. Et de quelle libération était porteuse la formule de Freud : « Où ça était, je dois advenir » (Wo es war, soll ich werden). Qui nous aurait dit que ces deux perles de la parole venaient croiser si fortement l’appel originaire d’Israël nous aurait beaucoup surpris. Ce « Va vers toi » a pu dormir durant des siècles dans cet écrit sans que la plupart d’entre nous y aient accès. […]
Par une des roueries de l’histoire, cet appel divin qui n’a pas été retenu dans sa lettre par ceux qui voulaient transmettre Dieu, a été trouvé sans le savoir par ceux qui pensaient l’homme malade à cause du religieux (Nietzsche, Freud par exemple).
Comme si le chemin était meilleur pour trouver Dieu, de chercher l’homme que de chercher Dieu lui-même, et la maladie une meilleure voie vers la vérité que la théologie [1].

Leikh leikha : Va vers toi ! dans Communauté spirituelle Va-vers-toi

Va vers toi. Dieu ne demande pas à Abraham de venir vers Lui. Il ne l’invite pas à se quitter : au contraire, à se retrouver. Il ne l’appelle pas à renoncer à tout, mais à découvrir la vraie possession de soi. C’est comme s’il disait : ‘c’est en cherchant qui tu es que tu me trouveras.

Va vers toi. C’est au plus intime de toi que se cache ton identité divine, et le vrai voyage est d’entreprendre ce pèlerinage intérieur. Pour cela, oui, il te faudra quitter : quitter tes représentations paternelles (la maison de ton père), le polythéisme familial (donc tes idoles)… Si tu vas vers toi, je ferai de toi une bénédiction pour tous, car tous verront que ce chemin de soi à soi est ouvert et possible pour chacun’.

Dieu ne demande pas ici d’aller vers Lui : parce qu’il est amour, il désire que chacun trouve sa voie, son épanouissement, sa propre identité. 

Lorsque les parents sont assez désintéressés pour encourager leur enfant à se réaliser selon sa propre voie, même si ce n’est pas celle qu’ils auraient choisie pour lui, ils commencent à aimer comme Dieu aime, à devenir père et mère comme Dieu est Père et Mère.

Va vers toi est à la parole parentale indispensable pour qu’un enfant largue les amarres et ose chercher à réaliser sa vraie vocation. Celui qui entreprend ce pèlerinage intérieur vers soi va en même temps vers Dieu, qu’il le sache ou non, qu’il le veuille ou non.

 

Jésus en quête de lui-même

Jésus unira les trois amours (de Dieu / des autres / de soi) en une seule exigence. Tout au long de ses rencontres, des conflits qui les jalonnent, il ne cessera de demander aux autres et à soi-même : qui suis-je ? Aller vers soi s’incarnera alors pour lui dans la figure du messie humilié annoncé par les Écritures. Jusqu’au bout, il se battra pour devenir ce qu’il est au plus profond de lui-même : le fils de Dieu, celui qui se reçoit entièrement de son Père, celui qui fait corps avec les exclus pour les ramener dans l’intimité trinitaire. Mieux encore qu’Abraham quittant son pays pour devenir lui-même, Jésus prendra tous les risques pour découvrir qui il est, et s’accomplir en accomplissant sa mission. C’est une question de fidélité à soi-même.

Aller vers soi est tellement fondateur que c’est comme une nouvelle naissance. D’ailleurs, Dieu change souvent le nom de celui qui accouche ainsi de lui-même. Abram deviendra Abraham, comme Saraï (‘ma princesse’) deviendra Sarah (‘princesse’, sans le possessif de son époux). Jésus changera de même le nom de Simon en Pierre, de Saül en Paul etc. Les moines et moniales continuent à changer de prénom lorsqu’ils prononcent leurs vœux, signe qu’ils se sont ainsi trouvés en l’abbaye où ils jettent l’ancre pour plonger au plus profond d’eux-mêmes. Le pape fait de même en répondant à l’appel des cardinaux etc.

 

Le « va vers toi » des amoureux

L’expression leikh leikha en hébreu est unique dans toute la Bible. Pourtant, il y a deux autres passages, et ceux-là seulement, qui sont très proches. Ils sont, dans le Cantique des cantiques, constitutifs de l’appel du bien-aimé à sa bien-aimée. À tel point que Chouraqui n’hésite pas à traduire :

Il répond, mon amant, et me dit : Lève-toi vers toi-mêmema compagne, ma belle, et va vers toi-même !
Oui, voici, l’hiver est passé,la pluie a cessé, elle s’en est allée.
Les bourgeons se voient sur terre,le temps du rossignol est arrivé,la voix de la tourterelle s’entend sur notre terre.
Le figuier embaume ses sycones,les vignes en pousse donnent leur parfum.
Lève-toi vers toi-même, ma compagne, ma belle, et va vers toi-même ! (Ct 2, 10-13)

lekh-lekha-2-hesychia-1-e1536662199461 Abraham dans Communauté spirituelle

À l’image de Dieu appelant Abraham à aller vers lui-même, l’amant invite celle qu’il aime à se lever (c’est le verbe de la résurrection) pour aller vers elle-même. Et ce faisant, il lui promet sans aucun doute d’être à ses côtés tout au long de ce pèlerinage intérieur, pour l’accompagner dans sa quête si personnelle.

