L'homélie du dimanche (prochain)

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31 août 2013

Dieu est le plus humble de tous les hommes

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Dieu est le plus humble de tous les hommes

 

Homélie du 22° Dimanche du temps ordinaire / Année C
01/09/2013

 

Ben Sirac le sage vante la vertu d'humilité avec des mots que bien des chefs en tout genre pourraient méditer :

« Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur.
La puissance du Seigneur est grande, et les humbles lui rendent gloire.
La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui. »
(Si 3,17-29)

 

Dans l’Ancien Testament, l’humilité est d’abord la réponse humaine à la grandeur de Dieu. 

C’est la conscience de l’extraordinaire distance entre lui et moi qui m’entraîne à reconnaître ma fragilité, ma petitesse. Quelle que soit l’intelligence d’un savant, quel que soit le génie commercial ou industriel d’un patron, quelque soit la renommée d’un politique, qu’est-ce que cela en comparaison de celui qui est tout ? À l’image de la grenouille de La Fontaine, qui pourrait enfler ses prétentions jusqu’à vouloir égaler le « b?uf » divin ?


Dieu est le plus humble de tous les hommes dans Communauté spirituelle 275

 

Même ceux qui ne sont pas croyants font cette radicale expérience de leur finitude : devant l’immensité de l’océan, de la musique, de la maladie, du temps qui passe, de la mort…

En ce sens, l’Ancien Testament énonce une sagesse commune à beaucoup de cultures, de sociétés de toutes les époques. Et c’est déjà beaucoup, car c’est devant Dieu que l’homme apprend ce que être humble veut dire.

 

Le Nouveau Testament va sur ce point plus loin, infiniment plus loin. L’incarnation du Verbe révèle un dieu qui ne se contente pas d’être grand à distance ou même en proximité. Il se fait l’un de nous, dans notre humus = terreau humain et il épouse notre condition dans sa fragilité. L’humilité de Dieu n'est dans nulle autre religion aussi manifeste que dans la foi chrétienne. Comme l’écrivait le père François Varillon :

« Aimer c’est la puissance de descendre au plus bas jusqu’à l’anéantissement de soi.
Cet anéantissement n’est pas une suppression d’existence.
Il est la révélation de l’existence la plus haute.
C’est cela l’Évangile, la présence active et transformante de Dieu au plus bas de la condition humaine. »
1
 

Patrick Braud

En s’abaissant par amour jusqu’à se faire homme, Dieu se révèle humble face à l’homme, plus que nous ne pourrons jamais l’être envers lui. Dans le même mouvement (qui est trinitaire) de cette incarnation, Dieu livre le secret de son intimité : chaque personne divine, d'égale majesté, est tout entier humblement tournée vers le service et la communion avec les deux autres. L’humilité est donc une vertu (virtus = force en latin), intrinsèque à la nature divine. Ce n’est pas un comportement qu’il adopte pour rejoindre l’homme (ce serait à la limite d’une stratégie de séduction), c’est son être trinitaire même qu’il déploie pour inviter l’homme à y entrer en plénitude.


« ?.Dieu étreint l'âme dans l'amour.
Il est l'Autre mais sans distance.
Et caché. Humblement caché, car on ne pourrait le voir et rester libre.
L'invisibilité de Dieu est son humilité respectueuse de notre liberté. 2

 

L’humilité de Dieu est essentielle à l’amour qui unit les Trois ; elle est ainsi la source de l’humilité humaine, qui peut y participer, par grâce.

 

L’humilité est à ce point enracinée en Dieu que Maître Eckhart osera dire que celui qui est humble ne fait qu’un avec Dieu, et qu'il peut tout lui demander puisque en fait il n’est plus extérieur à ce qu’il désire :

L'homme véritablement humble n’a pas besoin de demander à Dieu: il peut commander à Dieu,
car la hauteur de la déité n’a égard qu’à 1a profondeur de l’humilité (…).

L’homme humble et Dieu ne font qu’un.

L’homme humble a pouvoir sur Dieu comme il en a sur lui-même, et tout ce qui est dans les anges est en propre à l’homme humble. Ce que Dieu opère, l’homme humble l’opère aussi, et ce que Dieu est, il l’est : une vie et un être. Et c’est pourquoi notre cher Seigneur a dit: « Apprenez de moi qui suis doux et humble de c?ur. » » 3 

 

Quand Jésus dit : « qui s'élève sera abaissé, qui s'abaisse sera élevé », il parle d’abord de lui-même.

