L'homélie du dimanche (prochain)

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25 juin 2011

Je suis ce que je mange

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Je suis ce que je mange

Homélie pour la Fête du Corps et du sang du Christ / Année A
26/05/2011

 

« Er ist was er ißt »

·       L’homme est lié à son alimentation. « Il est ce qu’il mange ». Le jeu de mots allemand de Feuerbach prend un relief particulier en cette période où les bactéries des concombres et autres légumes bio ont fait trembler l’Europe jusqu’en Russie.

Je suis ce que je mange dans Communauté spirituelleIl y a réellement un lien entre notre culture et notre nourriture. Lévi Strauss a montré comment « le cru et le cuit » différencient les peuples : la cuisine façonne l’humanité d’une civilisation. Le récent classement de notre cuisine française au patrimoine mondial de l’Unesco le réaffirme avec éclat : s’alimenter est un art de vivre.

On comprend que les chrétiens aient très tôt perçu ce lien vital. « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ».À cause de toutes les paroles de Jésus sur la vraie nourriture et la vraie boisson (Jn 6), ils ont tout de suite expérimenté que ce qu’on mange nous transforme à son image, et la manière dont on le mange peut nous diviniser ou nous abrutir.

 

La liberté alimentaire

Ils ne se sentent plus liés par les interdits alimentaires païens, juifs ou musulmans. Pas besoin de viande casher, de produits hallal, pas de tabous culinaires : tout aliment est donné à l’homme pour qu’il s’humanise. L’impur n’est pas dans l’assiette, mais dans le coeur de l’homme.

 

Les chrétiens ne suivront pas non plus Freud aveuglément dans sa réduction du corps à l’oral ou à l’anal. Ils ne se précipiteront pas sans réfléchir à la suite des modes bios où la sacralisation de la terre leur rappellera des cultes païens d’autrefois. Et le légitime intérêt soulevé par le commerce équitable ne pourra les détourner du souci de nourrir les plus pauvres au meilleur prix. La « malbouffe » (junkfood) n’en sera pas pour autant leur credo. Et si certains sont végétariens (les moines cisterciens notamment), ils n’en font pas un absolu. Ils aimeront la cuisine du terroir comme le mélange des cuisines du monde. Manger light ou se soigner par les aliments fera partie de l’éventail des possibles, sans y attacher de valeur définitive. Bref : les chrétiens sont libres vis-à-vis de toutes les modes alimentaires qui depuis les siècles se succèdent ou coexistent.

 

« Er ist was er ißt »

·       Feuerbach utilisait cette dépendance de l’homme vis-à-vis de l’univers pour étayer sa vision matérialiste où l’être humain n’est qu’une parcelle de l’univers, fait de la même poussière que les étoiles ou les légumes dans l’assiette. Saint Augustin disait à peu près la même chose, en parlant de l’eucharistie. « Soyez ce que vous voyez. Recevez ce que vous êtes. Devenez ce que vous recevez. » C’est la solidarité avec Dieu que cette nourriture-là exprime ; alors que l’autre nourriture exprime notre solidarité avec l’univers créé.

 cru dans Communauté spirituelleLe parallélisme est antithétique pour Augustin. De même que l’estomac a le pouvoir de digérer la matière pour la transformer en de l’organique et du vivant (les tissus humains, le sang), de même symétriquement le Christ ressuscité a le pouvoir de faire de nous son Corps en nous incorporant à lui par la communion eucharistique.

« Je suis la nourriture des forts : croîs et tu me mangeras (cresce et manducabis me). Tu ne me changeras pas en toi, comme la nourriture de ta chair, mais c’est toi qui te changeras en moi (sed tu mutaberis in me) » (Confessions ; Livre VII ; X,16).

 

Voilà en quoi cette nourriture est sacramentelle : au moment où notre corps semble l’assimiler, c’est elle en fait qui nous assimile, qui nous transforme en ce qu’elle est : le corps du Christ.

