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16 mai 2012

Une Ascension un peu taquine : le temps de l’autonomie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Une Ascension un peu taquine :
le temps de l’autonomie

 

Homélie pour la fête de l’Ascension

17/05/12

 

Un vide un peu taquin

Connaissez-vous le jeu de pousse-pousse (également appelé jeu de taquin, non sans humour) ? Le pousse-pousse est un rectangle dans lequel figurent les lettres de l’alphabet inscrites sur de petits carrés mobiles.

Une Ascension un peu taquine : le temps de l'autonomie dans Communauté spirituelle taquinL’ensemble revêt l’aspect de mots croisés. Mais il y a un vide, il y a un carré vide, un trou, une absence, un manque de lettre.

Grâce à ce vide, à ce manque, on peut bouger les autres lettres une à une, et ainsi former des mots. Grâce à ce vide, ça fonctionne. Tout le jeu de pousse-pousse fonctionne autour de ce manque : le boucher, le refuser, le combler, c’est tuer le jeu en bloquant tout mouvement.

L’Ascension est l’équivalent de ce vide dans l’histoire humaine : le Christ s’absente, l’Église est majeure. Grâce à ce départ, il y a un manque constitutif de notre liberté, à l’image de la case vide du jeu de pousse-pousse qui permet le mouvement des autres pièces.


L’Ascension, source de note autonomie

Le Christ enlevé de terre est la chance de notre liberté, de notre responsabilité, de notre autonomie. C’est son départ vers le Père qui va provoquer l’envoi d’en mission des apôtres et la naissance de l’Église. « Il est bon  pour vous que je m’en aille ».

Oui, Jésus, lorsqu’il disparaît, nous laisse exister en adultes avec la force de l’Esprit Saint et non plus en petits enfants à qui il faut tout dire. S’il était resté là, devant nos yeux, nous nous tournerions sans cesse vers lui pour lui demander : que faut-il faire ? qu’en penses-tu ? dis-nous où aller ! Alors que, devant son absence physique, nous ne pouvons compter que sur son Esprit pour inventer la route qui nous est propre.

 37-giotto-ascension-small Ascension dans Communauté spirituelle

 

Alors, célébrer l’Ascension, c’est célébrer le pouvoir de création que nous recevons de Dieu : nous sommes créés, créateurs à son image !

Célébrer l’Ascension, c’est célébrer le temps de l’autonomie que nous recevons aussi des mains de Dieu.

C’est remercier le Dieu Trinité de nous avoir créés et de nous créer sans cesse responsables de notre vie.

C’est le louer pour son amour un peu fou, puisqu’il aime l’homme au point de prendre le risque de lui laisser inventer le Royaume.

 

Célébrer le temps de l’autonomie, c’est accepter comme une dignité, mais aussi une exigence, notre rôle de chrétien. Jésus n’a jamais vécu en Europe, n’a pas connu les problèmes spécifiques au XXI° siècle : il est parti et nous fait confiance pour nous y affronter, avec courage et imagination. Il nous donne son inspiration, l’Esprit qui respecte notre liberté tout en la nourrissant. Si nous ne sommes pas à notre poste, personne ne viendra nous supplanter par miracle. Il est parti, et pourtant, en retroussant ses manches, nous découvrons chaque jour que c’est lui que nous rencontrons à travers les autres vers qui il nous envoie, à travers la vie fraternelle en Église qu’il nous appelle à vivre.


Célébrer le temps de l’autonomie, c’est refuser de brader notre liberté au plus offrant, c’est refuser d’aliéner notre responsabilité en s’en remettant trop facilement à certains systèmes de pensée ou d’action, nous chrétiens, que ce soit en économie, en politique, en morale ou ailleurs. C’est répondre de ses actes soi-même. C’est prendre le risque de vivre, et donc risquer de se tromper.

