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12 janvier 2013

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Homélie du Baptême du Seigneur, Année C
13/01/13

Pour Jean -Baptiste, le baptême, « c’est pas le pied » ! En effet, il déclare : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » (Lc 3,16). Donc il ne pense pas pouvoir se mettre aux pieds du Christ ; il se croit indigne de lui laver les pieds, de lui ôter ses sandales.
Ça paraît anecdotique, cette histoire de sandales ! Mais dans la Bible, c’est le genre de détail qui renvoie à toute une histoire : une histoire à sandales !

1. Cela commence en effet dans le livre de la Genèse.

Melchisédech, roi de Salem, apporte du pain et du vin à Abraham et vient lever l’impôt royal, la dîme. Abraham lève la main et jure de respecter la royauté de Melchisédech : « Je ne prendrais ni un fil, ni une courroie de sandale, rien de ce qui est à toi. Et tu ne pourras pas dire : ‘J’ai enrichi Abraham’ » (Gn 14, 17-24).

Transposé au baptême de Jésus, la courroie de sandale veut dire que, à l’image d’Abraham, le peuple juif en Jean-Baptiste reconnaît la royauté de Jésus, nouveau Melchisédech venu apporter le pain et le vin en échange du don de chacun. Ne pas tricher dans l’eucharistie, ne pas voler la royauté divine, s’acquitter de l’impôt royal qui est la miséricorde envers son prochain : voilà une première piste pour : « ne pas défaire la courroie de ses sandales ».


2. Ensuite, il y a le fameux épisode de Moïse au Buisson Ardent.

Le baptême du Christ : une histoire

Une histoire sans sandales : « Retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Ex3, 5). Moïse doit se mettre pieds nus, c’est-à-dire se dépouiller de ses représentions humaines, pour rencontrer Dieu.

En sens inverse, par le baptême, Dieu lui aussi en Jésus s’apprête à rencontrer l’homme. Avant de plonger dans l’océan de notre humanité si mélangée de beauté et de terreur, le Christ enlève ses sandales, comme le Pape embrasse la terre du pays qui le reçoit à sa descente d’avion. Et Jean-Baptiste reconnaît que cette plongée de Dieu en nous est si vertigineuse qu’il n’ose laisser croire que cela pourrait venir grâce à lui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. » veut dire alors : « l’abaissement de Jésus, sa plongée jusqu’aux enfers, c’est lui seul et pas moi ».

En ce jour du Baptême du Christ dans le Jourdain, nous fêtons un Dieu qui n’a pas eu peur de rencontrer l’homme, de le rejoindre même au plus bas de son humanité, en ce qu’il a de plus saint comme en ce qu’il a de plus sordide.

La file des pécheurs du Jourdain a sous doute commis tout ce que vous n’oserez jamais accomplir : adultères, vols, meurtres, corruption, délation… C’est à la déchetterie de l’humanité que Jésus se rend en allant au Jourdain à l’endroit où Jean baptise. Pourtant il n’a pas peur d’aller nous rejoindre là, au plus bas, au plus sale.

Un proverbe africain dit : « Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

anesse-Jesus-cadre baptême dans Communauté spirituelle

Dans son baptême, le Christ descend des hauteurs pour éprouver lui-même la brûlure du péché de l’homme. Il enlèvera lui-même les sandales de ses pieds pour éprouver la brûlure de notre terre, et ne pas rester protégé de cette fournaise. La croix sera plus tard la brûlure absolue, l’immersion la plus complète dans l’enfer de la solitude et de la déchéance humaine. S’il était resté monté sur son âne des Rameaux, il n’aurait pu communier avec les plus déchus…

Du baptême à la croix, Paul dira de Jésus qu’il a été, pour nous, identifié au péché. « Christ a été fait péché » pour nous, afin que nul pécheur ne désespère d’être trop loin de Dieu pour pouvoir être aimé.

Christ est aujourd’hui plongé dans le Jourdain pour que plus personne ne soit noyé, submergé par le mal commis ou subi.
Christ remonte aujourd’hui des eaux du Jourdain pour que l’énergie de la résurrection soit offerte à tous les peuples, langues, nations, cultures.

« Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

Aujourd’hui le Christ ‘descend de son âne’, et plonge dans nos brûlures les plus secrètes.

Comment pourrions-nous fêter le Baptême du Seigneur sans nous aussi ‘descendre de notre âne’ et ‘enlever nos sandales’ ?
Sans embrasser l’autre même s’il nous fait peur au début ?
Sans goûter avec lui la grande espérance du corps du Christ sortant vainqueur des eaux de mort ?

 

3. Après le Buisson Ardent, il y a la Pâque juive où il est encore question de sandales :
 « C’est ainsi que vous mangerez la Pâque : le ceinture aux reins, vos sandales aux pieds, votre bâton à la main » (Ex 3,5). C’est la tenue du voyageur, qui en hâte, traverse le péril, passe à travers le danger de mort qui le guette.

