L'homélie du dimanche (prochain)

2 mars 2022

Carême : le détox spirituel

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Carême : le détox spirituel

Homélie du 1° Dimanche de Carême / Année C
06/03/2022

Cf. également :

Brûlez vos idoles !
Ne nous laisse pas entrer en tentation
L’île de la tentation
L’homme ne vit pas seulement de pain
Nous ne sommes pas une religion du livre, mais du Verbe
Et plus si affinité…
Une recette cocktail pour nos alliances
Gravity, la nouvelle arche de Noé ?
Poussés par l’Esprit

Détox, vous avez dit détox ?

Cures de jus détoxLes boissons et autres produits détox sont en plein boom. Jus de fruits et de légumes pressés à froid, shots pour démarrer la journée, eaux végétales : de nouvelles marques investissent le créneau des petites bouteilles pour se faire du bien. Cette tendance liée au bien-être n’est pas près de s’arrêter. « On met de la pomme granit car c’est la moins sucrée, la plus acide. On met du gingembre, qui va faciliter la digestion, des graines de lin moulues qui vont aussi nettoyer l’intestin et du céleri qui est riche en potassium. C’est un jus qui va détoxifier, activer la digestion et qui est riche en fibres », explique Jérémie Halimi, manager « We are Juice » [1]. À entendre parler ce représentant d’une grande marque de compléments alimentaires, on se dit qu’il y a là un marché en pleine expansion !

Le détox tient son nom de son action supposée : éliminer les toxines qui polluent à longueur d’année nos organes. Il y a des tisanes, des jus, des régimes détox qui vantent leurs bienfaits en se parant des étiquettes aujourd’hui incontournables : bio, local, vegan, sain… On les trouve dans les magasins spécialisés en produits naturels, biologiques, circuits courts, en hypermarchés également car leur croissance est prometteuse ! Le marché du détox est devenu un véritable phénomène de société. Il a ainsi connu une flambée de + 82,2% de chiffre d’affaire et de 76,9% en volume de Janvier à Décembre 2018 par rapport à la même péCarême : le détox spirituel dans Communauté spirituelle moine-priantriode sur l’année 2017. C’est un marché « juteux » : la marge sur facture est autour de 30% en moyenne ! 

Les pratiques détox sont souvent associées au jeûne, censé nettoyer le corps de ces substances nocives. Nulle expérimentation scientifique n’a pu jusqu’à présent prouver les bienfaits du jeûne sur la santé, mais il est très populaire dans les milieux alternatifs en matière de soins et de nutrition. On devine que si on n’y prend pas garde les détox peuvent rimer avec intox assez souvent…

À y réfléchir, ce n’est finalement que la forme sécularisée de pratiques spirituelles très anciennes, connues notamment dans la Palestine de Jésus, mais aussi dans tout l’Orient ancien, en Inde, et dans toute l’Asie en général. L’Occident fait mine de redécouvrir ces traditions, mais les vide de leur substance en en faisant des thérapies personnelles ou des traitements hygiénistes. Or le jeûne de Jésus au désert de ce dimanche comme celui des ascètes hindous n’a pas pour but de désintoxiquer le corps, mais l’âme et l’esprit ! Ce qui change tout…

C’est vrai que la vie telle un fleuve charrie sans cesse des pollutions spirituelles qui nous rendent aussi peu perméables à la grâce qu’un filtre à café bouché : les écrans manipulent notre désir, l’abondance nourrit une obésité qui n’est pas que physique, nos habitudes nous replient sur un univers relativement étriqué (et l’épidémie de Covid n’arrange rien, avec des réflexes d’auto-confinement dangereux à terme).

Jeûner, c’est pour les chrétiens pratiquer sur l’âme ce que le détox est supposé accomplir sur le corps : éliminer les toxines spirituelles qui nous éloignent de Dieu, retrouver le fonctionnement normal de notre soif d’exister.

