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7 mai 2011

Béatification de Karol Wojtyla : trois acquis de Jean-Paul II

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Béatification de Karol Wojtyla :

trois acquis de Jean-Paul II


Homélie pour le 3° Dimanche de Pâques / Année A

08/05/2011

 

L'événement est immense : la béatification de Jean-Paul II dimanche dernier 1° Mai 2011 Béatification de Karol Wojtyla : trois acquis de Jean-Paul II dans Communauté spirituelle 82707489jean-paul-ii-jpg (fête de St Joseph travailleur et jour des défilés ouvriers : tout un symbole) aura eu un écho énorme, et pas seulement dans les anciens pays de l'Est qu'il a contribué à libérer du joug communiste. Des émissions rétrospectives fort bien faites où un quart de siècle de notre histoire défilait sous nos yeux avec le visage de Karol Wojtyla avaient préparé ce rendez-vous.

 

Je voudrais vous partager trois caractéristiques de ce pontificat, trois traits marquants qui me semblent toujours pertinents pour notre époque :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. Une « mondialisation du bien »

(L’expression est de Jacques Attali)

philippines-jean-paul2 dans Communauté spirituellePour beaucoup, la mondialisation galopante est synonyme de dangers, de menace : menace de délocalisation, d’immigrations non contrôlées, de pertes d’identité?


Il y avait à l'époque trois champions de la mondialisation qui marquaient les esprits : Ben Laden et la mondialisation du terrorisme, Bush et la mondialisation du marché? et presque à l’inverse, Jean-Paul II qui symbolisait l’aspiration à une autre mondialisation, celle
du bien.
Ses pèlerinages planétaires, ses visites dans toutes les cultures et toutes les langues (sauf la Chine ! et la Russie?), ses paroles de paix et de réconciliation pour tous les peuples ont soulevé un immense espoir que le monde devenu village pouvait aussi s’unifier sur le dialogue, le respect mutuel, et pas seulement sur l’économique ou la violence.

2. Une réhabilitation de l’émotion

(C’est Max Gallo qui fait ce commentaire)

Avant Jean-Paul II, (souvenez-vous notamment de Paul VI sur la fin), l’Église était sur une pente très rationnelle, mais desséchée ; une liturgie qui devenait très intellectuelle, mais inaccessible et desséchante.

Il était de bon ton de se méfier de l’émotion, du corps, et on parlait beaucoup, longtemps?
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Les rassemblements et les liturgies de Jean-Paul II sont devenues très physiques : des danses, des applaudissements, des costumes locaux (de la coiffe indienne aux fourrures esquimaudes !), des images fortes (avec les enfants, les malades, son assassin Ali Agça?)? On retrouvait cette évidence : le catholicisme n’est pas qu’une religion de la parole, mais aussi de la chair.

Ou plutôt de la Parole qui s’est faite chair, de la chair qui devient parole.

L’émotion physique qui parcourait les foules réunies autour de lui nous a donné des idées dans nos diocèses : JMJ locales, assemblées plus vivantes qui osent bouger, danser, applaudir, des choses à voir, à sentir, à toucher, et pas seulement à comprendre.

En Amérique du Sud ou en Afrique, l’annonce de l’Évangile demande de parler au corps, de susciter le rire, les pleurs, le silence, l’explosion de joie. Et la foule de St Pierre de Rome, en criant « Santo subito » (qu’il soit saint tout de suite) ou « Giovanni Paulo » en tapant des mains, montrait un catholicisme joyeux, populaire, simple.

 

Pensez aux gestes qui ont marqué ce pontificat: embrasser le sol à la descente d’avion, embrasser un enfant sidéen à St Pierre de Rome dans les années 80, prier à genoux en silence devant la grotte de Lourdes, glisser un billet dans le Mur du Temple à Jérusalem, aller dans la prison d’Ali Agça?


 le-pape-au-mur-des-lamentations-300x206Sans renoncer à l’intelligence de la foi, tout en continuant l’effort théologique, la formation exégétique, il ne faudra pas oublier ce que nous avons appris avec Jean-Paul II : l’émotion peut être un des chemins vers le Christ.

 


3) Conjuguer « Mémoire et identité »

Là, l’expression est de Jean-Paul II lui-même : c’est le titre de son dernier livre, ultime message.
jean-paul-ii-memoire-et-p759i1Il nous rappelle que pour être nous-mêmes, il ne faut pas nous couper de nos racines. Pour préparer l’avenir, il faut savoir d’où l’on vient.

Et il médite particulièrement sur les idéologies du mal qui ont tant séduit des millions de personnes au XX° siècle.

 

Voici quelques extraits pour mesurer l’importance de l’analyse spirituelle et politique qu’il fait du siècle passé:

 

« Il m’a été donné de faire l’expérience personnelle des ‘idéologies du mal’.

