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26 janvier 2025

Syméon l’anti-bernique

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Syméon l’anti-bernique

 

Homélie pour la fête de la Présentation du Seigneur au Temple / Année C
02/02/25


Cf. également :

Chandeleur : les relevailles de Marie

Chandeleur et Vie Religieuse : vos Vœux nous Intéressent

Quand le corps tombe en ruines 

 

1. Nunc dimittis

Syméon l’anti-bernique dans Communauté spirituelle Nunc-Dimittis-Musique-de-la-Collection-DubenUn journaliste raconte que Jean-Marie Le Pen – bête de scène à son époque – était un jour invité à une émission politique, style l’Heure de vérité ou autre. À la fin, l’intervieweur lui pose la question : ‘Que diriez-vous si un jour c’était votre fille et non vous-même qui était élue Présidente de la République ?’ Le vieux lion au verbe acéré répondit : « Nunc dimittis ». Silence embarrassé du journaliste, qui attendait dans son oreillette l’explication de ces mots inconnus, car sa culture latine devait être aussi faible que sa culture biblique…
Rassurez-vous : je ne partage ni les idées ni la stratégie de feu Jean-Marie Le Pen, mais avouez que sa réplique avait du panache ! « Nunc dimittis » : c’est bien sûr le début en latin du cantique de Syméon de notre Évangile de la Présentation (Lc 2,22-40), que les moines et moniales chantent tous les soirs à l’office de Complies :

« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. 

(Nunc dimittis servum tuum, Domine, secundum verbum tuum in pace).

Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

 

La version sécularisée cet hymne peut convenir à beaucoup de situations : ici au vieux leader qui cède la place à sa fille, là aux champions sportifs qui comme Nadal ou Federer savent raccrocher leur raquette au sommet de leur gloire, ou encore lorsqu’un chef d’entreprise familiale sait vendre son bébé à temps et s’en détacher, ou lorsque comme Syméon l’on pressent que le but d’une vie est désormais atteint. Cet art de l’effacement de soi une fois l’objectif réalisé fait évidemment penser à l’attitude de Jean-Baptiste qui au Jourdain s’efface derrière la valeur montante qu’est son cousin  : « Il faut qu’il croisse et que je diminue » (Jn 3,30). Dans les deux cas, toucher à la plénitude est source de détachement et de dépossession. Au lieu de se cramponner à un poste de pouvoir comme font les politiques une fois élus – jusqu’à atteindre des âges déraisonnables – Syméon et Jean-Baptiste laissent la course se poursuivre sans eux. Ils ont fait leur part du travail. Ils peuvent décrocher en paix.

 

Âge des dirigeants en févirer 2024

Âge des dirigeants en février 2024

 bernique dans Communauté spirituelleAvec les années, comment ne pas se sentir concerné tôt ou tard par ce courageux lâcher-prise ? Que ce soit pour laisser ses enfants continuer leur trajectoire sans vous, pour remettre à d’autres la responsabilité de ce que vous avez bâti, pour susciter des vocations nouvelles au lieu d’être l’indéboulonnable, l’indispensable, vous ferez tôt ou tard cette expérience : il est temps pour moi de partir en vous transmettant les clés. Ne pas consentir à cet effacement, c’est préférer la reconnaissance sociale à l’efficacité, c’est instrumentaliser les responsabilités pour sa propre gloire au lieu de servir, c’est compromettre l’avenir de ceux qui viendront après…

 

C’est si commun ! Ces gens me font penser aux « chapeaux chinois » (les berniques), ces coquillages que nous récoltions enfants sur les rochers des plages de Bretagne : il fallait un bon couteau et pas mal de patience et de force pour les détacher de leur rocher auquel ils étaient collés de toute la puissance de leur muscle-ventouse. « Comme une bernique à son rocher » est devenue une expression populaire désignant l’attitude des personnes-sangsues qui restent scotchées à leurs galons, à leur poste en entreprise ou association, voire à leur partenaire, tant et si bien qu’on n’arrive jamais à les décoller !

 

Syméon est l’anti-bernique par excellence !

Célébrer la Présentation au Temple ce dimanche nous invite à puiser en nous cette liberté spirituelle : savoir discerner quand c’est le moment de raccrocher et comment le faire avec panache. Sacré enjeu !

 

2. J’ai achevé ma course

b24af3b58b4686b1e9731305b4df4caa suicideJe me souviens de ma grand-mère, à plus de 80 ans (dans les années 60, on était un vieillard à ces âges-là !), Veuve depuis longtemps, elle me confiait tristement : ‘Le bon Dieu m’a oublié. Je connais plus de monde là-haut qu’ici-bas. J’ai terminé mon tour de piste maintenant et je ne sais pas ce que je fais encore là. Je prie Dieu chaque jour de venir me chercher’. Ce discours me faisait pleurer à chaque fois dans ses bras, mais instinctivement je ne cherchais pas à la contredire, ni à la dissuader de prier pour partir. Car au fond, une fois qu’on a accompli 99 % du programme initial, il ne reste plus grand-chose. Je trouvais qu’elle n’avait pas tort finalement de se languir en trouvant le temps bien long. Et pour les croyants, la perspective d’aller rejoindre la famille des aimés de l’au-delà vaut mieux que la longue et solitaire attente au bout du couloir…

 

Avec de tels raisonnements, je ne suis pas loin du plaidoyer pour le suicide assisté ! Vient un moment où quelqu’un peut discerner qu’il est temps pour lui de partir. Syméon nous pousse à y réfléchir : désirer mourir non pas pour éviter la souffrance, la douleur insupportable - car ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans le texte de Luc - mais mourir… de plénitude ! Quand on se dit à soi-même : ‘J’ai fait l’essentiel. Maintenant, tout le reste n’est plus que prolongations’, c’est qu’on a vraiment envie de rentrer aux vestiaires…

N’allez pas trop vite crier au scandale ! Souvenez-vous que Paul lui-même confiait ressentir cette envie de mourir à l’approche du martyre de Rome vers lequel il voyageait, inexorablement : « Moi, en effet, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » (2Tm 4,6-7). Et : « Je me sens pris entre les deux : je désire partir pour être avec le Christ, car c’est bien préférable ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire » (Ph 1,23-24).

« J’ai achevé ma course » : c’est ce que cherchait à me dire ma grand-mère. C’est ce que cherchent à nous dire – pour qu’on les respecte dans cette volonté – les milliers de gens qui ont recours chaque année à cette procédure là où elle a été légalisée sous strictes conditions (Suisse, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Canada, Espagne, Australie, Autriche, quelques états des USA etc.).

 

StatsSuicideAssisteSuisse Syméon

 

Précisons tout de suite que Syméon ne cherche pas à mourir, mais se déclare prêt à accueillir la mort maintenant qu’il a vu le Messie. On ne peut donc pas tordre le texte de son cantique pour le transformer en plaidoyer pour le suicide assisté ! Surtout que la plupart des demandes ont pour but d’éliminer la souffrance, alors que Syméon est au contraire dans la plénitude de la joie maintenant que sa mission est accomplie. 

Reste que l’envie de mourir n’est pas illégitime pour Syméon ou Paul, une fois l’essentiel de leur mission achevé. C’est ce qu’exprime l’expression populaire (imaginée par Goethe semble-t-il) : « Voir Naples et mourir » (en italien : ‘Vedi Napoli e poi muori’ ; littéralement : ‘Vois Naples et puis meurs’). Elle est couramment employée par les Napolitains, si imprégnés de la beauté envoûtante de leur ville qu’ils estiment allégoriquement qu’après une telle émotion, la vie n’a plus de sens. Du haut de ses 2700 ans d’existence, la ville mérite bien un tel engouement par l’unique diversité, la concentration et la richesse de son patrimoine historique, architectural, culturel, artistique, musical, gastronomique, sociologique, balnéaire et la douceur de son climat.