En faisant cela, elle transforme du même coup notre rapport à la nourriture ordinaire. Les chrétiens ne regardent plus dans les entrailles des poulets ou des animaux sacrifiés pour connaître leur avenir. Leur seul augure (haru-spicere : en latin = regarder les entrailles), c’est le sacrifice du Christ, une fois pour toutes.

 

·       Voilà une conséquence inattendue de la conception catholique de l’eucharistie : une réelle liberté alimentaire !

Se nourrir du corps du Christ, c’est établir une autre relation aux nourritures ordinaires, très originale, très différente. Ni idolâtrie du régime, ni mépris du corps, la liberté chrétienne se traduit dans l’assiette par une joie de goûter et de savourer qui ne se laisse enfermer par rien.

Manger le Corps du Christ, c’est se laisser transformer en lui. Manger l’univers, c’est déguster le bonheur d’être créé pour justement transcender cet univers.

  cuit

Que la fête du Saint-Sacrement nous rende libres pour goûter toute nourriture avec bonheur, digérant celle-là comme l’autre nous transforme…

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11 juin 2011

La paix soit avec vous

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Homélie du Dimanche de Pentecôte

 

« La paix soit avec vous »

Cette salutation du Ressuscité revient trois fois dans l’Évangile de Jean, et précisément dans ce chapitre 20. Luc le mentionne lui aussi dans le contexte de la résurrection, une seule fois (Lc 24,36).

Ce sont les seuls usages de cette expression dans le Nouveau Testament. Et le premier Testament ne l’emploie qu’une fois : dans la bouche de Raphaël, l’envoyé de Dieu à Tobie (Tb 12,17). C’est donc une expression assez rare, liée à la personne du Ressuscité et à l’envoi de l’Esprit Saint.

 

« La paix soit avec vous »

C’est encore ainsi qu’aujourd’hui un évêque (et lui seul) peut ouvrir une célébration eucharistique en saluant l’assemblée après le signe de croix initial. C’est donc que le ministère épiscopal doit nous rappeler le lien entre la résurrection et la paix.

 

« La paix soit avec vous »

Aujourd’hui comme hier, accueillir le Ressuscité c’est entrer dans la paix.

Alors que la peur nous inquiète, ceux que Dieu envoie sur notre route nous redisent comme Raphaël : « n’ayez pas peur ; la paix soit avec vous » (Tb 12,17).

Cherchez bien : il y a sûrement dans votre vie des envoyés (des « anges » !) qui vous ont aidé à trouver la paix, à la recevoir, à la reconnaître, à y entrer… Faites mémoire de ceux et celles par qui la paix est venue, qui vous l’a annoncée, offerte (quelquefois sans s’en rendre compte eux-mêmes). Dans des moments de trouble, ils ont su trouver les mots, les gestes, vous inspirer la confiance malgré tout, l’espérance contre toute espérance.

 

Dans l’Évangile, cette paix survient alors que les portes du lieu où se trouvent les disciples sont fermées à clé.

Peur et fermeture vont ensemble, paix et ouverture également.
Déverrouiller, sortir vers les autres, leur parler : ce sera toute l’aventure de la Pentecôte juste après. La Pentecôte est le fruit de la paix…

 

Une déclaration de paix

D’habitude, c’est la guerre qu’on déclare. Pour la paix, les hommes font des traités, des négociations, des compromis. Dieu, lui, la déclare. Unilatéralement, gratuitement, inconditionnellement. Ce qui pourrait s’apparenter à de la faiblesse chez les hommes en conflit permanent apparaît ici comme la puissance du Ressuscité. Il dit la paix et il la fait en même temps.

Être témoin du Ressuscité, c’est alors recevoir de lui cette force extraordinaire de savoir déclarer la paix sans conditions.

À ceux qui ont douté, qui l’ont trahi, se sont enfuis, le Christ déclare la paix. Comment pourrions-nous refuser d’en faire autant ? Pas de manière volontariste, pour être à la hauteur. Non : en accueillant la paix en nous, en la laissant nous traverser pour aller toucher ceux qui en ont besoin autour de nous.

