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16 mars 2016

Rameaux, kénose et relèvement

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Rameaux, kénose et relèvement

Cf. également :
Briser la logique infernale du bouc émissaire
Les multiples interprétations symboliques du dimanche des rameaux
Le tag cloud de la Passion du Christ
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
C’est l’outrage et non pas la douleur
Il a été compté avec les pécheurs
Sortir, partir ailleurs…

Homélie pour le dimanche des Rameaux / Année C
20/03/2016

 

La parabole christique

Non seulement Jésus parlait en paraboles, mais il vivait aussi en parabole ! Au sens mathématique du terme (Y =a*x²+ b*x+ c)…). Car la trajectoire de sa vie ressemble à une parabole inversée, en forme de U majuscule, dont le récit de la Passion de ce dimanche des Rameaux constitue le sommet, en creux.

Paul, dans la deuxième lecture (Ph 2, 6-11), décrit très exactement ce mouvement de sortie de soi, de descente, jusqu’à toucher le fond (la croix, la descente aux enfers), et ensuite l’exaltation (huperupsôsen : « il l’a sur-élevé » écrit Paul en parlant de la résurrection). On peut ainsi tracer la courbe suivie par le Christ en suivant les mots mêmes de Paul :


parabole-philippiens

 

La kénose, premier versant de la parabole

Le verbe utilisé dans Ph 2, 6-11 pour décrire le premier mouvement de la parabole, descendant, est ékénôsen = se vider de soi pour se tourner entièrement vers autrui. C’est ce verbe grec qui a donné le mot kénose en français. Impressionnant ! La manière d’être de Dieu, c’est de se vider de sa divinité (par amour pour l’homme), de s’anéantir afin de devenir l’un de nous.

Depuis son incarnation, et jusqu’au paroxysme de la mort sur le bois de la croix, assimilé aux maudits par ce châtiment, le Verbe de Dieu se laisse dépouiller de sa puissance, de sa divinité même !

Dès lors, impossible pour nous de rêver le suivre sans passer également par notre propre kénose.

Que veut dire se vider de soi pour un disciple de Jésus ? Que signifie vivre la kénose au XXIe siècle ? Les saints les plus récents nous disent quelque chose de ce mouvement en forme de parabole inversée. St Jean XXIII renonçait à sa tiare papale, à sa chaise à porteurs, limousine et autres oripeaux de gloire et de puissance hérités d’une histoire ‘mélangée’ où le pouvoir ecclésiastique ne pratiquait guère cet abaissement volontaire. St Jean-Paul II, athlète de Dieu luttant haut et fort contre le communisme des pays de l’Est, est devenu un vieillard affaibli, tremblant, malade, dépendant. Mère Teresa a quitté son école ‘pour bonnes familles’ avec juste un seau et un sari, et son désir de rejoindre les mourants rejetés par la société indienne au plus bas de la condition humaine.

Il s’agit toujours de quitter un univers trop séparé, trop éloigné de ceux qui sont en bas de la parabole, pour aller rejoindre, faire corps avec eux et leur ouvrir la voie du relèvement (de la sur-exaltation dont parle Paul dans le deuxième mouvement de la parabole). Quelque soit le degré de pouvoir que vous détenez - et chacun de nous en détient - vous aurez à regarder en bas ce qui sont aux enfers. Sortir de soi (et de son confort, sa tranquillité, son auto-suffisance) est alors le premier pas pour - avec le Christ - aller chercher et sauver ceux qui sont les maudits de notre temps. À la manière d’un champion de tremplin de ski, tout commence par ce basculement en avant, dans le vide d’une pente vertigineuse où tout s’accélère pour aller au plus bas au plus vite…

 

Nous sommes des anti-Harpagon

Tout le monde se souvient de l’Harpagon de Molière et de sa cassette remplie d’argent. « Ma cassette, ma cassette ! » L’angoisse de l’avare le fait serrer contre lui de toutes ses forces ce coffret emprisonnant son coeur.

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En Ph 2,6-11, le verbe grec utilisé pour décrire le lâcher prise du Verbe ressemble fort en négatif à cela : ékénôsen. « Jésus ne saisit pas comme une proie à retenir d’être l’égal de Dieu », traduit fort joliment la Bible de Jérusalem.

Ne pas retenir, mais laisser faire.

Ne pas prendre, mais accepter de perdre, pour recevoir le don gratuit.

Bannir la jalousie, la comparaison avec autrui, pour se réjouir de ce qui est donné à chacun, dont soi-même.

Ne pas être Harpagon, c’est ouvrir les doigts de la main pour laisser les êtres et les choses aller vers leur devenir. C’est se laisser conduire plutôt que de vouloir maîtriser. Le Christ incarne au plus haut cette attitude intérieure de dépossession, pour servir au lieu d’utiliser, pour communier avec les pécheurs au lieu de les dominer.

« Il n’a pas jugé prenable (harpagmon) l’égalité à Dieu » : le Christ ne se comporte pas comme Adam en Gn 2-3. Le texte de la Genèse utilise en effet le mot grec harpagmon correspondant au geste de saisir. Le nom Harpagon vient de là : ce sont les doigts crochus. Or ce qui caractérise Adam de Gn 2-3, c’est le geste de prendre (au sens de s’approprier) le fruit selon la parole du serpent : « Le jour où vous en mangerez […] vous serez comme des dieux (ou égaux à Dieu) » (Gn 3,5). Autrement dit, pour le Christ, nouvel Adam, le rapport à la divinité est un rapport qui n’est pas un rapport de préhension mais un rapport de mains ouvertes, c’est-à-dire d’évacuation, car c’est la condition pour qu’il y ait donation.

C’est ainsi que Dieu aime : en se tournant sans cesse vers l’autre, gratuitement, sans aucune trace de repli sur lui-même, pour se donner et se recevoir. Les théologiens vous diront que la kénose économique révèle laquelle la kénose immanente de la Trinité…

Plus simplement, si Dieu en Jésus nous aime jusqu’à se vider de sa puissance pour nous, c’est parce que en lui-même, de toute éternité, il est sortie de soi pour se donner à l’autre, dans l’incessante circulation d’amour trinitaire qui unit le Père au Fils dans l’Esprit. La façon dont Dieu nous aime est la façon dont il est amour en lui-même : il n’y a aucune différence entre Jésus descendant au plus bas de nos enfers infrahumains et l’étreinte amoureuse du Père avec le Fils dans l’Esprit. La Trinité-pour-les-hommes, que la kénose de Jésus révèle comme sortie de soi, don gratuit, offrande absolue, désir de servir, est bien la Trinité-en-soi, élan de communion entre les trois personnes divines. La kénose est au coeur de l’identité divine comme elle est au coeur de la mission de Jésus, et donc de la nôtre.