Les sandales aux pieds, le Christ inaugure déjà sa Pâque dès le baptême au Jourdain. Jean-Baptiste ne veut pas lui ôter ces sandales-là, il nous aide à deviner en cet homme baigné dans le fleuve un passeur, qui le premier traverse jusqu’à l’autre rive.

haggadoth1 Jean Baptiste

4. Mais il y a encore un autre texte savoureux qui parle de sandales. C’est Dt 25,5-10 : la loi du lévirat en Israël.

Donner des enfants à un homme, perpétuer un nom de famille est si important dans le peuple juif que si un homme marié meurt, son frère doit épouser sa veuve, pour relever le nom du frère défunt :
« Si le frère ne veut pas assumer ce devoir de descendance, la veuve lui fera honte devant tout le monde : en présence des Anciens, la femme ôtera la sandale du pied du frère, lui crachera au visage et dira : ‘Ainsi fait-on à l’homme qui ne relève pas la maison de son frère’, et sa maison sera appelée ‘Maison du déchaussé’ ! »

Au temps de Jean-Baptiste, Israël est comme une veuve loin de son mari (Dieu semble mort). Jésus ne se dérobe pas : il vient épouser Israël, relever la Maison d’Israël. Et Jean-Baptiste ne veut ni lui cracher au visage, ni ôter la sandale de son pied ; et le peuple Église ne sera pas la Maison du Déchaussé, malgré les crachats et la nudité de la Passion !


5. Autre petit bijou où la sandale joue un rôle : le livre de Ruth, superbe histoire 
d’amour avec Booz immortalisé par Victor Hugo et Chagall. Séduit par la beauté de cette étrangère, le Juif Booz conclut un marché pour acquérir les terres de sa famille.
Rt 4,7-8 : « Or c’était autrefois la coutume en Israël en cas de rachat ou d’héritage : pour valider toute l’affaire, l’un ôtait sa sandale et la donnait à l’autre. Telle était en Israël la manière de témoigner. »
Et Booz retira sa sandale pour racheter l’étrangère qu’il aimait plus que tout.
C’était pour annoncer Jésus retirant sa sandale au Jourdain pour racheter tous ceux qui se croient étrangers à Dieu, trop loin de Dieu, mais que lui Jésus aime plus que Booz aimait Ruth. Et Jean-Baptiste reconnaît que cet amour est si grand qu’il ne peut en être que le témoin, pas l’acteur à la place de Jésus, l’époux véritable qui ôte sa sandale pour se marier notre humanité…


6. Il y a bien d’autres usages du symbolisme de la sandale dans la Bible :

- arme de séduction entre les mains de la belle Judith pour faire craquer le général ennemi Holopherne (« Sa sandale ravit son regard » Judith 10, 4 ; 16, 9),

- écrin pour l’admiration de l’amoureux du Cantique des Cantiques (Ct 7,20) « Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince »,

 Jourdain- symbole de l’exploitation sociale, lorsque, hélas, « on vend le pauvre pour une paire de sandales » (Am 2,6 ; 8,6).

- et lorsque le Christ envoie ses disciples, il leur demande de n’emporter ni bourse, ni besace ni sandales (Lc 10, 4 ; Mt 10, 10).


Vous sentez toutes les harmoniques bibliques de cette petite phrase de Jean-Baptiste aujourd’hui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » ?

Nous non plus ne sommes pas dignes !

Repensez à Jean-Baptiste et, les prochains soirs d’été, vous n’enlèverez plus jamais vos sandales comme avant !

Restons émerveillés avec Jean-Baptiste, car Le Christ ne cesse de délier par lui-même la courroie de sa sandale pour venir plonger dans notre humanité, dans mon humanité.

 

 

Lectures de la fête du Baptême du Seigneur

1ère lecture : « Voici l’eau, venez et vous vivrez » (Is 40, 1-5.9-11)

Lecture du livre d’Isaïe

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au c?ur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. »
Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à  Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à  Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu. »
Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son c?ur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume : Ps 103, 1c-3a, 3bc-4, 24ac-25, 27-28, 29-30

R/ L’eau et l’Esprit te rendent témoignage, Seigneur de gloire !

Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

Des nuées, tu te fais un char,
tu t’avances sur les ailes du vent ;
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs.

Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.
Voici l’immensité de la mer,
son grouillement innombrable d’animaux grands et petits,

Tous, ils comptent sur toi
pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux, ils ramassent ;
tu ouvres la main : ils sont comblés.

Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ;
tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

2ème lecture : Par le bain du Baptême (Tt 2, 11-14 ; 3,4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle.

Evangile : L’Esprit Saint et le Père au baptême de Jésus (Lc 3, 15-16.21-22)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici venir un plus fort que moi, proclame le Baptiste ; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Alléluia. (Jn 1, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre :
« C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
Patrick Braud

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21 décembre 2012

Enfanter le Verbe en nous…

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Enfanter le Verbe en nous…

Homélie du 4° Dimanche de l’Avent Dimanche / Année C
23/12/2012

Une rencontre tout en rondeurs

Que font deux femmes enceintes lorsqu’elles se rencontrent ?

Elles parlent de leur grossesse !

Elisabeth et Marie ne font pas exception. Comme toutes les femmes du monde qui attendent un enfant, elles aiment à partager ce que le mystère de la vie en elles produit comme émotions et sentiments. La rencontre entre les deux cousines est d’abord la rencontre profondément humaine de deux femmes déjà habitées par quelqu’un d’autre. Enfanter le Verbe en nous... dans Communauté spirituelle visitation-2Elles s’embrassent comme toutes les futures mères :

- guettant la transformation de leur corps qui s’arrondit, qui s’alourdit.

- désirant et redoutant à la fois la croissance de ce petit être en elles jusqu’à la naissance.

- attentives au miracle qui s’accomplit au plus intime d’elles-mêmes.

- soucieuses de ce qui pourrait menacer cette croissance.

- attendant chaque échographie avec soulagement et émerveillement.

- ayant besoin de parler de tout cela, pour en partager la joie et en exorciser les peurs?

 

Images de l’Église enceinte

Par cette visite, Elisabeth et Marie célèbrent le temps de leur grossesse ; elles la vierge_trois_quarts_sm Eckhart dans Communauté spirituellesavourent. En cela, elles sont l’image de l’Église, notre Église que nous formons chacun et ensemble.