C’est une chose qui ne peut s’effacer de ma mémoire. Ce fut tout d’abord le nazisme. Ce que l’on pouvait voir en ces années-là était quelque chose de terrible. A ce moment, pourtant, beaucoup d’aspects du nazisme demeuraient encore cachés. La véritable dimension du mal qui se déchaînait en Europe ne fut pas perçue de tous, ni même de ceux d’entre nous qui étaient au centre de ce tourbillon. Nous vivions plongés dans une grande éruption du mal et ce n’est que peu à peu que nous avons commencé à nous rendre compte de sa réelle importance [?].

Plus tard, en réalité une fois la guerre finie, je pensais en moi-même : ‘Le Seigneur Dieu a accordé 12 années d’existence au nazisme et après 12 années, ce système s’est écroulé [?]. Si le communisme a survécu plus longtemps et s’il a encore devant lui une perspective de développement ultérieur, c’est qu’il doit y avoir un sens à tout cela.’ » (Mémoire et identité, 2005)


Jean-Paul%20II%20&%20Ali%20AgcaDans l’un des chapitres, intitulé « démocratie contemporaine », le Pape écrit:

« Un Parlement régulièrement élu a porté Hitler au pouvoir, ce même Parlement lui a ouvert la route pour la politique d’invasion de l’Europe, pour l’organisation des camps de concentration et la mise en oeuvre de la solution finale. Il suffit de rappeler à la mémoire ces seuls événements [...] pour comprendre clairement que la loi établie par l’homme a des limites précises ».

Et le Pape poursuit : « c’est dans cette perspective que nous devons nous interroger au début d’un nouveau siècle et d’un nouveau millénaire sur certains choix législatifs, ce qui vient immédiatement à l’esprit, ce sont les législations sur l’avortement », « les parlementaires qui autorisent de telles lois doivent être conscients d’outrepasser leurs compétences et de se mettre en conflit ouvert avec la loi de Dieu et la loi de la nature ».

Jean-Paul II sait sans doute qu'il ne se fait pas que des amis lorsqu'il prend ainsi des postions courageuses à contre-courant pour dénoncer les « nouvelles idéologies du mal ». La force prophétique de ses appels à la conscience doit longtemps encore venir troubler les évidences culturelles de nos sociétés occidentales notamment.

 

Mondialiser le bien, réhabiliter l'émotion en religion, conjuguer mémoire et identité : Karol Wojtyla a porté bien d'autres trésors au monde' (cf. la réunion interreligieuse d'Assise en 1996, le fameux « n’ayez pas peur », la lutte contre le communisme, la visite à  la synagogue de Rome etc?). Mais ces trois acquis-là font partie de son héritage vivant. A nous de ne pas l'oublier !

Et rendez-vous pour la canonisation dans quelques années…. 

 

Patrick Braud

 

 

1ère lecture : Pierre annonce le Christ ressuscité (Ac 2, 14.22b-33)

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d’une voix forte : « Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe aujourd’hui, écoutez bien ce que je vais vous dire.
Il s’agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien.
Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens.
Or, Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir.
En effet, c’est de lui que parle le psaume de David :J e regardais le Seigneur sans relâche, s’il est à mon côté, je ne tombe pas.
Oui, mon coeur est dans l’allégresse, ma langue chante de joie ; ma chair elle-même reposera dans l’espérance :
tu ne peux pas m’abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption.
Tu m’as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
Frères, au sujet de David notre père, on peut vous dire avec assurance qu’il est mort, qu’il a été enterré, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous.
Mais il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un de ses descendants.
Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas connu la corruption.
Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins.
Élevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous : c’est cela que vous voyez et que vous entendez. »

 

Psaume : Ps 15, 1-2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11

 

R/ Tu m’as montré, Seigneur, le chemin de la vie

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon coeur m’avertit. 
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable. 

Mon coeur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance : 
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie : 
devant ta face, débordement de joie !
A ta droite, éternité de délices !

 

2ème lecture : Le Christ ressuscité donne à notre vie son vrai sens (1P 1, 17-21)

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frères,
vous invoquez comme votre Père celui qui ne fait pas de différence entre les hommes, mais qui les juge chacun d’après ses actes ; vivez donc, pendant votre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu.
Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils seront détruits ; c’est le sang précieux du Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache.
Dieu l’avait choisi dès avant la création du monde, et il l’a manifesté à cause de vous, en ces temps qui sont les derniers.
C’est par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.

 

Evangile : Apparition aux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Seigneur Jésus, fais-nous comprendre les Écritures ! Que notre c?ur devienne brûlant tandis que tu nous parles. Alléluia. (cf. Lc 24, 32)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé.

Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas.
Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
A vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu’elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Vous n’avez donc pas compris ! Comme votre coeur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes !
Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Alors ils se dirent l’un à l’autre : « Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? »
A l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :
« C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
A leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

9 avril 2011

Une puanteur de 4 jours

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Une puanteur de 4 jours

 

Homélie pour le 5° dimanche de Carême / Année A

Dimanche 10 Avril 2011

 

Flash-post sur le parfum

Dans ce récit de la résurrection de Lazare, Jean a recours à un curieux procédé littéraire, symétrique du flash-back au cinéma. Il fait en quelque sorte une avance sur image, un flash-post et précise que Marie, la soeur de Lazare, versera du  parfum odoriférant lors de l’onction à Béthanie qui débutera la Semaine Sainte de Jésus en Jn 12.

Pourquoi ?

Sans doute à cause de l’odeur du parfum que Marie versera sur les pieds de Jésus. Le contraste entre le nard  précieux et la senteur fétide du cadavre est si fort qu’il ne peut pas ne pas être voulu.

Une puanteur de 4 jours dans Communauté spirituelle- Le corps de Lazare sent la mort.

- Le corps de Jésus sera oint d’un parfum de grand prix.


- Jésus fait ouvrir le tombeau en roulant la pierre, et la puanteur de la décomposition s’échappe au nez de la foule.

- Marthe ouvrira le flacon de parfum, et « toute la pièce en est remplie ».

 

- Lorsque coulent des larmes de Jésus, des témoins de la scène protestent (v37) contre le gaspillage de temps (v6) qui du coup n’a pas empêché Lazare de mourir.

- Judas protestera contre le gaspillage d’argent que représentera le geste de Marie.

 Lazare dans Communauté spirituelle

 

Marie-parfum / Marthe-senteur

Bizarrement, ce flash-post ne mentionne que pour Marie le lien de famille avec Lazare, alors que Marthe est également sa soeur (11,2) ! Le rédacteur signale ainsi que Marie est du côté du parfum de vie, alors que Marthe est liée à l’odeur de mort (v39). Le verset 45 ne mentionne à nouveau Marie comme soeur de Lazare qu’à la fin de l’épisode.

 

Dure discrimination entre Marie et Marthe, que Jésus aime pourtant toutes les deux (v5).

 

Cette différenciation sur l’odeur n’est donc pas anodine : la figure de Marthe ici sert d’avertissement pour tous ceux qui se laisseraient fasciner par le morbide, par ce qui se décompose, par ce qui va du côté de la mort.

Les déclinologues en tout genre se reconnaîtront dans cette figure…

Hélas, cette tendance morbide est toujours à l’oeuvre, individuellement et collectivement.

À l’inverse, la figure de Marie sert d’invitation à dilater le parfum de vie à toutes les pièces de nos existences, jusqu’à les remplir de « la bonne odeur du Christ ».

 

Les quatre jours

Pourquoi alors insister sur le caractère affreux de l’état du cadavre avec la précision des quatre jours ? ! On se croirait à un épisode de la série « Les Experts », qui vont passer le cadavre au crible et faire parler la chair décomposée.

 

v 17 : Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre.

v 39 : Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là.

 

Plusieurs hypothèses sont possibles.

- Une croyance populaire de l’époque décrivait l’âme du défunt tournant autour du corps, tant qu’elle peut le reconnaître. Après quatre jours, quand le visage se décompose, l’âme quittait pour toujours ? pensait-on – les alentours de la tombe.

 

- Trois jours, c’est la durée de la résurrection dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau. Après trois jours donc, normalement, « c’est plié », c’est impossible.

 

Mais rien n’est impossible à Dieu !

Même lorsque la mort paraît avoir gagné à ce point, ce n’est pas encore fini. « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » là où n’y avait plus d’espoir.

Car lorsqu’il n’y a plus d’espoir humain, il y a encore l’espérance (à la manière de Dieu).

Vous voyez comment il laisse le champ libre à la mort, il donne ses chances au tombeau, il permet à la décomposition de s’exercer, il n’empêche ni la pourriture ni l’odeur infecte. Il accepte que le séjour des morts se saisisse de Lazare, l’engloutisse, le garde prisonnier. Il agit pour que tout espoir humain soit perdu, et que toute la violence de la désespérance terrestre se déchaîne, afin qu’on voie bien que ce qui va se passer est l’oeuvre de Dieu, non de l’homme. Il reste au même endroit à attendre la mort de Lazare jusqu’à ce qu’il puisse l’annoncer lui-même et déclarer qu’il ira vers lui (saint Pierre Chrysologue : sermon LXIII).

 

« Sors ! »

L’ordre du Christ est extraordinairement efficace pour nous sortir de nos « 4 jours », de notre fascination pour les odeurs de mort, de nos reproches envers le silence de Dieu devant notre détresse.

 

« Sors ! » : cet ordre est salutaire.

