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13 août 2023

Assomption : Marie est-elle morte ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Assomption : Marie est-elle morte ?

Homélie pour la fête de l’Assomption / Année A
15/08/2023

Cf. également :
Le grand dragon rouge feu de l’Assomption
Assomption : entraîne-moi !
Marie et le drapeau européen
Quelle place a Marie dans votre vie ?
Le Magnificat de l’Assomption : exalter / exulter
L’Assomption : Marie, bien en chair
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance
Marie, parfaite image de l’Église à venir
Marie en son Assomption : une femme qui assume !
Marie, notre sœur
Vendredi Saint : la déréliction de Marie

Marie est-elle morte ?
La question peut paraître saugrenue.

La main d’Eve, la pomme et le serpent, détail du diptyque d’Albrecht Dürer (1507). Peut-être ne vous l’êtes-vous jamais posée ? Cependant, le flou qui l’entoure révèle qu’un débat intéressant n’est toujours pas tranché dans l’Église catholique : quel est le lien entre la mort et le péché ? Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle la position officielle (n° 1008), tirée d’une lecture immédiate de certains passages de l’Écriture :
La mort est conséquence du péché. Interprète authentique des affirmations de la Sainte Écriture (cf. Gn 2,17 ; 3,3 ; 3,19 ; Sg 1,13 ; Rm 5,12 ; 6,23) et de la Tradition, le Magistère de l’Église enseigne que la mort est entrée dans le monde à cause du péché de l’homme. Bien que l’homme possédât une nature mortelle, Dieu le destinait à ne pas mourir. La mort fut donc contraire aux desseins de Dieu Créateur, et elle entra dans le monde comme conséquence du péché (cf. Sg 2,23 24). “ La mort corporelle, à laquelle l’homme aurait été soustrait s’il n’avait pas péché ” (GS 18), est ainsi “ le dernier ennemi ” de l’homme à devoir être vaincu (cf. 1 Co 15,26).

Les fervents défenseurs de la piété mariale ont cru pouvoir tirer le fil de l’Immaculée Conception de Marie pour lui épargner la mort, avec ce raisonnement simple : si Marie n’a pas connu le péché, elle ne peut avoir connu la mort qui est la conséquence du péché. C’est un peu l’argumentation de Pie XII, le pape qui a proclamé le dogme de l’Assomption le 1er novembre 1950 :
« En vertu d’une loi générale, Dieu ne veut pas accorder aux justes le plein effet de la victoire sur la mort, sinon quand viendra la fin des temps. C’est pourquoi, les corps même des justes sont dissous après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme glorieuse qu’à la fin des temps. Cependant, Dieu a voulu exempter de cette loi universelle la Bienheureuse Vierge Marie. Grâce à un privilège spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché par son Immaculée Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps » (Constitution Apostolique Munificentissimus Deus).

Même si le Pape Pie XII n’évoque pas directement la « mort » de Marie, on peut comprendre de ce texte qu’elle a eu le privilège d’être exemptée de cette loi générale selon laquelle le plein effet de la victoire sur la mort ne s’accordera qu’à la fin des temps. Elle a eu la grâce d’être libérée de la loi de demeurer dans la corruption du tombeau et d’attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps.

Pourtant, nombre de théologiens ont fait remarquer que la mort physique de tout être vivant fait intégralement partie de la condition de créature. Sinon, l’être créé serait une émanation divine, possédant comme Dieu la propriété d’être immortel, et non une création. Si création n’est pas émanation, Dieu ne peut créer de l’immortel ! Dieu ne peut créer que du non-Dieu, donc mortel. Parler d’une condition humaine non soumise à la mort relève d’une pensée mythique qui dans la Bible à toute sa valeur pour parler du sens des origines (Gn 1–15), mais ne dépeint aucune condition historique. C’est un irréel du passé que d’évoquer le sort humain en dehors du péché ou de la mort ! Notre finitude d’êtres vivants limités dans le temps par nature est ainsi la garantie de la transcendance du Dieu Tout-Autre.

Jean-Paul II développera cette position, quasiment inverse de celle de Pie XII. Citons le longuement (Audience générale du 25/06/1997), car c’est rare de voir deux papes se quereller post-mortem… Il commence par dédouaner Pie XII d’une quelconque volonté de nier la mort de Marie (ce qui n’est guère convaincant vu le passage cité plus haut) :

1. À propos de la fin de la vie terrestre de Marie, le Concile Vatican II a repris les termes de la définition de bulle du dogme de l’Assomption et déclare : « La Vierge immaculée, préservée de toute tache du péché originel, au cours de sa vie terrestre, a été prise dans la gloire céleste, corps et âme » (Lumen Gentium).
Avec cette formule, la Constitution dogmatique Lumen Gentium, à la suite de mon vénéré prédécesseur Pie XII, est muet sur la question de la mort de Marie. Pie XII n’a pas eu l’intention de nier le fait de la mort, mais simplement ne juge pas opportun de déclarer solennellement, comme une vérité digne d’être acceptée par tous les croyants, la mort de la Mère de Dieu. En fait, certains théologiens ont soutenu que la Vierge n’eut pas à mourir et passa directement de la vie terrestre à la gloire céleste. Cependant, cette opinion est inconnue jusqu’au XVII° siècle, alors qu’il existe une tradition commune qui voit dans la mort de Marie son entrée dans la gloire céleste.

 Assomption : Marie est-elle morte ? dans Communauté spirituelle dormitionPuis il développe un argument christologique massue : la Mère n’est pas supérieure au Fils. Or le Fils a connu le tombeau, et la mort, trois jours durant. La Mère ne peut être affranchie du passage que même son Fils a dû faire :

2. Est-il possible que Marie de Nazareth ait vécu dans sa chair le drame de la mort ? En réfléchissant sur le sort de Marie et de sa relation avec son divin Fils, il semble légitime de répondre par l’affirmative : puisque le Christ est mort, il serait difficile de prétendre le contraire pour la mère. C’est dans ce sens qu’ont réfléchi les Pères de l’Église, qui n’avaient aucun doute à ce sujet.

Jean-Paul II cite alors de nombreux Pères de l’Église favorables à l’hypothèse de la mort physique de Marie :

Il suffit de mentionner Saint Jacques de Saroug (+ 521), pour qui, lorsque pour Marie fut arrivé « le temps de parcourir le chemin de toutes les générations », c’est à dire le chemin de la mort, « le chœur des douze Apôtres » se rassembla pour enterrer « le corps virginal de la bienheureuse » (Discours sur la sépulture de la Sainte Mère de Dieu).
Saint Modeste de Jérusalem (+ 634), après une longue évocation de la Dormition « de la Sainte glorieuse Mère de Dieu », conclut sa louange en vantant l’intervention miraculeuse du Christ qui l’a « relevée de la tombe » afin de la prendre avec lui dans la gloire.
Saint Jean Damascène (+ 704) se demande pour sa part :
Comment se fait-il que celle, qui pour enfanter dépassa toutes les limites de la nature, se plie maintenant à ses lois et que son corps immaculé soit soumis à la mort ? (Et il répond:) Il est clair que la partie mortelle a été déposée pour revêtir l’immortalité, puisque même le maître de la nature n’a pas refusé l’expérience de la mort. En effet, il meurt selon la chair et par la mort détruit la mort, la corruption devient incorruptibilité et de la mort il donne la source de la résurrection (Saint Jean Damascène, Panégyrique sur la Dormition de la Mère de Dieu, 10).

