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Le recueil des homélies 2020-2021 (Année B) est paru !
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Léo est le serviteur mystérieux du « Voyage en Orient », roman d’Hermann Hesse (1932). Léo accompagne un groupe d’hommes partis en expédition vers l’Orient, commanditée par une mystérieuse confrérie spirituelle à la recherche de la vérité. Il remplit son rôle de « domestique » avec simplicité et gentillesse. Personne ne le remarque. Attentif aux besoins de chacun il porte les bagages, prépare le thé, remonte le moral des voyageurs fatigués, sourit, raconte une histoire et sourit encore. On ne sait rien de lui, si ce n’est qu’il est toujours présent quand il le faut, discret et serviable à la fois. Un jour, Léo disparaît. Tous les efforts déployés pour le retrouver restent vains. Désespérée, la caravane continue son voyage : mais à dater de ce jour tout se détraque. Lire une carte géographique ? Allumer un feu ? Réchauffer le cœur et maintenir l’espoir de la communauté ? Léo n’est plus là. Léo manque à tous. Il était indispensable, mais personne ne s’en rendait compte car c’était un second rôle, un voyageur de troisième classe. L’expédition se termine en fiasco. Beaucoup plus tard, l’un des voyageurs retrouve la trace de Léo. Il découvre alors, avec stupeur, que sous les traits de ce serviteur discret, efficace et attentionné se cachait en fait le Grand Maître de la congrégation spirituelle qui avait commandité le voyage.
En fait, par sa présence et on attitude de service, Léo facilita l’harmonie du groupe et son avancée étape par étape vers son objectif.
Belle leçon de leadership, dont nous pouvons tous nous inspirer. Non pas pour disparaître dans l’ombre, mais pour devenir plus simples, plus authentiques, davantage à l’écoute de nos collaborateurs et de nos clients [1].
Jésus au pied de ses subordonnés
Voilà qui rejoint l’évangile de ce Dimanche (Mc 10, 35-45), où Jésus appelle Jacques et Jean, les fils de Zébédée, et les autres, à cultiver l’ambition du service et non celle de la promotion politique :
« Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ».
En lisant le roman d’Herman Hesse, l’auteur américain R. K. Greenleaf (1904-1990) [2] en tira une conviction forte : le service est le degré le plus élevé du leadership. Chrétien persuadé que la foi est aussi une pratique sociale, il forgea alors le concept de « servant-leader » dans son essai «The Servant as leader », qui s’est vendu à plus de 500 000 exemplaires. Il écrit :
« Le servant-leader est d’abord serviteur… Cela commence par le sentiment naturel que l’on veut servir, servir d’abord. Ensuite, le choix conscient amène à aspirer à diriger. Cette personne est très différente de celle qui est le leader d’abord, peut-être à cause du besoin d’apaiser une pulsion de pouvoir inhabituelle ou d’acquérir des biens matériels… Le leader d’abord et le serviteur d’abord sont deux types extrêmes. Entre eux, il y a des nuances et des mélanges qui font partie de l’infinie variété de la nature humaine.
« La différence se manifeste dans le soin apporté par le serviteur d’abord pour s’assurer que les besoins les plus prioritaires des autres sont satisfaits. Le meilleur test, et difficile à administrer, est le suivant : les personnes servies grandissent-elles en tant que personnes ? Est-ce qu’en étant servis, deviennent-ils plus sains, plus sages, plus libres, plus autonomes, plus susceptibles de devenir eux-mêmes des serviteurs ? Et quel est l’effet sur les moins privilégiés de la société ? En bénéficieront-ils ou au moins ne seront-ils pas davantage privés ? »
Un servant-leader se concentre principalement sur la croissance et le bien-être des personnes et des communautés auxquelles elles appartiennent. Alors que le leadership traditionnel implique généralement l’accumulation et l’exercice du pouvoir par une personne au « sommet de la pyramide », le leadership serviteur est différent. Le leader-serviteur partage le pouvoir, donne la priorité aux besoins des autres et aide les gens à se développer et à être aussi performants que possible.
