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12 janvier 2013

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Homélie du Baptême du Seigneur, Année C
13/01/13

Pour Jean -Baptiste, le baptême, « c’est pas le pied » ! En effet, il déclare : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » (Lc 3,16). Donc il ne pense pas pouvoir se mettre aux pieds du Christ ; il se croit indigne de lui laver les pieds, de lui ôter ses sandales.
Ça paraît anecdotique, cette histoire de sandales ! Mais dans la Bible, c’est le genre de détail qui renvoie à toute une histoire : une histoire à sandales !

1. Cela commence en effet dans le livre de la Genèse.

Melchisédech, roi de Salem, apporte du pain et du vin à Abraham et vient lever l’impôt royal, la dîme. Abraham lève la main et jure de respecter la royauté de Melchisédech : « Je ne prendrais ni un fil, ni une courroie de sandale, rien de ce qui est à toi. Et tu ne pourras pas dire : ‘J’ai enrichi Abraham’ » (Gn 14, 17-24).

Transposé au baptême de Jésus, la courroie de sandale veut dire que, à l’image d’Abraham, le peuple juif en Jean-Baptiste reconnaît la royauté de Jésus, nouveau Melchisédech venu apporter le pain et le vin en échange du don de chacun. Ne pas tricher dans l’eucharistie, ne pas voler la royauté divine, s’acquitter de l’impôt royal qui est la miséricorde envers son prochain : voilà une première piste pour : « ne pas défaire la courroie de ses sandales ».


2. Ensuite, il y a le fameux épisode de Moïse au Buisson Ardent.

Le baptême du Christ : une histoire

Une histoire sans sandales : « Retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Ex3, 5). Moïse doit se mettre pieds nus, c’est-à-dire se dépouiller de ses représentions humaines, pour rencontrer Dieu.

En sens inverse, par le baptême, Dieu lui aussi en Jésus s’apprête à rencontrer l’homme. Avant de plonger dans l’océan de notre humanité si mélangée de beauté et de terreur, le Christ enlève ses sandales, comme le Pape embrasse la terre du pays qui le reçoit à sa descente d’avion. Et Jean-Baptiste reconnaît que cette plongée de Dieu en nous est si vertigineuse qu’il n’ose laisser croire que cela pourrait venir grâce à lui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. » veut dire alors : « l’abaissement de Jésus, sa plongée jusqu’aux enfers, c’est lui seul et pas moi ».

En ce jour du Baptême du Christ dans le Jourdain, nous fêtons un Dieu qui n’a pas eu peur de rencontrer l’homme, de le rejoindre même au plus bas de son humanité, en ce qu’il a de plus saint comme en ce qu’il a de plus sordide.

La file des pécheurs du Jourdain a sous doute commis tout ce que vous n’oserez jamais accomplir : adultères, vols, meurtres, corruption, délation… C’est à la déchetterie de l’humanité que Jésus se rend en allant au Jourdain à l’endroit où Jean baptise. Pourtant il n’a pas peur d’aller nous rejoindre là, au plus bas, au plus sale.

Un proverbe africain dit : « Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

anesse-Jesus-cadre baptême dans Communauté spirituelle

Dans son baptême, le Christ descend des hauteurs pour éprouver lui-même la brûlure du péché de l’homme. Il enlèvera lui-même les sandales de ses pieds pour éprouver la brûlure de notre terre, et ne pas rester protégé de cette fournaise. La croix sera plus tard la brûlure absolue, l’immersion la plus complète dans l’enfer de la solitude et de la déchéance humaine. S’il était resté monté sur son âne des Rameaux, il n’aurait pu communier avec les plus déchus…

Du baptême à la croix, Paul dira de Jésus qu’il a été, pour nous, identifié au péché. « Christ a été fait péché » pour nous, afin que nul pécheur ne désespère d’être trop loin de Dieu pour pouvoir être aimé.

Christ est aujourd’hui plongé dans le Jourdain pour que plus personne ne soit noyé, submergé par le mal commis ou subi.
Christ remonte aujourd’hui des eaux du Jourdain pour que l’énergie de la résurrection soit offerte à tous les peuples, langues, nations, cultures.

« Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

Aujourd’hui le Christ ‘descend de son âne’, et plonge dans nos brûlures les plus secrètes.

Comment pourrions-nous fêter le Baptême du Seigneur sans nous aussi ‘descendre de notre âne’ et ‘enlever nos sandales’ ?
Sans embrasser l’autre même s’il nous fait peur au début ?
Sans goûter avec lui la grande espérance du corps du Christ sortant vainqueur des eaux de mort ?