Jean-Paul II reprend l’argument de la supériorité du Christ sur Marie pour en conclure que Marie ne peut avoir part pleinement à la Résurrection de son Fils sans d’abord mourir elle-même :

3. Il est vrai que la mort est présentée dans l’Apocalypse comme une punition pour le péché. Toutefois, le fait que l’Église proclame Marie libérée du péché originel par un privilège singulier divin ne conduit pas à la conclusion qu’elle a également reçu l’immortalité physique. La Mère n’est pas supérieure au Fils qui a assumé la mort en lui donnant un sens nouveau et en la transformant en instrument de salut. Impliquée dans l’œuvre de rédemption et associée à l’offrande du Christ, Marie a pu partager la souffrance et la mort en vue de la rédemption de l’humanité. À elle s’applique également ce que Sévère d’Antioche dit à propos du Christ : « Sans une mort préliminaire, comment la résurrection pourrait-elle avoir lieu ? ». Pour participer à la résurrection du Christ, Marie devait d’abord en partager la mort.

Sa mort est singulière, car transfigurée par l’amour l’unissant à son Fils, si bien que le terme « Dormition » évoque davantage une expérience spirituelle d’amour qu’une fin organique banale :

4. Le Nouveau Testament ne fournit aucune information sur les circonstances de la mort de Marie. Ce silence laisse supposer qu’il est arrivé naturellement, sans aucun détail particulièrement remarquable. Si ce n’était pas le cas, comment la nouvelle aurait-elle pu  être cachée de ses contemporains et de ne pas parvenir, d’une façon ou d’une autre, jusqu’à nous ? Quant à la cause de la mort de Marie, les opinions qui voudraient exclure des causes naturelles semblent sans fondement. Plus importante est la recherche de l’attitude spirituelle de la Vierge au moment de son départ de ce monde. À cet égard, saint François de Sales est d’avis que la mort de Marie a eu lieu à la suite d’un transport d’amour. Il parle de la mort dans l’amour, à cause de l’amour et par amour, allant même à dire que la Mère de Dieu est morte d’amour pour son fils (Saint François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu, Lib. 7, c. XIII-XIV). Quel que soit le fait biologique ou organique qui causa, sur un plan physique, la fin de la vie du corps, on peut dire que le passage de cette vie à l’autre fut pour Marie une maturation de la grâce dans la gloire, si bien que jamais autant que dans ce cas, la mort ne put être considérée comme une Dormition.

La Dormition de la Vierge, par Fra Angelico | Miguel Hermoso Cuesta wikipedia

5. Chez certains Pères de l’Église, nous trouvons la description de Jésus qui vient lui- même prendre sa mère au moment de la mort pour son introduction dans la gloire céleste. Ils présentent ainsi la mort de Marie comme un événement de l’amour qui l’a amenée à rejoindre son divin Fils pour partager sa vie immortelle. À la fin de son existence terrestre, elle a connu, comme Paul et plus que lui, le désir d’être libérée et d’être avec le Christ pour toujours (cf. Ph 1,23). L’expérience de la mort a enrichi la personne de la Vierge à travers le sort commun des hommes, elle est en mesure d’exercer plus efficacement sa maternité spirituelle envers ceux qui atteignent l’heure suprême de la vie.

Que retenir pour nous de cette controverse ? Le concile Vatican II nous met sur la voie en parlant de Marie à l’intérieur du texte sur l’Église (Lumen Gentium), et non dans un texte à part. Car Marie et l’Église sont indissociables : Marie est la figure de l’Église à venir. Il ne lui arrive rien d’autre que ce que l’Église est appelée à recevoir. En ce sens, Marie est l’anticipation eschatologique de ce que nous sommes tous appelés à devenir : pleinement ressuscités, « corps et âme », avec Christ, par lui et en lui. Le « corps » dont nous parlons ici a connu la mort. Mais dans la nouvelle Création où tous ressusciteront, Dieu saura redonner à chacun un autre corps, un « corps glorieux », un « corps spirituel », qui sera notre interface avec ce monde nouveau, comme notre chair présente est l’interface de notre relation avec le monde actuel (Cf. le « moi-peau » de Didier Anzieu, 1974).

Ce qui est certain, c’est que Marie est ressuscitée. Le dogme de l’Assomption proclame qu’elle est dans la gloire avec son corps et son âme. On ne le dit d’aucun autre disciple du Christ. Même les saints « se sont endormis dans l’attente de la résurrection », comme dit la liturgie (Prière eucharistique n° 2). On pourrait poétiquement dire de Marie qu’elle n’a pas été enterrée mais « encièlée » corps et âme…

Que l’Assomption de Marie nourrisse notre espérance d’être nous-même « encièlé » à la fin des temps, dans la communion de tous les saints [1] !

 


[1]. Le fait que Pie XII ait proclamé le dogme de l’Assomption le jour de la fête de la Toussaint 1950 signifie clairement qu’il ne faut jamais séparer Marie et l’Église. Marie anticipe ce qui sera réalisé en plénitude dans la communion de tous les saints. Elle est bien « notre espérance » (spes nostra) d’une humanité totalement ressuscitée, comme nous le chantons dans le Salve Regina.

 

 

MESSE DU JOUR

PREMIÈRE LECTURE
« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire.
Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

PSAUME
(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)
R/ Debout, à la droite du Seigneur,se tient la reine, toute parée d’or.(cf. Ps 44, 10b)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

DEUXIÈME LECTURE
« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, caril a tout mis sous ses pieds.

ÉVANGILE
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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7 août 2022

Le grand dragon rouge feu de l’Assomption

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Le grand dragon rouge feu de l’Assomption

Homélie pour la fête de l’Assomption / Année C
15/08/2022

Cf. également :

Assomption : entraîne-moi !
Marie et le drapeau européen
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Quelle place a Marie dans votre vie ?
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
L’Assomption : Marie, bien en chair
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
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Marie, parfaite image de l’Église à venir
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Néron 666

Le grand dragon rouge feu de l’Assomption dans Communauté spirituelle 51VvT4YxOGL._SY291_BO1,204,203,200_QL40_ML2_Rome est en feu. Rome brûle. En ce mois de juillet caniculaire de 64 ap. J.C., l’empereur Néron est sur la côte dans sa villa au bord de la mer. Un incendie accidentel se déclare du côté du marché et embrase bientôt les deux tiers de la ville. Il y a des milliers de morts. Plus de 12 000 immeubles consumés. 200 000 habitants se retrouvent sans-abris (à cette époque, Rome compte près de 800 000 habitants).

