L'homélie du dimanche (prochain)

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11 septembre 2010

La parabole du petit-beurre perdu

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Dimanche 12 septembre 2010

24° Dimanche du temps ordinaire / Année C

 

La parabole du petit-beurre perdu

 

·      Connaissez-vous la parabole du petit-beurre perdu ?

Un internaute astucieux (Peter Greenfinch) la raconte ainsi, non sans humour :

« Vous êtes heureux sur un bateau de croisière (ou sur votre yacht avec quelques people de vos amis), un petit beurre dans la main droite *.

Une vague un peu plus forte que d’autres, et pof, le biscuit tombe à la mer.

Voici votre journée gâchée, vous voilà de mauvaise humeur, vous piquez une grosse colère, tapez des pieds, faites tanguer le navire.

Survient un steward attentionné, dont l’arrière grand mère avait survécu à la tragédie du Titanic. Sentant le danger, il vous place trois petits beurres dans la main gauche, pour compenser votre douleur.

Vous revoilà heureux, c’était la valeur sentimentale que vous attribuiez au petit beurre perdu. »

 

·      Cette petite histoire a toutes les caractéristiques d’une parabole évangélique ; elle est construite comme les trois paraboles de ce dimanche et peut nous aider à les comprendre.

 

En effet, c’est une histoire inventée de toutes pièces, mais inspirée par des faits réels (comme le mentionnent les fictions télévisées) : le Titanic, la vague, l’émotion de la perte…

C’est une histoire où il y a de l’étrange, assez pour nous intriguer, nous dérouter, exciter notre curiosité pour aller voir ce qu’il y a à tirer de ce récit bizarre…

 

Provoquer l’étonnement, susciter l’interrogation, encourager la recherche : voilà des caractéristiques de la parabole que Jésus n’a cessé d’exploiter au maximum. Se comportant ainsi en maître de sagesse, il surprend ses auditeurs, les intéresse, les « accroche », pour les encourager à aller plus loin que leurs certitudes et leurs opinions immédiates.

 

Belle pédagogie ! Plutôt que de s’opposer frontalement aux pharisiens scandalisés par le bon accueil qu’il fait aux pécheurs, Jésus préfère prendre un chemin détourné : il leur invente trois histoires-à-réfléchir, pour qu’ils découvrent par eux-mêmes combien Dieu est «riche en miséricorde»

 

Ce genre littéraire de la parabole (Mashal en hébreu = enseignement par énigme) était bien connu au temps de Jésus. Mais l’Ancien Testament l’emploie peu (trois ou quatre fois seulement). Le Nouveau Testament y fait recours environ 90 fois !

Jésus a largement utilisé ce mode de prédication qui relève de la sagesse, alors que les autorités religieuses ne se référaient qu’à la Loi, et que les foules n’attendaient avec exaltation qu’un prophète révolutionnaire.

 

Voici une piste sûre pour annoncer l’Évangile aujourd’hui encore : ne pas recourir à la loi ou aux prophètes seulement, mais également à la sagesse. C’est ce que Jésus fait ici avec talent dans ces trois paraboles.

 

D’ailleurs le mot parabole nous met sur la voie d’un parallélisme entre l’observation du réel et la révélation de Dieu / de l’homme.

para – balleïn : étymologiquement, parler en parabole signifie : mettre côte à côte des réalités différentes (jeter balleïn à côté para).

C’est donc un procédé de comparaison : mettre en parallèle la miséricorde divine et le comportement du berger aux 100 brebis, de la femme aux 10 pièces d’argent, ou du père des 2 fils permet de s’interroger, fait réfléchir et progresser chacun, sans lui asséner une vérité extérieure. En méditant sur les paraboles, pour y trouver sans cesse de nouveaux sens cachés, l’auditeur sera conduit toujours plus loin dans l’infini de la révélation divine au-dedans de lui, sans extériorité…

 

·      Regardez ces trois paraboles : elles ont étonnamment comme sujet commun… l’économie ! et une structure commune : perdre / chercher / trouver / se réjouir.

 

- La première s’inspire de l’économie agricole : 1 % de perte est un coût marginal relativement faible, et normalement très supportable. Pas pour Dieu, qui est plus berger que les bergers humains ! Il prend le risque d’aller « chercher et sauver ce qui était perdu ».

Remplacez « berger » par « responsable d’équipe », « brebis » par « collaborateur », et vous lisez un principe de management assez peu pratiqué : se soucier d’abord du collaborateur le plus faible, celui qui est « perdu »… Ne pas passer par pertes et profits les difficultés d’un membre de l’équipe en ne se concentrant que sur les « gagnants », les « performers » ?

 

- La deuxième parabole relève de l’économie domestique (c’est un pléonasme, car économie vient justement de oïkos = maison et nomos = ordre, gestion). Là, cette femme subit 10 % de perte de son capital financier. Logiquement, elle remue ciel et terre sans se résigner à ce déficit, dû à trop de poussière et de désordre. Comment pourrions-nous nous résigner à perdre une partie de nous-mêmes dans la poussière et le désordre de nos vies ?