« Deviens qui tu es… » Celui qui profère une telle parole devant autrui sans lui promettre en même temps d’être là, d’être présent à ce que l’autre deviendra, qu’a-t-il vraiment accompli pour l’homme ? Autant dire au mendiant « Sois heureux » en passant son chemin. (Marie Balamry, ibid)

 Le véritable amour n’est pas de posséder l’autre, mais de lui donner envie de se lever et de devenir soi. Lacan ne dira pas autre chose : désirer l’autre ne suffit pas, l’amour consiste à désirer le désir de l’autre.

Va vers toi : l’appel amoureux n’est pas possessif ; il libère en l’autre l’énergie et l’envie d’être pleinement lui-même. Il l’accompagne humblement, pour être à ses côtés le fervent supporter, le puissant sponsor au service du rendez-vous de l’être aimé avec lui-même…

Va vers toi : on devine ce que cet appel peut changer dans le style de management en entreprise, dans le coaching sportif, musical, dans l’éducation, dans l’enseignement…

Puissions-nous comme Abraham nous mettre en route vers nous-mêmes, et transmettre cet appel à d’autres !

 


[1] . In L’Univers de la Bible, Ed. Lidis, vol. 6, p. 31 ss.

 

 

PREMIÈRE LECTURE
Vocation d’Abraham, père du peuple de Dieu (Gn 12, 1-4a)
Lecture du livre de la Genèse

En ces jours-là, le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. »  Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth s’en alla avec lui.

PSAUME
(Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22)
R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, comme notre espoir est en toi ! (Ps 32, 22)

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !

DEUXIÈME LECTURE
Dieu nous appelle et nous éclaire (2 Tm 1, 8b-10)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée

Fils bien-aimé, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. Car Dieu nous a sauvés, il nous a appelés à une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce. Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles, et maintenant elle est devenue visible, car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté : il a détruit la mort, et il a fait resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Évangile.

ÉVANGILE
« Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 1-9)
Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.
De la nuée lumineuse, la voix du Père a retenti : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »
Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.
Patrick BRAUD

 

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16 janvier 2017

L’épervier de la fraternité

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L’épervier de la fraternité

Cf. également :

Descendre habiter aux carrefours des peuples

Ruptures et continuités : les conversions à vivre pour répondre à un appel

Quand Dieu appelle

Le polythéisme des valeurs

Les 153 gros poissons

Homélie du 3° dimanche du temps ordinaire / Année A 22/01/2017

Le jeu de l’épervier

Vous avez sûrement joué, enfants, au jeu de l’épervier dans la cour de récréation. Une bande de gamins forme une chaîne, comme un long filet de chalut, en se tenant la main. D’autres, non liés, leur font face. Au signal, tel un épervier fondant sur sa proie, la chaîne humaine doit avancer et capturer ceux d’en face qui n’arriveraient pas à passer entre les mailles du filet.

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C’est bien un filet de pêche style épervier que jettent ensemble Simon et André dans la ‘mer’ (le lac !) de Tibériade. Un large filet, souvent garni de petits plombs pour le faire plonger rapidement, qu’on jette à la mer pour capturer par surprise les poissons passant par là. Il faut le remonter très vite pour que le piège se referme sur les poissons avant qu’ils aient le temps de comprendre ce qui leur arrive…

L’appel de Jésus se calque sur cette technique ancestrale : joindre ses efforts pour tirer hors de la mer (symbole du mal et de la mort pour les hébreux, piètres navigateurs) le maximum d’hommes et de femmes à sauver. Il y a deux mots grecs dans notre texte qui désignent les filets : aμφίβληστρον(amphiblēstron) = jeter ensemble à deux, et δίκτυα (diktya) = attraper, capturer. Unir ses efforts, à 2, à 4 puis bientôt à 12 pour sauver les hommes est donc la base de l’appel du Christ à le suivre.

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Des liens à renouveler

Dans une symbolique de rupture et de continuité tout à la fois, Jésus part des liens unissant ceux qu’il appelle. Ce sont nos liens qui constituent notre identité. En Dieu le premier, c’est la relation qui est subsistante, dira saint Thomas d’Aquin, c’est-à-dire que le fait d’être lié, en communion avec un autre nous constitue comme sujet, comme personne désirante et aimante, désirée et aimée.

