L'homélie du dimanche (prochain)

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7 mai 2023

Philippe à la mêlée, Pierre à l’ouverture

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Philippe à la mêlée, Pierre à l’ouverture

Homélie pour le 6° Dimanche de Pâques / Année A
14/05/2023

Cf. également :
Passons aux Samaritains !
L’agilité chrétienne
Fidélité, identité, ipséité
Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous
Se réjouir d’un départ
Le Paraclet, l’Église, Mohammed et nous

Philippe à la mêlée, Pierre à l’ouverture dans Communauté spirituelle

De l’importance vitale des charnières
Lors du match France-Galles du Tournoi des six Nations le 18/03/23, les numéros 9 Antoine Dupont et 10 Romain Ntamack ont fêté leur 26° titularisation ensemble, un record ! Les deux complices du Stade toulousain forment ce que le monde de l’ovalie appelle une charnière. Charnière bien nommée, car c’est grâce à cette paire que le jeu bascule des lignes avant aux lignes arrières.

Les appeler « demi », c’est souligner que chacun a besoin de l’autre !
Le demi de mêlée va fouiller dans les regroupements pour extraire la balle qu’il passera à son demi d’ouverture, chargé de lancer l’attaque à la main jusqu’à l’aile, ou de taper au pied pour aller occuper le camp adverse, ou de repiquer dans l’axe pour avancer avec les avants.

Il existe bien des charnières célèbres dans l’histoire du rugby ! Pour la France on se souvient de Pierre Lacroix & Pierre Albaladejo, Lilian & Guy Camberabero, Jacques Fouroux & Jean-Pierre Romeu, Jérôme Gallion & Alain Caussade etc. Mais aussi de Gareth Edwards & Phil Bennett (Galles), Peter Stringer & Ronan O’Gara (Irlande), Connor Murray & Jonathan Sexton (Irlande, 67 sélections !), Piri Weepu & Dan Carter (Nouvelle Zélande), George Gregan & Stephen Larkham (Australie), Faf de Klerk & Handré Pollard (Afrique du Sud).

Bref : capitaliser sur l’effort de conquête des avants et ouvrir le jeu jusqu’aux arrières nécessite une charnière solide, inspirée ! Il se pourrait bien que cela nous aide à comprendre le sens de notre première lecture…


La charnière de Samarie
 Esprit dans Communauté spirituelle
Luc était peut-être un fan assidu des compétitions de rugby en Israël ! Notre première lecture (Ac 8,5-8.14-17) raconte en effet le travail du diacre Philippe en pleine mêlée samaritaine, puis l’intervention de Pierre à qui Philippe passe le relais pour ouvrir l’Église à ces hérétiques mal famés ! En excellent numéro 9, Philippe se démène pour arracher la balle des mains de Simon le Magicien qui subjuguait les foules autour du mont Garizim. Notons d’ailleurs que Philippe est le premier, avant les Douze, à s’aventurer en territoire adverse : comme quoi les apôtres ne sont pas toujours à la pointe de l’évangélisation ! Ils doivent pouvoir compter sur des défricheurs, des aventuriers qui les précèdent en terrain inconnu.

Pierre et Jean arriveront à point, comme des seconds couteaux – ou des secondes lames si l’on préfère la publicité de Gillette G2 - pour conclure l’affaire, sceller l’œuvre de Philippe et en faire le bien commun de toute l’Église.

N’attendons donc pas tout des prêtres, diacres, évêques ou même du pape ! Il faut à l’Église des pionniers qui, tels des numéros 9 incisifs, vont plonger dans les mêlées culturelles, éthiques, économiques etc. de notre temps et en extraire des pistes d’action pour toute l’Église. Un peu à l’image des assemblées synodales qui font un gros travail d’écoute des signes des temps, de discernement, de créativité, et proposent ainsi au magistère des pistes pour ouvrir l’Église aux attentes contemporaines.

L’énigme de Samarie
Mais pourquoi diable séparer le baptême et l’Esprit Saint ? En effet, Philippe baptise les samaritains, mais Pierre et Jean constatent qu’ils n’ont pas encore reçu l’Esprit Saint. Ils s’empressent de leur imposer les mains que cela arrive. Cette séparation entre baptême et Esprit Saint est une énigme pour les exégètes. Plusieurs interprétations ont été explorées, qui nous intéressent par leur impact sur aujourd’hui.

a) L’Esprit souffle où il veut
vent Pentecôte
Les théologiens aiment bien lier le baptême et l’Esprit Saint de façon systématique et quasi mécanique. Mais les Actes des apôtres résistent à cette systématisation. En Samarie, on voit bien qu’on peut recevoir le baptême sans être réellement animé par l’Esprit Saint. Pensez à tous ceux qui demandent le baptême par routine, conformisme familial ou social, ou autrefois par peur de perdre leurs avantages. Pensez à tous ces bébés qu’on baptise et qui ne seront jamais ni catéchisés, ni confirmés ni eucharistiés. Suffirait-il de recevoir le baptême pour vivre de l’Esprit, par l’Esprit et dans l’Esprit ? La confirmation catholique, donnée des mois après le baptême des enfants, est la trace de cette hésitation : le baptême ne suffit pas, il faut une plénitude, une adhésion entière, une maturité de la foi qui n’est pas totalement présente au début.

Les Actes des apôtres connaissent également un autre décalage entre baptême et Esprit Saint, mais en sens inverse, quand l’Esprit précède le baptême. En effet, Pierre – toujours lui – constate que le centurion romain Corneille et sa famille ont déjà reçu l’Esprit à Césarée bien avant qu’il ne se décide enfin à baptiser ces païens incirconcis ! « Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? » (Ac 10,47)
Saint Augustin commente en rappelant l’absolue liberté de l’Esprit Saint qui n’est lié par aucune action humaine, pas même le baptême ou tout autre sacrement :

« Où sont ceux qui disaient que c’est une puissance d’homme qui confère l’Esprit-Saint ? Pendant que Pierre annonçait l’Évangile, Corneille et tous les gentils qui l’écoutaient avec lui se convertirent à la foi ; et tout à coup, avant même de recevoir le baptême, ils furent remplis du Saint-Esprit. Que répondra ici la présomption humaine? Ce n’est pas seulement avant l’imposition des mains, c’est même avant le baptême que l’Esprit-Saint est descendu. Ainsi prouve-t-il sa puissance et non sa dépendance. Pour trancher la question relative à la circoncision, il vient avant la purification du baptême. Des esprits chagrins ou ignorants auraient pu dire à l’Apôtre : Tu as mal fait ici de donner le Saint-Esprit. Mais voilà que s’est accomplie, que s’est réalisée clairement cette parole du Seigneur : « L’Esprit souffle où il veut ». Voilà qu’il est démontré manifestement et par l’effet même combien le Seigneur a eu raison de dire : ‘L’Esprit souffle où il veut’ ».

Résumons-nous : il peut y avoir des baptisés qui ne vivent pas de l’Esprit Saint, et des non-baptisés qui en vivent ! Comme disait le même et génial Augustin en parlant de l’Église :
« il y en a qui se croient dedans et qui sont dehors, et d’autres qui se croient dehors alors qu’ils sont dedans »…
Étonnante liberté de l’Esprit, qui nous invite à ne pas fétichiser l’action sacramentelle, et donc à accorder une importance égale à la vie spirituelle !

b) Le baptême seul ne suffit pas pour arracher les croyances magiques de nos cœurs
p28sorcier Philippe
Quand on lit Ac 8 en entier (la lecture liturgique est hélas tronquée), on est frappé de l’importance que les samaritains accordent dans un premier temps au surnaturel : les signes accomplis par Philippe, les esprits impurs exorcisés, les paralysés et boiteux guéris, la puissance de Dieu – « la Grande ! » – agissant en Simon le Magicien etc. Ils sont stupéfaits, comme sidérés par les pratiques magiques de Simon ou les guérisons plus spectaculaires encore de Philippe. Ils suivent le gourou qui a cette puissance, Simon d’abord, puis Philippe. Même Simon « ne quittait plus Philippe » ! Ils croient parce qu’ils ont vu des miracles ; or Jésus se défiait de pareille adhésion : « beaucoup crurent en son nom à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous » (Jn 2,23-24). Le texte précise : « ils crurent en Philippe » (Ac 8,12) comme ils ont cru en Simon le Magicien. Or être chrétien, ce n’est pas changer de gourou !

