L'homélie du dimanche (prochain)

15 juin 2016

Question d’identité

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Question d’identité

 

Homélie du 12° Dimanche du temps ordinaire / Année C
19/06/2016

Cf. également :

Le consentement de soi à soi 

Prendre sa croix chaque jour 

Jésus évalué à 360° 


Afficher l'image d'origineRetour d’ailleurs

Souvenez-vous d’une réelle expérience de dépaysement que vous avez vécue : lors d’un voyage, d’un séjour dans une autre culture, avec une autre langue, d’autres coutumes… Si vous vous êtes sentis vraiment ailleurs, étranger au milieu d’une société si différente, vous avez comme un choc en retour perçu les spécificités de votre propre identité. Immergé par exemple au coeur d’un village africain traditionnel pour qui les forces invisibles régissent la nature sont omniprésentes, vous percevrez plus nettement combien votre culture occidentale est marquée par la rationalité scientifique et technique. Ou bien, découvrant avec délices les traditions culinaires d’un pays inconnu, vous mesurerez combien vos propres habitudes alimentaires sont particulières et originales. Et cela vaut de même pour notre façon de s’habiller, de parler, de se saluer, de travailler…

Le détour par l’autre me permet de mieux me connaître moi-même, par comparaison, par différenciation.

Aller rendre visite à un autre me permet de mieux savoir qui je suis.

Autrement dit : notre identité, personnelle ou collective, est d’abord réceptive. Elle se reçoit d’un autre, au double sens de la transmission (j’hérite de l’identité transmise par mes parents, mon pays, ma langue etc.) et de l’altérité (je me construis en étant différent).

 

Afficher l'image d'origineEnquête d’identité

Dans ce passage d’évangile, Jésus s’interroge sur sa propre identité : « qui suis-je ? » Question radicalement humaine, qui travaille d’autant plus Jésus qu’il se perçoit comme habité par la présence divine d’une manière unique (d’où le titre de « fils unique de Dieu »). Au moment d’affronter sa Passion qui approche, il a besoin d’être ré-assuré dans cette identité qui va être fortement contestée et même niée dans le scandale de la croix.

Alors, humblement, au lieu de s’affirmer fils de Dieu de façon péremptoire et autoritaire, il va enquêter auprès de ses proches pour savoir ce que les gens disent de lui. Non pas qu’il ait la bonne réponse, comme s’il faisait passer un examen, en piégeant les disciples. Non : il a simplement besoin de connaître ce que les gens pensent de lui, pour mieux découvrir qui il est, pour mieux habiter son identité la plus personnelle.

Afficher l'image d'origineD’ailleurs, il ne reprend pas les premières réponses qu’on lui transmet (prophète, Élie…) comme un professeur corrigerait en rouge les mauvaises copies de ses élèves. Il recueille précieusement ces premières indications, car elles lui renvoient quelque chose de lui-même. Oui, il se situe bien dans la lignée des prophètes d’Israël. Oui, il est bien comme Élie dont la seconde venue devait inaugurer les temps messianiques. Oui, il est bien celui dont Jean-Baptiste a annoncé la mission, au prix de sa vie.

L’opinion publique peut certes se tromper. Mais elle a le plus souvent un certain flair, une réelle capacité à deviner bien des éléments de la personnalité de quelqu’un, et cela se manifeste à travers ce que les gens disent de lui. Dans l’Église, on appelle même cette capacité le « sens de la foi » (sensus fidei) des fidèles : on peut faire confiance à ce qu’une assemblée croit et perçoit, dès lors qu’elle est habitée par l’Esprit saint, qui est un esprit de discernement, de jugement, de conseil…

 

Notre identité nous renseignent sur nous-mêmes

La réponse de Pierre ne viendra pas contredire celle de l’opinion publique sur l’identité de Jésus. Elle la précisera : Jésus est le Messie, le fils de Dieu.

Nos proches sont ceux qui nous connaissent le mieux et peuvent renvoyer une image plus juste de nous-mêmes. Nos intimes savent sur nous des choses que nous ignorons. À nous de les demander, pour recueillir humblement la part de notre identité qui est entre leurs mains, dans leur regard, à notre contact.

