L'homélie du dimanche (prochain)

17 novembre 2015

Vous n’aurez pas ma haine

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 18 h 46 min

« Vous n’aurez pas ma haine »

 

Antoine Leiris vit à Paris et a perdu la mère de son fils de 17 mois, vendredi soir, lors des attaques terroristes à Paris.

Il a publié sur Facebook ce texte très beau, où il refuse la haine :

 

« Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus. »

cf. https://www.facebook.com/antoine.leiris

Des bougies bleu-blanc-rouge à Aix-en-Provence...

Mots-clés : , , , , ,

12 août 2015

Éternellement

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Éternellement

Cf. également :

Manquez, venez, quittez, servez

 

Homélie du 20° dimanche du temps ordinaire / Année B
16/08/2015

 

Le mot éternel/éternellement revient cinq fois dans ce chapitre 6 de l’évangile de Jean (appelés discours sur le pain de vie). Cinq est le chiffre de la Torah : Jean  suggère que l’eucharistie (le pain de vie) accomplit la loi en donnant l’éternité à ceux qui s’en nourrissent. « Celui qui mange ce pain vivra éternellement ».

 

La durée impensable

Mais qui oserait dire éternellement aujourd’hui ?

L’horizon de nos actions est de quelques mois pour une entreprise, quelques années pour une politique, quelques décennies pour un groupe ou une famille. Nous sommes incapables de nous représenter mentalement une très longue durée : au-delà de 5 ou 10 000 ans, nous perdons nos repères. Nous avons beau savoir que les dinosaures ont régné 170 millions d’années jusqu’à il y a environ 65 millions d’années, ils sont aussi proches de nous dans nos têtes que l’homme de Néandertal ! Notre terre a 4,5 milliards d’années, l’univers 14 milliards d’années… Et pourtant qu’est-ce que tout cela par rapport à l’éternité du temps, sinon un instant d’évolution, plus bref qu’un silence dans la partition de la neuvième symphonie de Beethoven…

Éternellement dans Communauté spirituelle vie-sur-Terre

Il y a quelque chose proprement inconcevable, inimaginable dans la promesse du Christ : « celui qui mange de ce pain vivra éternellement ». C’est peut-être pour cela que l’homme moderne, les Européens notamment, se désintéressent de plus en plus de cette perspective. Seul l’instant présent - et un peu après - semble fasciner. Tout s’engloutit dans la jouissance du moment, et la sécurité à quelques jours. La vie éternelle motive peu, alors que pourtant l’enjeu est de taille ! Parce qu’il ne peut plus penser la durée sans fin, faute de symboles et de vision globale du monde, l’auditeur de notre évangile pensera que cette question de l’éternité est bien improbable et bien gênante. Après tout, on a le temps ; on verra plus tard…

 

L’éternité comme intensité

« L’éternité, c’est long, surtout vers la fin » (Woody Allen).

couv%2B%2Bbis%2BRien%2Bne%2Bmanque%2Ba%CC%80%2Bcet%2Binstant%2B amour dans Communauté spirituelleSi la durée liée à la promesse de vie éternelle paraît impensable à beaucoup, ils ne cessent pour autant de la rechercher autrement : non plus dans la durée, mais dans l’intensité. La soif d’authenticité et de vérité nous fait faire des merveilles ! Pour une émotion artistique ou amoureuse, pour un vrai moment de solidarité ou de compassion, pour une confidence amicale ou une jubilation sportive, nous sommes prêts à investir énormément de temps et d’énergie. Tout se passe comme si la durée infinie qui est hors de portée refluait sur l’instant présent : plus il est intense, plus nous frôlons l’absolu, le divin en nous. Préparer une vie sans fin après la mort ne passionne plus grand monde. Par contre, multiplier les expériences les plus intenses pour se sentir pleinement en vie, ça ça vaut la peine !

 

L’éternité biblique

La Bible ne renie aucune de ces deux approches de l’éternité. Quand le Christ  promet la vie éternelle, il parle bien d’un autre temps, infini, après la mort. Il promet également d’expérimenter dès maintenant cette puissance invincible lorsque, ne faisant qu’un avec lui, nous goûtons dès ici-bas la joie qui sera nôtre pour toujours.

C’est ce que les théologiens appellent l’anticipation eschatologique : la vie éternelle est déjà commencée, et nous pouvons en goûter la saveur dès maintenant, en attendant de l’habiter en plénitude, éternellement.

L’Écriture contient de longues séquences qui évoquent cette dimension proprement divine de l’éternité.