À qui cela n’est-il pas arrivé de s’attacher d’abord à tel catéchiste, à tel prêtre ou religieuse, à tel chrétien ayant une aura charismatique ? Ce n’est pas négatif en soi si c’est le début d’une adhésion plus mature conduisant au Christ. Toujours l’histoire du doigt qui montre la lune !

Vient un moment où il nous faut passer d’une relation trop affective et magique à une communion plus vraie et plus ouverte. C’est tout le cheminement des catéchumènes adultes. En Samarie, c’est Pierre et Jean qui en imposant les mains aident les convertis à décoller de Philippe pour s’ouvrir à la dimension catholique (« kat-olon », selon le tout en grec = toute la foi, toute l’Église, partout) et pour renoncer à la dimension magique de leur foi naissante. L’œuvre de l’Esprit est ici de purifier une foi encore trop engluée dans des superstitions et croyances magiques, ou dans un attachement trop personnel à Philippe.

Pensez aux pratiques superstitieuses qui prolifèrent encore dans nos paroisses (Perpignan et Draguignan ont par exemple organisé des processions pour faire tomber la pluie !).
Ou pensez encore à l’attachement malsain avec lequel des communautés nouvelles comme les Frères de Saint-Jean, les Légionnaires du Christ, les Fraternités monastiques de Jérusalem, l’Arche, les Béatitudes, les Bénédictines de Montmartre, l’ex-communauté de la Théophanie, l’abbaye de Sylvanès avec le P. Gouzes etc. ont vénéré leurs fondateurs aujourd’hui reconnus coupables des pires abus.

C’est pour cela qu’il faut quelqu’un de l’extérieur – Pierre jouant le rôle de demi d’ouverture - pour se saisir de la communauté naissante rassemblée par Philippe et l’ouvrir à la grande Église.

c) L’Esprit nous ancre fermement dans l’unité ecclésiale
1024px-Greco-Espolio-Lyon Pierre
La forte et rapide croissance d’une start-up est pleine de risques, nous apprennent les économistes. À grandir trop vite et trop fort, on risque d’investir trop et mal, d’embaucher trop et mal, de se disperser à produire tous azimuts en oubliant sa raison d’être…
Il en est de même pour l’Église : elle a grandi rapidement à partir de Jérusalem, selon le programme explicite donné par Jésus à ses apôtres : « vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8).

Chaque étape de cette croissance a été franchie sous l’impulsion de l’Esprit : lors de la Pentecôte pour les juifs (Ac 2), avec Philippe, Pierre et Jean en Samarie (Ac 8), avec Pierre pour le passage aux païens dans la famille du centurion Corneille à Césarée (Ac 10) puis au ‘concile de Jérusalem’ (Ac 15). Trois ou quatre Pentecôtes successives, rythmant l’expansion demandée par le Ressuscité. À chaque fois, il aurait pu y avoir un schisme. Et en réalité il y en a eu : des juifs de stricte observance n’ont pas suivi après Pentecôte, des samaritains n’ont pas suivi Philippe et Pierre, l’adhésion des païens depuis Corneille a provoqué l’opposition et le départ de bien des judéo-chrétiens etc.

De même, après chaque concile un schisme s’est opéré. Le dernier était celui de Mgr Lefebvre suite à Vatican II. C’est donc quasiment une loi historique que chaque étape de croissance nette de l’Église suscite des réactions de séparation abîmant l’unité ecclésiale. Le rôle de l’imposition des mains en Samarie est de conjurer ce risque dès sa naissance : l’intervention des apôtres de Jérusalem va ancrer fermement les samaritains dans la grande Église, les détournant de l’envie de fonder une Église à part, une communauté trop liée aux seuls aspects ethniques ou nationaux. On a déjà dit ailleurs que c’est un peu le péché originel des Églises orthodoxes : être tellement liées au pouvoir politique local, à leur culture, à leur nation qu’elles en deviennent littéralement autocéphales, et capables de soutenir un empereur byzantin parce qu’il est orthodoxe ou un tyran russe parce qu’il est russe…

Les catholiques ont noté quant à eux la présence de Pierre à chacune de ces trois grandes étapes de la croissance ecclésiale dans les Actes.
Un évangélique commente [1] :

« Chaque fois, c’est Pierre qui préside. C’est lui à la Pentecôte ; c’est lui qu’on doit attendre à Samarie ; c’est lui que Dieu fait chercher par les gens de Corneille. Après cela, il ne sera plus guère question de lui dans le livre des Actes. A la mémoire remonte alors une promesse de Jésus : « Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux » (Mt 16,19). Son privilège de « majordome » de la maison du Seigneur, Pierre ne l’a-t-il pas exercé dans sa mission historique d’ouverture ? Oui, il a ouvert la porte du Royaume : aux Juifs, puis aux Samaritains, puis aux païens. Pierre, le représentant du collège tout entier associé au Christ pour former le fondement de l’Église s’est trouvé là les trois fois : « vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même » (Ep 2,20) ».

image rugbyVoilà le rôle du pape encore actuellement : garantir l’unité de la grande Église en récoltant les inspirations venant des Églises locales tout en les intégrant dans une communion plus vaste, catholique. Par exemple le rite zaïrois est légitime pour célébrer la messe, afin de tenir compte du génie spirituel africain, à condition de ne pas en faire une exclusive ou un dénigrement des autres liturgies. Le diaconat permanent est légitimement rétabli en Occident, pas en Afrique, tout aussi légitimement. Chaque Église locale doit reconnaître la catholicité de l’autre, et Pierre – le pape – préside à la communion entre elles, pour que ne soit pas déchirée la tunique du Christ, l’unité des Églises. C’est le même processus dans un diocèse : l’évêque doit veiller à ce que les charismes de chaque mouvement, communauté ou paroisse s’intègrent dans un bien commun où l’on conjugue différences et communion.

Quelle que soit l’interprétation qui vous satisfait le plus parmi les trois évoquées ci-dessus, l’essentiel est de jouer notre rôle charnière : comme un numéro 9, extraire les pépites enfouies sous l’ensevelissement des débats qui nous traversent, et transmettre au numéro 10 – les responsables ecclésiaux – les matériaux dont ils pourront faire des ouvertures, des percées indispensables à la marche en avant de toute l’Église, sans rupture d’unité.

Que l’Esprit de Pentecôte de Jérusalem, de Samarie ou de Césarée fasse de nous ces charnières que le « French flair » fait étinceler de génie, de courage, d’intelligence pour aller en « terre promise »… !