Bien sûr, les chrétiens reconnaîtront facilement en Jésus l’archétype du servant-leader : il est le Maître et Seigneur parce que au service des siens, jusqu’à leur laver les pieds comme un domestique. Il est prêt à donner sa vie pour que l’autre grandisse et soit libéré du mal qui le ronge. Il conduit les Douze non pas en chef autoritaire, mais en pédagogue qui fait découvrir à chacun le travail de l’Esprit en lui pour s’y abandonner. En s’identifiant aux moins-que-rien jusqu’à la Croix, il montre à ses amis que l’humilité est au cœur de son autorité, En mourant nu et faible sur le gibet, il fait corps avec les damnés de la terre pour leur ouvrir un chemin d’espérance à travers sa résurrection. Il incarne le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, et les mène dans un vert pâturage, là où elles peuvent devenir elles-mêmes (empowerment, diraient les conseils en management !).
Cette intuition que le leadership est d’abord fait de service est présente dans bien d’autres traditions spirituelles. Ainsi Lao-Tseu En Chine, entre 570 et 490 avant J.C :
« Avec le meilleur leader au-dessus d’eux,
les gens savent à peine qu’il existe.
Le meilleur leader parle peu.
Il ne parle jamais négligemment.
Il œuvre sans intérêt personnel
Et ne laisse aucune trace.
Quand tout est fini, les gens disent,
« Nous l’avons fait par nous-mêmes. » »
Ou bien Chanakya, En Inde, 4 siècles avant J.C :
« Le roi doit considérer comme bon non pas ce qui lui plait mais ce qui plait à ses sujets … il est un serviteur rétribué qui jouit en commun avec les autres gens des ressources de l’État ».
Un servant leader se fixe pour but premier la réussite de chacun dans son équipe, et de l’équipe ensemble. R.K. Greenleaf écrit :
« Le meilleur test, et difficile à observer, est : - est-ce que les personnes servies se développent en tant que personnes ? - deviennent-elles, tout en étant servies, plus saines, plus sages, plus libres, plus autonomes, plus proches d’elles-mêmes pour devenir à leur tour serviteurs ? - quel en est l’effet sur les moins privilégiés dans la société : en bénéficient-ils, ou au moins n’en sont-ils pas encore plus privés ? »
Voilà à quoi on reconnaît qu’un leader a cette touche évangélique dont les entreprises ont tant besoin : faire grandir ceux qui lui sont confiés, concourir au bien commun, privilégier les plus petits.
Le Pape François, servant-leader d’exception
Les « chefs » dans l’Église n’ont pas toujours été à la hauteur de cette vocation de servant-leader, tant s’en faut hélas ! Aujourd’hui encore, le cléricalisme fait son retour dans les paroisses sous couvert de pénurie de prêtres, ou d’accueil de prêtres étrangers qui viennent avec leurs habitudes d’être servis comme un chef de village…
Pourtant le Pape François fascine, bien au-delà des cercles catholiques, par la manière dont il incarne ce style de gouvernement directement inspiré de notre évangile du service. D’ailleurs, sa récente décision de lancer pour toute l’Église un Synode… sur la synodalité de l’Église suscite à cause de cela les mêmes réticences que celles de Pierre au lavement des pieds ou de Jacques et Jean à l’approche de la Passion : « non, pas ça ! Ce n’est pas digne d’un chef de vouloir que tous participent aux décisions (synodalité) ! ».
Élu « homme de l’année 2013″ par le magazine Time, à la tête d’une « révolution douce » d’après Rolling Stone, leader international le plus influent sur Twitter selon une étude parue en juillet… après un an et demi au Vatican, la « pape François-mania » va toujours bon train. Le chef de l’Église catholique intrigue au-delà du cercle des fidèles, au point d’inspirer un livre à l’expert en management américain Jeffrey Krames (« Diriger avec humilité : 12 leçons de leadership du pape François » [4]), qui fait du religieux une icône pour patrons et cadres.
« La question de savoir s’il est trop progressiste ou trop conservateur sera tranchée par les théologiens, les experts politiques et les millions de catholiques dans les prochaines années, prévient l’introduction. Celle de savoir s’il est un vrai leader, en revanche, ne se débat pas. » D’où vient sa capacité d’attraction ? Voici quatre pistes développées par l’auteur (sur les douze décrites dans le livre).