 

La théorie U du changement

Terminons par une note plus terre-à-terre : ce mouvement parabolique de la kénose, trajectoire du Verbe de Dieu prenant chair, prenant croix, puis tombeau, et élevé à la droite du Père, a inspiré des psychologues réfléchissant sur notre capacité à traverser les changements de notre existence. Bizarrement, peut-être parce que nous sommes à l’image de Dieu, il semble que la courbe du ressenti humain lors d’un changement majeur, par exemple en entreprise, suit une évolution proche de celle que nous avons décrite en Ph 2, 6-11. Ainsi, la « théorie U » représente les étapes que chacun aura à parcourir lors d’un changement :

lc3a2cher-prise-laisser-venir

De même, Elisabeth Kübler-Ross a observé les étapes du désormais fameux « travail de deuil » qui nous est nécessaire pour accepter de perdre un être aimé, ou pour accepter un changement majeur qui nous déstabilise :

courbe-du-deuil

C’est sans aucun doute une forme dégradée de notre deuxième lecture… Mais quand même, cela donne à réfléchir !

 

Suivre le Christ dans sa Passion tout au long de la semaine sainte, et à travers les étapes de notre vie, nous fera parcourir un chemin semblable.

Basculons donc avec courage vers le bas du tremplin, où nous attendent ceux pour qui le Christ est mort : des sans-grade, des moins que rien, des oubliés, ceux qui ne compte pas… Et si nous en faisons partie, reprenons courage : le relèvement est proche !

 

Procession des Rameaux
Entrée messianique du Seigneur à Jérusalem : (Lc 19, 28-40)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus partit en avant pour monter à Jérusalem. Lorsqu’il approcha de Bethphagé et de Béthanie, près de l’endroit appelé mont des Oliviers, il envoya deux de ses disciples, en disant : « Allez à ce village d’en face. À l’entrée, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous demande : ‘Pourquoi le détachez-vous ?’ vous répondrez : ‘Parce que le Seigneur en a besoin.’ » Les envoyés partirent et trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit. Alors qu’ils détachaient le petit âne, ses maîtres leur demandèrent : « Pourquoi détachez-vous l’âne ? » Ils répondirent : « Parce que le Seigneur en a besoin. » Ils amenèrent l’âne auprès de Jésus, jetèrent leurs manteaux dessus, et y firent monter Jésus. À mesure que Jésus avançait, les gens étendaient leurs manteaux sur le chemin. Alors que déjà Jésus approchait de la descente du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus, et ils disaient : « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, réprimande tes disciples ! » Mais il prit la parole en disant : « Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. »

Messe de la Passion
1ère lecture : « Je n’ai pas caché ma face devant les outrages, je sais que je ne serai pas confondu » (Troisième chant du Serviteur du Seigneur) (Is 50, 4-7)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.

Psaume : Ps 21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a

R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Ps 21, 2a)

Tous ceux qui me voient me bafouent ;
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »

Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure ;
Ils me percent les mains et les pieds,
je peux compter tous mes os.

Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !

Mais tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur.

2ème lecture : « Il s’est abaissé : c’est pourquoi Dieu l’a exalté » (Ph 2 6-11)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens

Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
 Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.
 Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
 C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
 et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

Evangile : Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Lc 22, 14 – 23, 56)
Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus.
Pour nous, le Christ est devenu obéissant, jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (cf. Ph 2, 8-9)

La Passionde notre Seigneur Jésus Christ selon saint Luc

Indications pour la lecture dialoguée : Les sigles désignant les divers interlocuteurs sont les suivants :
X = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.

L. Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui. Il leur dit : X « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. » L. Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce, il dit : X « Prenez ceci et partagez entre vous. Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. »

L. Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : X « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » L. Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : X « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. Et cependant, voici que la main de celui qui me livre est à côté de moi sur la table. En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux cet homme-là par qui il est livré ! » L. Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres quel pourrait bien être, parmi eux, celui qui allait faire cela.

 Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ? Mais il leur dit : X « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.

Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. » L. Pierre lui dit : D. « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. » L. Jésus reprit : X « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. »

L. Puis il leur dit : X « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous donc manqué de quelque chose ? » L. Ils lui répondirent : D. « Non, de rien. » L. Jésus leur dit : X « Eh bien maintenant, celui qui a une bourse, qu’il la prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une. Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les impies. De fait, ce qui me concerne va trouver son accomplissement. » L. Ils lui dirent : D. « Seigneur, voici deux épées. » L. Il leur répondit : X « Cela suffit. »

 L. Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit : X « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » L. Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : X « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » L. Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. Il leur dit : X « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »

L. Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. Jésus lui dit : X « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? » L. Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : D. « Seigneur, et si nous frappions avec l’épée ? » L. L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. Mais Jésus dit : X « Restez-en là ! » L. Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit. Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, grands prêtres, chefs des gardes du Temple et anciens : X « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous n’avez pas porté la main sur moi. Mais c’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres. »

 L. S’étant saisis de Jésus, ils l’emmenèrent et le firent entrer dans la résidence du grand prêtre. Pierre suivait à distance. On avait allumé un feu au milieu de la cour, et tous étaient assis là. Pierre vint s’asseoir au milieu d’eux. Une jeune servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : A. « Celui-là aussi était avec lui. » L. Mais il nia : D. « Non, je ne le connais pas. » L. Peu après, un autre dit en le voyant : F. « Toi aussi, tu es l’un d’entre eux. » L. Pierre répondit : D. « Non, je ne le suis pas. » L. Environ une heure plus tard, un autre insistait avec force : F. « C’est tout à fait sûr ! Celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. » L. Pierre répondit : D. « Je ne sais pas ce que tu veux dire. » L. Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta. Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement.

 Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le rouaient de coups. Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : F. « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? » L. Et ils proféraient contre lui beaucoup d’autres blasphèmes.