Les liens qui unissent les quatre premiers disciples dans Mathieu sont multiples :

- liens du sang :

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Jésus appelle 2 fois 2 frères. On sait que l’un des deux pères  s’appelle Zébédée (la bande dessinée « le voyage des pères » écrira une très jolie histoire-midrash de ces pères enquêtant sur le sort de leur fils). Mais il faut quitter son père pour suivre Jésus, comme il fallait quitter son père et sa mère pour s’attacher à son conjoint et ne faire qu’un avec lui/elle (Gn 2,24).

Les liens du sang sont précieux pour grandir et recevoir. En christianisme, ils ne sont pas sacralisés mais convertis, intégrés dans une fraternité beaucoup plus grande : l’Église, l’humanité tout entière appelée à être unie à Dieu. Aucune mafia ecclésiale ne remplacera les mafias familiales ! Ce sont des liens nouveaux, ne reniant pas le meilleur de l’affection familiale (sinon Jésus n’aurait pas appelé les frères ensemble) mais les convertissant au service du salut de tous. Pendant les trois premiers siècles de persécutions, les baptisés s’appelaient entre eux frères et sœurs à cause de cette conviction. Convertir les liens du sang est toujours un défi pour évangélisation, notamment dans les cultures traditionnelles où la famille est quasi-idolâtrée.

À côté des liens du sang, d’autres points communs entre Simon et André, Jacques et Jean vont être transformés :

- liens ethniques et géographiques

Afficher l'image d'origineTous les 4 sont des galiléens, de cette région un peu ‘paumée’, à la réputation douteuse auprès des juifs de Jérusalem. D’ailleurs c’est son accent galiléen qui trahira Pierre repéré comme un disciple de Jésus par la servante du grand prêtre au moment du procès de Jésus. Et plus tard on essaiera de ridiculiser  les premiers chrétiens en les appelant «la secte des Galiléens  ».

C’est en partant de notre solidarité avec les petits, les sans-grades, ceux qui ne comptent pas, que le Christ veut nous appeler à sa suite.

Qui sont donc les galiléens d’aujourd’hui ?

 

- liens professionnels et hiérarchiques

Afficher l'image d'origineLes 4 pêcheurs appartiennent à la même TPE (très petite entreprise), dont André et Simon sont sans doute les propriétaires. Les 4 sont appelés, à égalité. Même la primauté accordée à Pierre par Jésus plus tard sera une primauté de service et non de domination. Vivre nos relations professionnelles, nos subordinations ou nos commandements hiérarchiques à la lumière de cet appel du Christ est donc révolutionnaire. Devant lui, l’employé à temps partiel au SMIC a autant de valeur que le PDG de Renault. Car il faut quitter ses filets d’avant pour suivre le Christ. En même temps, le fait d’avoir travaillé ensemble se prolongera dans la mission commune des 12 apôtres.

Introduire la fraternité évangélique dans les rapports d’entreprise et de production n’est pas une utopie : c’est un appel du Christ. Ou alors, si c’est une utopie, c’est une utopie féconde qui inspire des entrepreneurs et les pousse à révolutionner la manière de travailler ensemble, de partager le fruit du travail, de faire prospérer la barque commune…

- liens sociaux et spirituels

Les pêcheurs formaient une catégorie sociale à part. Ces « gens de la mer » (ἁλιεῖς = halieis,comme l’écrit le texte grec) ont des odeurs, un vocabulaire, un statut social à part, peu prisé. Répétons que les hébreux avaient peur de la mer, royaume de l’obscur, mal maîtrisée, capable de déluge semblable à la mort. La pêche des quatre est ici symbolique du combat contre les forces du mal et de la mort. Ils affrontent l’abîme empli de terreur pour en soustraire quelques poissons rapportés à terre. On se souvient que le poisson (avec l’acronyme Christus en grec) était le symbole de reconnaissance des baptisés dans les catacombes… L’appel du Christ se situe résolument dans ce combat spirituel : ne rêvez pas d’une mission sans risque, car vous aurez affaire à forte partie… Le social et le spirituel sont ainsi fortement imbriqués dans cet appel de pêcheurs de poissons et d’hommes.

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La fraternité, une idée neuve

Tous ces liens sont à convertir, à transfigurer, pour pouvoir se mettre à la suite du Christ. Celui qui les englobe tous est le lien de la fraternité. «Vous navez quun seul Père, et vous êtes tous frères  »(Mt 23/8-9).