Quand il demande de donner un festin pour ceux qui ne pourront jamais vous le rendre, il fait référence à la générosité divine qui est à la source de nos générosités humaines. « Il faut appeler divin l’amour qui est assez fort pour ne pas exiger la réciprocité comme condition de sa constance » (F. Varillon; ibid).

Quand il insiste : « va te mettre à la dernière place », il ne fait qu’énoncer le chemin sur lequel lui-même s’est engagé, jusqu’à la dernière place en humanité qu’est l'infamie de la croix.

 

Par quoi se caractérise cette humilité de Dieu ?

Par le souci de servir, par le refus de s’attribuer à soi-même sa propre gloire, par l’attention et le respect donné aux plus petits de la société, par un amour de soi intense parce que réaliste et enraciné en Dieu, par le refus de l’auto rédemption (serrer les dents pour y arriver tout seul sans dépendre de personne) etc.

On est alors aux antipodes de la fausse humilité, caricature autrefois trop fréquente, dans les congrégations religieuses comme dans les cercles bien-pensants… Sous prétexte d’humilité en effet, on peut cacher la peur de risquer ou la peur de prendre des responsabilités. À force d’humilité ostentatoire, on peut cultiver un goût morbide de l’auto-dépréciation, du paraître, et finalement du refus de la joie d’être aimé. Les contrefaçons de l’humilité rétrécissent le désir de vivre, nourrissent l’amertume de ne pas être reconnu, et finissent par cette peur contraire à l’Évangile : aller enfouir son talent au lieu de le faire fructifier.

 

Non, l’humilité à la manière de Dieu est une passion pour l’autre, pour faire grandir l’autre. « Dieu élève les humbles » chante Marie, parce que eux-mêmes élèvent leurs frères. L’humiliation est exactement à l’opposé de l’humilité.

 

Un rabbin le racontait fort joliment :

Deux élèves d’une école talmudique se disputaient pour savoir qui est le plus grand.
Le premier saisit son camarade à la tête, lui fait courber l'échine et crie victoire en le maintenant plié sous sa main : « je suis plus grand, je suis plus grand ».
À l’autre maintenant – Moshe – de faire la preuve. Il se relève, et se met à sauter en l’air, de plus en plus haut : « je suis plus grand, je suis plus grand ! » Le rabbin arrive et interpelle ses deux jeunes disciples : Moshé, certainement tu seras un maître en Israël, car pour te grandir tu n’as pas eu besoin de rabaisser tes frères »…

 

Puisqu'elle se reçoit, n'hésitez pas à demander à Dieu son humilité !

 


_________________________________________________________________________________________________ 

[1]Varillon F., Traversées d’un croyant, choix de textes présentés Charles Ehlinger, Ed. Bayard, 2005.

[2]. Varillon F., L'humilité de Dieu, Centurion, 1974.

[3]. Maître Eckhart, Sermon n° 14. 


 

1ère lecture : Exhortation à l’humilité (Si 3, 17-18.20.28-29)

Lecture du livre de Ben Sirac le Sage

Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur.
Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur.
La puissance du Seigneur est grande, et les humbles lui rendent gloire.
La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui.
L’homme sensé médite les maximes de la sagesse ; l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute.

 

Psaume : Ps 67, 4-5ac, 6-7ab, 10-11

R/ Béni soit le Seigneur : il élève les humbles.

Les justes sont en fête, ils exultent ; 
devant la face de Dieu ils dansent de joie.
Chantez pour Dieu, jouez pour son nom.
Son nom est Le Seigneur ; dansez devant sa face.

Père des orphelins, défenseur des veuves, 
tel est Dieu dans sa sainte demeure. 
À l’isolé, Dieu accorde une maison ; 
aux captifs, il rend la liberté.

Tu répandais sur ton héritage une pluie généreuse, 
et quand il défaillait, toi, tu le soutenais. 
Sur les lieux où campait ton troupeau, 
tu le soutenais, Dieu qui es bon pour le pauvre.

 

2ème lecture : La fête éternelle sur la montagne de la nouvelle Alliance (He 12, 18-19.22-24a)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères, 
quand vous êtes venus vers Dieu, il n’y avait rien de matériel comme au Sinaï, pas de feu qui brûle, pas d’obscurité, de ténèbres, ni d’ouragan, pas de son de trompettes, pas de paroles prononcées par cette voix que les fils d’Israël demandèrent à ne plus entendre.

Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des milliers d’anges en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous les hommes, et vers les âmes des justes arrivés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une Alliance nouvelle.

