L’oubli est le pivot du bonheur
L’oubli est le pivot du bonheur
Homélie pour le 4° dimanche du temps ordinaire / Année C
03/02/2019
Cf. également :
Les djihadistes n’ont pas lu St Paul !
La grâce étonne ; c’est détonant !
Un nuage d’inconnaissance
Dès le sein de ta mère…
Amoris laetitia : la joie de l’amour
La hiérarchie des charismes
L’Aujourd’hui de Dieu dans nos vies
Toussaint : le bonheur illucide
Dans mon enfance, nous traversions souvent la ville de Tarbes en voiture pour aller visiter de la famille. À chaque fois, mon regard était accroché à travers la vitre par l’inscription du monument aux morts : Ni haine ni oubli. Je trouvais que c’était une belle formule, mais je n’en mesurais pas la portée. Il m’a fallu des années pour éprouver la tentation de la haine, sinon la haine elle-même. Ce n’est pas si facile de haïr… C’est plus moral et valorisant de haïr quelque chose (le nazisme, l’injustice, la misère…) que quelqu’un (un nazi, un injuste, un exploiteur…).
Refuser la haine est pourtant en notre pouvoir. L’hymne à l’amour de Paul de ce dimanche le dit bien (1Co 12,31 – 13,13) :
« L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il couvre tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout ».
Par contre, saint Paul va beaucoup plus loin que le monument aux morts de Tarbes : il fait l’éloge de l’oubli comme sommet de l’amour. « L’amour couvre tout ». Le terme utilisé par Paul évoque l’acte de recouvrir quelque chose afin de l’oublier. Le verbe « stegô » en grec veut dire : couvrir, protéger, cacher… « Stegè », c’est le toit, ou encore tout édifice couvert, la maison, le tombeau… L’amour met un toit au-dessus du péché, voire même il l’enferme dans un tombeau… Les emplois de ce terme sont plutôt rares dans la Bible, mais ont la même signification. Pierre écrit: « Conservez entre vous une très grande charité, car la charité couvre une multitude de péchés » (1P 4,8) , citant en cela le livre des Proverbes : « La haine excite les querelles, mais l’amour couvre toutes les fautes » (Pr 10,12) .
Il y a quelque chose de scandaleux dans ce lien établi entre amour et oubli ! Les officiels déposant une gerbe au monument aux morts vanteront plutôt la mémoire. « Never let us forget » est le leitmotiv des cimetières où les soldats morts de l’empire britannique reposent en longues lignes de croix blanches.
L’oubli ne conduit pas au pardon, mais le pardon à l’oubli
Les horreurs de la guerre d’Algérie furent telles que beaucoup ne voulaient pas en parler une fois revenus, de peur d’y sombrer. Oublier les attentats, la torture, les massacres étaient pour eux une condition de survie. De même mon grand-père, poilu de 14-18, n’évoquait qu’exceptionnellement l’horreur des tranchées, des mutilés, des gazés. Par contre, quand il parlait des Boches, des Fritz ou des Fridolins, sa barbe tremblait et on sentait bien que la haine n’était pas loin.
Oublier est utile pour se reconstruire, pour mobiliser son énergie à faire du neuf, pour ne pas vivre prisonnier de son passé en le ressassant sans cesse.
Nietzsche s’est fait le meilleur prophète de la puissance de l’oubli. Pour lui, oublier c’est se libérer du poids de l’histoire pour inventer un présent joyeux. L’oubli est le pivot du bonheur, en ce sens qu’il libère en nous la force de savourer le présent sans entraves.
« Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur : la possibilité d’oublier […] Toute action exige l’oubli, comme la vie des êtres organiques exige non seulement la lumière mais aussi l’obscurité. Un homme qui ne voudrait sentir les choses qu’historiquement serait pareil à celui qu’on forcerait à s’abstenir de sommeil ou à l’animal qui ne devrait vivre que de ruminer et de ruminer sans fin. Donc, il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l’animal, mais il est encore impossible de vivre sans oubli. Ou plus simplement encore, il y a un degré d’insomnie, de rumination, de sens, historique qui nuit au vivant et qui finit par le détruire, qu’il s’agisse d’un homme, d’une peuple ou d’une civilisation » (Généalogie de la morale, 1887).
« Fermer de temps en temps les portes et les fenêtres de la conscience ; demeurer insensibles au bruit et à la lutte que le monde souterrain des organes à notre service livre pour s’entraider ou s’entre-détruire ; faire silence, un peu, faire table rase dans notre conscience pour qu’il y ait de nouveau de la place pour les choses nouvelles […] voilà, je le répète, le rôle de la faculté active d’oubli, une sorte de gardienne, de surveillante chargée de maintenir l’ordre psychique, la tranquillité, l’étiquette. On en conclura immédiatement que nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l’instant présent ne pourrait exister sans faculté d’oubli » (Considérations inactuelles, 1873-1876).
