L'homélie du dimanche (prochain)

15 avril 2015

Le premier cri de l’Église

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 01 min

Le premier cri de l’Église

 

Homélie du 3° Dimanche de Pâques / Année B
19/04/15

 cf. également :  Le cognac de la foi

Bon foin ne suffit pas

Le cri primal

Le premier cri de l'Église dans Communauté spirituelle 18815341Vous souvenez-vous du premier cri d’un bébé juste sorti du ventre de sa mère ?

Lorsque les eaux refluent de ses poumons, et que la dilatation subite de ses alvéoles le fait  crier sous l’effet de la pression de l’air ?

Nous interprétons à juste titre ce premier cri comme un heureux signe, joie et douleur mêlées, car c’est le cri de la vie naissante.

        

Le kérygme

Eh bien, ce matin vous entendez le 1° cri du bébé-Église !

Près du Temple de Jérusalem, au Portique de Salomon – lieu symbolique ! – Pierre laisse sortir du groupe des Douze ce cri qui déchire la foule en attente : « Lui, le serviteur Jésus, le chef des vivants, vous l’avez tué, mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins » (Ac 3, 13-19).

Cette annonce de la Résurrection, c’est le premiercri de l’Église naissante, c’est le cœur de son message.

Droit au but : Pierre annonce l’essentiel, sans se perdre en fioritures ou détails accessoires. « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, il est vivant dans la force de l’Esprit. Nous en sommes témoins. C’est notre espérance pour toute l’humanité ».

Et il y a dans les Actes des Apôtres une vingtaine de cris de ce type (qu’on appelle le ‘kérygme’ en termes exégétiques) : comme une maternité où les nouveaux-nés s’entraînent mutuellement à crier pour tester leur souffle vital, le Moyen-Orient bruisse dans les Actes des Apôtres de ces communautés chrétiennes proclamant à pleins poumons l’essentiel de leur foi : « Dieu l’a ressuscité. Nous en sommes témoins. Et c’est pour tous ! ».

Ne faudrait-il pas aujourd’hui en France retrouver le courage de cette première annonce ? L’audace d’un premier cri sur la Résurrection du Christ ? 

 

Pour une pastorale de la première annonce

Prenons acte des changements de la société française : 1 enfant sur 2 seulement sera baptisé, 1 sur 4 à peine sera catéchisé, 1 sur 10 aura un contact réel avec des chrétiens en Église. 

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Les données actualisées sont issues d’un cumul d’enquêtes réalisées par l’institut CSA au premier semestre 2012
auprès d’échantillons représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus.
22.101 personnes ont été interrogées,
dont 12.340 individus se déclarant de religion catholique.

Source © Le Télégramme

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/france-monde/france/france-dans-20-ou-30-ans-les-sans-religion-seront-majoritaires-29-03-2013-2052297.php

Au lieu de s’en lamenter, au lieu de pleurer sur les anciennes coutumes qui ne seront plus connues, regardons autrement cette réalité en face : pour beaucoup de nos contemporains – et de plus en plus – la foi chrétienne sera une idée neuve, l’Évangile une nouvelle complètement inconnue, Jésus un homme à découvrir absolument.

Voyez les touristes qui passent dans nos églises tout l’été : plutôt que de se plaindre de leur manque de culture chrétienne, on peut se passionner pour leur livrer avec la beauté de nos édifices l’essentiel de notre espérance telle qu’elle gravée sur la pierre comme dans notre cœur.

Ils ne connaissent pas la signification de la Croix ? Réjouissons de leur faire découvrir pour la première fois !

Ils n’ont jamais entendu parles des 4 évangiles ? Réjouissons-nous de leur en faire découvrir quelques pages, et déchiffrons avec eux nos façades romanes ou gothiques !

Ils ont plein d’idées préconçues ? Raison de plus pour débattre, argumenter, annoncer le cœur de la foi… !