Néron revient en hâte et met tout en œuvre pour voler au secours des sinistrés, mais le peuple gronde. Il veut des coupables. Alors Néron leur désigne les chrétiens, boucs émissaires tout désignés pour canaliser la colère du peuple. Ne raconte-t-on pas des rumeurs atroces sur les mœurs de cette secte nouvelle ? On dit qu’ils mangent de la chair et boivent du sang lors de leurs rassemblements. Ils refusent d’adorer l’empereur et contestent sa divinité. Ces athées sont subversifs et dangereux. D’ailleurs ce n’est qu’un ramassis d’esclaves et de gens de basse condition : dockers, prostituées, esclaves, le lumpenprolétariat romain, le Quart-Monde de l’époque en quelque sorte. Ce sont des nuisibles qu’il est donc sain et légitime d’éradiquer de la Cité. Alors, tel Hitler désignant les juifs après l’incendie du Reichstag en 1933, Néron désigne les chrétiens à la vindicte populaire comme coupables de l’incendie de la Ville éternelle. Ils sont arrêtés, crucifiés, livrés aux fauves dans les arènes romaines, ou transformés en torches vivantes le soir pour des exécutions publiques qui consolent les Romains après l’incendie : ceux qui ont répandu le feu doivent périr par le feu, c’est bien ainsi.

On comprend que Néron soit devenu pour les communautés chrétiennes de cette époque le symbole de l’opposition au Christ, l’Antéchrist de l’Apocalypse. Dans la tradition juive chaque lettre avait une valeur numérique en hébreu ; or l’addition des lettres de César-Néron en hébreu forme un total de 666, et Jean s’est empressé de coder son allusion au tyran avec ce nombre devenu maudit (Ap 13,18), d’autant plus symbolique qu’il comporte 3 fois – summum de plénitude négative – le chiffre 6, symbolique de l’inachevé puisque coincé entre le 5 de la Torah et le 7 de la Création.
666, c’est le comble de l’inachevé, de l’informe.

 

L’Apocalypse façon Jean Moulin

 666 dans Communauté spirituelleLe livre de l’Apocalypse, première lecture de notre fête de l’Assomption (Ap 11,19a ; 12,1-6a.10ab), est un livre de la Résistance face aux persécuteurs : Jean l’a écrit en pleines persécutions romaines et juives, afin de soutenir la foi et le courage de ceux qui savaient marcher vers leur supplice en demandant le baptême. En ces temps-là, devenir chrétien était risqué, très risqué ; les discriminations étaient nombreuses contre eux dans la fonction publique, les menaces également : perdre son métier, être muté ailleurs, ne jamais être promu, perdre son logement, et dans son quartier être à la merci d’une dénonciation anonyme etc. Il fallait être discret. Le Dominicum - ce rassemblement eucharistique du dimanche caractéristique de l’Église naissante – devait être clandestin. Les messages entre baptisés circulaient sous le manteau, codés et cryptés pour ne pas tomber entre les mains de la police ou de l’armée. À la façon de Jean Moulin coordonnant et unissant les réseaux la Résistance en France, Jean veut par l’Apocalypse encourager les chrétiens de la clandestinité, fortifier leur espérance, les assurer de la victoire finale au bout des persécutions. Voilà pourquoi l’Apocalypse est truffée de symboles réservés aux initiés, d’images codées, d’allusions compréhensibles par les seuls convertis au Christ. Contrairement aux délires des Témoins de Jéhovah ou autre groupes plus ou moins illuminés, l’Apocalypse de Jean n’a jamais voulu prédire l’avenir, annoncer des catastrophes de fin des temps ni se mêler de la politique du XX° siècle ! C’est un livre pour résister en temps d’oppression, un livre pour continuer à espérer alors que l’Église semble mise à mort.

 

Le dragon rouge feu

alors-que-la-femme-c%C3%A9leste-l-organisation-spirituelle-de-dieu-est-sur-le-point-de-donner-naissance-aux-futurs-dirigeants-de-la-terre-appara%C3%AEt-un-dragon-couleur-rouge-feu-avec-7-t%C3%AAtes-et-10-cornes-comme-les-b%C3%AAtes-d-apocalypse-13-et-17 ApocalypseC’est dans ce contexte que notre lecture met en scène deux signes grandioses dans le ciel : une femme et un dragon. On a déjà longuement commenté la figure de la femme couronnée d’étoiles, qui peut être Marie, Israël, l’Église ou l’humanité tout entière.

Intéressons-nous aujourd’hui à la bête extraordinaire des versets 3 à 18.
Ici, c’est un dragon. L’Ancien Testament utilisait déjà ce bestiaire fantastique, par exemple : « Dieu, mon roi dès l’origine, vainqueur des combats sur la face de la terre, c’est toi qui fendis la mer par ta puissance, qui fracassas les têtes des dragons sur les eaux ; toi qui écrasas la tête de Léviathan pour nourrir les monstres marins » (Ps 74, 12-15). Ce Léviathan est décrit dans des poésies cananéennes comme un monstre marin à 7 têtes, qui n’est pas sans rappeler la multicéphale Hydre de Lerne vaincue par Héraclès, créature mythologique ressemblant, encore, au serpent.

D’autres passages évoquent le combat contre le mal incarné par ces bêtes effrayantes :
« Ce jour-là, le Seigneur châtiera de son épée dure et grande et forte, Léviathan, le serpent fuyard, Léviathan, le serpent tortueux ; il tuera le dragon de la mer » (Is 27,1).
« Éveille-toi, éveille-toi, revêts-toi de force, bras du Seigneur ! Éveille-toi comme aux jours anciens, au temps des générations d’autrefois. N’est-ce pas toi qui taillas en pièces Rahab, qui transperças le Monstre marin ? » (Is 51,9)
« Jérusalem dit : Il m’a dévorée, avalée, Nabuchodonosor, le roi de Babylone ; il m’a laissée telle un plat vide. Comme un dragon, il m’a engloutie, il a rempli son ventre de mes délices ; il m’a rejetée » (Jr 51,34).
« Parle. Tu diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Me voici contre toi, Pharaon, roi d’Égypte, grand dragon tapi parmi les bras du Nil ; tu as dit : il est à moi, le Nil, c’est moi qui l’ai fait. » (Ez 29,3)

Tel Philippe Druillet et son univers BD onirique et fantastique, Jean prolonge cette tradition et imagine un bestiaire qui inspirera longtemps encore des artistes de toutes disciplines, dont les tapisseries de Lurçat à Angers sont un joyau.
Ce dragon est rouge feu. Le feu évoque immédiatement l’incendie de Rome dont Néron s’est servi pour accuser les chrétiens et les pourchasser dans tout l’empire. Sans le vouloir, l’Apocalypse offre un effet de miroir – tragique – à l’Évangile de dimanche dernier (Lc 12,49-53) : « je suis venu allumer un feu sur la terre… ». L’incendie désiré par le Christ est celui de l’amour de Dieu venant embraser le cœur de chacun. Le pouvoir politique idolâtre répond à ce brasier intérieur en transformant le croyant en torche vivante, supplicié dans la liesse générale…

118 Assomption« Avant tout, il y a le dragon rouge, très puissant, avec une manifestation impressionnante et inquiétante du pouvoir sans grâce, sans amour, de l’égoïsme absolu, de la terreur, de la violence. Au moment où saint Jean écrivit l’Apocalypse, pour lui ce dragon était la représentation du pouvoir des empereurs romains anti-chrétiens, de Néron à Domitien. Ce pouvoir apparaissait illimité ; le pouvoir militaire, politique, propagandiste de l’empire romain était tel que devant lui, la foi, l’Église, apparaissait comme une femme sans défense, sans possibilité de survivre, encore moins de vaincre. Qui pouvait s’opposer à ce pouvoir omniprésent, qui semblait capable de tout? Et toutefois, nous savons qu’à la fin, la femme sans défense a vaincu ; ce n’est pas l’égoïsme, ce n’est pas la haine ; mais c’est l’amour de Dieu qui l’a emporté et l’empire romain s’est ouvert à la foi chrétienne » (Homélie du Pape Benoît XVI, 15 Août 2007).