Lorsqu’il fit jour, se réunit le collège des anciens du peuple, grands prêtres et scribes, et on emmena Jésus devant leur conseil suprême. Ils lui dirent : F. « Si tu es le Christ, dis-le nous. » L. Il leur répondit : X « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j’interroge, vous ne répondrez pas. Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la Puissance de Dieu. » L. Tous lui dirent alors : F. « Tu es donc le Fils de Dieu ? » L. Il leur répondit : X « Vous dites vous-mêmes que je le suis. » L. Ils dirent alors : F. « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes, nous l’avons entendu de sa bouche. » L. L’assemblée tout entière se leva, et on l’emmena chez Pilate.

 On se mit alors à l’accuser : F. « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le trouble dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et il dit qu’il est le Christ, le Roi. » L. Pilate l’interrogea : A. « Es-tu le roi des Juifs ? » L. Jésus répondit : X « C’est toi-même qui le dis. » L. Pilate s’adressa aux grands prêtres et aux foules : A. « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. » L. Mais ils insistaient avec force : F. « Il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée ; après avoir commencé en Galilée, il est venu jusqu’ici. » L. À ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen. Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya devant ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.

 À la vue de Jésus, Hérode éprouva une joie extrême : en effet, depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle. Il lui posa bon nombre de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. Les grands prêtres et les scribes étaient là, et ils l’accusaient avec véhémence. Hérode, ainsi que ses soldats, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate. Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant il y avait de l’hostilité entre eux.

 Alors Pilate convoqua les grands prêtres, les chefs et le peuple. Il leur dit : A. « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant d’introduire la subversion dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation. D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. » L. Ils se mirent à crier tous ensemble : F. « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. » L. Ce Barabbas avait été jeté en prison pour une émeute survenue dans la ville, et pour meurtre. Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole. Mais ils vociféraient : F. « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » L. Pour la troisième fois, il leur dit : A. « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. » L. Mais ils insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient. Alors Pilate décida de satisfaire leur requête. Il relâcha celui qu’ils réclamaient, le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir.

 L. Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : X « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : ‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’ Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous.’ Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »

 L. Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter. Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : X « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » L. Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.

 Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : F. « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » L. Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : F. « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »

 L. Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »

 L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : A. « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » L. Mais l’autre lui fit de vifs reproches : A. « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » L. Et il disait : A. « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » L. Jésus lui déclara : X « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

 L. C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure, car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri : X « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » L. Et après avoir dit cela, il expira.

(Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant)

À la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : A. « Celui-ci était réellement un homme juste. » L. Et toute la foule des gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, observant ce qui se passait, s’en retournaient en se frappant la poitrine. Tous ses amis, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, se tenaient plus loin pour regarder.

 Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste, qui n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le règne de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé. C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
Patrick BRAUD

 

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24 février 2016

Le malheur innocent

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le malheur innocent

Homélie du 3° dimanche de carême / Année C
28/02/2016

Cf. également :
Les multiples interprétations symboliques du buisson ardent
Les résistances de Moïse… et les nôtres
Lire les signes des temps
Pour quoi m’as-tu abandonné ?

De l’importance des faits divers

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Les Évangiles font rarement place aux faits divers.  Le sensationnalisme et la flatterie du goût pour le morbide ne sont pas les clés du succès littéraire du Nouveau Testament…

Pourtant, notre passage de Luc 13, 1-9 contient de ces faits divers que la presse en tout genre adore et nous sert quotidiennement dans leur « une » de papier ou d’écran. Pourquoi Luc s’intéresse-t-il tout d’un coup aux exactions de Pilate ou aux accidents de chantiers de Siloé ? Serait-il comme Hegel, qui affirmait que « la lecture des journaux est la prière du matin moderne » ?

« Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » (Lc 13, 1-5)

Visiblement, il veut montrer comment lire « les signes des temps », c’est-à-dire déchiffrer  dans l’actualité les appels salutaires à nous convertir. Jésus ne méprise pas le bulletin des news quotidiennes de France Info ou BFM TV. Il est au courant des drames qui émeuvent « les gens » (comme dit Luc) ordinaires. Ils posent une vraie question : comment croire en Dieu alors que le malheur innocent frappe des pratiquants (galiléens massacrés par Pilate) et indistinctement des passants (les victimes de la chute de la tour de Siloé) ?

Redoutable question à l’origine de l’athéisme pratique de tant de nos contemporains. Si Dieu existe, pourquoi laisse-t-il arriver tant de souffrances injustes ? Qu’elles viennent des hommes (Pilate) ou des lois de la nature (la tour de Siloé), le mal s’impose contre la puissance d’un Dieu réputé être bon pour l’homme. Mais qu’est-ce que la bonté d’un Dieu s’il est impuissant à nous protéger ? À quoi sert l’amour d’un Dieu qui subit le mal et ne peut rien contre le malheur innocent ?

C’est la vieille question de la théodicée, terme théologique qui désigne le défi de concilier l’amour qu’est Dieu avec la réalité du mal, de la souffrance et du malheur innocent.

 

La non-réponse du Christ

Afficher l'image d'origineVisiblement, Jésus ne se lance pas dans de savantes explications sur l’origine de ce mal  politique ou technologique. Le plus important pour lui n’est pas tant de savoir pourquoi cela arrive que de discerner pour quoi cela nous touche. Le pour quoi est lié ici à une réflexion sur la finalité plus que sur les causes. La lecture qu’en fait Jésus est à la fois très simple et très profonde : ces faits divers vous montrent combien la vie de chacun est fragile et éphémère. Tirez donc parti du temps présent pour réorienter votre existence avant qu’il ne soit trop tard. N’attendez pas demain pour vous convertir, car demain vous pouvez fort bien ne plus être là.

Bien sûr, il faut des analystes politiques pour démonter les mécanismes du totalitarisme façon Pilate qui hier engendraient des massacres au nom de l’orthodoxie romaine, où des massacres de dissidents dans les goulags soviétiques.

Bien sûr, il faut des analyses scientifiques et techniques pour comprendre la chute d’une tour à Siloé ou d’un panneau d’affichage à Paris engendrant des morts absurdes.

Dans les deux cas, expliquer les causes pourra permettre d’éviter que cela se reproduise.