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LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint » (Ac 8, 5-8.14-17)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là, Philippe, l’un des Sept, arriva dans une ville de Samarie, et là il proclamait le Christ. Les foules, d’un même cœur, s’attachaient à ce que disait Philippe, car elles entendaient parler des signes qu’il accomplissait, ou même les voyaient. Beaucoup de possédés étaient délivrés des esprits impurs, qui sortaient en poussant de grands cris. Beaucoup de paralysés et de boiteux furent guéris. Et il y eut dans cette ville une grande joie.
Les Apôtres, restés à Jérusalem, apprirent que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu. Alors ils y envoyèrent Pierre et Jean. À leur arrivée, ceux-ci prièrent pour ces Samaritains afin qu’ils reçoivent l’Esprit Saint ; en effet, l’Esprit n’était encore descendu sur aucun d’entre eux : ils étaient seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint. « C’est ainsi que Philippe, l’un des Sept, arriva dans une ville de Samarie, et là il proclamait le Christ. Les foules, d’un même cœur, s’attachaient à ce que disait Philippe, car elles entendaient parler des signes qu’il accomplissait, ou même les voyaient. Beaucoup de possédés étaient délivrés des esprits impurs, qui sortaient en poussant de grands cris. Beaucoup de paralysés et de boiteux furent guéris. Et il y eut dans cette ville une grande joie. Or il y avait déjà dans la ville un homme du nom de Simon ; il pratiquait la magie et frappait de stupéfaction la population de Samarie, prétendant être un grand personnage. Et tous, du plus petit jusqu’au plus grand, s’attachaient à lui en disant : ‘Cet homme est la Puissance de Dieu, celle qu’on appelle la Grande.’ Ils s’attachaient à lui du fait que depuis un certain temps il les stupéfiait par ses pratiques magiques. Mais quand ils crurent Philippe qui annonçait la Bonne Nouvelle concernant le règne de Dieu et le nom de Jésus Christ, hommes et femmes se firent baptiser. Simon lui-même devint croyant et, après avoir reçu le baptême, il ne quittait plus Philippe ; voyant les signes et les actes de grande puissance qui se produisaient, il était stupéfait. Les Apôtres, restés à Jérusalem, apprirent que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu. Alors ils y envoyèrent Pierre et Jean. À leur arrivée, ceux-ci prièrent pour ces Samaritains afin qu’ils reçoivent l’Esprit Saint ; en effet, l’Esprit n’était encore descendu sur aucun d’entre eux : ils étaient seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint. » (Ac 8,5-17)

PSAUME

(Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20)
R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur ! ou : Alléluia ! (Ps 65, 1)

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.

Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »
« Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom. »

Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.
Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne.

Il règne à jamais par sa puissance.
Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme ;
Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

DEUXIÈME LECTURE
« Dans sa chair, il a été mis à mort ; dans l’esprit, il a reçu la vie » (1 P 3, 15-18)

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre
Bien-aimés, honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ. Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ. Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt qu’en faisant le mal. Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair ; mais vivifié dans l’Esprit.

ÉVANGILE
« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur » (Jn 14, 15-21)
Alléluia. Alléluia. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ; mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui. Alléluia (Jn 14, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Patrick BRAUD

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16 avril 2023

Emmaüs : une catéchèse de cheminement

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Emmaüs : une catéchèse de cheminement

Homélie pour le 3° Dimanche de Pâques / Année A
23/04/2023

Cf. également :

Et nous qui espérions…
Le courage pascal

Emmaüs : mettre les 5 E dans le même panier
Le premier cri de l’Église
La grâce de l’hospitalité

On demande des pédagogues !
L’Éducation Nationale manque cruellement de professeurs. La faute sans doute à des salaires trop bas. Et plus encore à des conditions difficiles : une classe de trente adolescents qui ne jurent que par leurs écouteurs, leurs écrans et leurs réseaux sociaux n’est pas facile à apprivoiser. Pour peu que les élèves viennent de quartiers défavorisés, tous les handicaps se cumulent pour faire de la charge d’enseignant une mission presque impossible. Et encore, à 35 ans, un jeune prof peut s’en sortir ; mais à 60 ans et plus, cette perspective effraie la plupart d’entre eux !

L’une des sources de ce problème – que l’on retrouve d’ailleurs en catéchèse – est la difficulté d’ajuster la pédagogie scolaire aux jeunes d’aujourd’hui, dont l’attention dépasse rarement trois minutes. Être pédagogue ne s’apprend pas à l’université. C’est un savoir-être qui relève de l’intelligence du cœur plus que du diplôme. Même dans des écoles Montessori ou Freinet, on cherche des pédagogues pour mettre en œuvre des apprentissages adaptés à chacun !

Catéchèse de cheminement. Pédagogie pastorale pour mener la transition en paroisseLe célèbre passage d’évangile (Lc 24,13-35) de ce dimanche est pour nous à cet égard une source d’inspiration inépuisable : le Ressuscité agit envers les deux disciples d’Emmaüs avec une telle délicatesse et méthode que nous pouvons y puiser des points de repères toujours pertinents pour notre catéchèse. Les théologiens et catéchistes qui ont fait ce travail d’actualisation ont formalisé leur travail en une belle expression : catéchèse de cheminement [1]. Et ils ont distingué 7 attitudes catéchétiques de base pour être fidèle à la pédagogie du Christ accompagnant les disciples d’Emmaüs :

1. Rejoindre, s’approcher
2. Faire route avec
3. Questionner, écouter
4. Interpréter les événements à la lumière des Écritures
5. Séjourner chez l’autre
6. Célébrer
7. Savoir s’éclipser

Commentons rapidement chacune de ces étapes, en les appliquant à nos relations avec nos collègues de travail, avec qui ce cheminement est possible et fécond.

 

1. Rejoindre, s’approcher
Emmaüs : une catéchèse de cheminement dans Communauté spirituelle
Ça n’a l’air de rien, mais le premier mouvement est d’aller vers.
Aller vers l’autre : le Ressuscité ne se délecte pas en privé de la vie retrouvée. Il ‘repère’ en quelque sorte deux disciples désabusés qui s’éloignent de Jérusalem, leur espérance déçue.
Sortir de soi pour aller vers l’autre est le premier mouvement du catéchiste. Or la plupart des paroisses se contentent de mettre des affiches et des annonces pour dire de s’inscrire au caté à la rentrée. Comment s’étonner dès lors que le taux de catéchisation soit en chute libre, autour de 10%–15% dans le meilleur des cas [1] (1% à 5% le plus souvent) ? Rejoindre les enfants là où ils vivent : c’est la mission de l’École catholique, mais aussi de l’Aumônerie de l’Enseignement Public et de la catéchèse en primaire. On devrait voir dans les cités, les immeubles, les clubs sportifs etc. des adultes partageant « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses » (Vatican II, Gaudium et spes n° 1) des enfants de tous milieux et origines…

Dans le monde du travail, c’est plus évident. On est d’emblée immergé dans des relations professionnelles où l’on est proche de collègues, de clients, de fournisseurs etc. À condition de ne pas travailler en solo, le nez rivé sur son seul écran, à l’abri des cloisons de son open-space (pas si open que cela…). Se rendre proche demande de ne pas toujours être en mode compétition mais collaboration, de briser les fonctionnements ‘en silos’ (ou ‘tuyaux d’orgue’) où chacun ignore ce que fait l’autre et ne lui communique rien.

Notons le côté gratuit de cette proximité : il ne s’agit pas de proposer tout de suite quelque chose, de même que le Christ ne propose pas d’emblée aux disciples d’Emmaüs d’ouvrir les Écritures ou de célébrer l’eucharistie ! Non : il s’agit d’être là, d’être avec, d’être proche. Sans calcul, ni stratégie, ni arrière-pensée. Avoir de tels collègues à ses côtés est un trésor de réassurance, de partage, d’ambiance positive et solidaire au travail…

 

2. Faire route avec
Jésus et les disciples d’Emmaüs
C’est étymologiquement la caractéristique du pédagogue dans le monde grec. Le pédagogue était le serviteur qui allait chercher l’enfant (παῖς, paîs) pour marcher avec lui et le conduire (ἄγω, ágô) jusqu’à l’école. Marcher avec l’autre demande de régler son pas sur le sien, ni trop lent ni trop rapide.

Le Christ fait route avec ses disciples : il va partager leurs émotions, leurs souvenirs, leurs rêves brisés… Et cela dure : selon les estimations, la distance de Jérusalem à Emmaüs varie entre 10 et 30 kilomètres ! Annoncer l’Évangile demande de cheminer dans la durée, de faire route avec, jusqu’à éprouver les mêmes peines, les mêmes difficultés et épreuves de ceux vers qui nous somme envoyés. Impossible d’évangéliser ‘de l’extérieur’ : c’est en chemin que surviennent les rencontres où le Christ se partage en plénitude.