1. Assumer le leadership avec humilité Première raison du succès de Jorge Mario Bergoglio : sa modestie sans cesse revendiquée. « Il pense que l’authentique humilité donne plus de moyens aux dirigeants que n’importe quelle autre qualité de leadership (…). Il ne rate aucune occasion de montrer que l’on n’est jamais trop humble et que l’on peut apprendre à le devenir », écrit Jeffrey Krames. Dès son élection, le pape a refusé de monter sur l’estrade qui l’aurait placé plus haut que les cardinaux. Il répète aussi qu’il veut d’abord servir les plus fragiles et engager avec eux « des conversations en profondeur », sur un pied d’égalité.
Le conseil de Jeffrey Krames : « Si vous avez la chance de diriger des personnes, n’utilisez jamais votre position pour des raisons égoïstes. Prenez soin de ne rien faire qui montre à vos subordonnés ou collègues que vous vous situez au-dessus d’eux », préconise Jeffrey Krames. Quitter son bureau en verre pour rejoindre l’open-space, baisser son salaire, tailler dans les frais de bouche des dirigeants… autant de façons de « sortir le trône papal » de son bureau. Des symboles dérisoires ? Pour l’auteur, la « cubicle strategy » (« stratégie du box », car le chef travaille dans le même minuscule bureau que le salarié lambda) a fait ses preuves aux États-Unis. Elle abaisse les barrières entre employés et managers et donne à ces derniers un meilleur sens des réalités.
2. S’immerger dans son « troupeau » pour « sentir » les choses avec lui Si le pape François parle à tout le monde, tout le temps, au téléphone ou en tête-à-tête, c’est qu’il pense que le dialogue avec les fidèles peut seul lui permettre de comprendre leurs attentes. L’ex-prêtre de Buenos Aires qui partait boire le maté dans les bidonvilles exige d’ailleurs de ses archevêques qu’ils ne restent pas derrière leur bureau « à signer des parchemins ». « Soyez des bergers qui sentent l’odeur de leur troupeau », leur a-t-il lancé.
Le conseil de Jeffrey Krames : Un leader doit « s’immerger profondément dans le groupe qu’il dirige ou aspire à mener ». Comme les créateurs de Hewlett-Packard ou Steve Jobs, il doit « manager en marchant », (« management by walking around ») ; être physiquement présent dans tous les services de son entreprise, engager le plus possible le dialogue avec les salariés pour connaître leur ressenti sur les projets et recueillir leurs suggestions.
3. S’entourer, mais sans « béni-oui-oui » François a marqué les esprits en recrutant huit cardinaux pour l’aider à prendre des décisions, ou en formant une commission de laïcs et de clercs dédiée à la lutte contre les abus sexuels dans l’Église. Pour composer son « gang des huit », « il s’est assuré de ne pas choisir uniquement des cardinaux qui ne lui diraient que ce qu’il souhaite entendre. » Seul l’un d’eux est italien et plusieurs ont des profils atypiques.
Le conseil de Jeffrey Krames : Former un panel éclectique de quelques interlocuteurs avec qui discuter de ses nouvelles idées, en fuyant surtout les béni-oui-oui: « Réunissez ce groupe régulièrement et ayez toujours quelques sujets d’avance à leur soumettre pour que vos ‘consultants’ aient le temps d’y réfléchir. (…) Réfléchissez à un rendez-vous annuel avec vos clients et vos fournisseurs, comme cela se pratique dans beaucoup d’entreprises florissantes. »
4. Tendre les bras au-delà de ses clients Le pape envoie des signaux d’ouverture aux divorcés, aux homosexuels ou aux athées ? « Votre objectif dans le monde des affaires doit être le même. Vous devez tendre les bras vers les outsiders – ceux qui ne sont pas encore vos clients – pour avoir du succès », écrit Jeffrey Krames. L’auteur va jusqu’à juger que le pape a « augmenté la ‘part de marché’ » de l’Église grâce à cette stratégie ; 20% de hausse de fréquentation des messes britanniques huit mois après son élection, jusqu’à 85 000 fidèles place Saint-Pierre pour ses homélies contre 5 000 pour Benoît XVI… La démarche peut passer par des supports modernes, comme Twitter. Le défi consiste à ne pas perdre son noyau dur de fidèles en visant de nouvelles recrues.
