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6 novembre 2014

Le principe de gratuité

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Le principe de gratuité

Homélie de la fête de la dédicace de la basilique du Latran / Année A
09/11/14

La foi n’est pas un trafic

Depuis la chute du mur de Berlin en 1989 (il y a 25 ans exactement aujourd’hui le 9 Novembre 2014), et du communisme en même temps, l’économie de marché semble ne plus avoir d’adversaire ni d’autre alternative crédible. Même les pays musulmans qui contestent l’Occident ne le font que grâce aux dollars que leur pétrole ou leur  gaz leur procurent. L’échange marchand s’est généralisé à tel point que même la santé, la vie intime ou le sport sont largement régis par les lois du mercato, du calcul, de la rentabilité.

Le principe de gratuité dans Communauté spirituelleLorsqu’il chasse les marchands du Temple de Jérusalem, Jésus pourtant s’oppose à l’omniprésence du marché en toutes choses. « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic » (Jn 2, 13-22) : cet avertissement, prononcé avec violence, fouet et cordes, est à la mesure du défi. De même qu’il remettait le politique à sa juste place (« rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »), Jésus remet ici l’économique à sa juste place également. L’échange marchand est utile entre les hommes, mais complètement inadapté à la relation à Dieu. On ne peut pas marchander avec Dieu. Ce serait contredire ce qu’il est en lui-même : un amour gratuit, une gratuité amoureuse, un échange incessant sans contrepartie entre les trois personnes trinitaires. Il donne et se donne sans compter ; il gracie sans tenir compte de nos mérites (cf. le bon larron) ; il fait pleuvoir sur les justes comme sur les injustes (Mt 5,45) ; il sauve sans condition….

Vouloir introduire le calcul et le marché dans la foi, c’est nier l’identité même de Dieu, et cela déchire Jésus au plus profond de lui-même. Ce trafic dans le Temple est une violence faite à Dieu, et Jésus est obligé d’user de violence pour ne pas se laisser détruire par cette réduction marchande.

Notons que cette violence n’est pas dirigée contre les personnes, mais contre leurs instruments, contre les moyens de l’échange marchand : monnaie d’échange, comptoirs, animaux mis en vente.

 

Le gratuit est le divin

Jn 2,13 précise que cet épisode des vendeurs chassés du Temple se situe dans un contexte liturgique précis : « comme la Pâque des juifs approchait ». Or, aujourd’hui encore, lorsque la Pâque juive approche, les juifs purifient leur maison et enlèvent soigneusement toute trace de levain fermenté qui pourrait encore y rester (le hametz, cf. Ex 12,18-20). Il s’agit d’accueillir la nouveauté pascale sans aucune nostalgie de nos anciens esclavages. Le grand ménage de printemps dans les villages autrefois avait quelque chose de cette signification très pascale. Comme Jésus est chez lui dans la maison de son Père, il purifie le Temple en y enlevant toute trace de ce levain fermenté qu’est la marchandisation de la relation à Dieu, véritable corruption contraire à la Pâque chrétienne.

En purifiant le Temple à la manière des juifs purifiant leur maison pour la Pâque, Jésus nous redit l’importance de la gratuité pour s’approcher de Dieu, pour devenir Dieu. Chasser l’esprit marchand de notre relation à Dieu, c’est arrêter de lui poser des conditions : si tu me donnes… (la santé, la réussite, la richesse etc.) alors je ferai ceci ou cela pour toi. C’est arrêter de le piéger : je t’ai offert tel animal en sacrifice, en retour tu dois exaucer ma prière.

C’est donc que la gratuité caractérise absolument l’amour que Dieu nous porte.

Parce que Dieu en lui-même est communion trinitaire gratuit, il nous éduque à pratiquer cet échange gratuit, cette réciprocité sans calcul, pour entrer dans son intimité, pour aimer à sa manière, en lui.

L’échange est fondamental, pour Dieu comme pour l’homme. L’échange marchand est utile, mais il ne peut dire tout ce qu’est l’homme.

L’homme a besoin de gratuité pour découvrir le divin en lui.

La gratuité, économiquement efficace

OpenOffice_Suite Doctrine sociale dans Communauté spirituelleD’ailleurs, même notre économie libérale qui canonise les marchés (financiers ou autres) voit émerger le rôle indispensable de l’échange gratuit. Regardez sur Internet les freeware  (logiciels gratuits) qui pullulent, à disposition de qui veut les télécharger. Observez le travail acharné de ceux qui mettent leurs logiciels en libre accès (open source) à tous. Parcourez tous les Wikis, tous ces sites de libre partage, dont le plus célèbre – Wikipedia - a depuis longtemps détrôné la tentative marchande que Microsoft avait voulu imposer avec l’encyclopédie Encarta. Et lorsqu’il a fallu décrypter le génome humain de l’ADN, il a été plus facile, plus rapide et évidemment moins coûteux de faire appel à des milliers de chercheurs bénévoles sur le Web qui ont collaboré à ce vaste programme scientifique, avec succès. Un institut marchand, public ou privé, y aurait englouti des millions et des années entières…