Afficher l'image d'origineValeur républicaine s’il en est, inscrite sur les frontons de nos mairies avec les deux autres, la fraternité est pourtant la grande oubliée de la République française. Les libéraux, de droite ou de gauche, mettent tout en œuvre pour que la liberté d’entreprendre, l’initiative individuelle, la liberté de consommer, de circuler, soient assurées par le pouvoir politique. La gauche traditionnelle met l’égalité au-dessus de tout : par la fiscalité, la législation, les aides sociales etc. Très peu de politiques intègrent le troisième terme – la fraternité – dans leurs programmes. Ils sont démunis devant les peurs réciproques isolant des quartiers où des classes sociales. Ils ne comprennent pas les haines religieuses ou ethniques qui resurgissent régulièrement. Peut-être parce que eux-mêmes ne vivent que des fraternités sélectives et privilégiées, de l’ENA à la loge maçonnique, de la même classe préparatoire au même club de golf ou de tennis… Plus  la responsabilité confiée est grande, plus les politiques devraient approfondir leurs  liens fraternels avec les galiléens, les pêcheurs, les sans-grades desquels leur  fonction les éloigne et les isole. Cela vaut d’ailleurs pour tous les niveaux hiérarchiques, en entreprise, en Église…

Cette fraternité demande d’abord de vivre et de partager l’intimité, sans calcul. À la manière de Jésus et de ses apôtres partageant l’itinérance sur les chemins de Judée et d’Israël, mangeant et buvant ensemble, traversant ensemble succès et échecs, rencontres étonnantes et oppositions farouches.

Le Net de la fraternité

En anglais, filet se dit : net. Internet est par nature le projet de relier les hommes entre eux à la manière du filet des pêcheurs de Tibériade : à égalité (les grades ne servent à rien sur le Net), pour unir les efforts (penser à Wikipédia, au décryptage du génome humain, aux logiciels Open Source etc. !) afin de relier entre eux des internautes autrement isolés. Le filet du Web peut donc devenir un média de la fraternité.

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On y trouve évidemment le meilleur et le pire mélangés. Mais convertir ce puissant outil au service de la fraternité est un appel impérieux. Les exemples en sont nombreux : des sites coopératifs au crowfunding en passant par des pétitions ou du gratuit, des sites de rencontre utiles aux MOOC démocratisant le savoir, les initiatives foisonnent pour que le Net devienne vraiment un lien fraternel entre des gens que tout éloigne autrement. Cela n’exclut pas, au contraire, la fraternité physique : le sport, la chorale, l’associatif etc. La multiplication de ces sources de fraternité est vitale, sinon la liberté d’un côté et l’égalité de l’autre se feront la guerre, s’affronteront dans ce que Max Weber appelait le polythéisme des valeurs. Et les politiques à eux seuls ne peuvent assurer ce terreau fraternel.

Alors, jetons nos filets d’avant, et comme Simon et André, Jacques et Jean, mettons-nous à la suite du frère universel, comme Charles de Foucauld aimait à appeler Jésus.

Jetons ensemble l’épervier de la fraternité sur les eaux troubles qui nous entourent.

 

1ère lecture : Dans la Galilée des nations le peuple a vu se lever une grande lumière (Is 8, 23b – 9, 3) Lecture du livre du prophète Isaïe

Dans un premier temps, le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ; mais ensuite, il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée des nations. Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane.

Psaume : Ps 26 (27), 1, 4abcd, 13-14
R/ Le Seigneur est ma lumière et mon salut. Ps 26, 1a)

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?

J’ai demandé une chose au Seigneur,
la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur
tous les jours de ma vie,

Mais j’en suis sûr,
je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur.

2ème lecture : « Tenez tous le même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous » (1 Co 1, 10-13.17)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ : ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions. Il m’a été rapporté à votre sujet, mes frères, par les gens de chez Chloé, qu’il y a entre vous des rivalités. Je m’explique. Chacun de vous prend parti en disant : « Moi, j’appartiens à Paul », ou bien : « Moi, j’appartiens à Apollos », ou bien : « Moi, j’appartiens à Pierre », ou bien : « Moi, j’appartiens au Christ ». Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? Le Christ, en effet, ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Évangile, et cela sans avoir recours au langage de la sagesse humaine, ce qui rendrait vaine la croix du Christ.

Evangile : Il vint habiter à Capharnaüm pour que soit accomplie la parole d’Isaïe (Mt 4, 12-23)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Jésus proclamait l’Évangile du Royaume, et guérissait toute maladie dans le peuple. Alléluia. (cf. Mt 4, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali,route de la mer et pays au-delà du Jourdain,Galilée des nations !Le peuple qui habitait dans les ténèbresa vu une grande lumière.Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort,une lumière s’est levée. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »  Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.  De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.  Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.
Patrick BRAUD

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