 

3. Après le Buisson Ardent, il y a la Pâque juive où il est encore question de sandales :
 « C’est ainsi que vous mangerez la Pâque : le ceinture aux reins, vos sandales aux pieds, votre bâton à la main » (Ex 3,5). C’est la tenue du voyageur, qui en hâte, traverse le péril, passe à travers le danger de mort qui le guette.

Les sandales aux pieds, le Christ inaugure déjà sa Pâque dès le baptême au Jourdain. Jean-Baptiste ne veut pas lui ôter ces sandales-là, il nous aide à deviner en cet homme baigné dans le fleuve un passeur, qui le premier traverse jusqu’à l’autre rive.

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4. Mais il y a encore un autre texte savoureux qui parle de sandales. C’est Dt 25,5-10 : la loi du lévirat en Israël.

Donner des enfants à un homme, perpétuer un nom de famille est si important dans le peuple juif que si un homme marié meurt, son frère doit épouser sa veuve, pour relever le nom du frère défunt :
« Si le frère ne veut pas assumer ce devoir de descendance, la veuve lui fera honte devant tout le monde : en présence des Anciens, la femme ôtera la sandale du pied du frère, lui crachera au visage et dira : ‘Ainsi fait-on à l’homme qui ne relève pas la maison de son frère’, et sa maison sera appelée ‘Maison du déchaussé’ ! »

Au temps de Jean-Baptiste, Israël est comme une veuve loin de son mari (Dieu semble mort). Jésus ne se dérobe pas : il vient épouser Israël, relever la Maison d’Israël. Et Jean-Baptiste ne veut ni lui cracher au visage, ni ôter la sandale de son pied ; et le peuple Église ne sera pas la Maison du Déchaussé, malgré les crachats et la nudité de la Passion !


5. Autre petit bijou où la sandale joue un rôle : le livre de Ruth, superbe histoire 
d’amour avec Booz immortalisé par Victor Hugo et Chagall. Séduit par la beauté de cette étrangère, le Juif Booz conclut un marché pour acquérir les terres de sa famille.
Rt 4,7-8 : « Or c’était autrefois la coutume en Israël en cas de rachat ou d’héritage : pour valider toute l’affaire, l’un ôtait sa sandale et la donnait à l’autre. Telle était en Israël la manière de témoigner. »
Et Booz retira sa sandale pour racheter l’étrangère qu’il aimait plus que tout.
C’était pour annoncer Jésus retirant sa sandale au Jourdain pour racheter tous ceux qui se croient étrangers à Dieu, trop loin de Dieu, mais que lui Jésus aime plus que Booz aimait Ruth. Et Jean-Baptiste reconnaît que cet amour est si grand qu’il ne peut en être que le témoin, pas l’acteur à la place de Jésus, l’époux véritable qui ôte sa sandale pour se marier notre humanité…


6. Il y a bien d’autres usages du symbolisme de la sandale dans la Bible :

- arme de séduction entre les mains de la belle Judith pour faire craquer le général ennemi Holopherne (« Sa sandale ravit son regard » Judith 10, 4 ; 16, 9),

- écrin pour l’admiration de l’amoureux du Cantique des Cantiques (Ct 7,20) « Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince »,

 Jourdain- symbole de l’exploitation sociale, lorsque, hélas, « on vend le pauvre pour une paire de sandales » (Am 2,6 ; 8,6).

- et lorsque le Christ envoie ses disciples, il leur demande de n’emporter ni bourse, ni besace ni sandales (Lc 10, 4 ; Mt 10, 10).


Vous sentez toutes les harmoniques bibliques de cette petite phrase de Jean-Baptiste aujourd’hui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » ?

Nous non plus ne sommes pas dignes !

Repensez à Jean-Baptiste et, les prochains soirs d’été, vous n’enlèverez plus jamais vos sandales comme avant !

Restons émerveillés avec Jean-Baptiste, car Le Christ ne cesse de délier par lui-même la courroie de sa sandale pour venir plonger dans notre humanité, dans mon humanité.

 

 

Lectures de la fête du Baptême du Seigneur

1ère lecture : « Voici l’eau, venez et vous vivrez » (Is 40, 1-5.9-11)

Lecture du livre d’Isaïe

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au c?ur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. »
Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à  Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à  Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu. »
Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son c?ur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume : Ps 103, 1c-3a, 3bc-4, 24ac-25, 27-28, 29-30

R/ L’eau et l’Esprit te rendent témoignage, Seigneur de gloire !

Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

Des nuées, tu te fais un char,
tu t’avances sur les ailes du vent ;
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs.

Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.
Voici l’immensité de la mer,
son grouillement innombrable d’animaux grands et petits,

Tous, ils comptent sur toi
pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux, ils ramassent ;
tu ouvres la main : ils sont comblés.

Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ;
tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

2ème lecture : Par le bain du Baptême (Tt 2, 11-14 ; 3,4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle.

