L'homélie du dimanche (prochain)

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21 mai 2011

La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société

Homélie pour le 5° Dimanche de Pâques / Année A

22/05/2011

 

 « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

 

Ce verset du psaume 118, repris par Pierre (1P 2,4-9), a dû habiter la pensée de Jésus depuis son enfance. Au moment de la trahison, du procès, de la condamnation et de la croix, plus que jamais ce verset viendra éclairer son chemin. Sur la croix, Jésus est identifié par son Père à ceux que tout le monde rejette : le pouvoir romain pour cause d’agitation politique, les autorités religieuses pour cause de blasphème, le peuple pour cause de banditisme criminel. Abandonné de tous, Jésus fait l’expérience absolue du rejet. Il fait corps avec ceux qui sont rejetés de tous. Il devient « la pierre rejetée par les bâtisseurs ».

 

Sa résurrection par Dieu est alors le signe que lorsque Dieu reconstruit une humanité nouvelle, il le fait à partir de ceux qui sont en bas de l’échelle.

Il part des exclus pour relever tout le peuple.

Il s’appuie sur les damnés, les criminels, les bandits, les blasphémateurs pour que l’homme nouveau ne reproduise plus ces mises à l’écart terribles.

 

Le Père Joseph Wresinski

Quelqu’un a bien compris la dimension politique et sociale de ce renversement opéré par La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société dans Communauté spirituellela pierre rejetée et devenue angulaire. C’est le Père Joseph Wresinski. Né à Angers au XXe siècle dans une famille pauvre marquée par la séparation, la violence, l’humiliation des bidonvilles, il inventera le terme de Quart Monde pour redonner à ces familles marginales la dignité et la fierté d’appartenir à un peuple en marche.

« Devenir combattant pour les exclus n’est pourtant pas si simple, car on ne se fait pas militant pour des individus épars : une mère ivrogne, une sorcière, un gosse malingre, par-ci, par-là. Il a fallu que je les rencontre en un peuple, il a fallu que je me découvre faisant partie de ce peuple, que je me retrouve à l’âge adulte dans ces gosses des cités dépotoirs autour de nos villes, dans ces jeunes sans travail et qui pleurent de rage. Ils perpétuent la misère de mon enfance et me disent la pérennité d’un peuple en haillons.

Il est en notre pouvoir de mettre en échec cette pérennité. La misère n’existera plus, demain, si nous acceptons d’aider ces jeunes à prendre conscience de leur peuple, à transformer leur violence en combat lucide, à s’armer d’amour, d’espoir et de savoir, pour mener à sa fin la lutte de l’ignorance, de la faim, de l’aumône et de l’exclusion. » [1]

 

Les pauves sont l’Église

Prêtre, il reste pourtant du poil-à-gratter pour son Église ! Car si « les pauvres sont l’Église », selon sa très belle formule, force est de constater que bien souvent l’Église parle sur les pauvres, prie pour les pauvres, agit en leur faveur, mais rarement leur laisse la parole, la responsabilité, l’action au coeur de l’Église.

« L’Église invente à chaque époque pour faire reculer tel genre nouveau de misère et l’éternelle misère de malchance qui niche partout, mais elle finit par n’avoir pas assez de moyens et peut-être plus assez de coeur devant ces trop difficiles à aider. Elle ne sait plus leur parler, elle n’ose plus. Il y a des lieux, des temps et des gens d’Église qui perdent le contact avec les plus pauvres. L’histoire est remplie de ces élans vers la misère qui finissent en collèges pour les riches. Mais je le dis, je l’affirme, prise globalement et surtout regardée dans son c?ur profond et ses saints, l’Église est l’Église des pauvres. Là où je suis je vois très bien pourquoi c’est elle qui peut aller le plus loin pour eux.

- Pourquoi?

- Elle transforme leur coeur, elle les sauve, elle les remet dans l’espérance et dans l’amour. Ces démunis en viennent à se donner eux aussi, ils cherchent à rendre service et ça desserre l’étau de leur misère, ils sont capables de penser aux autres, de se priver. Devant des choses pareilles je vous assure qu’on est avec Dieu, dans l’action de Dieu. » [2]

 