 

- La troisième parabole ? presque trop connue ! – a pour cadre l’économie familiale. Cette histoire d’héritage anticipé, gaspillé, de jalousie entre héritiers et entre frères, est hélas terriblement courante…

 

Les commentaires sur ces trois paraboles sont innombrables et méritent d’être lus pour nourrir la recherche.

Retenons, en amont de ces interprétations, la manière dont Jésus a voulu parler : en paraboles au nom de la sagesse, et non en diktats au nom de la morale.

Retenons également que l’économie, sous toutes ses formes, a fourni à Jésus des éléments pour dire le salut : c’est donc que les réalités économiques actuelles peuvent toujours nous révéler quelque chose du salut chrétien, si nous prenons le temps du recul pour méditer dessus?

 

 

·      Et le petit beurre perdu ?

Cette parabole permet de présenter les concepts d’utilité économique et d’aversion à la perte. ***

La parabole du petit-beurre perdu dans Communauté spirituelle biscuit-petit-beurre-au-sel-de-guerande-216808Une perte ne peut être compensée émotionnellement que par un gain bien plus grand. Les économistes disent que la désutilité économique d’une perte de 1 ? ne peut être compensée que par l’utilité économique d’un gain de 3 ?.

Remplacer le petit beurre perdu n’aurait pas suffi à vous consoler : il en a fallu trois pour calmer votre chagrin?

Ce qui explique l’aversion à la perte : la peur de perdre 1 ? sera telle qu’il faudra une promesse d’un gain de 3 ? pour faire changer de comportement.

 

Comme quoi Jésus aurait pu faire un excellent prof de Fac ou de grande école en économie, grâce à son art des paraboles?

 

______________________________________ 

* À noter que la parabole fonctionne tout aussi bien avec des tranches de saucisson à l’ail !

** Le symbole (synballeïn) est au contraire l’art de les réunir. Et l’hyperbole est une réalité largement au-dessus (hyper – balleïn) d’une autre (c’est donc une exagération voulue). Le diable (dia – balleïn) est celui qui divise et éparpille (dia), en empêchant de réunir ce qui est distinct.

*** cf. http://knol.google.com/k/peter-greenfinch/parabole-du-petit-beurre-perdu-et/2m7299842u04v/146#La_parabole

 

 

1ère lecture : Moïse obtient le pardon pour le peuple infidèle (Ex 32, 7-11.13-14)

Moïse était encore sur la montagne du Sinaï. Le Seigneur lui dit : « Va, descends, ton peuple s’est perverti, lui que tu as fait monter du pays d’Égypte.
Ils n’auront pas mis longtemps à quitter le chemin que je leur avais prescrit ! Ils se sont fabriqué un veau en métal fondu. Ils se sont prosternés devant lui, ils lui ont offert des sacrifices en proclamant : ‘Israël, voici tes dieux, qui t’ont fait monter du pays d’Égypte.’ »
Le Seigneur dit encore à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple à la tête dure.
Maintenant, laisse-moi faire ; ma colère va s’enflammer contre eux et je vais les engloutir ! Mais, de toi, je ferai une grande nation. »
Moïse apaisa le visage du Seigneur son Dieu en disant : « Pourquoi, Seigneur, ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple, que tu as fait sortir du pays d’Égypte par la vigueur de ton bras et la puissance de ta main ?
Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Jacob, à qui tu as juré par toi-même : ‘Je rendrai votre descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel, je donnerai à vos descendants tout ce pays que j’avais promis, et il sera pour toujours leur héritage.’ »
Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple.

 

Psaume : Ps 50, 3-4, 12-13, 17.19

 

R/ Oui, je me lèverai, et j’irai vers mon Père

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé.

2ème lecture : Action de grâce du pécheur pardonné (1Tm 1, 12-17)

 

Je suis plein de reconnaissance pour celui qui me donne la force, Jésus Christ notre Seigneur, car il m’a fait confiance en me chargeant du ministère,
moi qui autrefois ne savais que blasphémer, persécuter, insulter. Mais le Christ m’a pardonné : ce que je faisais, c’était par ignorance, car je n’avais pas la foi ;
mais la grâce de notre Seigneur a été encore plus forte, avec la foi et l’amour dans le Christ Jésus.
Voici une parole sûre, et qui mérite d’être accueillie sans réserve : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi le premier, je suis pécheur,
mais si le Christ Jésus m’a pardonné, c’est pour que je sois le premier en qui toute sa générosité se manifesterait ; je devais être le premier exemple de ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle.
Honneur et gloireau roi des siècles,au Dieu unique, invisible et immortel, pour les siècles des siècles. Amen.