« Pourquoi restez-vous là les yeux fixés au ciel ? »

 

 

 

1ère lecture : L’Ascension du Seigneur (Ac 1, 1-11)

Commencement du livre des Actes des Apôtres

Mon cher Théophile, dans mon premier livre j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel après avoir, dans l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. C’est à eux qu’il s’était montré vivant après sa Passion : il leur en avait donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur était apparu, et leur avait parlé du royaume de Dieu. 

Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis. Il leur disait : « C’est la promesse que vous avez entendue de ma bouche. Jean a baptisé avec de l’eau ; mais vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici quelques jours. » Réunis autour de lui, les Apôtres lui demandaient : « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine. Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

Après ces paroles, ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

Psaume : 46, 2-3, 6-7, 8-9

R/ Dieu monte parmi l’acclamation, le Seigneur aux éclats du cor.

Tous les peuples, battez des mains,
acclamez Dieu par vos cris de joie !
Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable,
le grand roi sur toute la terre. 

Dieu s’élève parmi les ovations, 
le Seigneur, aux éclats du cor. 
Sonnez pour notre Dieu, sonnez, 
sonnez pour notre roi, sonnez ! 

Car Dieu est le roi de la terre,
que vos musiques l’annoncent ! 
Il règne, Dieu, sur les païens, 
Dieu est assis sur son trône sacré.

2ème lecture : Nous sommes appelés à une seule espérance (Ep 4, 1-16)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous encourage à suivre fidèlement l’appel que vous avez reçu de Dieu : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à c?ur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il n’y a qu’un seul Corps et un seul Esprit. Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui règne au-dessus de tous, par tous, et en tous. Chacun d’entre nous a reçu le don de la grâce comme le Christ nous l’a partagée.

C’est pourquoi l’Écriture dit : Il est monté sur la hauteur, emmenant des prisonniers, il a fait des dons aux hommes. Que veut dire : Il est monté ? ? Cela veut dire qu’il était d’abord descendu jusqu’en bas sur la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté au plus haut des cieux pour combler tout l’univers.

Et les dons qu’il a faits aux hommes, ce sont d’abord les Apôtres, puis les prophètes et les missionnaires de l’Évangile, et aussi les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, le peuple saint est organisé pour que les tâches du ministère soient accomplies, et que se construise le corps du Christ. Au terme, nous parviendrons tous ensemble à l’unité dans la foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la plénitude de la stature du Christ. Alors, nous ne serons plus comme des enfants, nous laissant secouer et mener à la dérive par tous les courants d’idées, au gré des hommes, eux qui emploient leur astuce à nous entraîner dans l’erreur. Au contraire, en vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons dans le Christ pour nous élever en tout jusqu’à lui, car il est la Tête. Et par lui, dans l’harmonie et la cohésion, tout le corps poursuit sa croissance, grâce aux connexions internes qui le maintiennent, selon l’activité qui est à la mesure de chaque membre. Ainsi le corps se construit dans l’amour.

Evangile : Jésus donne ses dernières consignes aux Apôtres et monte au ciel (Mc 16, 15-20)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur s’élève parmi l’acclamation, il s’élève au plus haut des cieux. Alléluia. (cf. Ps 46, 6.10)

 Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Jésus ressuscité dit aux onze Apôtres : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains, et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »

Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
Patrick Braud

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18 juin 2011

La Trinité en actes : le geste de paix

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La Trinité en actes : le geste de paix

Homélie pour la fête de la Trinité    Année A    19/06/11

Prenez une assemblée eucharistique en milieu urbain. Il peut y avoir 100 à 300 personnes. Regardez attentivement : un tiers environ des gens qui sont là sont venus seuls. Le cabas à la main ou le jean décontracté, personne âgée ou parent isolé, africain, touriste ou nouvel arrivant, il se mettent plutôt au fond, sur les côtés, en bout de banc. Se lever, s’asseoir, donner à la quête seront leur seule participation active visible pour peu que l’assemblée ne chante pas d’un seul coeur (ce qui est fréquent). Ils sont venus seuls, ils repartiront seuls, sans qu’un paroissien habitué leur dise seulement bonjour et les accueille. Les SDF à la porte de l’église seront presque plus chaleureux en leur adressant leur supplication…