Mais soyons réalistes : malgré la formidable intelligence humaine, cela se reproduit toujours de siècle en siècle. Là comme ailleurs, « il n’y a rien de nouveau sous le soleil », comme l’écrivait l’Ecclésiaste (Si 1,9). Le totalitarisme resurgit, changeant d’habits ou d’idéologie, mais toujours aussi meurtrier. Les catastrophes naturelles ou technologiques font toujours la une des médias. Du tremblement de terre de Lisbonne (Voltaire) à l’Amoco-Cadiz sur les côtes bretonnes ou la fonte des glaces aux pôles, rêver d’une planète sans malheur (innocent ou non) est irréaliste, et largement démenti par l’histoire.
Sans dévaloriser ce combat permanent contre le mal, le Christ refuse d’en rester là : puisque ce mal existe, s’impose concrètement aujourd’hui, qu’allez-vous en faire ?

Allez-vous vous laisser submerger par le désespoir ? Le cynisme ? Où allez-vous y puiser une force pour orienter votre vie autrement, c’est-à-dire vous convertir, vous tourner vers la finalité ultime de vos actes ?

Réfléchissez sur le pour quoi de vos efforts, de vos aspirations les plus vraies, et vous verrez que même le malheur innocent ne pourra plus rien contre vous.

À la façon de St Ignace méditant sur lui-même suite à une fracture de la jambe, ou de Nelson Mandela se transformant dans sa prison en artisan de réconciliation nationale, tirez  profit même de la catastrophe la plus imprévue pour revenir à vous-même, pour redonner sens à ces quelques éclairs fugaces que sont nos parcours sur terre.

Même la Shoah, catastrophe des catastrophes, malheur innocent en quelque sorte personnifié, même la Shoah peut devenir pour le peuple juif un appel à la conversion de  l’intérieur. Qu’au moins ces 6 millions de morts injustes soient à l’origine d’un État d’Israël le plus juste possible, et d’une prise de conscience universelle !

« Des pauvres, vous en aurez toujours au milieu de vous » (Mc 14,7) : le réalisme de Jésus heurte  l’utopie révolutionnaire de Judas de plein fouet. Non pas pour le détourner de la transformation sociale, mais pour l’appeler à donner sens dès maintenant à la présence des pauvres parmi nous : ils ne demandent pas que du pain et du travail, mais également du beau, du vrai, de la relation à Dieu, ce qu’exprime le parfum précieux de l’onction de Béthanie, au grand dam de Judas scandalisé par ce gaspillage (Jn 12, 1-11).

 

Théodicée : les autres réponses

Afficher l'image d'origineLa non-réponse du Christ à la lancinante question de la théodicée est assez unique dans l’histoire.

Les sagesses antiques ont plutôt cherché des explications diverses d’où ont découlé leurs  attitudes spirituelles. Par exemple, l’hindouisme ou le bouddhisme ont localisé dans le désir la source de la souffrance humaine devant le malheur innocent. Et c’est dans l’extinction du désir qu’est alors la solution.

En Occident, Leibnitz penche lui pour l’ignorance humaine : seul Dieu a une vue globale de ce qui arrive, et ce qui est pour nous un mal apparent n’est peut-être que la condition indispensable pour un bien plus grand à l’échelle globale. Nous sommes dans « le meilleur des mondes possibles » et la sagesse consiste alors à vivre avec, humblement.

Les stoïciens ont vu dans la souffrance une école d’humanisation : changer ce qui dépend de nous et supporter le reste. C’est la grandeur stoïcienne.
Les épicuriens ont plutôt interprété le malheur innocent comme une invitation à jouir du présent sans attendre, car demain est incertain.

Les révolutionnaires marxistes ont érigé la révolte contre le mal en principe absolu. Mais en cherchant à éradiquer le mal ils ont engendré un mal plus monstrueux encore.

Les nouveaux révolutionnaires, scientifiques et technologiques, nous promettent un corps humain ‘augmenté’, une vie sociale totalement interconnectée, une maîtrise technologique stupéfiante : mais la question de la douleur ne pourra se résoudre à coups de promesses numériques ou de traitements chimiques.

Bref, l’énigme de la théodicée n’en finit pas de travailler l’aventure humaine, et resurgit à chaque époque, multiforme, vieille question en habits neufs.

L’originalité du christianisme réside sans doute dans la non-réponse du Christ (qui rejoint et accomplit celle de Job) : ne restez pas fascinés par le scandale du malheur innocent, mais interrogez-vous sur ce qu’il vous révèle du sens de votre existence. Sans négliger le combat contre le mal, investissez dans la recherche du sens. Essayez de trouver le pourquoi du malheur innocent afin de le réduire, et mettez encore plus d’énergie à discerner le pour quoi de ce qui arrive…

 

1ère lecture : « Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : Je-suis » (Ex 3, 1-8a.10.13-15)
Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb. L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer. Moïse se dit alors : « Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire : pourquoi le buisson ne se consume-t-il pas ? » Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » Il dit : « Me voici ! » Dieu dit alors : « N’approche pas d’ici ! Retire les sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! » Et il déclara : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. » Moïse se voila le visage car il craignait de porter son regard sur Dieu. Le Seigneur dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel. Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. » Moïse répondit à Dieu : « J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : ‘Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.’ Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? » Dieu dit à Moïse : « Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : ‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : Je-suis’. » Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : ‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est Le Seigneur, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob’. C’est là mon nom pour toujours, c’est par lui que vous ferez mémoire de moi, d’âge en d’âge. »

Psaume : Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 6-7, 8.11

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié.  (Ps 102, 8a)

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.

Le Seigneur fait œuvre de justice,
il défend le droit des opprimés.
Il révèle ses desseins à Moïse,
aux enfants d’Israël ses hauts faits.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint.

2ème lecture : La vie de Moïse avec le peuple au désert, l’Écriture l’a racontée pour nous avertir (1 Co 10, 1-6.10-12)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, je ne voudrais pas vous laisser ignorer que, lors de la sortie d’Égypte, nos pères étaient tous sous la protection de la nuée, et que tous ont passé à travers la mer. Tous, ils ont été unis à Moïse par un baptême dans la nuée et dans la mer ; tous, ils ont mangé la même nourriture spirituelle ; tous, ils ont bu la même boisson spirituelle ; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ. Cependant, la plupart n’ont pas su plaire à Dieu : leurs ossements, en effet, jonchèrent le désert. Ces événements devaient nous servir d’exemple, pour nous empêcher de désirer ce qui est mal comme l’ont fait ces gens-là. Cessez de récriminer comme l’ont fait certains d’entre eux : ils ont été exterminés. Ce qui leur est arrivé devait servir d’exemple, et l’Écriture l’a raconté pour nous avertir, nous qui nous trouvons à la fin des temps. Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber.