Construire à partir des rebuts de la société

Le Père Joseph ne cesse de plaider pour que l’Église se reconnaisse dans « le visage des  exclus dans Communauté spirituellemisérables ». Unie au Christ, pierre rejetée par les bâtisseurs, l’Église doit elle aussi faire l’expérience d’être avec ces « rebuts de l’Humanité », d’être elle-même considérée comme un rebut.  « Jusqu’à l’heure présente, nous avons faim, nous avons soif, nous sommes nus, maltraités et errants; nous nous épuisons à travailler de nos mains. On nous insulte et nous bénissons; on nous persécute et nous l’endurons; on nous calomnie et nous consolons. Nous sommes devenus comme l’ordure du monde, jusqu’à présent l’universel rebut » (1Co 4,11-13)

« Tu as fait de nous des balayures, un rebut parmi les peuples. » (Lm 3,45)

« Tout ce que j’ai d’oppresseurs fait de moi un scandale; pour mes voisins je ne suis que dégoût, un effroi pour mes amis. Ceux qui me voient dans la rue s’enfuient loin de moi, comme un mort oublié des coeurs, comme un objet de rebut. » (Ps 31,12-13)

 

« En fait, nous sommes une contestation permanente pour l’État, nous lui rappelons son rôle de défenseur des plus défavorisés, nous lui proposons, par notre action, des expérimentations. Nous sommes un signe de contradiction vis-à-vis de toute institution qui cherche d’abord à se perpétuer. Y compris l’Église qui fut longtemps l’asile des exclus, leur recours, leur lieu de révolte et de libération. L’Église semble ne plus vouloir se reconnaître dans le visage des misérables, qui est celui du Christ souffrant. Elle y perd son identité? Et pourtant ce rebut de l’humanité, ce déchet, c’est le petit reste des élus, le Peuple sauvé par Dieu ». [3]

 

Qui sont les « pierres angulaires » aujourd’hui ?

« La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

Du combat du Père Joseph Wresinski à la place centrale à donner aux exclus dans nos entreprises, nos assemblées, nos familles même, que la pierre d’angle qu’est Jésus nous inspire une vraie politique de résurrection, chacun à notre échelle.

 


[1]« Les Pauvres sont l’Église », entretiens du père Joseph Wresinski avec Gilles Anouil, Le Centurion, 1983, pp. 7-15.

[2]in : « Si nous parlions de Dieu ? », André Sève, Le Centurion, 1985.

[3]Témoignage Chrétien n° 1741, 17 novembre 1977, Interview du Père Joseph par Philippe Warnier.

 

1ère lecture : Les premiers auxiliaires des Apôtres (Ac 6, 1-7)

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque : ils trouvaient que, dans les secours distribués quotidiennement, les veuves de leur groupe étaient désavantagées.
Les Douze convoquèrent alors l’assemblée des disciples et ils leur dirent : « Il n’est pas normal que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des repas.
Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, qui soient des hommes estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous leur confierons cette tâche.
Pour notre part, nous resterons fidèles à la prière et au service de la Parole. »
La proposition plut à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un païen originaire d’Antioche converti au judaïsme.
On les présenta aux Apôtres, et ceux-ci, après avoir prié, leur imposèrent les mains.

La parole du Seigneur était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs accueillaient la foi.

 

Psaume : Ps 32, 1.2b-3a, 4-5, 18-19

 

R/ Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi !

Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Jouez pour lui sur la harpe à dix cordes.
Chantez-lui le cantique nouveau.

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait. 
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour. 

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour, 
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

 

2ème lecture : La pierre éliminée devient la pierre d’angle (1P 2, 4-9)

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frères,
approchez-vous de lui : il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur.
Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus.
On lit en effet dans l’Écriture : Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie et de grande valeur ; celui qui lui donne sa foi ne connaîtra pas la honte.
Ainsi donc, honneur à vous qui avez la foi, mais, pour ceux qui refusent de croire, l’Écriture dit : La pierre éliminée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, une pierre sur laquelle on bute, un rocher qui fait tomber. Ces gens-là butent en refusant d’obéir à la Parole, et c’est bien ce qui devait leur arriver.
Mais vous, vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu ; vous êtes donc chargés d’annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

 

Evangile : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14, 1-12)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Tu es le Chemin, la Vérité et la Vie, Jésus, Fils de Dieu. Celui qui croit en toi a reconnu le Père. Alléluia. (cf. Jn 14, 6.9)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : Je pars vous préparer une place ?
Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi.
Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin. »
Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.
Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père.
Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’ ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais c’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres oeuvres.
Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des oeuvres.
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes oeuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père. »
Patrick Braud

 

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14 mai 2011

Le berger et la porte

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Le berger et la porte

 

Homélie pour le 4° Dimanche de Pâques / Année A

15/05/2011

 

Deux paraboles apparemment semblables ont été réunies par Jean dans ce chapitre 10,1-10.