Il n’y a qu’un moment où cette solitude est volontairement brisée par la liturgie : le geste de paix. Ce moment où nous sommes invités à nous tourner vers nos voisins pour leur exprimer qu’ils ne sont pas que des étrangers, des gens de passage ou des isolés. « Exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix » (1Co 13,12) : Paul a raison d’en faire un impératif, car ce mouvement n’est pas naturel ! Certains le font du bout des phalanges, peu convaincus. D’autres trouvent ce geste hypocrite, dans la mesure où il n’engage à rien. Et c’est vrai que si ce geste ne s’accompagne pas d’un véritable souci fraternel de l’autre, il reste virtuel. D’autres encore voudraient carrément le supprimer de la liturgie, car – disent-ils – la messe c’est pour adorer Dieu et non pas pour faire ami ami avec son voisin.

Pire encore, d’autres restent froids, de marbre, sans vouloir tourner la tête et ouvrir la main.

Et pourtant Paul insiste : « Exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix ».

Pierre lui fera écho : « saluez-vous les uns les autres dans un baiser de charité. Paix à vous tous qui êtes dans le Christ » (1P 5,14). Et la réforme liturgique issue de Vatican deux enfonce le clou. La tradition la plus ancienne, c’est de lier le sacrement de l’autel et le sacrement du frère.

En cette fête de la Trinité, l’insistance se fait plus grande encore. La raison profonde du geste de paix est théologale : ce geste est lié à qui est Dieu en lui-même. C’est une attitude trinitaire : se tourner vers l’autre pour lui communiquer ce que j’ai moi-même reçu d’un autre, en l’occurrence la paix qui vient du Christ. Paul fait explicitement ce lien entre le baiser de paix et la communion d’amour trinitaire. La formule qu’il emploie juste après l’invitation au baiser de paix est la formule trinitaire qui ouvre nos eucharisties : « la grâce de Jésus-Christ notre Seigneur, l’amour de Dieu notre Père, et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous ».

Il s’agit donc profondément de laisser circuler entre nous la qualité de relation qui circule en Dieu même. Il s’agit de recevoir des trois personnes divines la capacité d’honorer l’autre comme une personne. Il s’agit de laisser l’Esprit devenir la vraie source d’inspiration des relations entre nous

[Le geste de paix lors d'un pèlerinage irlandais de personnes handicapées à Lourdes : ces personnes nous apprennent à laisser tomber certaines barrirères !]

 

Se recevoir pour se donner : cette respiration trinitaire se diffuse dans l’assemblée mieux qu’un incendie dans une forêt d’été. Cette « percolation » divine transforme nos relations pour les ajuster à leur vocation trinitaire.

Supprimer le geste de paix serait refuser la Trinité comme origine et terme de nos relations humaines. Prétendre ne pas pouvoir donner la paix sous prétexte que ce serait hypocrite ou superficiel revient à enlever à Dieu la capacité à transformer nos vies. Ce n’est pas la paix que j’ai réussi à construire que j’échange avec mon voisin. C’est la paix du Christ que je lui transmets, pas la mienne. Je reconnais ainsi que le Christ nous convoque tous les deux à recevoir de lui le courage d’être en paix l’un avec l’autre.

Même si mon voisin est une belle-mère acariâtre, un collègue imbuvable ou un parfait inconnu, lui transmettre la paix du Christ, c’est croire que la communion trinitaire est à l’oeuvre  dans l’Église. C’est s’engager à ce que cette communion trinitaire, reçue dans l’eucharistie, continue à se propager aux autres relations qui sont les miennes, une fois sorti de l’église.

Le geste de paix, c’est donc la Trinité en actes au milieu de nous. Paul a raison de lier les deux. La véritable hypocrisie serait de prétendre adorer Dieu sans accepter que cela transforme nos relations.