Evangile : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » (Lc 13, 1-9)

Acclamation : Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.
Convertissez-vous, dit le Seigneur, car le royaume des Cieux est tout proche.
Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. 
(Mt 4, 17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?’ Mais le vigneron lui répondit : ‘Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.’ »
Patrick BRAUD

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27 janvier 2016

Les djihadistes n’ont pas lu St Paul !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Les djihadistes n’ont pas lu saint Paul !

Cf. également :

La grâce étonne ; c’est détonant !
Un nuage d’inconnaissance
La hiérarchie des charismes

Homélie pour le 4° dimanche du temps ordinaire / Année C
31/01/2016


Le documentaire de  intitulé « Salafiste » fait polémique en France, depuis sa sortie en salle ce Mercredi 27/01/2016. Fallait-il montrer ces images terribles du Mali ? Fallait-il donner la parole à des lettrés défendant tranquillement l’application de la Charia ? L’Express titrait hier : ‘Pourquoi il faut voir « Salafistes« , documentaire brut, brutal, mais éclairant’, alors que le ministère de la Culture interdisait le film aux moins de 18 ans.

Au moins la question est posée :

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Comment peut-on tuer au nom d’un dieu d’amour ?

Comment peut-on crier Allah Akbar en mitraillant des innocents à la kalachnikov ?

Comment peut-on se dire croyant, soumis à Dieu (islam = soumission) et appuyer sur le détonateur qui vous transforme en bombe humaine au milieu de la foule ?

Cette contradiction entre la foi et l’amour est terrible.

Elle vient de loin. Elle a déjà marqué l’histoire de l’Occident, à travers notamment les guerres de religion. L’indifférence religieuse du Sud-Ouest de la France par exemple remonte en grande partie à ces périodes troublées où protestants et catholiques se massacraient au nom de leurs croyances, de Béziers à la Rochelle, d’Albi à Toulouse…

Dans notre deuxième lecture, saint Paul ne parle pas seulement de foi, ni même d’amour, mais des trois : foi/amour/espérance. Voyons pourquoi.

 

1. La foi seule est meurtrière

Les djihadistes sont bel et bien mus par des raisons proprement religieuses, en plus des autres. Les belles âmes qui en France ne veulent voir que des racines sociales ou géopolitiques aux attentats de Daech ont du mal à intégrer cette dimension religieuse. Certes, de manière très marxiste, on peut expliquer pour une part ces comportements suicidaires par nombre de facteurs sociaux : les territoires perdus de la République, le chômage massif parmi les jeunes de la troisième génération d’immigrés, les siècles de colonialisme, les guerres injustes en Iran Irak Syrie Libye, le délitement des familles, la faillite de l’école etc. Si elles comportent leur part de vérité, ces explications matérialistes passent pourtant à côté de l’essentiel. Ceux qui tuent et se tuent le font au nom d’Allah, en étant persuadés de lui obéir, en bons musulmans soumis à la parole divine telle que le Coran est censé la retranscrire. Et les textes du Coran prônant le meurtre au nom de la foi en Allah sont légion :

Sourate 2,191. Et tuez-les, où que vous les rencontriez; et chassez-les d’où ils vous ont chassés: l’association est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas près de la Mosquée sacrée avant qu’ils ne vous y aient combattus. S’ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est la rétribution des mécréants.

Sr2,193. Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’association et que la religion soit entièrement à Allah seul. S’ils cessent, donc plus d’hostilités, sauf contre les injustes.

Sr3,10. Ceux qui ne croient pas, ni leur biens ni leurs enfants ne les mettront aucunement à l’abri de la punition d’Allah. Ils seront du combustible pour le Feu.

Sr3,157. Et si vous êtes tués dans le sentier d’Allah ou si vous mourez, un pardon de la part d’Allah et une miséricorde valent mieux que ce qu’ils amassent.

Sr3,158. Que vous mouriez ou que vous soyez tués, c’est vers Allah que vous serez rassemblés.

Sr4,74. Qu’ils combattent donc dans le sentier d’Allah, ceux qui troquent la vie présente contre la vie future. Et quiconque combat dans le sentier d’Allah, tué ou vainqueur, Nous lui donnerons bientôt une énorme récompense.

Tant que ces passages du Coran et bien d’autres semblables seront lus de manière littéraliste, sans exégèse historico-critique, la foi musulmane sera une source de dérive assassine, évidemment en contradiction avec le coeur de la foi chrétienne : Dieu est amour. Mais il faut pour cela remettre en cause le statut du texte du Coran, qui n’est sûrement pas la parole divine dictée à Mohamed, mais une compilation de rédactions successives de textes inspirés par leur contexte du VII° siècle en Arabie.

Des chrétiens ont eux-mêmes été capables de cette contradiction terrible, avant que la recherche scientifique des XVIII° et XIX° siècles sur la Bible ne leur permette de lire l’Ancien Testament et le Nouveau Testament autrement. Il faut se reporter à l’affaire Galilée et ensuite à la crise moderniste pour comprendre les siècles de débats dont l’Église a eu besoin pour finalement accepter de ne pas lire le texte au pied de la lettre.

Au nom de certitudes textuelles, crucifier les apostats, couper la main aux voleurs, lapider  les adultères ou imposer l’islam de force sont perçus par les fous de Dieu comme des exigences d’une foi sincère et conforme au Coran. Leur amour de Dieu prime sur l’amour des autres.

La foi seule devient idéologie, violence et domination de ceux qui ne partagent pas cette foi, le tout au nom de la vérité suprême qui est Dieu en personne :

Sr4,89. Ils aimeraient vous voir mécréants, comme ils ont mécru: alors vous seriez tous égaux! Ne prenez donc pas d’alliés parmi eux, jusqu’à ce qu’ils émigrent dans le sentier d’Allah. Mais s’ils tournent le dos, saisissez-les alors, et tuez-les où que vous les trouviez; et ne prenez parmi eux ni allié ni secoureur.