Dans la première, Jésus se désigne comme « le berger des brebis ». Dans la seconde, c’est à la « porte » qu’il s’identifie.

Les deux images ne se superposent donc pas.

Essayons d’actualiser chacune, et les relations qu’elles entretiennent.

 

1. Le berger, le pasteur

Le berger et la porte dans Communauté spirituelle

La première parabole évoque Jésus comme celui qui entre par la porte, grâce au portier qui lui ouvre, pour appeler les brebis à sortir. Les Pères de l’Église, habitués à une lecture allégorique, voyaient dans la porte le symbole des Écritures, et dans le portier celui de Moïse, le prophète annonçant Jésus.

Passer par la porte ici, c’est accomplir les Écritures, être habité par les psaumes, la Torah, la Sagesse. Le Christ au plus haut point est celui qui est imbibé du premier Testament. Il ne s’impose pas par la magie, la puissance politique ou le génie de l’intelligence. Il vient à nous (les brebis) à travers la Bible, et Moïse lui-même reconnaît en Jésus celui que toute l’espérance d’Israël annonçait. C’est pourquoi il lui ouvre la porte, il se ?porte’ garant auprès des brebis de l’accomplissement des Écritures en Jésus.

 

Très belle image rurale, mais avouons-le assez étrangère aux citadins que nous sommes devenus. Qui a vu de ses yeux cette scène entre un berger et ses brebis dans une bergerie ? À part les randonneurs en montagne ou les touristes dans les Landes, seule une infime partie de la population – et particulièrement des jeunes – peut savoir d’expérience de quoi il s’agit.

Nul doute que Jésus inventerait aujourd’hui une autre parabole… Mais laquelle ?

 

2. Le berger, le président

Difficile de comparer le rôle de berger à un rôle social actuel.

 

On pourrait penser au leader d’un groupe, au meilleur sens de ce terme. Un leader est par définition celui qui conduit son peuple (to lead, en anglais). En temps de crise, un leader comme De Gaulle est celui qui va à la rencontre du peuple français pour le faire sortir de l’Occupation. Par contre l’ambivalence du mot montre qu’il n’est pas facile de discerner qui est un vrai leader. Hitler s’est fait appeler le Führer, le guide, en prétendant justement sortir le peuple allemand de l’humiliation de 1918 et de l’inflation de la crise de 1929… Mussolini a lui aussi sali ce terme en se faisant appeler le « Duce », le « conducteur ».

 

En français, le mot dirigeant reste connoté négativement. Le comportement scandaleux de dirigeants qui se servent au lieu de servir, qui tondent la laine des brebis au lieu de les nourrir, a trop compromis ce terme pourtant très noble.

 

 berger dans Communauté spirituelleIl y a un mot qui désigne le ministère pastoral des prêtres et qui pourrait convenir : la présidence. Présider, c’est faire sortir les gens hors de chez eux, les rassembler dans l’ekklesia, les rendre libres, les nourrir de la Parole et des sacrements, les renvoyer à leurs responsabilités dans le monde.

Evidemment, la perspective de 2012 peut engendrer à nouveau une confusion entre la présidence liturgique / ecclésiale et la présidence républicaine. Mais cela ne suffit pas à disqualifier ce beau (et ancien) terme pour désigner le ministère des prêtres.

 

3. La porte, l’interface

Quant à l’image de la porte, elle reste très parlante. « Je suis la porte » : on voit bien qu’en disant cela, Jésus invite à passer par lui pour aller vers Dieu, vers « la vie en abondance ».

Les portes d’aujourd’hui sont multiples ; elles sont virtuelles le plus souvent. Le ?portail’ Internet d’un groupe est la page qui permet d’entrer sur une multitude d’autres sites. Un ?port’ USB ou HDMI est l’interface qui permet de passer d’un appareil à un autre, d’échanger des données…

 Jésus

Interface est d’ailleurs un joli mot qui reprend le meilleur de la porte (inter = entre deux mondes) et du visage (la face).

Jésus est l’interface par excellence !

Il conduit vers le Père ; il est le Médiateur ; il appartient à la fois au monde des hommes et au monde de Dieu ; dans l’eucharistie il assure « l’admirable commerce » entre Dieu et les hommes… Bref : « prendre la porte » en christianisme, c’est être uni au Christ pour aller vers Celui qui est la source de « la vie en abondance ». Le moment le plus solennel de l’eucharistie le chante avec force : « par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint Esprit… ».

