L'homélie du dimanche (prochain)

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1 mai 2010

Comme des manchots ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Comme des manchots ?

 

La ville, figure de l’espérance chrétienne

 

Homélie du 5° Dimanche de Pâques / année C

02/05/2010

 

Comme des manchots ? dans Communauté spirituelle Manchots_tortueEn plein hiver, lorsqu’il fait -40°, les manchots empereurs de la Terre Adélie ont trouvé la parade. S’ils vont chacun de leur côté, ils meurent de froid sous le blizzard. Alors ils se regroupent, en formant la figure optimum pour diminuer le contact avec le froid extérieur : le cercle. En se serrant ainsi les uns contre les autres, ils arrivent à faire monter la température au centre jusqu’à +30° à l’intérieur de ce grand cercle ! Ceux qui sont exposés à la périphérie ont froid ; alors régulièrement ceux du centre prennent leur relève, pour que tous survivent…

 

Pour les humains, l’équivalent du cercle des manchots empereurs pourrait bien être la ville, figure optimum de la chaleur humaine.

Isolés dans une nature hostile, les premiers hommes avaient du mal à survivre, dans des grottes ou sur la savane. Et puis apparurent les villes. Et avec les villes : l’échange, le commerce, l’artisanat, la richesse… Pour le meilleur et pour le pire, les villes ont propulsé l’humanité à des sommets de civilisation. À tel point que deux tiers de notre humanité bientôt vivront dans des villes. Gigantesques, démesurés, bouillonnantes de tout le paradoxe humain, nos villes disent qui nous sommes.

Leur architecture, leur géographie, leurs monuments, leur art de vivre, leurs relations économique et culturelle aux autres : impossible d’apprécier le génie d’un peuple et la grandeur de son histoire sans déchiffrer ses villes, et le lien communautaire qu’elles incarnent.

 

La Bible l’a bien compris. Elle qui part d’un jardin : l’Eden (le fameux « jardin jadis perdu » comme on le chantait autrefois), pour aller vers une ville : la « Jérusalem nouvelle ».

La deuxième lecture d’aujourd’hui nous montre ainsi l’avenir de l’humanité, non pas sous les traits d’un jardin ou d’une nature sauvage, mais dans la figure d’une ville !

Une ville, c’est-à-dire : la nature humanisée, le lien social personnifié (cette Jérusalem est « comme la fiancée parée pour son époux »), l’échange généralisé.

 

Aucune nostalgie dans la foi chrétienne ! La foi chrétienne conteste radicalement le « mythe de l’éternel retour » (Mircea Eliade) qui caractérise les constructions religieuses humaines. Notre espérance n’est pas de retourner à un « âge d’or » naturel, qui n’a jamais existé. Il est de recevoir de Dieu la grâce d’habiter une « ville nouvelle », où Dieu demeure avec les hommes justement parce que cette ville traduira en organisation monumentale et sociale la vraie « nature » de l’homme : être lié, être relié aux autres et à Dieu, comme les manchots empereurs liés en cercle contre le blizzard glacial…

Au-delà du petit avertissement en forme de clin d’oeil à ceux qui seraient tentés par une écologie nostalgique pré- humaine, la vision « apocalyptique » de la Jérusalem nouvelle est une espérance extraordinaire !

 

Pourtant la ville dans la Bible n’a pas toujours bonne presse.

- On se souvient de Caïn, auteur du premier homicide, qui a bâti la première ville. Mais c’était pour lutter contre l’errance, en accord avec la protection promise par Dieu. Et il a appelé cette ville du nom de son fils : Hénok, comme pour conjurer le meurtre du frère…

babel Apocalypse dans Communauté spirituelle- Puis il y a eu Babel, et la tentation de la pensée unique, de la langue unique, de l’évacuation de la différence, de l’altérité. La tour inachevée de Babel reste le symbole suppliant nos villes d’accepter le brassage, la diversité, la pluralité des langues et des cultures.

D’autres villes résonnent encore comme des menaces dans la Bible :

Ur en Chaldée, symbole de l’idolâtrie qu’Abraham doit quitter.

Sodome et Gomorrhe, rappels de la violence urbaine liée au déni de la différence.