Au travail, faire route avec ses collègues demande de jouer collectif et pas perso (comme on dit au foot !), de se rendre solidaire de l’équipe, d’avancer avec elle. Le terme cheminement exprime bien ce compagnonnage patient. Au début, on n’échange que des banalités. Peu à peu, avec le temps et les événements de la vie de chacun ou de l’entreprise, on échange des confidences plus personnelles, on débat de convictions plus intimes, on partage des souvenirs ou des moments plus impliquants. Il faut parfois des années de conversation sur la météo, le match de rugby ou la dernière série de Netflix avant qu’un jour, à l’occasion d’un événement, la parole devienne personnelle, vraie, profonde. C’est le fruit du cheminement, patient et respectueux, que les pressés ne connaîtront jamais.

 

3. Questionner, écouter
Questions ouvertes et question fermées - Exemples et définition
Cheminer ainsi avec nos collègues se fait grâce au questionnement et à l’écoute. Des questions ouvertes comme celle du Christ (« de quoi discutiez-vous ? ») et non des questions fermées comme celles des journalistes (« vous discutiez sans doute de la croix… »), qui n’attendent d’ailleurs jamais la réponse complète.

Questionner est un art : sans être intrusive, la question ouverte laisse à l’autre la possibilité d’ouvrir les portes ou les fenêtres qu’il désire ouvrir, pas les vôtres. Là encore, la gratuité préside à ce type d’échange : il ne s’agit pas d’amener l’autre sournoisement sur votre terrain, mais réellement de lui laisser la possibilité de trouver les mots pour dire ce qui est important pour lui.

Écouter la réponse est tout aussi important : sans interrompre l’autre, à l’image du Ressuscité qui n’interrompt pas le long développement des disciples racontant « tout ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth ». Pourtant, Jésus aurait pu couper court à cette longue évocation, car s’il y en avait un qui était au courant, c’était bien lui ! Il voulait sans doute entendre de la bouche des deux ex-disciples comment eux l’avaient vécu, avec leurs mots, leurs émotions, leurs doutes, leurs interrogations.

Au travail comme ailleurs, il faut souvent se mordre la langue pour ne pas intervenir trop tôt, pour ne pas répliquer, pour ne pas réagir avant que l’autre ait fini de dire ce qu’il voulait dire ! Que ce soit en tête-à-tête autour de la tasse de café ou en réunion devant son chef, écouter l’autre jusqu’au bout, attentivement, en pensant à ce que lui est en train de dire et non pas à ce que je vais lui répondre, est une véritable ascèse ! C’est pourtant à ce prix que l’écoute porte du fruit. La tradition chrétienne appelle chasteté cette qualité d’écoute de l’autre pour lui-même, et non pour ce que je voudrais en faire.

 

4. Interpréter les événements à la lumière des Écritures
 catéchèse dans Communauté spirituelle
Ayant bien entendu leur souffrance, leur déception, leur espérance, le Ressuscité « partant de Moïse et de tous les Prophètes, leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait… ».

C’est le moment de l’annonce explicite, où le croyant se risque à abattre ses cartes, à  confesser sa foi, à s’appuyer sur les Écritures pour comprendre et déchiffrer ce qui arrive. L’enjeu est l’interprétation des événements : pourquoi tel conflit entre nous ? Comment réagir à tel plan social ? Comment relever tel défi collectif etc. ? Les conversations entre collègues abordent tôt ou tard les questions essentielles de chacun : que veut dire ce divorce, ce deuil, cette maladie, les problèmes avec les enfants etc. ?

Interpréter les événements demande au croyant de scruter les Écritures, et de partager honnêtement avec d’autres sa lecture des faits tels que l’Esprit lui l’inspire, éclairé par les textes.

 

5. Séjourner chez l’autre
tente bédouine
« Le Ressuscité fit semblant d’aller plus loin ». Il ne veut pas forcer les disciples à l’accueillir. Mais s’il est  invité, il accepte avec joie : « Il entra donc, pour rester avec eux ».
Entrer chez l’autre, c’est entrer dans sa culture, son histoire, sa langue, sa famille…
Rester chez lui, c’est prendre le temps, ne pas être pressé, s’imprégner de son univers avant de poser le geste sacramentel.

On dit à raison qu’on ne connaît pas vraiment un collègue tant qu’on n’a pas été chez lui, pour l’apéro, le dîner ou un match à la télé ! Tout change quand on voit les photos, les cadres, les meubles, l’arrangement de son appartement, de sa maison, et bien sûr son conjoint et ses enfants !

« Il a planté sa tente parmi nous » dira Jean du Verbe de Dieu (Jn 1) : l’incarnation est ce mouvement pour aller vers l’autre et rester chez lui.

 

6. Célébrer
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« Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna ». Le geste eucharistique vient en point d’orgue de ce compagnonnage, de ce parcours sur la route où le Christ a cheminé avec ses disciples.
Avec nos collègues de travail, les occasions de célébrer ensemble seront rares. Mais il y en a : des obsèques, un baptême, un mariage, Noël etc. Notre catéchèse peut d’ailleurs s’appuyer sur ces célébrations qui sont souvent des points de départ, des sources et pas seulement des sommets.
Aller jusqu’à ce moment sacramentel est essentiel à la catéchèse de cheminement, qui autrement risque de se cantonner à un accompagnement humaniste, de valeur certes, mais tronqué.

 

7. Savoir s’éclipser
S’éclipser
« Il disparut à leurs regards » : juste au moment où enfin il aurait pu se faire adorer, vénérer, fêter, le Ressuscité prend la tangente… C’est tout le contraire de la lâcheté : le vrai pédagogue est celui qui conduit l’autre à lui-même, puis s’éclipse pour le rendre adulte et autonome. Seuls les gourous maintiennent leurs adeptes dans leur dépendance.
Le maître se réjouit que l’élève aille plus loin que lui sans lui.
Le catéchiste espère non pas que l’enfant se souvienne de lui mais qu’il grandisse dans la foi et se passe de lui. Savoir disparaître pour ne pas peser sur la liberté de l’autre est la délicatesse du bon samaritain qui donne l’argent suffisant à l’aubergiste pour s’occuper du blessé, puis disparaît sans laisser sa carte de visite. Au réveil, le blessé ne saura pas qui l’a sauvé. Du coup il aura à cœur de faire circuler cette dette d’amour en devenant à son tour le samaritain d’un autre…

Ce cheminement à travers ces 7 étapes est un processus graduel, progressif, avec des hauts et des bas.

« Il faut une conversion continuelle, permanente, qui, tout en exigeant de se détacher intérieurement de tout mal et d’adhérer au bien dans sa plénitude, se traduit concrètement en une démarche conduisant toujours plus loin. Ainsi se développe un processus dynamique qui va peu à peu de l’avant grâce à l’intégration progressive des dons de Dieu et des exigences de son amour définitif et absolu dans toute la vie personnelle et sociale de l’homme. C’est pourquoi un cheminement pédagogique de croissance est nécessaire pour que les fidèles, les familles et les peuples, et même la civilisation, à partir de ce qu’ils ont reçu du mystère du Christ, soient patiemment conduits plus loin, jusqu’à une conscience plus riche et à une intégration plus pleine de ce mystère dans leur vie. » (Jean-Paul II, Familiaris Consortio n° 9, 1981)

Puisse l’Esprit du Ressuscité nous inspirer une pédagogie de cheminement avec nos collègues, nos familles, et même nos ennemis !

_______________________________________

[1]. En 2016, le taux moyen d’enfants catéchisés en France, entre le CE2 et le CM2, était de 17,4 %, selon une enquête publiée par le Service national de la catéchèse et du catéchuménat. La dernière étude réalisée à ce sujet avec des critères similaires, établissait qu’en 1993, 42,1 % enfants étaient catéchisés en France. Sacrée chute !