 

Evangile : Paraboles de la brebis perdue, de la drachme perdue (et du fils perdu) (brève : 1-10) (Lc 15, 1-32)

 

 

Voir également une version « réactualisée » de la parabole ici :

http://www.dti.be/prodigue/fr/movie2.htm

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Si l’un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
Quand il l’a retrouvée, tout joyeux, il la prend sur ses épaules,
et, de retour chez lui, il réunit ses amis et ses voisins ; il leur dit : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !’
Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
Quand elle l’a retrouvée, elle réunit ses amies et ses voisines et leur dit : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !’
De même, je vous le dis : Il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part d’héritage qui me revient.’ Et le père fit le partage de ses biens.
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre.
Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère.
Il alla s’embaucher chez un homme du pays qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
Alors il réfléchit : ‘Tant d’ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi.
Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Prends-moi comme l’un de tes ouvriers.’
Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils…’
Mais le père dit à ses domestiques : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds.
Allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons.
Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent la fête.
Le fils aîné était aux champs. A son retour, quand il fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.
Appelant un des domestiques, il demanda ce qui se passait.
Celui-ci répondit : ‘C’est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a vu revenir son fils en bonne santé.’
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait.
Mais il répliqua : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est arrivé après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras !’
Le père répondit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! » 
Patrick Braud

  Une parabole moderne très célèbre: « Oscar et la dame rose » d’Eric Emmanuel Schmitt :

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14 août 2010

Marie en son Assomption : une femme qui assume !

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Marie en son Assomption : une femme qui assume !

 

Homélie pour la fête de l’Assomption de Marie / Année C

15/08/2010.

 

·      Assomption ?

Laissez résonner en vous ce mot étrange.

On y entend quelque chose comme « assumer », mais aussi « ascenseur », « somptueux »?

La plupart des Français confondent d’ailleurs l’Ascension et l’Assomption. Non sans raison, car il n’arrive jamais à Marie que ce qui arrive d’abord à son Fils : être emporté dans la gloire auprès de Dieu « corps et âme ». C’est bien le même mouvement qui a provoqué l’« ascension » du Christ et l’ « assomption » de Marie : le désir de Dieu de faire partager ce qu’Il est lui-même à ceux qui justement sont ses « proches ».

 

 

Tous les feux d’artifices, les bals populaires, les festivals et concours pyrotechniques qui fleurissent sur les plages et les côtes de nos rivages cet été pour le 15 Août s?enracinent sans le savoir dans cette fête (autrefois nationale) : célébrer l’une des nôtres déjà dans l’intimité de Dieu, de tout son être. Les fusées multicolores et autres feux de Bengale ne brûlent plus pour célébrer l’Assomption.  

 

Reste cependant comme un parfum d’espérance commune à travers ces réjouissances nationales : nous sommes faits pour la beauté, pour « monter » vers le ciel, à l’instar des bouquets de pétards scintillants qui arrachent toujours des « oh » et des « ah » aux enfants comme aux foules massées autour des bases de lancement. Comme si regarder un feu d’artifice nous rappelait confusément notre propre vocation à « monter » nous aussi vers plus haut, vers plus beau, vers « le ciel »?

De cela, Marie en son Assomption est le témoin.

De cette aspiration, Marie élevée dans la gloire est le garant.

Comme, dans un feu d’artifice, il y a des fusées qui sont chargées d’éclater le plus haut possible en parapluies de gerbes phosphorescentes, Marie en son Assomption est chargée de nous transmettre cette immense espérance : nous sommes faits pour vivre au plus haut de nous-mêmes, en Dieu?

Et nous attendons le bouquet final, où toutes les couleurs seront enfin réunies, dans une pétarade assourdissante?

 

·      Avec cette image de la montée vers le haut, l’Assomption évoque également l’action d’assumer ce que l’on est. En français, lorsque quelqu’un dit : « j’assume », cela veut dire qu’il ira jusqu’au bout de sa décision. Dans le langage de Dieu, l’Assomption veut dire qu’Il assume l’humanité de Marie, sa condition de créature, pour la porter à son incandescence. « J’assume l’?uvre de mes mains – semble dire Dieu - et je vais jusqu’au bout de la logique en vertu de laquelle j’ai demandé à Marie de porter Jésus comme son enfant. »

Du coup, il est en même temps donné à Marie d’assumer elle aussi toute son humanité, sa finitude (car elle une créature – comme nous – alors que le Christ est « engendré non pas créé » comme nous le disons à chaque Credo).

Méditer sur la figure de Marie, une femme « qui assume », peut changer notre vision de l’Assomption !

 

·      Et c’est vrai qu’elle assume, cette jeune fille de Nazareth !

 

- Dès l’âge de 16-18 ans, elle assume une grossesse imprévue, surprenante. Bien que cette grossesse-là soit unique dans l’histoire humaine, l’étonnement et l’embarras de Marie devant cette naissance à venir ressemblent à ce que tant de jeunes filles ont dû assumer suite à une grossesse « non désirée ».

Assomption (Montage plat)Nombre de mères se reconnaîtront dans les questions de la vierge de Nazareth : comment cela se fera-t-il ? Que vais-je devenir avec cet enfant en moi ?