Don, réciprocité, gratuité

Biographie Marcel MaussMarcel Mauss a étudié l’importance du don dans les économies primitives [1]. (Lire ici l’homélie de Noël s’y rapportant : Le potlatch de Noël )
Cette importance persiste et reste structurante dans nos sociétés marchandes. Thomas Naguel (né en 1937) a récemment formalisé l’apport de l’éthique de réciprocité [2], basée sur la bonne vieille règle d’or énoncée par Jésus : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est là la loi et les prophètes. » (Mt 7,12)

Bien plus loin encore que l’éthique du don ou de la réciprocité, déjà utiles et humanisantes, Jésus rappelle ici que le principe de gratuité est au cœur de la communion avec Dieu. C’est donc il peut également transformer, transfigurer nos échanges économiques. Laisser toute sa place au principe de gratuité dans nos échanges permettra de sortir de l’esclavage des marchés. Telle une pâque économique anticipant la Pâque intégrale.

La réciprocité, le don, la gratuité sont très présents dans beaucoup de domaines de la vie sociale que le marché n’a pas pu totalement asservir à sa logique d’intéressement : la culture (l’art tout particulièrement), le sport (au moins au niveau local…), l’associatif, le bénévolat, l’humanitaire, l’innovation sous toutes ses formes etc.

 

Le principe de gratuité

La-place-du-don-et-de-la-gratuite-dans-l-economie_medium donBenoit XVI s’est fait l’écho de cet aspect majeur de la Doctrine sociale de l’Église dans son encyclique : Caritas in veritate (2009).

Si le marché envahit toute la sphère des relations humaines, il n’y a plus de communion possible :

n° 34 : … si le développement économique, social et politique veut être authentiquement humain, il doit prendre en considération le principe de gratuité comme expression de fraternité.

La fraternité entre tous ne peut en effet reposer sur le seul échange marchand :

n° 35 : abandonné au seul principe de l’équivalence de valeur des biens échangés, le marché n’arrive pas à produire la cohésion sociale dont il a pourtant besoin pour bien fonctionner. Sans formes internes de solidarité et de confiance réciproque, le marché ne peut pleinement remplir sa fonction économique. Aujourd’hui, c’est cette confiance qui fait défaut, et la perte de confiance est une perte grave.

Le principe de gratuité doit donc trouver sa place, non pas comme correctif, mais comme un pôle d’équilibre :

n° 36 : dans les relations marchandes le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité, peuvent et doivent trouver leur place à l’intérieur de l’activité économique normale. C’est une exigence de l’homme de ce temps, mais aussi une exigence de la raison économique elle-même. C’est une exigence conjointe de la charité et de la vérité.

Autrement dit, les chrétiens ne pratiquent pas la gratuité au nom d’une théorie économique, mais par imitation, ou plutôt par anticipation de la manière d’être de Dieu-Trinité : circulation gratuite du don de soi à l’autre.

Dans la relation que Dieu établit avec nous, c’est sa paternité qui fonde son offre gratuite. Entre nous, c’est la fraternité commune issue de cette paternité divine qui s’exprime dans la gratuité économique.

Il y a alors trois domaines dans une économie moderne ouverte : le marché, l’État, la vie civile :

n° 38 : Mon prédécesseur Jean-Paul II avait signalé cette problématique quand, dans Centesimus annus, il avait relevé la nécessité d’un système impliquant trois sujets: le marché, l’État et la société civile. Il avait identifié la société civile comme le cadre le plus approprié pour une économie de la gratuité et de la fraternité, mais il ne voulait pas l’exclure des deux autres domaines. Aujourd’hui, nous pouvons dire que la vie économique doit être comprise comme une réalité à plusieurs dimensions: en chacune d’elles, à divers degrés et selon des modalités spécifiques, l’aspect de la réciprocité fraternelle doit être présent. À l’époque de la mondialisation, l’activité économique ne peut faire abstraction de la gratuité, qui répand et alimente la solidarité et la responsabilité pour la justice et pour le bien commun auprès de ses différents sujets et acteurs. Il s’agit, en réalité, d’une forme concrète et profonde de démocratie économique.

Cet équilibre entre les 3 pôles de l’activité économique est capital pour ne pas imposer aux pays émergents un type de développement inhumain :

n° 39 : Vaincre le sous-développement demande d’agir non seulement en vue de l’amélioration des transactions fondées sur l’échange et des prestations sociales, mais surtout sur l’ouverture progressive, dans un contexte mondial, à des formes d’activité économique caractérisées par une part de gratuité et de communion. Le binôme exclusif marché-État corrode la socialité, alors que les formes économiques solidaires, qui trouvent leur terrain le meilleur dans la société civile sans se limiter à elle, créent de la socialité. Le marché de la gratuité n’existe pas et on ne peut imposer par la loi des comportements gratuits. Pourtant, aussi bien le marché que la politique ont besoin de personnes ouvertes au don réciproque.