Il y a quelques moments comme celui-là devant la baie de Naples où l’on peut dire : « Maintenant, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix… »

 

Les bonnes âmes charitables vont protester en multipliant les lotos et les ateliers de gymnastique douce dans les EHPAD pour enthousiasmer les résidents languissants… Mais rien n’y fait. Certains deviennent imperméables aux promesses d’un mieux-être à leur âge : « Ma vie est derrière moi ». Et qui pourrait les convaincre du contraire ? Bien sûr, il y a toujours, jusqu’au bout, de vrais moments de joie, d’amitié et de fraternité à partager. Ceux qui visitent régulièrement les personnes âgées solitaires, à domicile ou en institution, le savent pourtant bien : quelques éclairs d’amitié ou de plaisir partagé ne lavent pas la grisaille quotidienne qui se dépose jour après jour, jusqu’à tout recouvrir. Alors, on attend la fin, et on en vient à la souhaiter.

 

L’opposition de l’Église catholique au suicide assisté est bien connue : la vie est sacrée, nul n’a le droit d’en disposer, même pour soi-même (« Tu ne tueras pas »), seule la fin dite ‘naturelle’ est légitime (Catéchisme de l’Église catholique, nos 2280–2283). Et l’Église catholique est très vigilante – à raison – sur les dérives possibles d’une légalisation du suicide assisté, notamment pour les personnes vulnérables (âgées, handicapées). Le catéchisme reconnaît quand même la « proportionnalité des soins » et le refus de « l’acharnement thérapeutique ».« On ne veut pas ainsi donner la mort ; on accepte de ne pas pouvoir l’empêcher » (n. 2278). Évoquant la question de la souffrance, le Catéchisme assure que « l’usage des analgésiques pour alléger les souffrances du moribond, même au risque d’abréger ses jours, peut être moralement conforme à la dignité humaine si la mort n’est pas voulue, ni comme fin ni comme moyen, mais seulement prévue et tolérée comme inévitable » (n. 2279). La doctrine catholique assure par ailleurs que « les soins palliatifs constituent une forme privilégiée de la charité désintéressée ». À ce titre, ils sont « encouragés ». 

Mais la position sur le suicide assisté est sans nuance : « la coopération volontaire au suicide est contraire à la loi morale »…

En contrepoint, on a déjà étudié les récits de suicide dans la Bible (cf. Quand le corps tombe en ruines), où les rédacteurs ne prennent pas position pour ou contre, ce qui laisse la question ouverte.

 

En France, la dissolution malheureuse de juin 2024 a reporté le débat en cours préparant un vote d’une loi sur la fin de vie. Dans une interview du 10/03/2024 à La Croix &  Libération, Emmanuel Macron précisait les conditions d’accès prévues pour l’aide à mourir :

642695439d9f8_080-hl-mgruss-1915845- E.M. : Cet accompagnement sera réservé aux personnes majeures, comme la Convention citoyenne l’avait recommandé. Deuxième condition : les personnes devront être capables d’un discernement plein et entier, ce qui signifie que l’on exclut de cette aide à mourir les patients atteints de maladies psychiatriques ou de maladies neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme Alzheimer. Ensuite, il faut avoir une maladie incurable et un pronostic vital engagé à court ou à moyen terme. Enfin, le quatrième critère est celui de souffrances – physiques ou psychologiques, les deux vont souvent ensemble – réfractaires, c’est-à-dire que l’on ne peut pas soulager. Si tous ces critères sont réunis, s’ouvre alors la possibilité pour la personne de demander à pouvoir être aidée afin de mourir. Ensuite, il revient à une équipe médicale de décider, collégialement et en transparence, quelle suite elle donne à cette demande.

 

- La Croix & Libération : Vous excluez le terme de suicide assisté, mais si l’équipe médicale accède à la demande, ce sera bien au patient d’effectuer le geste final, le geste létal ?

 

- E.M. : Je vais vous lire ce qui est écrit dans le projet de loi. « L’administration de la substance létale est effectuée par la personne elle-même ou, lorsque celle-ci n’est pas en mesure d’y procéder physiquement, à sa demande, soit par une personne volontaire qu’elle désigne lorsque aucune contrainte d’ordre technique n’y fait obstacle, soit par le médecin ou l’infirmier qui l’accompagne ».

 

Que vous soyez ou non d’accord avec la possibilité du suicide assisté, il faut vous y préparer, comme phénomène de société. C’est la responsabilité des chrétiens que de réfléchir aux questions que cela pose, et d’accompagner – sans condamner, même s’il faut poser des repères – ceux qui voudraient s’y engager.

Sommes-nous prêts ?

 

« J’ai achevé ma course » : viendra un moment où nous pourrons faire nôtre cette plénitude qui nous libère du devoir d’être là.

« Nunc dimittis » : plusieurs fois dans notre existence, nous aurons l’occasion de nous détacher, de laisser les autres aller plus loin sans nous.

Allons-nous nous accrocher, telle la bernique sur son rocher, où allons-nous avec pleine confiance consentir à nous effacer ?

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez » (Ml 3, 1-4)

Lecture du livre du prophète Malachie
Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi ; et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient – dit le Seigneur de l’univers. Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? Qui pourra rester debout lorsqu’il se montrera ? Car il est pareil au feu du fondeur, pareil à la lessive des blanchisseurs. Il s’installera pour fondre et purifier : il purifiera les fils de Lévi, il les affinera comme l’or et l’argent ; ainsi pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice. Alors, l’offrande de Juda et de Jérusalem sera bien accueillie du Seigneur, comme il en fut aux jours anciens, dans les années d’autrefois. Parole du Seigneur.

Psaume
(Ps 23 (24), 7, 8, 9, 10)

R/ C’est le Seigneur, Dieu de l’univers ; c’est lui, le roi de gloire. (Ps 23, 10bc)

Portes, levez vos frontons,
élevez-vous, portes éternelles :
qu’il entre, le roi de gloire !

Qui est ce roi de gloire ?
C’est le Seigneur, le fort, le vaillant,
le Seigneur, le vaillant des combats.

Portes, levez vos frontons,
levez-les, portes éternelles :
qu’il entre, le roi de gloire !

Qui donc est ce roi de gloire ?
C’est le Seigneur, Dieu de l’univers ;
c’est lui, le roi de gloire.

Deuxième lecture
« Il lui fallait se rendre en tout semblable à ses frères » (He 2, 14-18)

Lecture de la lettre aux Hébreux
Puisque les enfants des hommes ont en commun le sang et la chair, Jésus a partagé, lui aussi, pareille condition : ainsi, par sa mort, il a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable,     et il a rendu libres tous ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves.     Car ceux qu’il prend en charge, ce ne sont pas les anges, c’est la descendance d’Abraham.     Il lui fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères, pour devenir un grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu, afin d’enlever les péchés du peuple.     Et parce qu’il a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion, il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve.

Parole du Seigneur.

Évangile
« Mes yeux ont vu ton salut » (Lc 2, 22-40)
Alléluia. Alléluia. Lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. Alléluia. (Lc 2, 32)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.

Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de 84 ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Patrick BRAUD

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19 janvier 2025

Pleurer de joie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Pleurer de joie

 

Homélie pour le 3° Dimanche du Temps ordinaire / Année C
26/01/25


Cf. également :

Fixer les yeux sur le Christ
Faire corps
Saules pleureurs
L’Aujourd’hui de Dieu dans nos vies
L’événement sera notre maître intérieur
Accomplir, pas abolir

 

1. La dernière fois, c’était quand ?

Pleurer de joie dans Communauté spirituelleSeptembre dernier : je découvre la ville de Split, station balnéaire le long de la côte bulgare de la mer Noire. Détour obligé par le petit musée local, sans intérêt à vrai dire. Tout en passant rapidement devant les maigres tableaux disséminés çà et là, je perçois les lourdes vibrations d’un violoncelle descendant du troisième étage. Il n’est pas seul : un violon lui tient tête parfois, alors qu’un piano se déchaîne en toile de fond. Curieux, je monte jusqu’à une grande salle où seuls trois jeunes instrumentistes répètent une œuvre  inconnue qui m’ensorcelle aussitôt. Sans les déranger, je m’assois et les écoute, les contemple, dans leur répétition difficile. Deux heures après, ils jouent l’ensemble de ce que je saurai ensuite être le Trio opus 4 de Vladigerov, compositeur bulgare contemporain. L’œuvre est âpre, rugueuse, violente, parsemée d’éclairs et d’éclaircies, à mi-chemin entre Mahler et Chostakovitch. Fasciné, je me surprends à essuyer de mes paupières des larmes qui n’étaient pas invitées… Ce trio était si beau, si intense que j’en pleurais de joie sans le savoir depuis de longues minutes ! Je suis redescendu de cette « générale » bouleversé, dans un état de désordre intérieur, les yeux lavés par cette rosée musicale incontrôlée. J’avais rencontré une musique qui me disait qui je suis, et cette coïncidence de soi à soi s’opérait dans des larmes éblouies…

 

Et vous, c’était quand la dernière fois que vous avez pleuré de joie ?

Si vous avez du mal à vous le raconter, inquiétez-vous…

C’est peut-être aussi simple que l’émotion heureuse d’un bon ami – fort gaillard barbu de  près de 2m de haut – voyant son fils tenir sa petite-fille juste née dans ses bras. Il a craqué, me disait-il, avec le doux plaisir du sportif recevant sa médaille d’or.

C’est peut-être une lecture, un paysage, votre conjoint contre vous …

C’était quand la dernière fois que vous avez pleuré de joie ?

 

2. Aimer la Torah à en pleurer

 charisme dans Communauté spirituelleDans notre première lecture (Ne 8,2–10), les juifs de retour d’exil à Babylone vivent une expérience semblable dans le Temple de Jérusalem. Le scribe et grand prêtre Esdras y avaient retrouvé un exemplaire de la Torah, miraculeusement rescapé des flammes et de la destruction des Perses. Il en fait une lecture publique (avec traduction car c’était en hébreu, qu’ils ne parlaient plus depuis leur départ, et explication car le texte n’est rien sans l’interprétation). La réaction du peuple est bouleversante : « Ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi ».

Esdras, habitué aux larmes des exilés faites de tristesse et de douleur, croit que c’est une manifestation de détresse devant ce qu’ils ont manqué depuis tant d’années hors d’Israël. Peut-être se trompe-t-il : le peuple fond de bonheur en touchant de près à nouveau le trésor de sa foi. Il prend conscience de la beauté, la grandeur de ce qui est lu pour lui, et il en pleure de joie ! Il ne prend pas le deuil : au contraire, il se réjouit de sa renaissance ! Aussi met-il en pratique ce qu’Esdras lui demande avant même qu’il le demande : « Ne prenez pas le deuil, mangez et buvez, partagez, ne vous affligez pas, car la joie du Seigneur est votre rempart ».

 

Avez-vous jamais pleuré en écoutant ou en lisant la Bible ? 

Pleuré au point de laisser réellement couler ces perles d’abandon que sont les larmes du peuple écoutant Esdras ?

Vous avez sans doute pleuré devant un paysage à couper le souffle, ou quand une musique vous perce le cœur, ou devant l’être aimé qui vous comble de bonheur… Mais avez-vous souvenir d’une telle émotion à la lecture d’un passage biblique, à l’audition d’une homélie sur des lectures du dimanche, à l’écho qu’une parole de Dieu a suscité en vous ? Si non, priez instamment pour que ce don des larmes vous soit fait avant de mourir ! Celui qui est imperméable à la parole biblique au point de la laisser ruisseler sur lui comme sur les plumes d’un canard sans jamais en être inondé peut-il vraiment en vivre ? Comment un saule pourrait-il s’épanouir s’il n’était plus pleureur grâce à ses racines puisant l’eau du fleuve ?

 

3. Le don de larmes

9782220095011-475x500-1 joieLes siècles précédents faisaient l’éloge de cette capacité à laisser couler ses larmes au lieu de les réprimer ou de les assécher. Les Pères de l’Église, et plus encore les mystiques et les auteurs spirituels du Moyen Âge parlaient de ces larmes comme d’un don de Dieu. Un de ces charismes dont Paul fait la liste dans notre deuxième lecture (1Co 12,12–30). Car c’est l’Esprit Saint lui-même qui vient pleurer en nous lorsque nous nous abandonnons à la contrition, à la tristesse ou à la joie. On peut d’ailleurs légitimement reprocher aux évangélistes d’avoir pudiquement écarté les larmes de joie de leurs écrits. On y voit Marie de Béthanie pleurer en essuyant les pieds de Jésus de ses larmes, ou bien Jésus lui-même pleurer devant Lazare au tombeau, devant Jérusalem, à Gethsémani, mais pas de joie. Les évangélistes se boucheraient-ils le nez devant cette heureuse faiblesse qui fait penser à la danse de David devant l’Arche d’Alliance et la réprobation que cette danse débridée suscita parmi les dignitaires d’Israël ? (2S 6) « Cela ne se fait pas… »

Pourtant, imagine-t-on un Jésus qui n’ait jamais pleuré de joie ? Impossible ! C’est donc la pudeur mal placée de ses apôtres et disciples qui l’ont passé sous silence – comme son rire –  trop suspect au regard de la culture ambiante.

Heureusement, les chrétiens par la suite ont rompu ce silence : ils ne se sont pas privés de pleurer de joie ! Ils pleuraient bien sûr des larmes de tristesse devant le péché lors de leur conversion, de douleur et d’affection devant la détresse des autres, de souffrance  physique et morale etc. Ils pleuraient de joie également.

Guillaume de Saint Thierry (XII° siècle), Hugues de Balma (XIII°), Denys le Chartreux (XV°) etc. : tout le Moyen Âge est irrigué par ce don des larmes, « ravissement », « nouveau baptême », « ablution intérieure », « suavité spirituelle », « torrent de délices », « béatitude de la Présence » … Dans cette opération, les larmes jaillissent pour manifester la joie spirituelle donnée par Dieu.

Comment oublier le bout de papier cousu dans la doublure du manteau de Blaise Pascal afin de garder la trace de son éblouissement intérieur lors de sa conversion : « Père juste, je t’ai connu ! Joie ! Joie ! Joie ! Pleurs de joie ! ».

« L’âme est émue de pleurs de joie. L’esprit conçoit une joie ineffable qui ne peut plus être cachée et qu’aucun mot ne peut exprimer… Il n’est pas dit ‘Heureux le peuple qui dit sa joie’, mais qui la connaît – cette joie qui peut être connue ne peut se dire. Elle est ressentie mais elle est bien au-delà de tout sentiment. La conscience de celui qui la ressent ne suffit pas à la contempler, comment pourrait-elle jamais l’exprimer. Je verrai ta face dans l’allégresse (Jb 33, 26) ».