La paix soit avec vous dans Communauté spirituelle 

Cette paix intérieure ne se confond pas avec l’absence de conflit. Les apôtres en feront l’expérience : persécution, prison, martyre, rien ne les empêchera de souhaiter la paix à ceux qui leur sont proches comme à ceux qui leur font du mal.

Des martyrs de Lyon au IIIe siècle à ceux de l’Ouganda en juin 1886, les récits abondent où la paix de ceux qui risquent leur vie panique leurs bourreaux. « On dirait qu’ils vont à la noce » s’étonnaient les témoins du bûcher des martyrs de l’Ouganda, en les voyant prier le Notre Père au milieu des flammes.

Nous n’en sommes pas là chez nous, heureusement. Mais les combats de chacun pour sa famille, son travail, ses engagements sont de vraies tensions où plus que jamais la paix promise peut faire son chemin.

 

La paix soit avec vous : elle peut venir alors que des combats sont à mener en entreprise, en politique, dans les débats publics sur le respect de la vie et des plus faibles.

 

Frère Roger (de Taizé) l’écrivait de Russie en 1989 : « dans la paix du coeur se dissipe les inquiétudes sur toi-même, et tu vas jusqu’à découvrir à quel point tu te réalises dans une vie donnée »…

 

 

1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Ac 2, 1-11)

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux.
Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.
Déconcertés, émerveillés, ils disaient :
« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

 

Psaume : Ps 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34

R/ O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes ?uvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, il expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses ?uvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.

 

2ème lecture : L’Esprit du Christ fait l’unité de l’Église dans la diversité (1Co 12, 3b-7.12-13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. »
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit.
Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous.
Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.

Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.

sequence : 

Viens, Esprit-Saint, en nos c?urs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos c?urs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le c?ur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu
donne le salut final
donne la joie éternelle

Evangile : Jésus ressuscité donne l’Esprit Saint à ses Apôtres(Jn 20, 19-23)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Pénètre le c?ur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus.
 Patrick Braud

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4 juin 2011

Le dialogue intérieur

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Le dialogue intérieur

 

Homélie du 7° Dimanche de Pâques    05/06/11

 

·      La force de cet homme, c’est qu’il semble habité par une relation d’échange continu avec un autre qui l’aime. Le courage de cet homme, qui va plonger dans sa Passion, il le puise dans un dialogue intérieur, qui visiblement le soutient et lui donne la force d’avancer.

 

Dans l’Évangile de Jean, c’est encore plus flagrant que dans les trois autres : Jésus n’est lui-même qu’en étant tendu vers un Autre que lui-même, avec qui il est profondément uni. D’où ces longs passages où Jésus parle à son Père. Il « lève les yeux » vers lui et lui dit en confiance sa joie, son désir, son attente.

Supprimez ce dialogue intérieur et Jésus s’effondre, incapable de rien faire par lui-même.

Il est celui qui incarne au plus haut point une relation vivante où l’autre fait tellement partie de soi qu’on se surprend à lui parler même en marchant, en travaillant, en se rasant le matin…

 

Ici, c’est à un moment particulièrement angoissant que ce dialogue se fait intense : Jésus serait qu’il va « passer » de ce monde à son Père (Jn 17). Il parle longuement à celui qui est la source et le terme de sa trajectoire humaine. Il s’appuie sur ce dialogue intérieur pour confier ceux qu’il aime, pour ne pas perdre courage, pour aller jusqu’au bout : « je viens vers toi » (Jn 17,11).

 

·      D »ailleurs, que faisons-nous à l’eucharistie, pendant ce long moment solennel où les prêtres semblent absorbés par la prière eucharistique ? Avez-vous déjà réalisé qu’en fait, c’est à un long dialogue de Jésus avec son Père dans lequel nous sommes ainsi introduits ? La prière eucharistique s’adresse au Père, à travers ce que le Fils a fait ou fait pour nous.

Le lien d’unité qu’est l’Esprit Saint, lien vivant unissant les deux, nous unit alors au Christ pour entrer à travers lui dans l’intimité de ce dialogue trinitaire.