 

4. Entre le berger et la porte

Entre le berger et la porte, entre la présidence et l’interface, il y a des points communs : rassembler / faire sortir, appeler / faire passer.

 management

Ceux qui assument des responsabilités en entreprise, dans une association, une famille etc. se reconnaîtront dans ce portrait christique (et le baptême fait de nous d’autres Christs).

 

Un vrai dirigeant n’entrera pas par effraction dans le travail de ceux qu’il doit conduire.

Il ne se servira pas au passage.

Il aura à coeur de faire grandir collaborateurs et clients, de leur permettre « d’aller et venir ».

Il désirera pour eux « la vie en abondance » et non pas l’abondance d’argent ou de pouvoir pour lui-même.

Utopique ? Mais le bon berger qu’est le Christ nous associe à son leadership.

Et cela peut transformer l’exercice de toute responsabilité.

Et chacun de nous est concerné.

 

 

 

1ère lecture : Pierre appelle à la conversion, et il baptise les premiers convertis (Ac 2, 14a.36-41)

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, avait pris la parole ; il disait d’une voix forte : « Que tout le peuple d’Israël en ait la certitude : ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ. »
Ceux qui l’entendaient furent remués jusqu’au fond d’eux-mêmes ; ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? »
Pierre leur répondit : « Convertissez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour obtenir le pardon de ses péchés. Vous recevrez alors le don du Saint-Esprit.

C’est pour vous que Dieu a fait cette promesse, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera. »
Pierre trouva encore beaucoup d’autres paroles pour les adjurer, et il les exhortait ainsi : « Détournez-vous de cette génération égarée, et vous serez sauvés. »

Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre se firent baptiser. La communauté s’augmenta ce jour-là d’environ trois mille personnes.

 

Psaume : Ps 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

 

R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ; 
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom. 

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure. 

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ; 
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante. 

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ; 
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

 

2ème lecture : Celui qui a souffert pour nous est devenu notre berger (1P 2, 20b-25)

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frères, si on supporte la souffrance en ayant fait le bien, c’est une grâce aux yeux de Dieu.
C’est bien à cela que vous avez été appelés, puisque le Christ lui-même a souffert pour vous et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a jamais commis de péché ni proféré de mensonge : couvert d’insultes, il n’insultait pas ; accablé de souffrances, il ne menaçait pas, mais il confiait sa cause à Celui qui juge avec justice.
Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la croix, afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la justice : c’est par ses blessures que vous avez été guéris.
Vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes revenus vers le berger qui veille sur vous.

 

Evangile : Jésus est le bon pasteur et la porte des brebis (Jn 10, 1-10)

 Acclamation : Alléluia. Alléluia. Jésus, le bon Pasteur, connaît ses brebis et ses brebis le connaissent : pour elles il a donné sa vie. Alléluia. (cf. Jn 10, 14-15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus parlait ainsi aux pharisiens :
« Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.
Celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis.
Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.
Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix.
Jamais elles ne suivront un inconnu, elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne reconnaissent pas la voix des inconnus. »
Jésus employa cette parabole en s’adressant aux pharisiens, mais ils ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire.
C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : je suis la porte des brebis.
Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.
Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage.
Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance. »
Patrick Braud

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7 mai 2011

Béatification de Karol Wojtyla : trois acquis de Jean-Paul II

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Béatification de Karol Wojtyla :

trois acquis de Jean-Paul II


Homélie pour le 3° Dimanche de Pâques / Année A

08/05/2011

 

L'événement est immense : la béatification de Jean-Paul II dimanche dernier 1° Mai 2011 Béatification de Karol Wojtyla : trois acquis de Jean-Paul II dans Communauté spirituelle 82707489jean-paul-ii-jpg (fête de St Joseph travailleur et jour des défilés ouvriers : tout un symbole) aura eu un écho énorme, et pas seulement dans les anciens pays de l'Est qu'il a contribué à libérer du joug communiste. Des émissions rétrospectives fort bien faites où un quart de siècle de notre histoire défilait sous nos yeux avec le visage de Karol Wojtyla avaient préparé ce rendez-vous.

 

Je voudrais vous partager trois caractéristiques de ce pontificat, trois traits marquants qui me semblent toujours pertinents pour notre époque :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. Une « mondialisation du bien »

(L’expression est de Jacques Attali)

philippines-jean-paul2 dans Communauté spirituellePour beaucoup, la mondialisation galopante est synonyme de dangers, de menace : menace de délocalisation, d’immigrations non contrôlées, de pertes d’identité?