C’est la voix du Maître, l’ordre du Roi, le commandement du Souverain : « Sors ! » Dépose la corruption et retrouve ta peau dans l’incorruption : « Lazare, sors ! » Que les Juifs sachent que l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix et vivront : « Sors ! » La pierre d’achoppement est ôtée, avance vers moi qui t’appelle : « Sors ! » Je m’adresse à toi comme un ami, mais je t’ordonne comme un maître : « Sors ! » Moi qui fais lever du tombeau un mort de quatre jours, les Juifs sauront qu’à bien plus forte raison je ressusciterai moi-même après trois jours, si je dois goûter à la mort : « Lazare, sors ! » La mort n’est pas une fin. Sors enveloppé de bandelettes et entouré d’un suaire, que les Juifs ne croient pas ta mort simulée. Ils verront tes mains et tes pieds liés, tes yeux recouverts ; qu’ils ne restent pas incrédules devant ce miracle : « Sors ! » L’odeur fétide de ton corps sera le garant de ce que tu es bien revenu à la vie. Les Juifs délieront eux-mêmes les bandelettes qui t’entourent, et reconnaîtront celui qu’ils avaient déposé dans le tombeau : « Sors ! » Recouvre la vie, reprends haleine et marche hors de ton cercueil. Montre comment, en un instant, les morts se retrouvent avec un corps entièrement animé, au son de l’ultime trompette de la résurrection générale des morts : « Sors ! »(saint André de Crète : Discours VIII sur Lazare le mort de quatre jour).

 

·       Quels sont les tombeaux dans lesquels une partie de nous-mêmes est prisonnière, comme le corps de Lazare enserré de bandelettes ?

Quelles sont nos fascinations pour ce qui se décompose ?

Où aller respirer le parfum de vie de Marie ?

Qu’avons-nous enfoui depuis plus de « 4 jours » ?

Pourquoi ne pas croire que Dieu a le pouvoir en Jésus-Christ de réveiller nos Lazares perdus ?

 

 

Résurrection de Lazare

 

Jean  11  1  Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa soeur.  2  C’était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c’était son frère Lazare qui était malade.  3  Les soeurs envoyèrent dire à Jésus: Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade.  4 Après avoir entendu cela, Jésus dit: Cette maladie n’est point à la mort; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle.

  5 Or, Jésus aimait Marthe, et sa soeur, et Lazare.

  6 Lors donc qu’il eut appris que Lazare était malade, il resta deux jours encore dans le lieu où il était,  7 et il dit ensuite aux disciples: Retournons en Judée.  8 Les disciples lui dirent: Rabbi, les Juifs tout récemment cherchaient à te lapider, et tu retournes en Judée!

  9 Jésus répondit: N’y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu’il voit la lumière de ce monde;

  10 mais, si quelqu’un marche pendant la nuit, il bronche, parce que la lumière n’est pas en lui.

  11  Après ces paroles, il leur dit: Lazare, notre ami, dort; mais je vais le réveiller.  12  Les disciples lui dirent: Seigneur, s’il dort, il sera guéri.  13  Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil.  14 Alors Jésus leur dit ouvertement: Lazare est mort.  15 Et, à cause de vous, afin que vous croyiez, je me réjouis de ce que je n’étais pas là. Mais allons vers lui.  16 Sur quoi Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples: Allons aussi, afin de mourir avec lui.

  17  Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre.  18 Et, comme Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ,  19  beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère.  20  Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison.  21  Marthe dit à Jésus: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.  22 Mais, maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera.  23 Jésus lui dit: Ton frère ressuscitera.  24 Je sais, lui répondit Marthe, qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.

  25 Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort;

  26 et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?

  27 Elle lui dit: Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde.

  28  Ayant ainsi parlé, elle s’en alla. Puis elle appela secrètement Marie, sa soeur, et lui dit: Le maître est ici, et il te demande.  29 Dès que Marie eut entendu, elle se leva promptement, et alla vers lui.  30 Car Jésus n’était pas encore entré dans le village, mais il était dans le lieu où Marthe l’avait rencontré.  31  Les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison et qui la consolaient, l’ayant vue se lever promptement et sortir, la suivirent, disant: Elle va au sépulcre, pour y pleurer.

  32 Lorsque Marie fut arrivée là où était Jésus, et qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds, et lui dit: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.  33   Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tout ému.  34 Et il dit: Où l’avez-vous mis? Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois.  35 Jésus pleura.  36 Sur quoi les Juifs dirent: Voyez comme il l’aimait.  37 Et quelques-uns d’entre eux dirent: Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point?  38  Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C’était une grotte, et une pierre était placée devant.  39 Jésus dit: Ôtez la pierre. Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là.  40 Jésus lui dit: Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?

  41 Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé.

  42  Pour moi, je savais que tu m’exauces toujours; mais j’ai parlé à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé.

  43  Ayant dit cela, il cria d’une voix forte: Lazare, sors!  44 Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller.
Patrick BRAUD

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2 avril 2011

Rousseur et cécité : la divine embauche !

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Rousseur et cécité : la divine embauche !

