L'homélie du dimanche (prochain)

12 janvier 2013

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Homélie du Baptême du Seigneur, Année C
13/01/13

Pour Jean -Baptiste, le baptême, « c’est pas le pied » ! En effet, il déclare : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » (Lc 3,16). Donc il ne pense pas pouvoir se mettre aux pieds du Christ ; il se croit indigne de lui laver les pieds, de lui ôter ses sandales.
Ça paraît anecdotique, cette histoire de sandales ! Mais dans la Bible, c’est le genre de détail qui renvoie à toute une histoire : une histoire à sandales !

1. Cela commence en effet dans le livre de la Genèse.

Melchisédech, roi de Salem, apporte du pain et du vin à Abraham et vient lever l’impôt royal, la dîme. Abraham lève la main et jure de respecter la royauté de Melchisédech : « Je ne prendrais ni un fil, ni une courroie de sandale, rien de ce qui est à toi. Et tu ne pourras pas dire : ‘J’ai enrichi Abraham’ » (Gn 14, 17-24).

Transposé au baptême de Jésus, la courroie de sandale veut dire que, à l’image d’Abraham, le peuple juif en Jean-Baptiste reconnaît la royauté de Jésus, nouveau Melchisédech venu apporter le pain et le vin en échange du don de chacun. Ne pas tricher dans l’eucharistie, ne pas voler la royauté divine, s’acquitter de l’impôt royal qui est la miséricorde envers son prochain : voilà une première piste pour : « ne pas défaire la courroie de ses sandales ».


2. Ensuite, il y a le fameux épisode de Moïse au Buisson Ardent.

Le baptême du Christ : une histoire

Une histoire sans sandales : « Retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Ex3, 5). Moïse doit se mettre pieds nus, c’est-à-dire se dépouiller de ses représentions humaines, pour rencontrer Dieu.

En sens inverse, par le baptême, Dieu lui aussi en Jésus s’apprête à rencontrer l’homme. Avant de plonger dans l’océan de notre humanité si mélangée de beauté et de terreur, le Christ enlève ses sandales, comme le Pape embrasse la terre du pays qui le reçoit à sa descente d’avion. Et Jean-Baptiste reconnaît que cette plongée de Dieu en nous est si vertigineuse qu’il n’ose laisser croire que cela pourrait venir grâce à lui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. » veut dire alors : « l’abaissement de Jésus, sa plongée jusqu’aux enfers, c’est lui seul et pas moi ».

En ce jour du Baptême du Christ dans le Jourdain, nous fêtons un Dieu qui n’a pas eu peur de rencontrer l’homme, de le rejoindre même au plus bas de son humanité, en ce qu’il a de plus saint comme en ce qu’il a de plus sordide.

La file des pécheurs du Jourdain a sous doute commis tout ce que vous n’oserez jamais accomplir : adultères, vols, meurtres, corruption, délation… C’est à la déchetterie de l’humanité que Jésus se rend en allant au Jourdain à l’endroit où Jean baptise. Pourtant il n’a pas peur d’aller nous rejoindre là, au plus bas, au plus sale.

Un proverbe africain dit : « Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

anesse-Jesus-cadre baptême dans Communauté spirituelle

Dans son baptême, le Christ descend des hauteurs pour éprouver lui-même la brûlure du péché de l’homme. Il enlèvera lui-même les sandales de ses pieds pour éprouver la brûlure de notre terre, et ne pas rester protégé de cette fournaise. La croix sera plus tard la brûlure absolue, l’immersion la plus complète dans l’enfer de la solitude et de la déchéance humaine. S’il était resté monté sur son âne des Rameaux, il n’aurait pu communier avec les plus déchus…

Du baptême à la croix, Paul dira de Jésus qu’il a été, pour nous, identifié au péché. « Christ a été fait péché » pour nous, afin que nul pécheur ne désespère d’être trop loin de Dieu pour pouvoir être aimé.

Christ est aujourd’hui plongé dans le Jourdain pour que plus personne ne soit noyé, submergé par le mal commis ou subi.
Christ remonte aujourd’hui des eaux du Jourdain pour que l’énergie de la résurrection soit offerte à tous les peuples, langues, nations, cultures.

« Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

Aujourd’hui le Christ ‘descend de son âne’, et plonge dans nos brûlures les plus secrètes.