2. Feuerbach : foi et amour sont contradictoires

Afficher l'image d'origineEn 1841, Ludwig Feuerbach publie un essai qui va révolutionner l’Occident : L’essence du christianisme. Il y explicite les fondements de l’humanisme moderne, qui dénonce la foi en Dieu comme source d’intolérance. Son raisonnement est rigoureux, et hante encore aujourd’hui l’inconscient collectif européen : la foi seule est meurtrière. Car elle sépare les hommes en croyants et mécréants ; seul l’amour de l’humanité pour elle-même peut surmonter les divisions et les conflits inéluctables inéluctablement engendrés par les religions.

« La foi porte nécessairement à la haine, la haine à la persécution, dès que la puissance de la foi ne trouve pas de résistance, ne se brise pas contre une puissance étrangère, celle de l’amour, de l’humanité, du sentiment du droit. La foi, par elle-même, s’élève au-dessus des lois de la morale naturelle ; sa doctrine est la doctrine des devoirs envers Dieu, et le premier devoir est la foi.
Autant Dieu est au-dessus de l’homme, autant les devoirs envers Dieu sont au-dessus des devoirs envers l’homme, et ces devoirs entrent nécessairement en collision les uns avec les autres. »

« L’amour nous révèle l’essence intime, la foi révèle la forme. L’amour identifie Dieu et l’homme et unit les hommes entre eux ; la foi sépare l’homme de Dieu et les hommes les uns des autres ; car Dieu n’est que l’idée mystique de l’espèce, de l’humanité, et sa séparation d’avec l’homme entraîne nécessairement la séparation de l’homme d’avec son semblable, la destruction du lien social. Par la foi la religion se met en contradiction avec la raison, la moralité, le sens du vrai chez l’homme ; par l’amour elle cherche à rétablir l’accord ; la foi isole Dieu, fait de lui un être particulier; l’amour généralise, il fait de Dieu un être universel dont l’amour ne fait qu’un avec l’amour de l’homme. »

Avec brio, Feuerbach renverse alors la proposition centrale du christianisme : Dieu est amour, en : l’amour est Dieu.

« Dieu est l’amour. Cette proposition est la plus belle du christianisme. Mais la contradiction de l’amour et de la foi y est déjà contenue. L’amour n’est qu’un attribut, Dieu est le sujet. Mais qu’est le sujet indépendamment de son attribut ? C’est là une question que je ne puis m’empêcher de faire. Je ne la ferais pas s’il était dit, au contraire : l’amour est Dieu, l’amour est l’être suprême. Dans la première proposition le sujet est le fond obscur derrière lequel se cache la foi; l’attribut est la lumière par laquelle il est éclairé. Dans l’attribut j’affirme l’amour, dans le sujet la foi. »

Feuerbach en tire la conclusion logique que le véritable humanisme est celui qui se passe de la référence à un Dieu personnel, toujours source de clivages et d’exclusion de ceux qui ne croient pas en lui. La seule référence universelle est selon lui l’amour de l’homme pour lui-même, et c’est cet absolu qui prend alors le relais de l’ancienne notion de Dieu. Marx a repris cette thèse en la transformant en athéisme. Le petit père Combes l’a reprise en France pour séparer l’Église et l’État, et promouvoir la laïcité comme privatisation de la foi afin d’éviter la violence dans le domaine public.

 

3. L’espérance : le troisième terme pour sortir de la contradiction foi / amour

Le génie de Paul est de ne pas laisser la foi et l’amour en face-à-face. Il résout leur  antagonisme en apportant un troisième terme qui vient assumer le meilleur de l’opposition entre la foi et l’amour.

« Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1Co 13,13).

Afficher l'image d'origineDe manière quasi hégélienne - pourrait-on dire avec anachronisme - Paul fait de l’espérance le troisième terme qui vient empêcher la radicalisation des deux autres.

L’espérance indique un pas encore qui empêche d’enfermer quelqu’un dans une attitude actuelle de foi ou de non-foi. Espérer pour l’autre, quel qu’il soit, même et surtout s’il est mon pire ennemi, même s’il est le djihadiste qui a commis l’irréparable, c’est ne pas le vouer à l’enfer, mais laisser ouvert le chemin de sa rédemption. L’espérance empêche la foi de dégénérer en idéologie, car la certitude n’est alors plus de ce monde. Elle réintroduit entre la foi et l’amour cette juste distance qui leur permet de garder une tension féconde : ni trop près, car ce serait vouloir établir le royaume de Dieu sur terre (avec comme conséquence une violence injustifiable ; cf. le Christ refusant d’utiliser la force pour rétablir son règne) ; ni trop loin car ce serait renoncer à un véritable au-delà (au-delà de nos divisions actuelles, au-delà de nos convictions différentes, au-delà de la mort physique…).

L’espérance est ce troisième terme qui permet l’assomption (l’Aufhebung hégélienne) du conflit foi-amour en une aventure imprédictible. Poincaré a montré que si l’interaction de deux corps était parfaitement prévisible en physique, celle de trois corps est par contre radicalement indéterminée… Cette incertitude, liée à l’espérance, redonne le jeu nécessaire à l’articulation de la foi et de l’amour.

La triade des vertus théologales a donc un enjeu social majeur pour nos sociétés occidentales.

Hélas, les djihadistes ne lisent ni saint Paul, ni Feuerbach, ni Hegel… sinon ils sauraient… qu’ils ne savent pas.

Que l’Esprit du Christ nous montre à chacun comment mettre en mouvement dans notre vie cette dialectique ternaire : pas la foi seule / pas l’amour impersonnel / mais une dynamique féconde qui laisse l’avenir ouvert grâce à l’espérance en Dieu et en tout homme.

 

 

1ère lecture : « Je fais de toi un prophète pour les nations » (Jr 1, 4-5.17-19)
Lecture du livre du prophète Jérémie

Au temps de Josias, la parole du Seigneur me fut adressée : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations. Toi, mets ta ceinture autour des reins et lève-toi, tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses princes, à ses prêtres et à tout le peuple du pays. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer – oracle du Seigneur. »

Psaume : Ps 70 (71), 1-2, 3, 5-6ab, 15ab.17

R/ Sans fin, je proclamerai ta justice et ton salut. (cf. Ps 70, 15)

En toi, Seigneur, j’ai mon refuge :
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice, défends-moi, libère-moi,
tends l’oreille vers moi, et sauve-moi.