 

L’eucharistie est une initiation au dialogue intérieur…

 

Le Christ nous associe à la conversation qu’il entretient avec son Père. D’où cet « admirable commerce » eucharistique, où l’échange amical et aimant divinise ceux qui s’y laissent introduire.

 

·      Où en sommes-nous de notre « dialogue intérieur » ?

Acceptons-nous de laisser le silence, la solitude nous décoller de notre immédiat pour nous  situer en face d’un autre ? Si nous sommes toujours le nez dans le guidon, rivés à nos objectifs à court terme, envahis par les bruits du monde, nous risquons d’étouffer cette capacité de trouver en nous un partenaire « plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes ».

 

Évidemment, des circonstances dramatiques obligent parfois à cette plongée en soi : une chimiothérapie longue avec tant de passages à vide, un divorce qui n’en finit pas, une période de chômage désespérante… D’ailleurs dans ces situations le dialogue intérieur prend plutôt la forme d’une révolte, d’une colère, d’une accusation devant tant d’injustice et d’insignifiance, ou d’un silence résigné… Mais le simple fait de dire tout cela à quelqu’un, au lieu de le garder pour soi, est salutaire.

 

En ce sens, prier peut être ne rien dire, mais le dire à quelqu’un.

 

Se tenir devant l’autre intérieur, que ce soit pour l’accuser, se réjouir, le bénir ou rester muet en face de lui, c’est déjà un dialogue intérieur qui ouvrira bien des portes.

 

Jésus est habitué à cette échange de souffle entre lui et son Père : que ce soit devant le tombeau de Lazare pour le remercier à l’avance, à Gethsémani pour transpirer son angoisse, ou ici en Jn 17 pour confier ceux qu’il aime au moment de partir.

Ce dialogue intérieur est comme une basse continue qui constitue l’identité la plus vraie de cet homme étonnant. À tel point qu’en l’appelant Christ, ses amis reconnaissent en lui l’image du Père, le partenaire privilégié d’une relation de dialogue unique, grâce à l’Esprit qui les unit.

 

Dans l’eucharistie, Jésus nous fait entrer dans ce dialogue continu qui l’alimente.

 

Dans le Notre Père, il nous tourne avec lui et en lui vers la source ultime. Jésus ne conduit pas à lui-même : il oriente vers l’Autre avec lequel il ne fait qu’un.

 

·      Voilà donc l’enjeu du dialogue intérieur : nous maintenir perpétuellement en état d’accueillir ce que Dieu nous donne ; exprimer le désir qui nous anime.

 

C’est peut-être cela la prière perpétuelle à laquelle aspirait Paul, les ermites du désert et les Pères de l’Église : tout faire sans interrompre jamais notre dialogue intérieur.

Faire 300 km en voiture, se laver les dents le matin, saluer le voisin, goûter une musique qui convient à notre âme, savourer un beau paysage, déguster un bon vin, un moment d’amitié? [1] : soignons notre dialogue intérieur !

 


[1]Les bénédictions juives expriment très bien ce désir de parler à Dieu en toutes circonstances : bénir Dieu à l’occasion d’un repas, d’un voyage, d’une visite, et même des toilettes (oui, il existe une bénédiction juive pour ce moment-là aussi, car rien de ce qui est créé ne peut être exclu du dialogue intérieur !).

1ère lecture : Les disciples réunis dans la prière après l’Ascension (Ac 1, 12-14)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent du mont des Oliviers à Jérusalem, qui n’est pas loin. (La distance ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat.)
Arrivés dans la ville, ils montèrent à l’étage de la maison ; c’est là qu’ils se tenaient tous : Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, arthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques.
D’un seul coeur, ils participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères.

Psaume : Ps 26, 1, 4abcd, 7-8

R/ Oui, nous verrons la bonté de Dieu sur la terre des vivants

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ? 

J’ai demandé une chose au Seigneur, 
la seule que je cherche : 
habiter la maison du Seigneur 
tous les jours de ma vie.