Cet oubli-là est salutaire, car il ouvre au présent. Mais il ne conduit pas au pardon. C’est juste un antalgique, au mieux un anesthésique. Pour la foi chrétienne, c’est au contraire le pardon qui conduit à l’oubli. Puisque « l’amour couvre tout », il n’y a plus besoin de faire mémoire du mal commis ou subi ! Dieu le premier oublie nos révoltes, nos ruptures d’alliance, nos incohérences, afin de nous recréer à son image et ressemblance.
La Bible met dans la bouche de Dieu la promesse de cet oubli d’autant plus salutaire que c’est celui de Dieu lui-même :
« Je deviendrai leur Dieu, ils deviendront mon peuple.
[…] Je serai indulgent pour leurs fautes, et de leurs péchés, je ne me souviendrai plus (He 8,12)
« De leurs péchés et de leurs iniquités je ne me souviendrai plus. Or, là où il y a eu pardon, on ne fait plus d’offrande pour le péché » (He 10,17-18).
À l’inverse, lorsque Dieu est en colère contre Israël, il le menace de ne pas oublier :
« Yahvé l’a juré par l’orgueil de Jacob; jamais je n’oublierai aucune de leurs actions (Am 8,7) ».
Rébecca, la mère de Jacob, l’invite à compter sur le temps pour qu’Ésaü oublie le préjudice du vol du droit d’aînesse en échange du fameux plat de lentilles :
« Ton frère Ésaü veut se venger de toi en te tuant. Maintenant, mon fils, écoute-moi: pars, enfuis-toi chez mon frère Laban à Harân. Tu habiteras avec lui quelques temps, jusqu’à ce que se détourne la fureur de ton frère, jusqu’à ce que la colère de ton frère se détourne de toi et qu’il oublie ce que tu lui as fait; alors je t’enverrai chercher là-bas ». (Gn 27, 42-45).
Joseph, après le pardon accordé à ses frères qui l’avaient vendu comme esclave, constate que ce passé ne pèse plus sur sa mémoire, et il en fait le prénom de son fils :
« Joseph donna à l’aîné le nom de Manassé (= oublieux, en hébreu) car, dit-il, Dieu m’a fait oublier toute ma peine et toute la famille de mon père » (Gn 41,51).
Isaïe annonce à Jérusalem qu’elle sera réconciliée avec elle-même grâce à l’oubli de ses iniquités : « N’aie pas peur, tu n’éprouveras plus de honte, ne sois pas confondue, tu n’auras plus à rougir; car tu vas oublier la honte de ta jeunesse, tu ne te souviendras plus de l’infamie de ton veuvage » (Is 54).
Et il décrit un Dieu qui ne tient plus compte du passé :
« On oubliera les angoisses anciennes, elles auront disparu de mes yeux » (Is 65,).
« C’est moi, moi, qui efface tes crimes par égard pour moi, et je ne me souviendrai plus de tes fautes » (Is 43,25).
C’est la prière constante des psaumes :
« Ne te souviens pas des égarements de ma jeunesse, mais de moi, selon ton amour souviens-toi ! » (Ps 25,7)
L’oubli illucide
Le monument aux morts disait : « Ni haine ni oubli ». Paul écrit : « Le pardon, donc l’oubli ». Pour vivre ensemble à nouveau, les traces du passé sont comme des points d’infection ne demandant qu’à se réveiller. Que génèrent les chapelets égrenant les exactions d’autrefois sinon le ressentiment et la méfiance ? On ne peut sans cesse invoquer les guerres de religion, les dragonnades, l’Inquisition si on veut vivre en communion catholiques et protestants. On ne peut pas brandir les invasions, les croisades, les génocides, l’esclavage à tout moment et vivre en paix musulmans et chrétiens. Ruminer la colonisation et ses horreurs finit à la longue par enfermer les Africains dans un complexe nourrissant l’aigreur et l’impuissance. Entretenir le souvenir d’une agression, d’un attentat, d’une injustice peut faire sombrer dans la dépression ou la violence. Les psychologues diront qu’on ne peut jamais oublier de tels traumatismes. C’est parce qu’ils fondent l’oubli sur une démarche volontaire, un effort sur soi. C’est vrai que vouloir oublier quelque chose (ou quelqu’un) c’est paradoxalement le faire exister davantage ! S’efforcer d’oublier quelque chose, c’est déjà s’en rappeler.
Or nous croyons que l’oubli ne relève pas de l’effort. Refuser la haine relève de la volonté, mais l’oubli relève du don, du par-don car il est donné par-delà la blessure. Couvrir le mal au sens de Paul n’est pas naïf, au contraire. Paul sait d’expérience que le mal existe, terrible ! Il sait également qu’il peut détruire celui qui le subit (ou l e commet) si justement il s’y enferme. En pardonnant (ou en étant pardonné), l’amour stoppe cette contamination du présent par le passé. L’oubli du mal survient alors sans que l’on ait à le vouloir. Nulle thérapie ne pourra produire ce qui est proprement spirituel, c’est-à-dire le travail de l’Esprit en nous lorsqu’il fait toutes choses nouvelles (Ap 21,5). Cet oubli-là est illucide, c’est-à-dire qu’il n’a pas conscience de lui-même. Ce n’est pas par un travail sur soi que l’oubli viendra, mais par l’accueil de la faculté de pardonner (ou d’être pardonné). Sans mérite de notre part, le souvenir du mal sera couvert par l’amour.