Le rouge du dragon est la couleur du sang, le sang des martyrs qui selon Tertullien est semence de chrétiens lorsqu’il coule à flots sans renier l’amour des ennemis et le pardon des offenses. Mais ce dragon élargit l’image d’un pouvoir sanguinaire à la plupart des empires qui ont dominé le monde connu jusqu’alors. Car il a 7 têtes, et 7 est le chiffre désignant toute la Création (les 7 jours de la semaine, que les Babyloniens avaient adopté pour leur mois lunaire = 4×7 jours). Il n’y a pas que Rome à vouloir se faire adorer comme divinité devant laquelle se prosterner et à qui tout sacrifier. Il y a également l’Égypte, l’Assyrie, Babylone, les Mèdes, la Perse, la Grèce, Rome, 7 empires au moins qui ont ensanglanté la terre, conquis des territoires en incendiant leurs villes. L’ours russe en Ukraine pourrait succéder au dragon rouge feu : rien de nouveau sous le soleil hélas…

Chacune des 7 têtes du dragon était ceinte d’un diadème, ce qui confirme l’interprétation politique de cette bête. Curieusement, elle a 10 couronnes et non 7, ce qui est peu pratique pour les porter sur 7 têtes ! C’est donc là encore une signification cachée : ces 10 diadèmes constituent comme un anti Décalogue, comme un anti miniane, ce groupe de 10 fidèles juifs minimum pour pouvoir célébrer le culte. La Loi à l’envers en quelque sorte.
Jean avertit ainsi les nouveaux convertis que, plus ils brûlent du désir du Christ en eux, plus ils seront haïs, rejetés par les pouvoirs en place : ‘Si vous voulez suivre le Christ, soyez forts, préparez-vous au déchaînement du mal et de la violence sur vous et sur vos proches’.
Sacrée douche froide pour ceux qui n’auraient pas perçu l’enjeu existentiel du baptême ! Soyons réalistes : ils étaient nombreux du coup ceux qui reniaient leur foi devant de tels dangers pesant sur eux et leurs familles. On les appelle les lapsi, ceux qui ont chuté (lapsus) en latin, et il y aura un grand débat dans l’Église ensuite pour savoir s’il faut ou non réintégrer les lapsi qui demandait à revenir après avoir renié.

Les cornes portées par le dragon étaient le symbole de la puissance, celle du taureau encornant tout sur son passage, celle de l’orage grondant dans l’obscurité comme le meuglement du taureau en colère. Il y avait 4 cornes aux 4 coins de l’autel des sacrifices du Temple de Jérusalem, et c’est avec une corne remplie d’huile que Samuel fit l’onction messianique sur la tête de David. Les cornes du dragon font allusion à tous les envahisseurs qui ont causé la ruine d’Israël au cours des exodes et déportations successives, selon Za 2,2 par exemple : « Je dis à l’ange qui me parlait : ‘Ces cornes, que sont-elles ?’ Il me répondit : ‘Ce sont les cornes qui ont dispersé Juda, Israël et Jérusalem’ ».
Avec ses 10 cornes, le dragon de l’Apocalypse semble étendre sa domination sur toute la terre.

Ainsi couronné de 7 têtes, 7 diadèmes, 10 cornes, le grand dragon rouge feu avait de quoi effrayer quiconque voulait naître de la femme-Église, car il est posté devant elle, prêt à dévorer dès leur naissance les baptisés qui sortent du ventre de la mère-Église. Avertissement à ceux qui voudraient devenir chrétiens : dès leur conversion au Christ, le pouvoir les guettera pour détruire leur réputation, les enfermer, les supplicier, en leur enjoignant de renier leur foi pour se prosterner devant César.

 

Les dragons d’aujourd’hui

M02266086111-large dragonLes pouvoirs politiques ou religieux n’ont pas manqué au cours des siècles de poursuivre cette guerre faite aux croyants lorsqu’ils osent contester la prétention totalitaire des régimes en place. De Néron à Poutine en passant par Mao, Pol Pot ou Pinochet, les totalitarismes de tous poils se transforment en dragon rouge feu contre ceux qui, par la seule affirmation de leur foi, les empêchent d’être tout-puissants. Les talibans afghans, les partis communistes encore au pouvoir, les ultranationalistes hindous, les djihadistes de Boko Haram, du Yémen ou du Pakistan, et même l’orthodoxie alliée à Poutine ou le christianisme façon Bolsonaro : la liste des dragons contemporains est trop longue…

« Puissent les chrétiens de cette nation être une force généreuse de renouveau spirituel en chaque milieu de la société. Qu’ils combattent l’attrait du matérialisme qui étouffe les authentiques valeurs spirituelles et culturelles, ainsi que l’esprit de compétition débridée qui génère égoïsme et conflits. Qu’ils rejettent également les modèles économiques inhumains qui créent de nouvelles formes de pauvreté et marginalisent les travailleurs, ainsi que la culture de la mort qui dévalue l’image de Dieu, le Dieu de la vie, et viole la dignité de chaque homme, femme et enfant » (Homélie du Pape François en Corée du Sud pour la fête de l’Assomption, 15 Août 2014).

Le combat contre ces dragons modernes fait partie de notre mission de baptisés :

« La prière avec Marie, en particulier le Rosaire, a aussi cette dimension ‘agonistique’, c’est-à-dire de lutte, une prière qui soutient dans la bataille contre le malin et ses complices » (Homélie du Pape François, 15 Août 2013).

Le livre de l’Apocalypse est là pour que nous ne soyons pas effrayés par ces tyrans rouge feu.
Gardons en tête cet hymne de l’Apocalypse que la Liturgie des Heures nous fait chanter au temps pascal (Ap 12,10–13) :

Maintenant voici le salut +
et le règne et la puissance de notre Dieu, *
voici le pouvoir de son Christ !

L’accusateur de nos frères est rejeté, *
lui qui les accusait, jour et nuit,
 devant notre Dieu.

Ils l’ont vaincu par le sang de l’Agneau, +
par la parole dont ils furent les témoins : *
renonçant à l’amour d’eux-mêmes, jusqu’à mourir.

Soyez donc dans la joie, *
cieux, et vous, habitants des cieux !