 

Évangile : Pour avoir part au royaume de Dieu : choisir la dernière place, inviter les pauvres (Lc 14, 1a.7-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Heureux les invités à la table de Dieu : il comble de biens les affamés, il élève les humbles. Alléluia. (cf. Lc 1, 52-53)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Un jour de sabbat, Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas. Remarquant que les invités choisissaient les premières places, il leur dit cette parabole :
« Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place, car on peut avoir invité quelqu’un de plus important que toi.
Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendrait te dire : ‘Cède-lui ta place’, et tu irais, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : ‘Mon ami, avance plus haut’, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui sont à table avec toi.
Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi t’inviteraient en retour, et la politesse te serait rendue.
Au contraire, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux, parce qu’ils n’ont rien à te rendre : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »
Patrick BRAUD

 

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24 août 2013

Dieu aime les païens

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Dieu aime les païens

Homélie du 21° Dimanche du temps ordinaire / Année C
25/08/2013

Sans garantie du gouvernement

Dieu aime les païens dans Communauté spirituelle 618062-extremement-rare-telles-accusations-abusLes Frères musulmans d’Égypte ou les hassidims strictement orthodoxes de Jérusalem « grinceront des dents » à entendre les lectures de ce dimanche. Comment ? Faire partie du peuple élu ne suffit pas à être sûr d’être sauvé ? Comment ? Des étrangers venus d’on ne sait où viendraient nous « jeter dehors » pour prendre notre place auprès de Dieu ? Comment ? La pratique rituelle ne nous ouvre pas la « porte étroite » ? Alors, à quoi sert de pratiquer à la mosquée, à la synagogue ou à l’église ? Pourquoi chercher à être le premier dans le domaine de la foi si Dieu s’amuse à intervertir les derniers et les premiers ? (cf. Lc 13,22-30)

C’est ça qui est bien chez le Dieu de la Bible : il prend très souvent à contre-pied les certitudes des croyants trop sûrs d’eux, et ne garantit absolument aucun salut obtenu par la prière, le culte où la tradition. Renversant !

Isaïe annonce que le festin du royaume de Dieu est ouvert à tous les païens des quatre coins de l’horizon : rien ne sert d’être juif, cela ne donne aucune garantie ! Apparemment, dans la bouche d’Isaïe, les païens n’auront rien fait de spécial pour être ainsi associés au festin. Dieu ira les chercher gratuitement, sans autre condition que d’accepter de se laisser rassembler avec l’humanité enfin réconciliée. Par contre, ceux qui auront mangé et bu en présence du Christ se voient reprocher de faire le mal : un comble ! Comme quoi la pratique eucharistique n’est pas un calcul pour obtenir quoi que ce soit. La prière non plus. Prier ou communier relève de la gratuité et non du calcul. De la louange et non de la stratégie. Lorsque Dieu va chercher les païens – sans raison – pour les associer au festin à Jérusalem, il fait un pied de nez aux barbus, aux papillotes, aux soutanes impeccables qui virevoltent dans les lieux saints avec tant d’arrogance.

 

Dieu aime les païens.

Patrick BraudAu moins eux ne cherchent pas à l’utiliser.
Au moins eux seront étonnés d’être choisis et appelés.
Au moins eux auront conscience de ne rien mériter.
Au moins avec eux on est sûr que Dieu aime sans raison, à la limite de l’absurde.

Aimez-vous les païens qui vous entourent, à la manière de Dieu ?

C’est vrai, les chrétiens (et les pratiquants encore plus que les autres) sont minoritaires en France. Au travail, dans un quartier, en famille même ils sont quelques-uns noyés au milieu d’une masse d’indifférents ou d’opposants. La tentation est alors forte de se replier sur son identité religieuse menacée de toutes parts, et au pire de dénigrer ce qui ne vivent pas pareil, au mieux de les considérer avec un rien de mépris au fond des yeux.

Même les manifestants anti mariage-pour-tous sont exposés à ce piège. Sûrs de la droiture de leur opinion, ils risquent de juger les autres, leurs pratiques, leurs idées, avec dureté et intolérance.

 

Dieu aime les païens
En les invitant gratuitement à se rassembler avec les croyants, ils manifestent qui Il est : un amour inconditionnel.
À tous ceux qui se croient à l’abri à cause des multiples fidélités rituelles qu’ils observent soigneusement, l’appel des païens rappelle que c’est la miséricorde que Dieu désire, et non le sacrifice.

À tous ceux qui méprisent plus ou moins les autres parce qu’ils ne partagent pas leurs croyances et leurs pratiques, l’élection des païens résonne comme un signe : il y a beaucoup à apprendre de ceux qui vivent ailleurs ou autrement.