Le conseil de Jeffrey Krames : « Rendez-vous à des rencontres, à des événements de votre secteur, à des conventions et partout où vos [clients potentiels] se réunissent. Prenez l’habitude de lire leurs journaux et revues (…). Rejoignez leurs conversations sur les réseaux sociaux et donnez-leur de la matière à discuter. Cela pourra faire naître des idées de nouveaux moyens d’augmenter votre base de consommateurs. »
Et moi, comment devenir servant-leader ? En fait, les 12 pistes de management inspirées par le pape François selon Jeffrey Krames sont :
Devenir « servant-leader » n’est réservé ni au pape, ni aux patrons ! Chacune de nous est appelé de par son baptême à laver les pieds de ceux qui croisent sa route, d’une manière ou d’une autre.
Alors, sur les 12 pistes évoquées par Jeffrey Krames, quelle est celle qui me manque le plus ? Quelles conséquences dois-je en tirer ?
[1]. Meyrem Le Saget, Le manager intuitif, Vers l’entreprise collaborative, Dunod, 2013
[2]. Robert K. Greenleaf est un ancien cadre d’AT&T (director of management research, development and education), Consultant (auprès du MIT etc.). En 1964, il crée le « Center for Applied Ethics » devenu ensuite « Greenleaf Center for Servant Leadership ». Sa philosophie du servant-leadership fait toujours l’objet d’intenses recherches et publications, aux USA notamment.
[4]. Lead with humility: 12 Leadership Lessons from Pope Francis, par Jeffrey Krames, ed. American Management Association, 2014.
Lectures de la messe
Première lecture
« S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours » (Is 53, 10-11)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira. Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes.
Psaume
(Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22)
R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi ! (Ps 32, 22)
Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ; il est fidèle en tout ce qu’il fait. Il aime le bon droit et la justice ; la terre est remplie de son amour.
Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine.
Nous attendons notre vie du Seigneur : il est pour nous un appui, un bouclier. Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi !
Deuxième lecture
« Avançons-nous avec assurance vers le Trône de la grâce » (He 4, 14-16)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères, en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, nous n’avons un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.
Évangile
« Le Fils de l’homme est venu donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 35-45) Alléluia. Alléluia. Le Fils de l’homme est venu pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. Alléluia. (cf. Mc 10, 45)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »
Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » Patrick Braud
La Bête revient-elle ? Il paraît que l’antisémitisme renaît de ses cendres, en Allemagne, en Europe… Pas uniquement l’antisémitisme païen de l’extrême-droite, ni l’antijudaïsme chrétien d’autrefois, mais aussi un antisémitisme musulman nourri d’une lecture fondamentaliste du Coran, et de la circulation de prédicateurs de haine dans les banlieues. Nous qui croyions que la Bête était morte dans son bunker berlinois en 1945 !
La deuxième lecture de ce dimanche (Rm 11, 13-32) n’en est que plus nécessaire, pour qu’au moins les chrétiens soient eux de fermes remparts stoppant la contagion hideuse. Vous avez entendu Paul : « dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère, mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns. Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart, qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts ! »
Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance.
Relisez l’ensemble des chapitres 9 à 11 de cette Lettre aux Romains : impossible d’être plus clair ! Le mystère d’Israël continue de jouer un rôle unique dans l’histoire humaine, à côté du mystère de l’Église qui en est le frère jumeau, ouvert à toutes les nations. En effet, Paul affirme que la vocation du peuple juif est « sans repentance » du côté de Dieu, c’est-à-dire toujours en vigueur : témoigner du Nom et de la sainteté du Dieu unique. Bien plus, Paul attribue à ce peuple (qu’on doit distinguer de l’État d’Israël pour ne pas confondre avec le sionisme) un rôle eschatologique : quand les juifs seront réintégrés (dans l’Église ultime), alors ce sera le signe que nous serons parvenus à la fin des temps, à la résurrection finale (« la vie pour ceux qui étaient morts ») ! Rien moins que cela… En attendant, ils ont les Patriarches, la Loi, les Prophètes, et nul ne peut leur enlever, surtout pas le juif Jésus venu accomplir les promesses faites à son peuple, pas les abolir.