Ne dit-on pas fort justement que les hommes « n’assument pas » lorsqu’ils laissent tomber leur compagne lorsqu’elle est enceinte ? Ou que la société n’assume pas ses responsabilités en préférant parfois encourager l’IVG au lieu d’accompagner jusqu’au bout et après ?

On le voit : assumer une grossesse imprévue, c’est un chemin d’humanité encore aujourd’hui si difficile que Marie demeure une référence, une grande soeur même, dans la manière dont elle a pu affronter cette situation, en maintenant sa confiance en Dieu. Joseph est celui qui l’a aidé à surmonter ce statut si honteux de « fille-mère » : il a assumé un enfant qui n’était pas de lui, il lui a donné son nom, sa famille, son héritage…

Nombre de pères se reconnaîtront en Joseph, quand ils doivent eux aussi assumer les enfants d’un autre, avec amour et respect.

 

- Puis son fils s’est mis à partir sur les chemins de Palestine, à l’âge de trente ans environ, c’est-à-dire à l’âge où ses amis de Nazareth étaient déjà mariés, rangés? Marie là encore a dû assumer ce nouveau statut pour son fils : prophète itinérant, guérisseur renommé, mystique exalté? Était-ce là ce qu’elle avait rêvé pour lui ? N’a-t-elle pas dû combattre intérieurement pour ne pas faire pression, pour laisser son fils aller, pour accepter de ne plus le comprendre ? On trouve la trace de ce combat intérieur – où Marie apprend à assumer sa maternité divine- dans quelques passages : l’épisode de Jésus au Temple de Jérusalem à 12 ans (« Marie conservait toutes ces choses en son coeur » Lc 2,51), son désir de le ramener à la maison avant que tout cela ne dégénère (« ta mère et tes frères sont là, dehors, qui te cherchent » Lc 8,20), son énorme silence lors de la Passion de son Fils, où aucun des 4 évangélistes ne lui fait prononcer une parole?

Nombre de mères se reconnaîtront dans cet accompagnement, joyeux et douloureux, que tout parent doit assumer lors de la croissance de son enfant : se réjouir de ses succès, se laisser interroger par ses échecs, mais toujours être là, même dans l’incompréhension totale de ses paroles ou de ses actes?

 

- Après la résurrection de son fils, Marie n’a pas fini son « pèlerinage de foi », selon la belle expression de Jean-Paul II pour désigner le parcours de cette femme qui, d’étape en étape, n’en finissait pas de découvrir ce qu’elle devait assumer pour devenir ce qu’elle était : la mère du Messie.

En effet, ce n’est pas elle que Jésus relevé d?entre les morts choisit pour se manifester aux disciples, mais Marie-Madeleine.

Ce n’est pas elle que son Fils vivant pour toujours envoie annoncer cette extraordinaire nouvelle à tous les peuples, mais ses disciples, eux qui n’avaient guère « assumé » pendant la Passion (car fuir, renier, trahir celui qu’on disait aimer, c’est l’exact contraire de la manière dont Marie a assumé la déréliction de son enfant !).

À la Pentecôte, le projecteur est mis sur l’assemblée des disciples, à tel point que Marie semble disparaître derrière le halo naissant des prédicateurs inspirés que deviennent les Onze.

Nombre de mères se reconnaîtront dans cet effacement blessant auquel le parcours de leur enfant semble les cantonner. Nombre de femmes savent d’instinct que persévérer dans la confiance finit pourtant par être fécond, plus que l’abandon, plus que l’aigreur ou l’indifférence forcée.

 

Car il n’y a nulle jalousie en Marie.

Marie en son Assomption : une femme qui assume ! dans Communauté spirituelle assomption_poussinNulle revendication d’une place qu’elle estimerait lui revenir de droit.

Nulle révolte devant l’apparente ingratitude de son Fils, pour qui elle semble ne plus exister.

Dans sa confiance en lui, elle sait qu’elle ne sera pas confondue, et que sa relation unique avec lui trouvera sa plénitude dans un achèvement unique.

L’Assomption est cet achèvement unique – annonçant le nôtre – où Dieu ratifie la ténacité de Marie, et lui donne raison contre toutes les apparences humaines.

Nombre de mères se reconnaîtront dans cette opiniâtreté où leur amour, défiant les apparences, leur donne de tenir bon, d’assumer les pires épreuves, les pires humiliations s’il s’agit de se battre pour la chair de leur chair. Nombre de femmes savent au plus intime d’elles-mêmes que cela vaut la peine de ne pas baisser les bras pour défendre la vie qui a jailli de leur corps, sans rien revendiquer pour elles.

 

·      Finalement, le langage populaire n’a pas tort, en associant l’Assomption, l’Ascension, et le fait « d’assumer » dans la vie !