 

MESSE DU JOUR

PREMIÈRE LECTURE
« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire.
Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

PSAUME
(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)
R/ Debout, à la droite du Seigneur,se tient la reine, toute parée d’or.(cf. Ps 44, 10b)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

DEUXIÈME LECTURE
« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, caril a tout mis sous ses pieds.

ÉVANGILE
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
Alléluia. Alléluia.Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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29 mai 2022

La séquence de Pentecôte

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

La séquence de Pentecôte

Homélie pour la fête de Pentecôte / Année C
05/06/2022

Cf. également :

Pentecôte : un universel si particulier !
Le déconfinement de Pentecôte

Les langues de Pentecôte
Pentecôte, ou l’accomplissement de Babel
La sobre ivresse de l’Esprit
Les trois dimensions de Pentecôte
Le scat de Pentecôte
Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie
Le marché de Pentecôte : 12 fruits, 7 dons
Et si l’Esprit Saint n’existait pas ?
La paix soit avec vous
Parler la langue de l’autre
Les multiples interprétations symboliques du buisson ardent

Les impérios des Açores

Imperios - Ilha TerceiraAprès deux années de crise Covid, le tourisme redécolle ! Essayez la destination Açores, vous ne serez pas déçus. Un archipel d’îles volcaniques au charme fou, des cachalots et des baleines à quelques encablures, des hortensias magnifiques partout, des « fajãs » en bas des falaises, des « miradouros » panoramiques pour contempler le paysage, une température constante de 20°–22°C, des côtes et rivages d’une beauté à couper le souffle… Vous remarquerez inévitablement les dizaines de petites chapelles ultra colorées dans les villages. Un français se dit au premier abord que ce sont des chapelles mariales comme il y en a tant en Bretagne ou dans le Nord. Pas du tout ! Ce sont des chapelles dédiées au Saint Esprit ! Enfin un pays où le culte du Saint Esprit passe avant celui de la Vierge Marie… C’est assez rare dans le catholicisme, où les « trois blancheurs » (la Vierge, l’eucharistie, le pape) ont souvent pris le pas sur l’adoration de l’Esprit Saint ! À tel point que les théologiens pointent depuis longtemps que l’Esprit Saint est le grand oublié des catholiques, alors qu’il est ultra présent chez les protestants ou les orthodoxes.

Aux Açores, l’Esprit a donc un extraordinaire réseau de chapelles appelées impérios, toutes plus pimpantes et joyeuses les unes que les autres ! La vénération populaire à l’Esprit vient de loin aux Açores. Importée du Portugal catholique des XIV°-XV° siècles, elle est très liée à la fête de Pentecôte d’aujourd’hui, et même à toute la période pascale. Les rituels n’ont presque pas été modifiés. Un ‘Empereur’ est couronné à l’église paroissiale. Avec un sceptre et une plaque en argent, en guise de symbole d’Espírito Santo, il préside les fêtes tous les dimanches pendant sept semaines après Pâques. Le dimanche de Pentecôte, il y a une grande fête dans la ville. Le lieu des cérémonies est une petite chapelle, ou « império« , utilisée pour la distribution de la soupe d’Espírito Santo, avec de la viande et des légumes, destinée aux pauvres et aux isolés. C’est là que la couronne, la plaque et le sceptre sont exposés, sur l’autel de l’império. Bel exemple de l’esprit communautaire qui règne dans l’archipel !

Ces impérios assument donc plusieurs fonctions : enraciner le peuple dans une foi trinitaire (c’est si rare !), lier le culte à l’Esprit au soin des pauvres. La dimension sociale de la foi est indissociable de la liturgie ; les fêtes du Saint Esprit aux Açores le manifestent de façon éclatante, joyeuse et populaire !

En bons portugais, les Açoriens sont également très attachés à la Vierge Marie, mais ce n’est finalement que l’ombre portée de l’adoration de l’Esprit qui seul est Dieu, et dont Marie est tout entière emplie.

Voilà de quoi redresser nos coutumes et nos pratiques en France, afin de mieux réaffirmer la prééminence de l’Esprit sur les créatures qu’il anime. La fête de Pentecôte nous invite à cette conversion.

 

Les séquences liturgiques

Vous l’avez entendue juste avant l’Évangile (ce qui est bizarre pour une séquence, qui comme son nom l’indique devrait suivre et non précéder !) : la séquence de Pentecôte Veni sancte Spiritus, appelée parfois la séquence dorée, est un poème d’invocation à l’Esprit Saint. Nous avions déjà parlé de la séquence de Pâques Victimae paschali (avec le labyrinthe de Chartres cf. La danse pascale du labyrinthe). Il ne reste en effet que 4 séquences dans la liturgie romaine, depuis que le missel de 1570 issu du Concile de Trente a supprimé les innombrables séquences (plus de 4500 !) qui polluaient les offices auparavant, car constituées de textes non bibliques de piètre qualité, à la poésie douteuse et à la théologie approximative. Comme quoi on n’a pas attendu Vatican II pour opérer un retour à l’Écriture et simplifier en taillant à grands coups de serpe dans l’accumulation liturgique sédimentée au cours des siècles. Il n’est pas sûr cependant que l’abondante production actuelle d’éphémères chansons liturgiques soit de meilleure facture que les séquences d’autrefois…

La séquence de Pentecôte dans Communauté spirituelle Veni_Sancte_Spiritus%2C_et_emitte

Qu’on en n’ait conservé que quatre dit l’importance des fêtes auxquelles ces séquences sont dédiées : Pâques, Pentecôte, Fête-Dieu (Lauda Sion), Notre Dame des douleurs (Stabat mater, remplaçant le Dies irae après Vatican II). Elles expriment le besoin de composer sa propre prière à partir de la bonne nouvelle annoncée par la fête : avec les mots de sa culture, de son génie poétique. Elles ont pour but de résumer et d’actualiser le contenu célébré, pour le rendre accessible au plus grand nombre. Autrefois, on mémorisait facilement les séquences en les chantant, et la liturgie devenait ainsi une catéchèse simple et active. De quoi trouver des sources d’inspiration pour nos chants et nos hymnes actuels !

 

La séquence de Pentecôte

Elle est moins connue que le Veni creator avec lequel elle est souvent confondue. Le Veni creator est chanté à chaque ordination, ce qui souligne le lien entre l’Esprit Saint et les ministères dans l’Église. Le Veni sancte Spiritus est assez différent. En voici le texte, pour en dégager quelques grandes lignes :

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.
À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen

 

S’adresser à l’Esprit en personne

170px-Triandrique-Avignon-ms111-f23r Açores dans Communauté spirituelleDans cette séquence, on tutoie l’Esprit Saint ! L’Église s’adresse à lui en lui parlant comme à une personne. Or les représentations catholiques de l’Esprit souffrent d’une figuration trop animalière (la colombe) ou trop chosifiante (le feu, les langues, le souffle, les rayons de lumière etc.). Cherchez bien : sur nos vitraux, dans nos tableaux, sur nos statues, l’Esprit est rarement représenté comme une personne. Il a fallu la redécouverte de l’icône de la Trinité de Roublev en Occident, ou le Renouveau charismatique inspiré du pentecôtiste américain pour que les latins se réhabituent à prier l’Esprit en personne. Et encore, ce n’est pas gagné ! C’est évidemment le culte marial qui a absorbé pourrait-on dire l’énergie catholique normalement dirigée vers l’Esprit. Il vaudrait mieux parler de vénération mariale, car en termes techniques c’est un culte dit d’hyperdulie (supérieur au culte de dulie rendu aux saints, mais inférieur au culte rendu à Dieu qu’on appelle latrie) et non un culte divin. Or les deux ne s’opposent pas, au contraire : la vénération due à Marie se comprend comme l’hommage au travail de l’Esprit en elle, de sa conception à son Assomption en passant par son Annonciation. Rappelons-nous également que l’Esprit est féminin en hébreu (ruah) : prier l’Esprit, c’est s’adresser à la part féminine qui en Dieu prend soin de ses enfants comme une mère.