Comment pourrions-nous fêter le Baptême du Seigneur sans nous aussi ‘descendre de notre âne’ et ‘enlever nos sandales’ ?
Sans embrasser l’autre même s’il nous fait peur au début ?
Sans goûter avec lui la grande espérance du corps du Christ sortant vainqueur des eaux de mort ?

 

3. Après le Buisson Ardent, il y a la Pâque juive où il est encore question de sandales :
 « C’est ainsi que vous mangerez la Pâque : le ceinture aux reins, vos sandales aux pieds, votre bâton à la main » (Ex 3,5). C’est la tenue du voyageur, qui en hâte, traverse le péril, passe à travers le danger de mort qui le guette.

Les sandales aux pieds, le Christ inaugure déjà sa Pâque dès le baptême au Jourdain. Jean-Baptiste ne veut pas lui ôter ces sandales-là, il nous aide à deviner en cet homme baigné dans le fleuve un passeur, qui le premier traverse jusqu’à l’autre rive.

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4. Mais il y a encore un autre texte savoureux qui parle de sandales. C’est Dt 25,5-10 : la loi du lévirat en Israël.

Donner des enfants à un homme, perpétuer un nom de famille est si important dans le peuple juif que si un homme marié meurt, son frère doit épouser sa veuve, pour relever le nom du frère défunt :
« Si le frère ne veut pas assumer ce devoir de descendance, la veuve lui fera honte devant tout le monde : en présence des Anciens, la femme ôtera la sandale du pied du frère, lui crachera au visage et dira : ‘Ainsi fait-on à l’homme qui ne relève pas la maison de son frère’, et sa maison sera appelée ‘Maison du déchaussé’ ! »

Au temps de Jean-Baptiste, Israël est comme une veuve loin de son mari (Dieu semble mort). Jésus ne se dérobe pas : il vient épouser Israël, relever la Maison d’Israël. Et Jean-Baptiste ne veut ni lui cracher au visage, ni ôter la sandale de son pied ; et le peuple Église ne sera pas la Maison du Déchaussé, malgré les crachats et la nudité de la Passion !


5. Autre petit bijou où la sandale joue un rôle : le livre de Ruth, superbe histoire 
d’amour avec Booz immortalisé par Victor Hugo et Chagall. Séduit par la beauté de cette étrangère, le Juif Booz conclut un marché pour acquérir les terres de sa famille.
Rt 4,7-8 : « Or c’était autrefois la coutume en Israël en cas de rachat ou d’héritage : pour valider toute l’affaire, l’un ôtait sa sandale et la donnait à l’autre. Telle était en Israël la manière de témoigner. »
Et Booz retira sa sandale pour racheter l’étrangère qu’il aimait plus que tout.
C’était pour annoncer Jésus retirant sa sandale au Jourdain pour racheter tous ceux qui se croient étrangers à Dieu, trop loin de Dieu, mais que lui Jésus aime plus que Booz aimait Ruth. Et Jean-Baptiste reconnaît que cet amour est si grand qu’il ne peut en être que le témoin, pas l’acteur à la place de Jésus, l’époux véritable qui ôte sa sandale pour se marier notre humanité…


6. Il y a bien d’autres usages du symbolisme de la sandale dans la Bible :

- arme de séduction entre les mains de la belle Judith pour faire craquer le général ennemi Holopherne (« Sa sandale ravit son regard » Judith 10, 4 ; 16, 9),

- écrin pour l’admiration de l’amoureux du Cantique des Cantiques (Ct 7,20) « Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince »,

 Jourdain- symbole de l’exploitation sociale, lorsque, hélas, « on vend le pauvre pour une paire de sandales » (Am 2,6 ; 8,6).

- et lorsque le Christ envoie ses disciples, il leur demande de n’emporter ni bourse, ni besace ni sandales (Lc 10, 4 ; Mt 10, 10).


Vous sentez toutes les harmoniques bibliques de cette petite phrase de Jean-Baptiste aujourd’hui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » ?

Nous non plus ne sommes pas dignes !

Repensez à Jean-Baptiste et, les prochains soirs d’été, vous n’enlèverez plus jamais vos sandales comme avant !

Restons émerveillés avec Jean-Baptiste, car Le Christ ne cesse de délier par lui-même la courroie de sa sandale pour venir plonger dans notre humanité, dans mon humanité.