Comment dès lors a pu être antijuif et chrétien ? Malgré les persécutions et son sort personnel, Paul n’a pas voulu faire du peuple juif le responsable de la mort de Jésus, ni l’ennemi du christianisme. Hélas, les évangiles sont moins clairs, avec des phrases lumineuses : « le salut vient des juifs » (Jn 4,22), et des phrases terribles, à la postérité meurtrière : « que son sang retombe sur nous et nos enfants ! » (Mt 27,25). Hélas les Pères de l’Église seront très largement et violemment antijuifs. Pas antisémites, car c’était à l’époque un conflit théologique (la messianité de Jésus) et non une théorie raciale (les sémites comme Untermenschen). Dans la suite des siècles, la position officielle de l’Église a oscillé entre protection bienveillante des juifs, garantissant leur liberté de culte et leurs privilèges (les métiers de l’argent par exemple, interdits aux chrétiens), et oppression injuste. Citons quelques traits caractéristiques de ce deuxième versant, pour conjurer leur renaissance sous d’autres traits actuels.
La synagogue (Cathédrale de Strasbourg)
L’enseignement du mépris)
L’expression est de l’historien juif Jules Isaac, qui a publié en 1962 une étude intitulée : « L’Enseignement du mépris : vérité historique et mythes théologiques ». Il y décrit la tonalité générale très antijuive des homélies, de la catéchèse, des représentations artistiques (exemple : la synagogue est peinte ou sculptée comme une femme rendue aveugle par un bandeau sur ses yeux symbolisant son refus de croire en Jésus). Le mépris, c’est l’opinion majoritaire entretenue par le clergé sur les mœurs et les croyances des juifs. Cela est même allé jusqu’au mépris des personnes, institutionnalisé dans l’obligation faite aux juifs de porter la rouelle au XII° siècle. Héritière sans doute du signe distinctif imposé aux dhimmis (= non musulmans) par les califes musulmans dès le IX° siècle, la rouelle est l’annonce de la funeste étoile jaune nazie. Louis IX (Saint Louis !) va l’imposer aux juifs de son royaume en 1269… Pièce de tissu disposée en anneau, elle symbolisait les 30 deniers de Judas auquel on assimilait tous les juifs avec mépris (l’homonymie Judas/judaïques était systématiquement utilisés pour faire l’amalgame). L’enseignement du mépris a donc conduit à des pratiques d’oppression des juifs, jusqu’à des pogroms sanglants, obligés dès lors de vivre entre eux, à l’intérieur de ghettos (quartiers réservés) où le pouvoir catholique les confinait pour les protéger de la violence de la foule (il reste ainsi encore plus de 300 ‘rues de la Juiverie’ ou ‘rue des Juifs’ en France !).
Dans son livre : « La France et les Juifs ; de 1789 à nos jours » (Seuil, 2004), Michel Winock relève : « Dans le résumé de l’histoire sainte du catéchisme modèle du diocèse de Paris [avant Vatican II], on peut lire : « Jérusalem périt sans ressource, le Temple fut consommé par le feu, les Juifs périrent par le glaive. Alors ils ressentirent les effets du cri qu’ils avaient fait contre le Sauveur : ‘Son sang soit sur nous et sur nos enfants’. La vengeance de Dieu les poursuit, et partout ils sont captifs et vagabonds. »
Le peuple déicide
Cette accusation terrible faisant du peuple juif le principal responsable de la mort du Dieu-Jésus fleurit sous la plume des Pères de l’Église.
Ainsi Méliton de Sardes (II+ siècle) tient des propos aujourd’hui irrecevables dans son Homélie de Pâques : « Qu’as-tu fait, Israël ? Tu as tué ton Seigneur, au cours de la grande fête. Écoutez, ô vous, les descendants des nations, et voyez. Le Souverain est outragé. Dieu est assassiné par la main d’Israël. » Même le grand Augustin d’Hippone se laisse prendre dans cette fausse exégèse dans son Commentaire sur les Psaumes : « Que les Juifs ne disent pas : Nous n’avons pas tué le Christ. » Même Luther reprendra cette accusation dans un livre au titre-programme : « Des Juifs et de leurs mensonges », en 1543 : « Nous sommes même coupables si nous ne vengeons pas tout ce sang innocent de notre Seigneur et des chrétiens qu’ils ont répandu [...]. Nous sommes fautifs de ne pas les tuer. »
Notons cependant que le Concile de Trente, qui a traité de la question au XVI° siècle, n’a jamais accrédité cette thèse du peuple déicide. Au contraire, il interdit de porter cette accusation, rappelant que Christ est mort pour nos péchés, péchés qui sont de tous temps et de tous les peuples : « Il faut ensuite exposer les causes de la Passion, afin de rendre plus frappantes encore la grandeur et la force de l’amour de Dieu pour nous. Or, si l’on veut chercher le motif qui porta le Fils de Dieu à subir une si douloureuse Passion, on trouvera que ce furent, outre la faute héréditaire de nos premiers parents, les péchés et les crimes que les hommes ont commis depuis le commencement du monde jusqu’à ce jour, ceux qu’ils commettront encore jusqu’à la consommation des siècles [...]. Les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peines qu’il endura. »
Le Catéchisme du Concile de Trente précise (1re partie, chapitre 5, § 3) : « Nous devons donc regarder comme coupables de cette horrible faute, ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir à Notre-Seigneur Jésus-Christ le supplice de la Croix, à coup sûr, ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal (Hebr., 6, 6.) crucifient de nouveau dans leur cœur, autant qu’il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés, et Le couvrent de confusion. Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre (1 Cor., 2, 8.), s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. »
Malheureusement, cette prise de position conciliaire ne fut pas suffisamment enseignée ni reçue dans l’ensemble du peuple chrétien.
