Sois un être de désir !
Sois un être de désir !
Homélie du 7° Dimanche de Pâques / année C
16/05/2010
Entre Ascension et Pentecôte, ce deuxième dimanche de Pâques nous transporte à la fin du livre de l’Apocalypse (2° lecture).
C’est un intense cri de désir qui termine ce livre, et qui termine la Bible par la même occasion : « Viens (Maranatha !) Seigneur Jésus ! ».
Que l’homme soit un être de désir ne nous étonne plus.
Les sciences humaines ont replacé le désir au coeur des mécanismes de l’inconscient, de l’économie, de la politique… Les pensées juive et chrétienne ont façonné une vision de l’homme - une anthropologie - où la soif de l’autre, l’appel à la relation, le désir d’être uni sont constitutifs de notre spécificité humaine.
L’anthropologie biblique, faite de soif et de désir, ne s’épuise pourtant pas dans ses versions profanes que sont la psychologie ou les théories économiques.
Il y a dans la révélation biblique sur l’être humain quelque chose d’irréductible : la marque en creux de notre ressemblance avec Dieu.
Ce Dieu révélé par Jésus est relation d’amour, communion intense en lui-même et hors de lui-même.
Si nous portons son sceau, si nous sommes à son image, alors il est salutaire de découvrir en nous cette soif de relation, ce désir d’être uni (à la nature, aux autres, à soi-même, au transcendant…).
Celui qui aime véritablement un art, par exemple la musique ou la peinture, sait ce que veut dire « désirer », « avoir soif »…
Celui qui aime, au point de ne vouloir être séparé, sait l’intensité des gémissements et de l’attente : « Viens ! »
Celui qui ne se laisse rassasier par rien, tout en goûtant tout avec intensité, connaît cette quête inachevée, cette recherche perpétuelle : « Viens ! »
« Celui qui a soif, qu’il approche. Celui qui le désire, qu’il boive l’eau de la vie, gratuitement. »
St Augustin exprimait l'infini de cette quête inachevée par cette phrase géniale : « chercher Dieu avec le désir de le trouver, le trouver avec le désir de le chercher encore ».
Et encore : « Donne-moi quelqu'un qui aime, et il comprend ce que je dis ».
« Donne-moi quelqu'un qui désire, qui a faim, donne-moi un homme qui voyage dans ce désert, qui a soif, qui soupire après la source de l'éternelle patrie, donne-moi un tel homme, et il comprend ce que je dis. Si je parle à un homme insensible, il ne sait pas de quoi je parle. Montre un rameau vert à une brebis et tu l'attires ; présente des noix à un enfant et il est attiré, il est attiré parce qu'il aime : c'est par la chaîne du c?ur qu'il est attiré ».
« Ne t'imagines pas que tu es attiré malgré toi : c'est par l'amour que l'âme est attirée ». (Commentaire sur l'Évangile de Jean 26, 4-6).
Un autre Père de l'Église, Grégoire de Nysse, écrivait :
« Trouver Dieu, c'est le chercher sans cesse. En effet, chercher ici, n'est pas une chose, et trouver une autre. Mais le gain de la recherche, c'est de chercher encore. Le désir de l'âme est comblé par là-même qu'il demeure insatiable. C’est-à-dire que c'est là proprement voir Dieu que de n'être jamais rassasié de le désirer. »
?Sois un être de désir', semblent nous dire les lectures d’aujourd’hui.
Aspire à ne faire qu’un, comme Dieu lui-même est Un, comme Jésus et son Père sont Un (Jn 17).
Aie soif de ce qui ravivera ta soif, et non pas de ce qui l'éteindra…
Chacun peut alors repartir avec quelques questions à laisser trotter dans sa tête et dans son coeur:
- quel est mon désir le plus vrai en ce moment ?
- au-delà des réussites immédiates, et des choix apparemment positifs, quelle soif existe en moi qui n’est toujours pas étanchée ? Comment la retrouver ? Comment gratter la boue qui pourrait l’empêcher de jaillir, comme Bernadette Soubirous grattant la boue de la grotte de Massabielle pour dégager l’accès de la source à l’air libre ?
Il faut sans doute prendre des moyens pour écouter son vrai désir battre en soi : du silence, un temps à l’écart, l’arrêt des « divertissements » (au sens pascalien du terme) …
Que puis-je faire cette semaine pour identifier à nouveau ma véritable soif ?
Patrick BRAUD
2ème lecture : « Viens Seigneur Jésus » (brève : 12…17) (Ap 22, 12-14.16-20)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean, j’ai entendu une voix qui me disait : « Voici que je viens sans tarder,et j’apporte avec moi le salaireq ue je vais donner à chacun selon ce qu’il aura fait.
Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.
Heureux ceux qui lavent leurs vêtements pour avoir droit aux fruits de l’arbre de vie, et pouvoir franchir les portes de la cité.
Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange vous apporter ce témoignage au sujet des Églises. Je suis le descendant, le rejeton de David, l’étoile resplendissante du matin. »
L’Esprit et l’Épouse disent :« Viens ! » Celui qui entend, qu’il dise aussi : « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il approche. Celui qui le désire, qu’il boive l’eau de la vie, gratuitement.
Et moi, je témoigne devant tout homme qui écoute les paroles de la prophétie écrite dans ce livre : si quelqu’un inflige une addition à ce message, Dieu lui infligera les fléaux dont parle ce livre ;
et si quelqu’un enlève des paroles à ce livre de prophétie, Dieu lui enlèvera sa part des fruits de l’arbre de vieet sa place dans la cité sainte dont parle ce livre.
Et celui qui témoigne de tout cela déclare :« Oui, je viens sans tarder. »- Amen ! Viens, Seigneur Jésus !
Evangile : La grande prière de Jésus : « Qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17, 20-26)
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi.
Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un :
moi en eux, et toi en moi. Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant même la création du monde.
Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ils ont reconnu, eux aussi, que tu m’as envoyé.
Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore, pour qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi, je sois en eux. »