Un adulte n’est pas baptisé ? Mais c’est l’appel à lui proposer une première découverte du Christ, une première expérience de l’amour de Dieu…

Nous autres, « vieux chrétiens », faisons souvent « comme si » les autres devaient déjà savoir qui est le Christ, comment prier, comment interpréter le patrimoine chrétien etc… D’où une certaine amertume lorsque la réalité contraire s’impose à nous. Il vaudrait mieux prendre acte de cette ignorance, et saisir la chance d’une première invitation à découvrir le Christ. Beaucoup de gens chez nous ne sont plus ni hostiles, ni indifférents ; tout simplement, ils ne connaissent pas, ils n’ont jamais vraiment entendu parler de l’Évangile. Ils n’ont au mieux que des images médiatiques, pour le meilleur et pour le pire. Mais du coup ils sont vierges sur le plan spirituel. Et même curieux. Et même intéressés lorsqu’on leur propose de découvrir le cœur de la foi.

Les fiancés qui se plongent dans la lecture de la Bible pour préparer leur mariage en ressortent des perles inconnues (qui nous étonnent, nous les ‘vieux chrétiens’).

Les enfants qui marchent vers le baptême se plongent avec délice dans leurs premières expériences de prière.

Les touristes curieux de beauté et d’histoire sont prêts à entendre un témoignage de foi qui parle de l’art sacré.

Bref, avant la catéchèse qui en sera la prolongation, avant la pratique sacramentelle qui viendra nourrir la suite, il nous faut redécouvrir en France l’importance et l’urgence de la première annonce de l’Évangile, à la manière des Actes des Apôtres.

Il nous faut susciter un intérêt pour l’Évangile : « la première annonce fait naître dans le cœur du non-croyant, de l’indifférent, ou du membre d’une autre religion un intérêt pour l’Évangile, sans qu’il s’agisse encore d’une décision ferme » (Directoire Général pour la Catéchèse n° 56).

RO30078665 criDans la mise en oeuvre de la mission de l’Église selon ses modalités les plus habituelles, notamment dans la vie des paroisses et dans la pastorale des sacrements, une transformation du même ordre est en train de se produire. Des institutions ecclésiales « classiques », qui semblaient ne rien réclamer d’autre que la conformité à des procédures bien rodées, réclament aujourd’hui, sous peine de dépérir, d’être incessamment améliorées, vérifiées, relancées. Ce qu’il suffisait naguère d’entretenir doit être aujourd’hui voulu et soutenu. Toutes sortes de démarches qu’une population majoritairement catholique nous demandait, en se coulant dans des automatismes communément admis, doivent être désormais proposées comme l’objet d’un choix. De sorte que la pastorale dite « ordinaire », souvent vécue comme une pastorale de l’accueil, doit de plus en plus devenir aussi une pastorale de la proposition. Cette évolution a quelque chose d’onéreux. Certains la vivent comme une véritable épreuve. Mais de plus en plus nombreux sont les prêtres et les laïcs qui disent s’en trouver mûris et renouvelés dans leur foi. Un nombre croissant de pasteurs et, plus largement, d’acteurs de la pastorale comprennent qu’il y a là une exigence de la mission. Ils se découvrent du même coup appelés à aller davantage au coeur même de la foi.

Lettre aux catholiques de France (les évêques français, 1996)

 

« Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! »

« Ce Jésus que vous avez tué, Dieu l’a ressuscité. Nous en sommes témoins ».

Que cette première annonce par Pierre suscite et encourage nos premières annonces ici chez nous, car là aussi nous sommes témoins de la Résurrection du Christ.

« Si eux se taisent, les pierres crieront » disait Jésus.

Nous ne pouvons pas nous taire.

Avec respect et amour, nous ne pouvons pas ne pas laisser ce cri nous traverser pour aller toucher le cœur de ceux qui ne connaissent pas le Christ, et ils sont nombreux.

 

Criez fort ! Criez bien, avec délicatesse ! Mais ne vous taisez pas….

 

1ère lecture : « Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts » (Ac 3, 13-15.17-19)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, devant le peuple, Pierre prit la parole : « Hommes d’Israël, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, alors que vous, vous l’aviez livré, vous l’aviez renié en présence de Pilate qui était décidé à le relâcher. Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins. D’ailleurs, frères, je sais bien que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait. Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. »

Psaume : 4, 2, 4.7, 9

R/ Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! ou : Alléluia ! (4, 7b)

Quand je crie, réponds-moi,
Dieu, ma justice !
Toi qui me libères dans la détresse,
pitié pour moi, écoute ma prière !

Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle,
le Seigneur entend quand je crie vers lui.
Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »
Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !

Dans la paix moi aussi,
je me couche et je dors,
car tu me donnes d’habiter, Seigneur,
seul, dans la confiance.

2ème lecture : « C’est lui qui obtient le pardon de nos péchés et de ceux du monde entier » (1 Jn 2, 1-5a)

Lecture de la première lettre de saint Jean

Mes petits enfants, je vous écris cela pour que vous évitiez le péché. Mais si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier. Voici comment nous savons que nous le connaissons : si nous gardons ses commandements. Celui qui dit : « Je le connais », et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n’est pas en lui. Mais en celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection.

Evangile : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour » (Lc 24, 35-48)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures ! Que notre cœur devienne brûlant tandis que tu nous parles.
Alléluia. (cf. Lc 24, 32)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore,  lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Patrick BRAUD

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21 mars 2015

L’Annonciation, fête islamo-chrétienne

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 18 h 55 min

L’Annonciation, fête islamo-chrétienne

 

Mercredi 25 Mars 2015 / Année B
Homélie pour la fête de l’Annonciation

 

Effet d’annonce

D’habitude, quand les hommes veulent communiquer sur quelque chose d’important, ils soignent la mise en scène. Ils convoquent les journalistes : presse écrite, télévisions… Ils plantent le décor : drapeau républicain ou syndical, écran géant ou cohorte de militants appuyant leurs discours… C’est ce qu’on appelle l’effet d’annonce. Ils espèrent ainsi que l’annonce aura tellement d’impact qu’elle créera l’évènement à elle seule, indépendamment des suites réelles données à cette annonce. D’ailleurs, beaucoup d’annonces sensationnelles proclamées avec un savant effet d’annonce n’ont eu que peu de suites en réalité après… Autrement dit : l’effet d’annonce est rarement une annonce suivie d’effets…

Ici rien de tel dans la fête de l’Annonciation qui nous réunit : pas de journalistes entre Marie et Gabriel, pas de décor majestueux sinon l’humble demeure de Nazareth, pas de groupe de partisans pour épauler la jeune fille.

L’Annonciation, fête islamo-chrétienne dans Communauté spirituelle fra_angelico_annonciation_san_marco_flor

C’est dans le secret que Marie accueille l’incroyable nouvelle de la vie divine déposée en elle. Le même secret dont Jésus a entouré cette période de 40 jours pour nous préparer à Pâques : « Ton Père voit ce que tu fais en secret : il te le revaudra » (Mt 6, 4.6.18) Il n’y a que ces 5 usages du mot « secret » en Mt, 5 étant le chiffre de la loi (les 5 livres de la Tora) : c’est en secret que la loi s’accomplit, et combien plus en Marie !

Nous passons ainsi de l’effet d’annonce à l’Annonciation…

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L’annonce faite à Marie… et à Maryam

Par exemple : savez-vous l’importance de cette fête pour le Liban ? Ce peuple, si souvent déchiré entre musulmans et chrétiens, entre chiites et sunnites, ce peuple libanais  a décrété en 2009 que le 25 Mars serait désormais Fête Nationale. Le conseil des ministres présidé par le sunnite Fouad Si­niora l’avait en effet déclarée « fête nationale islamo-chrétienne ».

Quel superbe message d’espoir : les libanais réunis autour de Marie !

C’est une particularité unique dans le monde, et c’est au Liban que cela se passe : aujourd’hui, fête de l’Annonciation, chrétiens et mu­sulmans prient officiellement ensemble. Cette journée – sobrement intitulée « Ensemble autour de Marie »sonne comme un message d’entente et de dialogue dans un pays souvent divisé.