Si la Trinité est vraiment la carte d’identité de notre Dieu, personne ne devrait ressortir isolé de nos assemblées, car Dieu n’est pas solitaire. Personne ne devrait se sentir à l’écart parce qu’il ne fait pas partie des habitués, de ceux qui préparent la liturgie, qui font les lectures ou la quête.

Faites le lien entre la Trinité et le geste de paix, et vous verrez que les sorties de messes  ne seront plus les mêmes. Loin des petits clans qui se regroupent pour avoir des nouvelles des amis connus, l’accueil et la chaleur fraternelle circuleront entre les inconnus, les étrangers, les touristes, les habitués, entre les générations et les milieux sociaux…

C’est cela l’Église « issue de la Trinité » *  !

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Selon la célèbre formule de Saint-Cyprien reprise par Vatican II : « (Ecclesia) de unitate Patris et Filii et Spiritus Sancti plebs adunata », soit:  l’Église est « un peuple qui tire son unité du Père et du Fils et de l’Esprit-Saint. » (LG 4)

 

1ère lecture : Le Dieu tendre et miséricordieux se révèle à son peuple (Ex 34, 4b-6.8-9) 

Lecture du livre de l’Exode

Moïse se leva de bon matin, et il gravit la montagne du Sinaï comme le Seigneur le lui avait ordonné.
Le Seigneur descendit dans la nuée et vint se placer auprès de Moïse. Il proclama lui-même son nom ; il passa devant Moïse et proclama :
 
« YAHVÉ, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité.
 »
Aussitôt Moïse se prosterna jusqu’à terre, et il dit :
 
« S’il est vrai, Seigneur, que j’ai trouvé grâce devant toi, daigne marcher au milieu de nous. Oui, c’est un peuple à la tête dure ; mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous un peuple qui t’appartienne. »

Psaume : Ps Dn 3, 52, 53, 54, 55, 56

 R/ A toi, louange et gloire éternellement!

Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni soit le nom très saint de ta gloire :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu dans ton saint temple de gloire :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu sur le trône de ton règne :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu, toi qui sondes les abîmes :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Toi qui sièges au-dessus des Kéroubim :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu au firmament, dans le ciel :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

2ème lecture : Dans l’amour trinitaire (2Co 13, 11-13)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous.
Exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix. Tous les fidèles vous disent leur amitié.
Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous.

Evangile : « Dieu a tant aimé le monde…» (Jn 3, 16-18)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit : au Dieu qui est, qui était et qui vient ! Alléluia. (cf. Ap 1, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Patrick Braud
 

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11 décembre 2010

Du goudron et des carottes râpées

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Du goudron et des carottes râpées

 

Homélie du 3° dimanche de l’Avent / Année A

Dimanche 12 Décembre 2010

 

 

Du goudron et des carottes râpées

Il est 23 heures.

Je vois un homme s’approcher de la forme humaine dont on ne sait pas si elle est Du goudron et des carottes râpées dans Communauté spirituelle sdfaccroupie, assise ou allongée sur le goudron du trottoir. Devant l’entrée du supermarché spécialisé dans le hard discount en plein quartier populaire de la ville, l’homme distingue ce SDF, un de plus, qui pioche avec une fourchette dans une barquette en plastique de carottes râpées à 1 € (0,99 € exactement, ‘marque repère’…). À côté de la forme, l’inévitable bouteille de vin, elle aussi en plastique, déjà à moitié vidée.