Ce bref rappel du principe de gratuité, qui s’enracine dans l’épisode des vendeurs chassés du Temple, nous pose à chacun une vraie question à laquelle il est important de ne pas répondre trop vite ou superficiellement :

- quelle est ma conscience des dons gratuits dont j’ai bénéficié jusqu’à présent ? (de la part des autres, des hasards de la vie, de Dieu…)

- où en suis-je moi-même de la pratique de la gratuité ? (vis-à-vis des autres ? vis-à-vis de Dieu ?)

 


[1]. cf. Marcel MAUSS, Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques (1925), Quadrige/Presses universitaires de France, 2007

[2]. Thomas NAGEL, The Possibility of Altruism, Princeton University Press, 1970

 

 

1ère lecture : La source de vie qui jaillit du Temple de Dieu (Ez 47, 1-2.8-9.12)

Lecture du livre d’Ézékiel

Au cours d’une vision reçue du Seigneur, l’homme qui me guidait me fit revenir à l’entrée du Temple, et voici : sous le seuil du Temple, de l’eau jaillissait en direction de l’orient, puisque la façade du Temple était du côté de l’orient. L’eau descendait du côté droit de la façade du Temple, et passait au sud de l’autel. L’homme me fit sortir par la porte du nord et me fit faire le tour par l’extérieur, jusqu’à la porte qui regarde vers l’orient, et là encore l’eau coulait du côté droit.

Il me dit : « Cette eau coule vers la région de l’orient, elle descend dans la vallée du Jourdain, et se déverse dans la mer Morte, dont elle assainit les eaux. En tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre et foisonner. Le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent. Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »

Psaume : 45, 2-3, 5-6, 8-9a.10

R/ Voici la demeure de Dieu parmi les hommes.

Dieu est pour nous refuge et force,secours dans la détresse, toujours offert.
Nous serons sans crainte si la terre est secouée,
si les montagnes s’effondrent au creux de la mer.

Le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu,
la plus sainte des demeures du Très-Haut.
Dieu s’y tient : elle est inébranlable ;
quand renaît le matin, Dieu la secourt.

Il est avec nous, le Seigneur de l’univers ;
citadelle pour nous, le Dieu de Jacob !
Venez et voyez les actes du Seigneur,
Il détruit la guerre jusqu’au bout du monde.

2ème lecture : Vous êtes le temple que Dieu construit (1 Co 3, 9b-11.16-17) 

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
vous êtes la maison que Dieu construit.
Comme un bon architecte, avec la grâce que Dieu m’a donnée, j’ai posé les fondations. D’autres poursuivent la construction ; mais que chacun prenne garde à la façon dont il construit.
Les fondations, personne ne peut en poser d’autres que celles qui existent déjà : ces fondations, c’est Jésus Christ.
N’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous.
Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous.

Evangile : Le corps du Christ, nouveau temple de Dieu (Jn 2, 13-22)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. L’heure vient, et c’est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. Alléluia. (Jn 4, 23-24)

Évangile de Jésus christ selon saint Jean 

Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem.
Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Ses disciples se rappelèrent cette parole de l’Écriture : L’amour de ta maison fera mon tourment.
Les Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? »
Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
Mais le Temple dont il parlait, c’était son corps.
Aussi, quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.
Patrick BRAUD

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29 octobre 2014

La mort, et après ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La mort, et après ?

 

Homélie pour la fête des défunts
02/11/2014

 

Ne pas se tromper de question

La mort, et après ? dans Communauté spirituelle 150px-Sans_issue.svgAvec le grand âge, avec les questions éthiques sur l’euthanasie, le suicide assisté, avec les soins palliatifs, l’Occident est obligé de se confronter à nouveau à la grande évacuée de l’après-guerre : la mort. Mais c’est par délégation à quelques experts et professions de santé. Et puis, si la mort est une question, l’après mort devrait en être une autre, bien plus imposante si on n’y réfléchit. Bien sûr la manière de mourir nous importe : sans douleur, en la voyant venir, ou au contraire par surprise, rapidement ou de longue maladie… À tel point que nous risquons de mettre toute notre énergie à gérer notre approche de la mort. Or la question de l’après mérite toute notre attention, et plus encore ! Car de la réponse (ou non-réponse) à cette interrogation dépend finalement la majeure partie de nous-mêmes.

Si nos quelques années de conscience débouchent sur un néant après, alors il serait logique d’en déduire que la vie est absurde, ou que le carpe diem est la seule solution pour échapper à ce non-sens (= absence de signification et de direction).

Si cette existence est réellement un passage vers autre chose, et en plus vers  l’éternité impossible à penser, alors cela vaut la peine d’y réfléchir.