Evangile : L’Esprit Saint et le Père au baptême de Jésus (Lc 3, 15-16.21-22)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici venir un plus fort que moi, proclame le Baptiste ; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Alléluia. (Jn 1, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre :
« C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
Patrick Braud

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5 janvier 2013

L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture

Homélie de l’Épiphanie / Année C
06/01/12

 

Connaissez-vous Grégoire de Nysse ?

Au IV° siècle, il est évêque de la ville de Nysse (pas sur la côte d’Azur ! mais près de Constantinople, l’actuelle Istanbul en Turquie).
Il a écrit un commentaire de la vie de Moïse qui reste aussi savoureux qu’un bon réveillon de premier de l’an?
Dans son commentaire, il y a un thème qui revient souvent, et qui rejoint la belle fête de l’Épiphanie d’aujourd’hui.
C’est le thème de la double culture.

Pourquoi Moïse a-t-il pu libérer son peuple ?
Parce qu’il était mi-égyptien, mi-hébreu, et qu’il a su tirer parti de cette double appartenance.
Pourquoi les Magesnous intéressent-ils aujourd’hui ?
Parce que justement ils s’ouvrent à une double appartenance : leur science, et la foi au Christ. Ils ne restent pas repliés, immobiles, sur leur culture païenne d’origine. Ils se bougent, ils marchent et ils s’ouvrent à un autre savoir. Vous devinez que c’est de nous que nous parlons à travers eux !

- Comme Moïse, les Mages acceptent de recevoir une double alimentation, une double Patrick Braudration : leur culture scientifique (l’astrologie) et la culture biblique (la référence à la loi, le Messie annoncé par la Bible).

Moïse était égyptien, élevé à la cour royale de Pharaon, mais sa mère hébreu lui faisait boire le lait du monothéisme sous l’alibi d’être sa nourrice.

Grégoire de Nysse interprète :
« Si nous fréquentons la culture profane, au temps de notre éducation, nous ne devons pas cependant être sevrés du lait nourrissant de l’Église. »

Or chacun de vous possède - comme Moïse, comme les Mages - une double culture, une double appartenance Par exemple celle de votre vie professionnelle (actuelle ou passée), et celle de votre vie chrétienne en Église.
Avez-vous conscience de cette richesse ?
Comment faites-vous le lien ?
Comment jouez-vous des deux ?
Comment laissez-vous la Bible éclairer votre route professionnelle, comme les Mages ont laissé la prophétie du livre de Michée éclairer leur chemin jusqu’à la crèche ?
Comment laissez-vous le lait de votre mère nourricière l’Église vous rendre fort dans le monde profane environnant comme Moïse a bu avec le lait hébreu de quoi résister au conformisme égyptien ? (comme Jésus a bu le lait de Marie et avec lui de quoi annoncer au monde une liberté plus grande?)

 

L'Épiphanie, ou l'éloge de la double culture dans Communauté spirituelle rois_mages

- Un député témoignait un jour : « Quand on est militant dans un parti politique, puis élu alors qu’on affiche des convictions chrétiennes, on est soupçonné de ne pas être « idéologiquement sûr » et 100 % fidèle au parti, à cause de cette double appartenance. C’est plutôt bon signe, car effectivement la liberté chrétienne fait qu’il y aura toujours des limites face à certaines idéologies, mais aussi une profondeur secrète que les non-chrétiens ne peuvent comprendre et qui les inquiète. «  

- Un diplômé d’HEC affirmait quant à lui : « en entreprise, ceux qui ont une double culture sont ceux qui font avancer leurs équipes, et souvent les plus qualifiés pour l’innovation. Une double culture - par exemple littéraire/scientifique, commerciale/humaniste - permet de féconder l’une par l’autre sans jamais sacraliser aucune ».

* Car la thématique de la double appartenance vaut également en sens inverse.

Les Mages ont apporté leurs trésors à l’enfant, les trésors de leurs pays et leur savoir-faire. Et vous, qu’allez-vous apporter comme trésors à l’autel de la crèche ?

Moïse demande au peuple d’emporter avec lui les richesses des égyptiens au moment de l’Exode : « Les Israélites firent ce qu’avait dit Moïse et demandèrent aux Égyptiens des objets d’argent, des objets d’or et des vêtements. Yahvé fit que le peuple trouvât grâce aux yeux des Égyptiens qui les leur prêtèrent. Ils dépouillèrent ainsi les Égyptiens » (Ex 12,35-36)

Grégoire commente :
« Celui qui se met en mouvement vers la liberté doit se nourrir également des richesses de la culture profane dont les païens tirent avantage. »

Comment faites-vous pour que les trésors de vos compétences profanes servent l’Église ?