Grégoire le Grand, Moralia 23, 10

 

Augustin, dont les Confessions sont toutes ruisselantes de larmes, s’interroge : « pourquoi les larmes sont-elles douces aux affligés ? » Et il se souvient que sa conversion si tardive s’est accompagnée de pleurs nombreux et durables :

« À ces hymnes, à ces cantiques célestes, quel torrent de pleurs faisaient jaillir de mon âme violemment remuée les suaves accents de ton Église ! Ils coulaient dans mon oreille, et versaient ta vérité dans mon cœur ; ils soulevaient en moi les plus vifs élans d’amour ; et mes larmes roulaient, larmes délicieuses !

Confessions, Augustin, IX, VI, 14.

Ces larmes de joie annoncent la présence de Dieu. Elles surviennent quand quelque chose dans notre vie apparaît plus grand que nous-même et se voit touché par une transcendance, quand quelque chose de plus grand vient transfigurer l’instant.

 

Il y a au moins quatre situations positives qui peuvent engendrer en nous des larmes de joie :

mouchoirs-ceremonie-laique-800x532 pleurer- Les larmes d’affection

L’amour est l’émotion qui nous fait le plus vibrer. Il est très facile d’éprouver ce sentiment dans lequel tout à coup un mot, un geste, un câlin ou un moment partagé nous excite suffisamment pour nous faire pleurer.

Il en va de même avec la tendresse. Par exemple, quand nous tenons un bébé dans nos bras ou quand notre animal fait quelque chose qui nous semble mignon, une larme de joie peut très facilement s’échapper…

 

- Le frisson du triomphe, les larmes du dépassement

Gagner un match, réussir un examen, décrocher un emploi après un entretien… Des larmes de joie peuvent également surgir dans ces situations où, après un certain temps d’efforts, de rêves et de sacrifices, nous réalisons quelque chose. Le dépassement de soi trouble intensément.

 

- L’inspiration et la beauté

Un lever de soleil en mer… Les vues aériennes d’un cadre naturel d’une beauté à couper le souffle… Voir notre œuvre picturale préférée face à face… Profiter d’une pièce de théâtre qui nous émeut profondément… Aller à un concert du groupe que nous aimons tant… Les larmes de joie se nourrissent également de l’esthétique, du naturel et du culturel.

 

- Le rire partagé

Il y a peu de plaisirs plus satisfaisants que de pleurer de rire avec les gens que l’on aime. Rire à en pleurer, jusqu’à ce que notre ventre nous fasse mal… Pourquoi s’en priver ? C’est un plaisir authentique qui mêle émotions positives et humour : un bonheur authentique.

 

Les larmes sont bien à recevoir comme un cadeau, un don gratuit, non mérité.

Elles sont un cadeau parce qu’elles signifient la présence de quelqu’un. Je pense que l’on ne pleure pas quand on est vraiment seul. Si l’on pleure et qu’on est seul, c’est qu’on pleure devant quelqu’un. Ce quelqu’un peut être Dieu, ce peut être aussi celui auquel on pense et qui s’est absenté ou qui est mort, mais qui est présent sous forme d’absence, si je puis dire. Celui qui est absolument déserté par ses proches ne pleure pas. Nous en avons tous fait l’expérience, quand nous sommes en présence d’une personne de confiance, nous nous mettons à pleurer. Un ami arrive, on se lâche et on se met à pleurer. Les larmes sont donc le signe d’une présence, c’est pourquoi elles sont un cadeau.

 

4. Ouvrir les vannes

Au fond, sait-on jamais pourquoi on pleure ? Il y a bien des larmes qui sont sans raison, des larmes qui, en somme, nous échappent. N’est-ce pas celles-ci, justement, qui ont le plus de sens ? Dans la tradition chrétienne, ces larmes permettent la révélation de ce qu’est l’homme, en vérité, devant Dieu. Elles ne viennent pas de nous : elles nous sont données, gratuitement, par pure grâce.

C’est un exutoire de la peine intérieure, antidote à toutes les sécheresses. Les larmes, « sang des blessures de notre âme » selon Grégoire de Nysse, sont aussi l’eau d’un baptême renouvelé, qui purifie, lave des péchés, lorsqu’elles signent une contrition profonde. Et au bout du chemin, sous la plume du moine Macaire-Syméon, ce sont « des perles précieuses que le flot de ces bienheureuses larmes ».


Le fluide vital que sont les larmes n’est pas seulement un signe de déploration et de lâcher-prise, mais aussi la manifestation d’un réveil de la sensibilité, d’une rupture dans l’anesthésie du cœur.

La langue française a d’ailleurs mille manières de le suggérer avec des expressions comme « pleurer à chaudes larmes », « pleurer comme un enfant », « des larmes dans la voix », « avoir les larmes au bord des yeux », « n’avoir plus d’yeux que pour pleurer », « rire à en pleurer », ou encore cette interjection populaire : « Pleure, ça te fera du bien ».

Mais l’énergie interne des larmes est également une énergie profondément jubilatoire :  

« Pascal ne profère pas la foi au début de sa conversion : il la pleure. 

Seules les larmes possèdent cette intelligence du cœur pour témoigner de l’extase mystique. Elles n’expliquent rien parce qu’elles ne savent rien. Nous ne comprenons pas pourquoi nous pleurons, car nous pleurons quand, précisément, nous cessons de comprendre. Le sens de la vraie larme est de nous surprendre au-delà de nos logiques » [1].


« Bienheureux ceux qui pleurent … »

Pour quoi, pour qui, coulent vos larmes ?

Acceptez-vous d’entendre l’appel du Christ à laisser jaillir de vous de vraies larmes de compassion, de pénitence ou de joie ? 

Consentez-vous à cette « hémorragie lumineuse de l’âme » (JL Charvet), à cette « rosée de l’être » où nous renaissons à l’amour véritable ? 

 

Nous pleurons parfois sans presque nous en rendre compte, au-delà de nos simples sensations. L’âme est comblée d’une si immense tendresse, qu’elle voudrait fondre non de douleur, mais en larmes de joie. Elle s’en trouve baignée sans avoir rien senti, sans savoir quand elle a pleuré, ni comment. Si les larmes sont pour certains les premiers mots de l’enfance, elles ne font pourtant jamais de l’homme qui pleure un enfant : elles le rendent pareil à un enfant. Le langage d’une âme vraiment atteinte fait l’économie de tout discours comme de toute apparition. Car on ne parle pas plus des larmes que du sommeil d’un enfant. Tout juste de son imprécise joie.

 

Pleurer est l’une des expériences les plus bouleversantes qu’il nous soit donné de vivre.

Là, nous lâchons prise, enfin. 

Là, nous consentons à nous-mêmes, vraiment. 

 

Les hypocrites ne savent pas pleurer, sinon des larmes de crocodile. Les orgueilleux se sont entourés de carapaces pour ne pas se laisser atteindre : leur cuirasse fait ricocher les flèches qui pourraient fendre leur invulnérabilité. Or pleurer, c’est justement accepter d’être vulnérable, d’être touché par le malheur ou le bonheur d’autrui, d’établir un lien d’empathie avec l’autre, avec le monde, avec soi-même, avec Dieu.

 

Il y a tant de barrages qui enclosent notre énergie vitale, tant de digues qui peinent à contenir les grandes marées de nos émotions mieux que les moulins à vent hollandais régulent les niveaux d’eau dans les polders immergés !

Celui qui ne pleure jamais est-il vraiment humain ? 

On devine que la dureté du cœur peut empêcher de pleurer. 

On pressent que la sécheresse des yeux peut venir des boucliers et des cuirasses dont quelqu’un a été obligé de se barder dans son histoire pour ne pas trop souffrir. 

Mais Dieu que les larmes font du bien lorsqu’elles coulent par amour ! 

