L’oecuménisme du sang
L’œcuménisme du sang
Homélie pour le 33° Dimanche du temps ordinaire / Année C
16/11/25
Cf. également :
Répliquer aux bourreaux
Il n’en restera pas pierre sur pierre
Nourriture contre travail ?
« Même pas peur »…
La « réserve eschatologique »
Ordinaire ou mortelle, la persécution
Conjuguer le bonheur au présent
Conjuguer le « oui » et le « non » de Dieu à notre monde
L’effet saumon
1. Les martyrs du XXI° siècle

Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025
https://www.portesouvertes.fr/persecution-des-chretiens
Période d’étude de l’Index 2025 : du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024
Voilà une carte dramatiquement impressionnante. L’association Portes ouvertes recense depuis des années les nombreuses persécutions dont sont victimes les chrétiens de par le monde. On constate sans surprise que les pays dangereux pour la foi chrétienne sont les pays communistes (Corée-du-Nord, Chine), islamistes (Somalie, Yémen, Pakistan, Libye…), hindous (Inde) ou bouddhistes (Myanmar). Sur une année, Portes ouvertes a recensé 4476 chrétiens tués en raison de leur identité religieuse.
Le Christ ne s’était pas trompé lorsqu’il annonçait ce dimanche à ses disciples q
ue le suivre ne serait pas une partie de plaisir (Lc 21,5-19) : « On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. […] Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom ».
Depuis Tertullien, nous avons bien que « le sang des martyrs est semence de chrétiens », mais quand même… Le prix à payer pour oser professer notre foi, librement et publiquement, est très lourd.
« Entouré de cette immense nuée de témoins » (He 12,1), nous sommes appelés ce dimanche à retrouver la dimension confessante de notre foi, avec tous les risques que cela peut nous faire encourir.
Le pape François a salué le témoignage courageux des 21 chrétiens coptes orthodoxes tués par l’ISIS en 2015, les qualifiant de « saints de tous les chrétiens ».
2. L’œcuménisme du sang
Pourtant, les martyrs qui aujourd’hui encore préfèrent mourir plutôt que de renier leur foi nous rendent un précieux service : ils nous encouragent à résister au mal, ils anticipent une réconciliation des Églises dans l’eucharistie la plus vraie et la plus commune à tous les baptisés, le sang versé, la vie offerte, par amour de la vérité.
Le pape Léon XIV a célébré ce qu’il appelle l’œcuménisme du sang en réunissant le dimanche 14/09/25 – jour de la fête de la Croix glorieuse – dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs de Rome des représentants de 24 Églises, (orthodoxes, coptes, luthériens, méthodistes, baptistes etc.) pour une prière commune.
« Aujourd’hui encore, a-t-il dit, de nombreux frères et sœurs, à cause de leur témoignage de foi dans des situations difficiles et hostiles, portent la même croix du Seigneur : comme Lui, ils sont persécutés, condamnés, tués. (…) Oui, leur espérance est désarmée. Ils ont témoigné de leur foi sans jamais recourir à la force ni à la violence, mais en embrassant la faible et douce force de l’Évangile ».
« Comme nous l’avons reconnu lors du récent Synode [sur la synodalité, dont la dernière assemblée s’est réunie en octobre 2024], l’œcuménisme du sang unit les chrétiens de différentes appartenances qui donnent ensemble leur vie pour la foi en Jésus-Christ. Le témoignage de leur martyre est plus éloquent que toute parole : l’unité vient de la Croix du Seigneur ».
C’est en réalité une intuition très ancienne. Cette expression d’« œcuménisme du sang » avait été popularisée par le pape François, qui l’avait appliquée aux 21 Coptes exécutés par Daesh en Libye en 2015. « C’est la première fois que des martyrs appartenant à une autre Église non en communion avec Rome sont inscrits dans le martyrologe romain », rappelle une source vaticane. Mais l’intuition remonte plus loin : Paul VI, en 1964, avait déjà évoqué l’unité scellée par le sang des martyrs ougandais, anglicans et catholiques, tués ensemble en 1886. Le décret conciliaire Unitatis Redintegratio parlait lui aussi du « sang d’autres Églises » comme d’un ferment d’unité. Et Jean-Paul II avait réuni lors du Grand jubilé de l’an 2000, au Colisée, une commémoration des martyrs du XXᵉ siècle, victimes du nazisme et du communisme.
« Il est nécessaire que les catholiques reconnaissent avec joie et apprécient les valeurs réellement chrétiennes qui ont leur source au commun patrimoine et qui se trouvent chez nos frères séparés. Il est juste et salutaire de reconnaître les richesses du Christ et sa puissance agissante dans la vie de ceux qui témoignent pour le Christ parfois jusqu’à l’effusion du sang car, Dieu est toujours admirable et doit être admiré dans ses œuvres » (Unitatis Redintegratio n°5).