Race maudite La théologie chrétienne a enseigné pendant des siècles que la Diaspora (dispersion des juifs de par le monde) a eu lieu en 70 apr. J.-C. (prise de Jérusalem par Titus) et qu’elle est le châtiment divin de la Crucifixion. Jules Isaac cite par exemple cette affirmation trouvée dans un manuel de certificat d’études publié en 1947 (destinés aux jeunes de 13-14 ans) : « [Après la Crucifixion], le châtiment des juifs déicides ne se fit pas attendre. Trente-six ans après la mort du Sauveur, l’empereur romain Titus s’empara de Jérusalem… Les Juifs, dispersés à travers le monde, n’ont jamais pu reformer une nation ». « Ils ont erré partout, considérés comme une race maudite, objet du mépris des autres peuples. »
Le « décret infâme » de Napoléon
Napoléon empereur est un représentant de cette opinion si courante faisant du peuple juif une race à part, maudite à cause de sa responsabilité dans la mort du Christ et son refus de croire en lui. Le « décret infâme » est le surnom donné au troisième des décrets institués par Napoléon Ier le 17 mars 1808 pour intégrer les Juifs dans la société française. Ces dispositions qui étaient un retour partiel aux méthodes discriminatoires de l’Ancien Régime, prenaient effet pour dix ans (mais ne visaient que les juifs de l’Est). « Je ne prétends pas, déclare Napoléon, dérober à la malédiction dont elle est frappée cette race qui semble avoir été exceptée seule de la rédemption, mais je voudrais la mettre hors d’état de propager le mal. » Il préconise dans ce décret la dissolution de la « race juive » au sein de la population chrétienne.
Le juif errant
Le mythe du Juif errant est absent des évangiles ; il trouve une de ses origines dans un passage de l’évangile selon Jean1 où Jésus dit à son sujet : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » (Jn 21,22) De là cette idée qu’un témoin de la Passion survivrait jusqu’au retour du Christ. De nombreux contes populaires romancèrent cette pseudo-immortalité à souhait, en la transformant en errance maudite. Cette errance évoquait la chute historique du royaume d’Israël ; elle était également le signe d’une faute (un peu comme Caïn condamné à errer après avoir tué Abel), libre aux auditeurs de déchiffrer ce message et de considérer le personnage comme un imposteur, un traître dont on doit se moquer et qu’il faut rejeter.
Au XVI° siècle, le mythe du Juif errant se voit immortalisé dans un petit opuscule allemand au travers d’un personnage modeste, mais extraordinaire, d’un simple cordonnier juif, nommé Ahasvérus, qui prétend avoir assisté à la crucifixion du Christ. Il insulta le Christ et refusa de l’aider à porter la croix, ce qui lui valut d’être condamné par décret divin à parcourir la terre sans pouvoir se reposer jusqu’au jour du Jugement. Ce récit connaît un succès populaire foudroyant et constitue un phénomène déconcertant.
Par la suite, le roman-feuilleton d’Eugène Sue, « Le Juif errant », connaît l’un des plus grands succès publics du XIX° siècle (1844-45). Sue exploite surtout l’idée de la malédiction qui accompagne le Juif errant en faisant coïncider son arrivée à Paris avec l’épidémie de choléra d’avril 1832 qui a fait plus de 12 000 victimes – on ignorait alors presque tout sur cette maladie et son mode de propagation.