Babylone « la grande », lieu de l’exil et de la déportation qu’imposent les plus fort aux plus faibles : la ville comme lieu de la domination. Heureusement, il sortira de Babylone un roi, Cirrus, pour permettre au peuple de revenir à Jérusalem.

Jéricho, dont les murailles semblent empêcher l’entrée en Terre promise. Ah !,  ces murailles que nous érigeons autour de nos villes pour les isoler du passage et de l’échange avec l’étranger !

Ninive, ville païenne qui « fait ce qui est mal », mais capable de se convertir à l’appel du prophète Jonas (comment désespérer de nos cités avant de les parcourir comme Jonas pour leur annoncer le pardon ?).

- Et regardez le livre des Actes des Apôtres que nous lisons pendant ces 50 jours après Pâques : l’évangélisation y est essentiellement urbaine, pas rurale. Joppé, Antioche, Iconium, Lystre, Derbé, Philippes, Thessalonique… : la liste est longue des villes où l’annonce de la résurrection de Jésus a retenti pour faire naître des Églises, désignées justement par le nom de leur ville (cf. les 7 lettres aux 7 Églises dans l’Apocalypse).

- Et puis il y a Jérusalem.

La Jérusalem historique, cité du roi David, épouse de Yahvé, tantôt triomphante, tantôt asservie.

La Jérusalem qui lapide les prophètes et crucifie Jésus hors de la ville, capable de tant d’infidélité qu’elle en fera pleurer Jésus.

La Jérusalem où le peuple ne fait qu’un, « où tout fait corps », joyau de l’unité promise ; à tel point que le Dieu Un habite au milieu de cette ville lorsqu’elle est unie, en son Temple.

 

La Jérusalem nouvelle de l’Apocalypse de saint Jean récapitule cette histoire urbaine, que la Bible épelle sans s’en cacher la violence ni l’inhumanité. Elle conjugue de fortes murailles, donc des repères et des différenciations structurantes, avec 12 portes ouvertes à tous les peuples de la terre accueillis dans l’Église.

Le rassemblement, l’interdépendance, la complexité du lien social vécu en ville sont donc des figures de la communion à venir.

 

Comment désespérer alors de nos villes modernes ?

Elles peuvent, elles doivent devenir des anticipations de cette Jérusalem céleste.

 

L’Exposition Universelle 2010, la plus grande de tous les temps, débute en Chine à Shangaï ce 1° Mai; elle a pour thème: « Meilleure ville, meilleure vie ». Tout un programme… dont l’enjeu nous touche au coeur de notre foi !

 paris%20vu%20du%20ciel Babel 

Que chacun de nous s’interroge sur la façon dont il vit sa ville, les villes.

Comment avancer vers ce que saint Jean nous dit de la Jérusalem nouvelle ?

Quel est mon investissement pour transformer ma ville – c’est-à-dire mon quartier, les associations autour de moi, l’activité économique, culturelle… – en un lieu de communion ?

Quel rôle pourrions-nous jouer ensemble, comme les manchots empereurs formant le cercle, pour faire de nos villes une source de chaleur humaine et divine ?

 

2° Lecture: Ap 21, 1-5a
La ville nouvelle
Moi, Jean, j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et il n’y avait plus de mer. Et j’ai vu descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, toute prête, comme une fiancée parée pour son époux.
Et j’ai entendu la voix puissante qui venait du Trône divin ; elle disait : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront son peuple, Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort n’existera plus ; et il n’y aura plus de pleurs, de cris, ni de tristesse ; car la première création aura disparu. »
Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »
Patrick BRAUD
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17 avril 2010

Les 7 mercenaires

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Les 7 mercenaires

 

Homélie du 3° Dimanche de Pâques / année C

18/04/2010

 

Ils ne sont plus que 7 : Simon-Pierre, Thomas, Nathanaël, les deux fils de Zébédée, et deux autres disciples.

7 sur les 12 qui constituaient le groupe des proches, des intimes.

Et ces 7 là sont retournés à leur métier ordinaire : « je m’en vais à la pêche », dit Simon-Pierre.