Car nous aussi nous portons le Christ en nous, comme Marie l’abritait en elle.
Nous aussi nous sommes habités par un Autre qui déjà transforme notre corps et notre coeur.
Nous aussi nous sommes ‘enceint(e)s’ du Verbe de Dieu qui, depuis Noël, désire être engendré en chacun, engendré par l’Église et dans l’Église

Il y a en nous une allégresse qui nous est donnée, qui nous fait tressaillir de l’intérieur.
Il y a en nous un amour qui nous presse à « nous mettre en route rapidement », comme Marie, pour le partager à notre famille humaine.
Il y a en nous une joie qui nous vient de plus grand que nous, et qui est le signe d’une naissance à venir?

Oui : Elisabeth et Marie partageant leur bonheur d’être enceintes figurent l’Église : tantôt femme âgée qu’on croyait stérile (comme certains désespèrent de notre Église en France, âgée et faible…), tantôt jeune femme qu’on croyait incapable d’engendrer (comme les jeunes Églises d’Afrique).

Toutes deux se rencontrent et laissent éclater leur allégresse d’être habitées par quelqu’un d’autre.

C’est notre allégresse, puisque nous sommes nous aussi appelés à devenir la Mère du Christ. Écoutez comment St Augustin rappelait aux chrétiens d’Hippone leur vocation maternelle divine :

« Faites attention, je vous en supplie, à ce que dit le Christ Seigneur, étendant la main vers ses disciples : Voici ma mère et mes frères. Et ensuite : Celui qui fait la volonté de mon Père, qui m’a envoyé, c’est lui mon frère, ma soeur, ma mère.

Est-ce que la Vierge Marie n’a pas fait la volonté du Père, elle qui a cru par la foi, qui a conçu par la foi, qui a été élue pour que le salut naquît d’elle en notre faveur, qui a été créée dans le Christ avant que le Christ fût créé en elle ? Sainte Marie a fait, oui, elle a fait la volonté du Père, et par conséquent, il est plus important pour Marie d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été mère du Christ ; il a été plus avantageux pour elle d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été sa mère.

Donc, Marie était bienheureuse, parce que, avant même d’enfanter le Maître, elle l’a porté dans son sein. Voyez si ce que je dis n’est pas vrai. Comme le Seigneur passait, suivi par les foules et accomplissant des miracles divins, une femme se mit à dire : Heureux, bienheureux, le sein qui t’a porté! Et qu’est-ce que le Seigneur a répliqué, pour éviter qu’on ne place le bonheur dans la chair ? Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et la gardent!

naissancedieuame MarieDonc, Marie est bienheureuse aussi parce qu’elle a entendu la parole de Dieu, et l’a gardée: son âme a gardé la vérité plus que son sein n’a gardé la chair. La Vérité, c’est le Christ; la chair, c’est le Christ. La vérité, c’est le Christ dans l’âme de Marie ; la chair, c’est le Christ dans le sein de Marie. Ce qui est dans l’âme est davantage que ce qui est dans le sein.

Sainte Marie, heureuse Marie ! Et pourtant l’Église vaut mieux que la Vierge Marie.Pourquoi ? Parce que Marie est une partie de l’Église. Un membre éminent, un membre supérieur aux autres, mais enfin un membre du corps entier. S’il s’agit du corps entier, le corps est certainement davantage qu’un seul membre. Le Seigneur est la tête, et le Christ total est à la fois la tête et le corps. Bref, nous avons un chef divin, nous avons Dieu pour tête. Donc, mes très chers, regardez vous-mêmes: vous êtes les membres du Christ, et vous êtes le corps du Christ. Comment l’êtes-vous ? Faites attention à ce qu’il dit: Voici ma mère et mes frères.

Comment serez-vous la mère du Christ ? Celui qui entend, celui qui fait la volonté de mon Père, qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère. »
(Homélie sur l’évangile de Matthieu)

Maître Eckhart précisait :

«  Le Père engendre dans l’éternité le Fils, comme son image.  » Le Verbe était auprès de Dieu et Dieu était le Verbe  » : comme le même que lui et de la même nature. Mais je vais plus loin et je dis : il l’a engendré dans mon âme ! Elle n’est pas seulement auprès de lui et lui auprès d’elle, comme étant semblable à lui, mais il est en elle. Et le Père engendre son Fils dans l’âme exactement comme dans l’éternité et pas autrement. Il faut qu’il le fasse, que cela lui plaise ou non ! Il l’engendre sans interruption. Et je dis en outre : il m’engendre comme son Fils, comme le même Fils ! Oui, il ne m’engendre pas seulement comme son Fils, il m’engendre comme lui, et lui comme moi, il m’engendre comme son essence propre, sa propre nature : dans la source la plus profonde je jaillis dans l’Esprit saint, là il n’y a qu’une vie, une essence, une oeuvre !
Tout ce que Dieu opère est un, c’est pourquoi il m’engendre comme son Fils, sans qu’une séparation intervienne. Mon père corporel n’est pas à proprement parler mon père, il ne l’est qu’avec une petite partie de sa nature, et je suis séparé de lui : il peut être mort et moi vivre. Mais le Père céleste est bien vraiment mon père : parce que je suis sien et que tout ce que je possède je le tiens de lui, et, en tant que fils, je suis le même que lui, et pas un autre. Comme le Père n’accomplit somme toute qu’une oeuvre, cette oeuvre : m’établir comme son fils, ne produit pas quelque chose de séparé. »
(La grâce divine de l’accomplissement, sur Lc 1,26).