 

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Récollection au désert 

Pour Jésus – qui lui n’a pas besoin de désintoxication ! – jeûner c’est se centrer sur le cœur de sa mission et de son être : vivre en authentique fils de Dieu. Juste avant de commencer sa vie publique, il a besoin de cette ré-collection au désert, au sens premier du mot : collecter à nouveau en un seul bouquet toutes les composantes de son être, pour les rassembler, les unifier, afin de plonger dans sa vie publique comme il vient de le faire dans le fleuve Jourdain. C’est le deuxième sens du jeûne spirituel du Carême : après le détox de nos pollutions spirituelles, le jeûne a pour fonction de nous ramener à notre centre de gravité intérieur. Le jeûne de Jésus ressemble à une concentration de lumière qui regroupe le faisceau de lumière naturelle pour le concentrer en seul seul rayon de lumière laser cohérente et infiniment puissante (portée, énergie, précision), L’enjeu du jeûne est alors : trouver notre cohérence intérieure en rassemblant nos énergies dispersées, agrandir notre faim de l’unique nécessaire, rester centré sur l’essentiel avant de plonger dans l’action.

 

Les 40 jours

À ce titre, la durée symbolique des 40 jours de Jésus au désert est éloquente.

1645984970 Carême- On y lit d’abord une allusion aux 40 jours de déluge s’abattant sur la terre du temps de Noé (Gn 7). Jésus - nouveau Noé – voit la terre submergée par le péché et va sauver l’Arche-Église de ce désastre annoncé.

- Les juifs pensent immédiatement aux 40 jours de Moïse sur la montagne (Ex 24,18 ; Dt 9) par deux fois pour recevoir la Torah de la main de Dieu. Le combat spirituel de Jésus au désert s’appuie sur la Torah de Moïse, et annonce la nouvelle Alliance, la nouvelle Loi (l’Esprit) qui va guider les croyants vers la nouvelle terre promise (le royaume de Dieu).

- On peut également penser aux 40 jours d’embaumement du corps de Jacob par son fils Joseph (Gn 50,3) : c’est la durée nécessaire pour préparer le mort à sa traversée vers l’au-delà. Le désert est peut-être pour Jésus le temps de l’embaumement de sa vie de Nazareth, fils de Joseph, pour renaître à sa mission publique de fils de David, fils de Jacob.

- 40 jours fut également la durée de l’exploration du pays de Canaan avant sa conquête par Josué (Nb 13,25). En priant 40 jours au désert, Jésus prend le temps par avance de visualiser les combats qui seront les siens dans les trois années à venir. Il l’expliquera dans une parabole qui conseille de s’asseoir et calculer avant de se lancer dans une entreprise risquée et dangereuse (Lc 14, 28-29).

- Symboliquement, 40 jours est encore le temps pendant lequel le prophète Ézéchiel doit porter la faute de Jérusalem afin qu’elle soit expiée (Ez 4,6) comme le peuple au désert avait porté ses fautes pendant 40 ans avant de pouvoir entrer en Canaan (Nb 14,34). Jésus, qui vient d’être désigné comme l’Agneau de Dieu par Jean-Baptiste au Jourdain, prend 40 jours au désert pour prendre la mesure du péché du monde et l’empêcher de nuire en le jetant hors de portée de l’homme.

- 40 jours est encore le délai annoncé par Jonas à l’immense ville de Ninive (Jon 3,4) pour qu’elle se convertisse. Et elle l’a fait ! C’est notre conversion que Jésus portait en jeûnant tout ce temps, pour nous avertir de nous détourner du mal comme Ninive.

- Élie a marché 40 jours vers le Mont Horeb (1R 19,8), où l’attendait la révélation de Dieu dans le souffle de la brise légère. Jésus marche 40 jours au désert, vers le Golgotha, et Dieu se révélera dans le silence du vendredi Saint.

Toutes ces harmoniques bibliques des 40 jours nous mettent devant une scène savamment construite : après Pâques, les évangélistes se sont souvenus de ce passage de Jésus au désert, et l’ont chargé de toutes les significations antérieures, portées en Jésus à leur accomplissement.
Chacune de ces harmoniques nous concerne également chacun et tous : il y va de nos combats, de notre identité et de notre mission.

 

Alors, quel jeûne allez-vous choisir pour le Carême ?

Le détox spirituel pourrait bien vous inviter à vous sevrer de vos addictions les plus nocives, pour restaurer davantage de liberté intérieure. Et les addictions modernes ne manquent pas : écrans, univers virtuels, pouvoir dominateur, âpreté au gain, tyrannie du corps, tabac ou drogues…

En vous lançant dans ces 40 jours de détox spirituel, choisissez l’une des figures de l’Ancien Testament qui les a parcourus, pour devenir vous-même Noé, Joseph, Josué, Moïse, Jonas ou Ézéchiel. Relisez le cycle de sa vie dans la Bible. Laissez-le vous inspirer une marche de 40 jours actualisant et accomplissant la sienne.