On sent pointer la lassitude, le côté désabusé au lendemain d’une grande aventure qui s’est mal terminée. D’autant que cette pêche nocturne est stérile : la fatigue de travailler pour rien s’ajoute à la désillusion d’avoir suivi Jésus pour rien…

 

Les 7 mercenaires dans Communauté spirituelle 3700259801287Connaissez-vous le film « les sept mercenaires » ? C’est un best-seller du western américain, lui-même repris du best-seller japonais : « les sept samouraïs ». On y voit 7 hommes de main, yakuzas ou pistoleros, se laisser embaucher par des villageois ignares en matière de combat pour les défendre, moyennant un salaire peu reluisant où ils ont mis toutes leurs économies. Au fil de la résistance qu’ils organisent, ces mercenaires se transforment en défenseurs des plus faibles. Ces yakuzas vont mettre leur honneur à combattre la violence injuste plus qu’à toucher leur prime ou à faire briller leur réputation. Plus encore, ils accepteront de mourir pour défendre ces paysans abrutis. Plus encore, ils feront de ces villageois une armée digne de ce nom, fiers de se battre pour leur liberté.

 

Le parcours de nos sept disciples a peut-être des consonances avec celui de ces sept mercenaires.

- Simon Pierre avait revendiqué sa prime : « nous avons tout quitté pour toi. Quelle sera notre récompense ? » (Mt 19,27)

- Thomas avait eu des accents de desperado prêt au pire : « Allons, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (Jn 11, 16) Il était complètement perdu devant l’itinéraire de Jésus : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin? » (Jn 14,5)

- Les fils de Zébédée avaient rêvé de gloire politique et médiatique : « Accorde-nous, lui dirent-ils, de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire » (Mc 10, 37). Ils aspiraient à une domination écrasante de leurs adversaires : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? » (Lc 9,54)

- Nathanaël était fasciné par la capacité divinatoire de Jésus : « d’où me connais-tu ? » (Jn 1, 48)

- Les 7 avaient suivi Jésus pour du pain et des miracles plus que pour partager sa Passion…

 

Et puis, au fil du parcours avec cet homme déroutant, ils se sont laissés littéralement dé-router, emmener là où ils n’avaient pas prévu d’aller.

- De la recherche de gloire, ils en viendront à être « tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus » (Ac 5,41).

- De la course à la première place, ils passeront au rôle de témoin d’un Autre : « quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint ». (Ac 5,39)

- De l’amour de la réussite à la manière humaine, ils passeront à l’amour du Christ en personne : « oui Seigneur, je t’aime » (Jn 21,15). 

 

La clé de cette transformation est livrée par le Ressuscité lui-même : « quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller » (Jn 21,18).

C’est le chemin que Jésus a suivi en premier : ne pas s’appartenir ; se laisser conduire, par amour, là où on n’avait pas prévu ni calculé d’aller ; laisser l’Esprit du Christ nous « ceinturer » et nous emmener ailleurs…

 

Cette transformation pascale, de mercenaire à disciple, peut devenir la nôtre.

Cette métamorphose, de samouraï à sauveur, est le sens de la fête de Pâques que nous déployons pendant ces 50 jours de fête jusqu’à Pentecôte.

 

Faites jouer ce passage dans votre vie professionnelle :

- Quand et avec qui êtes-vous  plutôt « mercenaire » dans votre attitude professionnelle ?

- Vous est-il arrivé d’aller au-delà, et de vous mettre réellement au service d’un client, d’un collaborateur ?

- Vous est-il arrivé de vous laisser entraîner – de manière heureuse ! – dans d’autres parcours professionnels, dans d’autres objectifs ou initiatives que vous n’aviez pas prévues ?

- Comment accepter de ne pas tout maîtriser dans ce contexte professionnel, et en même temps de se laisser conduire dans des relations de travail autres, vers un travail lui-même profondément renouvelé ?

 

Soyez attentifs à ce que l’Esprit manifeste de puissance de transformation dans votre vie professionnelle, et vous serez étonnés de ce que vous allez découvrir ; et vous serez conduits à travailler autrement. Et cela peut vous emmener très loin…

 

 

 

Cette puissance de transformation pascale joue également pour nos autres domaines de vie bien sûr ! (famille, amis, loisirs, engagements divers…)

Il s’agit d’entendre, en actes, ce que provoque l’appel du Christ dans nos vies : « suis-moi ».