Le XX° siècle n’est-il pas un temps de grand témoignage, qui va « jusqu’à l’effusion du sang » ? Ce témoignage ne concerne-t-il pas aussi les différentes Églises et Communautés ecclésiales, qui tirent leur nom du Christ, crucifié et ressuscité ? Ce témoignage commun de sainteté, comme fidélité à l’unique Seigneur, est un potentiel œcuménique extraordinairement riche de grâce » (Ut Unum Sint n°47)
« Selon un point de vue théocentrique, nous avons déjà, nous chrétiens, un Martyrologe commun. Il comprend aussi les martyrs de notre siècle, plus nombreux qu’on ne pourrait le penser, et il montre, en profondeur, que Dieu entretient chez les baptisés la communion dans l’exigence suprême de la foi, manifestée par le sacrifice de la vie. Si l’on peut mourir pour la foi, cela prouve que l’on peut arriver au but lorsqu’il s’agit d’autres formes de la même exigence. J’ai déjà constaté, avec joie, que la communion est maintenue, imparfaite mais réelle, et qu’elle grandit à divers niveaux de la vie ecclésiale. J’estime qu’elle est déjà parfaite en ce que nous considérons tous comme le sommet de la vie de grâce, la martyria jusqu’à la mort, la communion la plus vraie avec le Christ qui répand son sang et qui, dans ce sacrifice, rend proches ceux qui jadis étaient loin (cf. Ep 2,13). Si, pour toutes les Communautés chrétiennes, les martyrs sont la preuve de la puissance de la grâce, ils ne sont toutefois pas les seuls à témoigner de cette puissance » (Ut Unum Sint n°84).

La Bible TOB – Traduction œcuménique de la Bible
Dans la foulée du concile Vatican II, nous avons vu plusieurs dimensions de l’œcuménisme se déployer rapidement, en un demi-siècle : l’œcuménisme biblique (la traduction œcuménique de la Bible = la TOB), l’œcuménisme théologique (les accords sur la justification par la foi, les propositions du groupe des Dombes etc.), l’œcuménisme sacramentel (reconnaissance d’un seul baptême, le BEM etc.), l’œcuménisme de charité (Paul VI et Athénagoras, levée des excommunications mutuelles, diaconie en commun etc.), l’œcuménisme de prière (les groupes charismatiques) etc.
Depuis le début de ce siècle, toutes ces avancées œcuméniques semblent marquer le pas. Il n’y a plus d’accords majeurs en vue ; l’exercice du ministère pétrinien ne semble pas bouger ; la guerre en Ukraine divise les Églises ; l’attitude à adopter envers les LGBT également etc. Alors, il nous est bon de reprendre conscience de cet œcuménisme du sang qui ne cesse d’irriguer nos Églises depuis les premières persécutions romaines.
Rappelez-vous : la véritable eucharistie est de s’offrir soi-même, par amour. C’est ce que signifient les reliques des martyrs placées dans les autels consacrés : communier au corps et au sang du Christ, c’est recevoir de lui la force et le courage de livrer notre corps et de verser notre sang, par lui, avec lui et en lui.
L’œcuménisme du sang est le témoignage commun que nous assumons à la face des peuples : quelques soient nos différences – voire nos divergences – entre confessions chrétiennes, ce qui nous unit dans le sacrifice ultime est plus grand que ce qui nous sépare encore.
Sommes-nous conscients en France que le témoignage (martyria = martyr en grec) rendu au Christ peut, sinon nous exposer à la mort, du moins nous attirer beaucoup d’ennuis ?
3. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang
Lorsque les chrétiens d’un pays ne gênent plus, lorsqu’ils se fondent dans la masse, lorsqu’ils oublient d’être le sel de la
société, lorsqu’ils se conforment à tout ce qui se pratique autour d’eux, c’est alors qu’ils sont en grand danger ! La sagesse populaire ne dit-elle pas que seuls les poissons morts descendent le courant ? Ou bien que celui qui épouse son temps se retrouve très vite veuf ?
Le martyre chez nous sera rarement l’assassinat (Père Hamel), mais plutôt la disqualification, la mise à l’écart, la dérision à cause de nos convictions. La persécution ne passera pas par la prison (quoique…) mais plutôt par les accusations d’être trop réactionnaires ou trop révolutionnaires, trop décalés, pas en phase avec les grandes évolutions sociétales majoritaires.