Marie est le signe vivant que nous pouvons aspirer à « plus haut », à ne pas rester collés à raz de terre, car nous sommes à l’image du Dieu « très haut », et c’est pourquoi l’être humain est « somptueux ».

Marie aujourd’hui glorifiée dans tout son être promet la même plénitude à toutes les femmes qui mènent un combat semblable au sien : assumer une maternité, la mort d’un compagnon qui était un véritable soutien (Joseph), la longue éducation d’un enfant surprenant, ses choix bizarres ou sa fin humiliante?

 

·      Que les hommes se rassurent : non seulement ils ne sont pas exclus de cette promesse, mais ils peuvent devenir eux aussi la mère du Christ, selon la belle déclaration de Jésus (qui a dû peiner Marie sur le moment, mais qu’elle a comprise plus tard, beaucoup plus tard !) :

« « Qui est ma mère ? Et mes frères ? »  Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit: « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère,  une soeur, une mère. » » (Mc 3,33).

 

 

1ère lecture : La Femme de l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Le Temple qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple.

Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds,e t sur la tête une couronne de douze étoiles.
Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement.
Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes,et sur chaque tête un diadème.
Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.
Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône,
et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place.

Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut,la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »

 

Psaume : 45, 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16

R/ Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils.

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

2ème lecture : Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle ( 1 Co 15, 20-27a)

Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

 

Evangile : « Heureuse celle qui a cru ! » (Lc 1, 39-56)

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur,
« Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âgesur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. »
Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD 

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31 juillet 2010

Gardez-vous bien de toute âpreté au gain !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

« Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ! »

 

Homélie du 18° Dimanche du temps ordinaire / Année C

01/08/2010

 

 

« Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ! »

Voilà une phrase qui n’a rien perdu de son actualité !

Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ! dans Communauté spirituelle meilleurs-traders-16898Si certains banquiers et leurs traders avaient écouté cette phrase simple du prophète de Nazareth, il n’aurait sûrement pas mis en place des produits financiers si complexes (les subprimes) parce que si « âpres au gain ».

Si les fonds de pension américains avaient entendu l’avertissement de Jésus, ils n’auraient pas exigé des rendements à deux chiffres pour leurs actions…

Si les agents immobiliers avaient pris au sérieux la parabole de Jésus sur l’âpreté au gain, ils n’aurait pas construit autant de ?greniers’, ils n’auraient pas fait rêver les familles pauvres américaines d’avoir chacune leur maison en propre, avec si peu d’argent…

Les gens savants parlent de l’hybris grecque = l’excès, la démesure, qui a poussé les spéculateurs: excès de cupidité, excès de sophistication, excès de dématérialisation etc… Cette hybris a bel et bien été l’une des causes majeures de la crise financière de 2008.

 

Bref, les phrases à consonances nettement économiques sont si rares dans l’Évangile qu’on devrait les en écouter d’autant plus !

 

« Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ! ».

Jésus fait écho au fameux : « tu ne convoiteras pas » du Décalogue. Ce n’est pas le gain qui est dangereux, c’est l’âpreté au gain, c’est la convoitise.

Les disciples du Christ devraient pouvoir s’investir dans les rouages de l’économie de leur temps, sans pour autant tomber dans le piège de la course effrénée à l’accumulation des biens matériels ou des profits.

 

41TRD9GCW7L._SL500_AA300_ Aron dans Communauté spirituelleC’est la thèse célèbre de Max Weber, sociologue allemand du début du 20e siècle. Selon lui, il y a une « affinité élective » entre l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Des puritains protestants, prenant à la lettre cet avertissement de Jésus sur l’âpreté au gain, se sont contentés d’une vie frugale et simple, alors qu’ils travaillaient énormément pour vérifier leur élection par Dieu à travers la réussite de leurs affaires (la richesse et le succès sont des bénédictions divines dans l’Ancien Testament).

Travailler sans compter, vivre frugalement sans tout dépenser dans le bling-bling, mais en le réinvestissant dans l’outil de travail : voilà le secret du capitalisme américain, selon Max Weber.

Raymond Aron commente : « l’éthique protestante enjoint aux croyants de se méfier des biens de ce monde et d’adopter un comportement ascétique. Or travailler rationnellement en vue du profit et ne pas dépenser le profit, est par excellence une conduite nécessaire au développement du capitalisme, car elle est synonyme de continuels réinvestissements du profit non  consommé » (Les étapes de la pensée sociologique, Gallimard, 1967)

 

Même si cette thèse peut être débattue, elle a le mérite de démontrer qu’il y a vraiment un lien entre ce que l’on croit et l’activité économique mise en oeuvre.

Il y a réellement une « affinité élective » entre la foi chrétienne et certains comportements économiques.

De la même manière, l’essor de la finance islamique par exemple montre qu’il y a un lien entre l’islam et un autre rapport aux prêts à intérêts.

Les croyants auraient donc tout intérêt (c’est le cas de le dire !) à explorer les dimensions proprement économiques de leurs choix. Ils apporteraient ainsi au monde  une originalité, une spécificité, une fécondité uniques.

