Vendredi Saint : les morts oubliés
Vendredi Saint : les morts oubliés
Homélie pour le Vendredi Saint / Année A
18/04/2014
Les noms s’égrènent lentement un par un :
- « René, 43 ans, mort dans l’indigence. »
Un lumignon est allumé, une rose est déposée.
- « Germaine, 64 ans, morte seule dans la rue. »
Un autre lumignon, une autre rose…
- Une soixantaine de noms sont ainsi évoqués : les 60 personnes SDF ou « indigentes » - comme on dit en mairie - qui sont mortes sur l’agglomération de Lyon cette année sans que personne de leur famille ou amis ait voulu prendre en charge leurs obsèques.
Pour lutter contre cette ultime humiliation faite aux pauvres, une religieuse, Sr Irène Davos, a créé en 1986 une association qui accompagne dans la mort comme dans la vie ceux qui se sentent abandonnés de tous.
« Magdala est né… lors d’un enterrement.
Mêlée depuis six années à la vie des familles démunies du quartier de Lille Sud avec la bibliothèque de rue et l’université populaire en quart-monde, je partageais leurs soucis quotidiens. Et je découvrais aussi l’un des drames profonds des familles pauvres : même leurs morts n’ont pas droit à un minimum de respect et de dignité. « On a une vie de chien, et on est enterré au petit matin, en quelques minutes, comme des chiens ! », me racontaient, écoeurées, ces femmes tellement tristes et impuissantes face à la réalité de leur vie.
C’est en assistant à l’enterrement bâclé d’une jeune femme de vingt-sept ans que j’ai pris en effet toute la mesure de cette blessure inhumaine.
Marie-Josée était malade. Elle vivait seule avec son chien, rongée par l’alcool, détruite par la prostitution. Elle survivait tant bien que mal dans son quartier, grâce, notamment, à l’amitié d’une voisine. Gisèle vit comme elle peut, elle aussi, sans gaz, sans électricité. Et moi, entre deux cours, je venais discuter avec les femmes de l’immeuble, constatant de jour en jour combien la santé de Marie-Josée se délabrait. Un jour survint où le mal a pris le dessus : la jeune femme fut plongée dans un coma profond, avant de mourir.
Personne ne se manifesta parmi les membres de sa famille qui, déjà de son vivant, ne voulaient plus entendre parler d’elle. Abandonnée de tous, la jeune femme prostituée – qui nous précédera dans le royaume des cieux ! – devait donc être enterrée sans cérémonie ni couronnes. Un enterrement « indigent », selon la terminologie de l’administration municipale.
« Ce n’est pas parce que c’était une putain qu’on va pas lui acheter un bouquet de fleurs. C’est une personne comme nous », se disent entre elles les femmes du quartier. Dans le petit matin blafard, elles ne sont que quelques-unes à assister à l’enterrement. Elles m’avaient invitée.
Tout est effectivement terminé en quelques minutes. Même le temps de deuil est volé aux pauvres, si vite ignorés, si rapidement oubliés : « On ne vaut rien, jusque dans notre mort, on compte pour moins que rien », constatent les femmes, de retour du cimetière…
Quelle blessure bouleversante. Dans les quelques lignes d’un poème de douleur, j’ai jeté les mots de ma révolte : le cri des sans-voix et des sans-vie, le cri des rejetés à qui il fallait redonner leur dignité d’homme et de femme. « Fleur fanée tombant sous le poids de ceux, de celles qui t’ont laissé tomber (…) Nous t’achèterons un bouquet, fleur refleurie, nouvellement éclose. Tu vis enfin, tu danses, tu ris, tu chantes, tu aimes, tu es aimée, fleur désirée, créée par amour, appelée par ton nom. »
Il faudra encore des mois pour faire changer les habitudes. De terribles événements nous y ont aidés, quand Gigi a été assassinée par son compagnon de vie. Les nécessités de l’instruction et l’autopsie allaient retarder l’enterrement : avec ceux du quartier, les deux semaines ont été mises à profit pour lui offrir un enterrement digne.
À la mairie, l’employée a bien tenté de me faire comprendre que l’enterrement des personnes indigentes ne prévoit pas un détour par l’église. J’ai dû m’adresser à l’élue. J’ai d’ailleurs trouvé auprès de l’adjointe qui avait en charge l’état civil un accueil compréhensif : « Si des personnes, baptisées ou non, ont manifesté durant leur vie qu’elles étaient croyantes, il est normal qu’elles puissent être enterrées à l’église », confirme-t-elle.