Car pour les musulmans aussi ce jour est une grande fête. Le Coran raconte lui aussi l’annonce faite à Maryam (Marie) d’une naissance virginale. Pour l’Islam, le plus saint des prophètes, Jésus, est le Fils de Marie, et à cause de cela les musulmans ont une tendresse particulière pour Marie qu’ils vénèrent et à qui ils se confient.

 

Le Coran Sourate 19 Maryam (Marie)

220px-Mariam_and_Isa Annonciation16. Mentionne, dans le Livre (le Coran), Marie, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l’Orient.
17. Elle mit entre elle et eux un voile Nous lui envoyâmes Notre Esprit (Gabriel), qui se présenta à elle sous la forme d’un homme parfait.
18. Elle dit: « Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux Si tu es pieux, (ne m’approche point).
19. Il dit: « Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur ».
20. Elle dit: « Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m’a touchée, et je ne suis pas prostituée ? »
21. Il dit: « Ainsi sera-t-il ! Cela M’est facile, a dit ton Seigneur ! Et Nous ferons de lui un signe pour les gens, et une miséricorde de Notre part. C’est une affaire déjà décidée ».
22. Elle devient donc enceinte (de l’enfant), et elle se retira avec lui en un lieu éloigné.
23. Puis les douleurs de l’enfantement l’amenèrent au tronc du palmier, et elle dit: « Malheur à moi ! Que je fusse morte avant cet instant ! Et que je fusse totalement oubliée ! »
24. Alors, il l’appela d’au-dessous d’elle, (lui disant:) « Ne t’afflige pas Ton Seigneur a placé à tes pieds une source.
25. Secoue vers toi le tronc du palmier: il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres.
26. Mange donc et bois et que ton oeil se réjouisse ! Si tu vois quelqu’un d’entre les humains, dis (lui:) « Assurément, j’ai voué un jeûne au Tout Miséricordieux: je ne parlerai donc aujourd’hui à aucun être humain ».
27. Puis elle vint auprès des siens en le portant (le bébé) Ils dirent: « Ô Marie, tu as fait une chose monstrueuse !
28. Soeur de Haroun (Aaron), ton père n’était pas un homme de mal et ta mère n’était pas une prostituée ».
29. Elle fit alors un signe vers lui (le bébé) Ils dirent: « Comment parlerions-nous à un bébé au berceau ? »
30. Mais (le bébé) dit [1] : « Je suis vraiment le serviteur d’Allah. Il m’a donné le Livre et m’a désigné Prophète.
31. Où que je sois, Il m’a rendu béni ; et Il m’a recommandé, tant que je vivrai, la prière et la Zakat ;
32. et la bonté envers ma mère. Il ne m’a fait ni violent ni malheureux.
33. Et que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant ».

 34. Tel est Issa (Jésus), fils de Marie: parole de vérité, dont ils doutent.

 

Que Marie nous réunisse, ici en France, là-bas au Liban.

Qu’elle nous apprenne à passer de l’effet d’annonce tapageur à l’Annonciation véritable : celle qui, dans le secret des cœurs, tisse la vie divine en chacun de nous…

 

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[1] On voit ici l’influence très nette sur Mohamed et sa rédaction du Coran d’écrits apocryphes provenant de milieux chrétiens hétérodoxes. Ce « miracle » de Jésus parlant dès le berceau est mentionné dans certains textes des premiers siècles, mais n’a pas été retenu dans le Canon des Écritures chrétiennes. L’analyse historico-critique du Coran révèle bien d’autres héritages des courants de pensée juifs ou chrétiens régnant au 6° siècle en Arabie.

 

 

1ère lecture : « Voici que la vierge concevra » (Is 7, 10-14; 8, 10)

Lecture du livre d’Isaïe

Le Seigneur envoya le prophète Isaïe dire au roi Acaz :
« Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets. »
Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. »
Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! Eh bien ! Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, c’est-à-dire : Dieu-avec-nous. »

- Parole du Seigneur

Psaume : 39, 7-8a, 8b-9, 10, 11

R/ Me voici, Seigneur, pour accomplir ta volonté. (cf. 39, 8.9)

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens.


« Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles. »

J’annonce la justice
dans la grande assemblée ;
vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.