Homélie pour le 4° dimanche de Carême / Année A
Dimanche 03 Avril 2011

Construire avec ceux qui ont été déconstruits par la vie.

Appeler ceux qui sont à l’écart, hors candidature.

Embaucher ceux à qui personne ne pense.

Faire le pari de révéler le roi ou l’apôtre caché sous  la rousseur ou la cécité…

Tels sont les paris des textes liturgiques de ce Dimanche de carême.

Le futur roi est le fils auquel même le père ne pensait pas, et en plus il est roux !

L’apôtre qui va proclamer que Jésus est l’envoyé de Dieu (Siloé) est un ancien aveugle mis au ban de la société.

 

Pourquoi hurler aux roux ?

- Pourquoi les roux ont-ils toujours fait peur ?

Pourquoi cette couleur de cheveux suffit-elle à évoquer de sulfureuses alliances ? À inspirer de la peur irrationnelle ?

Dans l’Egypte ancienne, le sombre dieu Seth régnait sur le désert, qui se dit ‘dashre’ en arabe, ce qui signifie aussi : ‘terre rouge’. Plutarque raconte que lors de certaines fêtes en l’honneur de Seth, on n’hésitait pas à maltraiter des roux en les jetant dans la boue.

En Israël comme ailleurs, un garçon roux suscite la méfiance et rejet. Dans une société encore fortement imprégnée de magie, malgré le monothéisme récent, la rousseur de David joue en sa défaveur. Au point que son père ne pense même pas à lui dans le défilé de ses fils candidats à l’onction royale !

Une rumeur persistante a ensuite attribué à Judas le traître une chevelure rousse, bien adaptée à son rôle…

Au Moyen Âge, on attribuait aux roux une complicité avec le diable, sans doute à cause de la couleur des flammes de l’enfer qui se reflète dans leur chevelure (la rousseur est souvent ‘flamboyante’ !)… On disait alors qu’ils sentaient mauvais, qu’ils avaient une sexualité débridée (un feu dévorant), que c’étaient des êtres à part.

- Pire qu’un CV handicapé d’un nom imprononçable, pire qu’une domiciliation dans une banlieue infréquentable, la non-candidature de David résonne comme la stigmatisation - intolérable pour Dieu – des gens différents dont on a peur, sans trop savoir pourquoi.

Rousseur et cécité : la divine embauche ! dans Communauté spirituelle samuel+oint+davidAu cinéma, de ‘Poil de Carotte’ souffre-douleur à ‘Carrie (rousse) au bal du diable’ jusqu’à David Caruso – ‘l’expert de Miami’ – les roux sont auréolés de cette fascination inquiétante.

La rousseur fait tache, et les taches de rousseur deviennent vite ‘malignes’ !

- Le choix de David est donc à contre-courant de ces représentations anti-roux.

Mieux qu’un combat pour reconnaître la diversité (terme pudique pour appeler positivement les minorités sociales, ethniques ou religieuses peu considérées), la discrimination positive dont Dieu fait preuve ici vis-à-vis de David est devenue l’une des missions prioritaires des croyants.

 

Les roux dans la Bible

- Ésaü était roux (Gn 25,25). C’était le premier jumeau sorti du ventre de sa mère, avant  cécité dans Communauté spirituelleJacob. Parce qu’il était habile chasseur, il était le préféré de son père Isaac. Dans un jeu de mot célèbre de (Gn 25,30), Ésaü demanda Jacob de manger « de ce roux-là », qui est en fait le célèbre plat de lentilles. En réalité, il demande de se manger lui-même, à s’auto-dévorer ! Le roux Ésaü n’a pas bonne presse. C’est de son frère Jacob et pas de lui que sortira ensuite la descendance d’Israël.

 

- Le prophète Zacharie parle lui d’un songe où il voit un homme montant un cheval roux (Za 1,8) : c’est un ange de Yahvé qui intercède pour Jérusalem. Le roux est ici la couleur mystérieuse de celui qui transmet un message de la part de Dieu.

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- C’est une vache rousse qui doit être sacrifiée à Éléazar le grand prêtre, afin de que ses cendres servent à produire l’eau lustrale qui rendra purs tous ce qui se sont souillés rituellement (Nb 19,1).

 

On voit donc que dans la Bible la rousseur n’est pas si négative que cela. Elle est même le signe de la préférence paternelle (Ésaü), du sacrifice qui purifie le peuple (la vache rousse), du message qui est envoyé par Dieu (le cheval roux de l’ange).

 

C’est cité dans le texte

Quant à la cécité qui frappe notre aveugle de la piscine de Siloé, elle est une maladie qui également fait peur à l’époque. Car on croyait que c’était un châtiment pour quelque faute cachée que Dieu seul connaît. Ou alors une faute qui remonterait à la génération d’au-dessus.