Écoute, Seigneur, je t’appelle ! 
Pitié ! Réponds-moi ! 
Mon coeur m’a redit ta parole : 
« Cherchez ma face. »

2ème lecture : Bienheureux les persécutés pour le Christ (1P 4, 13-16)

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Mes bien-aimés, puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera.
Si l’on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous.
Si l’on fait souffrir l’un de vous, que ce ne soit pas comme meurtrier, voleur, malfaiteur, ou comme dénonciateur.
Mais si c’est comme chrétien, qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien.

 

Evangile : La grande prière de Jésus : « Père, glorifie ton Fils » (Jn 17, 1-11a)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur ne vous laisse pas orphelins : il reviendra vers vous, alors votre c?ur connaîtra la joie.Alléluia. (cf. Jn 14, 18; 16, 22)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l »heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie.
Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.
Or, la vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ.

Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’oeuvre que tu m’avais confiée.
Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j’avais auprès de toi avant le commencement du monde.
J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole.
Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi,
car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d’auprès de toi, et ils ont cru que c’était toi qui m’avais envoyé. 

Je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et je trouve ma gloire en eux.
Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »

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28 mai 2011

Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous

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Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous

 

Homélie du 6° dimanche de Pâques  29/05/11

 

« Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1P 3,16).

·      Les trois lectures de ce dimanche insistent sur l’importance de ce témoignage dont Soyez toujours prêts à rendre compte de l'espérance qui est en vous dans Communauté spirituelle croix-camargue-gdeparle Pierre. Jésus promet que « l’Esprit de vérité » assurera lui-même la défense de ses disciples. Philippe, « l’un des sept » (l’un des diacres), proclame le Christ en Samarie. Et  Pierre appelle à «s’expliquer devant tous », « avec douceur et respect».

 

Rendre compte de l’espérance qui est en nous : voilà un beau programme pour ce temps pascal !

Quelle espérance ? Celle de Pâques bien sûr : en Christ, la mort est déjà vaincue, la mort ne peut avoir le dernier mot si nous faisons confiance en la puissance de la résurrection du Christ.

 

·      Rendre compte de cette espérance, cela veut dire quoi dans notre société actuelle ? Sûrement pas chercher à convaincre à tout prix, ni chercher à séduire, ou à utiliser l’argent, l’éducation, la position sociale pour contraindre l’autre.

 

Rendre compte, c'est faire un compte-rendu de la façon dont cette espérance pascale transforme nos vies. C’est donc pouvoir raconter ce qui nous est arrivé à chacun et collectivement pour que nous fassions confiance à cette incroyable annonce !

 

Rendre compte, c’est encore rendre des comptes sur la gestion de cette formidable espérance dont nous sommes dépositaires.

Que faisons-nous de la joie pascale ? Comment laissons-nous la victoire du Ressuscité  transformer nos relations personnelles et communautaires ?

Rendre compte de l’espérance qui est en nous, c'est accepter de répondre à qui posera des questions et cherchera à se renseigner au sujet de ce Jésus de Nazareth.

 

Cela peut arriver au travail. On pense aux drames qui suscitent tant de questions sur la valeur de la vie humaine, ou son insignifiance.

 dans Communauté spirituelleC’est peut-être une discussion sur l’actualité, sur un événement professionnel, sur une recherche personnelle partagée au détour d’un café ou d’un trajet pour l’entreprise… L’occasion peut venir à travers la haie du voisin et la conversation avec lui sur le temps qu’il fait, l’évolution du monde…

On peut nous demander ce témoignage à l’occasion de la béatification de Jean-Paul II, de l’arrestation de DSK ou des grèves pour la revalorisation des bas salaires etc?

Il y a tant de moments propices, sans s’imposer le moins du monde, où nous sommes au contraire invités à nous « expliquer », « avec douceur et respect », sur ce qui nous anime profondément.