Comme les vannes d’un barrage qu’on libère et dont les eaux deviennent source d’énergie…
Cette énergie est bien celle de l’Esprit Saint : laisser enfin couler hors de soi ce que l’on s’épuisait à accumuler et à contenir sans rien dire, sans rien exprimer…

 

Entre silence et langage coulent nos larmes… 

Elles traversent le corps de l’homme en prière, et plusieurs parmi vous pourraient témoigner de ces instants de grâce où la prière nous fait littéralement fondre en larmes. C’est un bouleversement de tout notre être, qui peut devenir une étape de la vie spirituelle. 

Larmes de joie ou de compassion, elles nous revêtent d’une grâce purificatrice.
Pendant des siècles, des chrétiens ont recherché, désiré, imploré ce don de larmes aujourd’hui un peu oublié. De sainte Monique à sainte Catherine de Sienne, des Pères du Désert des premiers siècles aux effusions de l’Esprit aujourd’hui, c’est la même promesse des Béatitudes qui s’accomplit : « heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés » (Mt 5,5)

C’est un chemin de sainteté.

Refuser de pleurer, ce serait devenir dur comme la pierre, avoir le cœur sec comme un désert (et même le désert contient des sources cachées…). 

Ce serait finalement se haïr soi-même, puisqu’il serait alors impossible de consentir à sa faiblesse.

 

Ce charisme dont Paul serait fier, cette communion du peuple écoutant la Torah dans les larmes, apprenons à les désirer, à les laisser irriguer à nouveau les zones desséchées de nous-même.

Lorsque ce don des larmes nous prend par surprise, lorsqu’il nous déstabilise, réjouissons-nous et laissons faire l’Esprit en nous ! Sans pudeur ni fausse honte : David avait-il honte de danser à demi-nu devant l’Arche d’Alliance ?

Ouvrons les vannes au don des larmes, surtout lorsqu’elles sont de joie…


_______________________________

[1]. Jean-Louis CHARVET, L’éloquence des larmes, DDB, 2000, p. 85.

 

LECTURES DE LA MESSE

1ère lecture : « Tout le peuple écoutait la lecture de la Loi » (Ne 8, 2-4a.5-6.8-10)

Lecture du livre de Néhémie
En ces jours-là, le prêtre Esdras apporta le livre de la Loi en présence de l’assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C’était le premier jour du septième mois. Esdras, tourné vers la place de la porte des Eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi. Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès. Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen ! Amen ! » Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre. Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les Lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre.
Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtre et scribe, et les Lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi. Esdras leur dit encore : « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! »

Psaume : Ps 18 (19), 8, 9, 10, 15
R/ Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie. (cf. Jn 6, 63c)

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.

Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon cœur ;
qu’ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

2ème lecture : « Vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps » (1 Co 12, 12-30)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, prenons une comparaison : notre corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. Le corps humain se compose non pas d’un seul, mais de plusieurs membres.
Le pied aurait beau dire : « Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait cependant partie du corps. L’oreille aurait beau dire : « Je ne suis pas l’œil, donc je ne fais pas partie du corps », elle fait cependant partie du corps. Si, dans le corps, il n’y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre ? S’il n’y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs ? Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l’a voulu. S’il n’y avait en tout qu’un seul membre, comment cela ferait-il un corps ? En fait, il y a plusieurs membres, et un seul corps. L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous ». Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables. Et celles qui passent pour moins honorables, ce sont elles que nous traitons avec plus d’honneur ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ; pour celles qui sont décentes, ce n’est pas nécessaire. Mais en organisant le corps, Dieu a accordé plus d’honneur à ce qui en est dépourvu. Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie.
Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps.
Parmi ceux que Dieu a placés ainsi dans l’Église, il y a premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui ont charge d’enseigner ; ensuite, il y a les miracles, puis les dons de guérison, d’assistance, de gouvernement, le don de parler diverses langues mystérieuses. Tout le monde évidemment n’est pas apôtre, tout le monde n’est pas prophète, ni chargé d’enseigner ; tout le monde n’a pas à faire des miracles, à guérir, à dire des paroles mystérieuses, ou à les interpréter.

Evangile : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture » (Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur m’a envoyé, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération. Alléluia. (Lc 4, 18cd)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. En ce temps-là, lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre »
Patrick BRAUD

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15 décembre 2024

Qu’est-ce qui nous fait tressaillir ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 10 h 30 min

Qu’est-ce qui nous fait tressaillir ?

 

Homélie pour le 4° Dimanche de l’Avent / Année C
22/12/24


Cf. également :

Bethléem : le pain et la fécondité

Marie, vierge et mère
Just visiting
Visiter l’autre
Enfanter le Verbe en nous…
Maigrir pour la porte étroite

 

1. Quand bébé donne des coups de pieds in utero

Toutes les femmes enceintes vous le raconteront : vient un temps de la grossesse ou le bébé se manifeste physiquement dans le ventre de sa mère ! Il donne des coups de pieds, effectuent des roulades d’un côté puis de l’autre, est pris d’une sorte de hoquet convulsif etc. Si le père est attentif, il suivra ces mouvements intra-utérins en posant la main sur le ventre maternel, et sera même surpris de constater que l’intonation de sa voix plus grave peut également mettre son enfant en mouvement. Une étude récente publiée dans le Journal of the Royal Society Interface en 2018 affirme que les forces mécaniques générées par les coups et les mouvements du fœtus « contribueraient au développement prénatal musculo-squelettique », et participeraient ainsi au renforcement de ses membres, de ses os et de ses articulations. Pourquoi ? Sans doute parce que « la force qui résulte de ces coups génère du stress et des tensions dans le squelette du fœtus, ce qui stimule les tissus squelettiques en développement », expliquent les chercheurs de l’Impérial Collège de Londres. À 20 semaines de grossesse, le bébé donne des coups d’une force estimée à 29 newtons, soit trois fois plus que la force nécessaire pour porter une bouteille d’eau d’un litre. Une force impressionnante pour un être de quelques centaines de grammes !

Ce qui plaide au passage pour une véritable identité personnelle du fœtus, distincte du corps de sa mère bien qu’immergé en elle : sa vie relationnelle commence très tôt, très très tôt, au grand dam de ceux qui voudraient n’y voir qu’un amas de cellules appartenant en propre à la mère (qui serait libre d’en disposer à son gré). Le roi David reconnaît même dans les psaumes : « j’étais pécheur dès le sein de ma mère » (Ps 50,7).


 

Dans l’Évangile de ce dimanche (Lc 1,39-45), Élisabeth fait l’expérience de ce bondissement en elle : « Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. […] Lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi ».

Luc – médecin de son état – emploie deux fois le verbe tressaillir pour décrire les mouvements du fœtus Jean-Baptiste à cause de la visite de son cousin Jésus déjà présent dans le ventre de Marie. Élisabeth en est alors à son 6° mois de grossesse, et on imagine facilement son bébé manifester physiquement ses émotions dans son ventre. Marie n’en est - elle - qu’au tout début, et l’enfant en elle n’a que quelques jours ou semaines (Lc 1,39). Pourtant, Jésus semble être « reconnu » par son cousin, comme si les deux maternités établissaient une connexion à distance entre les deux cousines, mieux que notre Wi-Fi ou notre Bluetooth !

Et voilà la bonne nouvelle de ce dimanche : nous pouvons nous aussi tressaillir d’allégresse comme Jean-Baptiste, alors que notre véritable naissance se rapproche !

 

2. Un bond en avant

Mais que veut dire tressaillir ?