Sois le rocher qui m’accueille,
toujours accessible ;
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon roc, c’est toi !

Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère.

Ma bouche annonce tout le jour
tes actes de justice et de salut.
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.

2ème lecture : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1 Co 12, 31 – 13, 13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, recherchez avec ardeur les dons les plus grands. Et maintenant, je vais vous indiquer le chemin par excellence.
J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.
L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais.
Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.
Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité.

Evangile : Jésus, comme Élie et Élisée, n’est pas envoyé aux seuls Juifs (Lc 4, 21-30)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur m’a envoyé, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération. Alléluia. (Lc 4, 18cd)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : ‘Médecin, guéris-toi toi-même’, et me dire : ‘Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !’ » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.
Patrick BRAUD

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6 janvier 2016

De Star Wars au baptême du Christ

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

De Star Wars au baptême du Christ

 

Homélie pour la fête du baptême du Christ / Année C
10/01/2015

Cf. également :

Baptême du Christ : le plongeur de Dieu
« Laisse faire » : éloge du non-agir
Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »
« Laisse faire » : l’étrange libéralisme de Jésus
Lot de consolation
Yardén : le descendeur

« Je suis ton père ».

C’est sans doute la réplique la plus célèbre du cinéma mondial, la réplique-culte déclinée à l’infini sur les réseaux sociaux. Le dernier épisode (numéro 7) de la saga Star Wars a relancé une effervescence populaire inégalée autour de ces personnages devenus mythiques [1] : Obi-Wan Kenobi, Dark Vador, Luke Skywalker, Princesse Leia, D2R2 etc.

Osservatore romano Star Wars 7

Je suis ton père

« Je suis ton père » : c’est dans l’épisode 5 (l’Empire contre-attaque) que Dark Vador fait cette révélation-choc à Luke Skywalker, au cours d’un duel au sabre laser devenu culte lui aussi, avec la mutilation de Luc juste avant sa chute sans fin dans la Cité des lumières…


« Tu es mon fils bien-aimé ».

La déclaration centrale de notre évangile du baptême du Christ est comme un anti-écho de cette aventure. Impossible de ne pas étudier le parallèle (souvent antithétique) entre Star Wars devenue une quasi religion et les Évangiles [2] ! On parle même de « jediiisme » pour ce  nouveau mouvement religieux non théiste revendiquant 500 000 membres et trois temples aux USA !

Les inspirations du réalisateur George Lucas ne sont pas d’abord chrétiennes, mais plutôt bouddhistes. « Je n’ai pas voulu inventer une religion. J’ai voulu essayer d’expliquer de façon différente les religions qui ont existé. J’ai voulu les exprimer toutes. » Le créateur de Star Wars assume parfaitement la dimension religieuse de sa saga, qu’il a évoquée à de nombreuses reprises. De parents méthodistes, mais élevé par une gouvernante luthérienne, et lui-même agnostique, George Lucas a emprunté à toutes les religions et toutes les spiritualités possibles: monothéismes, spiritualités orientales, et aussi chamanisme indien et mythologies antiques. Ainsi il n’existe pas de Dieu personnel dans la saga, mais plutôt la Force, champ d’énergie impersonnelle qui englobe tout, de manière très orientale.

D’autres inspirations sont plutôt littéraires : George Lucas s’inspire de la structure du récit du voyage du héros, développée par Joseph Campbell dans le livre ‘Le Héros aux mille et un visages’ en 1949. Il reprend notamment les éléments que l’auteur décrit comme étant les épreuves suprêmes, le paroxysme de l’aventure : le héros se retrouve face à sa plus grande peur et doit en triompher. L’une de ces épreuves est l’affrontement avec la figure du père, grâce auquel le personnage devient plus adulte et plus sage.

Afficher l'image d'originePourtant, il y a bien des parallèles - souvent à l’envers - à établir entre les personnages, leur mission, leurs noms mêmes. Par exemple, le nom du moine Yoda vient de YOD, la plus petite lettre hébraïque (traduit par iota : cf. Mt 5,8 « pas un iota de la Loi ne passera »). Le plus petit, ici bas, en apparence, est en fait le plus grand. « Un grand guerrier ? Personne par la guerre ne devient grand » dira Yoda à Luke.

Obi-Wan Kenobi viendrait de : “Oh be one. Can you be ?” = « Oh sois un. Peux-tu l’être ? » Être un, ne faire qu’un avec le grand Tout est le but ultime de la quête bouddhiste.

Le nom de Dark Vador vient de Père obscur (Dark = sombre, Vador en anglais vient de Pater = père en latin, Father en anglais). Alors que le Père de Jésus est appelé « Père des lumières ».

Quant à l’autre Jedi quasi messianique, son prénom est un clin d’oeil au réalisateur (Lucas => Luke) et son nom signifie : « celui qui marche dans le ciel » (Skywalker). À tel point que les premières versions françaises voulaient le traduire en l’appelant au… Luc Courleciel ! (traduction heureusement abandonnée très vite). La différence avec le nom de Jésus là encore est flagrante : au lieu de se référer à ses propres pouvoirs (comme celui de maîtriser la Force pour Luke), au lieu d’être auto-centré, le nom de Jésus est hétéro-centré. Il renvoie à un autre que lui-même, qui seul est le salut (Yeshoua = Dieu sauve). Exister par soi-même, marcher dans le ciel à la force du poignet (ou d’une ascèse de vie tout orientale) est bien différent de mettre sa confiance en un autre, de le laisser agir à travers moi…

Cosplay de Dark Vador.Dark Vador ressemblerait plutôt… à Lucifer, avec son long vêtement noir sinistre et son casque nazi ! Pour obtenir l’immortalité (la survie de son fils menacé à sa naissance) il préfère basculer du côté obscur de la Force, tenté en cela par le sénateur Palpatine, figure à peine voilée du serpent de la Genèse murmurant à l’oreille du Jedi Anakin Skywalker que l’immortalité est à portée de main. Jedi déchu comme fut déchu l’ange Lucifer, Anakin deviendra Dark Vador, incarnant le principe du mal cherchant à tout attirer à lui. La transformation d’Anakin Skywalker, jeune Jedi aux capacités sans précédent, en l’un des méchants les plus célèbres de l’histoire du cinéma, n’est pas une chute brutale mais un lent basculement fondé sur les meilleures intentions, de celles qui, paraît-il, pavent les chemins de l’enfer. Un Lucifer moderne en quelque sorte. Sauf que dans le sixième épisode, il se sacrifie pour détruire l’étoile de la mort : même un Jedi déchu peut devenir le sauveur de tous !