[2] Cf. Luc Aerens, Catéchèse de cheminement. Pédagogie pastorale pour mener la transition en paroisse, Ed. Lumen vitae, 2003.

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE

« Il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir » (Ac 2, 14.22b-33)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix et leur fit cette déclaration : « Vous, Juifs, et vous tous qui résidez à Jérusalem, sachez bien ceci, prêtez l’oreille à mes paroles. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, homme que Dieu a accrédité auprès de vous en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes. Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. En effet, c’est de lui que parle David dans le psaume : Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche :il est à ma droite, je suis inébranlable. C’est pourquoi mon cœur est en fête, et ma langue exulte de joie ;ma chair elle-même reposera dans l’espérance :tu ne peux m’abandonner au séjour des morts ni laisser ton fidèle voir la corruption. Tu m’as appris des chemins de vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
Frères, il est permis de vous dire avec assurance, au sujet du patriarche David, qu’il est mort, qu’il a été enseveli, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous. Comme il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un homme issu de lui. Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption. Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez.

PSAUME

(Ps 15 (16), 1-2a.5, 7-8, 9-10, 11)
R/ Tu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie.ou : Alléluia ! (Ps 15, 11a)

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !

DEUXIÈME LECTURE
« Vous avez été rachetés par un sang précieux, celui d’un agneau sans tache, le Christ » (1 P 1, 17-21)

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre
Bien-aimés, si vous invoquez comme Père celui qui juge impartialement chacun selon son œuvre, vivez donc dans la crainte de Dieu, pendant le temps où vous résidez ici-bas en étrangers. Vous le savez : ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ; mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ. Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné d’avance et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous. C’est bien par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.

ÉVANGILE
« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain » (Lc 24, 13-35)
Alléluia. Alléluia. Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures ! Que notre cœur devienne brûlant tandis que tu nous parles. Alléluia. (cf. Lc 24, 32)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. » Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Patrick BRAUD

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12 février 2023

Soyez parfaits !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Soyez parfaits !

Homélie pour le 7° Dimanche du temps ordinaire / Année A
19/02/2023

Cf. également :

Talion or not talion ?
Le vrai sanctuaire, c’est vous
Boali, ou l’amour des ennemis
También la lluvia : même la pluie !
Simplifier, Aimer, Unir
La bourse et la vie
Incendie de Notre Dame de Paris : « Le sanctuaire, c’est vous »
Aimer ses ennemis : un anti-parcours spirituel
Ecclésia permixta

Soyez parfaits ! dans Communauté spirituelle phases-lune

Lunatique sainteté
Les soirs de pleine lune, nous pouvons marcher dehors comme en plein jour. Ce n’est pas la lune qui brille, c’est bien sûr la lumière du soleil qui se reflète sur elle, et nous permet ainsi - suffisamment atténuée pour ne pas nous éblouir et suffisamment forte pour éclairer nos pas dans la nuit - de ne pas nous perdre dans l’obscurité.

Imaginons maintenant que le soleil c’est le Christ, l’unique lumière venue éclairer l’humanité. Imaginez que la lune est l’Église, pauvre amas de rochers stériles, renvoyant pourtant à la Terre la lumière du Christ. Depuis l’Ascension, le Christ n’est plus visible dans l’histoire humaine, mais en l’absence du soleil l’Église-lune nous renvoie quelque chose de sa clarté pour baliser notre route dans la nuit.

Vous avez dans cette métaphore Christ-soleil / Église-lune une des plus belles sources d’inspiration pour penser l’Église ! Comme l’écrit le concile Vatican II dans son document sur l’Église : « le Christ est l’unique lumière des peuples… » (Lumen gentium), et la mission de l’Église est de la transmettre à tout homme.
Dans la lunette d’un télescope, la lune semble froide et stérile. Ainsi paraît l’Église, composée d’hommes et de femmes pécheurs, loin d’être parfaits ! Pourtant, elle nous transmet l’Évangile ; pourtant malgré ses contradictions, elle nous transmet la vie du Christ par les sacrements. Saint Ambroise de Milan (IV° siècle) disait : « la lune nous montre le mystère de l’Église », il ajoutait : « elle ne resplendit pas de sa propre lumière, mais de celle du Christ ». « La lune, qui présente l’image de cette Église bien-aimée n’est certes pas chose négligeable ». Cyrille d’Alexandrie reprenait cette image que les autres Pères de l’Église ont développée amplement pendant des siècles : « L’Église est auréolée par la lumière divine du Christ, qui est la seule lumière dans le royaume des âmes. Il y a donc une seule lumière: mais dans cette unique lumière, l’Église resplendit aussi, sans pour autant être le Christ lui-même ».

L’autre caractéristique de la lune est d’être changeante aux yeux humains : tantôt croissante, tantôt dans sa plénitude, puis décroissante… Comment ne pas y voir la succession des étapes historiques de l’Église, avec ses déclins, ses phases d’expansion et de rayonnement universel, ses âges d’or, puis à nouveau son affaiblissement, sa quasi-disparition etc. ? Le destin historique de l’Église est comparable aux phases lunaires.
Le futur pape Paul VI, Jean-Baptiste Montini alors évêque de Milan, développait la métaphore de son prédécesseur Ambroise :
« Saint Ambroise arrive même à comparer l’Église à la lune, dans les phases de croissance et de décroissance de laquelle se reflètent les vicissitudes de l’Église qui plonge et se redresse sans jamais sombrer, parce que “fulget Ecclesia non suo sed Christi lumine”, elle ne resplendit pas de sa propre lumière, mais de celle du Christ ». L’Église a ses phases, des phases de persécution et de paix. Elle semble disparaître, comme la lune, mais il n’en est pas ainsi. En effet, son effacement n’est en réalité que la diminution de son intensité lumineuse. La lune connaît une diminution de sa lumière, et non de son corps […]. Le disque lunaire reste entier. Dans le phénomène des phases lunaires, c’est le mystère de l’Église lumineuse et mourante qui est symboliquement représenté ». 

C’est donc une sainteté reflétée en quelque sorte. « Dieu seul est saint » chantons-nous dans le Gloria et le Sanctus, à raison. Lorsque le Credo nous fait dire notre confiance « en l’Église une, sainte, catholique et apostolique », c’est l’Église reflétant l’unité, la sainteté et la plénitude divines, tel que les apôtres nous l’ont transmis. La sainteté de l’Église est le reflet de l’unique sainteté divine.

 

Une perfection participée
La métaphore soleil-lune nous fournit une piste d’interprétation solide pour comprendre l’étrange injonction de Jésus dans l’Évangile de ce dimanche (Mt 5,38-48) : « soyez parfaits comme votre Père est parfait ».

Si l’on interprète la perfection comme l’absence de défaut moral, alors elle est impossible à l’homme. Si l’on pense à la perfection de la lune reflétant la lumière du soleil, alors elle devient possible. Comme le disait Jésus à ses disciples effrayés de ne pas pouvoir être à la hauteur de ce qu’il demande : « pour les hommes, c’est impossible, mais à Dieu tout est possible » (Mt 19,26). La perfection est donc à la fois impossible à l’homme seul, et pourtant à rechercher.