Il y avait à l'époque trois champions de la mondialisation qui marquaient les esprits : Ben Laden et la mondialisation du terrorisme, Bush et la mondialisation du marché? et presque à l’inverse, Jean-Paul II qui symbolisait l’aspiration à une autre mondialisation, celle
du bien.
Ses pèlerinages planétaires, ses visites dans toutes les cultures et toutes les langues (sauf la Chine ! et la Russie?), ses paroles de paix et de réconciliation pour tous les peuples ont soulevé un immense espoir que le monde devenu village pouvait aussi s’unifier sur le dialogue, le respect mutuel, et pas seulement sur l’économique ou la violence.

2. Une réhabilitation de l’émotion

(C’est Max Gallo qui fait ce commentaire)

Avant Jean-Paul II, (souvenez-vous notamment de Paul VI sur la fin), l’Église était sur une pente très rationnelle, mais desséchée ; une liturgie qui devenait très intellectuelle, mais inaccessible et desséchante.

Il était de bon ton de se méfier de l’émotion, du corps, et on parlait beaucoup, longtemps?
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Les rassemblements et les liturgies de Jean-Paul II sont devenues très physiques : des danses, des applaudissements, des costumes locaux (de la coiffe indienne aux fourrures esquimaudes !), des images fortes (avec les enfants, les malades, son assassin Ali Agça?)? On retrouvait cette évidence : le catholicisme n’est pas qu’une religion de la parole, mais aussi de la chair.

Ou plutôt de la Parole qui s’est faite chair, de la chair qui devient parole.

L’émotion physique qui parcourait les foules réunies autour de lui nous a donné des idées dans nos diocèses : JMJ locales, assemblées plus vivantes qui osent bouger, danser, applaudir, des choses à voir, à sentir, à toucher, et pas seulement à comprendre.

En Amérique du Sud ou en Afrique, l’annonce de l’Évangile demande de parler au corps, de susciter le rire, les pleurs, le silence, l’explosion de joie. Et la foule de St Pierre de Rome, en criant « Santo subito » (qu’il soit saint tout de suite) ou « Giovanni Paulo » en tapant des mains, montrait un catholicisme joyeux, populaire, simple.

 

Pensez aux gestes qui ont marqué ce pontificat: embrasser le sol à la descente d’avion, embrasser un enfant sidéen à St Pierre de Rome dans les années 80, prier à genoux en silence devant la grotte de Lourdes, glisser un billet dans le Mur du Temple à Jérusalem, aller dans la prison d’Ali Agça?


 le-pape-au-mur-des-lamentations-300x206Sans renoncer à l’intelligence de la foi, tout en continuant l’effort théologique, la formation exégétique, il ne faudra pas oublier ce que nous avons appris avec Jean-Paul II : l’émotion peut être un des chemins vers le Christ.

 


3) Conjuguer « Mémoire et identité »

Là, l’expression est de Jean-Paul II lui-même : c’est le titre de son dernier livre, ultime message.
jean-paul-ii-memoire-et-p759i1Il nous rappelle que pour être nous-mêmes, il ne faut pas nous couper de nos racines. Pour préparer l’avenir, il faut savoir d’où l’on vient.

Et il médite particulièrement sur les idéologies du mal qui ont tant séduit des millions de personnes au XX° siècle.

 

Voici quelques extraits pour mesurer l’importance de l’analyse spirituelle et politique qu’il fait du siècle passé:

 

« Il m’a été donné de faire l’expérience personnelle des ‘idéologies du mal’.

C’est une chose qui ne peut s’effacer de ma mémoire. Ce fut tout d’abord le nazisme. Ce que l’on pouvait voir en ces années-là était quelque chose de terrible. A ce moment, pourtant, beaucoup d’aspects du nazisme demeuraient encore cachés. La véritable dimension du mal qui se déchaînait en Europe ne fut pas perçue de tous, ni même de ceux d’entre nous qui étaient au centre de ce tourbillon. Nous vivions plongés dans une grande éruption du mal et ce n’est que peu à peu que nous avons commencé à nous rendre compte de sa réelle importance [?].