Toujours cette vieille idée – encore vivante – de voir dans la nature des forces divines invisibles, mystérieuses et redoutables.

En plus, on soupçonnait les aveugles de voir à l’intérieur d’eux-mêmes des choses que les autres ne peuvent pas voir. De là à les accuser de sorcellerie, en leur prêtant des pouvoirs étranges (comme aux roux), il n’y avait qu’un pas

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Or Jésus est très clair : la cécité est faite pour être combattue. Elle ne vient pas de Dieu. La guérison de cet aveugle manifeste ainsi la vraie nature de Jésus, l’envoyé (Siloé) du Père pour nous libérer de la soumission magique aux forces naturelles.

 

 

Le choix du roi David va dans le même sens : Dieu ne se laisse pas piéger par les craintes irrationnelles devant les gens « différents ». Dieu appelle tout être humain. Il aurait même tendance – comme pour David le roux, l’aveugle craint ou  Jésus la pierre rejetée des bâtisseurs – à choisir des intouchables, à s’appuyer sur les rebuts de l’humanité, à bâtir avec ceux que les bâtisseurs ont exclus…

Ni rousseur, ni cécité : rien ne peut empêcher Dieu de renverser les préjugés, les superstitions, les peurs magiques qui pèsent encore aujourd’hui sur les « différents » de nos villes et de nos communautés…

Saurons-nous nous aussi, avec le Christ, appeler les ‘roux’ et les ‘aveugles’ qui nous entourent ?

Si nous sommes nous-mêmes marqués par la ‘rousseur’ ou la ?cécité’, osons-nous croire que Dieu nous appelle de manière privilégiée sans s’arrêter à ce que les autres considèrent comme un handicap ou une menace ?

 



1ère lecture : Dieu choisit le roux David comme roi de son peuple (1S 16, 1b.6-7.10-13a)

Lecture du premier livre de Samuel

Le Seigneur dit à Samuel : « J’ai rejeté Saül. Il ne règnera plus sur Isaraël. Je t’envoie chez Jessé de Bethléem, car j’ai découvert un roi parmi ses fils. Prends une corne que tu rempliras d’huile, et pars ! »
En arrivant, Samuel aperçut Éliab, un des fils de Jessé, et il se dit : « Sûrement, c’est celui que le Seigneur a en vue pour lui donner l’onction ! »
Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le coeur. »
Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit : « Le Seigneur n’a choisi aucun de ceux-là. N’as-tu pas d’autres garçons ? »
Jessé répondit : « Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. »
Alors Samuel dit à Jessé : « Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu’il ne sera pas arrivé. »
Jessé l’envoya chercher : le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau.
Le Seigneur dit alors : « C’est lui ! donne-lui l’onction. »
Samuel prit la corne pleine d’huile, et lui donna l’onction au milieu de ses frères. L’esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là.

Psaume : Ps 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ; 
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom. 

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal, 
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure. 

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ; 
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante. 

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ; 
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : Vivre dans la lumière (Ep 5, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtres aux Éphésiens

Frères,
autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière – or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité – et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur.
Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon ; démasquez-les plutôt.
Ce que ces gens-là font en cachette, on a honte d’en parler.
Mais quand ces choses-là sont démasquées, leur réalité apparaît grâce à la lumière, et tout ce qui apparaît ainsi devient lumière. C’est pourquoi l’on chante :
Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.

Evangile : L’aveugle-né (Jn 9, 1-41 [Lecture brève : 9, 1.6-9.13-17.34-38])

Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. Lumière du monde, Jésus Christ, celui qui marche à ta suite aura la lumière de la vie. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (cf. Jn 8, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? »
Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais l’action de Dieu devait se manifester en lui.
Il nous faut réaliser l’action de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir.
Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Cela dit, il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle, et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom signifie : Envoyé). L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.

Ses voisins, et ceux qui étaient habitués à le rencontrer – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui affirmait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-il ouverts ? »
Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il m’en a frotté les yeux et il m’a dit : ‘Va te laver à la piscine de Siloé.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »

On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle.
Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.
A leur tour, les pharisiens lui demandèrent : « Comment se fait-il que tu voies ? » Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois. »
Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés.
Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. »
Les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme, qui maintenant voyait, avait été aveugle. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents
et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’il voie maintenant ? »
Les parents répondirent : « Nous savons que c’est bien notre fils, et qu’il est né aveugle.
Mais comment peut-il voir à présent, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. »
Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, les Juifs s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie.
Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »

Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »
Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et maintenant je vois. »
Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »
Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? »
Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Moïse, nous savons que Dieu lui a parlé ; quant à celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »
L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Comme chacun sait, Dieu n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire qu’un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »
Ils répliquèrent : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.

Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
Il dit : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui.
Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? »
Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’ votre péché demeure. »
Patrick Braud

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26 mars 2011

Les trois soifs dont Dieu a soif

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Les trois soifs dont Dieu a soif

Homélie pour le 3° dimanche de Carême / Année A
Dimanche 27 Mars 2011

 

Jésus, épuisé, au puits

Curieuse histoire de puits en effet…

Déjà, il faut être un peu fou dans un pays chaud comme Israël pour marcher sur la route en plein midi *, en plein ?cagnard’. Mais c’est le signe que, en Jésus, Dieu  parcourt nos routes humaines même dans la fournaise la plus intense.

En outre, à midi, il n’y a pas d’ombre, et rien ne fera obstacle à la manifestation de l’identité de Jésus.

Évidemment, dans ces conditions, il n’y a pas grand monde à se risquer sur la route en plein soleil ! Fatigué, Jésus s’assoit au bord d’un puits, présent comme par hasard sur le chemin. Le jeu de mots est facile à faire : Jésus est é-puisé au bord de ce puits. Il se vide de lui-même en parcourant nos routes, car il ne rencontre personne à qui se donner.

 

Les trois soifs dont Dieu a soif dans Communauté spirituelle sama1Personne ? Si : cette Samaritaine qui va au puits toute seule, presque honteusement, à l’écart des autres femmes dont elle endure sans doute le mépris à cause de sa situation conjugale.

Se déroule alors un chassé-croisé évolutif dont l’évangéliste Jean est si expert et si friand dans ses récits :

- « Donne-moi à boire » / « c’est toi qui devrais me demander à boire »

- « ton mari » / les six compagnons

- Jérusalem / Garrizim / « en esprit et en vérité »

- « viens manger » / « ma nourriture est autre »

Le texte va de la soif de Jésus à sa vraie nourriture, en passant par la vérité sur la soif amoureuse de cette femme, sur la soif d’adoration des juifs et des samaritains.

 

Dieu a soif de notre soif

Le thème central de ce récit se situe donc autour de la soif : celle de la femme (soif de se désaltérer, soif d’aimer, soif d’adorer), celle du Christ (soif de pouvoir donner à boire à l’humanité).

De la même manière que Jésus se nourrit de la volonté de son Père, ainsi il se désaltère de la soif des hommes. Ce n’est qu’en rencontrant des êtres assoiffés, des êtres de désir, qu’il peut faire « couler de son sein des fleuves d’eau vive » (Jn 7, 38-39) c’est-à-dire la vie « en Esprit et en vérité ».

Les désirs de l’âme ont devant Dieu un grand prix. Dieu a soif de notre soif. Il semblerait qu’on lui procure un avantage quand on lui demande quelque bien. Il a plus de joie à donner que les autres à recevoir (saint Grégoire de Naziance : Discours XL 27).

 

« J’ai soif », supplie Jésus sur la Croix : cette soif est sans doute le ressort le plus intime de sa passion pour l’homme. Et nous ne lui donnons le plus souvent que du vinaigre…

 

 

Les trois soifs

Les trois soifs qui animent la Samaritaine sont toujours les nôtres.

1. Soif d’être dés-altéré

 amour dans Communauté spirituelleCe qui d’ailleurs est assez bizarre ici, car un puits est plutôt rempli d’eau dormante que d’eau vive ! Sauf à être directement relié à une source qui le traverse…

 

Se désaltérer, c’est être rendu à soi-même (s’altérer = devenir un autre / se dés-altérer = ne plus être un autre) : « il m’a dit tout ce que j’ai fait ».

Cette femme, en buvant les paroles de Jésus, peut enfin être elle-même, assumer son histoire (compliquée !), sans honte ni détour.

Elle est si heureuse de pouvoir enfin être elle-même (sans ombre, en plein midi) qu’elle en devient rayonnante, au point d’intriguer les habitants de sa ville, qui voudront du coup eux aussi s’approcher du puits-Jésus.

 

2. Soif d’aimer et d’être aimé

De façon étonnante, Jésus aide cette femme à être vraie sur sa situation amoureuse, sans pour autant la condamner, ni lui demander de changer quoi que ce soit ! Il ne lui demande pas de revenir à son 1° ou à son 5° mari. Il lui permet simplement d’assumer sa situation actuelle sans peur des avis des autres. Et c’est efficace ! Elle qui venait en catimini à ce puits à une heure où elle serait sûre d’être seule, elle va ensuite inviter tous les habitants de la ville à venir avec elle rencontrer Jésus !

 

La première missionnaire dans l’Évangile de Jean est bien cette femme, peu recommandable, à qui Jésus a donné la capacité d’être elle-même, sans honte.

 

3. Soif d’adorer

 CarêmeCette soif-là nous paraît plus étrangère dans notre culture actuelle. Qui se pose aujourd’hui la question de savoir qui adorer et où ? Jérusalem ou Garrizim, christianisme ou islam, méditation zen ou New Age, la question de l’adoration semble reléguée au mieux dans la sphère privée, au pire dans l’insignifiance.