À tous ceux qui désespèrent des conflits religieux ensanglantant les peuples, de l’Égypte à l’Inde en passant par l’Irlande ou la Palestine, le choix par Dieu des païens annonce une immense espérance : Christ est mort pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (Jn 11,52).

Le tout est d’aimer les païens à la manière de Dieu : tels qu’ils sont, invités au festin, associés au même étage. Les messagers (Is 66) qui sont chargés d’annoncer cette nouvelle aux nations lointaines sont chargés également de les ramener à Jérusalem, par tous les moyens possibles : chevaux, chariots, litières, mulets, dromadaires… Comme quoi tous les véhicules culturels sont bons pour ramener les nations vers Dieu ! Conception centripète de la mission d’Israël ou de l’Église, cette passion pour le rassemblement de tous dans l’unité reflète le coeur de Dieu. Jusqu’à prendre des prêtres et des lévites parmi ces païens – ose annoncer Isaïe - les fonctions les plus sacrées en Israël ! Décidément, Dieu ne respecte pas même pas son copyright, doivent penser les auditeurs du prophète…

Alors, regardez d’un autre oeil les païens avec qui vous travaillez, avec qui vous faites du sport, des repas, des sorties.
Dites-vous que ce sont vos voisins de table de demain au festin final.
Dites-vous qu’à travers eux, Dieu vous éduque à dilater votre cœur à ses dimensions à lui.
Apprenez d’eux ce qu’est la gratuité de la foi chrétienne.

1ère lecture : Dieu vient rassembler toutes les nations (Is 66, 18-21)

Lecture du livre d’Isaïe

Parole du Seigneur : Je viens rassembler les hommes de toute nation et de toute langue. Ils viendront et ils verront ma gloire :
je mettrai un signe au milieu d’eux ! J’enverrai des rescapés de mon peuple vers les nations les plus éloignées, vers les îles lointaines qui n’ont pas entendu parler de moi et qui n’ont pas vu ma gloire : ces messagers de mon peuple annonceront ma gloire parmi les nations.
Et, de toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères, en offrande au Seigneur, sur des chevaux ou dans des chariots, en litière, à dos de mulets ou de dromadaires. Ils les conduiront jusqu’à ma montagne sainte, à Jérusalem, comme les fils d’Israël apportent l’offrande, dans des vases purs, au temple du Seigneur.
Et même je prendrai des prêtres et des lévites parmi eux. Parole du Seigneur.

Psaume : Ps 116, 1, 2

R/ Allez par le monde entier proclamer la Bonne Nouvelle.

Louez le Seigneur, tous les peuples ; 
fêtez-le, tous les pays ! 

Son amour envers nous s’est montré le plus fort ; 
éternelle est la fidélité du Seigneur !

2ème lecture : Dieu corrige ceux qu’il aime (He 12, 5-7.11-13)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères, n’oubliez pas cette parole de réconfort, qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas quand il te fait des reproches. Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu’il reconnaît comme ses fils. 
Ce que vous endurez est une leçon. Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ? Quand on vient de recevoir une leçon, on ne se sent pas joyeux, mais plutôt triste. Par contre, quand on s’est repris grâce à la leçon, plus tard, on trouve la paix et l’on devient juste.
C’est pourquoi il est écrit : Redonnez de la vigueur aux mains défaillantes et aux genoux qui fléchissent, et : Nivelez la piste pour y marcher. Ainsi, celui qui boite ne se tordra pas le pied ; bien plus, il sera guéri.

Evangile : L’appel universel au salut et la porte étroite (Lc 13, 22-30)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. De l’Orient à l’Occident, tous les peuples de la terre prendront place à la table de Dieu. Alléluia. (cf. Lc 13, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant.
Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » 
Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas.
Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : ‘Seigneur, ouvre-nous’, il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’
Alors vous vous mettrez à dire : ‘Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’
Il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal.’ 
Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors.
Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu.
Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »
Patrick Braud

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14 août 2013

L’Assomption de Marie, étoile de la mer

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’Assomption de Marie, étoile de la mer

Homélie pour la fête de l’Assomption / Année C
15 Août 2013

L'Assomption de Marie, étoile de la mer dans Communauté spirituelle voilier

 

« Le vent se lève. Hâte-toi. La voile bat au long du mât. L’honneur est dans les toiles ; et l’impatience sur les eaux comme fièvre du sang. La brise mène au bleu du large ses couleuvres d’eau verte. Et le pilote lit sa route entre les grandes taches de nuit mauve, couleur de cerne et d’ecchymose. » 1

Fermez les yeux…

Vous naviguez de nuit, à la fraîche.