Plus tard, en réalité une fois la guerre finie, je pensais en moi-même : ‘Le Seigneur Dieu a accordé 12 années d’existence au nazisme et après 12 années, ce système s’est écroulé [?]. Si le communisme a survécu plus longtemps et s’il a encore devant lui une perspective de développement ultérieur, c’est qu’il doit y avoir un sens à tout cela.’ » (Mémoire et identité, 2005)


Jean-Paul%20II%20&%20Ali%20AgcaDans l’un des chapitres, intitulé « démocratie contemporaine », le Pape écrit:

« Un Parlement régulièrement élu a porté Hitler au pouvoir, ce même Parlement lui a ouvert la route pour la politique d’invasion de l’Europe, pour l’organisation des camps de concentration et la mise en oeuvre de la solution finale. Il suffit de rappeler à la mémoire ces seuls événements [...] pour comprendre clairement que la loi établie par l’homme a des limites précises ».

Et le Pape poursuit : « c’est dans cette perspective que nous devons nous interroger au début d’un nouveau siècle et d’un nouveau millénaire sur certains choix législatifs, ce qui vient immédiatement à l’esprit, ce sont les législations sur l’avortement », « les parlementaires qui autorisent de telles lois doivent être conscients d’outrepasser leurs compétences et de se mettre en conflit ouvert avec la loi de Dieu et la loi de la nature ».

Jean-Paul II sait sans doute qu'il ne se fait pas que des amis lorsqu'il prend ainsi des postions courageuses à contre-courant pour dénoncer les « nouvelles idéologies du mal ». La force prophétique de ses appels à la conscience doit longtemps encore venir troubler les évidences culturelles de nos sociétés occidentales notamment.

 

Mondialiser le bien, réhabiliter l'émotion en religion, conjuguer mémoire et identité : Karol Wojtyla a porté bien d'autres trésors au monde' (cf. la réunion interreligieuse d'Assise en 1996, le fameux « n’ayez pas peur », la lutte contre le communisme, la visite à  la synagogue de Rome etc?). Mais ces trois acquis-là font partie de son héritage vivant. A nous de ne pas l'oublier !

Et rendez-vous pour la canonisation dans quelques années…. 

 

Patrick Braud

 

 

1ère lecture : Pierre annonce le Christ ressuscité (Ac 2, 14.22b-33)

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d’une voix forte : « Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe aujourd’hui, écoutez bien ce que je vais vous dire.
Il s’agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien.
Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens.
Or, Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir.
En effet, c’est de lui que parle le psaume de David :J e regardais le Seigneur sans relâche, s’il est à mon côté, je ne tombe pas.
Oui, mon coeur est dans l’allégresse, ma langue chante de joie ; ma chair elle-même reposera dans l’espérance :
tu ne peux pas m’abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption.
Tu m’as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
Frères, au sujet de David notre père, on peut vous dire avec assurance qu’il est mort, qu’il a été enterré, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous.
Mais il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un de ses descendants.
Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas connu la corruption.
Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins.
Élevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous : c’est cela que vous voyez et que vous entendez. »

 

Psaume : Ps 15, 1-2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11

 

R/ Tu m’as montré, Seigneur, le chemin de la vie

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon coeur m’avertit. 
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable. 

Mon coeur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance : 
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie : 
devant ta face, débordement de joie !
A ta droite, éternité de délices !

 

2ème lecture : Le Christ ressuscité donne à notre vie son vrai sens (1P 1, 17-21)

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frères,
vous invoquez comme votre Père celui qui ne fait pas de différence entre les hommes, mais qui les juge chacun d’après ses actes ; vivez donc, pendant votre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu.
Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils seront détruits ; c’est le sang précieux du Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache.
Dieu l’avait choisi dès avant la création du monde, et il l’a manifesté à cause de vous, en ces temps qui sont les derniers.
C’est par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.

 

Evangile : Apparition aux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Seigneur Jésus, fais-nous comprendre les Écritures ! Que notre c?ur devienne brûlant tandis que tu nous parles. Alléluia. (cf. Lc 24, 32)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé.

Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas.
Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
A vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu’elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Vous n’avez donc pas compris ! Comme votre coeur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes !
Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Alors ils se dirent l’un à l’autre : « Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? »
A l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :
« C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
A leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

9 avril 2011

Une puanteur de 4 jours

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Une puanteur de 4 jours

 

Homélie pour le 5° dimanche de Carême / Année A

Dimanche 10 Avril 2011

 

Flash-post sur le parfum

Dans ce récit de la résurrection de Lazare, Jean a recours à un curieux procédé littéraire, symétrique du flash-back au cinéma. Il fait en quelque sorte une avance sur image, un flash-post et précise que Marie, la soeur de Lazare, versera du  parfum odoriférant lors de l’onction à Béthanie qui débutera la Semaine Sainte de Jésus en Jn 12.

Pourquoi ?