Faire comme si la question ne se pose pas – ce qui est une attitude actuellement majoritaire chez les Européens - est assez étrange. C’est comme un navire qui ne voudrait pas connaître son port de destination…

Vouloir vivre dans l’instant uniquement fait penser à une personne atteinte d’Alzheimer, incapable de se souvenir et incapable de se projeter. Elle se noie dans le présent, délirant d’autant plus que justement il n’y a plus rien à lire dans les événements qui se succèdent.

 

Le pari de Pascal

Si réellement une éternité nous attend, le rapport entre l’avant-mort et l’après est si petit que cela peut nous rapporter gros ! C’est le célébrissime pari de Pascal. Non seulement je n’ai rien à perdre à miser sur le fait que l’après existe, mais en plus j’ai tout à y gagner !

Pascal formule ainsi son pari :

« Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est.
Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter. »
Blaise Pascal, Pensées, 1670.

Malgré ce qu’insinuent beaucoup de commentaires, Pascal n’évoque pas ici le sort de l’athée, et ne lui promet nul enfer s’il ne veut pas prendre ce pari. Dieu est libre (heureusement !) d’offrir son éternité à ceux qui ne l’auront pas connu ou reconnu pendant leur passage terrestre. Pascal réfléchit seulement sur la condition du croyant : si Dieu existe, le croyant aura tout gagné en anticipant la vie éternelle dès maintenant. Si Dieu n’existe pas, il n’aura rien perdu puisqu’il s’en ira dans le néant avec tous les hommes, et le fait qu’il se soit trompé n’aura évidemment plus aucune importance. Il a donc tout intérêt, que Dieu existe ou non, à miser sa vie sur la promesse de l’au-delà en Dieu.

Nous qui calculons nos investissements, nos réductions pour remplir le caddie, notre épargne à 10 ans, pourquoi ne pas calculer également ce que l’espérance en la résurrection avec le Christ peut nous faire gagner ? Normalement, nous ne devrions pas avoir besoin de faire ce calcul. L’amour est désintéressé, et l’amour de Dieu encore plus. Mais si le doute s’installe, qu’au moins la raisons calculante nous aide à ne pas lâcher la proie pour l’ombre !

En cette fête des défunts, la vraie question posée par la Bible est bien : es-tu prêt à miser ta vie sur la promesse d’une éternité en Dieu après la mort ?

Écoutez les lectures du jour : « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable » (Sg 2,23).
« Nous serons en communion avec le Christ par une résurrection qui ressemblera à la sienne » (Rm 6,5).
« Ceux qui sont dans les tombeaux sortiront » (Jn 5,28).

 

Le vrai but est donc après

N1791949438 cimetière dans Communauté spirituelleCe qui n’enlève rien à la valeur de l’avant. Placées dans la perspective de l’infini, ces quelques années terrestres s’avèrent à la fois précieuses et relatives.

Précieuses  parce que la résurrection s’y manifeste dès maintenant : « celui qui croit est déjà passé de la mort à la vie » (Jn 5,24).

Relatives parce qu’il y a bien une réalité infiniment plus riche qui viendra transfigurer notre bref passage en une communion sans fin : nous serons « participants de la nature divine » osera dire Pierre (2P 1,4), c’est-à-dire que nous ne ferons plus qu’un avec Dieu-Trinité.

Si nous ne nous soucions que de cette vie-ci, nous sommes bien plus « les plus à plaindre de tous les hommes », comme l’écrit Paul (1Co 15,19) et nous faisons un bien mauvais calcul, nous démontre Pascal.

Prier pour nous défunts, c’est nous rappeler à nous-mêmes qu’un au-delà nous attend réellement, qui donne sens à tous nos liens d’amour, d’amitié, de travail…

Puisse cette espérance invincible nous habiter de l’intérieur.

Puissions-nous la laisser transparaître à travers nos choix, nos paroles, nos priorités. Oui, la promesse joyeuse d’un au-delà de la mort fait bien partie de l’essentiel de la foi chrétienne.

C’est l’après qui fonde l’avant, et non l’inverse !

 

 

1ère lecture : La vie de tout homme est dans la main de Dieu (Sg 2,23; 3,1-6.9)

Lecture du livre de la Sagesse

Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu’il est en lui-même. 

La vie des justes est dans la main de Dieu, aucun tourment n’a de prise sur eux.

Celui qui ne réfléchit pas s’est imaginé qu’ils étaient morts ; leur départ de ce monde a passé pour un malheur ; quand ils nous ont quittés, on les croyait anéantis, alors qu’ils sont dans la paix.
Aux yeux des hommes, ils subissaient un châtiment, mais par leur espérance ils avaient déjà l’immortalité.
Ce qu’ils ont eu à souffrir était peu de chose auprès du bonheur dont ils seront comblés, car Dieu les a mis à l’épreuve et les a reconnus dignes de lui.
Comme on passe l’or au feu du creuset, il a éprouvé leur valeur ; comme un sacrifice offert sans réserve, il les a accueillis. 
Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur comprendront la vérité ; ceux qui sont fidèles resteront avec lui dans son amour, car il accorde à ses élus grâce et miséricorde.