Vous avez hissé la voile aussitôt sortis du port de la Trinité sur Mer, et vous voilà à chercher l’accès vers Belle-Île à travers le passage du Béniguet. Le vent est établi : 3 à 4 Beaufort, de quoi entendre le chuintement régulier de l’étrave dans la vague, belle et franche respiration du bateau taillant sa route vers Houat et Hoedic. La nuit, le plancton phosphorescent donne à l’océan un air illuminé où toutes les rencontres deviennent possibles. Bien sûr vous avez le compas à l’oeil, l’enchaînement des bouées est bien visible sur la table à cartes ; et le GPS – espion fidèle – surveille votre route.

Imaginez un moment que tous ces repères n’existent plus, que l’électronique tombe en panne, qu’il n’y ait plus de bouées, plus de cartes marines, plus de satellites : comment ne pas aller se fracasser sur la multitude de cailloux et de rochers qui parsèment ces étroits passages entre les îles bretonnes ?

Vous retrouvez alors les vieux réflexes des navigateurs d’antan : lever les yeux, regarder le ciel étoilé, repérer les astres remarquables, calculer son cap d’après les alignements, ressortir l’antique sextant qui autrefois guidait les navigateurs au-delà de leurs mondes connus…

En ce 15 août, Marie est « montée » au ciel, telle une étoile non pas filante mais au contraire stable et rassurante. Le peuple chrétien la chante depuis des siècles sous le titre d’étoile de la mer.

ave-maris-stella Assomption dans Communauté spirituelleAve, maris stella,

Dei mater alma,

Atque semper virgo,

Felix caeli porta.

Sumens illud « Ave »

Gabrielis ore,

Funda nos in pace,

Mutans Evae nomen.

 

Solve vincla reis,

Profer lumen caecis,

Malanostra pelle,

Bona concta posce.

Monstra te esse matrem,

Sumat per te preces

Qui pronobli natus

Tulit esse tuus

 

Virgo singularis,

Inter mones mitis,

Nos culpis solutos

Mites fac et castos.

Vitam praesta puram,

Iter para tutum,

Ut videntes Jesu

Semper collaetémur

 

Sit laus Deo Patri,

Summo Christus decus,

Spirituti Sancto

Tribus, honor unus.

Amen

Traduction

Salut, étoile de la mer,

Sainte Mère de Dieu

Et vierge à jamais consacrée,

Bienheureuse porte du ciel.

 

Recevant cet Ave

Par la bouche de Gabriel

Fixe-nous dans la paix,

Retournement du nom d’Eva (Ève).

 

Des pécheurs brise les liens

Aux aveugles accorde la lumière,

Délivre-nous de nos misères,

Obtiens pour nous les vrais biens !

 

Montre toujours que tu es Mère,

Qu’il reçoive de toi nos prières

Celui qui est né pour nous,

En acceptant d’être ton fils.

 

O Vierge sans pareille

Vierge douce entre toutes,

Obtiens le pardon de nos fautes

Rends nos c?urs humbles et purs.

 

Rends sainte notre vie

Rends sûre notre route,

Afin que, contemplant Jésus,

Nous partagions sans fin ta joie.

 

Louange à Dieu le Père,

Gloire au Christ souverain

Ainsi qu’au Saint-Esprit ;

Aux Trois un seul honneur sans fin.

Ave Maris Stella est un vieil hymne toujours chanté à l’office, saluant la Vierge sous les traits d’un astre de nuit guidant les marins au milieu des dangers de l’océan. Le texte de l’hymne joue avec les mots. Ave est l’inverse de Eva : le salut (ave) signifie que la nouvelle Ève, accomplissant en sens inverse le chemin de la création déchue, réalise la vocation ultime de l’humanité : partager l’intimité de Dieu. L’assonance Maris / Maria suggère la même immensité en Marie quand l’océan.

Patrick Braud 

« De millénaires ouverte, la Mer totale m’environne.
L’abîme infâme m’est délice, et l’immersion, divine.
Et l’étoile apatride chemine dans les hauteurs du Siècle vert.
Et ma prérogative sur les mers est de rêver pour vous ce rêve du réel…
Ils m’ont appelé l’Obscur et j’habitais l’éclat.

(…)

Étroits sont les vaisseaux, étroite notre couche. Et par toi, coeur aimant, toute l’étroitesse d’aimer, et par toi, coeur inquiet, tout l’au-delà d’aimer. Entends siffler plus haut que mer la horde d’ailes migratrices. Et toi force nouvelle, passion plus haute que d’aimer, quelle autre mer nous ouvres-tu où les vaisseaux n’ont point d’usage ? (Ainsi j’ai vu un jour, entre les îles, l’ardente migration d’abeilles, et qui croisait la route du navire, attacher un instant à la haute mature l’essaim farouche d’une âme très nombreuse, en quête de son lieu…)

(?)