L’homme hésite visiblement, dépasse la silhouette aux carottes râpées, convaincu sans doute (et peut-être avec raison) que l’aide à la mendicité est contre-productive. Mais il fait froid. De plus en plus avec le brouillard qui tombe. Mais la solitude dans le noir de la ville est encore plus glaciale lorsqu’on est dans la galère : même un habitant des beaux quartiers, bien éclairé et bien chauffé, peut deviner cela… Il revient sur ses pas, s’accroupit au côté de la forme noire et rouge. Surprise : c’est une femme. En relevant la tête, elle s’étonne, et bredouille quelques mots : « plus de place. Demain j’irai ». L’homme sort un billet de 20 € de son porte-monnaie et lui met dans la main : « faites attention à ne pas vous le faire voler ». Elle ne dit rien. Elle ne peut rien dire ; l’alcool a déjà embrouillé sa langue. Mais elle le regarde avec une tendresse inattendue sur ce trottoir, et lui caresse doucement la joue…

- « Voulez-vous que j’appelle le 115 ? »

- « Ils sont venus. Pas de place. »

- « Où allez-vous dormir ? »

- « Ailleurs. »

L’homme se relève. Obligé de continuer sa route…

 

Répondre par des actes concrets

Pourquoi raconter longuement cette scène si fréquente dans nos cités ? Parce qu’elle rejoint notre évangile d’Avent. Jean-Baptiste exprime en effet son interrogation au sujet de Jésus : qui est-il vraiment ?

« Il veut que les faits parlent et disent la différence qui existe entre lui et Jésus. Il envoie donc les deux disciples qu’il croit les plus aptes à comprendre (saint Jean Chrysostome : XXXVI° homélie sur l’évangile selon saint Matthieu, I&2).

Ses disciples demandent à Jésus de répondre : « es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Or Jésus ne répond pas par des discours ou par des paroles. Il renvoie à ses actes : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres… »

 

Autrement dit : la venue du Fils de l’Homme se joue dans les actes concrets qui aujourd’hui encore donnent de la dignité aux méprisés, font confiance aux humiliés, donnent un toit aux sans-abri, de la nourriture et du travail à celui qui est méprisé, et ainsi privé de la fraternité des hommes…

 

Jésus n’a pas fait un long discours sur la Trinité aux envoyés de Jean-Baptiste. Il a simplement renvoyé à ses actes. « Mes oeuvres parlent pour moi » dira-t-il dans l’Évangile de Jean. Ici, il demande seulement aux envoyés de Jean de constater : « allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez ».

 

Jean-Baptiste était la Voix. Jésus est le Verbe fait chair, la parole faite actes.

N’est-ce pas ce que les hommes d’aujourd’hui attendent des chrétiens : qu’ils agissent, que leurs actes traduisent leur conception de l’homme, du respect des plus faibles, de la défense de la vie sous toutes ses formes et à toutes ses étapes ?

 

Le psaume 145 de notre liturgie décline d’ailleurs cette identité divine en une série d’actions de salut et de libération. Dieu se révèle tel qu’il est lorsqu’il agit pour ceux qu’il aime, nous les hommes : il fait justice / donne le pain / délie / ouvre les yeux / redresse / aime / protège / soutient

 

Isaïe était tout aussi concret : « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. Ils reviendront, les captifs rachetés par le Seigneur? »

 

La feuille de route de l’Église

C’est toujours notre feuille de route pour être à son image, pour le laisser agir à travers nous, pour être « le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain » (Concile Vatican II, Lumen Gentium n° 1). La vocation sacramentelle de l’Église, c’est aussi cela : faire en sorte que : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres… »

 

Paul VI le disait avec courage en 1975 :

« Pour l’Église, le témoignage d’une vie authentiquement chrétienne, livrée à Dieu dans une communion que rien ne doit interrompre mais également donnée au prochain avec un zèle sans limite, est le premier moyen d’évangélisation. « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maître » disions-Nous récemment à un groupe de laïcs, « ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ». Saint Pierre l’exprimait bien lorsqu’il évoquait le spectacle d’une vie pure et respectueuse, « gagnant sans paroles même ceux qui refusent de croire à la Parole » (1P 3,1). C’est donc par sa conduite, par sa vie, que l’Église évangélisera tout d’abord le monde, c’est-à-dire par son témoignage vécu de fidélité au Seigneur Jésus, de pauvreté et détachement, de liberté face aux pouvoirs de ce monde, en un mot, de sainteté. »