 

·      D’ailleurs, c’est un vrai service que nous rendent sans le savoir ceux qui nous convoquent ainsi au témoignage. Car l'espérance grandit lorsqu’elle annoncée. Augustin écrivait à propos de la parole symbolisée par la multiplication des pains : « dum dividetur, augetur ». « Lorsqu'elle est partagée, elle augmente. » À l’image des flammes des cierges de la veillée pascale illuminant progressivement toute l’église obscure à mesure que les fidèles se la communiquent, l’espérance grandit lorsque nous la proposons à d'autres. Car il faut trouver les mots pour la dire. Cela nous oblige à revenir notre propre histoire, à accepter le regard critique des autres sur ce que nous avons cru y discerner, à fonder plus solidement notre expérience.

Espérer pour annoncer, annoncer pour espérer.

De la même manière que le chant magnifie la joie et lui donne des ailes, rendre compte élargit l’espérance et l'enracine.

 

Inévitablement, cette « explication » suscitera moquerie, dérision, voire rejet et exclusion. Mais elle touchera également le coeur de ceux qui attendent quelque chose, une piste, une ouverture pour ne pas en rester à une existence superficielle et vide.

Voilà pourquoi le maître de l’espérance est l'Esprit Saint en personne. Il nous donne le courage de nous risquer en vérité dans ce témoignage. Il nous souffle des mots qui nous étonnent nous-mêmes pour toucher nos interlocuteurs. Il assure notre défense lorsque nous sommes attaqués sur notre espérance, en nous inspirant les arguments, les attitudes, les gestes et les explications auxquelles nous n’aurions jamais pensé tout seul.

 

·      « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous ».

En descendant du métro, en prenant le café avec un collègue, en faisant vos courses, dans la salle d’attente d’un médecin ou le salon de coiffure, vous pouvez à tout moment être inopinément convoqués à témoigner : « et vous, qu’en pensez-vous ? »

Recueillons dans le silence et la solitude les mots et gestes que l’Esprit de vérité déposera en nos c?urs, pour nous expliquer « avec douceur et respect » sur l'espérance qui est en nous.

 

 

 

 

1ère lecture : Évangélisation de la Samarie (Ac 8, 5-8.14-17)

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Philippe, l’un des Sept, arriva dans une ville de Samarie, et là il proclamait le Christ.
Les foules, d’un seul coeur, s’attachaient à ce que disait Philippe, car tous entendaient parler des signes qu’il accomplissait, ou même ils les voyaient.
Beaucoup de possédés étaient délivrés des esprits mauvais, qui les quittaient en poussant de grands cris. Beaucoup de paralysés et d’infirmes furent guéris.
Et il y eut dans cette ville une grande joie.

Les Apôtres, restés à Jérusalem, apprirent que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu. Alors ils leur envoyèrent Pierre et Jean.
A leur arrivée, ceux-ci prièrent pour les Samaritains afin qu’ils reçoivent le Saint-Esprit ; en effet, l’Esprit n’était encore venu sur aucun d’entre eux : ils étaient seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus.
Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils recevaient le Saint-Esprit.

 

Psaume : Ps 65, 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20

 

R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur !

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes. 

Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne. 
Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme.
Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

 

2ème lecture : Soyez les témoins de notre espérance au milieu des hommes (1P 3, 15-18)

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frère,
c’est le Seigneur, le Christ, que vous devez reconnaître dans vos coeurs comme le seul saint. Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect.
Ayez une conscience droite, pour faire honte à vos adversaires au moment même où ils calomnient la vie droite que vous menez dans le Christ.
Car il vaudrait mieux souffrir pour avoir fait le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt que pour avoir fait le mal.
C’est ainsi que le Christ est mort pour les péchés, une fois pour toutes ; lui, le juste, il est mort pour les coupables afin de vous introduire devant Dieu. Dans sa chair, il a été mis à mort ; dans l’esprit, il a été rendu à la vie.

 

Evangile : « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14, 15-21)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Dans l’Esprit Saint, rendez témoignage que Jésus est le Fils de Dieu, car l’Esprit est vérité. Alléluia. (cf. 1 Jn 5, 6)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements.
Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Patrick Braud 

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