La première est dans les psaumes, où un refrain obsédant accompagne la relecture de l’histoire d’Israël : « car éternel est son amour » (5 fois dans le psaume 118, 25 fois dans le psaume 136). La manière dont Dieu aime  n’est pas différente de celle dont il est, car pour lui être c’est aimer. Puisqu’il est, de toujours à toujours, il aime de même. L’amour trinitaire se prolonge pour nous en salut offert dans notre histoire, en puissance de création, en promesse de résurrection, « car éternel est son amour ».

 durée 

La deuxième séquence du mot éternel est le cantique de Daniel. Les trois enfants, dans la fournaise, exposés à la mort imminente, proclament que l’univers ne cessera jamais de remercier Dieu pour ce qu’il fait pour nous : « à lui haute gloire, louange  éternelle » (43 fois dans le cantique des trois enfants en Dn 3, 51-90).

26260_apercu eschatologie

 

Alors : éternité ou durée ?

L’essentiel est de réveiller en chacun l’inquiétude de l’éternité.

Ne pas inscrire ses actions dans une perspective infinie leur enlève cohérence et fécondité.

Ne pas désirer donner de la profondeur et de la densité à nos émotions, à nos liens les plus intimes, serait passer à côté de nous-mêmes.

La vie éternelle promise par le Christ est une certaine façon de goûter le présent, intensément, et d’expérimenter dès maintenant ce qui n’aura pas de fin, au-delà de notre mort.

 

Sachons habiter l’un sans négliger de préparer l’autre.

Apprenons à espérer pour toujours, tout en le mettant en oeuvre avec intensité.

Car éternel est son amour…

 

 

 

1ère lecture : Le banquet de la Sagesse (Pr 9, 1-6)
Lecture du livre des Proverbes

La Sagessea bâti sa maison, elle a sculpté sept colonnes.
Elle a tué ses bêtes, apprêté son vin, dressé sa table, et envoyé ses servantes. Elle proclame sur les hauteurs de la cité : « Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! »
À l’homme sans intelligence elle dit : « Venez manger mon pain, et boire le vin que j’ai apprêté ! Quittez votre folie et vous vivrez, suivez le chemin de l’intelligence. »

Psaume : 33, 2-3, 10-11, 12-13, 14-15
R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Saints du Seigneur, adorez-le : 
rien ne manque à ceux qui le craignent.
Des riches ont tout perdu, ils ont faim ; 
qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien.

Venez, mes fils, écoutez-moi, 
que je vous enseigne la crainte du Seigneur.
Qui donc aime la vie 
et désire les jours où il verra le bonheur ?

Garde ta langue du mal 
et tes lèvres des paroles perfides.
Évite le mal, fais ce qui est bien, 
poursuis la paix, recherche-la.

2ème lecture : Vivre en chrétiens dans l’action de grâce (Ep 5, 15-20)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, prenez bien garde à votre conduite : ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages.
Tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais.
Ne soyez donc pas irréfléchis, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur.
Ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche. Laissez-vous plutôt remplir par l’Esprit Saint.
Dites entre vous des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre c?ur.
À tout moment et pour toutes choses, rendez grâce à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ.

Evangile : Jésus est la vraie nourriture (Jn 6, 51-58)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Les yeux sur toi, Seigneur, tous espèrent, et tu leur donnes la nourriture au temps voulu : la chair et le sang de l’Agneau immolé. Alléluia. (cf. Ps 144, 15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi.
Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

Patrick Braud

 

Mots-clés : , , , , ,

20 décembre 2014

Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 7 h 01 min

Noël : « Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

Homélie de Noël 2014/ Année B
25/12/2014

cf. également :
Le potlatch de Noël
Noël : la trêve des braves
Noël : croyance dure ou croyance molle ?
La bienveillance de Noël

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… » (Lc 2, 1-14)

Le 1er Noël commence avec le récit d’une exclusion hélas terriblement actuelle. Bien des jeunes, lycéens ou étudiants, pensent aujourd’hui qu’il n’y a guère de place pour eux dans la société. Beaucoup de salariés vont guetter avec angoisse les conséquences de la crise économique pour voir s’ils ont toujours leur place dans l’entreprise. Certains, dans nos voisins, dans nos familles même, désespèrent tellement de trouver leur place parmi nous qu’ils en auront des idées noires, très noires…

Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… dans Communauté spirituelle Pauvrete-et-exclusion-sociale-les-grandes-lignes-du-plan-quinquennal1_large 

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

Eh bien ce soir, l’enfant de la crèche nous délivre de la peur de l’exclusion ! Il nous donne le courage d’affronter la solitude, ou la mise à l’écart, le côté difficile de toute naissance humaine. Car il a connu l’exclusion sans que cela l’arrête dans son désir d’aimer. « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1,1-18) : mais cela n’a engendré chez lui ni revanche ni jalousie maladive.