 

 

Lectures de la fête du Baptême du Seigneur

1ère lecture : « Voici l’eau, venez et vous vivrez » (Is 40, 1-5.9-11)

Lecture du livre d’Isaïe

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au c?ur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. »
Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à  Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à  Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu. »
Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son c?ur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume : Ps 103, 1c-3a, 3bc-4, 24ac-25, 27-28, 29-30

R/ L’eau et l’Esprit te rendent témoignage, Seigneur de gloire !

Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

Des nuées, tu te fais un char,
tu t’avances sur les ailes du vent ;
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs.

Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.
Voici l’immensité de la mer,
son grouillement innombrable d’animaux grands et petits,

Tous, ils comptent sur toi
pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux, ils ramassent ;
tu ouvres la main : ils sont comblés.

Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ;
tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

2ème lecture : Par le bain du Baptême (Tt 2, 11-14 ; 3,4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle.

Evangile : L’Esprit Saint et le Père au baptême de Jésus (Lc 3, 15-16.21-22)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici venir un plus fort que moi, proclame le Baptiste ; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Alléluia. (Jn 1, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre :
« C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
Patrick Braud

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5 janvier 2013

L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture

Homélie de l’Épiphanie / Année C
06/01/12

 

Connaissez-vous Grégoire de Nysse ?

Au IV° siècle, il est évêque de la ville de Nysse (pas sur la côte d’Azur ! mais près de Constantinople, l’actuelle Istanbul en Turquie).
Il a écrit un commentaire de la vie de Moïse qui reste aussi savoureux qu’un bon réveillon de premier de l’an?
Dans son commentaire, il y a un thème qui revient souvent, et qui rejoint la belle fête de l’Épiphanie d’aujourd’hui.
C’est le thème de la double culture.

Pourquoi Moïse a-t-il pu libérer son peuple ?
Parce qu’il était mi-égyptien, mi-hébreu, et qu’il a su tirer parti de cette double appartenance.
Pourquoi les Magesnous intéressent-ils aujourd’hui ?
Parce que justement ils s’ouvrent à une double appartenance : leur science, et la foi au Christ. Ils ne restent pas repliés, immobiles, sur leur culture païenne d’origine. Ils se bougent, ils marchent et ils s’ouvrent à un autre savoir. Vous devinez que c’est de nous que nous parlons à travers eux !

- Comme Moïse, les Mages acceptent de recevoir une double alimentation, une double Patrick Braudration : leur culture scientifique (l’astrologie) et la culture biblique (la référence à la loi, le Messie annoncé par la Bible).

Moïse était égyptien, élevé à la cour royale de Pharaon, mais sa mère hébreu lui faisait boire le lait du monothéisme sous l’alibi d’être sa nourrice.

Grégoire de Nysse interprète :
« Si nous fréquentons la culture profane, au temps de notre éducation, nous ne devons pas cependant être sevrés du lait nourrissant de l’Église. »

Or chacun de vous possède - comme Moïse, comme les Mages - une double culture, une double appartenance Par exemple celle de votre vie professionnelle (actuelle ou passée), et celle de votre vie chrétienne en Église.
Avez-vous conscience de cette richesse ?
Comment faites-vous le lien ?
Comment jouez-vous des deux ?
Comment laissez-vous la Bible éclairer votre route professionnelle, comme les Mages ont laissé la prophétie du livre de Michée éclairer leur chemin jusqu’à la crèche ?
Comment laissez-vous le lait de votre mère nourricière l’Église vous rendre fort dans le monde profane environnant comme Moïse a bu avec le lait hébreu de quoi résister au conformisme égyptien ? (comme Jésus a bu le lait de Marie et avec lui de quoi annoncer au monde une liberté plus grande?)

 

L'Épiphanie, ou l'éloge de la double culture dans Communauté spirituelle rois_mages

- Un député témoignait un jour : « Quand on est militant dans un parti politique, puis élu alors qu’on affiche des convictions chrétiennes, on est soupçonné de ne pas être « idéologiquement sûr » et 100 % fidèle au parti, à cause de cette double appartenance. C’est plutôt bon signe, car effectivement la liberté chrétienne fait qu’il y aura toujours des limites face à certaines idéologies, mais aussi une profondeur secrète que les non-chrétiens ne peuvent comprendre et qui les inquiète. «  

- Un diplômé d’HEC affirmait quant à lui : « en entreprise, ceux qui ont une double culture sont ceux qui font avancer leurs équipes, et souvent les plus qualifiés pour l’innovation. Une double culture - par exemple littéraire/scientifique, commerciale/humaniste - permet de féconder l’une par l’autre sans jamais sacraliser aucune ».