Psaume : 4, 2, 7, 9

R/ Garde mon âme dans la paix près de toi, Seigneur.

Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice ! 
Toi qui me libères dans la détresse, 
pitié pour moi, écoute ma prière !Beaucoup demandent : 
« Qui nous fera voir le bonheur ? » 
Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors, 
car tu me donnes d’habiter, Seigneur, 
seul, dans la confiance.

2ème lecture : Passer par la mort avec le Christ pour vivre avec lui (Rm 6, 3-9)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous sommes déjà en communion avec lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons encore par une résurrection qui ressemblera à la sienne. Nous le savons : l’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que cet être de péché soit réduit à l’impuissance, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché.
Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir.

Evangile : Voici l’heure d’entrer dans la vie (Jn 5, 24-29)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Christ est ressuscité, par sa mort il a détruit la mort : à ceux qui sont dans les tombeaux il a donné la vie. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus disait aux Juifs : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui écoute ma parole et croit au Père qui m’a envoyé, celui-là obtient la vie éternelle et il échappe au Jugement, car il est déjà passé de la mort à la vie. 
Amen, amen, je vous le dis : l’heure vient — et c’est maintenant — où les morts vont entendre la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même ; et il lui a donné le pouvoir de prononcer le Jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne soyez pas surpris ; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux vont entendre sa voix, et ils sortiront : ceux qui ont fait le bien, ressuscitant pour entrer dans la vie ; ceux qui ont fait le mal, ressuscitant pour être jugés. »
Patrick BRAUD
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13 juin 2014

Trinité : ne faire qu’un à plusieurs

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Trinité : ne faire qu’un à plusieurs

Homélie pour la fête de la Trinité / Année A
15/06/2014

Même la famille a du mal?

Trinité : ne faire qu'un à plusieurs dans Communauté spirituelle bd35feca-201d-11e1-b53a-82616b81bcadUn repas de famille comme toutes les familles en vivent, à l’occasion de Noël, d’un anniversaire, d’une communion? La discussion à table en arrive aux impôts : la fameuse pression fiscale. Une des soeurs présentes part dans une longue diatribe véhémente sur le thème :

- regardez tout ce qu’on nous prend !

Je vois le visage d’une autre soeur se durcir et ses yeux se remplir de colère :

- tu as de la chance de payer des impôts. Nous on aimerait bien en payer, mais on n’est pas assez riches pour cela.

Le débat avec tout le monde enfle, s’envenime, au point que l’une des soeurs quitte la table en pleurant :

- on n’est vraiment pas du même monde !

Silence gêné et consterné évidemment après ce coup d’éclat : la fête est gâchée ; la joie de se retrouver en famille s’est évaporée à l’épreuve des différences trop grandes entre les modes de vie de chacun.

 

L’être humain est trinitaire

Dieu que c’est dur d’être unis en étant différents !

Dieu que c’est difficile de s’aimer alors que tout nous sépare !

C’est pourtant l’enjeu de cette fête de la Trinité : Dieu ne fait qu’un à trois, et il nous introduit dans cette intimité-là.

trinite2 amour dans Communauté spirituelleTrois personnes distinctes, une circulation d’amour entre elles les liant indissolublement : l’unité trinitaire est ce à quoi nous aspirons le plus profondément, parce que à son image nous avons été créés. Nous sommes faits pour vivre par de tels liens d’échanges réciproques où l’un et l’autre deviennent inséparables. Nous portons-nous la trace de cette communion divine, comme la cire garde en creux l’empreinte du sceau royal qui lui a donné sa forme.

Entre le Père et le Fils, dans l’Esprit, circule une telle intensité de relations que l’un n’est pas sans l’autre, et que chacun se reçoit et se donne en même temps, ne faisant plus qu’un dans ce don mutuel (les chrétiens grecs appellent périchorèse  cette joyeuse danse où l’amour circule entre les trois).

 

Ne faire qu’un à plusieurs : c’est bien cela notre vocation la plus fondamentale. Nous l’approchons lorsque l’amitié nous fait vibrer à l’unisson.

Nous la pressentons lorsque la ferveur sportive nous entraîne dans un même enthousiasme (la coupe du monde de football en témoigne !).

Nous la devinons lorsque la musique nous fait expérimenter une harmonie indicible. Nous l’expérimentons avec émotion devant la beauté de la création dont nous sommes issus.

Rien à voir avec la poupée de sel qui se dissout dans l’océan ! Non : l’unité trinitaire respecte le jeu de chacun. Distinguer pour mieux unir (Jacques Maritain) reste une maxime authentiquement chrétienne. Le Père n’est pas le Fils, l’Esprit est distinct des deux, et pourtant les trois ne font qu’un.

C’est en devenant profondément soi-même qu’on s’ouvre à la communion avec l’autre, et réciproquement. La communion divine exalte l’individualité de chacun en la mettant en relation avec la sienne.