Une même vague par le monde, une même vague parmi nous, haussant, roulant l’hydre amoureuse de sa force… Et du talon divin, cette pulsation très forte, et qui tout gagne… Amour et mer de même lit, amour et mer au même lit… »  2

Pourquoi appeler Étoile de la mer Marie en son Assomption ?

tumblr_m3il06VWOm1r0kx5qo1_500 étoileDepuis l’Ascension du Christ, il n’est plus là physiquement devant nos yeux. Lui, la lumière des nations (Lumen Gentium, cf. Vatican II), le soleil de grâce, nous a été enlevé, et nous avançons comme à tâtons, environnés de nuit. Pourtant, cette obscurité n’est plus comme celle d’avant, puisqu’elle nous mène au soleil levant de la résurrection. Et déjà, les astres brillent au firmament de ce long convoyage vers l’aube nouvelle. La communion des saints ressemble à ces écheveaux de constellations imbriquées les unes dans les autres, de toutes tailles, scintillantes de mille manières. Parmi elles, une étoile demeure, fixe dans son alignement terre-soleil, fournissant ainsi un repère précieux pour les marins sans carte ni boussole dans leur exploration de profondeurs océanes inconnues.

Marie est pour nous ce repère accroché tout en haut de la carte pour élever le regard et projeter sur notre route une clarté indirecte, reçue du Christ, suffisamment atténuée pour ne pas être aveuglé, suffisamment brillante pour discerner les dangers de la navigation.

I-Miniature-638-sauves-dans-l-esperance-spe-salvi.net Marie« Par une hymne du VIIe-IXe siècle, donc depuis plus de mille ans, l’Église salue Marie, Mère de Dieu, comme « étoile de la mer »: Ave maris stella. La vie humaine est un chemin. Vers quelle fin ? Comment en trouvons-nous la route ? La vie est comme un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscur et dans l’orage, un voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route.

Les vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre dans la droiture. Elles sont des lumières d’espérance.

Certes, Jésus Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à Lui nous avons besoin aussi de lumières proches – de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée.

Et quelle personne pourrait plus que Marie être pour nous l’étoile de l’espérance? « 

Benoît XVI, encyclique Spe Salvi, § 49

 

En ce 15 août, prions Marie, Étoile de la mer : qu’elle soit pour nous un repère plus sûr que le GPS l’est aux navigateurs…

 

Marie, étoile de la mer (St Bernard ? 1153)

L’image de l’astre

« Et le nom de la vierge était Marie » (Lc 1,27).

Disons quelque chose aussi sur ce nom, qui est interprété : « étoile » de la mer et qui convient à merveille à la mère restée vierge.

Oui, on la compare à un astre, et rien de plus juste : comme l’astre, sans être altéré, émet son rayon, ainsi, sans lésion intime, la Vierge met au monde son Fils. Le rayon n’amoindrit pas la clarté de l’astre, pas plus que le fils ne diminue l’intégrité de la vierge.

Oui, elle est cette noble étoile issue de Jacob dont les rayons illuminent l’univers entier, dont la splendeur étincelle sur la cime et pénètre jusqu’aux ombres profondes, dont la chaleur répandue sur la terre réchauffe les âmes plus que les corps, mûrit les vertus et consume les vices.

Elle est cette brillante et merveilleuse étoile qui se lève, glorieuse et nécessaire au-dessus de cet océan immense, dans la splendeur de ses mérites et de ses  exemples.

Dans la tempête, regarde l’étoile, invoque Marie !

O toi, qui que tu sois, qui dans cette marée du monde, te sens emporté à la dérive parmi orages et tempêtes, plutôt que sur la terre ferme, ne quitte pas les feux de cet astre, si tu ne veux pas sombrer dans la bourrasque.

Quand se déchaînent les rafales des tentations, quand tu vas droit sur les récifs de l’adversité, regarde l’étoile, appelle Marie !

Si  l’orgueil, l’ambition, la jalousie te roulent dans leurs vagues, regarde l’étoile, crie vers Marie !

Si la colère ou l’avarice, si les sortilèges de la chair secouent la barque de ton âme, regarde vers Marie !

Quand, tourmenté par l’énormité de tes fautes, honteux des souillures de ta conscience, terrorisé par la menace du jugement, tu te laisses happer par le gouffre de la tristesse, par l’abîme du désespoir, pense à Marie.

Dans les dangers, dans les angoisses, dans les situations critiques, pense à Marie, crie vers Marie !

Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton c?ur, et pour obtenir la faveur de ses prières, ne cesse d’imiter sa vie.

Fais ta propre expérience de Marie !

Si tu la suis, point ne t’égares.

Si tu la pries, point ne désespère.

Si tu la gardes en pensée, point de faux pas.

Qu’elle te tienne, plus de chute.

Qu’elle te protège, plus de crainte.

Sous sa conduite, plus de fatigue.

Grâce à sa faveur, tu touches au port.

Et voilà comment ta propre expérience te montre combien se justifie la parole : Le nom de la Vierge était Marie (Lc 1, 27).

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1. Saint-John Perse, Amers, 1957.

2. Ibid.

Messe du jour

1ère lecture : La Femme de l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Le Temple qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple. 

Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.
Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement.
Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes,et sur chaque tête un diadème.
Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.
Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. 

Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »

Psaume : 44, 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16

R/ Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils.

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté. 

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui. 
Alors, les plus riches du peuple, 
chargés de présents, quêteront ton sourire. 

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire, 
vêtue d’étoffes d’or ; 
on la conduit, toute parée, vers le roi. 

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ; 
on les conduit parmi les chants de fête : 
elles entrent au palais du roi.

2ème lecture : Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle ( 1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

Evangile : « Heureuse celle qui a cru ! » (Lc 1, 39-56)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. »
Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick Braud

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10 août 2013

Restez en tenue de service

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Restez en tenue de service

 

Homélie du 19e dimanche du temps ordinaire / Année C
11/08/13

 

« Restez en tenue de service » (Lc 12,35).

L’attitude du service est au coeur de l’évangile de ce dimanche, et de tout l’Évangile finalement. On y devine que c’est une clé essentielle de la réussite d’une vie d’homme. On y voit Jésus y découvrir le secret de son identité la plus profonde : être le Serviteur par excellence.

Restez en tenue de service dans Communauté spirituelle les-domestiques-downton-abbey On y éprouve très vite les difficultés à durer dans cet esprit de service : l’usure du temps, l’absence de perspective ultime, l’endormissement due à la fatigue ou à la lassitude, la soif de domination sur les autres etc.

Se mettre au service n’est déjà pas l’attitude la plus naturelle, que ce soit en famille ou au travail. Mais durer dans le service demande en outre une vertu peu commune.

Au début, quand on n’a pas beaucoup de pouvoir ou d’argent, on peut trouver cela facile et normal de passer les plats aux autres. Après, au fil des années, l’orgueil récupère ses droits : avec tout ce que je fais, j’ai quand même droit à me reposer, à me faire servir…

Plus que nul autre, le Christ aurait pu revendiquer ce privilège pour lui-même.
Par des prodiges, il aurait pu s’imposer pour que tous se prosternent devant lui.
Par la puissance de sa parole, il aurait pu manipuler et s’asservir des fanatiques tout dévoués à sa cause.
Par son charisme prophétique, il aurait pu galvaniser les révolutionnaires de tout poil pour bâtir son royaume à la manière d’un Che Guevara, d’un Lénine ou d’un Hitler.

Non : il a incarné totalement et jusqu’au bout l’attitude du serviteur, car c’était le coeur de son identité humaine, et le coeur de sa relation à son Père.

Regardez le comportement du maître dans la parabole : n’est-il pas étonnant ? D’habitude, même s’il revient tard, un grand propriétaire terrien au mieux félicite ses serviteurs s’ils ne se sont pas endormis, au pire il les fait encore travailler pour lui dans la préparation d’un dernier verre et de son coucher. Ici au contraire, c’est le maître tardif qui passe la tenue de service, fait passer ses domestiques à sa table, et se met à les servir chacun à son tour !

C’est vraiment le monde à l’envers.

Pierre a raison d’être choqué et même scandalisé lorsque le Christ se met à laver les pieds des Douze le soir du Jeudi saint. « Toi qui es Maître et Seigneur, tu veux me laver les pieds à moi qui n’en suis pas digne ? Jamais ! »

Ne nous habituons pas à ce renversement de valeurs que Jésus incarne, le tablier du serviteur autour des reins. C’est le vrai chemin pour faire grandir l’autre, pour vaincre les difficultés, pour traverser n’importe quelle épreuve, jusqu’à la mort elle-même.

 

Certains ont bien compris la formidable efficacité de cette attitude du maître qui se fait serviteur, dans le monde des affaires notamment.

Robert Greenleaf, ex-président d’AT&T, a développé toute une conception du management basé sur la notion de servant leader. Le véritable leader est celui qui est la chance de son équipe durablement, qui est au service de la réussite de ses collaborateurs.