 

* À l’Épiphanie, il y a un échange, une circulation réciproque entre la culture des Mages et la culture juive de l’enfant de Bethléem, une fécondation mutuelle. Les Mages se prosternent devant le Roi des Juifs ; et le petit juif de la crèche accepte de recevoir les trésors de l’Asie, de l’Occident et de l’Afrique. Notre mondialisation à nous, elle est en germe là?

À Noël, on a coutume de dire que Dieu s’est fait homme. C’est juste. Mais ce n’est pas suffisant.

Il faut oser dire que Dieu s’est fait juif.

C’est-à-dire qu’il a épousé la culture, l’histoire particulière, la langue, les coutumes, la mentalité de ce petit peuple du Moyen-Orient. C’est un paradoxe énorme de l’Incarnation : le Dieu immense, que rien ne peut contenir, plus grand que les galaxies et les étoiles, ce Dieu si grand choisit de se manifester à tous les peuples à partir du coeur de la culture juive. Mais Dieu ne s’est pas fait juif pour s’enfermer dans cette seule culture : dès sa naissance, il veut ouvrir chaque peuple à la foi en lui.

wood culture dans Communauté spirituelle

 

À Noël, on a encore coutume – et on a raison – de dire que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (Irénée de Lyon).

À l’Épiphanie, on peut oser proclamer que « Dieu s’est fait juif pour que toute culture puisse dire Dieu ».

* Si nous sommes les mages d’aujourd’hui, notre feuille de route est tracée : chercher les signes de l’action de Dieu aujourd’hui, se mettre en marche (accepter de changer), aller puiser à la culture biblique, rencontrer le Messie, lui offrir les trésors de notre savoir-faire, et repartir chez nous transformés par un autre chemin (à l’image des mages).

* Avec le pain et le vin, dans cette eucharistie, offrons nous aussi à l’enfant nouveau-né notre milieu social, notre milieu culturel, afin que cette célébration soit vraiment la manifestation, l’épiphanie du Christ à toutes les cultures d’aujourd’hui.

Patrick Braud

 

1ère lecture : Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem (Is 60, 1-6)

Lecture du livre d’Isaïe

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.
Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras.
Alors tu verras, tu seras radieuse, ton coeur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations.
Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur

Psaume : 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

R/ Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut.

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux ! 

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

2ème lecture : L’appel au salut est universel (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ.
Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes.
Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile

Evangile : Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus (Mt 2, 1-12)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Nous avons vu se lever son étoile, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia. (cf. Mt 2, 2)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.
En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.  Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick BRAUD

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22 décembre 2012

Noël : croyance dure ou croyance molle ?

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Noël : croyance dure ou croyance molle ?

Homélie pour la nuit de Noël 2012

L’éditorial du mensuel Philosophie Magazine de décembre 2012 résonne comme un avertissement au milieu de ce mois consacré à la préparation de Noël.

Alexandre Lacroix, rédacteur en chef, s’y étonne à juste titre de ce que certains chrétiens aujourd’hui osent croire à des perspectives aussi radicales que la vie au-delà de la mort, le jugement dernier ou la résurrection:

 » C’est peu dire que nous vivons une époque de croyances molles. Par stratégie, par lassitude, par manque de ferveur parfois, les croyants tendent à revoir au rabais les dogmes, à polir les angles de leurs articles de foi. Ils s’en remettent ainsi à des positions vagues et consensuelles avec lesquelles l’athée, à moins d’avoir grandi dans la marmite chaude bouillante de l’anticléricalisme d’il y a un siècle, ne peut que tomber d’accord : « notre existence sur cette planète cache un mystère »; « la science n’explique pas tout »; « l’amour est impossible si l’on ne croit pas en quelque chose qui nous dépasse » Telles sont aujourd’hui les positions soft, les phrases passe-partout de ce bréviaire mou. On en oublie presque qu’il y a, dans la foi authentique, un scandale pour la raison, et dans l’idée de Dieu elle-même, un principe d’excès faisant éclater toutes les catégories de la logique ordinaire.

Personnellement, je suis toujours très sensible à ces rares moments où l’on entend le témoignage des croyances dures. Je ne pense pas, ici, aux manifestations inquiétantes du fanatisme, mais à des échappées sincères, qui signalent une adhésion libre autant qu’intime à une idée surnaturelle. Par exemple, il y a un an, j’étais en train de dîner avec un philosophe tout ce qu’il y a de plus sain d’esprit, lorsqu’il s’est écrié, au milieu d’un plat: « Tout de même, il faut essayer de s’imaginer la résurrection des corps. Quel spectacle ce sera !
Comment ça, tu y crois vraiment??