L’Église elle-même, à son tour, découvre combien la dignité des personnes indigentes était bafouée : les responsables paroissiaux avouent qu’ils n’avaient pas réalisé dans quelles conditions les pauvres étaient portés en terre. Et les familles démunies ne demandent jamais rien ! Puisqu’elles n’ont pas de quoi payer, elles n’ont droit à rien : l’enterrement, comme le reste, ce n’est pas pour elles. L’église, « c’est pour les riches ! »…
Il faudra encore négocier patiemment avec les entreprises de pompes funèbres, pour que l’enterrement des pauvres ne soit pas réglé en catimini, au petit matin, avant les heures ouvrables. Et que les cercueils de pauvres puissent être fleuris comme les autres, avec le même respect.
La communauté Magdala est née de cet événement : qui que nous soyons, nous avons droit au respect. C’est une des intuitions de départ de Magdala qui, encore après le dernier souffle de vie, veut affirmer la dignité d’homme et de femme, de fils et de fille de Dieu. C’est important pour celui qui n’est plus. C’est capital pour ceux qui restent : la présence de témoins lors des funérailles vient rappeler aux plus exclus, aux laissés-pour-compte de la société, à tous les pauvres de la terre, qu’ils ont tous une égale dignité d’être humain, jusque dans la mort. »
Irène DEVOS et Christophe HENNING , Risquer de vivre, Ed. de l’Atelier, Collection Mieux vivre, 2001, pp 57-60.
Ce vendredi saint, Jésus lui aussi partage l’abandon et la solitude des indigents de nos villes, jusque dans la mort.
S’il n’y avait pas eu Joseph pour oser réclamer le corps, s’il n’y avait pas eu le riche Nicodème pour lui prêter sa concession au cimetière, Jésus lui aussi aurait été jeté à la hâte dans la fosse commune des miséreux, avec juste sa mère et Jean comme cortège.
Jésus aurait dû normalement sombrer dans les oubliettes de l’histoire : obscur petit prophète juif ayant échoué comme tant d’autres à renverser le pouvoir romain, sa fin sur la croix n’est qu’un lamentable échec supplémentaire sur la longue liste des loosers de tous bords.
Cette mort abandonnée fait corps avec toutes celles qui hantent nos trottoirs dans nos villes, les logements sociaux pour célibataires, les hospices pour vieux isolés.
Ceux à qui personne n’adresse vraiment la parole pendant des jours entiers reconnaissent en Jésus un compagnon de solitude.
Ceux dont personne ne vient réclamer le corps une fois décédé verront le Christ leur servir de Joseph d’Arimathie.
Ceux pour qui personne n’est prêt à payer d’obsèques s’étonneront de voir le Christ leur servir de Nicodème.
Ceux qui font seuls le grand passage dans l’indifférence générale ou dans l’humiliation de la misère découvriront en Jésus un compagnon de galère, un frère en humanité qui les conduit jusqu’au coeur de la divinité.
La résurrection pascale est alors la promesse faite à chacun des humiliés que Dieu lui ne les laissera pas isolés dans la mort, mais en communion avec tous les saints dans la vie.
Consolation facile, illusion analgésique direz-vous ? Les SDF vous répondront que le désespoir est plus fascinant que l’espérance, que la dépression est plus naturelle que la reconstruction, que l’alcool, la cigarette ou la drogue sont plus faciles à choisir que le combat pour vivre enfin.
Ce vendredi est saint parce qu’il ouvre aux damnés de la terre un itinéraire de libération, dès maintenant, et à travers la mort, fut-elle solitaire, abandonnée et oubliée de tous.
Vendredi Saint : Célébration de la Passion du Seigneur
1ère lecture : La grande prophétie du Serviteur souffrant (Is 52, 13-15; 53, 1-12)
Lecture du livre d’Isaïe
Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté !
La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’aspect d’un fils d’Adam.
Et voici qu’il consacrera une multitude de nations ; devant lui les rois resteront bouche bée, car ils verront ce qu’on ne leur avait jamais dit, ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler.
Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? À qui la puissance du Seigneur a-t-elle été ainsi révélée ?
Devant Dieu, le serviteur a poussé comme une plante chétive, enracinée dans une terre aride. Il n’était ni beau ni brillant pour attirer nos regards, son extérieur n’avait rien pour nous plaire.
Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien.
Pourtant, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié.
Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris.
Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous.
Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche.
Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est soucié de son destin ? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à cause des péchés de son peuple.
On l’a enterré avec les mécréants, son tombeau est avec ceux des enrichis ; et pourtant il n’a jamais commis l’injustice, ni proféré le mensonge.
Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. Mais, s’il fait de sa vie un sacrifice d’expiation, il verra sa descendance, il prolongera ses jours : par lui s’accomplira la volonté du Seigneur.
À cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé. Parce qu’il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés.
C’est pourquoi je lui donnerai la multitude en partage, les puissants seront la part qu’il recevra, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.
Psaume : Ps 30, 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25
R/ O Père, dans tes mains je remets ton esprit
En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ;
garde-moi d’être humilié pour toujours.
En tes mains je remets mon esprit ;
tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.
Je suis la risée de mes adversaires
et même de mes voisins,
je fais peur à mes amis
s’ils me voient dans la rue, ils me fuient.
On m’ignore comme un mort oublié,
comme une chose qu’on jette.
J’entends les calomnies de la foule ;
ils s’accordent pour m’ôter la vie.
Moi, je suis sûr de toi, Seigneur,
je dis : « Tu es mon Dieu ! »
Mes jours sont dans ta main : délivre-moi
des mains hostiles qui s’acharnent.
Sur ton serviteur, que s’illumine ta face ;
sauve-moi par ton amour.
Soyez forts, prenez courage,
vous tous qui espérez le Seigneur !
2ème lecture : Jésus, le grand prêtre, cause de notre salut (He 4,14-16; 5,7-9)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères,
en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a pénétré au-delà des cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi.
En effet, le grand prêtre que nous avons n’est pas incapable, lui, de partager nos faiblesses ; en toutes choses, il a connu l’épreuve comme nous, et il n’a pas péché.
Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.
Le Christ,
pendant les jours de sa vie mortelle, a présenté, avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort ; et, parce qu’il s’est soumis en tout, il a été exaucé.
Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion ; et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.
Evangile : La Passion (Jn 18, 1-40; 19, 1-42)
Acclamation :
Christ, mort pour nos péchés,
Christ, ressuscité pour notre vie !
Pour nous,
le Christ s’est fait obéissant,
jusqu’à la mort,
et la mort sur une croix.
Voilà pourquoi
Dieu l’a élevé souverainement
et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom.
Christ, mort pour nos péchés,
Christ, ressuscité pour notre vie !
(cf. Ph 2, 8-9)
La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Jean
Après le repas, Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples.
Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus y avait souvent réuni ses disciples.
Judas prit donc avec lui un détachement de soldats, et des gardes envoyés par les chefs des prêtres et les pharisiens. Ils avaient des lanternes, des torches et des armes.
Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : « Qui cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C’est moi. » Judas, qui le livrait, était au milieu d’eux.
Quand Jésus leur répondit : « C’est moi », ils reculèrent, et ils tombèrent par terre.
Il leur demanda de nouveau : « Qui cherchez-vous ? » Ils dirent : « Jésus le Nazaréen. »
Jésus répondit : « Je vous l’ai dit : c’est moi. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir. »
(Ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés ».)
Alors Simon-Pierre, qui avait une épée, la tira du fourreau ; il frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malcus.
Jésus dit à Pierre : « Remets ton épée au fourreau. Est-ce que je vais refuser la coupe que le Père m’a donnée à boire ? »
Alors les soldats, le commandant et les gardes juifs se saisissent de Jésus et l’enchaînent.
Ils l’emmenèrent d’abord chez Anne, beau-père de Caïphe, le grand prêtre de cette année-là.
(C’est Caïphe qui avait donné aux Juifs cet avis : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour tout le peuple. »)
Simon-Pierre et un autre disciple suivaient Jésus. Comme ce disciple était connu du grand prêtre, il entra avec Jésus dans la cour de la maison du grand prêtre, mais Pierre était resté dehors, près de la porte. Alors l’autre disciple ? celui qui était connu du grand prêtre ? sortit, dit un mot à la jeune servante qui gardait la porte, et fit entrer Pierre.
La servante dit alors à Pierre : « N’es-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme-là ? » Il répondit : « Non, je n’en suis pas ! »
Les serviteurs et les gardes étaient là ; comme il faisait froid, ils avaient allumé un feu pour se réchauffer. Pierre était avec eux, et se chauffait lui aussi.
Or, le grand prêtre questionnait Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine.
Jésus lui répondit : « J’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j’ai dit, demande-le à ceux qui sont venus m’entendre. Eux savent ce que j’ai dit. »
À cette réponse, un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : « C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! »
Jésus lui répliqua : « Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? »
Anne l’envoya, toujours enchaîné, au grand prêtre Caïphe.
Simon-Pierre était donc en train de se chauffer ; on lui dit : « N’es-tu pas un de ses disciples, toi aussi ? » Il répondit : « Non, je n’en suis pas ! »
Un des serviteurs du grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, insista : « Est-ce que je ne t’ai pas vu moi-même dans le jardin avec lui ? »
Encore une fois, Pierre nia. À l’instant le coq chanta .