1ère lecture : Les Apôtres persécutés à Jérusalem (Ac 5, 27b-32.40b-41)

Les Apôtres comparaissaient devant le grand conseil ; le grand prêtre les interrogea :
« Nous vous avions formellement interdit d’enseigner le nom de cet homme-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement. Voulez-vous donc faire retomber sur nous le sang de cet homme ? »
Pierre, avec les Apôtres, répondit alors : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.
Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le pendant au bois du supplice.
C’est lui que Dieu, par sa puissance, a élevé en faisant de lui le Chef, le Sauveur, pour apporter à Israël la conversion et le pardon des péchés.
Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. »
Les Apôtres comparaissaient devant le grand conseil ; le grand prêtre les interrogea :
On interdit alors aux Apôtres, après les avoir fouettés, de parler au nom de Jésus, puis on les relâcha.
Mais eux, en sortant du grand conseil, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus.
On interdit alors aux Apôtres, après les avoir fouettés, de parler au nom de Jésus, puis on les relâcha. Mais eux, en sortant du grand conseil, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus.

 

Psaume : Ps 29, 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13

R/ Je t’exalte, Seigneur, toi qui me relèves

Quand j’ai crié vers toi, Seigneur,
mon Dieu, tu m’as guéri ;
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.

Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté toute la vie.

Avec le soir viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie !
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie !

Que mon coeur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi ;
eet que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !

 

2ème lecture : Gloire à l’Agneau immolé ! (Ap 5, 11-14)

Moi, Jean, dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens :i ls étaient des millions, des centaines de millions.
Ils criaient à pleine voix : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. »
Et j’entendis l’acclamation de toutes les créatures au ciel, sur terre, sous terre et sur mer ; tous les êtres qui s’y trouvent proclamaient :« A celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau,bénédiction, honneur, gloire et dominationpour les siècles des siècles. »
Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! » et les Anciens se prosternèrent pour adorer.

 

Evangile : Apparition au bord du lac : la pèche miraculeuse (Jn 21, 1-19)

Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord du lac de Tibériade, et voici comment.
Il y avait là Simon-Pierre, avec Thomas (dont le nom signifie : Jumeau), Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples.
Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, ils passèrent la nuit sans rien prendre.
Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.
Jésus les appelle : « Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? » Ils lui répondent : « Non. »
Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le ramener, tellement il y avait de poisson.
Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre l’entendit déclarer que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.
Les autres disciples arrivent en barque, tirant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
En débarquant sur le rivage, ils voient un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.
Jésus leur dit : « Apportez donc de ce poisson que vous venez de prendre. »
Simon-Pierre monta dans la barque et amena jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Jésus dit alors : « Venez déjeuner. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.
Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson.
C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : « Est-ce que tu m’aimes ? » et il répondit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore : « Suis-moi. »
Patrick BRAUD

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3 avril 2010

Incroyable !

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Incroyable !

 

Homélie du dimanche de Pâques / Année C

04/04/2010

 

Incroyable !

Ce ne peut être qu’un « délire » de femmes, hystériques d’avoir perdu un être cher ! Raisonnablement, c’est inconcevable, inimaginable. Que cet homme Jésus, exécuté devant tous, mort avec certitude, mis au tombeau, soit maintenant réellement en vie, c’est une drôle d’invention de disciples désemparés… C’est ce qu’ont dû se dire Pierre et Jean, puis les compagnons qui avaient connu Jésus, puis les Romains ou les Grecs qui en avait entendu parler…

 

- Incroyable pour des gens raisonnables pour qui évidemment la mort est sans retour.

- Scandaleux pour les juifs qui attendent la résurrection générale à la fin des temps, pas la résurrection d’un seul à la moitié du temps.

- Folie pour les païens dont les dieux n’offrent pas ainsi aux hommes de partager leur intimité en traversant la mort.

 

C’est justement parce que c’est inconcevable que finalement c’est très croyable !

On voit mal en effet des juifs inventer un événement qui va autant à l’encontre de leur représentation du jugement final.

On voit mal des évangélistes inventer la visite au tombeau vide et s’appuyer ainsi sur le témoignage – si peu crédible à l’époque – des femmes.