À ce mythe du Juif errant viennent s’ajouter les vieilles calomnies médiévales accusant les juifs de pratiques sataniques : sacrifices d’enfants vivants ou de chrétiens, profanation d’hosties, empoisonnement de sources, crachats sur des crucifix, etc.
Les juifs perfides
Hebraeorum gens est une bulle pontificale, rédigée par saint Pie V et nommée d’après ses premiers mots « Le peuple juif » (en latin : Hebraeorum gens). Elle est datée du 4 mars 1569. Au début dans une sorte d’exposé des motifs, le pape décrit comment les Juifs furent méprisés et dispersés de leurs places à cause de leur incroyance et qu’ils avaient été perfides et ingrats quand ils ont rejeté leur Sauveur par une mort indigne (en latin : « perfida et ingrata suum Redemptorem indigna morte peremptum impie reprobarit »). La liturgie catholique du vendredi avait hélas gardé la trace de cette insulte lorsqu’elle faisait prier pendant l’office de la Passion : « Prions aussi pour les Juifs perfides (Oremus et pro perfidis Judaeis) afin que Dieu Notre Seigneur enlève le voile qui couvre leurs cœurs et qu’eux aussi reconnaissent Jésus, le Christ, Notre-Seigneur ». Introduite au VII° siècle, cette oraison signifiait originellement : « Prions aussi pour les Juifs incroyants » ou « Prions aussi pour les Juifs infidèles », au sens où ces derniers n’adhéraient pas à la foi chrétienne (per-fides). Cependant, avec l’évolution de la liturgie et les traductions dans les langues communes, notamment le français, l’expression a rapidement changé de sens. Elle est devenue très vite, dans un contexte d’antijudaïsme, synonyme de « déloyauté », « fourberie ». Il a fallu attendre 1959 pour que le pape Jean XXIII fasse supprimer les termes contestés (perfidis ainsi que perfidiam) qui figuraient dans l’oraison. Après Vatican II, pour effacer toute trace de cette accusation, l’oraison est devenue celle-ci : « Prions pour les Juifs à qui Dieu a parlé, en premier : qu’ils progressent dans l’amour de son Nom et la fidélité de son Alliance ».
Nos frères aînés
Jean-Paul II en visite à la synagogue de Rome
On oublie souvent que Jean-Paul II a été le premier pape de l’histoire à visiter une synagogue ! C’était le 13 avril 1986, à la synagogue de Rome. Fait inouï jusqu’à présent, d’une portée aussi grande que notre deuxième lecture (Rm 9–11), sur laquelle le pape s’appuie pour proclamer les juifs « nos frères aînés dans la foi » : « L’Église du Christ découvre son « lien » avec le judaïsme « en scrutant son propre mystère ». La religion juive ne nous est pas « extrinsèque » mais, en un certain sens, elle est « intrinsèque » à notre religion. Nous avons donc, à son égard, des rapports que nous n’avons avec aucune autre religion. Vous êtes nos frères préférés et dans un certain sens, on pourrait dire nos frères aînés. »
Jean-Paul II était évêque de Varsovie lorsqu’il a participé au concile Vatican II, dans une Pologne encore fortement teintée d’antisémitisme malgré l’horreur de Dachau, Auschwitz, Buchenwald sur son sol. Il a plus que d’autres perçu l’importance décisive du document conciliaire Nostra Aetate qui évoque la relation de l’Église aux autres religions, et en premier à la religion juive.L’accusation de peuple déicide est clairement réfutée, une fois pour toutes :
« Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ (cf. Jn 19,6), ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S’il est vrai que l’Église est le nouveau peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture. » (Nostra Aetate n° 4) [1]
Vatican II veut ainsi éradiquer définitivement tout enseignement du mépris :
« Que tous donc aient soin, dans la catéchèse et la prédication de la parole de Dieu, de n’enseigner quoi que ce soit qui ne soit conforme à la vérité de Évangile et à l’Esprit du Christ. »
Le travail que Vatican II a réalisé pour purifier la mémoire et la nature de la relation chrétiens/juifs devrait également être entrepris par l’islam sous toutes ses formes, car l’antisémitisme contemporain est largement d’inspiration pseudo musulmane.