Visitez-vous les uns les autres

Vous avez  là, dans cet évangile de la Visitation, le sens profond des visites entre Églises locales. La coopération missionnaire c’est cela : aller chez l’autre, le visiter pour s’émerveiller du travail de l’Esprit chez lui.? Car c’est une grande joie de découvrir l’action de l’Esprit de Dieu ailleurs comme chez nous. En allant là-bas, nous vivons la même Visitation qu’entre Marie et Élisabeth…

Et vous, où en êtes-vous de votre grossesse spirituelle ?
Que sentez-vous bouger en vous d’un désir spirituel bien vivant ?
Quels projets, quelle joie, quel amour grandit en vous et vous fait tressaillir d’allégresse ?

Pour le savoir, rien ne vaut une bonne visite comme celle de Marie à Elisabeth : une échographie spirituelle en quelque sorte !
C’est bon d’avoir des amis avec qui partager la joie d’être « habité(e)s ».
C’est bon d’avoir un accompagnateur spirituel à qui rendre visite pour mesurer la croissance de la Vie en nous.
C’est bon d’avoir une équipe de chrétiens avec qui parler de nos transformations les plus personnelles?

Quand nous nous rendons visite, pour ces fêtes de fin d’année par exemple, nous pouvons être, comme Marie et Elisabeth, des « échographes » de la Vie qui grandit en nous, à tout âge.

 

Le Verbe de Dieu est engendré en nous depuis notre baptême, nous le portons en nous comme on porte un trésor dans un vase d’argile, comme une femme enceinte porte l’enfant, miracle permanent de l’engendrement de Dieu en chacun.

Puissent nos visites, familiales et amicales, s’inspirer de la Visitation de Marie à Elisabeth, pour laisser grandir au plus intime de nous-mêmes la joie d’être aimés, d’être habités, d’être transformés dans la chair de notre chair.

Car « le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ».

 

 

1ère lecture : Le Messie viendra de Bethléem (Mi 5, 1-4)

Lecture du livre de Michée

Parole du Seigneur :
Toi, Bethléem Ephrata,le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, à l’aube des siècles.
Après un temps de délaissement, viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les enfants d’Israël.
Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom de son Dieu. Ils vivront en sécurité, car désormaissa puissance s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre, et lui-même, il sera la paix !

Psaume : Ps 79, 2.3bc, 15-16a, 18-19

R/ Dieu, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés !

Berger d’Israël, écoute,
toi qui conduis ton troupeau, resplendis !
Réveille ta vaillance
et viens nous sauver.

Dieu de l’univers, reviens !
Deu haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !

2ème lecture : « Je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5-10)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères,
en entrant dans le monde, le Christ dit, d’après le Psaume : Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps.
Tu n’as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché ;
alors, je t’ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté,c ar c’est bien de moi que parle l’Écriture.
Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni accepté les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les expiations pour le péché que la Loi prescrit d’offrir.
Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime l’ancien culte pour établir le nouveau.
Et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.

Evangile : La Visitation (Lc 1, 39-45)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Chante et réjouis-toi, Vierge Marie : celui que l’univers ne peut contenir demeure en toi. Alléluia. (cf. So 3, 14.17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Patrick Braud

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14 août 2012

L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’Assomption de Marie:
une femme entre en Résistance

Homélie pour la fête de l’Assomption  Année B
15/07/2012

 

Marie icône de l’Église

On connaît la vieille règle médiévale, toujours en vigueur, qui donne le sens de toute fête mariale : tout ce qui peut être dit de Marie personnellement doit également être dit de l’Église collectivement, et réciproquement.

Marie est la première créature en qui le désir de Dieu de s’associer l’humanité réussit pleinement. Elle anticipe et inaugure notre avenir à chacun et à tous.

Voilà pourquoi les fêtes mariales sont aussi populaires : nous célébrons notre espérance déjà réalisée en Marie !

Le 15 août ne déroge pas à cette règle : l’Assomption de Marie inaugure l’Assomption de l’humanité en Dieu.

Avec Marie, nous sommes promis à être « enlevés » (assumere en latin) en Dieu.

Avec Marie, nous avons l’espérance d’être « assumés » corps et âme par Dieu et en lui.

L’Apocalypse, la radio-Londres de Saint Jean

Mais cela se fait à travers un combat que saint Jean décrit à sa manière dans l’Apocalypse (cf. notre première lecture).

Au moment où Jean écrit (dans les années 90 après Jésus) les persécutions romaines effraient les catéchumènes et les nouveaux baptisés, à juste titre. Les Églises autour de la Méditerranée naissent dans le sang, martyres des pouvoirs politiques et religieux païens qui ne supportent pas la différence chrétienne. Aujourd’hui encore hélas, ces Églises noyées en plein monde musulman continuent à souffrir brimades, humiliations, voire attentats et persécutions.

Saint Jean écrit pour soutenir la foi et le courage de ceux qui sont discriminés à cause de leur baptême. Comme les combattants de l’ombre au moment de l’occupation nazie en 39-45, Jean est obligé de recourir à un langage codé pour ne pas compromettre ses lecteurs, et pour que son message reste hermétique aux persécuteurs.

Souvenez-vous : Radio-Londres relayait des messages codés que les résistants savaient très bien interpréter. « Demain la libellule verra le papillon » pouvait annoncer un largage d’armes pour un maquis ou bien un départ de réfugiés juifs vers Londres. Quand Jean évoque « une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds » il emploie le même procédé de langage codé.