L’adjectif chrétien est d’ailleurs synonyme de trinitaire en fait. Le Christ (chrestos en grec = oint) est l’oint, c’est-à-dire celui qui a reçu de Dieu le Père de l’onction de l’Esprit Saint. Le chrétien est donc celui qui, en suivant Jésus-Christ, reçoit du Père la force de l’Esprit pour vivre sa vie d’homme en communion (avec Dieu / les autres / lui-même / la nature…).

Pourquoi alors est-il si difficile d’être unis et différents ? Pourquoi tant de couples ne peuvent-ils pas durer jusqu’au bout sur ce chemin de communion (qui est trinitaire, au fond) ? Pourquoi tant de familles se déchirent-elles entre personnes de même sang ? Et les familles des peuples répercutent à l’infini ces divisions anti-trinitaires : entre catholiques et protestants autrefois, entre Hutus et Tutsis  récemment, entre palestiniens et israéliens toujours, hindous et musulmans encore…

Nous avons perdu la capacité de nous réjouir de ce que l’autre est vraiment autre. Au lieu de nous émerveiller de ce qu’il a et que je n’ai pas, nous jalousons, nous voulons lui ressembler à tout prix (cf. la violence mimétique analysée par René Girard). Au lieu de louer Dieu pour les talents et la personnalité de l’autre, nous cherchons à lui prendre, à le dominer, à le dévorer. Nous travestissons nos différences en inégalités, nous avons peur qu’elles soient source de domination.

 

reiser Dieu 

La Trinité au travail !

Fêter la Trinité est donc un sacré antidote à notre violence inhumaine, et un beau rappel de l’avenir qui nous est promis. Si on y réfléchit, tout notre univers est façonné par cette structure trinitaire. On a parlé de l’amitié, du couple, du sport, de la musique, de la beauté du monde. Parlons aussi de notre univers au travail.

‘Que vient faire la Trinité au travail ?’ railleront certains, en rajoutant avec cynisme : ?en entreprise, on n’est pas dans le monde des Bisounours’.

Pourtant, à moins d’être un ultralibéral partisan de la concurrence à mort, où l’un des derniers marxistes exaltant la lutte des classes, la plupart des travailleurs aspirent à des relations professionnelles faites de collaboration, de solidarité, d’estime, de reconnaissance mutuelle.

Tous les sondages réalisés auprès des salariés français ou européens redisent que l’attente des travailleurs tourne bien sûr autour de la rémunération, mais aussi de la considération, du respect, de l’ambiance et de la qualité des relations au travail.

 

Le secret de l’unité trinitaire réside dans le mouvement : se recevoir/se donner. Cette dynamique de l’échange à la manière divine peut transformer toute activité professionnelle.

Pas question alors d’imposer son autorité hiérarchique à une équipe en faisant claquer ses galons : l’autorité se reçoit, avec humilité, de bas en haut, d’une équipe qui reconnaît à quelqu’un le rôle et la mission de la conduire à sa réussite.

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Plus question entre collègues de rivaliser par la force ou la tromperie : la coopération fera gagner tous ensemble (ce qui ne supprime pas l’émulation, mais la met au service de la réussite commune). Se recevoir inclura également la relation client/usagers/élèves : un grand professionnel est d’abord reconnu comme tel par ses clients, un bon fonctionnaire par les usagers du service public, un professeur génial dans l’admiration de ses élèves.

Se donner marquera en retour l’activité professionnelle du sceau du service. Le grand commerçant est celui qui veut d’abord le meilleur service pour son client (qualité, prix, délai…). Il fait son métier par passion. C’est la passion de se donner qui anime également le scientifique qui cherche et expérimente, le professeur qui déploie des trésors de pédagogie etc.. Même les travaux apparemment les plus ingrats peuvent être vécus dans cet état d’esprit de service. Refaire des centaines de fois les mêmes gestes devant une machine ne peut pas se vivre sans solidarité avec les autres opérateurs, avec ceux de la maintenance des machines, avec le souci de la qualité finale pour le client etc. La manière d’accomplir sa tâche lui donne un autre sens, une dimension plus humaine parce que reliée à d’autres. Cela ne supprime pas la pénibilité physique, le côté mécanique, répétitif – voire abrutissant – de certaines tâches. Cela permet de résister à la déshumanisation qui guette toujours le monde du travail. Mais peut-être aussi d’éviter que des traders deviennent fous, des patrons arrogants, des équipes démotivées parce que divisées et sans aventure commune.

 

Une économie de communion (chère aux Foccolaris) ira puiser dans la Trinité une source d’inspiration pour transformer les relations au travail, et le travail lui-même.

Fêter la Trinité le dimanche permet donc de revenir le lundi matin à son bureau/usine/école/commerce avec le goût de la communion eucharistique (qui est trinitaire) encore dans la bouche. Tout peut devenir matière à se recevoir/se donner. Toute activité (si elle est orientée vers le bien commun) peut engendrer de l’unité entre des gens différents.