Fêter Pentecôte, c’est donc tutoyer l’Esprit pour lui parler comme à une conseillère, une mère, une compagne, « plus intime à moi-même que moi-même » (saint Augustin). Chanter la séquence de Pentecôte, c’est s’adresser à l’Esprit en personne pour lui demander son amitié, sa présence, le lien vivant de communion avec lui qui va féconder toutes nos activités. Viens Esprit Saint pourrait être la prière qui monte à nos lèvres le plus naturellement du monde lorsque nous désirons louer ou implorer, nous réjouir ou gémir, recevoir ou donner.

D’ailleurs, d’innombrables compositeurs l’ont mis en musique : Guillaume Dufay, Josquin des Prés, Adrien Willaert, Giovanni Pierluigi da Palestrina, Roland (Orlandus) de Lassus et Tomás Luis de Victoria, Arvo Pärt etc…

 

Père des pauvres

L'Abbé Pierre 1912-2007 Frère des pauvres, provocateur de PaixSurprenante appellation de la séquence ! On est plus habitué à utiliser ce nom de père pour Dieu première personne de la Trinité ! Comme quoi la paternité est une qualité bien partagée entre les Trois.

Les pauvres dans la Bible sont ceux qui n’ont pas d’autres ressources que Dieu pour s’en sortir : pas de fortune, pas d’amis capables de les sauver, pas de défenseur pour garantir leur droit. Est « père des pauvres » celui qui prend soin d’eux, leur fournit concrètement de quoi survivre, les rétablit dans leur droit, leur honneur, leur dignité. Job correspond à ce portrait (« Pour les pauvres, j’étais un père » Jb 29,16) ; mais c’est Dieu lui-même qui l’incarne au plus haut point : « Père des orphelins, défenseur des veuves, tel est Dieu dans sa sainte demeure » (Ps 68,6). « Tu es le Dieu des humbles, secours des opprimés, protecteur des faibles, refuge des délaissés, sauveur des désespérés » (Jdt 9,11). Attribuer ce rôle à l’Esprit revient à formuler le salut des pauvres en termes de liens de communion qui les unissent à Dieu, car c’est le propre de l’Esprit que de créer et de nourrir la relation au Dieu vivant. Dans cette relation de communion, les pauvres trouvent leur salut. Cette communion vivante les rend plus forts, leur inspire les paroles et les actes pour se défendre, le courage pour résister. Prier l’Esprit comme père des pauvres nous prépare à désirer ce lien de communion, en reconnaissant que seuls nous ne pouvons rien. Remède à l’autosuffisance, désir de vivre en communion, le Veni sancte Spiritus nous rend disponibles pour expérimenter l’action du père des pauvres en nous.

 

Les autres titres donnés à l’Esprit dans la séquence

- dispensateur des dons

7-dons-du-Saint-EspritOn pense évidemment aux dons de l’Esprit listés par Isaïe (Is 11,1-3) puis Paul (1Co 12,4-7), et qu’on a mémorisés sous la forme d’un septénaire. Les 7 dons de l’Esprit manifestent sa présence en nous. Et finalement nous apprendrons à passer des dons au Donateur, des grâces offertes à l’Esprit qui en est la source. Selon le mot de Jésus : « si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11,13).

 

- consolateur souverain

C’est Isaïe encore qui est en filigrane dans ce titre : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu… » (Is 40,1).
N’ayons aucune honte à désirer être consolé, cajolé par l’Esprit de Dieu comme un enfant sur les genoux de sa mère (c’est l’étymologie du mot berakah, bénédiction). Souvenez-vous que l’Esprit est féminin…

 

- hôte très doux

L’Esprit est celui qui fait passer de l’extérieur à l’intérieur. De la pratique extérieure de la Loi à la pratique intérieure de la charité. De l’obligation morale à la libre inspiration : « aime et fait ce que tu veux » (Augustin). Car l’Esprit habite au plus intime de notre être, plus intime à moi-même que moi-même. Il n’est pas dans les textes, dans les règlements, dans les institutions figées, mais dans le mouvement intérieur, dans la création sans cesse renouvelée, dans la fidélité capable d’inventer et de faire du neuf.

 

Les verbes de la séquence

 Esprit- un premier verbe est lié à la Pentecôte : « viens remplir… ». Rappelez-vous que Judas se vide vers l’extérieur (« il tomba la tête la première, son ventre éclata, et toutes ses entrailles se répandirent » Ac 1,16-19), que les apôtres à l’inverse sont remplis de l’Esprit Saint qui pénètre en eux (« Tous furent remplis d’Esprit Saint…» Ac 2,4). L’Esprit de Pentecôte a horreur du vide ! Le vide de sens, le sentiment de vide qu’engendre un travail inutile, le vide d’un couple désuni, le vide d’un cœur qui s’attache trop aux choses et pas assez aux gens etc.

- les 3 verbes suivants sont plutôt liés au baptême où l’Esprit lave du péché en nous baignant dans la grâce, ce qui nous guérit de notre inclination à faire le mal.

- Les 3 verbes qui viennent alors sont liés au renouvellement du baptême dans le sacrement de réconciliation, travail dans lequel l’Esprit excelle ! Assouplir nos raideurs, réchauffer ce qui est froid et mort en nous, rendre droit ce que nous avons tordu par nos calculs et nos stratégies égoïstes compliquées, telle est l’œuvre de l’Esprit en ceux qui se laissent faire.

- Les 3 derniers verbes sont un seul en fait : donne. L’Esprit est par nature celui qui donne : le Père au Fils et réciproquement, le baptisé à son Dieu, la grâce au baptisé, la vie éternelle dans les sacrements, les 7 dons qui caractérisent la vie dans l’Esprit etc.

On a ainsi une liste de 10 verbes, ce qui n’est évidemment pas un hasard, pour cartographier la Loi nouvelle qu’instaure l’Esprit : se laisser conduire par Lui qui est communion, lien vivant d’amour entre les êtres.

En cette fête de Pentecôte, chantant avec cœur le Veni sancte Spiritus, relisons-le à tête reposée cette semaine. Qu’il monte sur nos lèvres pour implorer dans la joie comme dans la détresse.