La perfection dont parle Jésus est bien celle du Père : nous ne pouvons l’atteindre à la seule force de nos poignets, par contre nous pouvons l’accueillir en nous puisqu’il nous la partage, gratuitement. C’est une perfection participée, non acquise, comme la sainteté de l’Église est reflétée et ne vient pas d’elle-même.

 cathare dans Communauté spirituellePour mieux saisir quelle est la perfection à laquelle nous invite le Christ, reportons-nous quelques siècles en arrière au temps des Albigeois. Aux XII°-XIII° siècles se développe dans le sud de la France un mouvement très religieux prônant un christianisme radical. Les fidèles de cette mouvance formaient deux groupes : l’élite dite cathare (mot dérivé d’une racine grecque qui signifie pur), appelée aussi les parfaits ou les bonshommes, et la foule des croyants. On passe de l’un à l’autre statut par le consolament (mot occitan), seul sacrement cathare. Par ce sacrement, l’homme quitte moralement la terre avant que la mort ne précipite son corps à la dissolution du tombeau. Si l’homme n’est pas “consolé” il revient sans cesse en se réincarnant sous d’autres enveloppes charnelles. Pour ce faire, le croyant devait se soumettre à un long noviciat, et une fois parvenu, dans le cercle des parfaits, la chasteté devenait pour lui une obligation absolue, tout comme la pratique d’un ascétisme alimentaire rigoureux (pas de viande, de lait ni d’œuf). Étaient seuls autorisés le vin, le pain, l’huile, les légumes et les fruits.

Les cathares prenaient donc au sérieux le commandement du Christ : « soyez parfaits ». Mais ils oubliaient la seconde partie de la phrase, et pensaient qu’ils devaient acquérir cette perfection à force d’ascèse, de mortification, de renoncement, d’efforts moraux. Du coup, ils commettaient deux erreurs mortelles : vouloir se sauver eux-mêmes au lieu d’être sauvés, et constituer une Église de parfaits alors que l’Église est mélangée de bon grain et d’ivraie, afin que l’on sache que la perfection resplendissant à travers elle vient de Dieu et non des hommes [1].

Former une Église de purs est une tentation toujours présente, une illusion toujours trompeuse. Même en politique, de nombreux mouvements révolutionnaires ont sombré dans une forme de catharisme sécularisé où seuls l’avant-garde du parti, les leaders de la Révolution ou les mollahs gardiens de la charia peuvent incarner le salut des masses…

L’origine du terme cathares remonte au grec « καθαροί » (katharoi, qui signifie « purs »). Il est utilisé pour la première fois par Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique pour désigner les sectateurs de Novatien, groupe chrétien rigoriste schismatique apparu au III° siècle qui refusait la réintégration des lapsi au sein de l’Église. Basile de Césarée qualifie pour sa part les Montanistes de katharoi (partisans d’un ascétisme rigoureux : jeûnes nombreux et prolongés, pas de viande ni de vin, continence parfaite, pardon de l’Église refusé aux péchés graves). Celui-ci est latinisé en cathari par les auteurs latins traitant des hérésies, au nombre desquels Augustin d’Hippone.

L’épisode cathare nous avertit : l’appel à la perfection n’est ni à ignorer, ni à radicaliser.
« Soyez parfaits », non par votre rigueur morale, mais en laissant la perfection divine ricocher sur vous pour transformer vous-même et votre entourage.

 

« Pourquoi je suis encore dans l’Église »
L’immense intérêt de cette perfection participée est de sauvegarder l’amour de l’Église alors qu’elle est terne, diminuée et blafarde à nos yeux comme un quartier de lune lors d’une nuit de brouillard. Déjà en 1970, bien avant les scandales sexuels qui affaiblissent l’Église aujourd’hui, le jeune et brillant théologien Joseph Ratzinger expliquait pourquoi il restait dans l’Église malgré les dérives et les folies de l’immédiat après-concile, sur le plan tant liturgique (dérives intégristes ou progressistes), que politique (chrétiens impliqués dans des dictatures militaires ou marxistes) ou moral (débat sur la libération sexuelle, la contraception, IVG etc.) [2].

« L’Église reflète la lumière du Christ ! Pour les Pères, l’application à l’Église de la symbolique de la lune découlait de deux idées principales : d’une part de la correspondance entre la lune et la femme (la mère), d’autre part de l’idée que la lune n’est pas source de lumière, puisqu’elle la reçoit d’Hélios. Sans lui, elle ne serait qu’obscurité ; elle brille, mais sa lumière n’est pas sa lumière, c’est la lumière d’un autre. Elle est lumière et obscurité à la fois. Elle-même n’est qu’obscurité, mais elle dispense une clarté, qui lui vient d’un autre, dont la lumière se propage par son intermédiaire. C’est exactement en cela qu’elle représente l’Église, qui illumine bien qu’elle ne soit elle-même qu’obscurité : elle ne puise pas la lumière en elle-même, mais elle la reçoit du véritable Hélios, le Christ, si bien qu’elle peut, bien qu’elle ne soit elle-même qu’un amas de pierre [...], éclairer les ténèbres dans lesquelles nous vivons de par notre éloignement de Dieu ».

En relisant aujourd’hui cette conférence donnée il y a plus de 50 ans, il est vraiment difficile de ne pas en constater la brûlante actualité… Des hommes ont défiguré le visage de l’Église, la mortifiant et l’immergeant dans de nombreux scandales. Comment pouvons-nous continuer à croire face à ces incohérences ?

Ne rêvons pas d’une Église parfaite selon nos critères ! N’idéalisons ni les prêtres, ni les religieuses, ni l’assemblée du dimanche ! Si l’Église n’est pas parfaite – ce qui est trop évident à nos yeux – ce n’est pas pour autant qu’elle ne témoigne pas de l’unique perfection en Dieu. Bien plus, elle y conduit. Imparfaite, elle transmet l’invitation d’un Autre et s’y  expose elle-même.

 

Si tu veux être parfait…
Le discours sur la montagne (Mt 5) d’où est tiré notre évangile est en fait d’abord un portrait du Christ lui-même : aimer ses ennemis, ne pas riposter aux méchants par la méchanceté, être pauvre en esprit, doux et humble de cœur, assoiffé de justice etc.

Et Jésus nous dit que c’est en laissant l’Esprit de son Père le conduire qui peut agir ainsi : il ne fait rien de lui-même, il se reçoit entièrement de son Père.

Alors, puisque « le Père fait lever son soleil sur les bons comme sur les méchants », si nous sommes unis à Lui, nous ferons de même, sans effort moral : par communion avec lui. L’amour des ennemis sera alors non pas un préalable pour être unis au Christ, mais une conséquence : c’est en étant unis au Christ que nous pourrons aimer nos ennemis.

L’histoire cathare nous a rappelé l’étymologie latine de la perfection. Le mot « perfection » vient du verbe latin per-ficio, dans lequel -ficio est la forme du verbe facio, facere : faire. Le préfixe per traduit l’idée d’une action menée « jusqu’au bout ». Parfait signifie donc « ce qui est fait jusqu’au bout, totalement ». D’où l’assimilation avec les purs : les parfaits n’ont rien à ajouter ni à enlever à ce qu’ils sont.

En grec, le terme perfection contient une idée supplémentaire, celle de la fin, de la finalité (τλειος = teleios) pour laquelle nous sommes créés. Le mot grec parfait (teleios) contient le mot τλος (telos = finalité, but), qui en français a donné téléologique c’est-à-dire qui est orienté vers un but ultime, une finalité, une plénitude.

Être parfait (teleios) c’est donc être ajusté à sa propre finalité. Or la finalité de l’être humain dans la Bible est de se laisser unir à Dieu jusqu’à être en pleine communion avec lui, jusqu’à être divinisé, « rendu participant de la nature divine » (2P 1,4). C’est en communiant à l’amour trinitaire que nous devenons parfaits (par grâce) et non l’inverse (par mérite) !

Palavra-Viva_15_7_14 EgliseDans l’Évangile de Matthieu, le seul autre passage qui utilise le terme grec τλειος (parfait) est l’épisode du jeune homme riche (Mt 19,16-22). « Si tu veux être parfait », lui dit le Christ, « vends tous tes biens, puis viens et suis moi ». Une lecture trop rapide ferait croire que la perfection réside dans la pauvreté volontaire : vendre tous ses biens. Or ce n’est là qu’un préalable, une condition pour la perfection véritable : suivre le Christ. C’est la suite du Christ qui nous rend parfait, jusqu’à vivre la vraie pauvreté avec lui. Être parfait n’est pas être pauvre mais être uni au Christ, le suivre, communier à tout son être. Alors, « naturellement » (de la nature divine), nous mettrons à penser, agir et parler en lui.