On voit mal ce qui aurait pu retourner Paul sur le chemin de Damas, ce qui aurait pu motiver des milliers de martyrs à verser leur sang, les Romains militaires ou les Grecs philosophes à suivre une idée aussi folle, s’il n’y avait pas d’abord quelque chose qui s’impose, et que les mots peinent à décrire.

 

On peut l’appeler résurrection, transfiguration, traversée de la mort, vie nouvelle, glorification, exaltation, ascension, session à la droite de Dieu… : cet événement de Pâques est tellement hors normes que le Nouveau Testament essaiera des dizaines de mots ou expressions pour approcher l’inconcevable…

  Incroyable ! dans Communauté spirituelle 220308_resurrection1


À nous aujourd’hui de décliner l’espérance de Pâques avec nos propres mots.

- Ceux qui ont perdu un être cher liront dans l’annonce de Pâques le signal joyeux de leurs retrouvailles à venir.

- Ceux qui ont été blessés, abattus par le mal ou la haine y entendront un chant de victoire : l’amour est plus fort que tout.

- Ceux qui ont été passionnés de vivre y découvriront l’annonce d’une plénitude dont ils ont déjà goûté bien des saveurs.

- Ceux qui ont légitimement douté de l’origine ou du sens de l’aventure humaine y accueilleront la promesse d’une clé pour enfin savoir et comprendre.

- Ceux qui n’ont rien cherché d’autre que de mener une vie tranquille y sentiront un appel d’air extraordinaire, pour se risquer à plus de profondeur…

 

La liste est interminable !

Puisque le Christ est ressuscité, tout peut être relu autrement.

Puisque le Christ est vraiment ressuscité, rien ne peut enfermer cette immense espérance !

 

Laissons la battre et palpiter en nous, cette espérance pascale qui rend folle la sagesse humaine?

Que nos défis, nos traversées, nos passages, soient déjà éclairés de cette plénitude qui nous est promise en Jésus relevé d’entre les morts, et qui nous est déjà partagée dans la vie nouvelle offerte dès maintenant…

 

 


Evangile : Les femmes au tombeau vide (Mc 16, 1-8)

Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus.
De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au sépulcre au lever du soleil.
Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? »
Au premier regard, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande.
En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de peur.
Mais il leur dit : « N’ayez pas peur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé.
Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : ‘Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.’ »
Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

Patrick BRAUD

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20 mars 2010

À partir de la fin !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

À partir de la fin !

  • Avez-vous remarqué dans quel ordre Paul parle de la passion de la résurrection ? Pas selon l’ordre normal, mais à partir de la fin : « il s’agit de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion ». Autrement dit : c’est seulement la puissance de sa résurrection qui nous donne de traverser nos passions actuelles.

C’est la fin qui éclaire le présent, et non l’inverse !

À partir de la fin ! dans Communauté spirituelle the_flagellation_of_christ C’est en partant de ce qui doit arriver : la résurrection, que nous pouvons déchiffrer le présent. C’est en étant « lancé vers l’avant », « en courant vers le but », que le passé et le présent trouvent leur signification.

  • Cette inversion volontaire de Paul entre passion et résurrection rejoint le thème de l’avenir absolu offert par Dieu dans les autres lectures : « ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau » (Isaïe 43).

Et Jésus refusera d’enfermer la femme adultère dans son passé au nom de cet avenir absolu : « je ne te condamne pas : va » (Jn 8).

Dans l’Apocalypse, le ressuscité assumera pleinement en sa personne ce primat de l’avenir qui transforme le présent : « voici que je fais toutes choses nouvelles ». (Apocalypse)

 

C’est donc que nous sommes invités à regarder les êtres et les choses qui nous entourent « à partir de la fin », et non en fonction de leur passé, quel qu’il soit (glorieux ou sombre).

 

Ainsi Jésus regarde cette femme telle qu’elle est, ou plutôt telle qu’elle sera en Dieu : libre et pardonnée. Du coup, même son adultère passé ne peut abîmer sa vocation divine : ce qu’elle est appelée à devenir est plus fort que ce que la vie a fait d’elle jusqu’à présent…

  • C’est parce qu’il les regarde « à partir de la fin », à partir de leur transformation en Dieu à travers la résurrection, que Jésus peut poser sur les pécheurs un regard différent, un regard étonnant qui relève et change tout.