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Le fait que Pierre ne comprenne pas bien le contenu de sa réponse ne diminue en rien la pertinence de celle-ci. Il aide Jésus à assumer son identité la plus profonde en lui transmettant ce que l’Esprit de Dieu a produit en lui de connaissance de sa personne.

Si le Christ lui-même s’est soumis à ce test de personnalité, s’il a accepté de recevoir son identité de la bouche de ses proches et des foules, qui serions-nous pour avoir l’orgueil de prétendre nous connaître sans demander aux autres comment ils nous perçoivent ?

En entreprise, on appelle cela l’évaluation 360°. Pour apprécier le professionnalisme et le relationnel d’un salarié, on ne demande pas seulement à son N+1 de l’évaluer, mais également à ses collègues, directs et indirects, à ceux dont il est responsable, à ceux à qui il doit rendre des comptes etc. Impossible d’évaluer quelqu’un sans recueillir de manière exhaustive cet ensemble d’appréciations (dans l’anonymat, pour préserver la liberté des réponses). Un collègue peut se tromper, mais l’ensemble des évaluations se trompe rarement. Jésus se soumet volontairement à un 360° en demandant ainsi à ses disciples de lui rapporter ce qu’on dit de lui.

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Quel parent aura le courage de le faire auprès de sa famille ?

Quel patron acceptera de consulter ainsi l’ensemble de ses salariés sur lui-même ?

Quel évêque aura l’humilité de demander comment il est perçu par le plus grand nombre ?

 

L’enjeu est évidemment pour nous de progresser : en acceptant l’image qui nous est  renvoyée, nous pouvons identifier les aspects de notre identité qui sont des atouts ou des obstacles à notre mission, qu’elle soit familiale, professionnelle ou ecclésiale.

Ré-assuré dans son identité de Messie, Fils unique, Jésus va pouvoir affronter résolument le conflit qui l’oppose aux pouvoirs religieux et politiques de Jérusalem.

 

Afficher l'image d'origineLa question est d’autant plus actuelle en ces temps ou certains courants de pensée en Occident voudraient faire croire que l’identité personnelle n’est qu’une construction sociale, qui pourrait donc être remodelée selon la seule volonté supposée libre de chaque individu. Choisir son sexe – pardon, son ‘genre’ – est par exemple emblématique de ces conceptions d’une identité choisie et non reçue. La contestation de la nature sociale de l’identité contraste d’ailleurs étonnamment avec la revendication écologique où l’être humain se reçoit de la nature tout autant qu’il la maîtrise.

Découvrir que l’identité est d’abord reçue avant d’être construite critique donc radicalement les prétentions à se modeler chacun sa propre identité sans vouloir dépendre de personne. Le mythe capitaliste du self-made-man récupéré par l’extrême gauche à son insu, en quelque sorte…

 

Prenez le temps cette semaine de poser la question par oral ou par écrit, à plusieurs autour de vous : pour toi, pour vous, qui suis-je ?

Acceptez les traits de personnalité dérangeants qui vous sont ainsi renvoyés, en positif comme en négatif, et vous verrez que vous serez de plus en plus vous-même…

 

 

 

1ère lecture : « Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19,37) (Za 12, 10-11a ; 13, 1)
Lecture du livre du prophète Zacharie

Ainsi parle le Seigneur : Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication. Ils regarderont vers moi. Celui qu’ils ont transpercé, ils feront une lamentation sur lui comme on se lamente sur un fils unique ; ils pleureront sur lui amèrement comme on pleure sur un premier-né. Ce jour-là, il y aura grande lamentation dans Jérusalem.
Ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur péché et de leur souillure.

Psaume : Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 8-9

R/ Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu.

(cf. Ps 62, 2b)

Dieu, tu es mon Dieu,
je te cherche dès l’aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.

Je t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !

Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
Mon âme s’attache à toi,
ta main droite me soutient.

2ème lecture : « Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3, 26-29)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

Frères, tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. Et si vous appartenez au Christ, vous êtes de la descendance d’Abraham : vous êtes héritiers selon la promesse.