Evangelii Nuntiandi n° 41, Paul VI (8/12/1975)

  

Puissions-nous traduire en actes concrets, au coeur du froid et des nuits hivernales tout particulièrement, cette feuille de route que le Messie a laissée à son Église ! Il y a tant d’associations, chrétiennes ou non, que nous pouvons soutenir, aider et encourager, et auxquelles participer, pour que des actes soient posés avec les plus petits, les laissés-pour-compte… Il y a tant de gestes efficaces que nous pouvons (devons) faire en ce sens…

 

1ère lecture : Les merveilles du salut à venir (Is 35, 1-6a.10) 

Lecture du livre d’Isaïe

Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse,

qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et de Sarône. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu.

Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent,

dites aux gens qui s’affolent : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. »

Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds.

Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. Ils reviendront, les captifs rachetés par le Seigneur, ils arriveront à Jérusalem dans une clameur de joie, un bonheur sans fin illuminera leur visage ; allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuiront.

 

Psaume : Ps 145, 7, 8, 9ab.10a

 

R/ Viens, Seigneur, et sauve-nous !

Le Seigneur fait justice aux opprimés ;

aux affamés, il donne le pain,

le Seigneur délie les enchaînés.

 

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,

le Seigneur redresse les accablés,

le Seigneur aime les justes.

 

Le Seigneur protège l’étranger.

Il soutient la veuve et l’orphelin.

D’âge en âge, le Seigneur régnera.

 

2ème lecture : Ayez de la patience : la venue du Seigneur est proche (Jc 5, 7-10)

Lecture de la lettre de saint Jacques

Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience. Voyez le cultivateur : il attend les produits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la première et la dernière récoltes.

Ayez de la patience vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche.

Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte.

Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.

 

Evangile : Jean Baptiste et Jésus (Mt 11, 2-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples :

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez :

Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.

Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »

Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?…

Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.

Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.

C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi.

Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »
Patrick Brau

Carton Rouge au logement en France / Fondation Abbé Pierre

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24 juillet 2010

Les 10 paroles du Notre Père

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Les 10 paroles du Notre Père

 

Homélie du 17° Dimanche du temps ordinaire / Année C

25/07/2010

 

Le Notre Père fait évidemment partie du trésor de la foi chrétienne. Il est avec le Credo l’une des perles que l’on transmet aux catéchumènes, pour qu’ils l’assimilent, l’apprennent « par le coeur », et le restitue ensuite devant l’assemblée (traditio / redditio).

Arrêtons-nous sur la structure de cette prière journalière, dans sa version liturgique (où Mt et Lc se combinent).

En fait, les mots du Notre Père sont juifs, et son énonciation est chrétienne.

 

Une prière juive

Chaque mot du Notre Père vient de l’Ancien Testament. Jésus ne les a pas inventés. Il les a agencés d’une manière originale et unique. Mais un juif (ou même un musulman) n’aurait aucune difficulté je crois pas à appeler Dieu « père », à prier pour que son règne vienne, pour que le pardon soit accordé…

 

Mieux encore, la structure de cette prière est profondément juive.

On peut en effet distinguer 10 paroles, comme le décalogue transmis par Moïse au peuple hébreu (dans ce sens, on peut dire que la prière devient plus importante que la loi en régime chrétien).

Les 10 paroles du Notre Père dans Communauté spirituelleCes 10 paroles se constituent de :

·      trois louanges : notre / père / qui es aux cieux

·      trois demandes qui concernent Dieu lui-même :

- que ton Nom soit sanctifié

- que ton règne vienne

- que ta volonté soit faite…

Trois est le chiffre divin du Dieu trois fois saint, dès l’Ancien Testament.

·      Viennent ensuite quatre demandes concernant l’homme (quatre est le chiffre symbolique de l’humain : les quatre points cardinaux, les quatre coins de la Terre  dans la représentation de l’époque…) :

- le pain quotidien

- le pardon

- la résistance à la tentation

- la délivrance du mal.