Alors on emmène Jésus de chez Caïphe au palais du gouverneur. C’était le matin. Les Juifs n’entrèrent pas eux-mêmes dans le palais, car ils voulaient éviter une souillure qui les aurait empêchés de manger l’agneau pascal.
Pilate vint au dehors pour leur parler : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? »
Ils lui répondirent : « S’il ne s’agissait pas d’un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. »
Pilate leur dit : « Reprenez-le, et vous le jugerez vous-mêmes suivant votre loi. » Les Juifs lui dirent : « Nous n’avons pas le droit de mettre quelqu’un à mort. »
Ainsi s’accomplissait la parole que Jésus avait dite pour signifier de quel genre de mort il allait mourir.
Alors Pilate rentra dans son palais, appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d’autres te l’ont dit ? »
Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »
Jésus déclara : « Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d’ici. »
Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. »
Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? »
Après cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais c’est la coutume chez vous que je relâche quelqu’un pour la Pâque : voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
Mais ils se mirent à crier : « Pas lui ! Barabbas ! » (Ce Barabbas était un bandit.)
Alors Pilate ordonna d’emmener Jésus pour le flageller.
Les soldats tressèrent une couronne avec des épines, et la lui mirent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau de pourpre.
Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : « Honneur à toi, roi des Juifs ! » Et ils le giflaient.
Pilate sortit de nouveau pour dire aux Juifs : « Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. »
Alors Jésus sortit, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : « Voici l’homme. »
Quand ils le virent, les chefs des prêtres et les gardes se mirent à crier : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Reprenez-le, et crucifiez-le vous-mêmes ; moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. »
Les Juifs lui répondirent : « Nous avons une Loi, et suivant la Loi il doit mourir, parce qu’il s’est prétendu Fils de Dieu. »
Quand Pilate entendit ces paroles, il redoubla de crainte.
Il rentra dans son palais, et dit à Jésus : « D’où es-tu ? » Jésus ne lui fit aucune réponse.
Pilate lui dit alors : « Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te relâcher, et le pouvoir de te crucifier ? »
Jésus répondit : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut ; ainsi, celui qui m’a livré à toi est chargé d’un péché plus grave. »
Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher ; mais les Juifs se mirent à crier : « Si tu le relâches, tu n’es pas ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur. »
En entendant ces paroles, Pilate amena Jésus au-dehors ; il le fit asseoir sur une estrade à l’endroit qu’on appelle le Dallage (en hébreu : Gabbatha).
C’était un vendredi, la veille de la Pâque, vers midi. Pilate dit aux Juifs : « Voici votre roi. »
Alors ils crièrent : « À mort ! À mort ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Vais-je crucifier votre roi ? » Les chefs des prêtres répondirent : « Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur. »
Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié, et ils se saisirent de lui.
Jésus, portant lui-même sa croix, sortit en direction du lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, en hébreu : Golgotha.
Là, ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté, et Jésus au milieu.
Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix, avec cette inscription : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. »
Comme on avait crucifié Jésus dans un endroit proche de la ville, beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, qui était libellé en hébreu, en latin et en grec.
Alors les prêtres des Juifs dirent à Pilate : « Il ne fallait pas écrire : ‘Roi des Juifs’ ; il fallait écrire : ‘Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs’. »
Pilate répondit : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. »
Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas.
Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, tirons au sort celui qui l’aura. » Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats.
Or, près de la croix de Jésus se tenait sa mère, avec la s?ur de sa mère, Marie femme de Cléophas, et Marie Madeleine.
Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. »
Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
Après cela, sachant que désormais toutes choses étaient accomplies, et pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. »
Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche.
Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit.
Comme c’était le vendredi, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat (d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque). Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes.
Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis du deuxième des condamnés que l’on avait crucifiés avec Jésus.
Quand ils arrivèrent à celui-ci, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
Celui qui a vu rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi. (Son témoignage est véridique et le Seigneur sait qu’il dit vrai.)
Tout cela est arrivé afin que cette parole de l’Écriture s’accomplisse : Aucun de ses os ne sera brisé.
Et un autre passage dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.
Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par peur des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus.
Nicodème (celui qui la première fois était venu trouver Jésus pendant la nuit) vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres.
Ils prirent le corps de Jésus, et ils l’enveloppèrent d’un linceul, en employant les aromates selon la manière juive d’ensevelir les morts.
Près du lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore mis personne.
Comme le sabbat des Juifs allait commencer, et que ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus.
Patrick Braud