L’Église resplendit non pas de sa propre lumière, mais de celle du Christ, et elle tire sa propre splendeur du Soleil de justice, de sorte qu’elle peut dire avec Paul : « ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2,20) …

Foin de tous les puritanismes comme de tous les laxismes !
Renonçons donc à une conception trop humaine de la perfection idéaliste !
Christ nous invite non pas à devenir moralement irréprochables pour être unis à lui, mais être unis à lui pour alors agir en lui et lui en nous…

 


[1]. Bien sûr ; cela ne légitime en rien les répressions sanglantes de l’Inquisition contre les cathares…

[2]. Joseph Ratzinger, « Pourquoi je suis encore dans l’Église », Conférence, Munich, 4 juin 1970.
Cf. https://www.cathedrale-montpellier.fr/pourquoi-je-suis-encore-dans-leglise-joseph-ratzinger-extraits-de-la-conference-munich-4-juin-1970/

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 1-2.17-18)

Lecture du livre des Lévites

Le Seigneur parla à Moïse et dit : « Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël. Tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint.
Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. Mais tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui. Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. »

PSAUME
(Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10, 12-13)
R/ Le Seigneur est tendresse et pitié. (Ps 102, 8a)

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.

Aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés ;
comme la tendresse du père pour ses fils,
la tendresse du Seigneur pour qui le craint !

DEUXIÈME LECTURE
« Tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co 3, 16-23)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères, ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit en effet : C’est lui qui prend les sagesau piège de leur propre habileté. Il est écrit encore : Le Seigneur le sait :les raisonnements des sages n’ont aucune valeur ! Ainsi, il ne faut pas mettre sa fierté en tel ou tel homme. Car tout vous appartient, que ce soit Paul, Apollos, Pierre, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.

ÉVANGILE

« Aimez vos ennemis » (Mt 5, 38-48)
Alléluia. Alléluia. En celui qui garde la parole du Christ l’amour de Dieu atteint vraiment sa  perfection. Alléluia. (1Jn 2, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos !
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Patrick Braud

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5 juin 2022

La structure trinitaire de l’eucharistie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

La structure trinitaire de l’eucharistie

Homélie pour la fête de la Trinité / Année C
12/06/2022

Cf. également :

La Trinité est notre programme social
Trinité économique, Trinité immanente

Les trois vertus trinitaires
Vivre de la Trinité en nous
La Trinité, icône de notre humanité
L’Esprit, vérité graduelle
Trinité : Distinguer pour mieux unir
Trinité : ne faire qu’un à plusieurs
Les bonheurs de Sophie
Trinité : au commencement est la relation
La Trinité en actes : le geste de paix
La Trinité et nous

En cette fête de la Trinité qui clôt logiquement la période pascale, revisitons le déroulement de la messe pour mesurer combien l’assemblée du dimanche dépend de notre foi trinitaire.

De la Trinité à la Trinité

La structure trinitaire de l’eucharistie dans Communauté spirituelle croixLe premier constat est simple à faire : la messe commence et se termine par le signe de croix. Et quoi de plus trinitaire que le signe de croix ? En effet, nous ne disons pas : « au nom du Père, au nom du Fils, au nom du Saint Esprit », mais « au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ». C’est donc qu’il n’y a qu’un seul Nom et pas trois pour désigner les personnes divines. Sans y faire attention, nous marquons ainsi notre corps du sceau trinitaire. Aux enfants, on apprend qu’on touche son front en nommant le Père, source de toute chose comme la tête pour le corps ; puis on touche son ventre en nommant le Fils, qui a pour nous accepté de venir par le ventre d’une femme ; puis on touche ses épaules en nommant l’Esprit Saint, car il est la force qui nous permet de porter sur nos épaules  le joug du Christ avec facilité et légèreté.

Ce constat qu’à la messe nous allons de la Trinité à la Trinité est immédiatement renforcé  par la salutation d’entrée, à laquelle fait écho la bénédiction d’envoi en finale. « La grâce de Jésus-Christ notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous ». Cette bénédiction qui vient de Paul (2Co 13,13) est trinitaire, dans un ordre bien précis : le Christ en premier, car il est la porte qui nous ouvre gracieusement l’accès à l’amour du Père, dans la communion de l’Esprit Saint.

Entrer dans la Trinité en visant directement le Père serait passer à côté de la révélation profonde que seul le Christ peut en faire. « Nul ne connaît le Père sinon le Fils et celui à qui le fils veut le révéler » (Mt 11,27). C’est la tentation du judaïsme ou de l’islam, qui atrophient le visage de Dieu. C’est le vieux piège des religions païennes, polythéistes, animistes, qui veulent mettre la main sur le sacré afin d’obtenir ses faveurs dans un marchandage magique insensé. Nous entrons par le Fils dans l’amour du Père, ce qui nous protège de nos fantasmes, de nos projections, de notre imaginaire sur Dieu.

Ceux qui veulent entrer par l’Esprit directement pourraient être tentés eux aussi de faire l’économie de la médiation du Fils. Le confucianisme, les bouddhismes, l’hindouisme et les philosophies orientales tentent de pénétrer le mystère divin par la sagesse, la méditation, l’ascèse, la voie  spirituelle. Ces traditions contiennent des perles admirables. L’Esprit de Dieu agit réellement à travers elles, car sans connaître le Christ elles approchent de très près la profondeur du Très-Haut. Mais s’il n’est pas l’Esprit du Christ, le souffle qui anime ces courants risque de se perdre dans les méandres de l’esprit humain, et d’engendrer autant de sectes que de gourous, passant à côté de la dignité humaine révélée en plénitude en Jésus le Christ. C’est donc par le Christ que nous avons accès en plénitude à l’amour du Père, et gracieusement nous précise la bénédiction d’entrée. Car cela ne vient pas de nous ni de nos mérites.

 

De la Trinité à la Trinité en passant par la Trinité

Par Lui, avec Lui et en LuiEntre les deux extrêmes trinitaires du début et de la fin de la messe, nous trouvons en son milieu, en son sommet, la grande doxologie (= parole à la louange de la gloire de Dieu) qui est le point d’orgue de la prière eucharistique : « Par Lui avec Lui et en Lui (le Christ), à toi Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ! ». « Amen ! ». On retrouve exactement la même structure que notre salutation d’entrée : le Christ d’abord, notre médiateur unique, puis le but ultime, celui à qui la prière eucharistique s’adresse : le Père ; puis l’Esprit, lien vivant de la communion entre les deux, de nous avec eux, et entre nous. Nous avons raison de solenniser cette élévation finale de la prière eucharistique où le prêtre élève le pain et le vin consacrés pour chanter cette doxologie avec l’assemblée qui lui répond : Amen ! Elle est le point culminant de la célébration, car alors tout est accompli. Il ne reste plus ensuite qu’à ouvrir nos mains et notre bouche et notre cœur pour recevoir celui qui nous divinise à l’image de la Trinité.

 

La dynamique trinitaire de la messe

À l’intérieur de ce triangle Accueil Doxologie Envoimarqué au sceau de la Trinité, se déploie l’action eucharistique dont la dynamique est basée sur une structure ternaire également. La prière de l’assemblée-Église s’adresse essentiellement au Père. Nous le supplions d’envoyer l’Esprit pour nous unir au Christ qui s’offre tout entier à Lui. La prière eucharistique est le moment le plus révélateur de cette dynamique trinitaire : elle s’adresse à Dieu, et les deux épiclèses (invocations de l’Esprit) sur le pain/vin et sur l’assemblée montrent l’Esprit de Dieu transformant l’Église en Corps du Christ comme il transforme le pain/vin en son corps/sang sacramentellement.