Les autres parallèles entre Star Wars et la saga biblique sont nombreux.

Par exemple, le conflit central de Star Wars est bien la quête du père, voire le parricide, réactualisant en cela le mythe d’Œdipe, ou celui du dieu grec Zeus, qui accède au pouvoir en éliminant son père Chronos comme lui-même l’avait déjà fait pour son propre père. Or  dans la Bible, le conflit central n’est pas le parricide, mais le fratricide : le premier meurtre fut celui d’Abel par son frère Caïn. Le meurtre le plus lourd de conséquences fut celui de Jésus par ses frères juifs, rejeté hors de la vigne par ceux qui étaient ses frères de sang et de religion.

Quant à la légendaire formule: « Que la Force soit avec toi », on serait à peine étonné que la réponse soit « et avec ton esprit »… !

 

Tu es mon fils bien aimé

Revenons à la déclaration du baptême du Christ. Lui seul entend cette voix intérieure ; un autre que lui-même l’assure de son identité : tu es mon fils bien-aimé. Dieu ne dit pas : « je suis ton père ». La différence est de taille : Dieu désire assurer Jésus dans l’existence, et le susciter comme sujet libre, distinct de lui. C’est un Je qui parle à un Tu. Dark Vador centre la révélation sur lui-même : « je suis ton père », comme pour mieux aliéner la liberté de son fils à le suivre du côté obscur de la Force. Ce père-là n’est pas vraiment aimant, alors que le fils Jésus est « bien-aimé ». La même réalité : une filiation cachée aux yeux des hommes, est traitée de deux façons diamétralement opposées. L’une est une déclaration d’amour inconditionnelle, l’autre est une révélation qui fait pression pour obtenir l’obéissance de Luke à imiter son père en choisissant le mal. 

Il suffit en cette fête du baptême du Christ de rester sur cette déclaration centrale : « tu es mon fils bien-aimé ». Elle inaugure le départ en mission de Jésus, sa guerre à lui, contre l’étoile de la mort et du mal qui attire l’homme vers le néant. D’ailleurs le titre anglais de la série est bien : Star Wars (les guerres de l’étoile) et non pas la traduction française : la guerre des étoiles (Stars War). Dommage… C’est par une multitude de combats que le Christ s’attaque à la racine du mal en l’homme, l’étoile noire, jusqu’à la victoire de la croix. 

Comment s’engager dans un tel combat si l’on n’est pas sûr de ses arrières ? Comment affronter le père du mensonge (Satan) si l’on n’est pas ancré dans la vérité sur sa propre identité : « fils bien-aimé » ? Tous les éducateurs vous le diront : si l’amour parental vient à manquer, si les paroles et les preuves de ce lien indéfectible et inconditionnel ne sont pas données et redonnées sans cesse, alors l’enfant doutera de lui-même, sera tenté par la violence ou le repli. Impossible de prendre des risques dans la vie si l’on n’a pas quelque part en soi cette solide assise :« tu es mon fils bien-aimé ». Entreprendre, s’aventurer, sortir de soi, innover : toutes ces prises de risques qui conduisent à l’âge adulte demandent une solide base affective, une assurance d’alpiniste reposant sur la confiance en soi, parce que aimé d’un autre.

Est père celui qui donne cette assurance à un enfant, et non  celui qui veut obliger son fils à lui ressembler…

 

« Je suis ton père » : dans la bouche de Dark Vador, c’est la clé de son  cheminement personnel, de Jedi à père obscur. C’est la volonté de ramener Luke de son côté, lui infligeant la marque de la main coupée (comme Dieu marquant Caïn  après son fratricide ?), symbole d’une vie mutilée par une filiation inhumaine.

« Tu es mon fils bien-aimé » : dans la bouche du Père du ciel, c’est le don gratuit fait à Jésus pour qu’il aille librement au bout de sa mission.

Laissons la prière, la méditation des Écritures, la rumination des événements nous rendre attentifs à cette voix intérieure qui nous dit : « tu es mon fils bien-aimé », aux moments importants de notre histoire où il nous faut partir, risquer, changer, s’exposer, comme le Christ à partir du Jourdain.

File:Hortus deliciarum baptism of Jesus.jpg

Enluminure du Hortus deliciarum (XIIe siècle), Allemagne


[1]. Un film « confus et flou », qui ne fait que « singer les choix du passé », critique pourtant sévèrement L’Osservatore Romano dans son édition du 18/12/2015  cf. http://www.osservatoreromano.va/it/news/star-wars-confuso-e-sfocato

 

Une des plus belles déclarations d’amour d’un père à son enfant !

 

1ère lecture : « La gloire du Seigneur se révélera, et tout être de chair verra » (Is 40, 1-5.9-11)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes.

Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé. »

Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! » Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. Voici le fruit de son travail avec lui, et devant lui, son ouvrage. Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent.

Psaume : Ps 103 (104), 1c-3a, 3bc-4, 24-25, 27-28, 29-30

R/ Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !

(Ps 103, 1)

Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

Des nuées, tu te fais un char,
tu t’avances sur les ailes du vent ;
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs.

Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
Tout cela , ta sagesse l’a fait ;
la terre s’emplit de tes biens.
Voici l’immensité de la mer,
son grouillement innombrable d’animaux grands et petits.

Tous, ils comptent sur toi
pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux, ils ramassent ;
tu ouvres la main : ils sont comblés.

Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ;
tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

2ème lecture : « Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint » (Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle.

Evangile : « Comme Jésus priait, après avoir été baptisé, le ciel s’ouvrit » (Lc 3, 15-16.21-22)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Voici venir un plus fort que moi, proclame Jean Baptiste ;
c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Alléluia. (cf. Lc 3, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »

Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Patrick BRAUD

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