* Car la thématique de la double appartenance vaut également en sens inverse.

Les Mages ont apporté leurs trésors à l’enfant, les trésors de leurs pays et leur savoir-faire. Et vous, qu’allez-vous apporter comme trésors à l’autel de la crèche ?

Moïse demande au peuple d’emporter avec lui les richesses des égyptiens au moment de l’Exode : « Les Israélites firent ce qu’avait dit Moïse et demandèrent aux Égyptiens des objets d’argent, des objets d’or et des vêtements. Yahvé fit que le peuple trouvât grâce aux yeux des Égyptiens qui les leur prêtèrent. Ils dépouillèrent ainsi les Égyptiens » (Ex 12,35-36)

Grégoire commente :
« Celui qui se met en mouvement vers la liberté doit se nourrir également des richesses de la culture profane dont les païens tirent avantage. »

Comment faites-vous pour que les trésors de vos compétences profanes servent l’Église ?

 

* À l’Épiphanie, il y a un échange, une circulation réciproque entre la culture des Mages et la culture juive de l’enfant de Bethléem, une fécondation mutuelle. Les Mages se prosternent devant le Roi des Juifs ; et le petit juif de la crèche accepte de recevoir les trésors de l’Asie, de l’Occident et de l’Afrique. Notre mondialisation à nous, elle est en germe là?

À Noël, on a coutume de dire que Dieu s’est fait homme. C’est juste. Mais ce n’est pas suffisant.

Il faut oser dire que Dieu s’est fait juif.

C’est-à-dire qu’il a épousé la culture, l’histoire particulière, la langue, les coutumes, la mentalité de ce petit peuple du Moyen-Orient. C’est un paradoxe énorme de l’Incarnation : le Dieu immense, que rien ne peut contenir, plus grand que les galaxies et les étoiles, ce Dieu si grand choisit de se manifester à tous les peuples à partir du coeur de la culture juive. Mais Dieu ne s’est pas fait juif pour s’enfermer dans cette seule culture : dès sa naissance, il veut ouvrir chaque peuple à la foi en lui.

wood culture dans Communauté spirituelle

 

À Noël, on a encore coutume – et on a raison – de dire que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (Irénée de Lyon).

À l’Épiphanie, on peut oser proclamer que « Dieu s’est fait juif pour que toute culture puisse dire Dieu ».

* Si nous sommes les mages d’aujourd’hui, notre feuille de route est tracée : chercher les signes de l’action de Dieu aujourd’hui, se mettre en marche (accepter de changer), aller puiser à la culture biblique, rencontrer le Messie, lui offrir les trésors de notre savoir-faire, et repartir chez nous transformés par un autre chemin (à l’image des mages).

* Avec le pain et le vin, dans cette eucharistie, offrons nous aussi à l’enfant nouveau-né notre milieu social, notre milieu culturel, afin que cette célébration soit vraiment la manifestation, l’épiphanie du Christ à toutes les cultures d’aujourd’hui.

Patrick Braud

 

1ère lecture : Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem (Is 60, 1-6)

Lecture du livre d’Isaïe

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.
Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras.
Alors tu verras, tu seras radieuse, ton coeur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations.
Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur

Psaume : 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

R/ Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut.

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux ! 

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

2ème lecture : L’appel au salut est universel (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ.
Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes.
Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile

Evangile : Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus (Mt 2, 1-12)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Nous avons vu se lever son étoile, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia. (cf. Mt 2, 2)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.
En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.  Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick BRAUD

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29 décembre 2012

La Sainte Famille : le mariage homosexuel en débat

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La Sainte Famille : le mariage homosexuel en débat

Homélie pour la fête de la Sainte Famille, Année C
30/12/12

Chaque année, juste après Noël, l’Église nous invite à contempler cette famille atypique formée de Marie, Joseph et leur enfant à nul autre pareil.

Au même moment, le débat fait rage en France sur le mariage homosexuel. Beaucoup de catholiques préparent activement la manifestation du 13 Janvier 2013 à Paris pour protester contre le projet de loi appelé « mariage pour tous ».

L’Église catholique s’est clairement prononcée contre, ainsi que les responsables juifs et musulmans.

L’analyse la plus pertinente est sans doute celle du grand rabbin de France, Gilles Bernheim, qui a développé sa critique dans un texte [1] fortement argumenté dans  la philosophie, l’anthropologie et la Bible.