La nature n’est pas Dieu

L'Assomption de Marie : une femme entre en Résistance dans Communauté spirituelle pleine_lune_2006_07_11Il décrit une femme plus grande que les astres du ciel qui lui servent de parure. Message à l’intention des chrétiens toujours tentés par les vieilles religions astrales. Croire que son destin est écrit quelque part, que les astres en seraient les annonciateurs est formellement en contradiction avec la liberté chrétienne. Ni le soleil ni la lune ne gouvernent nos vies. Ce sont des choses créées qui disent la beauté du Créateur ; l’homme ne doit pas les craindre ni les adorer. Il doit comme Marie s’en servir comme « manteau » pour envelopper sa beauté et sa croissance. La désacralisation de la nature est au coeur de la révélation juive et chrétienne : la nature n’est pas Dieu. Elle est une amie de l’homme, et peut lui servir de manteau pour à la fois le protéger et l’embellir. Attitude révolutionnaire autrefois dans la période où – faute de connaissances scientifiques – on attribuait à la nature des pouvoirs divins, obscurs et terrifiants. Attitude de sagesse aujourd’hui où certaines écologies voudraient rediviniser la terre, l’univers ou la matière, où à l’inverse la technique continue à asservir et piller la nature sans discernement.

Le pouvoir politique ne peut se prendre pour Dieu

Après notre rapport à la nature créée, c’est notre rapport au pouvoir politique qu’évoque l’Assomption de Marie dans l’Apocalypse.

La femme porte sur sa tête « une couronne de douze étoiles ». La couronne est bien sûr le symbole du pouvoir royal ou impérial qui ici repose sur une femme, cas assez rare dans l’Antiquité pour ne pas y voir un de ces renversements spectaculaires que Dieu semble prendre plaisir à multiplier (« il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles », selon le Magnificat de Marie). Le chiffre 12 symbolise Israël, pleinement accompli dans l’Église (le « temple qui est dans le ciel »). Le « dragon » qui veut dévorer l’enfant de cette femme a 7 tête et 10 cornes : 7 est le chiffre de la création et 10 le chiffre de la loi. Le dragon symbolise tous les pouvoirs politiques de la création qui tentent de s’arroger le pouvoir de la loi dans leur intérêt. Les 7 diadèmes évoquent ces pouvoirs – royauté ou empires – qui se prennent pour Dieu et veulent concurrencer la couronne de la femme.

Cette femme est donc Israël – l’Église – Marie, exposée aux prétentions meurtrières des pouvoirs politiques qui veulent prendre la place de Dieu en décidant eux-mêmes de ce qui est bien ou de ce qui est mal.

Vouloir « dévorer » l’enfant de la femme enceinte paraît renvoyer aux persécutions romaines  et juives qui voulaient décimer les enfants de l’Église que sont les nouveaux baptisés, ou bien évoquer la jalousie politique contre le Christ qui vient rétablir le royaume de Dieu en chacun.

Cette jalousie politique est terriblement meurtrière, puisqu’elle balaye le tiers des étoiles : beaucoup d’Églises tomberont sous les persécutions. Mais courage ! semble nous crier saint Jean : le mal ne pourra vaincre en totalité ; il blessera et abîmera, mais les deux tiers des étoiles resteront dans le ciel. Beaucoup de baptisés renient leur fois, mais encore davantage tiendront bon, jusqu’à la victoire finale.

La femme est « enceinte, torturée par les douleurs de l’enfantement » : c’est bien chacun de nous, porteur de notre aspiration à rejoindre Dieu, lourd de tout ce que nous engendrons de divin dans nos projets humains. C’est bien l’Église, enceinte de ses catéchumènes, ne cessant pas d’engendrer une humanité nouvelle, libre de servir le seul vrai Dieu.

Entrer en résistance

Les chrétiens qui lisaient l’Apocalypse en cachette – à l’instar de ceux qui font circuler la Bible sous le manteau en Chine, au Maghreb ou ailleurs – savaient lire dans ce texte l’annonce d’une formidable espérance: la domination tyrannique des régimes inhumains n’aura qu’un temps. Même s’ils sont capables de faire encore de terribles dégâts, ils seront vaincus, et les chrétiens n’ont rien à craindre fondamentalement de ces colosses aux pieds d’argile.

Même s’ils finissent sous les dents des bêtes dans le cirque romain autrefois ou dans les geôles de junte militaire ou religieuse aujourd’hui, ces chrétiens persécutés savent que les diadèmes de pacotille s’inclineront un jour devant la couronne étoilée dont Marie est déjà revêtue.

Avec Marie en Assomption, l’Église entre en résistance. En Christ, le mal est déjà vaincu. Le combat qu’il reste à mener pour manifester cette victoire sera long et meurtrier. Mais l’Apocalypse réconforte les résistants de l’ombre en leur promettant d’être associés comme Marie à la plénitude de la gloire divine.

Que ce message d’espérance soutienne tous les combats qui sont les nôtres !

 

 

The Partisan

When they poured across the border
I was cautioned to surrender,
this I could not do;
I took my gun and vanished.
I have changed my name so often,
I’ve lost my wife and children
but I have many friends,
and some of them are with me.

An old woman gave us shelter,
kept us hidden in the garret,
then the soldiers came;
she died without a whisper.

There were three of us this morning
I’m the only one this evening
but I must go on;
the frontiers are my prison.

Oh, the wind, the wind is blowing,
through the graves the wind is blowing,
freedom soon will come;
then we’ll come from the shadows.