Mais bien sûr. Sans cela, je ne vois pas l’intérêt d’être chrétien. »

Dans le même genre, mais sur un ton plus macabre, je parlais il y a quelques années avec un religieux qui glissa dans la conversation, dans une sorte de soupir : « Quand même, j’ai hâte que tout cela soit fini, dépassé » Et il balaya d’un grand revers de la manche le jardin, les bâtiments, les promeneurs qui nous entouraient.? Comment ça va ??? Bah, a-t-il ajouté, parfois je suis impatient qu’on soit dans l’autre monde. Ceci n’est qu’un brouillon pénible, non ?? »

Dernier souvenir, un ami d’une cinquantaine d’années m’a dit, un soir : « Dieu, je ne sais pas ce que c’est. Mais je crois au Jugement dernier. » Aussi invraisemblable que cela pût paraître, il avait la conviction, pas du tout feinte – même s’il m’en a fait la confidence après quelques verres de vin – que, juste après le trépas, chacun de nous comparaîtrait devant un tribunal où il devrait répondre de ses moindres actions et pensées. Lui-même tentait de régler sa conduite selon cette perspective.

En fait, en tant qu’athée, je crois que j’aime mieux rencontrer la croyance dure que molle. Parce que la croyance molle est un coussin qu’on se met sous la tête pour mieux dormir. La croyance dure, elle, ose un saut hors du monde. Elle a quelque chose de stupéfiant, d’injustifiable et, par là même, de courageux. Comment ? nous vivons à la même époque, nous avons à peu près les mêmes connaissances générales en cosmologie, en médecine, en théorie de l’évolution, que sais-je ?? et pourtant, certains croient encore à la résurrection, à la félicité éternelle ou au Jugement dernier ?? Voilà qui est encore plus mystérieux, en un sens, que l’idée de Dieu elle-même.  »

En tant qu’athée, il exprime clairement sa préférence pour les croyants qui font ainsi « un saut hors du monde », au lieu de se cantonner à des consensus mous.

Appliquez cela à Noël, et vous aurez sans doute moins envie de sacrifier aux rites habituels qui entourent cette fête.

 

Noël façon croyance molle

Selon cette ligne de force, majoritaire et socialement bien installée, Noël est par exemple la fête des enfants. Les familles prennent prétexte du bébé de la crèche pour tout organiser autour des enfants, depuis les cadeaux jusqu’au Père Noël, quitte à le faire deux fois lorsque les parents sont séparés. Nulle célébration d’une espérance à venir dans ce déferlement d’argent pour les petits ! C’est bien plutôt une immense nostalgie de l’enfance qui saisit tout d’un coup la société, conférant au passage aux célibataires et aux autres adultes sans enfants le statut d’handicapés un peu marginaux.

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Une autre croyance molle au sujet de Noël est de le noyer dans ce qu’il est convenu d’appeler les fêtes de fin d’année. Sans doute une vieille reviviscence du solstice d’hiver, et de cette vague intuition cosmique que la lumière finira par gagner sur les ténèbres. Les deux réveillons du 24 et du 31 décembre permettent de rassembler autour du concept flou de fin d’année : le premier traditionnellement consacré à la famille, le second aux amis (ou à des mondanités du style rallye versaillais, night-club alcoolisé ou repas très chic).

Noël couplé aux 31 décembre devient alors la fête des excès culinaires, nourriture et boisson mêlées, comme pour trouver le courage de reprendre une vie sans excès après…

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Il existe bien d’autres façons d’énerver Noël de sa veine radicale : la fête des lumières, la fête de l’espérance, la fête de la générosité (façon Restos du coeur ou Téléthon) etc.

À chaque fois, c’est comme si on dépeçait l’événement de la Nativité du Christ pour n’en garder que ce qui est « commercialisable » dans les mentalités actuelles. Toute référence au transcendant sera soigneusement évitée pour ne choquer personne. La messe de minuit par exemple sera célébrée à 18 heures pour ne pas perturber le reste de la famille qui n’y va pas. Et on s’abstiendra soigneusement de faire référence à autre chose qu’à la joie d’être ensemble (ce qui n’est déjà pas si mal).

 

Noël façon croyance dure

Alexandre Lacroix devrait pouvoir rencontrer des chrétiens lui disant : « à Noël, l’éternité est entrée dans le temps. Dieu a pleinement habité un être de chair. Je crois que Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu (cf. saint Irénée de Lyon) et que depuis Noël la justice de Dieu est à l’oeuvre (« il renverse les  puissants de leur trône, il élève des humbles »). »

C’est le genre de conviction qui tranche, et qui ne s’aligne pas sur la majorité mais sur une certaine conception de la vérité ; pas sur le consensus mais sur des paroles ou des actes prophétiques.