Déjà, en tant que Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Joseph Ratzinger avait signé en Juin 2003 le texte « Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles » dont la conclusion est la suivante :

« L’Église enseigne que le respect envers les personnes homosexuelles ne peut en aucune façon conduire à l’approbation du comportement homosexuel ou à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles. Le bien commun exige que les lois reconnaissent, favorisent et protègent l’union matrimoniale comme base de la famille, cellule primordiale de la société. Reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage, signifierait non seulement approuver un comportement déviant, et par conséquent en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité. L’Église ne peut pas ne pas défendre de telles valeurs pour le bien des hommes et de toute la société. » [2]

Récemment, au cours de la visite des évêques français ad limina (Septembre 2012), il avait réaffirmé nettement son opposition au projet de loi, en citant longuement le grand rabbin de France Gilles Bernheim, et l’intérêt de l’enfant : 

« L’enfant a perdu la place qui lui revenait »

Si jusqu’ici nous avons vu comme cause de la crise de la famille un malentendu sur l’essence de la liberté humaine, il devient clair maintenant qu’ici est en jeu la vision de l’être même, de ce que signifie en réalité le fait d’être une personne humaine ».

« L’enfant, a poursuivi le pape, a perdu la place qui lui revenait jusqu’à maintenant et la dignité particulière qui lui est propre. Bernheim montre comment, de sujet juridique indépendant en soi, il devient maintenant nécessairement un objet, auquel on a droit et que, comme objet d’un droit, on peut se procurer. » Dans ce discours traditionnellement important où il expose les préoccupations principales de l’Église, le pape a aussi dénoncé la « profonde fausseté de la théorie et de la révolution anthropologique » du « gender », qui estime que la société et l’éducation déterminent le vrai sexe d’une personne. [3]

Même Lionel Jospin, lorsqu’il était premier ministre en 2004, déclarait avec justesse :

« Nous sommes dans un temps où l’on souligne en permanence la crise des institutions - l’État, l’école, les Églises, la famille – et la perte des repères qu’elle entraînerait. De fait, les institutions ont été créées pour fonder et étayer les sociétés. On peut les défendre, on peut les contester – c’est aussi une façon de se structurer – on peut les réformer. Je ne crois pas qu’il soit pertinent d’en dénier le sens. Le mariage est, dans son principe et comme institution, « l’union d’un homme et d’une femme ». Cette définition n’est pas due au hasard. Elle renvoie non pas d’abord à une inclination sexuelle, mais à la dualité des sexes qui caractérise notre existence et qui est la condition de la procréation et donc de la continuation de l’humanité. [...] Quant à l’enfant, il n’est pas un bien que peut se procurer un couple hétérosexuel ou homosexuel, il est une personne née de l’union – quelle que soit la modalité – d’un homme et d’une femme. Et c’est à cela que renvoient le mariage et aussi l’adoption. Aux caractères du mariage, on peut préférer le célibat, le concubinage et désormais le pacte civil de solidarité (Pacs), que mon gouvernement a instauré. On peut respecter la préférence amoureuse de chacun, sans automatiquement institutionnaliser les m?urs ».

Pour aller chercher un peu de profondeur supplémentaire, et nourrir ce débat d’arguments mesurés, il n’est  pas inutile de revenir à celui qui fut le moraliste chrétien le plus éclairé de sa génération, Xavier Thévenot (+ 2004).

 Citons in extenso un interview de lui en 2002, particulièrement équilibré, qui ose aborder la question pas seulement à partir du « droit à l’enfant », mais à partir de la relation elle-même entre deux conjoints.

Entretien avec Xavier Lacroix, docteur en théologie et doyen de la faculté de Théologie de Lyon [4].

Une réflexion éthique sur l’homosexualité en particulier
et la sexualité en général.

Comment aborder la question de l’homosexualité ?

Xavier Lacroix : Le terme homosexualité est un terme vaste qui amalgame des choses La Sainte Famille : le mariage homosexuel en débat dans Communauté spirituelle 9782204081009différentes. Il peut s’agir d’attirances, de gestes corporels qui peuvent être eux-mêmes très variés, de véritables conduites à long terme, de structures profondes quasi définitives ou au contraire de désirs passagers. On parle même d’homosexualité apparente. Par exemple, il faut distinguer  » l’homo-affectivité  » de  » l’homo-érotisme  » et de  » l’homo-sociabilité « .