C’est parce qu’il anticipe ce que la puissance de la résurrection peut opérer en chacun que le regard du Christ n’enferme jamais, mais révèle un avenir ouvert, un avenir absolu qui déjà transforme le présent.

Alors Lévy le douanier collaborateur, Zachée le fonctionnaire malhonnête, Marie de Magdala esclave de ses démons, ou même Simon Pierre le lâche, chacun entendra une parole libératrice qui lui vient de devant, du but « auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus » .

 

« Le connaître, lui le Christ, avec la puissance de sa résurrection, et communier aux souffrances de sa passion… » : c’est comme un scaphandre dont il faut s’entourer lorsque l’on plonge en eau profonde. S’il n’y a pas cette armure, cette protection, comment résister aux grandes pressions et à l’asphyxie des profondeurs ?

 

  • Nous voici donc appelé à regarder cette semaine nos proches en famille, nos collaborateurs au travail, nos rencontres habituelles « à partir de la fin ». Même les choses matérielles, replacées ainsi en perspective, en acquièrent une saveur et une texture nouvelle : relativisées, elles deviennent signes du monde nouveau qui est en train de germer…

 

Oubliant le passé, libérés des jugements du présent, replaçons chaque visage en perspective par rapport à son but ultime : partager la résurrection du Christ.

 

Essayez !

Vous ferez alors l’expérience de vous taire souvent, à l’image du Christ silencieux lorsque les accusateurs veulent enfermer cette femme dans son passé.

 

Vous ferez encore l’expérience d’une infinie douceur, celle de Jésus ouvrant délicatement à l’accusée un avenir inouï : « femme, où sont-ils donc, ceux qui t’avait jugé et condamné ? »

 

Vous ferez enfin l’expérience d’une vibrante course, à l’image de Paul : « oubliant ce qui est en arrière, lancé vers l’avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus ».

 

Oui : cette semaine, regardez les êtres et les choses qui vous environnent « à partir de la fin »?

 

1ère lecture : Promesse du nouvel exode (Is 43, 16-21)

Ainsi parle le Seigneur,lui qui fit une route à travers la mer,un sentier au milieu des eaux puissantes,
lui qui mit en campagne des chars et des chevaux,des troupes et de puissants guerriers ;et les voilà couchés pour ne plus se relever,ils se sont éteints,ils se sont consumés comme une mèche.Le Seigneur dit :
Ne vous souvenez plus d’autrefois,ne songez plus au passé.
Voici que je fais un monde nouveau :il germe déjà, ne le voyez-vous pas ?Oui, je vais faire passer une route dans le désert,des fleuves dans les lieux arides.
Les bêtes sauvages me rendront gloire- les chacals et les autruches -parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert,des fleuves dans les lieux arides,pour désaltérer le peuple, mon élu.
Ce peuple que j’ai formé pour moiredira ma louange.

 

Psaume : Ps 125, 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6

R/ Le Seigneur a fait merveille : nous voici dans la joie

Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve!
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie;

Alors on disait parmi les nations :
« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur!»
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous
nous étions en grande fête!

Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie :

Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.

 

2ème lecture : Renoncer à tout pour être avec le Christ (Ph 3, 8-14)

Frères, tous les avantages que j »avais autrefois, je les considère maintenant comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j »ai tout perdu ; je considère tout comme des balayures, en vue d »un seul avantage, le Christ, en qui Dieu me reconnaîtra comme juste. Cette justice ne vient pas de moi-même – c’est-à-dire de mon obéissance à la loi de Moïse – mais de la foi au Christ : c’est la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi.
Il s’agit de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en moi sa mort,
dans l’espoir de parvenir, moi aussi, à ressusciter d’entre les morts.
Certes, je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela, comme j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus.
Frères, je ne pense pas l’avoir déjà saisi. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant,
je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus.

 

Evangile : Jésus et la femme adultère : « Va, et ne pèche plus » (Jn 8, 1-11)

Jésus s’était rendu au mont des Oliviers ; de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. Ils la font avancer,
et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »
Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol.
Quant à eux, sur cette réponse, ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui.
Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus.»
Patrick BRAUD 

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