Et pourtant…

À y regarder de plus près, la question de savoir ce qui est le plus important, ce qui doit passer avant tout le reste, est bien au coeur des inquiétudes modernes. Le marché où les droits de l’homme ? La famille ou la liberté morale ? La sécurité ou la bienveillance ? La croissance économique (au prix de l’énergie nucléaire par exemple) ou bien la sécurité de notre énergie (au risque d’une décroissance difficile à supporter) ?

Un théologien, Paul Tillich, a montré que nos sociétés occidentales n’ont pas supprimé la question de l’absolu – ce devant quoi on se prosterne - mais l’ont déplacé ailleurs (sur d’autres monts Garrizim…). Chacun se prosterne – même sans le savoir - devant des petits dieux qu’il adore à mesure de l’énergie et du temps qu’il met à les poursuivre. Chacun a son « ultimate concern », ce par quoi il se sent absolument concerné, de manière ultime. Que ce soit le football ou l’écran, la famille ou le boulot, le pouvoir ou l’argent, la reconnaissance sociale ou l’engagement altruiste, cet « ultimate concern » désigner de façon concrète ce que chacun adore, même sans le savoir…

 
 

Quelle soif puis-je offrir à celle du Christ ?

 leurreC’est bien l’interrogation devant laquelle ce texte nous place.

Si, en Jésus, Dieu a soif de nos soifs (se désaltérer / aimer / adorer), où en suis-je  de ces trois quêtes fondamentales ?

Nous ne savons pas que s’il nous demande, c’est pour avoir l’occasion de nous donner bien plus largement que tout ce que nous aurons pu faire pour lui (saint Augustin : « Tractatus in Johannis évangelium » XV 12).

 

Si je suis repu au point de ne plus avoir soif, il est temps que ce carême vienne réveiller en moi mes insatisfactions les plus fortes.

Si je m’égare à chercher dans des flaques d’eau dormante et boueuses l’eau vive que le Christ laisse couler de son côté en abondance, il est temps de réorienter mon énergie et mon temps loin de Jérusalem, loin du mont Garrizim, « en Esprit et en vérité ».

 

Prenons le temps cette semaine d’habiter cette question, sans y répondre trop vite :
quelle soif puis-je offrir à celle du Christ ?

 

 

 ______________________________________________________________________________

* la « 6° heure » après le lever du soleil dans le texte, soit midi : 6 est le chiffre de l’incomplétude, comme les 6 jours de la Création non achevés, comme les 6 compagnons de cette femme.

 

 

1ère lecture : Par Moïse, Dieu donne l’eau à son peuple (Ex 17, 3-7) 

Lecture du livre de l’Exode

Les fils d »Israël campaient dans le désert à Rephidim, et le peuple avait soif. Ils récriminèrent contre Moïse : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Etait-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? »
Moïse cria vers le Seigneur : « Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! »
Le Seigneur dit à Moïse : « Passe devant eux, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va !
Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ! »
Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d’Israël.
Il donna à ce lieu le nom de Massa (c’est-à-dire : Défi) et Mériba (c’est-à-dire : Accusation), parce que les fils d’Israël avaient accusé le Seigneur, et parce qu’ils l’avaient mis au défi, en disant : « Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n’y est-il pas ? »

Psaume : Ps 94, 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9 

R/ Aujourd’hui, ne fermons pas notre coeur, mais écoutons la voix du Seigneur !

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits. 
Oui, il est notre Dieu ; 
nous sommes le peuple qu’il conduit.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre coeur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

2ème lecture : L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs (Rm 5, 1-2.5-8) 

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères,
Dieu a fait de nous des justes par la foi ; nous sommes ainsi en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a donné, par la foi, l’accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis ; et notre orgueil à nous, c’est d’espérer avoir part à la gloire de Dieu.
Et l’espérance ne trompe pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables que nous étions.
- Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien.
Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs.

Evangile : La Samaritaine et le don de l’eau vive (Jn 4, 5-42 [lecture brève: 4, 5-15.19b-26.39a.40-42])

 

Acclamation : Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Le Sauveur du monde, Seigneur, c’est toi ! Donne-nous de l’eau vive, et nous n’aurons plus soif. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Jn 4, 42.15)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus arrivait à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était assis là, au bord du puits. Il était environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau.
Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
(En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.)
La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.)
Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l’eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ;
mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari : là, tu dis vrai. »
La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l’adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.
Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis. »
Là-dessus, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que demandes-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :
« Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? »
Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus.

Pendant ce temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. »
Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »
Les disciples se demandaient : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son oeuvre.
Ne dites-vous pas : ‘Encore quatre mois et ce sera la moisson’ ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson.
Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur.
Il est bien vrai, le proverbe : ‘L’un sème, l’autre moissonne.’
Je vous ai envoyés moissonner là où vous n’avez pas pris de peine, d’autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux. »

Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »
Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l’avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »
Patrick Braud 

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