Sinon, la sombre prophétie de Max Weber à la fin de son livre (l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905) risque fort de se réaliser :

Aujourd’hui, l’esprit de l’ascétisme religieux s’est échappé de la cage – définitivement? qui saurait le dire… Quoi qu’il en soit, le capitalisme vainqueur n’a plus besoin de ce soutien depuis qu’il repose sur une base mécanique. Il n’est pas jusqu’à l’humeur de la philosophie des Lumières, la riante héritière de cet esprit, qui ne semble définitivement s’altérer; et l’idée d’accomplir son « devoir » à travers une besogne hante désormais notre vie, tel le spectre de croyances religieuses disparues. Lorsque l’ « accomplissement » [du devoir] professionnel ne peut être directement rattaché aux valeurs spirituelles et culturelles les plus élevées – ou bien, inversement, lorsqu’il ne peut plus être ressenti comme une simple contrainte économique – l’individu renonce, en général, à le justifier. Aux États-Unis, sur les lieux mêmes de son paroxysme, la poursuite de la richesse, dépouillée de son sens éthico-religieux, a tendance aujourd’hui à s’associer aux passions purement agonistiques, ce qui lui confère le plus souvent le caractère d’un sport.

Nul ne sait encore qui, à l’avenir, habitera la cage, ni si, à la fin de ce processus gigantes­que, apparaîtront des prophètes entièrement nouveaux, ou bien une puissante renaissance des pensers et des idéaux anciens, ou encore – au cas où rien de cela n’arriverait - une pétrifica­tion mécanique, agrémentée d’une sorte de vanité convulsive. En tout cas, pour les « derniers hommes » de ce développement de la civilisation, ces mots pourraient se tourner en vérité – « Spécialistes sans vision et voluptueux sans c?ur – ce néant s’imagine avoir gravi un degré de l’humanité jamais atteint jusque-là. »

S’il n’y a plus de racines spirituelles à l’activité professionnelle, si une vision plus large ne sous-tend pas l’enrichissement économique, tout ceci peut se retourner contre l’humain? 

Prenez Habitat et Humanisme : fondée par un prêtre (Bernard Devert), cette association veut justement éviter l’âpreté au gain dans le domaine immobilier.

Grâce à une épargne solidaire, à l’implication de professionnels de l’immobilier bien loin de ceux des subprimes, grâce à de nombreux bénévoles, Habitat et Humanisme gère maintenant environ 1800 logements en propre, et près de 3000 en location, pour arriver à loger et accompagner 1500 nouvelles familles chaque année, 12000 familles  depuis sa création en 1985.

 

Le refus de « l’âpreté au gain » peut donc devenir une source d’inspiration pour l’action en faveur du logement.

Et dans tant d’autres domaines ! Le micro-crédit (cf. l’initiative du diocèse de Dijon : www.fondation-rita.org , le partenariat pour le développement, l’éducation…

 

 capitalisme

 

La raison profonde de cette sagesse, qui évite la « vanité des vanités » qu’est la course insensée au seul profit, se trouve dans l’acceptation de la mort. « Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie ». Que feras-tu de tes greniers ? « La vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, dépend pas de ses richesses ».

 

Un ami a vécu cela, mot pour mot.

Il était riche, par héritage. Une nuit, il s’est couché et ne s’est jamais réveillé. Mort dans son sommeil, il avait pourtant écouté la parabole du Christ : les seuls greniers où il entassait ses richesses étaient sa femme et ses enfants, avec ses nombreux amis. Il vivait simplement, mettant son argent à disposition de causes utiles, sans ostentation. Aucune âpreté au gain : au-delà de la mort, il a sûrement découvert l’étendue de son vrai patrimoine, c’est-à-dire ses liens, ses engagements, ses amours, ses combats?

 

Puissions-nous refuser pour nous-mêmes toute âpreté au gain !

Puissions-nous réfléchir sur les transformations économiques et professionnelles  que cette « résistance » peut susciter et féconder…

 

 

 

1ère lecture : Vanité des richesses (Qo 1, 2; 2, 21-23)

Vanité des vanités, disait l’Ecclésiaste. Vanité des vanités, tout est vanité !
Un homme s’est donné de la peine ; il était avisé, il s’y connaissait, il a réussi. Et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine. Cela aussi est vanité, c’est un scandale.
En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ?
Tous les jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son coeur n’a pas de repos. Cela encore est vanité.

Psaume : Ps 89, 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc

R/ D’âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge

 

Tu fais retourner l’homme à la poussière ;
tu as dit : « Retournez, fils d’Adam ! »
A tes yeux, mille ans sont comme hier,
c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit.

Tu les as balayés : ce n’est qu’un songe ;
dès le matin, c’est une herbe changeante : 
elle fleurit le matin, elle change ;
le soir, elle est fanée, desséchée.

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos coeurs pénètrent la sagesse. 
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs. 

Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu.
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains.