Cette ligne plaît visiblement à saint Jean qui fait dire au Christ dans son Apocalypse :

« Je connais ta conduite: tu n’es ni froid ni chaud. Que n’es-tu l’un ou l’autre ! Ainsi, puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. » (Ap 3,15-16)

Selon cette ligne « dure », fêter Noël ne passe pas par les réveillons, ni par l’exaltation de l’enfance, ni par la ruée commerciale, ni même par l’invitation à une vague générosité.

Un Noël façon croyance dure serait plutôt :

- participer à une messe de la nuit, et rejoindre ensuite un foyer de SDF, de personnes âgées ou de malades mentaux qui seraient seuls autrement.

- rester volontairement sobre dans le choix des cadeaux et de la nourriture

- rechercher la solitude des abbayes

- proclamer la folle nouvelle de l’Incarnation divine à qui veut l’entendre.

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Déjà, notre France multiculturelle, beaucoup de nos concitoyens fêtent Noël autrement :

- des musulmans et des athées refusent de se plier aux coutumes d’origine chrétienne, et encore davantage aux coutumes païennes (le Père Noël, les réveillons).

- des esseulés, des séparés, des oubliés se mettent en apnée sociale, pour ne  réapparaître qu’après ces festivités obligatoires en mode famille impératif.

 

Autre conséquence de l’amollissement des croyances des uns et du durcissement des autres : pourquoi continuer à imposer à toute la population des jours fériés qui sont spécifiquement chrétiens ?

Ainsi l’ANDRH (Association Nationale des Directeurs de Ressources Humaines) a évoqué l’idée en Juin dernier que trois jours fériés annuels (la Pentecôte, l’Ascension, et l’Assomption) pourraient devenir des jours banalisés, pour que les salariés désirant célébrer des fêtes non chrétiennes puissent les prendre à d’autres moments de l’année. Cette idée, avancée en présence du ministre du travail Michel Sapin, vise avant tous les travailleurs musulmans, qui en entreprise demandent de plus en plus à pouvoir s’absenter pour fêter l’Aïd El Kébir, l’Aïd El Fitr ou autres fêtes musulmanes.

Viendra le temps où Noël, même vidé de sa substance chrétienne, ne fera plus l’unanimité dans une société multiconfessionnelle où les chrétiens ne représentent déjà plus que 6 % de la population (nombre de pratiquants réguliers, sondage du journal La Croix du 11/10/2012 ; 6 % seulement des enfants se font confirmer alors que 35 % des enfants d’une classe d’âge sont baptisés).

Il faudra alors avoir la foi chevillée au corps, comme dans l’empire soviétique autrefois, en Chine ou dans les pays musulmans aujourd’hui, pour oser célébrer Noël en vérité.

Et pourquoi pas ?

Alors, pourquoi ne pas inventer de nouvelles et radicales Nativités, remplies de convictions fortes et de comportements différents ?

Allez-vous fêter Noël façon croyance molle ou croyance dure ?

 

 

Messe de la nuit

1ère lecture : Le prince de la paix (Is 9, 1-6)

Lecture du livre d’Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi.
Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus.
Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane.
Toutes les chaussures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés.
Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».
Ainsi le pouvoir s’étendra, la paix sera sans fin pour David et pour son royaume. Il sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers.

Psaume : 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a.c

R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né :
c’est le Christ, le Seigneur.

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
pour gouverner le monde avec justice.

2ème lecture : La grâce de Dieu s’est manifestée (Tt 2, 11-14)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.
C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnable, justes et religieux,
et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur.
Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien

Evangile : Naissance de Jésus (Lc 2, 1-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Je vous annonce une grande joie. Aujourd’hui nous est né un Sauveur : c’est le Messie, le Seigneur !Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre ? ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. ?
Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David.
Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur s’approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte,
mais l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur.
Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »
Patrick Braud

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21 décembre 2012

Enfanter le Verbe en nous…

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Enfanter le Verbe en nous…

Homélie du 4° Dimanche de l’Avent Dimanche / Année C
23/12/2012

Une rencontre tout en rondeurs

Que font deux femmes enceintes lorsqu’elles se rencontrent ?

Elles parlent de leur grossesse !

Elisabeth et Marie ne font pas exception. Comme toutes les femmes du monde qui attendent un enfant, elles aiment à partager ce que le mystère de la vie en elles produit comme émotions et sentiments. La rencontre entre les deux cousines est d’abord la rencontre profondément humaine de deux femmes déjà habitées par quelqu’un d’autre. Enfanter le Verbe en nous... dans Communauté spirituelle visitation-2Elles s’embrassent comme toutes les futures mères :

- guettant la transformation de leur corps qui s’arrondit, qui s’alourdit.