Saint François de Paule, ermite italien, fondateur de l’Ordre des Minimes, écrit: « Pardonnez-vous mutuellement pour ensuite ne plus vous souvenir de vos torts. Garder le souvenir du mal, c’est un tort, c’est le chef d’œuvre de la colère, le maintien du péché, la haine de la justice; c’est une flèche à la pointe rouillée, le poison de l’âme, la disparition des vertus, le ver rongeur de l’esprit, le trouble de la prière, l’annulation des demandes que l’on adresse à Dieu, la perte de la charité, l’iniquité toujours en éveil, le péché toujours présent et la mort quotidienne » (Lettre de 1486).
Oublier jusqu’au bien accompli
L’oubli du mal est donc une condition du bonheur, en agrandissant la disponibilité au présent et à toutes ses potentialités. L’Évangile va plus loin encore. Jésus conseille à ses amis de ne pas tenir comptabilité de l’aide apportée aux autres : « lorsque tu donnes, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite » (Mt 6,3). Le bon samaritain de la parabole quitte l’auberge sans attendre de remerciement, en sachant qu’il ne reverra jamais le blessé secouru sur la route, comme s’il laissait derrière lui son acte de compassion. D’ailleurs, la plupart des rencontres de Jésus sont sans lendemain : il laisse ceux qu’il a guéris, écoutés, sauvés aller leur propre chemin sans lui. Une fois, cela va même jusqu’à faire le bien « à l’insu de son plein gré », lorsqu’une force sort de lui à la seule demande d’une femme malade qui touche son manteau (Lc 8,44). Et au Jugement dernier, Jésus nous prévient que nous serons surpris du bien que nous aurons accompli : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t’accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir ? » (Mt 25,37-39).
Il est bon de ne pas compter les bonnes actions que nous pouvons accomplir. Il est meilleur encore de les oublier, pour ne pas rendre dépendants ceux que nous avons aidés, pour ne pas en tirer orgueil, pour garder un cœur de pauvre. Dietrich Bonhoeffer résumait cela ainsi : « Qui a le cœur pur ? C’est celui qui ne souille son cœur ni avec le mal qu’il commet, ni avec le bien qu’il fait ».
Répétons-le : cet oubli-là est illucide. Il sur-vient. Il nous est donné par surcroît, par-dessus le marché, sans que nous ayons à le chercher pour lui-même. C’est une heureuse conséquence spirituelle et non un but obsessionnel.
Alors oui, « l’amour couvre tout », comme le chante saint Paul.
L’amour couvre les fautes de l’autre, et par le pardon me permet de les oublier sans m’en apercevoir.
L’amour couvre les fautes que j’ai commises, et il n’y a plus de ressentiment envers soi-même.
L’amour couvre le bien que j’ai pu faire, et je ne peux plus ni ne veux plus en faire la liste.
L’amour me donne de me présenter devant Dieu les mains vides, ouvert à son présent.
Si tu savais le don de Dieu…, tu ne te laisserais pas entraver par ton passé. Tu pourrais t’écrier, avec Paul :
« oubliant le chemin parcouru, je vais droit de l’avant, tendu de tout mon être, et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus » (Ph 3,13).
« L’amour couvre tout » : crois cela, et tu expérimenteras la puissance de l’oubli comme le pivot du bonheur présent.
Lectures de la messe
Première lecture
« Je fais de toi un prophète pour les nations » (Jr 1, 4-5.17-19)
Lecture du livre du prophète Jérémie
Au temps de Josias, la parole du Seigneur me fut adressée : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations. Toi, mets ta ceinture autour des reins et lève-toi, tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses princes, à ses prêtres et à tout le peuple du pays. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer – oracle du Seigneur. »
Psaume
(Ps 70 (71), 1-2, 3, 5-6ab, 15ab.17)
R/ Sans fin, je proclamerai ta justice et ton salut. (cf. Ps 70, 15)
En toi, Seigneur, j’ai mon refuge :
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice, défends-moi, libère-moi,
tends l’oreille vers moi, et sauve-moi.
Sois le rocher qui m’accueille,
toujours accessible ;
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon roc, c’est toi !
Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère.
Ma bouche annonce tout le jour
tes actes de justice et de salut.
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.
Deuxième lecture
« Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1Co 12, 31 – 13, 13)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, recherchez avec ardeur les dons les plus grands. Et maintenant, je vais vous indiquer le chemin par excellence.
J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.
L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais.
Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.
Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité.
Évangile
Jésus, comme Élie et Élisée, n’est pas envoyé aux seuls Juifs (Lc 4, 21-30) Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur m’a envoyé, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération. Alléluia. (Lc 4, 18cd)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : ‘Médecin, guéris-toi toi-même’, et me dire : ‘Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !’ » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »
À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.
Patrick BRAUD