Relisons donc les chapitres 9 à 11 de la Lettre aux Romains : denses, argumentés, ils devraient nous faire porter un autre regard sur « nos frères aînés dans la foi ». À commencer par le juif Jésus, et sa mère, jeune femme juive ayant enseigné à son fils l’araméen, le shabbat, les fêtes juives, les rituels, l’espérance de tout un peuple depuis 2000 ans…
[1]. Une version antérieure du texte était plus précise encore : « … que jamais le peuple juif ne soit présenté comme une nation réprouvée ou maudite ou coupable de déicide… »
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE « Les étrangers, je les conduirai à ma montagne sainte » (Is 56, 1.6-7)
Lecture du livre du prophète Isaïe Ainsi parle le Seigneur : Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler. Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et tiennent ferme à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie dans ma maison de prière, leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples. »
PSAUME
(Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8) R/ Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble !(Ps 66, 4)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !
DEUXIÈME LECTURE « À l’égard d’Israël, les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance » (Rm 11, 13-15.29-32)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains Frères, je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes : dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère, mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns. Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart, qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts ! Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu, et maintenant, par suite de leur refus de croire, vous avez obtenu miséricorde ; de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire, par suite de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi. Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde.
ÉVANGILE « Femme, grande est ta foi ! » (Mt 15, 21-28) Alléluia. Alléluia.Jésus proclamait l’Évangile du Royaume, et guérissait toute maladie dans le peuple. Alléluia. (cf. Mt 4, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu En ce temps-là, partant de Génésareth, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. Patrick BRAUD
Le million n’est utilisé que deux fois dans la Bible :
- de manière négative d’abord, puisque c’est la taille des armées éthiopiennes (du royaume de Kush) venues attaquer Israël : « Zérah le Kushite fit une incursion avec une armée de mille milliers et de 300 chars, et il atteignit Maresha » (2 Chroniques 14,8). Le nombre n’y fait rien : la victoire d’Israël viendra de Dieu, et non de se propres forces, armées ou non. Il est inutile de se vanter de résultats numériques selon notre mesure : Dieu ne compte pas à notre manière… D’ailleurs, le péché de dénombrement de David reste dans toutes les mémoires : à cause de son orgueil voulant étaler sa puissance en comptant le nombre de ses sujets, David provoqua (d’après 1 Chroniques 21) la peste en Israël qui tua 70 000 hommes ! Nos calculs à la manière humaine sont souvent meurtriers…
- de manière positive ensuite, puisque c’est l’épargne que le roi David transmet à son fils Salomon : « David à son jeune fils Salomon : Voici que jusque dans ma pauvreté j’ai pu mettre de côté pour la maison de YHWH 100.000 talents d’or, 1.000.000 de talents d’argent, tant de bronze et de fer qu’on ne peut les peser » (1 Chroniques 22, 14). On peut donc accumuler, si c’est « pour la maison de YHWH » : exigeant, mais encourageant également…
- Signalons qu’un psaume parle des millions, là encore pour les relativiser : « Un bien pour moi, que la loi de ta bouche, plus que millions d’or et d’argent » (Psaume 119, 72). La Tora a a bien plus de valeur que toutes les pages Internet du monde entier !
Quelques statistiques
Ceux qui aiment les chiffres observent sur le mois de Mai (et c’est vrai chaque mois) une saisonnalité hebdomadaire légèrement marquée (pic les Samedis) :
On voit également que la fréquentation mensuelle du site est passée de 4 000 clics par mois en 2014 à environ 14 000 en 2020 :
Les articles les plus lus ont entre 4 000 et 9 000 consultations :
Étonnant d’ailleurs que l’article le plus lu soit celui sur la liberté de secouer la poussière de nos pieds : c’est sans doute révélateur de notre aspiration à ne plus voir la religion comme un corset moral, mais une source de courage pour devenir soi-même, pour aller vers soi (leikh leikha !) …
Conclusion :
Impossible d’évaluer l’impact ou non de la production hebdomadaire de ce site !
Il suffirait d’une personne ayant été touchée en vérité, ou ayant changé quelque chose dans sa vie suite à la lecture d’une de ces 600 homélies et plus, et cet heureux mais dur labeur récurrent n’aura pas été vain…