Prenez par exemple le débat autour de l’avortement : il est difficile – voire impensable – de faire entendre dans les médias une autre voix que la doctrine officielle, selon laquelle l’IVG serait un progrès majeur de l’Occident, un Droit de l’homme, désormais gravé dans le marbre de la Constitution. Et malheur à qui oserait contester ! Il serait taxé de fasciste, d’obscurantiste, de machiste, de rétrograde, et son propos sera criminalisé.
Pourtant, comment nous taire [1] ?
Au nom de la raison tout d’abord : il y a désormais 1 naissance sur 4 qui n’aboutit pas en France. Le pays compte désormais plus de décès que de naissances chaque année. Mais cela n’inquiète personne. Le taux d’IVG par naissance est de 0,33 ; une femme sur deux en moyenne pratiquera un IVG au cours de sa vie. Comment ne pas s’alarmer ? Et comment justifier rationnellement que le délai légal pour l’IVG soit si différent en Europe d’un pays à l’autre : 10 semaines au Portugal, 16 en France, 24 aux Pays-Bas ? ! Éliminer un fœtus de 10 semaines de grossesse serait-il plus éthique qu’à 24 semaines ? Car il est impossible de dater l’apparition de l’humain dans le développement de l’embryon. Le seuil qui autorise l’IVG avant et l’interdit après est purement politique. Et il y a encore bien d’autres problématiques à développer dans ce débat (démographiques, économiques, spirituelles…).
À côté de ces arguments rationnels, les chrétiens témoignent bien sûr de leur conception de la vie telle que la lumière du Christ leur fait comprendre l’aventure humaine.
Si nous n’avons plus le courage de résister à « la culture de mort » (Jean-Paul II), la culture majoritaire banalisant l’IVG ou la glorifiant, nous devenons des déserteurs préférant notre tranquillité à nos convictions.
Relisez la Lettre à Diognète (II° siècle) : le témoignage des premiers chrétiens – qui ne voulaient pas le chaos – était d’abord éthique. Ils se conforment le plus souvent aux usages établis. Mais « ils placent sous les yeux de tous l’étonnant spectacle de leur vie toute angélique et à peine croyable.
Ils habitent leur cités comme étrangers, ils prennent part à tout comme citoyens, ils souffrent tout comme voyageurs. Pour eux, toute région étrangère est une patrie, et toute patrie ici-bas est une région étrangère. Comme les autres, ils se marient, comme les autres, ils ont des enfants, seulement ils ne les abandonnent pas. Ils ont tous une même table, mais pas le même lit. Ils vivent dans la chair et non selon la chair. Ils habitent la terre et leur conversation est dans le ciel. Soumis aux lois établies, ils sont par leurs vies, supérieurs à ces lois. Ils aiment tous les hommes et tous les hommes les persécutent. Sans les connaître, on les condamne. Mis à mort, ils naissent à la vie. Pauvres, ils font des riches. Manquant de tout, ils surabondent. L’opprobre dont on les couvre devient pour eux une source de gloire ; la calomnie qui les déchire dévoile leur innocence. La bouche qui les outrage se voit forcée de les bénir, les injures appellent ensuite les éloges. Irréprochables, ils sont punis comme criminels et au milieu des tourments ils sont dans la joie comme des hommes qui vont à la vie. Les Juifs les regardent comme des étrangers et leur font la guerre. Les Grecs les persécutent, mais ces ennemis si acharnés ne pourraient dire la cause de leur haine ».
Le second témoignage qu’ils rendaient devant tous était liturgique : ils refusaient d’adorer l’empereur, ils dénonçaient toute idolâtrie et préféraient être livrés aux fauves de l’arène plutôt que de faire semblant d’honorer César comme un dieu.
Voilà la double résistance qui est attendue de nous : éthique, théologique.
Si nous cédons sur les exigences qu’implique notre foi, nous serons foulés aux pieds comme le sel devenu sans saveur…
Notre dénonciation de l’IVG nous classera à droite pour certains. Notre défense de l’étranger à gauche pour d’autres. De même pour notre contestation de l’idolâtrie des puissances d’argent, ou le refus de la marchandisation du corps humain (GPA, prostitution), ou la promotion de la paix plutôt que de la guerre, ou la critique des théories du genre etc.
Peu importe les étiquettes qu’ils nous colleront !
L’essentiel est de témoigner fidèlement, jusqu’au bout, dans le respect et le service de tous, en aimant nos ennemis quoi qu’il arrive. Comme l’écrivait l’auteur de la lettre aux hébreux : « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché » (He 12,4).