Voici par exemple le texte des deux épiclèses dans la prière eucharistique n° 3 :

1° épiclèse (sur le pain et le vin) :
« Nous te supplions de consacrer toi-même les offrandes que nous apportons : sanctifie-les par ton Esprit pour qu’elles deviennent le corps et le sang de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur, qui nous a dit de célébrer ce mystère ».
2° épiclèse (sur l’assemblée) :
« Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire, pour que nous obtenions un jour les biens du monde à venir… ».

Le Christ s’offre lui-même en sacrifice à Dieu ; l’Esprit nous unit à lui pour devenir nous-même « une vivant offrande à la louange de sa gloire » (prière eucharistique n° 4). C’est très clair : le but n’est pas le Christ, mais le Père. Pour y accéder, le Christ est le chemin, la porte, la voie. Et l’Esprit commun aux deux nous incorpore au Christ pour que nous soyons ainsi introduits dans la communion d’amour trinitaire, selon le schéma :

Koinonia PFE Eglise 

Toutes les autres étapes de la messe viennent s’ordonner à cette finalité ultime de l’eucharistie. Reprenons-les rapidement dans l’ordre liturgique :

– le Kyrie après la salutation initiale s’adresse au Christ pour que son pardon nous prépare à communier à sa parole.

- Le Gloria exprime notre louange au Père et au Fils avec le Saint Esprit.

– L’oraison suivante se termine par l’invocation trinitaire : « par Jésus-Christ ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui vit et règne avec toi dans la communion de l’Esprit Saint maintenant et pour les siècles des siècles ». « Amen ! ».

- Les lectures nous font entendre la Parole de Dieu, dont nous savons qu’elle vient à nous par l’intermédiaire d’hommes inspirés par l’Esprit de Dieu en écrivant ces textes. Le Christ est au centre des deux Testaments : « C’est lui (le Christ) qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les saintes Écritures » (Vatican II, SC 7).

– L’homélie vient actualiser ces textes pour chacun, pour notre culture et notre société contemporaine. C’est l’Esprit qui murmure (qui devrait murmurer…) à l’oreille du prédicateur pour actualiser ces textes en une parole pour aujourd’hui. La colombe qui est près de l’oreille du pape Grégoire le Grand quand il prêche sur les peintures de l’époque, ou bien la colombe qui plane au-dessus des chaires de vérité de l’époque baroque, attestent de cette omniprésence de l’Esprit dans la prédication.

– Le Credo lui-même est structuré en trois parties : Je crois en un seul Dieu le Père… / et en un seul Seigneur Jésus-Christ… / et en l’Esprit Saint. Rappelons que la dernière partie du Credo concernant l’Église est tout entière dépendante de la foi en l’Esprit Saint, et ne constitue pas une 4e partie qui viendrait rompre la structure trinitaire de la foi chrétienne ! En latin, credo in (Deum/Filium/Spiritum sanctum) est la marque divine (je crois en Toi), alors que credo Ecclesiam (sans la préposition in) signifie seulement faire confiance à l’Église (je crois l’Église), et non croire en elle comme on croit en Dieu, car elle n’est pas Dieu ! Nous avons confiance en l’Église (c’est la foi du charbonnier) parce qu’elle est animée de l’Esprit Saint qui donne la vie, à travers les sacrements tout particulièrement, mais pas seulement.

– La prière eucharistique on l’a vu est scandée par les deux épiclèses qui encadrent la grande doxologie centrale du : « Par Lui avec Lui et en Lui ».

– Le Notre Père : nous nous unissons au Christ priant son Père, selon les mots qu’il nous a donnés.

– Le geste de paix actualise entre nous la paix qui a sa source dans le sacrifice du Christ.

- L’Agnus Dei nous prépare à recevoir le pardon du Christ pour communier à son corps.

– La communion nous unit au Christ pour aller vers le Père. Il s’agit moins de ‘manger le Christ’ que de le laisser nous unir à Lui afin d’entrer dans la communion d’amour trinitaire. C’est notre propre avenir en Dieu-Trinité qui nous est déjà donné quand nous recevons le Corps du Christ.

- L’oraison après la communion s’adresse aux Père, en se terminant par la formule : « lui qui règne avec toi dans la communion de l’Esprit Saint maintenant et pour les siècles des siècles ». « Amen ! ».

- La bénédiction finale on l’a vu fait écho à la salutation initiale, avec le signe de croix trinitaire qui l’accompagne : « Que Dieu tout-puissant vous bénisse : le Père, le Fils, et le Saint Esprit ». « Amen ! ».

On peut risquer la schématisation suivante de cette dynamique trinitaire de la messe :

La dynamique trinitaire de la messe 

 

Conclusion

Icône de la Trinité (Roublev)Ne serions-nous pas devenus trop silencieux sur la dimension trinitaire de notre foi ?
À trop parler de Jésus uniquement, on risque d’oublier qu’il conduit vers le Père.
À trop se passionner de « spirituel », on perd de vue que l’Esprit est relation avec un Autre en Personne.
À trop parler du « Dieu tout-puissant », on le réduit à être solitaire…

Or la plénitude de la Révélation chrétienne, c’est Dieu comme communion d’amour.
Sans la Trinité, comment Dieu pourrait-il être amour en lui-même ? Il ne serait qu’un monstre de solitude et d’égoïsme…
Parce que Dieu est Trinité, l’Église est le « sacrement de la communion » trinitaire (Catéchisme de l’Église catholique n° 747).
Parce que Dieu est Trinité, l’homme – créé à l’image des trois Personnes – est appelé à vivre des relations personnalisantes.
Parce que Dieu est Trinité, l’humanité tout entière découvre qu’elle est faite, non pour l’individualisme solitaire, mais pour des relations mariant l’unité et la différence.
Les conséquences sociales, politiques, économiques même de cette Révélation trinitaire sont incalculables… !
Les débats actuels sur la guerre, la mondialisation, l’immigration ou les modèles de développement pourraient trouver en amont, dans cette image trinitaire de l’homme, une source d’inspiration fort utile…

Dieu n’est pas solitaire [1] : il est communion, dans l’amour.
Annonçons-le, pour en vivre dès maintenant…

  


[1]. J.N. Bezançon, Dieu n’est pas solitaire, DDB, 1999.

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
La Sagesse a été conçue avant l’apparition de la terre (Pr 8, 22-31)

Lecture du livre des Proverbes
Écoutez ce que déclare la Sagesse de Dieu : « Le Seigneur m’a faite pour lui, principe de son action, première de ses œuvres, depuis toujours. Avant les siècles j’ai été formée, dès le commencement, avant l’apparition de la terre. Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources jaillissantes. Avant que les montagnes ne soient fixées, avant les collines, je fus enfantée, avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace, les éléments primitifs du monde. Quand il établissait les cieux, j’étais là, quand il traçait l’horizon à la surface de l’abîme, qu’il amassait les nuages dans les hauteurs et maîtrisait les sources de l’abîme, quand il imposait à la mer ses limites, si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre, quand il établissait les fondements de la terre. Et moi, je grandissais à ses côtés. Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »

PSAUME
(Ps 8, 4-5, 6-7, 8-9)
R/ Ô Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand, ton nom, par toute la terre ! (Ps 8, 2)

À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas,
qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,
le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?

Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu,
le couronnant de gloire et d’honneur ;
tu l’établis sur les œuvres de tes mains,
tu mets toute chose à ses pieds.

Les troupeaux de bœufs et de brebis,
et même les bêtes sauvages,
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
tout ce qui va son chemin dans les eaux.

DEUXIÈME LECTURE
Vers Dieu par le Christ dans l’amour répandu par l’Esprit (Rm 5, 1-5)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.

ÉVANGILE
« Tout ce que possède le Père est à moi ; l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-15)
Alléluia. Alléluia. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit : au Dieu qui est, qui était et qui vient ! Alléluia. (Ap 1, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Patrick BRAUD

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