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

Oui vraiment ; de manière étonnante et paradoxale ce fragile nouveau-né dans une étable devient la source de notre force et de notre courage :

 Ce soir :

Ligoté dans ses langes, il nous délivre aujourd’hui de nos peurs qui nous paralysent.

Abrité dans une étable comme une bête, il nous révèle maintenant la vraie dignité de tout être humain qu’on ne peut traiter comme une bête.  

- Couché ce soir ‘sur la paille’, pauvre et fragile, il nous enrichit de sa sagesse.  

Mis à l’écart, pas accueillic’est lui qui accueille pourtant les bergers, les mal-aimés de la vie et nous prépare une place auprès du Père.  

Réchauffé ce soir par le souffle du bœuf et de l’âne, il nous réchauffe à son tour du souffle de son Esprit Saint.  

-  Déposé ce soir à Bethléem (la ‘maison du pain’, en hébreu) dans une mangeoire, il se livrera lui-même dans le pain de l’eucharistie en nourriture pour ceux qui ont faim et soif de vivre vraiment.   

SocialExclusionWordCloud amour dans Communauté spirituelle 

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

Les bergers dans les champs ne s’y sont pas trompés, car eux, question exclusion, ils connaissent ! Ils sont un peu comme les Gitans sur nos aires de stationnement ou à nos feux rouges : rarement désirés, souvent suspectés, toujours en marge de la société ordinaire. Ils viennent saluer en Jésus un de leurs compagnons d’exclusion qui, lui, va remporter la plus éclatante des victoires : vaincre le rejet des hommes non par la violence ou le même rejet en retour, mais par le pardon, et l’amour des ennemis…

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

Vous le voyez, Noël n’est pas seulement une belle histoire pour faire briller les yeux des enfants. C’est d’abord l’histoire d’un Dieu qui fait l’expérience du mal en venant vers nous, mais que ni le mal ni la souffrance ne pourront arrêter dans sa volonté farouche de révéler à l’homme se grandeur et sa dignité.

 

Alors fêtons Noël avec la force et le courage que nous donne le Christ, né sur le bois de la mangeoire, crucifié sur le bois de la Croix, ressuscité dans l’amour du Père.

Si nos familles traversent des épreuves, des séparations, ne désespérons pas les uns des autres : le temps peut faire son œuvre, le pardon est possible.  

Si nos familles sont dans la joie en ce moment, savourons et mettons cette joie en mémoire en l’appréciant à son juste prix.  

Si nous avons des combats importants à mener, que ce soit pour notre travail, notre santé, ou pour nos proches, ne perdons pas courage : jour après jour nous sera donnée la force pour tenir bon, pour ne pas baisser les bras.  

Et refusons les discours catastrophistes, qui se généralisent en ces temps difficiles de mutation économique : nulle fatalité n’est écrite nulle part. Nous ne pouvons pas nous conduire comme si nous n’avions pas d’espérance. Car notre espérance est immense et terriblement efficace.   

 

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… »

À Noël, notre Dieu, mis à l’écart, avec les exclus, va pourtant manifester que son amour est plus fort que nos rejets.

Appuyons-nous sur lui pour mener avec Lui le combat contre toutes les forces d’exclusion, en nous et autour de nous.

Que Noël ne soit pas seulement la fête de l’enfance, mais la fête de l’amour offert, quelques soient les oppositions, à tout âge de la vie…

 

 

Messe de la nuit

1ère lecture : « Un enfant nous est né » (Is 9, 1-6)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres
a vu se lever une grande lumière ;
et sur les habitants du pays de l’ombre,
une lumière a resplendi.
Tu as prodigué la joie,
tu as fait grandir l’allégresse :
ils se réjouissent devant toi,
comme on se réjouit de la moisson,
comme on exulte au partage du butin.
Car le joug qui pesait sur lui,
la barre qui meurtrissait son épaule,
le bâton du tyran,
tu les as brisés comme au jour de Madiane.
Et les bottes qui frappaient le sol,
et les manteaux couverts de sang,
les voilà tous brûlés :
le feu les a dévorés.

Oui, un enfant nous est né,
un fils nous a été donné !
Sur son épaule est le signe du pouvoir ;
son nom est proclamé :
« Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort,
Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. »
Et le pouvoir s’étendra,
et la paix sera sans fin
pour le trône de David et pour son règne
qu’il établira, qu’il affermira
sur le droit et la justice
dès maintenant et pour toujours.
Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !

Psaume : 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc

R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : c’est le Christ, le Seigneur.
cf. Lc 2, 11

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
car il vient pour juger la terre.

Il jugera le monde avec justice,
et les peuples selon sa vérité !

2ème lecture : « La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes » (Tt 2, 11-14)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé,
la grâce de Dieu s’est manifestée
pour le salut de tous les hommes.
Elle nous apprend à renoncer à l’impiété
et aux convoitises de ce monde,
et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable,
avec justice et piété,
attendant que se réalise la bienheureuse espérance :
la manifestation de la gloire
de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ.
Car il s’est donné pour nous
afin de nous racheter de toutes nos fautes,
et de nous purifier
pour faire de nous son peuple,
un peuple ardent à faire le bien.

Evangile : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.  Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là,
parut un édit de l’empereur Auguste,
ordonnant de recenser toute la terre
– ce premier recensement eut lieu
lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth,
vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem.
Il était en effet de la maison et de la lignée de David.
Il venait se faire recenser avec Marie,
qui lui avait été accordée en mariage
et qui était enceinte.

Or, pendant qu’ils étaient là,
le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Et elle mit au monde son fils premier-né ;
elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire,
car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers
qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs
pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux,
et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière.
Ils furent saisis d’une grande crainte.
Alors l’ange leur dit :
« Ne craignez pas,
car voici que je vous annonce une bonne nouvelle,
qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David,
vous est né un Sauveur
qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné :
vous trouverez un nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable,
qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , , , ,

11 septembre 2014

Reliques : que reste-t-il de nos amours ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Reliques : que reste-t-il de nos amours ?

 

Homélie du 24° dimanche du temps ordinaire / Année A
Fête de l’exaltation de la Croix glorieuse
14/09/2014

 

Que reste-t-il de ceux que nous avons connus ?
Ou, comme le chantait Charles Trenet : que reste-t-il de nos amours ? que reste-t-il de ces beaux jours ?…

La mémoire d’un visage, un parfum… des souvenirs qui remontent, associés aux « madeleines » de notre vécu commun : telle musique, tel objet, tel lieux précis…

Nous n’avons pas besoin d’objets matériels en théorie pour faire vivre en nous cette mémoire. Pourtant, il suffit de rentrer dans l’intimité d’une maison, d’un appartement, d’une chambre, pour lire sur les murs et les étagères les grands moments, les grandes figures qui ont marqué les habitants. Et, lors d’un héritage, on voit bien que la valeur affective et mémorielle d’une table, d’un violoncelle ou d’un tableau sont plus importants que leur valeur financière.

Et puis, lorsqu’on déménage une personne âgée de chez elle dans une résidence médicalisée, le simple fait de pouvoir poser quelques meubles et photos personnelles dans sa chambre l’aidera à ne pas être totalement déracinée.

Bref, nous avons besoin qu’il nous reste quelque chose de notre histoire individuelle.

C’est ce même besoin de garder des traces concrètes d’événements importants qui a poussé les chrétiens à garder des restes, des reliques (reliquare = ce qui reste, en latin), de ceux qui ont marqué leur histoire. Les premières reliques matérielles sont peut-être ces morceaux de la croix du Christ dont nous fêtons la découverte en ce 14 septembre, fête de l’exaltation de la croix glorieuse.

On sait que c’est l’impératrice Hélène, la mère de Constantin (IV° siècle), qui est allée chercher à Jérusalem ce qui restait de la croix du Christ et des instruments de sa Passion : la couronne d’épines, les clous, des morceaux du bois (le patibulum). On se souvient également que la Sainte-Chapelle à Paris a été construite spécialement par Saint Louis pour servir d’écrin à ces reliques qu’il y déposa en 1248 [2].

Reliques : que reste-t-il de nos amours ? dans Communauté spirituelle

Ces traces et réalistes, physiques, concrètes, du supplice de la crucifixion subie par Jésus ont toujours été vénérées avec respect par le peuple chrétien. Pas comme des preuves, pas de manière magique. Mais comme des signes de l’enracinement historique de l’événement majeur de notre foi.

En consacrant une fête liturgique annuelle en l’honneur de ces reliques, l’Église catholique redit son attachement à la réalité historique de Jésus de Nazareth, de sa Passion et de sa mise au tombeau.

Les premières reliques des chrétiens ont été pendant trois siècles liées aux martyrs suppliciés dans les arènes romaines.