Les Allemands e’taient chez moi, (The Germans were at my home)
ils me dirent, « Signe toi, » (They said, « Sign yourself, »)
mais je n’ai pas peur; (But I am not afraid)
j’ai repris mon arme. (I have retaken my weapon.)

J’ai change’ cent fois de nom, (I have changed names a hundred times)
j’ai perdu femme et enfants (I have lost wife and children)
mais j’ai tant d’amis; (But I have so many friends)
j’ai la France entie`re. (I have all of France)

Un vieil homme dans un grenier (An old man, in an attic)
pour la nuit nous a cache’, (Hid us for the night)
les Allemands l’ont pris; (The Germans captured him)
il est mort sans surprise. (He died without surprise.)

Oh, the wind, the wind is blowing,
through the graves the wind is blowing,
freedom soon will come;
then we’ll come from the shadows.

 

1ère lecture : La Femme de l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Le Temple qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple.

Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.
Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement.
Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes,et sur chaque tête un diadème.
Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.
Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place.

Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »

Psaume : Ps 45, 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16

R/ Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils.

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

2ème lecture : Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle ( 1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

Evangile : « Heureuse celle qui a cru ! » (Lc 1, 39-56)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. »
Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick Braud

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11 août 2012

Traverser la dépression : le chemin d’Elie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

LE MAL DE VIVRE (BARBARA)

Ça ne prévient pas quand ça arrive, ça vient de loin.
Ça s’est promené de rive en rive, la gueule en coin.
Et puis un matin, au réveil, c’est presque rien
Mais c’est là, ça vous ensommeille au creux des reins.

Le mal de vivre, le mal de vivre qu’il faut bien vivre, vaille que vivre.

On peut le mettre en bandoulière ou comme un bijou à la main
Comme une fleur en boutonnière ou juste à la pointe du sein.
Ce n’est pas forcément la misère, c’est pas Valmy, c’est pas Verdun
Mais c’est des larmes aux paupières au jour qui meurt, au jour qui vient.

Le mal de vivre, le mal de vivre qu’il faut bien vivre, vaille que vivre.

Qu’on soit de Rome ou d’Amérique, qu’on soit de Londres ou de Pékin
Qu’on soit d’Égypte ou bien d’Afrique, de la porte Saint-Martin
On fait tous la même prière, on fait tous le même chemin.
Qu’il est long lorsqu’il faut le faire avec son mal au creux des reins.
Ils ont beau vouloir nous comprendre
Ceux qui nous viennent les mains nues
Nous ne voulons plus les entendre, on ne peut pas, on n’en peut plus.
Et tous seuls dans le silence d’une nuit qui n’en finit plus
Voilà que soudain on y pense à ceux qui n’en sont pas revenus.

Du mal de vivre, leur mal de vivre
Qu’il faut bien vivre, vaille que vivre.

Et sans prévenir, ça arrive, ça vient de loin.
Ça s’est promené de rive en rive, le rire en coin.
Et puis un matin, au réveil, c’est presque rien
Mais c’est là, ça vous émerveille, au creux des reins.

La joie de vivre, la joie de vivre, qu’il faut bien vivre, la joie de vivre.

Traverser la dépression : le chemin d’Élie

Homélie du 19° dimanche / Année B
12/08/12

C’est qu’il nous fait une vraie déprime, en bonne et due forme, notre brave Élie ! Une vraie plongée dans le « mal de vivre » que chantait si bien Barbara dans les années 60.

Comparez les symptômes de 1R 19,4-8 avec ce que vous pouvez observer chez des personnes dépressives autour de vous.

 

LA PLONGÉE DÉPRESSIVE

La fuite

« Le prophète Élie, fuyant… »

 Un prophète en fuite, ce n’est pas très glorieux.

D’autant qu’il vient juste d’affronter avec courage et brio une armée de faux prophètes de Baal qu’il a réussi à exterminer grâce au feu de Dieu descendu du ciel ! Après un tel succès aussi spectaculaire, il aurait dû savourer sa victoire. Mais le voilà en fuite…

Nombre de dépressions viennent-elles aussi à la suite d’un effort intense couronné de succès (rédaction et soutenance d’une thèse, accouchement, réussite professionnelle…) mais débouchant sur une sorte de vide existentiel qui engendre la fuite, réaction de panique devant ce qu’on avait pourtant recherché depuis des mois.

 

L’hostilité

« Le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel… »

 La dépression vient de l’impression de se heurter contre un mur.

C’est le mal de crâne de la mouche qui se cogne et se recogne contre la vitre, obstinément, maudissant la paroi de verre qui se dresse contre elle. Cette hostilité sert d’alibi à la fuite. Elle peut être bien réelle, comme ici la reine Jézabel voulant se venger de celui qui a décimé et humilié ses fonctionnaires royaux (Jézabel symbolise au passage l’acharnement kafkaïen qui à force de s’abattre sur quelqu’un le pousse à sombrer dans la déprime). L’hostilité peut également être imaginaire, inventée, ou virtuelle, supposée. On connaît tous des dépressifs qui se construisent des ennemis et des impossibilités pour justifier leur léthargie.

Hier, l’hostilité de Jézabel stimulait Élie comme prophète.

Aujourd’hui, elle le décourage et le transforme en fuyard.

 

La marche dans le désert

« Le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, marcha toute une journée dans le désert ».

Traverser la dépression : le chemin d'Elie dans Communauté spirituelleMarcher sans but, un peu hagard, dans un horizon soudain vidé de ses repères habituels : c’est le signal juste avant le plongeon dépressif. Une existence d’automate, d’où ont disparu les finalités antérieures. Élie erre dans le désert, il ne sait plus où il en est, il a l’impression que tout ce qu’il a fait débouche sur un vide immense à la mesure de l’infini du désert désolant.