 

Après ces 10 paroles du Notre Père, on conclut volontiers par une doxologie qui est tirée des écrits de Paul : « car c’est à toi qu’appartiennent… », ce qui là encore rejoint la tradition juive, où la prière va de la louange à la louange, en passant par l’intercession.

 

 

 amidah dans Communauté spirituelleSi la structure du Notre Père est juive, ses mots le sont tout autant.

- Père : dès l’Ancien Testament, Dieu se révèle « père des pauvres », du peuple, père du roi, du prophète… Sa paternité est une autre manière de dire l’Alliance qui l’unit à Israël, voire à toute l’humanité.

- notre : la relation à Dieu n’est pas individuelle, mais communautaire. L’Église ne dit pas : « mon père », et c’est très important, parce que cela veut dire que la relation à l’Église fait partie de la relation à Dieu. Appeler Dieu « père », c’est nous reconnaître égaux en tant qu’enfants de ce père qui est nôtre.

- qui es aux cieux : c’est la révélation de la transcendance de Dieu (depuis le buisson ardent et le Tétragramme YHWH). Dieu est Notre Père tout en étant un autre père, un Dieu tout autre.

 

Puis viennent les trois demandes concernant le Nom, la volonté et le règne de Dieu.

Étrange prière, pleine d’humour juif en quelque sorte, puisque l’homme fragile et limité vole au secours du Tout-Autre en priant pour lui ! Comme si Dieu avait bien besoin d’être aidé par ce vermisseau… Mais nous nous décentrons de nos besoins propres en priant d’abord pour Dieu : pour que son Nom soit sanctifié, son règne vienne, sa volonté soit faite.

Les trois louangent indiquaient la gratuité de la prière ; ces trois demandes soulignent le désintéressement de toute demande, qui est d’abord pour Dieu avant d’être pour soi-même.

 

Puis viennent les demandes pour l’homme : le pain / le pardon / la tentation / la délivrance.

Intercession très concrète (on commence par le pain) qui ne cherche pas à accumuler (le pain de chaque jour seulement, comme la manne), mais à se rendre disponible à Dieu.

 

Pour avoir une étude plus détaillée de chacune de ces trois louanges et de ces 7  demandes, relisez le Catéchisme de l’Église Catholique (nos 2759-2865) qui en fait un excellent commentaire (patristique notamment).

 

Une énonciation chrétienne.

Les mots et la structure du Notre Père sont juifs, mais son énonciation est chrétienne.

La distinction entre énoncé / énonciation est classique : vous pouvez bien connaître  les paroles d’une chanson de Michael Jackson, mais vous ne pouvez guère les  chanter comme lui…

Le fait que le Notre Père jaillisse du coeur de la prière du Jésus (« un jour, quelque part, Jésus était en prière… » Lc 11,1) la colore d’une manière unique.

Meister_von_St._Severin_001 DécalogueQuand Jésus dit « Père », Abba, il le fait d’une manière unique, à laquelle il veut nous associer.

Quand il enseigne : « que ta volonté soit faite », c’est parce que lui-même va prier  ainsi à Gethsémani.

Quand il demande « le pain quotidien », c’est parce que lui-même se nourrit jour après jour de toute parole qui sort de la bouche de Dieu, etc…

 

Alors, prier le Notre Père, c’est se glisser dans la relation d’intimité que Jésus entretient avec son Père, en tant que Fils unique, et frère aîné une multitude…

 

D’ailleurs, l’énonciation de ces mots est trinitaire, c’est-à-dire que l’Esprit lui-même vient prier en nos ces mots pour qu’ils deviennent ceux du Christ. « Unis dans un même Esprit, nous pouvons dire avec confiance la prière que nous avons reçue du Sauveur »?