Evangile : « Tu es le Christ, le Messie de Dieu. – Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup » (Lc 9, 18-24)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ;
moi, je les connais, et elles me suivent.
Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce jour-là, Jésus était en prière à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Au dire des foules, qui suis-je ? » Ils répondirent : « Jean le Baptiste ; mais pour d’autres, Élie ; et pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Pierre prit la parole et dit : « Le Christ, le Messie de Dieu. » Mais Jésus, avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne, et déclara : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. »
Patrick BRAUD

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27 juin 2014

Jésus évalué à 360°

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Jésus évalué à 360°

Homélie pour la fête de Saint Pierre et Saint Paul / Année A
29/06/2014

 

Recevoir son identité

Connaissez-vous cette pratique managériale qu’on appelle l’évaluation à 360° ?

D’habitude, en entreprise, un salarié est évalué une fois l’an par son responsable direct. Cet entretien d’évaluation conditionne souvent une augmentation de salaire ou une évolution de carrière. Mais certaines entreprises se sont aperçues que se limiter au seul N+1 introduit un biais dans l’évaluation. D’où l’idée de demander à tous les collègues du salarié, voire à ses clients, ses fournisseurs, de contribuer eux aussi à cette évaluation. Un salarié est ainsi jaugé (dans la confidentialité, l’anonymat et si possible la bienveillance !) par ses pairs, ses N+1, ses N-1… à 360° donc.

Jésus aurait-il appris cette technique managériale à l’école de commerce de Nazareth ? L’épisode de ce dimanche (Mt 16, 13-19) nous met en tout cas en présence d’une pratique de cet ordre, transposée sur le plan spirituel.

En effet, en posant la question : « pour vous qui suis-je ? », Jésus demande à ses amis de l’aider à faire le point sur lui-même.

S’il avait voulu faire une interrogation orale à la manière d’un examen dont il connaîtrait les bonnes réponses, il aurait tout de suite rectifié les ?fausses’ identités proposées par les disciples. Non : il est à un moment stratégique de sa vie, et il a besoin du discernement de ceux qui le connaissent pour avancer. Répondre « Jean-Baptiste ressuscité » ou « Élie qui doit venir » le met déjà sur la voie. Car Jean-Baptiste est bien le prophète le plus proche du Messie, « le plus grand des enfants des hommes ». Et Élie est bien celui dont le retour annoncerait les temps messianiques.

Pourquoi a-t-il besoin de consulter ainsi ses amis ? N’est-il pas le fils de Dieu ? Il devrait le savoir mieux que les autres !

Jésus évalué à 360° dans Communauté spirituelle 51FQVJFQ0HL._SY300_Pourtant, dans son humanité, Jésus hésite. Avant de prendre avec courage la route de Jérusalem, dont il devine qu’elle lui sera fatale, Jésus a besoin qu’on lui dise qui il est vraiment. Dans son humanité, Jésus s’interroge ici sur son identité (va-t-il jusqu’à douter ?…), comme il questionne la volonté de son Père à Gethsémani sans pour autant la contester, au contraire. L’évaluation à 360° à laquelle il procède avec les Douze va l’aider à discerner ce pour quoi il est fait.

Ce faisant, il est profondément fidèle à sa double identité de fils (de Dieu, de l’homme). Être fils, c’est se recevoir d’un autre, accepter de ne pas être à soi-même sa propre origine. Fils de l’homme, Jésus se reçoit des hommes : il a besoin de recevoir son identité de ses compagnons de route aussi, comme il la reçoit de son Père.

 

Aussi, lorsque Pierre risque sa propre réponse (et non plus celle des autres), Jésus reconnaît en lui un message de Dieu lui-même : « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ». Dieu est donc capable de parler à travers les autres pour nous révéler qui nous sommes !

D’où l’importance pour nous aussi d’oser poser la question à nos compagnons de route : pour vous qui suis-je ?

D’où l’intérêt d’écouter attentivement les avis des autres sur notre action, notre personnalité.

Retour d’image

Lorsque c’est trop compliqué d’organiser une évaluation à 360° avec beaucoup de collaborateurs à consulter, on peut également procéder à un « retour d’image ». En individuel, quelqu’un demande alors à un collègue (ou client, ou N-1?) de lui dire quelle image il se fait de lui. L’entretien est plus qualitatif, et donne lieu à plus d’approfondissement des situations perçues  positivement ou négativement.