Lectures de la messe

Première lecture
La profession de foi du peuple élu (Dt 26, 4-10)

Lecture du livre du Deutéronome
Moïse disait au peuple : Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l’autel du Seigneur ton Dieu. Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : « Mon père était un Araméen nomade, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C’est là qu’il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse. Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage. Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression. Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte à main forte et à bras étendu, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges. Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel. Et maintenant voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donné, Seigneur. »

Psaume
(Ps 90 (91), 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab)
R/ Sois avec moi, Seigneur, dans mon épreuve. (cf. Ps 90, 15)

Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut
et repose à l’ombre du Puissant,
je dis au Seigneur : « Mon refuge,
mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »

Le malheur ne pourra te toucher,
ni le danger, approcher de ta demeure :
il donne mission à ses anges
de te garder sur tous tes chemins.

Ils te porteront sur leurs mains
pour que ton pied ne heurte les pierres ;
tu marcheras sur la vipère et le scorpion,
tu écraseras le lion et le Dragon.

« Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre ;
je le défends, car il connaît mon nom.
Il m’appelle, et moi, je lui réponds ;
je suis avec lui dans son épreuve. »

Deuxième lecture
La profession de foi en Jésus Christ (Rm 10, 8-13)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, que dit l’Écriture ? Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Cette Parole, c’est le message de la foi que nous proclamons. En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut. En effet, l’Écriture dit : Quiconque met en lui sa foi ne connaîtra pas la honte. Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent. En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.

Évangile
« Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté » (Lc 4, 1-13)
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. 
L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 4b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »
Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Patrick BRAUD

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3 mars 2014

La radieuse tristesse du Carême

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La radieuse tristesse du Carême

Homélie du Mercredi des Cendres / Année A
05/03/2014

Homélie pour entrer en Carême : 

La « radieuse tristesse » de ces 40 jours

La radieuse tristesse du Carême dans Communauté spirituelle saint-careme2 « Radieuse tristesse »
C’est par cette belle et énigmatique expression que nos frères orthodoxes saluent ces 40 jours du Carême qui commencent.
« Radieuse tristesse » : en français, on appelle cela un oxymore, c’est-à-dire une association de deux contraires logiquement incompatibles (comme ?aigre-doux’ ou ?clair-obscur’). Mais Dieu n’est-il pas justement dans l’union des contraires ?
« Radieuse tristesse » : on y entend d’abord la tristesse, en écho à la lecture du prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les larmes, et le deuil ! Entre le portail et l’autel, les prêtres iront pleurer : ‘pitié Seigneur pour ton peuple’? » (Jl 2,12-18)

Impossible de rayer la tristesse de cette période de Carême sous prétexte que ce ne serait pas à  la mode, ou commercialement peu attractif !

Cette tristesse parcourt toute la Bible en fait :

- celle de Marie-Madeleine pleurant sur ses nombreux péchés,

- celle de David se couvrant de cendres en découvrant qu’il a commis un adultère et un meurtre,

- la tristesse de l’enfant prodigue qui revient poussé par la faim,

- ou encore la tristesse de Pierre qui s’entend dire par 3 fois : « M’aimes-tu ? »?

- c’est notre propre tristesse, le front marqué de cendres, conscient de la conversion que nous avons à vivre…

Saint André de Crète a composé un très bel hymne qui est chanté par l’Église orthodoxe pendant le Carême. Olivier Clément l’appelle « le chant des larmes ». Il constitue une confession publique, dans un élan de sincérité religieuse absolue, après repentance.

« Viens donc, âme endurcie, revêtue de ta chair,
confesse-toi au Créateur de toutes choses ;
rejette loin de toi ton délire et offre à Dieu des larmes de pénitence.

Comme David, je suis tombé dans la folie. Et je me suis roulé dans la boue.
Mais lave-moi, ô mon Sauveur, par mes larmes.