Sans doute à cause de l’odeur du parfum que Marie versera sur les pieds de Jésus. Le contraste entre le nard  précieux et la senteur fétide du cadavre est si fort qu’il ne peut pas ne pas être voulu.

Une puanteur de 4 jours dans Communauté spirituelle- Le corps de Lazare sent la mort.

- Le corps de Jésus sera oint d’un parfum de grand prix.


- Jésus fait ouvrir le tombeau en roulant la pierre, et la puanteur de la décomposition s’échappe au nez de la foule.

- Marthe ouvrira le flacon de parfum, et « toute la pièce en est remplie ».

 

- Lorsque coulent des larmes de Jésus, des témoins de la scène protestent (v37) contre le gaspillage de temps (v6) qui du coup n’a pas empêché Lazare de mourir.

- Judas protestera contre le gaspillage d’argent que représentera le geste de Marie.

 Lazare dans Communauté spirituelle

 

Marie-parfum / Marthe-senteur

Bizarrement, ce flash-post ne mentionne que pour Marie le lien de famille avec Lazare, alors que Marthe est également sa soeur (11,2) ! Le rédacteur signale ainsi que Marie est du côté du parfum de vie, alors que Marthe est liée à l’odeur de mort (v39). Le verset 45 ne mentionne à nouveau Marie comme soeur de Lazare qu’à la fin de l’épisode.

 

Dure discrimination entre Marie et Marthe, que Jésus aime pourtant toutes les deux (v5).

 

Cette différenciation sur l’odeur n’est donc pas anodine : la figure de Marthe ici sert d’avertissement pour tous ceux qui se laisseraient fasciner par le morbide, par ce qui se décompose, par ce qui va du côté de la mort.

Les déclinologues en tout genre se reconnaîtront dans cette figure…

Hélas, cette tendance morbide est toujours à l’oeuvre, individuellement et collectivement.

À l’inverse, la figure de Marie sert d’invitation à dilater le parfum de vie à toutes les pièces de nos existences, jusqu’à les remplir de « la bonne odeur du Christ ».

 

Les quatre jours

Pourquoi alors insister sur le caractère affreux de l’état du cadavre avec la précision des quatre jours ? ! On se croirait à un épisode de la série « Les Experts », qui vont passer le cadavre au crible et faire parler la chair décomposée.

 

v 17 : Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre.

v 39 : Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là.

 

Plusieurs hypothèses sont possibles.

- Une croyance populaire de l’époque décrivait l’âme du défunt tournant autour du corps, tant qu’elle peut le reconnaître. Après quatre jours, quand le visage se décompose, l’âme quittait pour toujours ? pensait-on – les alentours de la tombe.

 

- Trois jours, c’est la durée de la résurrection dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau. Après trois jours donc, normalement, « c’est plié », c’est impossible.

 

Mais rien n’est impossible à Dieu !

Même lorsque la mort paraît avoir gagné à ce point, ce n’est pas encore fini. « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » là où n’y avait plus d’espoir.

Car lorsqu’il n’y a plus d’espoir humain, il y a encore l’espérance (à la manière de Dieu).

Vous voyez comment il laisse le champ libre à la mort, il donne ses chances au tombeau, il permet à la décomposition de s’exercer, il n’empêche ni la pourriture ni l’odeur infecte. Il accepte que le séjour des morts se saisisse de Lazare, l’engloutisse, le garde prisonnier. Il agit pour que tout espoir humain soit perdu, et que toute la violence de la désespérance terrestre se déchaîne, afin qu’on voie bien que ce qui va se passer est l’oeuvre de Dieu, non de l’homme. Il reste au même endroit à attendre la mort de Lazare jusqu’à ce qu’il puisse l’annoncer lui-même et déclarer qu’il ira vers lui (saint Pierre Chrysologue : sermon LXIII).

 

« Sors ! »

L’ordre du Christ est extraordinairement efficace pour nous sortir de nos « 4 jours », de notre fascination pour les odeurs de mort, de nos reproches envers le silence de Dieu devant notre détresse.

 

« Sors ! » : cet ordre est salutaire.