Qu’est-ce qui nous fait tressaillir ? dans Communauté spirituelleL’étymologie comme à chaque fois est précieuse. Le verbe vient du latin salire : sauter, bondir, qui a donné saillir ensuite dans le langage hippique (l’étalon doit sauter, faire un bond pour saillir la jument), dont la grossièreté vulgaire garde la trace… Par extension, conjugué au préfixe tres (trans en latin = ‘au-delà de’), le verbe tressaillir (tres-salire) signifie : franchir d’un bond, sauter au-delà, déclencher un mouvement musculaire sous l’effet d’une émotion, en réaction à un événement, une sensation qui surprennent.

 

Tressaillir, c’est donc faire un grand bond en avant, mieux que celui décrété par Mao en 1958-60 !

La visite de Jésus en Marie é-meut littéralement (ex-movere = mouvoir hors de) Jean-Baptiste, c’est-à-dire le met en mouvement pour le faire aller de l’avant ! Il en est ainsi des visites du Christ dans notre histoire personnelle : tel événement, telle lecture, telle rencontre, telle parole nous font tressaillir, c’est-à-dire nous mettent en mouvement pour aller de l’avant, au lieu de nous recroqueviller au creux de l’enceinte protectrice de nos certitudes.

Même enveloppé d’un placenta opaque nous cachant la réalité vraie, nous pouvons comme Jean-Baptiste pressentir une présence autre, et laisser l’allégresse de cette rencontre nous émouvoir jusqu’à bondir au-delà de toutes nos limites actuelles.

 

3. Qu’est-ce qui nous fait tressaillir ?

Comment ce bond s’opère-t-il ? Par quoi est-il déclenché ? Regardons dans la Bible l’usage du verbe grec tressaillir (σκιρτω, skirtaō).

 

Dans l’Ancien Testament

Il n’y a que 4 usages.

 allégresse dans Communauté spirituelle– Le langage poétique du psaume 114 l’emploie en lien avec l’Exode : « Quand Israël sortit d’Égypte… les montagnes bondissaient comme des béliers, et les collines, comme des agneaux. [...] Montagnes, pourquoi bondir comme des béliers, collines, comme des agneaux ? » (Ps 114,4.6). Réflexion quasi écologique : la nature se réjouit de la libération des esclaves ! Comme si notre propre avancée vers la Terre promise faisait la joie de la Création ! Nul doute que, lorsque nous faisons un bond en avant vers la justice et la liberté, notre lien avec notre environnement s’en trouve assaini, pour le bonheur des vivants qui nous accompagnent dans cet exode. Nous avons raison d’être particulièrement soucieux en notre siècle des cris de détresse de notre planète Terre ; nous devons également repérer ses frémissements d’allégresse, ces moments où elle nous indique que la direction prise est la bonne pour le créé dans son ensemble.

 

– Le prophète Jérémie annonce la ruine de Babylone qui a déporté le peuple d’Israël et détruit son Temple à Jérusalem. Ceux qui pilleront la Chaldée et feront tomber Babylone éprouveront une joie (malsaine ?) à exercer ainsi la revanche de Dieu sur le tyran et son empire : « Oui, vous vous réjouissez, oui, vous bondissez de joie, vous qui dépouillez mon héritage ; oui, vous gambadez comme génisses dans les prés, vous hennissez comme des étalons » (Jr 50,11). Cette violence archaïque est aujourd’hui encore incontournable dans nos confrontations avec le mal, puissant et armé. Pensez aux combats pour éliminer Hitler ou Pol Pot ! Bondir de joie pendant l’accomplissement de ces victoires n’est pas canoniser leur violence inévitable mais leur donner un but.
Avons-nous à notre époque ce courage joyeux des libérateurs renversant enfin la domination du mal et de l’injustice ?

 

– Le prophète Malachie enfonce le clou en parlant de tressaillir d’allégresse « lorsque le Soleil de justice paraîtra », c’est-à-dire le Messie, le Christ de YHWH : « Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement. Vous sortirez en bondissant comme de jeunes veaux à la pâture » (Ml 3,20). Le Nouveau Testament reprendra ce thème de la joie accompagnant la venue ultime du Christ : « Dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera » (1P 4,13) ; « Soyons dans la joie, exultons, et rendons gloire à Dieu ! Car elles sont venues, les Noces de l’Agneau, et pour lui son épouse a revêtu sa parure » (Ap 19,7).

Le jour ultime nous paraît bien loin ! Si nous savons l’anticiper, si nous savons accueillir  aujourd’hui la venue du Christ en nous, nous tressaillirons dès maintenant de cette allégresse promise en plénitude à la fin des temps.

 

Dans le Nouveau Testament

Il n’y a que 3 emplois du verbe tressaillir (σκιρτω, skirtaō), et c’est dans l’Évangile de Luc.

Les deux premiers usages sont dans le récit de la Visitation de ce dimanche.

- La première fois, le texte lie la salutation faite par Marie, le tressaillement de Jean-Baptiste en Élisabeth et la plénitude de l’Esprit Saint : « Or, quand 660c6-icoon_kleur_2-768x1001 ElisabethÉlisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint » (Lc 1,41).

Le mot allégresse n’est pas prononcé ici : c’est d’abord la plénitude de l’Esprit Saint qui est rendue manifeste par le bond intérieur de Jean-Baptiste. Tiens ! La salutation d’un proche (Marie ici) peut nous faire faire un bond en avant, comme pour Jean-Baptiste, si nous savons l’entendre, la percevoir même confusément à travers ce qui nous sépare. Ou bien, comme pour Élisabeth, cette salutation fera office d’échographie spirituelle pour repérer ce qui bouge en nous : nos projets, nos désirs, nos attentes.

Être visité devient pour nous une expérience spirituelle : laisser bondir notre enfant intérieur, se laisser remplir de l’Esprit Saint…

 

- Le deuxième usage du verbe tressaillir chez Luc lie explicitement le bond et l’allégresse : « Lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi » (Lc 1,44).

L’allégresse, c’est encore plus fort, plus transportant, plus émouvant que la joie : elle déborde, elle entraîne, elle dynamise. Tressaillir d’allégresse, pour Jean-Baptiste comme pour nous, c’est nous hâter vers notre naissance, vers l’accomplissement de notre vocation : être la voix qui servira de support à la Parole.

 

- Le troisième et dernier usage du verbe tressaillir va doucher nos représentations naïves de cette allégresse, car Luc évoque alors le lien entre le martyre et ces frémissements de joie : « Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel » (Lc 6,22–23).

Impossible de confondre cette joie-là avec la nôtre : elle nous est donnée d’ailleurs et non produite par nous ; elle nous vient dans l’épreuve et non dans le succès mondain ; elle nous pousse à épouser la condition du crucifié et non celle de Barabbas (s’en tirer à bon compte) ou de Pilate (s’en laver les mains). Les Actes des martyrs de Lyon, de l’Ouganda ou de Corée racontent ces frémissements intérieurs de l’âme des condamnés au supplice à cause de leur fidélité à la Croix. Sans aller jusqu’au martyre physique (quoique…), nous pouvons éprouver ce tressaillement lorsque notre engagement pour le Christ, ou pour une cause juste, nous dépouille et nous livre aux violents et aux injustes. L’intensité du combat nous remplit alors d’une allégresse paradoxale, par laquelle l’Esprit Saint nous fait bondir vers le don de soi, par amour.

 

Et nous, qu’est-ce qui nous fait tressaillir ?

L’échographie est le moyen très sûr de surveiller une grossesse. Nos tressaillements intérieurs sont les échographies spirituelles où il nous est donné de discerner ce qui grandit en nous, ce qui nous anime, afin de nous hâter vers l’accomplissement de ce que nous portons en nous de plus vrai. Ces tressaillements-là n’ont rien à voir avec les exaltations empressées suscitées par la convoitise ou la langueur illusoire des paradis artificiels.