Ne t’abandonne pas au désespoir, ô mon âme.
Médite la foi de la Cananéenne, dont la fille fut guérie par une seule parole de Dieu, et avec elle, crie du fond de ton coeur : « Fils de David, sauve-moi !’ »
 

 

Ainsi s’exprime la liturgie orthodoxe dans le chant des larmes du Carême…

Mais cette tristesse est radieuse, parce qu’elle est déjà illuminée de l’évènement pascal.

De même qu’à Noël nous ne faisons pas semblant de faire naître l’enfant Jésus dans la crèche, car cela est accompli une fois pour toutes, de même pendant le Carême nous ne faisons pas semblant de vivre la Passion sans avoir déjà la force de la Résurrection en nous. Comme le dit Paul, il s’agit de « le connaître, lui, le Christ, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts » (Ph 3, 10). 

Dans cet ordre: la Résurrection d’abord (celle du Christ), puis la Passion, puis la Résurrection ensuite (la nôtre) !

Parce que nous sommes d’après Pâques, la tristesse du Carême est radieuse de cette promesse de vie déjà accomplie en Christ.

Les lamentations de la Semaine Sainte sont rayonnantes de la consolation pascale.

L’office des Ténèbres du Vendredi Saint lui-même est diaphane de la victoire du Christ sur le mal et la mort.

Une beauté intérieure illumine ces jours de tristesse, comme les premiers rayons de l’aurore illuminent l’au-delà de l’horizon courbe des marins alors qu’ils naviguent dans la nuit noire?

« Radieuse tristesse » : tristesse de notre exil, du gâchis que nous faisons parfois de notre vie ; radieuse espérance de retrouver par là même le désir de chercher Dieu, le goût de sa présence, la paix du domicile retrouvé…

« Radieuse tristesse »  est donc bien le climat liturgique de ce Carême.

Les orthodoxes, explorant cette piste de l’union des contraires en Dieu, disent aussi : « douloureuse joie », car la joie de la renaissance passe par les douleurs de l’enfantement, ou encore : « triste clarté » car la clarté de Pâques dévoile les ombres de notre existence que nous découvrons alors avec tristesse, au moment même où elles sont dissipées.

Une traduction musicale de cette étonnante tristesse pourrait s’entendre dans l’oeuvre d’Arnold Schoenberg : la « nuit transfigurée » : un pèlerinage nocturne magnifique à travers l’épreuve d’un couple qui réussit à surmonter la nuit de sa désunion…


Nuit transfigurée,

triste clarté,

douloureuse joie …: 

que ce Carême nous donne d’expérimenter la radieuse tristesse des enfants de Dieu que nous sommes, pécheurs et aimés, pardonnés et encore en chemin vers la liberté parfaite !

1ère lecture : Appel à la pénitence (Jl 2, 12-18)

Lecture du livre Joël

Parole du Seigneur : « Revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! »
Déchirez vos coeurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment.
Qui sait ? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et vous combler de ses bienfaits : ainsi vous pourrez offrir un sacrifice au Seigneur votre Dieu.
Sonnez de la trompette dans Jérusalem : prescrivez un jeûne sacré, annoncez une solennité, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre !
Entre le portail et l’autel, les prêtres, ministres du Seigneur, iront pleurer et diront : « Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens ! Faudra-t-il qu’on dise : ‘Où donc est leur Dieu ?’ »

Et le Seigneur s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple.

Psaume : Ps 50, 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17

R/ Pitié, Seigneur, car nous avons péché.

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

Crée en moi un c?ur pur, ô mon Dieu, 
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. 
Ne me chasse pas loin de ta face, 
ne me reprends pas ton esprit saint. 

Rends-moi la joie d’être sauvé ; 
que l’esprit généreux me soutienne. 
Seigneur, ouvre mes lèvres, 
et ma bouche annoncera ta louange.

2ème lecture : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20-21; 6, 1-2)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu.
Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu.
Et puisque nous travaillons avec lui, nous vous invitons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu.
Car il dit dans l’Écriture : Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je suis venu à ton secours. Or, c’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut.

Evangile : L’aumône, la prière et le jeûne comme Dieu les aime(Mt 6,1-6.16-18)

Acclamation : Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. « Convertissez-vous, dit le Seigneur, car le Royaume des cieux est proche. » Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
« Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Autrement, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.
Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi, comme ceux qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.
Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle : quand ils font leurs prières, ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et les carrefours pour bien se montrer aux hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.
Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra. »
Patrick BRAUD

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