Conjuguons-le à la première personne pour lui parler face-à-face :

Viens, Esprit Saint en mon cœur et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.
Viens en moi, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de mon cœur.
Consolateur souverain, hôte très doux de mon âme, adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, mon repos ; dans la fièvre, ma fraîcheur ; dans les pleurs, mon réconfort.
Ô lumière bienheureuse, viens remplir mon cœur jusqu’à l’intime.
Sans ta puissance divine, il n’est rien en moi, rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui en moi est souillé, baigne ce qui en moi est aride, guéris ce qui en moi est blessé.
Assouplis ce qui en moi est raide, réchauffe ce qui en moi est froid, rends droit ce qui en moi est faussé.
Amen !


 
   

MESSE DU JOUR

Première lecture
« Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres langues » (Ac 2, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

Psaume
(Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)
R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !
ou : Alléluia !
 (cf. Ps 103, 30)

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
la terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.

Deuxième lecture
« Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (Rm 8, 8-17)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains
Frères, ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.
Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais elle n’est pas envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez. En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.

Séquence
Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.
À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen

Évangile
« L’Esprit Saint vous enseignera tout » (Jn 14, 15-16.23b-26)
Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Emplis le cœur de tes fidèles ! Allume en eux le feu de ton amour ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Patrick BRAUD

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8 août 2021

Assomption : entraîne-moi !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Assomption : entraîne-moi !

Homélie pour l’Assomption de la Vierge Marie / Année B
15/08/2021

Cf. également :

Marie et le drapeau européen
Le Magnificat de l’Assomption : exalter / exulter
Quelle place a Marie dans votre vie ?
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
L’Assomption : Marie, bien en chair
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance
Marie, parfaite image de l’Église à venir
Marie en son Assomption : une femme qui assume !

Parler de la fin, c’est parler du commencement

8 juillet 2021 : Edgar Morin a 100 ans ! Il est interviewé sur France Info :
- Vous avez une vie riche, qui a mal commencé. Votre mère a essayé d’avorter. Vous êtes né avec le cordon ombilical autour du cou. Vous avez vécu le traumatisme de la mort de votre maman quand vous aviez 10 ans seulement. C’est dans tous ces événements traumatiques que vous avez puisé la force de vivre aussi longtemps ?
- Peut-être que c’est la résistance que ça m’a donnée, quand j’étais un fœtus et qu’on a voulu m’avorter.

Son siècle avait donc mal commencé, avec la tentative d’avortement désespérée de sa mère, qui heureusement a raté. Mais combien d’Edgar Morin ne sont pas nés ? Actuellement, il y a en France environ 200 000 avortements pour 700 000 naissances : plus d’un enfant sur 4 ne naît pas ! Si Edgar Morin devait être conçu aujourd’hui, il aurait beaucoup moins de chances de devenir le philosophe, le penseur que tout le monde célèbre désormais…

L’IVG est revenue discrètement dans le débat public en France, lorsque le Parlement a voulu allonger le délai de 12 à 14 semaines. Pourquoi ? Parce qu’à l’étranger (Belgique, Suisse…) on peut trouver à se faire avorter jusqu’à 14 semaines, et donc il faudrait accorder le même délai en France. On voit que ce raisonnement est sans limites. D’ailleurs, le Président de la République Emmanuel Macron est intervenu directement – chose rare – dans le débat en expliquant pourquoi il n’est « pas favorable » à cet allongement du délai de l’IVG (dans un entretien accordé au magazine féminin Elle) :
« Chaque année entre 4000 et 5000 femmes vont à l’étranger pour pouvoir le faire, mais c’est avant tout le signe d’un échec de notre prise en charge », assure-t-il. « Je mesure le traumatisme que c’est pour une femme d’avorter ». Et il va même plus loin. À la journaliste lui rappelant qu’il peut le mesurer, certes, mais uniquement jusqu’à une certaine limite il lance : « Cela ne m’empêche pas de le mesurer avec beaucoup plus de respect que des gens qui pensent que ce n’est rien d’avorter à 16 semaines. Tous les gynécologues le disent, c’est plus traumatisant dans ces délais-là ».

L’argument ici n’est pas centré sur l’enfant (embryon, fœtus) à naître, mais sur le traumatisme qu’impliquerait un avortement tardif pour les mères. Le ministre de la Santé Olivier Véran est intervenu également dans le même sens, en prenant comme argument quant à lui le traumatisme des gynécologues devant pratiquer l’opération à 14 semaines (broyage, démembrement, aspiration, extraction…), ce qui risquerait de les « démotiver », ce qui rendrait de plus en plus difficile la possibilité de trouver des praticiens acceptant de telles interventions choquantes. 

Ces deux prises de position font malgré tout l’impasse totale sur la vie à naître : pourquoi un fœtus avorté à moins de 12 semaines est-il un déchet hospitalier à incinérer, et un être humain potentiel à respecter après ce délai ? Que se passe-t-il pour changer ainsi le statut de l’embryon entre la 12e et la 13e semaine ? Et pourquoi pas 14 ? ou 16 ? ou sans limites ? Il n’y a aucune rupture de continuité dans le développement de l’enfant dans le ventre de sa mère, qui le ferait passer en 24h du statut de chose potentiellement destructible à celui de vie humaine à respecter et préserver ! Tuer la vie humaine dans l’œuf ne pose plus de problèmes de conscience… Une loi en France va obliger la filière ovine à tuer les poussins mâles dans l’œuf au lieu de les broyer à la naissance (car ils ne produisent pas d’œufs). Heureux progrès moral, mais qui ravale l’embryon humain au statut d’un poussin mâle à éliminer dans l’œuf…

Naissances et IVG

Ratio IVG Naissances

Pourquoi évoquer ce douloureux problème de l’IVG en France ? Parce que l’Évangile de l’Assomption nous rend témoin de la rencontre de deux femmes enceintes, dont les enfants in utero bondissent d’allégresse à cette visitation (Lc 1, 39-56) :
« Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi » ».

 

L’inhabitation réciproque, de la grossesse à l’Assomption

Assomption : entraîne-moi ! dans Communauté spirituelleBizarre que la liturgie ait choisi ce passage pour l’Assomption ! En fait, comme il n’y a rien dans les Évangiles sur la fin de Marie, on est revenu au début de sa maternité, car la fin est souvent dans le commencement. La logique du raisonnement qui a permis d’établir la fête de l’Assomption dès le VII° siècle à Rome était simple : Marie a accueilli en elle le Verbe de Dieu pour sa naissance à la vie terrestre, le Verbe de Dieu a donc accueilli Marie en lui pour sa naissance à la vie céleste. Le pivot de cette argumentation croisée est l’intimité qui a uni les 2 corps pendant 9 mois : la chair de Marie est transformée au contact de celle de son fils ; le lien mystérieux qui les a unis pendant la grossesse trouve un écho, un accomplissement dans le lien tout aussi mystérieux qui les unit à travers la résurrection du Christ.