Je n’ai pas enfoui ta justice au fond de mon cœur,
je n’ai pas caché ta fidélité, ton salut ;
j’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.

2ème lecture : Le Christ entre dans le monde pour faire la volonté du Père (He 10, 4-10)
Lecture de la lettre aux Hébreux

Il est impossible, que le péché soit enlevé par le sang des animaux.
Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit, d’après le Psaume : Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps.
Tu n’as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché ; alors, je t’ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c’est bien de moi que parle l’Écriture.
Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni accepté les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les expiations pour le péché que la Loi prescrit d’offrir.
Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime l’ancien culte pour établir le nouveau.
Et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.

- Parole du Seigneur

Evangile : L’Annonciation (Lc 1, 26-38)

Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire. Venez, adorons-le. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (cf. Jn 1, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? »
L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait : ‘la femme stérile’. Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. »

Alors l’ange la quitta.
Patrick BRAUD

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23 avril 2011

Comment annoncer l’espérance de Pâques ?

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Comment annoncer l’espérance de Pâques ?

 

Homélie pour le Dimanche de Pâques / Année A 2011

Comment allez vous parler de Pâques à vos collègues de travail ? Ils évoqueront leur long week-end en famille, leur virée au bord de la mer ou en montagne. Ils raconteront peut-être les yeux brillants de leurs enfants cherchant les oeufs dans le jardin, où se barbouillant les doigts avec les chocolats de Pâques. Mais vous ? Comment allez-vous témoigner de la joie de Pâques à vos voisins, dans votre immeuble, votre quartier ?

Il suffit peut-être d’une écoute plus profonde que d’habitude, d’une disponibilité plus sereine pour l’échange banal dans l’escalier ; il suffit de laisser l’annonce nocturne vous habiter : si le Christ est ressuscité, toute rencontre humaine a une dimension d’éternité. Si Christ est vraiment ressuscité, la banalité la plus ordinaire recèle une promesse à côté de laquelle vous ne voudrez pas passer.

 

Se taire ou proclamer ?

Dans les quatre Évangiles, dans les Actes des Apôtres, les lettres de Paul, on a l’impression que l’évènement de Pâques est si fort qu’ils en parlent à tout le monde, explicitement, à temps et à contretemps.

Impossible de faire cela sans discernement aujourd’hui !

Et en plus ce serait anti-évangélique : après 17 siècles d’histoire de l’Église en France, on ne peut pas agir comme si c’était la première Pâque.

 

À tel point que certains ont cru qu’il fallait rester discrets, ne pas brandir son étendard, mais cheminer humblement avec leurs compagnons de travail, de logement, sans rien dire de leur foi en la résurrection. Plus encore, la thèse du « christianisme anonyme » (Karl Rahner) donnait à penser qu’en fait beaucoup ne sont « pas loin du royaume de Dieu », comme dit Jésus au scribe, et sont sans doute des chrétiens qui s’ignorent, au moins sur le plan éthique. Alors à quoi bon vouloir les convertir ?

Comment annoncer l'espérance de Pâques ? dans Communauté spirituelle chut000Cette attitude a été utile et même nécessaire dans les années 60-80, où l’Église en France devait renoncer à la puissance et à la domination sociale.

La situation est bien différente aujourd’hui. Non pas qu’il faille tout rejeter de cette période où l’Église se faisait « dialogue, conversation » selon la belle expression de Paul VI  en 1964 (Ecclesiam suam). L’attitude d’humilité, d’admiration devant l’éthique et le sens humain de « l’autre » sont toujours des repères évangéliques.

Mais « l’autre » justement ne partage plus la culture, le « background », le fonds commun minimum des années 60-80. Une proportion énorme de jeunes a grandi sans jamais avoir pu ouvrir une Bible. La majorité n’a entendu parler de Jésus ou de l’Église que par les Guignols de l’Info, les blogs les plus illuminés ou des événements occasionnels comme le mariage d’un ami, l’enterrement des grands-parents. Ils ne sont pas contre la résurrection du Christ, ni pour non plus. Ils ne connaissent pas. Et – sauf à nourrir une quête personnelle plus fréquente qu’on ne le croit – ils partent en week-end de Pâques comme pour le congé du 14 juillet : en ayant le sentiment quelque part il y a bien ?quelque chose’ à l’origine, mais sans trop savoir quoi.