Les fouilles archéologiques ont par exemple montré que le tombeau de Saint Pierre à Rome correspond vraiment aux restes de l’apôtre, recueillis par des disciples sur les lieux mêmes de son martyr, dans le cirque romain du Vatican.

 

plan-vatican amour dans Communauté spirituelle

La coutume s’est même très tôt répandue de se retrouver autour des tombes des martyrs, pour y célébrer l’eucharistie en secret [2]. Car la véritable eucharistie, c’est d’offrir sa vie, de livrer son corps et de verser son sang par amour. Pour ne jamais oublier ce vrai sens de l’eucharistie, et les martyrs qui pendant 300 ans l’ont payé de leur vie (hélas cela continue encore aujourd’hui), l’Église a ensuite placé dans ses autels des reliques de ses martyrs. Ainsi, en célébrant l’eucharistie sur des restes humains de ceux qui en ont été le prototype, les chrétiens s’obligent eux-mêmes à en faire une question de vie ou de mort.

pierre autel

Telle est la force des reliques, dont nous fêtons aujourd’hui la découverte des premières à Jérusalem. Les reliques des saints s’inscrivent dans ce même mouvement de mémoire réaliste. Sans idolâtrie, loin de tous les trafics qui ont pu polluer leur rôle spirituel dans les siècles passés.

Nous comprendrons mieux l’importance des reliques chrétiennes si nous pratiquons nous-mêmes le respect de nos reliques familiales et personnelles. Il nous reste tous quelque chose d’un père disparu, d’amis partis au loin, de collègues qui nous ont formé etc.. Nous pourrions nous en passer en théorie. Mais c’est plus concret, plus humain d’appuyer notre mémoire sur ces humbles éléments matériels, devenus pour nous seuls symboliques d’un moment, d’un visage, d’un événement.

Que la fête de l’exaltation de la Croix, à travers ces quelques bouts de bois précieusement conservés, nous aident à ne jamais perdre la mémoire de la Passion du Christ pour nous, unie à nos passions humaines les plus vraies.

 

_________________________________________________________________________
1. Le 14 septembre 1241, le saint roi Louis IX alla solennellement au-devant des 
reliques de la Passion qu’il avait achetées à l’empereur de Constantinople : c’étaient un morceau de bois de la vraie Croix, le fer de la lance, une partie de l’éponge, un morceau du roseau et un lambeau du manteau de pourpre. Elles furent déposées à la Sainte-Chapelle en 1248.

 

2. Les actes du martyre de saint Polycarpe, en 156, attestent :
« prenant les ossements plus précieux que les pierres de grand prix et plus épurés que l’or, nous les avons déposés dans un lieu convenable. Là même, autant que possible, réunis dans l’allégresse et la joie, le Seigneur nous donnera de célébrer l’anniversaire de son martyre en mémoire de ceux qui sont déjà sorti du combat, et pour exercer et préparer ceux qui attendent le martyre. » On se souvient aussi, en 177, d’une lettre où l’Église de Lyon regrettait de n’avoir pu conserver les restes de ses martyrs.

1ère lecture : Le serpent de bronze, signe du salut (Nb 21, 4b-9)

Lecture du livre des Nombres

Au cours de sa marche à travers le désert, le peuple d’Israël, à bout de courage, récrimina contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter
d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »
Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël.
Le peuple vint vers Moïse et lui dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. »
Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, et ils vivront !»
Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet d’un mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il conservait la vie !

 

Psaume : 77, 3-4ac, 34-35, 36-37, 38ab.39

R/ Par ta croix, Seigneur, tu nous rends la vie.

Nous avons entendu et nous savons
ce que nos pères nous ont raconté ;
et nous redirons à l’âge qui vient,
les titres de gloire du Seigneur.
Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient,
ils revenaient et se tournaient vers lui :
ils se souvenaient que Dieu est leur rocher,
et le Dieu Très-Haut, leur rédempteur.
Mais de leur bouche ils le trompaient,
de leur langue ils lui mentaient.
Leur cœur n’était pas constant envers lui ;
ils n’étaient pas fidèles à son alliance.
Et lui, miséricordieux,
au lieu de détruire, il pardonnait;
Il se rappelait : ils ne sont que chair,
un souffle qui s’en va sans retour.

2ème lecture : Glorification de Jésus après son humiliation sur la Croix (Ph 2, 6-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se
dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à
mourir, et à mourir sur une croix.

C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à
genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

Evangile : Le Christ élevé sur la croix pour le salut des hommes (Jn 3, 13-17)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons : par ta Croix, tu as racheté le monde. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Patrick BRAUD

Mots-clés : , ,
1...345678