La Bible connaît de tels retours d’image, et notablement ceux que prodiguent les prophètes ? sans qu’on leur ait demandé ! ? à l’encontre de puissants de ce monde. Le plus célèbre est sans doute le retour d?image que le prophète Nathan donne au roi David, avec tact, pédagogie et grande fermeté, pour lui faire comprendre qui il est (suite à son adultère avec Bethsabée, la femme de son général d’armée, Urie, qu’il a en plus envoyé se faire tuer au front !) 

« Yahvé envoya le prophète Nathan vers David. Il entra chez lui et lui dit :
Il y avait deux hommes dans la même ville, l’un riche et l’autre pauvre. Le riche avait petit et gros bétail en très grande abondance. Le pauvre n’avait rien du tout qu’une brebis, une seule petite qu’il avait achetée. Il la nourrissait et elle grandissait avec lui et avec ses enfants, mangeant son pain, buvant dans sa coupe, dormant dans son sein: c’était comme sa fille. Un hôte se présenta chez l’homme riche qui épargna de prendre sur son petit ou gros bétail de quoi servir au voyageur arrivé chez lui. Il vola la brebis de l’homme pauvre et l’apprêta pour son visiteur. »
David entra en grande colère contre cette homme et dit à Nathan: « Aussi vrai que Yahvé est vivant, l’homme qui a fait cela est passible de mort ! Il remboursera la brebis au quadruple, pour avoir commis cette action et n’avoir pas eu de pitié. »
Nathan dit alors à David: « Cet homme, c’est toi!
Ainsi parle Yahvé, Dieu d’Israël: Je t’ai oint comme roi d’Israël, je t’ai sauvé de la main de Saül, je t’ai livré la maison de ton maître, j’ai mis dans tes bras les femmes de ton maître, je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda et, si ce n’est pas assez, j’ajouterai pour toi n’importe quoi. Pourquoi as-tu méprisé Yahvé et fait ce qui lui déplaît ? Tu as frappé par l’épée Urie le Hittite, sa femme tu l’as prise pour ta femme, lui tu l’as fait périr par l’épée des Ammonites. Maintenant l’épée ne se détournera plus jamais de ta maison, parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Urie le Hittite pour qu’elle devienne ta femme. » (2S 12, 1-10)

« Cet homme, c’est toi ! » 

On connaît tous des patrons, des hommes de pouvoir, des responsables d’Église ou d’associations qui sont sourds à l’avis des autres sur eux-mêmes. Ils ne pratiqueront jamais l’évaluation à 360°… alors qu’ils se permettent de juger leurs subordonnés, de les muter ailleurs, de les promouvoir ou de les sanctionner.

Le Christ, « doux et humble de coeur », s’est soumis à cette évaluation à 360°, car il savait en avoir besoin pour assumer son identité messianique.

Qui serions-nous pour refuser cette évaluation et nous priver du pouvoir révélateur qu’elle véhicule ?

 

Effet boomerang

La suite de cet entretien est tout aussi étonnante. Simon a contribué à révéler à Jésus qu’il est vraiment le Messie, et Jésus en retour lui révèle qu’il est Pierre et pas seulement Simon. « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Déjà, il avait reconnu en lui le « fils de Yonas », saluant ainsi en Simon quelqu’un qui lui aussi se reçoit d’un autre. Et quel autre ! Yonas est en effet le prénom du fameux prophète à la baleine, destiné à élargir le salut aux non-juifs (cf. le livre de Jonas), ce que fera effectivement Pierre avec le centurion Corneille plus tard (Ac 10).

En complément de cette révélation qui va marquer la mission de Simon, Jésus lui révèle encore plus : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Jésus, qui est la pierre bientôt rejetée par les bâtisseurs mais bientôt élevée par Dieu en pierre d’angle, donne à Simon la mission d’être la pierre de fondation de son Église.

 

Deux enseignements peuvent être tirés de cet échange d’évaluations croisées :

- dire à l’autre qui il est m’aide à savoir qui je suis moi-même.

Au lieu de se taire par peur du responsable hiérarchique, ou par pudeur devant ses pairs, prendre la parole pour dire à l’autre ce que je perçois de lui (avec bienveillance et esprit constructif !) me permet de recevoir en retour des éléments sur ma propre identité.

- « seul le Christ manifeste pleinement l’homme à lui-même ». Cette phrase de Vatican II (GS 12) convient parfaitement à l’expérience de Pierre à Césarée de Philippe. Elle nous convient également parfaitement. Plus nous scrutons les Écritures, plus nous persévérons dans la prière, et plus nous découvrons qui nous sommes.