- désirant et redoutant à la fois la croissance de ce petit être en elles jusqu’à la naissance.

- attentives au miracle qui s’accomplit au plus intime d’elles-mêmes.

- soucieuses de ce qui pourrait menacer cette croissance.

- attendant chaque échographie avec soulagement et émerveillement.

- ayant besoin de parler de tout cela, pour en partager la joie et en exorciser les peurs?

 

Images de l’Église enceinte

Par cette visite, Elisabeth et Marie célèbrent le temps de leur grossesse ; elles la vierge_trois_quarts_sm Eckhart dans Communauté spirituellesavourent. En cela, elles sont l’image de l’Église, notre Église que nous formons chacun et ensemble.

Car nous aussi nous portons le Christ en nous, comme Marie l’abritait en elle.
Nous aussi nous sommes habités par un Autre qui déjà transforme notre corps et notre coeur.
Nous aussi nous sommes ‘enceint(e)s’ du Verbe de Dieu qui, depuis Noël, désire être engendré en chacun, engendré par l’Église et dans l’Église

Il y a en nous une allégresse qui nous est donnée, qui nous fait tressaillir de l’intérieur.
Il y a en nous un amour qui nous presse à « nous mettre en route rapidement », comme Marie, pour le partager à notre famille humaine.
Il y a en nous une joie qui nous vient de plus grand que nous, et qui est le signe d’une naissance à venir?

Oui : Elisabeth et Marie partageant leur bonheur d’être enceintes figurent l’Église : tantôt femme âgée qu’on croyait stérile (comme certains désespèrent de notre Église en France, âgée et faible…), tantôt jeune femme qu’on croyait incapable d’engendrer (comme les jeunes Églises d’Afrique).

Toutes deux se rencontrent et laissent éclater leur allégresse d’être habitées par quelqu’un d’autre.

C’est notre allégresse, puisque nous sommes nous aussi appelés à devenir la Mère du Christ. Écoutez comment St Augustin rappelait aux chrétiens d’Hippone leur vocation maternelle divine :

« Faites attention, je vous en supplie, à ce que dit le Christ Seigneur, étendant la main vers ses disciples : Voici ma mère et mes frères. Et ensuite : Celui qui fait la volonté de mon Père, qui m’a envoyé, c’est lui mon frère, ma soeur, ma mère.

Est-ce que la Vierge Marie n’a pas fait la volonté du Père, elle qui a cru par la foi, qui a conçu par la foi, qui a été élue pour que le salut naquît d’elle en notre faveur, qui a été créée dans le Christ avant que le Christ fût créé en elle ? Sainte Marie a fait, oui, elle a fait la volonté du Père, et par conséquent, il est plus important pour Marie d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été mère du Christ ; il a été plus avantageux pour elle d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été sa mère.

Donc, Marie était bienheureuse, parce que, avant même d’enfanter le Maître, elle l’a porté dans son sein. Voyez si ce que je dis n’est pas vrai. Comme le Seigneur passait, suivi par les foules et accomplissant des miracles divins, une femme se mit à dire : Heureux, bienheureux, le sein qui t’a porté! Et qu’est-ce que le Seigneur a répliqué, pour éviter qu’on ne place le bonheur dans la chair ? Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et la gardent!

naissancedieuame MarieDonc, Marie est bienheureuse aussi parce qu’elle a entendu la parole de Dieu, et l’a gardée: son âme a gardé la vérité plus que son sein n’a gardé la chair. La Vérité, c’est le Christ; la chair, c’est le Christ. La vérité, c’est le Christ dans l’âme de Marie ; la chair, c’est le Christ dans le sein de Marie. Ce qui est dans l’âme est davantage que ce qui est dans le sein.

Sainte Marie, heureuse Marie ! Et pourtant l’Église vaut mieux que la Vierge Marie.Pourquoi ? Parce que Marie est une partie de l’Église. Un membre éminent, un membre supérieur aux autres, mais enfin un membre du corps entier. S’il s’agit du corps entier, le corps est certainement davantage qu’un seul membre. Le Seigneur est la tête, et le Christ total est à la fois la tête et le corps. Bref, nous avons un chef divin, nous avons Dieu pour tête. Donc, mes très chers, regardez vous-mêmes: vous êtes les membres du Christ, et vous êtes le corps du Christ. Comment l’êtes-vous ? Faites attention à ce qu’il dit: Voici ma mère et mes frères.