80169 demandeCette énonciation trinitaire du Notre Père est si forte qu’elle a remplacé la prière juive dite « des 18 bénédictions » (la « Amidah ») que tout juif récite aujourd’hui encore, trois fois par jour. Nous prions le Notre Père, debout, trois fois par jour (Laudes, messe, Vêpres).

 

Cette semaine, arrêtons-nous sur une de ces 10 paroles du Notre Père.

Choisissons-en une, une seule, afin qu’elle tourne et retourne en nos coeurs pendant sept jours, et fassent jaillir de notre vie une louange / une demande unie à celle du Christ? 

1ère lecture : Abraham intercède pour la ville condamnée (Gn 18, 20-32)

Les trois visiteurs d’Abraham allaient partir pour Sodome. Le Seigneur lui dit : « Comme elle est grande, la clameur qui monte de Sodome et de Gomorrhe ! Et leur faute, comme elle est lourde !
Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi. Si c’est faux, je le reconnaîtrai. »
Les deux hommes se dirigèrent vers Sodome, tandis qu’Abraham demeurait devant le Seigneur.
Il s’avança et dit : « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le pécheur ?
Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Est-ce que tu ne pardonneras pas à cause des cinquante justes qui sont dans la ville ?
Quelle horreur, si tu faisais une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le pécheur, traiter le juste de la même manière que le pécheur, quelle horreur ! Celui qui juge toute la terre va-t-il rendre une sentence contraire à la justice ?»
Le Seigneur répondit: « Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. »
Abraham reprit : « Oserai-je parler encore à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre ?
Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? » Il répondit : « Non, je ne la détruirai pas, si j’en trouve quarante-cinq. »
Abraham insista : « Peut-être en trouvera-t-on seulement quarante ? » Le Seigneur répondit : « Pour quarante, je ne le ferai pas.»
Abraham dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, si j’ose parler encore : peut-être y en aura-t-il seulement trente ? » Il répondit : « Si j’en trouve trente, je ne le ferai pas. »
Abraham dit alors : « Oserai-je parler encore à mon Seigneur ? Peut-être en trouvera-t-on seulement vingt ? » Il répondit : « Pour vingt, je ne détruirai pas. »
Il dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu’une fois. Peut-être en trouvera-t-on seulement dix ? » Et le Seigneur répondit : « Pour dix, je ne détruirai pas la ville de Sodome. »

 

Psaume : Ps 137, 1-2a, 2bc-3, 6-7ab, 7c-8

R/ Tu écoutes, Seigneur, quand je crie vers toi

De tout mon coeur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force. 

Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ;
de loin, il reconnaît l’orgueilleux. 
Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre,
ta main s’abat sur mes ennemis en colère.

Ta droite me rend vainqueur. 
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’oeuvre de tes mains.

2ème lecture : La croix du Christ, source de notre vie (Col 2, 12-14)

Frère,
par le baptême, vous avez été mis au tombeau avec lui, avec lui vous avez été ressuscités, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui a ressuscité le Christ d’entre les morts.
Vous étiez des morts, parce que vous aviez péché et que vous n’aviez pas reçu de circoncision. Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné tous nos péchés.
Il a supprimé le billet de la dette qui nous accablait depuis que les commandements pesaient sur nous : il l’a annulé en le clouant à la croix du Christ.

 

Evangile : Enseignements de Jésus sur la prière (Lc 11, 1-13)

Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : ‘Père,que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne.
Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour.
Pardonne-nous nos péchés,c ar nous-mêmes nous pardonnonsà tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous soumets pas à la tentation.’ »
Jésus leur dit encore : « Supposons que l’un de vous ait un ami et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander : ‘Mon ami, prête-moi trois pains :
un de mes amis arrive de voyage, et je n’ai rien à lui offrir.’
Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : ‘Ne viens pas me tourmenter ! Maintenant, la porte est fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner du pain’,
moi, je vous l’affirme : même s’il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte.
Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s’ouvre.
Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson ?
ou un scorpion, quand il demande un oeuf ?
Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »
Patrick Braud

 

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