Relisons donc nos responsabilités à la lumière de cette vocation trinitaire : ne faire qu’un à plusieurs.

 

 

1ère lecture : Le Dieu tendre et miséricordieux se révèle à son peuple (Ex 34, 4b-6.8-9)

Lecture du livre de l’Exode

Moïse se leva de bon matin, et il gravit la montagne du Sinaï comme le Seigneur le lui avait ordonné.
Le Seigneur descendit dans la nuée et vint se placer auprès de Moïse. Il proclama lui-même son nom ; il passa devant Moïse et proclama :
« YAHVÉ, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité. »
Aussitôt Moïse se prosterna jusqu’à terre, et il dit :
« S’il est vrai, Seigneur, que j’ai trouvé grâce devant toi, daigne marcher au milieu de nous. Oui, c’est un peuple à la tête dure ; mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous un peuple qui t’appartienne. »

Psaume : Ps Dn 3, 52, 53, 54, 55, 56

R/ À toi, louange et gloire éternellement!

Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni soit le nom très saint de ta gloire :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu dans ton saint temple de gloire :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu sur le trône de ton règne :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu, toi qui sondes les abîmes :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Toi qui sièges au-dessus des Kéroubim :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu au firmament, dans le ciel :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

2ème lecture : Dans l’amour trinitaire (2Co 13, 11-13)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous.
Exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix. Tous les fidèles vous disent leur amitié.
Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous.

Evangile : « Dieu a tant aimé le monde…» (Jn 3, 16-18)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit : au Dieu qui est, qui était et qui vient ! Alléluia. (cf. Ap 1, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Patrick BRAUD 

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31 octobre 2013

Tous un : la Toussaint, le cimetière, et l’Église…

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Tous un : la Toussaint, le cimetière, et l’Église…

Homélie pour la fête de Toussaint
01/11/2013

 

« Je crois à la communion des saints ».

Depuis la mort de mon père, cette phrase du Credo m’est devenue  extraordinairement concrète…


- Si je vais sur sa tombe, cela m’aide à penser à lui, cela me rapproche un peu ; je vois son nom sur la plaque de granit, je sais que ses restes sont là, mais ce n’est déjà plus lui ; et ce n’est pas encore être en communion.

Tous un : la Toussaint, le cimetière, et l'Église... dans Communauté spirituelle tombes_restaurees_1


- Si j’accroche sa photo, son portrait au milieu des étagères, je pense souvent à lui en passant devant, mais ce n’est pas encore être en communion.


- Si je ferme les yeux pour retrouver son air bonhomme et son sourire, çà se rapproche mais ce n’est encore que la trace qu’il a laissée dont il a marqué ma vie.
Ce n’est pas encore lui vivant.


- J’ai cherché où il pouvait me donner rendez-vous : des lettres, la mer, le bateau? jusqu’à ce qu’une évidence m’aveugle :


Puisqu’il est dans le Christ, sur le chemin de la rencontre éblouissante avec le Christ qu’on appelle Purgatoire, le plus sûr moyen d’être en communion avec lui est encore d’être en communion avec le Christ.

Dans l’hostie au creux de la main, le lien d’amour d’un père à son fils reprend, solide, en passant par le Christ.

Dieu a toujours été le plus court chemin d’un homme à un autre, mieux que la ligne droite.

À travers la mort, la relation avec nos défunts découle de notre communion au Christ.

- Et si la communion des saints que nous fêtons à la Toussaint était aussi simple que cela ?

Comme autrefois il suffisait de passer par le standard ou l’opératrice pour avoir l’international, il suffit de passer par le Christ pour être relié à ceux qui sont sur l’autre rive. Pas besoin de soi-disant médiums ou voyants qui inquiètent les vivants en leur faisant croire qu’ils sont en communication avec les morts ! Il est bien plus sûr de passer par le Christ, vrai homme et vrai Dieu, pour baisser le pont-levis entre eux et nous.

 

La communion des saints, nous l’expérimentons déjà partiellement ici-bas, lorsque de vrais liens de prière, d’affection, de solidarité nous font vibrer à l’unisson. Alors imaginez ce qu’est cette communion en Dieu même ! Imaginez la force qu’a réellement cette chaîne d’amour qui nous relie à tous ceux qui partagent la sainteté même de Dieu !

 

- Nous ne prions pas seulement pour obtenir des choses : retrouver des objets perdus avec St Antoine de Padoue, plaider pour des causes désespérées avec Ste Rita etc… Nous prions les saints pour nous-mêmes devenir saints, par la grâce de Dieu.

 

- Nous invoquons les saints, non pour nous protéger du malheur, mais pour nous exposer avec eux au bonheur des 8 Béatitudes de l’évangile de cette fête de Toussaint.