 

 

 

S’asseoir à l’ombre d’un buisson

« Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson ».

 Là, c’est le breakdown de celui qui ne peut plus avancer. C’est le burnout de celui qui a trop donné : je m’arrête ; mes pas ne me portent plus.

Cela se traduit alors par une hospitalisation d’urgence ou au moins un arrêt de travail. On cherche un « buisson » derrière lequel disparaître : certains descendent les volets de leur maison et s’y tiennent enfermés ; d’autres ne peuvent plus quitter leur lit. D’autres s’assoient à l’ombre de l’alcool en espérant disparaître du paysage… Or il n’y a pas tant d’ombre que cela derrière un buisson à raz de désert, et l’insolation guette (cf. Jonas et son ricin !). Ce genre de fausses protections (alcool, sommeil, isolement) se révèle vite illusoire, mais la dépression nous fait croire que c’est un refuge possible ; alors, comme il n’y en a pas d’autre, à dieu-vat !

 

Demander la mort

« Il demanda la mort »

2de74ed1 Barbara dans Communauté spirituelleDemander la mort est le moment paroxystique de la déprime : ne plus avoir envie de vivre, vouloir tuer en soi jusqu’à la soif d’exister. Le pire, c’est que Élie demande la mort à Dieu lui-même, lui dont il est le prophète. La plupart des dépressifs demandent la mort à une boîte de médicaments, à une arme, une corde ou un TGV. Or demander à des dieux inertes n’entraîne que le silence. Oser demander à Dieu en personne suscite d’autres réponses.

Ici, Élie semble vouloir entraîner Dieu lui-même dans son anéantissement. Car Dieu est l’auteur de la vie : lui demander la mort, c’est comme lui demander de se suicider en exauçant mon voeu morbide. Dieu se renierait comme Dieu s’il donnait cette mort-là, alors que la mort physique n’a été acceptée par lui que pour être convertie en passage vers la divinisation.

Le drame de la dépression, c’est qu’elle amène des personnes à souhaiter se supprimer, et qu’elle entraîne l’entourage dans cette spirale infernale. Les dégâts sont si importants chez les proches lorsque ce désespoir de l’un d’entre eux les amène à se renier eux-mêmes?

Demander la mort : la question rebondit aujourd’hui à travers le débat de société sur la fin de vie. Euthanasie, droit de mourir dans la dignité, droit au suicide assisté : ces demandes vont exploser avec le nombre de personnes âgées (la déprime du quatrième âge) et des personnes isolées (le sentiment de solitude peut facilement engendrer la dépression).

Faut-il le prendre à la lettre ? Où faut-il comme Dieu réagir en donnant à Élie autre chose que ce qu’il demande ?

 

La dévalorisation de soi

« Il demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères » ».

La dès-estime de soi accélère l’effet de vertige de la plongée dépressive.

On remet en cause tout ce qu’on a construit auparavant. Rien n’apparaît plus consistant. Les réussites d’avant semblent insignifiantes ou sont oubliées. « Je ne vaux pas mieux que mes pères » : je n’ai pas réussi à apporter quelque chose de plus dans l’histoire humaine. Notons au passage que le surmoi d’Élie semble l’écraser : il s’était fixé comme mission non seulement d’être à la hauteur de ses pères, mais de les surpasser, ce qui est bien prétentieux.

Élie n’arrive pas accepter sa condition de prophète ordinaire, c’est-à-dire contesté et persécuté. Il regarde en arrière et voit les anciens prophètes d’Israël marginalisés, critiqués, puis lapidés, éliminés. Et il se résigne à ce que cela devienne son sort, jusqu’à vouloir l’anticiper pour au moins ne pas laisser cette victoire à ses ennemis.

Nombre de personnes dépressives auront à faire un sacré travail de relecture de leur histoire familiale pour ne pas tomber dans cette résignation mortifère. Ce n’est pas parce que nos pères auraient sombré dans l’alcool, l’infidélité ou l’échec absolu que nous sommes condamnés d’avance à les suivre sur cette pente.

La revalorisation de soi passe par l’estime de ses pères.
La dévalorisation de soi engendre la tentation suicidaire.

 

La léthargie

« Puis il s’étendit sous le buisson, et s’endormit ».

 Phase ultime de la dépression si elle ne débouche pas sur le suicide : la léthargie.

On se traîne lamentablement de traitement en traitement, de psy en psy, d’arrêt de travail en arrêt de travail, « de rives en rive, la gueule en coin » (Barbara). On n’a plus goût à rien. Comme Élie, on voudrait dormir tout le temps, ne plus être là. On se couche littéralement devant l’adversité, et on reste là, étendu, telle la mouche paralysée par la piqûre de l’araignée.

 

LA SORTIE DE LA DÉPRESSION

Le texte de 1R 19,4-8 ne s’arrête pas heureusement à cette description quasi-clinique de la plongée dépressive. Il trace un chemin de réveil pour Élie, aujourd’hui encore fort efficace.