C’est le sens de la deuxième parabole délivrée par Jésus à l’intention des responsables, suite à la demande de Pierre qui sentait bien que ses qualités d’apôtre impliqueraient une densité accrue de service. L’intendant fidèle ne frappe pas ses  serviteurs et servantes confiées à sa responsabilité. Il ne profite pas de sa charge pour s’empiffrer, boire et s’enivrer. Il veille au contraire à la réussite de chacun, en sachant qu’il aura à rendre des comptes à un autre. « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage ».

Greenleaf avait repéré 10 attitudes qui sont en entreprise caractéristiques du servant leader. Elles peuvent toutes être enracinées dans la parole et l’exemple du Christ :

- l’écoute : savoir attentivement écouter la voix des autres et sa propre voix intérieure.

- l’empathie : se laisser toucher par le bonheur et le malheur des autres, chercher à les comprendre, à les reconnaître.

- la guérison : la capacité de guérir l’autre pour lui permettre de s’intégrer de se transformer.

- la conscience de soi.

- la persuasion, plutôt que la contrainte ou la domination.

- la conceptualisation : la capacité d’imaginer, de penser au-delà du seul présent.

- la clairvoyance : comprendre les leçons du passé, les réalités du présent, prévoir les conséquences probables des décisions.

- l’esprit d’équipe.

- l’engagement dans l’évolution des personnes.

- l’engagement communautaire : savoir construire une communauté, tisser des liens, renforcer le sentiment d’appartenance.

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Chacun de nous peut devenir le servant leader de ses clients, de ses collègues, de son équipe, mais aussi de sa famille, son quartier, son association, son Église etc.

Il y a dans cette attitude une promesse de bonheur : « heureux les serviteurs… » et un constat d’efficacité : ne pas laisser percer le mur de sa maison.

 

Que l’Esprit du Christ nous garde vigilants, en tenue de service, dans tous les domaines où nous avons une responsabilité à exercer.

 

_________________________________________

 

* Cf. http://www.greenleaf.org/

 

 

 

1ère lecture : Dieu vient la nuit sauver son peuple (Sg 18, 6-9)

Lecture du livre de la Sagesse

La nuit de la délivrance pascale avait été connue d’avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie.
Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis.
En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais pour nous donner ta gloire.
Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d’un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.

Psaume : 32, 1.12, 18-19, 20.22

R/ Bienheureux le peuple de Dieu !

Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange  !
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu,
heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine  !

Dieu veille sur ceux qui le craignent, 
qui mettent leur espoir en son amour, 
pour les délivrer de la mort, 
les garder en vie aux jours de famine. 

Nous attendons notre vie du Seigneur : 
il est pour nous un appui, un bouclier. 
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous 
comme notre espoir est en toi !

2ème lecture : La foi d’Abraham, modèle de la nôtre (brève : 1-2.8-12) (He 11, 1-2.8-19)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères,
la foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi. 

Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qui devait lui être donné comme héritage. Et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner comme étranger dans la Terre promise ; c’est dans un campement qu’il vivait, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse que lui, car il attendait la cité qui aurait de vraies fondations, celle dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.

Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’avoir une descendance parce qu’elle avait pensé que Dieu serait fidèle à sa promesse. C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, ont pu naître des hommes aussi nombreux que les étoiles dans le ciel et les grains de sable au bord de la mer, que personne ne peut compter.

C’est dans la foi qu’ils sont tous morts sans avoir connu la réalisation des promesses ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs. Or, parler ainsi, c’est montrer clairement qu’on est à la recherche d’une patrie. S’ils avaient pensé à celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d’y revenir. En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux. Et Dieu n’a pas refusé d’être invoqué comme leur Dieu, puisqu’il leur a préparé une cité céleste. 

Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est d’Isaac que naîtra une descendance qui portera ton nom.  Il pensait en effet que Dieu peut aller jusqu’à ressusciter les morts : c’est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c’était prophétique.

Evangile : Se tenir prêts pour le retour du Seigneur (brève : 35-40) (Lc 12, 32-48)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Soyez vigilants et demeurez prêts : vous ne connaissez pas l’heure où le Fils de l’homme viendra. Alléluia.(cf. Mt 24, 42.44)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône. Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronge pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre c?ur.
Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. S’il revient vers minuit ou plus tard encore et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l’heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors : « Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde ? »
Le Seigneur répond : « Quel est donc l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé ? Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. Mais si le même serviteur se dit : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, son maître viendra le jour où il ne l’attend pas et à l’heure qu’il n’a pas prévue ; il se séparera de lui et le mettra parmi les infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Patrick Braud 

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