On a souvent vite fait de cataloguer telle ou telle personne.

X. L. : Il faut éviter d’enfermer. Quelqu’un disait :  » Nommer, c’est enfermer « . Dire quelqu’un est homosexuel, c’est trop rapidement l’enfermer dans une catégorie et une catégorie qui est trop rapidement jugée comme définitive. Si l’homosexualité peut être définitive – et l’est dans un grand nombre de cas ce que l’on appelle l’homosexualité structurelle -, il faut savoir aussi que parfois ces troubles, ces comportements sont passagers. Ne pas trop vite considérer que quelqu’un, qui a eu des émotions ou des désirs homosexuels, soit définitivement pour toute sa vie une personne homosexuelle. Comme le disait un psychologue, la première question à poser à quelqu’un qui vous dit  » je suis homosexuel « , est  » Êtes-vous bien ce que vous croyez être ? « . Parce que des troubles, des fantasmes, des rêves, des désirs même des passages à l’acte, passagers, ne sont pas suffisants pour déterminer une structure homosexuelle.

Avec cette condition, comment peut-on, entre adultes, parler de l’homosexualité ?

X. L. : Il faut se demander quel est l’objet de la parole. Il me semble qu’il y a trois niveaux d’objet d’attention à propos de l’homosexualité.

- Il y a donc les tendances elles-mêmes ou la structure affective, ce que certains appellent parfois la condition homosexuelle, c’est-à-dire le fait d’être attiré par les personnes du même sexe.

- Il y a les conduites, les actes qui posent des questions différentes car une conduite, un acte est toujours susceptible d’une évaluation éthique alors qu’une attirance, qu’une tendance en tant que telle, n’est pas éthique ou non-éthique en elle-même.

- Et en troisième lieu, réfléchir sur le discours que l’on tient sur l’homosexualité, discours dont on est encore plus responsable que les conduites. Il s’agit de ne pas confondre ces trois niveaux.

Il n’est pas aisé de cerner les enjeux de cette responsabilité par rapport au discours que l’on peut tenir sur l’homosexualité.

X. L. : Deux écueils sont à éviter : soit le langage de rejet, d’ostracisme, d’exclusion, soit la banalisation, l’assimilation, l’indifférence même c’est-à-dire l’affirmation que les tendances, les conduites homosexuelles sont équivalentes aux conduites hétérosexuelles. Il s’agirait d’une simple alternative, d’un choix comme on dit parfois, ce que je contesterai. Voilà le cadre général de la parole.

Pourtant, c’est ce que l’on aurait spontanément tendance à répondre à quelqu’un qui confie son homosexualité :  » Chacun est libre de choisir « .

X. L. : Ce qui me paraît trompeur. Dans la mesure où il peut apparaître que son orientation n’est pas définitive, ou dans la mesure où il n’est pas encore sûr que son orientation est définitive. On peut lui laisser entendre qu’il est appelé à mieux, à plus, qu’il y a plus dans l’hétérosexualité que dans l’homosexualité, que la sexualité humaine trouve son sens plénier dans ce que j’appelle le passage à l’autre sexe, le franchissement de la différence entre les sexes qui oblige à dépasser le narcissisme. Toutes les analyses psychologiques le confirment, la relation homosexuelle est fortement imprégnée de narcissisme. Un psychanalyste disait :  » Le désir homosexuel, c’est vouloir être ce que l’autre est  ». Vouloir être ce que l’autre est. Non seulement le posséder, ce qui est le cas dans le désir hétérosexuel, mais s’identifier à lui, c’est un désir qui est à base d’identification.

Un désir d’identification qui n’existe pas dans la relation hétérosexuelle ?

X. L. : Si, mais il ne peut en être la clé. Dans l’accès à l’hétérosexualité, il y a un plus, le franchissement de la différence des sexes qui est la principale marque de l’altérité. Marc Oraison disait :  » La femme est pour l’homme l’autre le plus autre « . Et on peut inverser l’homme est pour la femme l’autre le plus autre. Celui de l’autre sexe est deux fois autre pour moi, premièrement en étant autre, deuxièmement en appartenant à l’autre sexe. C’est un signe de maturité de l’affectivité que d’accéder à l’hétérosexualité.

Et si la personne a des raisons de penser que son homosexualité est irréversible ?