2ème lecture : Avec le Christ, de l’homme ancien à l’homme nouveau (Col 3, 1-5.9-11)

Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre.
En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.
Faites donc mourir en vous ce qui appartient encore à la terre : débauche, impureté, passions, désirs mauvais, et cet appétit de jouissance qui est un culte rendu aux idoles.
Plus de mensonge entre vous ; débarrassez-vous des agissements de l’homme ancien qui est en vous,
et revêtez l’homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance.
Alors, il n’y a plus de Grec et de Juif, d’Israélite et de païen, il n’y a pas de barbare, de sauvage, d’esclave, d’homme libre, il n’y a que le Christ : en tous, il est tout.

Evangile : Parabole de l’homme qui amasse pour lui-même (Lc 12, 13-21)

Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. »
Jésus lui répondit : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? »
Puis, s’adressant à la foule : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. »
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté.
Il se demandait : ‘Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.’
Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède.
Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’
Mais Dieu lui dit : ‘Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ?’
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »
Patrick BRAUD

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10 juillet 2010

Réintroduisons le long-terme dans nos critères de choix

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Réintroduisons le long-terme dans nos critères de choix

 

Homélie du 15° Dimanche du temps ordinaire / Année C

11/07/2010.

 

« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? »

 

Drôle de question ! Qui paraît un peu décalée dans notre société.

En effet, la préoccupation sociale qui mobilise en France, c’est bien davantage la vie après le travail que la vie après la mort…

On défile pour garantir nos retraites.

On réfléchit pour les réformer.

Et on a raison.

On se pose la question :  

« que devons-nous faire pour avoir une bonne retraite ? », mais pas : « que devons-nous faire pour avoir la vie éternelle ?… »

 

Ce rétrécissement apparent de l’horizon est assez inquiétant.

Quoi : l’éternité n’intéressait plus personne ? La vie sur terre serait suffisante pour combler toutes nos aspirations ?

« C’est déjà si difficile d’arriver à bien vivre maintenant, dans quelques années, alors ne nous parlez pas du long terme, et encore moins du très long terme qu’est l’au-delà… »

Il y aurait alors comme une absorption de l’espérance chrétienne dans la seule préoccupation de l’aujourd’hui.

Avec le risque de transformer la foi en thérapie immédiate, l’espérance en promesse de bien-être, la charité en consolation sociale (le fameux « care » venu des USA).

 

Benoît XVI a bien vu ce danger d’immanentisme, c’est-à-dire de réduction de l’espérance chrétienne au seul horizon terrestre :

« Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? ». Cette question du jeune homme de l’Évangile semble éloignée des préoccupations de nombreux jeunes d’aujourd’hui, car, comme l’observait mon prédécesseur, « ne sommes-nous pas la génération pour laquelle le monde et le progrès temporel occupent totalement l’horizon de l’existence ? » (Lettre aux jeunes, n° 5). Pourtant, la question sur la « vie éternelle » affleure à des moments particulièrement douloureux de l’existence, quand nous subissons la perte d’un proche ou lorsque nous faisons l’expérience de l’échec.

Mais qu’est-ce que la « vie éternelle » à laquelle se réfère le jeune homme riche ? Jésus nous l’illustre quand, s’adressant à ses disciples, il affirme : « Je vous verrai de nouveau et votre c?ur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 22). Ces paroles indiquent une exaltante proposition de bonheur sans fin, la joie d’être comblés de l’amour divin pour toujours.

S’interroger sur l’avenir définitif qui attend chacun de nous donne un sens plénier à l’existence, car cela oriente le projet de vie vers des horizons ni limités ni passagers, mais immenses et profonds. Ces horizons nous portent à aimer le monde, tant aimé de Dieu, à nous consacrer à son développement, toujours avec la liberté et la joie qui naissent de la foi et de l’espérance. Ce sont des horizons qui aident à ne pas absolutiser les réalités terrestres, en sentant que Dieu nous prépare une perspective plus grande, et à répéter avec saint Augustin : « Désirons ensemble la patrie céleste, soupirons vers la patrie céleste, sentons-nous pèlerins ici-bas » (Commentaire de l’Évangile de saint Jean, Homélie 35, 9). Le regard fixé vers la vie éternelle, le bienheureux Pier Giorgio Frassati, mort en 1925 à l’âge de 24 ans, disait : « Je veux vivre et non pas vivoter ! » et, sur la photo d’une escalade, envoyée à un ami, il écrivait : « Vers le haut », faisant allusion à la perfection chrétienne, mais aussi à la vie éternelle.

Chers jeunes, je vous exhorte à ne pas oublier cette perspective dans votre projet de vie : nous sommes appelés à l’éternité. Dieu nous a créés pour demeurer avec lui, pour toujours. Elle vous aidera à donner un sens plénier à vos choix et à apporter de la qualité à votre existence.

Message pour les JMJ 2010

 

Aurons-nous le courage de nous interroger sur notre avenir définitif en Dieu même ?