Le détour par Dieu est le plus court chemin vers soi-même !

Cette expérience est ancienne. Elle est aux origines du peuple d’Israël. « Je ne te lâcherai pas que tu ne m’aies béni » insistait Jacob se battant contre Dieu. Et voilà que son adversaire lui révèle (comme à Pierre) qui il est vraiment : Israël (le fort contre Dieu), source de bénédiction pour tous les peuples. (Gn 32).

En ce sens, la Bible est beaucoup moins une révélation sur Dieu (qui est toujours plus grand que ce qu’on dit de lui) que sur l’homme, déchiffrant à travers les événements quelle est sa dignité, sa grandeur, sa vocation.

 

Pratiquons donc entre nous l’évaluation à 360°, avec humilité et bienveillance.

Recevons des autres notre identité.

Battons-nous avec Dieu jusqu’à ce qu’il nous éclaire sur nous-mêmes.

Faisons le détour par le Christ pour qu’il nous manifeste pleinement à nous-mêmes.

 

 

Messe du jour

 1ère lecture : Pierre est délivré de prison par le Seigneur (Ac 12, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

À cette époque, le roi Hérode Agrippa se mit à maltraiter certains membres de l’Église. Il supprima Jacques, frère de Jean, en le faisant décapiter. Voyant que cette mesure était bien vue des Juifs, il décida une nouvelle arrestation, celle de Pierre. On était dans la semaine de la Pâque. Il le fit saisir, emprisonner, et placer sous la garde de quatre escouades de quatre soldats ; il avait l’intention de le faire comparaître en présence du peuple après la fête. Tandis que Pierre était ainsi détenu, l’Église priait pour lui devant Dieu avec insistance. Hérode allait le faire comparaître ; la nuit précédente, Pierre dormait entre deux soldats, il était attaché avec deux chaînes et, devant sa porte, des sentinelles montaient la garde.
Tout à coup surgit l’ange du Seigneur, et une lumière brilla dans la cellule. L’ange secoua Pierre, le réveilla et lui dit : « Lève-toi vite. » Les chaînes tombèrent de ses mains. Alors l’ange lui dit : « Mets ta ceinture et tes sandales. » Pierre obéit, et l’ange ajouta : « Mets ton manteau et suis-moi. » Il sortit derrière lui, mais, ce qui lui arrivait grâce à l’ange, il ne se rendait pas compte que c’était vrai, il s’imaginait que c’était une vision. Passant devant un premier poste de garde, puis devant un second, ils arrivèrent à la porte en fer donnant sur la ville. Elle s’ouvrit toute seule devant eux. Une fois dehors, ils marchèrent dans une rue, puis, brusquement, l’ange le quitta. Alors Pierre revint à lui, et il dit : « Maintenant je me rends compte que c’est vrai : le Seigneur a envoyé son ange, et il m’a arraché aux mains d’Hérode et au sort que me souhaitait le peuple juif. »

Psaume : 33, 2-3, 4-5, 6-7, 8-9

R/ De toutes leurs épreuves, Dieu délivre ses amis.

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.

L’ange du Seigneur campe à l’entour
pour libérer ceux qui le craignent.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
Heureux qui trouve en lui son refuge !

2ème lecture : Confiance de Paul au soir de sa vie (2Tm 4, 6-8.16-18)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Thimothée

Me voici déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n’ai plus qu’à recevoir la récompense du vainqueur : dans sa justice, le Seigneur, le juge impartial, me la remettra en ce jour-là, comme à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation dans la gloire. La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que Dieu ne leur en tienne pas rigueur. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que je puisse annoncer jusqu’au bout l’Évangile et le faire entendre à toutes les nations païennes. J’ai échappé à la gueule du lion ; le Seigneur me fera encore échapper à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son Royaume. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Evangile : Confession de foi de Pierre (Mt 16, 13-19)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Sur la foi de Pierre le Seigneur a bâti son Église, et les puissances du mal n’auront sur elle aucun pouvoir.Alléluia. (cf. Mt 16, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe, et il demandait à ses disciples : « Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? »
Ils répondirent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
Patrick BRAUD

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