 

visit5 joieTressaillir, c’est goûter avec étonnement mon profond accord avec tel paysage, telle vue, avec la Création.

C’est pleurer inexplicablement à la lecture d’un passage qui résonne en moi.

C’est ne faire qu’un avec une musique, stupéfait d’y entendre la vérité de mon être.

C’est éprouver la justesse de mon combat pour la justice, surtout lorsqu’il devient âpre, compromettant, dangereux.

C’est savourer la communion avec l’être aimé.

C’est déborder de gratitude pour l’ami qui m’écoute ou se confie.

C’est découvrir violemment que « ça c’est moi », et « ça ce n’est pas moi ».

C’est se mettre à chanter sans raison dans l’exécution de tâches banales.

C’est s’arrêter, bouleversé, devant un tableau inconnu.

C’est entendre une lecture à la messe comme si elle m’était adressée à moi personnellement, précisément.

C’est…

 

Vous avez deviné : à vous d’écrire votre propre liste des tressaillements intérieurs où  l’allégresse ruisselle en vous, signe du travail de l’Esprit de Dieu vous envahissant « mieux que l’eau ne couvre les mers » (hymne : ‘Dieu est à l’œuvre en cet âge’).

Si vous êtes attentifs à ces échographies spirituelles, la naissance à vous-même – le vrai Noël en somme – ne sera plus très loin…

 

 

LECTURES DE LA MESSE


1ère lecture : Le Messie viendra de Bethléem (Mi 5, 1-4)

 

Lecture du livre de Michée

Parole du Seigneur :
Toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, à l’aube des siècles.
Après un temps de délaissement, viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les enfants d’Israël.
Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom de son Dieu. Ils vivront en sécurité, car désormais sa puissance s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre, et lui-même, il sera la paix !

 

Psaume : Ps 79, 2.3bc, 15-16a, 18-19

R/ Dieu, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés !

 

Berger d’Israël, écoute,
toi qui conduis ton troupeau, resplendis !
Réveille ta vaillance
et viens nous sauver.

 

Dieu de l’univers, reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

 

Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !

 

2ème lecture : « Je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5-10)

 

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères, en entrant dans le monde, le Christ dit, d’après le Psaume : Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps. Tu n’as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché ; alors, je t’ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c’est bien de moi que parle l’Écriture.
Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni accepté les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les expiations pour le péché que la Loi prescrit d’offrir. Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime l’ancien culte pour établir le nouveau. Et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.

 

Évangile : La Visitation (Lc 1, 39-45)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Chante et réjouis-toi, Vierge Marie : celui que l’univers ne peut contenir demeure en toi. Alléluia. (cf. So 3, 14.17)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Patrick BRAUD

 

 

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3 novembre 2024

Huile essentielle

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Huile essentielle

 

Homélie pour le 32° Dimanche du Temps ordinaire / Année B
10/11/24

Cf. également :
L’éducation changera le monde
Quelle est la vraie valeur de ce que nous donnons ?
Le Temple, la veuve, et la colère
Les deux sous du don…
Défendre la veuve et l’orphelin
De l’achat au don
Épiphanie : l’économie du don
Le potlatch de Noël

Ephapax : une fois pour toutes

 

1. Un peu suffit

Huile essentielle dans Communauté spirituelle diffuseur-ultrasonique-huiles-essentielles-medusa-diffuseurs-d-essentiellesPassez la porte d’un magasin « Nature et Découvertes ». Vous aurez immédiatement envie de respirer profondément pour explorer les délicieuses fragrances, le plus souvent inconnues, qui imprègnent l’air du lieu de vente et sollicitent vos narines. Immanquablement, votre nez vous conduira vers les diffuseurs d’huile essentielles qui alimentent en permanence ce microclimat où les brouillards colorés, les senteurs, leur fraîcheur, leur goût, leur étrangeté vous subjugueront. Le vendeur vous fera la démonstration : il suffit de quelques gouttes d’un précieux condensé de parfums naturels les plus divers pour embaumer tout une pièce. Un peu d’huile essentielle suffit à purifier et enchanter tout l’espace !

L’huile de la veuve de Sarepta (1R 17,10-16) est essentielle elle aussi. Non pas à cause de sa fabrication, mais parce qu’elle va amener cette veuve à reconnaître en Élie le prophète du Dieu unique, si différent des idoles de la région.

Suivons le parcours d’Élie qui peut devenir le nôtre, afin de devenir nous aussi prophète du très Haut.

 

2. Sortir de sa zone de confort

Dans sa lutte contre les idoles (Baal et Astarté) qui pullulaient en Israël sous l’influence étrangère portée par la reine Jézabel, Élie joue chez lui dans un premier temps. Il convoque les soi-disant prophètes de Baal au Mont Carmel, et les défie dans la célèbre épreuve du feu (1R 18,20-46). Sorti grand vainqueur de ce barnum magique (peut-être grâce de l’alcool inflammable ?), Élie fait exterminer les 70 faux prophètes et croit être le champion d’Israël. Mais voilà que Jézabel lui en veut à mort de l’avoir humiliée ainsi ! Dieu envoie d’abord Élie se cacher à l’est du Jourdain, dans les gorges encaissées du torrent du Kérith, en Galaad. Là, il est nourri par les corbeaux. 

Double faiblesse pour l’ex champion : il n’est plus chez lui, il ne peut plus se nourrir par lui-même. Comme si YHWH prenait le contre-pied de la démonstration de puissance qu’Élie avait soigneusement manigancée au sommet du mont Carmel. 

Pire encore : le torrent du Kérith s’assèche. Élie a soif. Il doit émigrer encore plus loin, à Sarepta, qui se trouve à environ 110 km. à vol d’oiseau vers le nord-ouest, en Phénicie, non loin des montagnes du Liban. Une terrible famine règne dans le pays. Élie est alors loin de chez lui, loin de son peuple. C’est une terre hostile ! Et il ne pourra pas compter là-bas sur un riche mécène, un baron puissant ou sur quelqu’un qui connaisse son Dieu : c’est une pauvre veuve idolâtre qui doit le recevoir, et elle souffre elle-même de la famine.

 

 Elie dans Communauté spirituelleSortir de sa zone de confort semble être – pour Élie comme pour nous – un préalable à l’action prophétique. Jésus lui-même a ressenti cet appel impérieux à sortir de sa sphère juive en allant en Décapole, territoire païen au-delà du Jourdain, ou en voyageant jusqu’à Sidon, où une femme l’obligera à accorder quelques miettes du festin messianique aux petits chiens sous la table…

Notre zone de confort, c’est l’entre-soi douillet et rassurant des regroupements par école, par quartier, par activité, où les riches se retrouvent entre eux, où les cathos pratiquants se confortent mutuellement, où les autres religions font table à part, où les militants d’une cause s’auto-persuadent que c’est la bonne etc.

 

Rappelez-vous : nul n’est prophète en son pays ! Il faut sortir de chez soi, de sa doxa habituelle, de ses cercles concentriques d’amis et de relations, pour laisser la Parole de Dieu nous traverser et aller toucher le cœur d’autrui. Et sortir de notre zone de confort nous conduit souvent en situation de faiblesse, de dépendance, comme Élie au Kérith ou à Sarepta. C’est auprès des petits, des faibles, que nous trouverons aide et appui, et non chez les princes ou les puissants. Jésus fait ce constat : « En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère » (Lc 4,25–32).