Comment serez-vous la mère du Christ ? Celui qui entend, celui qui fait la volonté de mon Père, qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère. »
(Homélie sur l’évangile de Matthieu)

Maître Eckhart précisait :

«  Le Père engendre dans l’éternité le Fils, comme son image.  » Le Verbe était auprès de Dieu et Dieu était le Verbe  » : comme le même que lui et de la même nature. Mais je vais plus loin et je dis : il l’a engendré dans mon âme ! Elle n’est pas seulement auprès de lui et lui auprès d’elle, comme étant semblable à lui, mais il est en elle. Et le Père engendre son Fils dans l’âme exactement comme dans l’éternité et pas autrement. Il faut qu’il le fasse, que cela lui plaise ou non ! Il l’engendre sans interruption. Et je dis en outre : il m’engendre comme son Fils, comme le même Fils ! Oui, il ne m’engendre pas seulement comme son Fils, il m’engendre comme lui, et lui comme moi, il m’engendre comme son essence propre, sa propre nature : dans la source la plus profonde je jaillis dans l’Esprit saint, là il n’y a qu’une vie, une essence, une oeuvre !
Tout ce que Dieu opère est un, c’est pourquoi il m’engendre comme son Fils, sans qu’une séparation intervienne. Mon père corporel n’est pas à proprement parler mon père, il ne l’est qu’avec une petite partie de sa nature, et je suis séparé de lui : il peut être mort et moi vivre. Mais le Père céleste est bien vraiment mon père : parce que je suis sien et que tout ce que je possède je le tiens de lui, et, en tant que fils, je suis le même que lui, et pas un autre. Comme le Père n’accomplit somme toute qu’une oeuvre, cette oeuvre : m’établir comme son fils, ne produit pas quelque chose de séparé. »
(La grâce divine de l’accomplissement, sur Lc 1,26).

Visitez-vous les uns les autres

Vous avez  là, dans cet évangile de la Visitation, le sens profond des visites entre Églises locales. La coopération missionnaire c’est cela : aller chez l’autre, le visiter pour s’émerveiller du travail de l’Esprit chez lui.? Car c’est une grande joie de découvrir l’action de l’Esprit de Dieu ailleurs comme chez nous. En allant là-bas, nous vivons la même Visitation qu’entre Marie et Élisabeth…

Et vous, où en êtes-vous de votre grossesse spirituelle ?
Que sentez-vous bouger en vous d’un désir spirituel bien vivant ?
Quels projets, quelle joie, quel amour grandit en vous et vous fait tressaillir d’allégresse ?

Pour le savoir, rien ne vaut une bonne visite comme celle de Marie à Elisabeth : une échographie spirituelle en quelque sorte !
C’est bon d’avoir des amis avec qui partager la joie d’être « habité(e)s ».
C’est bon d’avoir un accompagnateur spirituel à qui rendre visite pour mesurer la croissance de la Vie en nous.
C’est bon d’avoir une équipe de chrétiens avec qui parler de nos transformations les plus personnelles?

Quand nous nous rendons visite, pour ces fêtes de fin d’année par exemple, nous pouvons être, comme Marie et Elisabeth, des « échographes » de la Vie qui grandit en nous, à tout âge.

 

Le Verbe de Dieu est engendré en nous depuis notre baptême, nous le portons en nous comme on porte un trésor dans un vase d’argile, comme une femme enceinte porte l’enfant, miracle permanent de l’engendrement de Dieu en chacun.

Puissent nos visites, familiales et amicales, s’inspirer de la Visitation de Marie à Elisabeth, pour laisser grandir au plus intime de nous-mêmes la joie d’être aimés, d’être habités, d’être transformés dans la chair de notre chair.

Car « le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ».

 

 

1ère lecture : Le Messie viendra de Bethléem (Mi 5, 1-4)

Lecture du livre de Michée

Parole du Seigneur :
Toi, Bethléem Ephrata,le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, à l’aube des siècles.
Après un temps de délaissement, viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les enfants d’Israël.
Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom de son Dieu. Ils vivront en sécurité, car désormaissa puissance s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre, et lui-même, il sera la paix !

Psaume : Ps 79, 2.3bc, 15-16a, 18-19

R/ Dieu, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés !

Berger d’Israël, écoute,
toi qui conduis ton troupeau, resplendis !
Réveille ta vaillance
et viens nous sauver.

Dieu de l’univers, reviens !
Deu haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !

2ème lecture : « Je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5-10)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères,
en entrant dans le monde, le Christ dit, d’après le Psaume : Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps.
Tu n’as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché ;
alors, je t’ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté,c ar c’est bien de moi que parle l’Écriture.
Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni accepté les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les expiations pour le péché que la Loi prescrit d’offrir.
Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime l’ancien culte pour établir le nouveau.
Et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.

Evangile : La Visitation (Lc 1, 39-45)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Chante et réjouis-toi, Vierge Marie : celui que l’univers ne peut contenir demeure en toi. Alléluia. (cf. So 3, 14.17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Patrick Braud

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