 

- Nous portons les prénoms des saints non comme une amulette, mais comme une marque de famille ; car ils sont de notre famille, ils nous redisent que la sainteté n’est pas au-dessus de nos forces ; comme mon grand-père qui était musicien me redit que l’amour de la musique fait partie de notre culture familiale.

 

- Nous égrenons les prénoms des saints comme les grains d’un chapelet litanique, car cette prière qui court d’un grain de sainteté à un autre nous relie solidement à Celui qui en est la source : le Dieu trois fois Saint.

 

Vous le voyez à chaque ordination : lorsque le futur diacre ou prêtre ou évêque est couché par terre, sur le tapis dans le choeur de la cathédrale, l’Église chante la litanie de tous les saints comme s’ils venaient eux-mêmes le chercher et l’entraîner avec eux dans la course de l’Évangile.  C’est sans doute un des moments les plus émouvants d’une ordination que cette litanie de tous les saints chantée sur l’ordinand prostré à terre, abandonné à Dieu, porté par ces compagnons invisibles de tous les siècles et de tous les horizons.

 

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D’une certaine manière, cette communion de Toussaint illustre parfaitement ce qu’est l’Église, notre Église. 25 ans après le Concile Vatican II (en 1985) les évêques réunis à Rome en Synode relisaient dans Vatican II son apport principal, essentiel :

« L’ecclésiologie de communion est l’idée centrale et fondamentale des documents du Concile. (…)
Au lendemain du Concile, Paul VI s’adressait aux fidèles en ces termes: ?L’Église est une communion. Que signifie ici ce mot communion ? Je vous renvoie au passage du catéchisme qui parle de la communion des Saints. Église veut dire communion des Saints. Et communion des Saints signifie une double participation vitale: l’incorporation des chrétiens à la vie du Christ, et la circulation de la même charité dans toute la communauté des fidèles, en ce monde et en l’autre. Union au Christ et dans le Christ; et union entre les chrétiens dans l’Église’ (08/06/1966). »
Christifideles laïci ; Jean Paul II, 1988

Nous étions partis de la quête d’un fils cherchant le fil d’Ariane qui l’unirait à son père au-delà de la mort. Nous arrivons à la plus belle définition de l’Église qui soit, celle de Vatican II : l’Église est le sacrement de la communion trinitaire.

 

C’est donc que cette belle fête de Toussaint, pleine d’espérance, est indispensable à la vie de l’Église comme à celle de nos familles.

 

Nous sommes faits pour la communion, la communion de tous les saints en Dieu.

 

Saints et saintes de Dieu,

dont la vie et la mort ont crié Jésus-Christ sur les routes du monde,

Saints et saintes de Dieu, priez pour nous,

afin que nos liens ici-bas se laissent transformer à l’image des liens d’amour qui vous unissent en Dieu Trinité.

 

 

 

 

1ère lecture : La foule immense des rachetés (Jn 7, 2-4.9-17)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de dévaster la terre et la mer : « Ne dévastez pas la terre, ni la mer, ni les arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. » Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël. 

Après cela, j’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main. Et ils proclamaient d’une voix forte : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau ! » Tous les anges qui se tenaient en cercle autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants, se prosternèrent devant le Trône, la face contre terre, pour adorer Dieu.

Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! »

L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? »

Je lui répondis : « C’est toi qui le sais, mon seigneur. » Il reprit : « Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau ! » 

Psaume : 23, 1-2, 3-4ab, 5-6

R/ Voici le peuple immense de ceux qui t’ont cherché.

Au Seigneur, le monde et sa richesse, 
la terre et tous ses habitants ! 
C’est lui qui l’a fondée sur les mers 
et la garde inébranlable sur les flots. 

Qui peut gravir la montagne du Seigneur 
et se tenir dans le lieu saint ? 
L’homme au c?ur pur, aux mains innocentes, 
qui ne livre pas son âme aux idoles. 

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, 
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! 
Voici Jacob qui recherche ta face !

2ème lecture : Nous sommes enfants de Dieu et nous lui serons semblables (1 Jn 3, 1-3)

Lecture de la première lettre de saint Jean

Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu ? et nous le sommes. Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu.

Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. Et tout homme qui fonde sur lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.

Evangile : Les Béatitudes (Mt 5, 1-12a)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Venez au Seigneur, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau : il vous donnera le repos. Alléluia. (cf. Mt 11, 28)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Quand Jésus vit la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :

« Heureux les pauvres de coeur :
   le Royaume des cieux est à eux !

Heureux les doux : 
   ils obtiendront la terre promise !

Heureux ceux qui pleurent :
   ils seront consolés !

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice :
   ils seront rassasiés !

Heureux les miséricordieux :
   ils obtiendront miséricorde !

Heureux les c?urs purs :
   ils verront Dieu !

Heureux les artisans de paix :
   ils seront appelés fils de Dieu !

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice :
   le Royaume des cieux est à eux !

Heureux serez-vous si l’on vous insulte, 
   si l’on vous persécute 
   et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! »
Patrick Braud

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