Un messager extérieur

« Mais voici qu’un ange le toucha… »

 Le mot grec angelos (ange) signifie messager (de la part d’un Autre). Le déclic qui va  dépressiondonner à Élie l’élan pour revivre ne vient pas de lui, de son introspection, de ses propres forces. Non, c’est un contact qui vient de l’extérieur de sa bulle d’isolement (« un ange le toucha »). C’est une parole autre, prononcée au nom du Tout Autre. Toute l’importance du réseau familial et amical est là : pour sortir de la dépression, il faut pouvoir compter sur d’autres que soi-même. Cet ange peut-être le psy de service, l’accompagnateur spirituel, l’ami(e) clairvoyant(e)… Le contact peut se faire par une émotion retrouvée devant un paysage, une musique, ou par une saveur à nouveau délicieuse des choses simples de la vie. La parole est peut être celle dite par quelqu’un à son insu, mais qui va vous faites l’effet d’un électrochoc. Ou bien la parole d’un texte biblique qui va de manière fulgurante vous parler comme jamais.

Accepter ce contact et cette parole de l’extérieur, reconnaître l’ange qui passe à proximité est alors pour Élie le début des retrouvailles. La nourriture prise pour prendre des forces sera tout à la fois matérielle, humaine, spirituelle, sacramentelle.

Deux impératifs

« Lève-toi, et mange ».

La force de ces impératifs ici réside en ce qu’ils viennent de Dieu. La plupart du temps, ce genre de conseil prodigué par des proches exaspérés n’a aucun effet sur un dépressif. Comme le chantait Barbara : « Ils ont beau vouloir nous comprendre, ceux qui nous viennent les mains nues, nous ne voulons plus les entendre, on ne peut pas, on n’en peut plus. ». Il faut qu’il y ait un poids divin dans l’impératif pour susciter une réaction salutaire. Tout dépend donc de qui les profère.

Les deux impératifs portent sur le mouvement : « lève-toi », et sur la nourriture : « mange ».

Comme le plongeur qui tape du pied sur le fond de la piscine lorsqu’il a coulé au plus bas, Élie va s’appuyer sur cet ordre pour rebondir.

 

Une humble patience

« Il mangea, il but, et se rendormit.
Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! Autrement le chemin serait trop long pour toi ». Élie se leva, mangea et but ».

Mais cela ne se fait pas en une seule fois.

La première fois, Élie est si épuisé qu’il ne peut même pas se lever. Il semble manger et boire à même le sol, retrouvant la fonction animale élémentaire : manger et boire. Ensuite il se rendort. C’est donc que la personne dépressive met du temps à s’en sortir. Elle connaît des rechutes. Elle est d’abord comme un animal blessé qui réapprend le B-A BA du goût de vivre. Il lui faut beaucoup de patience envers elle-même pour accepter cette durée de guérison. Et beaucoup de patience de la part de son entourage pour ne pas trop exiger d’elle trop vite.

Une humble patience envers soi-même fortifiera le chemin de guérison.
Une humble patience des proches consolidera ses premiers pas hésitants.
Grâce à elle, Élie finit par pouvoir se lever, manger, et marcher de nouveau.

 

De nouveaux objectifs

« Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu ».

Et il ne marche plus au hasard, hagard, dans le désert. Il se dirige vers la montagne de Dieu, l’Horeb. Il avait été précipité en bas de la montagne de l’idéal qui s’était lui-même fixé (le mont Carmel et l’envie de victoire sur Baal). Il est maintenant conduit vers la montagne où Dieu lui confiera sa véritable mission prophétique : révéler aux hommes que Dieu est dans la brise légère et non dans l’ouragan ni les éclairs ni le feu du mont Carmel.

Élie passe d’un objectif irréaliste et inconsidéré (le mont Carmel) à un objectif plus simple et plus vrai (l’Horeb : goûter la présence divine dans les choses simples de la vie, cf. la brise légère).

La sortie de la dépression est totale parce que la marche reprend, non plus vers les anciens objectifs qui ne convenaient pas à la personnalité, mais vers de nouvelles finalités, plus simples et plus vraies.

Comment traverser la dépression ?

Puisse le chemin d’Élie inspirer ceux qui sont happés par ce mécanisme infernal.

Puisse-t-il aider les proches à comprendre ceux des leurs qui se débattent avec ce mal de vivre.

Et que personne ne soit si orgueilleux qu’il se croit lui-même à l’abri de ce genre de piège !

 

 

1ère lecture : Élie fortifié par le pain de Dieu (1R 19, 4-8)
Lecture du premier livre des Rois

Le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, marcha toute une journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson, et demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. »
Puis il s’étendit sous le buisson, et s’endormit. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! »
Il regarda, et il y avait près de sa tête un pain cuit sur la braise et une cruche d’eau. Il mangea, il but, et se rendormit.
Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! Autrement le chemin serait trop long pour toi. »
Élie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu.

Psaume : 33, 2-3, 4-5, 6-7, 8-9
R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !

Je bénirai le Seigneur en tout temps, 
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur : 
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur, 
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond : 
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira, 
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend : 
il le sauve de toutes ses angoisses.

L’ange du Seigneur campe à l’entour 
pour libérer ceux qui le craignent.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! 
Heureux qui trouve en lui son refuge !

2ème lecture : Vivez dans l’amour (Ep 4, 30-32; 5, 1-2)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frère, en vue du jour de votre délivrance, vous avez reçu en vous la marque du Saint Esprit de Dieu : ne le contristez pas. Faites disparaître de votre vie tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix ou insultes, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ.

Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés. Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire.

Evangile : Le pain de la vie éternelle (Jn 6, 41-51)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Tu es le pain vivant venu du ciel, Seigneur Jésus. Qui mange de ce pain vivra pour toujours. Alléluia. (cf. Jn 6, 50-51)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Comme Jésus avait dit : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel », les Juifs récriminaient contre lui : « Cet homme-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire : ‘Je suis descendu du ciel’ ? »
Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi a la vie éternelle. Moi, je suis le pain de la vie.
Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
Patrick Braud

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