 

Alors la situation des chrétiens n’est pas plus confortable qu’autrefois. Se taire sur la Résurrection serait comme passer à côté d’une bande de gamins désoeuvrés sans leur proposer de jouer au basket ou au rugby. Trop parler, trop vite, trop mal, serait également dévastateur.

 

Partir du désir de l’autre

Comment sortir de l’impasse ?

Relisons les annonces de la résurrection du Christ dans l’Écriture. Elles sont si nombreuses (explicites dans le Nouveau Testament, en filigrane dans l’Ancien Testament) que vous ne n’y arriverez pas en une semaine ! Eh bien, mettez-y le mois, relisez un maximum de passages où l’annonce de la résurrection retentit. En vous demandant à chaque fois : sur quoi s’appuie cette annonce ?

Reprenez les textes de la vigile et du matin de Pâques.

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- dans la nuit de Pâques, c’est sur « la visite au tombeau », sur le désir des femmes d’honorer la mémoire de leur ami que le Ressuscité s’appuie pour se manifester  (Mt 28, 1-10).

- pour Paul ce même soir, c’est sur le baptême qu’il greffe la proclamation de la Résurrection (Rm 6,3).

- le jour de Pâques, Pierre s’appuie sur la vision de Corneille, centurion romain, pour oser entrer chez lui et l’inviter à croire que « Dieu a ressuscité Jésus le troisième jour » (Ac 10,39).

- la deuxième lecture part de la célébration populaire de la fête juive de Pâques pour en dévoiler le sens profond : « Christ, notre agneau pascal, a été immolé ». (1 Co 5,7).

- l’Évangile de Jean s’appuie sur l’amour de Marie-Madeleine pour celui qu’elle vient de perdre, ce qui la pousse à « se rendre au tombeau de grand matin » (Jn, 20,1). Puis c’est la course au tombeau de Pierre et de Jean, traduisant leur course intérieure pour trouver un sens à leur vie.

 

Bref : impossible d’annoncer la joie de Pâques sans s’appuyer sur un désir, une quête, une vision, une coutume pratiquée par l’autre. Aujourd’hui encore, la perte d’un être cher, un baptême, un rêve secret, une fête populaire, une course intérieure anime sûrement ceux que nous croisons, à un moment ou à un autre.

 

La finesse du discernement spirituel

Si nous laissons l’Esprit du Ressuscité habiter en nous, il nous donnera sa finesse de discernement pour deviner l’attente la plus vraie qu’il a déposée en l’autre.

Si nous sommes à l’écoute de cette attente, si nous lui permettons de se dire, alors très simplement la proposition de la Résurrection pourra se faire, sans violence aucune, dans le respect absolu de la conscience et de la liberté de chacun.

Témoignage discret, joie rayonnante ou annonce explicite : ce qui se passera après cette première annonce ne nous appartient pas.

 

Seule compte la finesse spirituelle avec laquelle les baptisés pourront inviter à croire ce cri déchirant la nuit de Pâques : « il est ressuscité d’entre les morts ! »

 

 

Messe du jour de Pâques

1ère lecture : Les Apôtres témoins de la Résurrection (Ac 10, 34a.37-43)

 

Quand Pierre arriva de Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean :
Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui.
Et nous, les Apôtres, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l’ont fait mourir en le pendant au bois du supplice.
Et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour.
Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts.
Il nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l’a choisi comme Juge des vivants et des morts.
C’est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés. »

 

Psaume : Ps 117, 1.4, 16-17, 22-23

 

R/ Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai,
pour annoncer les actions du Seigneur.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’?uvre du Seigneur, la
merveille devant nos yeux..

 

2ème lecture : Vivre avec le Christ ressuscité (Col 3, 1-4)

 

Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre.

En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.

 

Evangile : Le tombeau vide et la foi des Apôtres (Jn 20, 1-9)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Patrick Braud

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