« Que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? »

Il nous faut donc réintroduire ce très long-terme dans nos critères de choix et d’action.

 

C’est déjà très difficile, et à contre-courant, de réintroduire le long-terme dans les choix d’une famille, d’une entreprise ou d’une nation (voire de l’humanité, cf. écologie). Pourtant, cela sera salutaire. Le rétrécissement de l’horizon humain au seul court terme est irrationnel, et devient insupportable… à long terme !

Paradoxalement, le désintérêt pour le long terme finit toujours par appauvrir le présent.

Combien d’entreprises n’ont pas de vision au-delà de 6 mois !?  Combien de jeunes cherchant un emploi s’entendent dire: « on ne sait pas si on sera encore là l’an prochain; alors de là à embaucher !… »

On oublie qu’en cherchant « le royaume de Dieu et sa justice », tout le reste est donné, « par dessus le marché ».

 

Il y eut des époques où la vie éternelle était la clé de voûte pour penser l’organisation sociale, économique, familiale.

- Rappelez-vous l’invention des cimetières dans la ville, et non plus hors la ville comme l’exigeait  la loi romaine dans les premiers siècles : la mort devenait familière, et orientait toute l’activité humaine.

- Regardez ce qu’a produit le culte des martyrs (pour qui la vie éternelle était plus importante que la survie présente), dans le sens de l’offrande de soi pour toujours.

- Mesurez à nouveau la fécondité et l’essor des monastères : tournés vers la vie éternelle, ils relativisaient l’ordre établi, défrichant les terres, assainissant les marais, instruisant les populations, publiant des livres, humanisant les moeurs environnantes?

- Plus près de chez nous, relisez les écrits des dissidents du communisme au XXe siècle : la source de leur courage était dans leur quête de la vie éternelle, qui les amenaient à résister  sans peur.

 

Si le souci de la vie éternelle venait à s’éteindre dans notre culture, ce formidable rétrécissement provoquerait des violences et des irrationalités inhumaines. Sans compter les sectes et autres folles pensées qui proliféreraient sur cet oubli et sur l’exploitation de cette aspiration toujours présente au coeur de l’homme.

 

« Que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? »

La question est double en fait. Il y a celle du choix de vie : « que dois-je faire ? » Et la question de l’orientation de ce projet de vie : « pour obtenir la vie éternelle ».

 

Poser la question de l’orientation ultime est un énorme service que nous pouvons rendre à la société et aux gens autour de nous. Non pas pour les détourner du présent. Mais pour ordonner l’aujourd’hui à un horizon immensément plus grand.

« La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu… »

 

Puissions-nous orienter notre intelligence, notre énergie, notre argent même, vers la quête ultime à laquelle toutes les autres quêtes peuvent contribuer et s’ordonner.

Réintroduisons le long-terme dans nos critères de choix.

1ère lecture : La loi de Dieu dans le coeur de l’homme (Dt 30, 10-14)

Moïse disait au peuple d »Israël : « Écoute la voix du Seigneur ton Dieu, en observant ses ordres et ses commandements inscrits dans ce livre de la Loi ; reviens au Seigneur ton Dieu de tout ton c?ur et de toute ton âme.
Car cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte.
Elle n’est pas dans les cieux, pour que tu dises : « Qui montera aux cieux nous la chercher et nous la faire entendre, afin que nous la mettions en pratique ? »
Elle n’est pas au-delà des mers, pour que tu dises : « Qui se rendra au-delà des mers nous la chercher et nous la faire entendre, afin que nous la mettions en pratique ? »
Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton coeur afin que tu la mettes en pratique. »

 

Psaume : Ps 18, 8, 9, 10, 11

R/ Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance !

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples. 

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le coeur ; 
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard. 

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ; 
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables : 

plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin, 
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.

2ème lecture : Primauté du Christ dans la création et dans l’Église (Col 1, 15-20)

Le Christ est l’image du Dieu invisible, le premier-né par rapport à toute créature,
car c’est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles :tout est créé par lui et pour lui.
Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui.
Il est aussi la tête du corps, c’est-à-dire de l’Église. Il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, puisqu’il devait avoir en tout la primauté.
Car Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total.
Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui,sur la terre et dans les cieux,en faisant la paix par le sang de sa croix.

Evangile : La loi d’amour : le bon Samaritain (Lc 10, 25-37)

Pour mettre Jésus à l’épreuve, un docteur de la Loi lui posa cette question : « Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? »
Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Que lis-tu ? »
L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même. »
Jésus lui dit : « Tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie. »
Mais lui, voulant montrer qu’il était un homme juste, dit à Jésus : « Et qui donc est mon prochain ? »
Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé, roué de coups, s’en allèrent en le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de pitié.
Il s’approcha, pansa ses plaies en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : ‘Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.’
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme qui était tombé entre les mains des bandits ? »
Le docteur de la Loi répond : « Celui qui a fait preuve de bonté envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi fais de même. »
Patrick Braud

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