4. Remonter à la source, comme les saumons
La métaphore la plus parlante au sujet de cette posture chrétienne à contre-courant de beaucoup d’opinions majoritaires est sans doute celle des saumons.
Vous avez sûrement déjà vu ces images magnifiques de saumons argentés quittant le vivier de l’océan pour remonter les fleuves et rivières, jaillissant hors de l’eau, survolant les barrages, les roches et autres obstacles naturels, bravant les griffes des ours dans lesquels beaucoup vont finir. Ils retournent chez eux (homing), à la source, là où ils sont nés, pour à leur tour donner la vie. C’est un vrai travail, épuisant, dangereux, que de remonter ainsi le courant sur des kilomètres. Beaucoup mourront épuisés avant la fin, ou happés par un grizzli, ou échoués sur un rocher.
Mais aller en sens inverse du flux est un impératif porteur de vie.
Les baptisés sont ces saumons d’eau vive !
On se souvient que le symbole de poissons les désigne sur les murs de catacombes des trois premiers siècles (ICTUS). Ces poissons-baptisés « ne se modèlent pas sur le monde présent » (Rm 12,2) et entreprennent comme les saumons leur homing, leur remontée à la source. La source, c’est l’Écriture, la prière, la Tradition vivante, qui leur permet de ne pas épouser l’air du temps, d’oser être différents, quitte à être minoritaires.
Nous ne sommes pas des prophètes de malheur, toujours insatisfaits. Nous sommes les témoins d’un monde nouveau qui ne demande qu’à faire irruption dans notre présent.
Les saumons qui remontent à la source témoignent tranquillement que le don et la gratuité ont toute leur place dans une économie de marché ouverte ; que le respect de la vie humaine dès sa conception est une bénédiction pour tous ; que l’espérance dans un au-delà de la mort ré-ordonne les vraies priorités d’une existence etc.
« Résiste. Suis ton cœur qui insiste. Ce monde n’est pas le tien, viens, bats-toi, insiste et persiste. Résiste ! », chantait autrefois France Gall sur les paroles de Michel Berger.
En pratiquant leur homing à la manière des saumons, les baptisés retrouvent le courage de cette résistance à tous les conformismes d’aujourd’hui.
Alors, foin des feuilles mortes flottant dans l’air du temps et autres poissons morts dérivant au gré du courant, faisons notre homing out : osons « ne pas nous modeler sur le monde présent », au nom de notre espérance.
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[1] Cf. http://lhomeliedudimanche.unblog.fr/2025/01/17/ivg-les-50-ans-de-la-loi-veil/ et
http://lhomeliedudimanche.unblog.fr/2024/03/04/1-ivg-pour-3-naissances-en-france/
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Pour vous, le Soleil de justice se lèvera » (Ml 3, 19-20a)
Lecture du livre du prophète Malachie
Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme la fournaise. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera, – dit le Seigneur de l’univers –, il ne leur laissera ni racine ni branche. Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement.
PSAUME
(Ps 97 (98), 5-6, 7-8, 9)
R/ Il vient, le Seigneur, gouverner les peuples avec droiture. (cf. Ps 97, 9)
Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments ;
au son de la trompette et du cor, acclamez votre roi, le Seigneur !
Que résonnent la mer et sa richesse, le monde et tous ses habitants ;
que les fleuves battent des mains, que les montagnes chantent leur joie.
Acclamez le Seigneur, car il vient pour gouverner la terre,
pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture !
DEUXIÈME LECTURE
« Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » (2 Th 3, 7-12)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Frères, vous savez bien, vous, ce qu’il faut faire pour nous imiter. Nous n’avons pas vécu parmi vous de façon désordonnée ; et le pain que nous avons mangé, nous ne l’avons pas reçu gratuitement. Au contraire, dans la peine et la fatigue, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous. Bien sûr, nous avons le droit d’être à charge, mais nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter. Et quand nous étions chez vous, nous vous donnions cet ordre : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné.
ÉVANGILE
« C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie » (Lc 21, 5-19)
Alléluia. Alléluia. Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Alléluia. (Lc 21, 28)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ». Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin ». Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel.
Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie ».
Patrick BRAUD

























Cette interprétation de la Passion du Christ comme tragédie du mépris aurait dû vacciner les premiers chrétiens contre un tel ressentiment. Hélas, dès les communautés de Jérusalem et de Rome, Paul est témoin que les baptisés sont capables de se mépriser mutuellement. Ceux par exemple qui observaient les interdits alimentaires de la cacherout juive avaient tendance à juger sévèrement ceux qui ne le faisaient pas. Paul intervient vigoureusement pour stopper ce mépris des « bienfaisants » : 