C’est la voix du Maître, l’ordre du Roi, le commandement du Souverain : « Sors ! » Dépose la corruption et retrouve ta peau dans l’incorruption : « Lazare, sors ! » Que les Juifs sachent que l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix et vivront : « Sors ! » La pierre d’achoppement est ôtée, avance vers moi qui t’appelle : « Sors ! » Je m’adresse à toi comme un ami, mais je t’ordonne comme un maître : « Sors ! » Moi qui fais lever du tombeau un mort de quatre jours, les Juifs sauront qu’à bien plus forte raison je ressusciterai moi-même après trois jours, si je dois goûter à la mort : « Lazare, sors ! » La mort n’est pas une fin. Sors enveloppé de bandelettes et entouré d’un suaire, que les Juifs ne croient pas ta mort simulée. Ils verront tes mains et tes pieds liés, tes yeux recouverts ; qu’ils ne restent pas incrédules devant ce miracle : « Sors ! » L’odeur fétide de ton corps sera le garant de ce que tu es bien revenu à la vie. Les Juifs délieront eux-mêmes les bandelettes qui t’entourent, et reconnaîtront celui qu’ils avaient déposé dans le tombeau : « Sors ! » Recouvre la vie, reprends haleine et marche hors de ton cercueil. Montre comment, en un instant, les morts se retrouvent avec un corps entièrement animé, au son de l’ultime trompette de la résurrection générale des morts : « Sors ! »(saint André de Crète : Discours VIII sur Lazare le mort de quatre jour).

 

·       Quels sont les tombeaux dans lesquels une partie de nous-mêmes est prisonnière, comme le corps de Lazare enserré de bandelettes ?

Quelles sont nos fascinations pour ce qui se décompose ?

Où aller respirer le parfum de vie de Marie ?

Qu’avons-nous enfoui depuis plus de « 4 jours » ?

Pourquoi ne pas croire que Dieu a le pouvoir en Jésus-Christ de réveiller nos Lazares perdus ?

 

 

Résurrection de Lazare

 

Jean  11  1  Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa soeur.  2  C’était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c’était son frère Lazare qui était malade.  3  Les soeurs envoyèrent dire à Jésus: Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade.  4 Après avoir entendu cela, Jésus dit: Cette maladie n’est point à la mort; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle.

  5 Or, Jésus aimait Marthe, et sa soeur, et Lazare.

  6 Lors donc qu’il eut appris que Lazare était malade, il resta deux jours encore dans le lieu où il était,  7 et il dit ensuite aux disciples: Retournons en Judée.  8 Les disciples lui dirent: Rabbi, les Juifs tout récemment cherchaient à te lapider, et tu retournes en Judée!

  9 Jésus répondit: N’y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu’il voit la lumière de ce monde;

  10 mais, si quelqu’un marche pendant la nuit, il bronche, parce que la lumière n’est pas en lui.

  11  Après ces paroles, il leur dit: Lazare, notre ami, dort; mais je vais le réveiller.  12  Les disciples lui dirent: Seigneur, s’il dort, il sera guéri.  13  Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil.  14 Alors Jésus leur dit ouvertement: Lazare est mort.  15 Et, à cause de vous, afin que vous croyiez, je me réjouis de ce que je n’étais pas là. Mais allons vers lui.  16 Sur quoi Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples: Allons aussi, afin de mourir avec lui.

  17  Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre.  18 Et, comme Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ,  19  beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère.  20  Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison.  21  Marthe dit à Jésus: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.  22 Mais, maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera.  23 Jésus lui dit: Ton frère ressuscitera.  24 Je sais, lui répondit Marthe, qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.

  25 Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort;

  26 et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?

  27 Elle lui dit: Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde.

  28  Ayant ainsi parlé, elle s’en alla. Puis elle appela secrètement Marie, sa soeur, et lui dit: Le maître est ici, et il te demande.  29 Dès que Marie eut entendu, elle se leva promptement, et alla vers lui.  30 Car Jésus n’était pas encore entré dans le village, mais il était dans le lieu où Marthe l’avait rencontré.  31  Les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison et qui la consolaient, l’ayant vue se lever promptement et sortir, la suivirent, disant: Elle va au sépulcre, pour y pleurer.

  32 Lorsque Marie fut arrivée là où était Jésus, et qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds, et lui dit: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.  33   Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tout ému.  34 Et il dit: Où l’avez-vous mis? Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois.  35 Jésus pleura.  36 Sur quoi les Juifs dirent: Voyez comme il l’aimait.  37 Et quelques-uns d’entre eux dirent: Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point?  38  Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C’était une grotte, et une pierre était placée devant.  39 Jésus dit: Ôtez la pierre. Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là.  40 Jésus lui dit: Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?

  41 Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé.

  42  Pour moi, je savais que tu m’exauces toujours; mais j’ai parlé à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé.

  43  Ayant dit cela, il cria d’une voix forte: Lazare, sors!  44 Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller.
Patrick BRAUD

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