Dans sa constitution apostolique fixant le dogme de l’Assomption (1950), le pape Pie XII cite longuement saint Jean Damascène (+ 749) comme témoin de cette tradition voyant dans le lien mère-fils beaucoup plus qu’une contingence nécessaire :
« Elle qui avait gardé sa virginité intacte dans l’enfantement, il fallait qu’elle garde son corps, même après la mort, exempt de toute corruption. Elle qui avait porté le Créateur dans son sein comme son enfant, il fallait qu’elle aille faire son séjour dans la lumière divine. Cette épouse que le Père s’était unie, il fallait qu’elle habite la chambre nuptiale.
Elle qui avait contemplé son Fils cloué à la croix et qui avait reçu dans son cœur le glaive de douleur qui lui avait été épargné dans l’enfantement, il fallait qu’elle le contemple trônant avec le Père. Il fallait que la Mère de Dieu possède ce qui appartenait à son Fils, et qu’elle soit honorée par toutes les créatures comme la Mère de Dieu et sa servante ».

Et saint Bernard célébrait Marie dont la voix a fait tressaillir Jean-Baptiste d’allégresse :
« C’est elle, en effet, qui par sa salutation fit tressaillir de joie un enfant encore enfermé dans le sein de sa mère. L’âme d’un enfant qui n’était pas encore né a fondu de bonheur à la voix de Marie ».

 

Entraîne-moi !

Quelles conséquences a pour nous l’Assomption de Marie ? Avec sa bonhommie habituelle, le pape François le dit très simplement :
« Jésus est ressuscité avec son corps qu’il avait pris de Marie ; et il est monté au Père avec son humanité transfigurée. Avec le corps, un corps comme le nôtre, mais transfiguré. L’assomption de Marie, créature humaine, nous donne la confirmation de ce que sera notre glorieuse destinée ».

Saint Bernard le développait en s’appuyant sur une magnifique citation du Cantique des cantiques :
« Notre Reine nous a précédés, et elle a reçu un accueil si merveilleux que nous pouvons en toute confiance, nous ses humbles serviteurs, suivre les pas de notre Souveraine en criant avec l’Épouse du Cantique : Entraîne-nous à ta suite, nous courrons à l’odeur de tes parfums (Ct 1,3). Voyageurs sur la terre, nous avons chargé notre avocate de nous devancer pour plaider utilement, en sa qualité de mère du Juge et de mère de miséricorde, la cause de notre salut » (Homélie pour l’Assomption, 1150).

Fêter l’Assomption, c’est donc courir à la suite de Marie vers le Christ, en s’écriant : entraîne-moi ! La première des créatures à avoir accepté sa vocation humaine en plénitude est pour nous le gage que notre espérance n’est pas vaine. Nous reconnaissons en elle la femme couronnée d’étoiles de notre première lecture de l’Apocalypse (Ap 11,19; 12, 1-6.10) qui nous ouvre le chemin : « c’est par ici ! Soyez assurés que votre vie sera totalement changée, transformée, transfigurée si vous êtes unis à mon fils comme j’ai pu l’être moi-même ».

Dès maintenant et pour toujours, communier au Christ transfigure notre présence au monde, celui de maintenant et celui d’après la mort. Ce que nous appelons chair est notre forme de présence à l’univers qui nous entoure. La chair est notre mode de relation aux autres, au monde. À la fois frontière (le « moi-peau » de Didier Anzieu) et communication (les 5 sens), séparation et communion avec autrui, notre chair actuelle nous donne une identité personnelle inaliénable, tout en nous reliant aux autres et au monde. Si la conception terrestre nous a doté de cette chair pour ce monde-ci, nul doute que la naissance au travers de la mort saura nous doter d’une autre chair, adaptée à l’autre monde, pour y être soi et en communion (ce que Paul appelle le « corps glorieux »).
Du coup, on comprend mieux que la chair de Marie, qui a donné au Verbe de Dieu sa forme humaine, ait reçu de sa résurrection une chair nouvelle pleinement adaptée à la communion avec lui dans l’autre monde.

Marie est vraiment la première en chemin, comme nous le chantons avec des paroles fort justes :
- La première en chemin, Marie, tu nous entraînes à risquer notre oui aux imprévus de Dieu
- La première en chemin, en hâte tu t’élances, Prophète de celui qui a pris corps en toi
- La parole a surgi, tu es sa résonnance et tu franchis des monts pour en porter la voix
- La première en chemin, avec l’Église en marche, dès les commencements tu appelles l’Esprit…

Entraîne-moi ! C’est notre prière de ce jour, c’est la prière d’autrefois qui nous faisait gémir en latin dans le Salve Regina : « ad te clamamus, ad te suspiramus : nous crions vers toi, vers toi nous soupirons ».

 

D’une manière connue de lui seul

Comment cela se fait-il en Marie ? Comment cela se fera-t-il en nous ?
La Docte Ignorance Nicolas de Cues
Souvenez-vous : la fin est souvent dans le commencement. La question de Marie à l’annonce de sa conception est déjà celle-là : « comment cela va-t-il se faire ? (puisque je suis vierge) » (Lc 1,34). La réponse faite au début est également cette qui sert pour la fin : « l’Esprit Saint te prendra sous son ombre… » Autrement dit : la manière qu’a Dieu de transformer nos corps nous échappe. Cela se fait à notre insu, sans que nous puissions ni le connaître, ni le maîtriser. Et c’est très bien ainsi. Rester dans cette docte ignorance du comment de l’Assomption de nos corps nous donne d’y entrer dès maintenant.
« Un autre écrivain très ancien avait affirmé : « Puisqu’elle est la Mère très glorieuse du Christ, notre divin Sauveur, lui qui donne la vie et l’immortalité, elle est vivifiée par lui, elle partage pour l’éternité l’incorruptibilité de son corps. Il l’a fait sortir du tombeau et l’a élevée auprès de lui, d’une manière connue de lui seul«  » (Pie XII).

Accepter de ne pas savoir permet de le vivre.

L’essentiel est de croire qu’en Dieu il y a de l’espace pour l’homme, et en l’homme il y a de l’espace pour Dieu. Marie scelle cette promesse par tout son être.

Alors, constatons avec saint Bernard que Marie en Assomption tressaille d’allégresse en son fils, par une juste inversion de la relation d’amour qui unissait la mère à son fils :
« Pleinement heureuse, mille fois heureuse est Marie, soit qu’elle reçoive le Sauveur, soit qu’il la reçoive ».
Et chantons à nouveau avec la bien-aimée Cantique des cantiques :
« Délice, l’odeur de tes parfums ; ton nom, un parfum qui s’épanche : ainsi t’aiment les jeunes filles ! Entraîne-moi : à ta suite, courons ! Le roi m’a fait entrer en ses demeures.
- En toi, notre fête et notre joie ! Nous redirons tes amours, meilleures que le vin : il est juste de t’aimer ! » (Ct 1, 3 4)

 

MESSE DU JOUR

PREMIÈRE LECTURE
« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire.
Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

PSAUME
(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)
R/ Debout, à la droite du Seigneur,se tient la reine, toute parée d’or.(cf. Ps 44, 10b)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

DEUXIÈME LECTURE
« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, caril a tout mis sous ses pieds.

ÉVANGILE
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
Alléluia. Alléluia.Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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