À nous de nous laisser conduire par les événements vers cet ailleurs, vers ces « veuves », où nous découvrirons comment Dieu se manifeste dans la faiblesse du vase d’huile et non dans le feu du Carmel, chez une veuve étrangère et non dans les palais de la reine d’Israël…

 

3. Pour dissiper l’idolâtrie

Au début, la veuve parle de YHWH à Élie en l’appelant « ton Dieu ». Ce n’est effectivement pas le sien, car la Phénicie (le Liban actuel) est alors envahie par les cultes idolâtriques dédiés à Baal et Astarté, dieux de la fertilité. À la fin du récit, la veuve a changé. Elle reconnaît ans Élie le prophète du seul Dieu véritable : « Maintenant je sais que tu es un homme de Dieu, et que, dans ta bouche, la parole du Seigneur est véridique » (1R 17,24).

IshtarL’ADN d’Élie est bien ce témoignage prophétique au Dieu unique, et son nom même en est la trace : Élie = ‘Mon Dieu est YHWH’ (en hébreu). Alors qu’on ne connaît pas le nom de la veuve, mais seulement son village : Sarepta, qui signifie : fonderie, orfèvrerie, raffinerie. Sarepta désigne une activité de fabrication (de bijoux, d’or, de minerais) qui renvoie au caractère artificiel des idoles. Baal et Astarté ne sont que des statues fabriquées par des artisans habiles. Ces objets inanimés ne sont rien à côté de YHWH, le Tout-autre, non fait de main d’homme. On a découvert sur le site de Sarepta des traces archéologiques de l’activité de soufflage du verre, activité qui existe encore aujourd’hui à Sarafand tout proche. 

Ce n’est plus dans une lutte frontale, violente, contre les idoles comme au Mont Carmel qu’Élie va témoigner de YHWH, mais dans la survie au côté d’une veuve en temps de famine. Inversion totale du rapport de force, à méditer par tous les religieux qui veulent imposer leur vision du monde en engageant un bras de fer violent avec les puissants (en Iran, en Israël, en Russie, en Inde, au Pakistan, au Sahel etc.).

 

En France, il semblerait qu’heureusement les cathos ne soient plus assez forts pour rêver de réguler la société, mais la tentation existe toujours – au nom du bien et du vrai – d’intriguer et de faire du lobbying pour imposer des choix de vie relevant de la liberté de chacun. Pourtant la foi chrétienne ne s’impose pas. Elle se propose. Ou mieux encore, comme ici avec Élie : elle se vit aux côtés des plus pauvres, souffrant de famine, et se diffuse alors aussi naturellement que l’huile essentielle au creux du diffuseur…

 

Au lieu de mettre le feu, Élie apprend à recevoir l’hospitalité. 

Au lieu de la force triomphante du Carmel, l’humble faiblesse d’un peu de farine et du huile. 

Au lieu du drapeau israélien si fièrement planté en haut du Carmel, le déroutant exil au Liban en terre étrangère.

Dissiper l’idolâtrie ambiante – et Dieu sait si les idoles modernes pullulent autour de nous ! – ne se fait pas en mettant le feu, mais en côtoyant les humbles, pas en convertissant de force, mais en sauvant la vie des idolâtres, gratuitement.

De quoi prendre à rebrousse-poil les stratégies de conquête de pas mal de mollahs, d’évangélistes ou de nationalistes !

 

4. Avec un peu d’huile

lampe-a-huile-periglass-boule-gm huitUn seul vase d’huile pour un temps de famine, c’est bien peu. 

Deux pains et cinq poissons pour nourrir toute une foule, c’est bien peu. 

Une seule fiole d’huile pour allumer le candélabre du Temple de Jérusalem pendant une semaine, c’est bien peu. 

Et pourtant le vase d’huile ne se videra pas. 

Et pourtant la foule fut nourrie. 

Et pourtant, la fête de Hanoucca commémore chaque année le miracle de la fiole d’huile qui ne s’épuise pas, symbole de la renaissance de la foi après l’occupation [1].

À l’inverse, l’huile des vierges folles va s’épuiser et priver les cinq jeunes filles de la rencontre avec l’époux.

 

De quoi l’huile de la veuve de Sarepta est-elle le nom ? 

Eh bien, paradoxalement, elle représente le refus d’aider l’autre en direct

Élie ne va pas aider la veuve, mais il lui demande de l’aider, en lui sacrifiant le peu qui lui reste ! Autrement dit : nourrir l’autre n’est pas l’aider. C’est lui apprendre à nourrir autrui qui le sauvera.

L’essentiel n’est pas d’aider mais d’initier au don. 

Non pas ‘faire pour’, mais apprendre l’autre à se livrer.

 

Avouons que cela est folie pour la sagesse humaine habituelle. Nous sommes habitués à la générosité, à l’humanitaire, aux Restos du cœur, aux collectes alimentaires etc. Et voilà qu’Élie ne donne rien à manger à la pauvre veuve étrangère qui crie famine, mais lui apprend à se donner jusqu’au bout !

Voilà pourquoi Jésus loue les deux sous du don de la veuve au Temple de Jérusalem, plus que les gros chèques des notables de la ville (Mc 12, 38-44). 

Car se donner est plus grand que demander. 

Se livrer jusqu’à l’extrême, jusqu’à donner de son essentiel (de son huile essentielle !) et non de son superflu est plus important que de quémander l’existence.

 

La pauvre veuve de Sarepta fait une expérience qui peut devenir la nôtre : il nous est donné de nous donner.

Et il suffit d’un peu d’huile – notre essentiel – pour que la bonne odeur de l’Évangile se répande partout autour de nous.

 

Sortir de notre zone de confort / pour dissiper idolâtrie / avec un peu d’huile : comment mettre nos pas dans ceux d’Élie cette semaine ?

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[1]. Le miracle de la fiole d’huile (hébreu : נס פך השמן Nes pakh hashemen) est une aggada consignée pour la première fois dans le Talmud de Babylone, selon laquelle les Maccabées victorieux découvrent, après la libération du Second Temple de Jérusalem (au II° siècle av. J.C.), que les huiles destinées à l’allumage de la Menorah du Temple ont été profanées à l’exception d’une fiole qui ne devrait pas suffire plus d’un jour ; c’est pourtant grâce à cette fiole qu’ils parviennent à allumer le candélabre pendant huit jours jusqu’à la fabrication d’huiles nouvelles.

 

 

Lectures de la messe


Première lecture

« Avec sa farine la veuve fit une petite galette et l’apporta à Élie » (1 R 17, 10-16)


Lecture du premier livre des Rois
En ces jours-là, le prophète Élie partit pour Sarepta, et il parvint à l’entrée de la ville. Une veuve ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : « Veux-tu me puiser, avec ta cruche, un peu d’eau pour que je boive ? » Elle alla en puiser. Il lui dit encore : « Apporte-moi aussi un morceau de pain. » Elle répondit : « Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu : je n’ai pas de pain. J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons. » Élie lui dit alors : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la moi ; ensuite tu en feras pour toi et ton fils. Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » La femme alla faire ce qu’Élie lui avait demandé, et pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie.


Psaume

(Ps 145 (146), 6c.7, 8-9a, 9bc-10)
R/ Chante, ô mon âme, la louange du Seigneur !
 (Ps 145, 1b)


Le Seigneur garde à jamais sa fidélité,
il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.


Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes,
le Seigneur protège l’étranger.


Il soutient la veuve et l’orphelin,
il égare les pas du méchant.
D’âge en âge, le Seigneur régnera :
ton Dieu, ô Sion, pour toujours !


Deuxième lecture

« Le Christ s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » (He 9, 24-28)


Lecture de la lettre aux Hébreux
Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde. Mais en fait, c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.


Évangile

« Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres » (Mc 12, 38-44) Alléluia. Alléluia.

Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux ! Alléluia. (Mt 5, 3)


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait aux foules : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »
Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Patrick BRAUD

 

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