X. L. : S’il s’avère que son homosexualité est définitive ou que son orientation sexuelle est exclusive, parce qu’il y a aussi la bisexualité, voir avec elle si elle ne peut pas vivre les valeurs de  » l’homo-affectivité  » sans passer à  » l’homo-érotisme « . Les tendances sexuelles peuvent être sublimées dans une relation plus spirituelle, et la continence cela existe. Et même si la moitié environ des sujets homosexuels ne peut pas vivre la continence ou la vit très mal, cela signifie que l’autre moitié peut la vivre ; cette voie n’est pas à exclure d’emblée. Des relations d’amitié chastes sont donc une voie qui est la plus claire, la moins trouble. Le problème est que le passage à l’acte érotique est particulièrement trouble quant à son sens.

Il apparaît que rien n’est plus difficile que d’oser une parole sur l’homosexualité.

X. L. : Une parole sur l’homosexualité doit se faire en trois temps.

- Premièrement, l’affirmation de l’égalité de toutes les personnes et donc la reconnaissance de leurs pleins droits en matière de logement et de travail par exemple. Refuser tout ostracisme.

- Deuxièmement, l’affirmation globale d’une non-équivalence entre homosexualité et hétérosexualité, que la société a des raisons de préférer la valorisation de l’hétérosexualité. D’une part, parce que c’est une forme d’affectivité qui est plus mûre, plus mature et qui intègre mieux la différence. D’autre part, parce qu’elle débouche sur la fécondité et que du point de vue de l’enfant, être éduqué par un père et une mère, par deux êtres de sexes différents est non seulement un bienfait, mais un droit.

- Troisièmement, une parole éducatrice, une parole éthique – car c’est en tant qu’éthicien que je parle ici – se doit de proposer des valeurs, des repères éthiques aux personnes hétérosexuelles comme aux personnes homosexuelles.

Mariage pour tous: pas une priorité pour les Français 

Et dans  » L’amour du semblable  », vous dites que les valeurs éthiques sont les mêmes pour les personnes homosexuelles que pour les personnes hétérosexuelles.

X. L. : Je les résume en trois grandes rubriques : les vertus de l’amour et de l’amitié. Et il y aurait beaucoup à dire sur toutes les valeurs éthiques interpersonnelles que l’amour et l’amitié peuvent développer, en insistant plus sur le pôle amitié pour les personnes homosexuelles. La valeur chasteté, qui est «  la maîtrise libérante des pulsions  », est une valeur très globale plus large que la continence et l’humilité, à ne pas confondre avec l’humiliation. Reconnaître ses manques, ses carences. Personnellement, l’homosexualité me paraît moins poser de problèmes quand elle est vécue sur la base de la reconnaissance du manque, du manque du désir de l’autre sexe.

Inversement, en tant qu’éthicien, le moment où elle me pose le plus problème, c’est quand elle s’accompagne de revendications et de justifications, quand il n’y a pas la reconnaissance de l’importance de la différence sexuelle.

La parole du moraliste dérange et rassure.

X. L. : Le  » b, a, ba  » de la morale sexuelle, c’est que chacun se débrouille comme il peut dans la vie. Cela doit aller de paire avec l’affirmation d’une normativité, c’est-à-dire l’affirmation que le meilleur pour le couple, c’est l’alliance de l’homme et de la femme. Chacun ne vit pas le meilleur, chacun est apte à reconnaître qu’il ne vit pas le meilleur, qu’il ne vit pas la sexualité la plus parfaite. Chacun est renvoyé à ses fragilités, à ses faiblesses en matière de sexualité. L’homosexualité en est une, même si peuvent y être vécues des valeurs comme celles que j’ai évoquées.

____________________________________________

[1]Mariage homosexuel, Homoparentalité et adoption : ce que l’on oublie souvent de dire. Essai de Gilles Bernheim, grand rabbin de France, 2012-12-21
http://www.grandrabbindefrance.com/mariage-homosexuel-homoparentalit%C3%A9-et-adoption-ce-que-l%E2%80%99-oublie-souvent-de-dire-essai-de-gilles-bern

[2]. Cf. http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20030731_homosexual-unions_fr.html

[3]. Cf. http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/Discours-de-Benoit-XVI-lors-des-vaeux-de-la-Curie-romaine-_NG_-2012-12-21-890542

[4] Cf. http://www.aep.cef.fr/spip.php?article306

Lectures de la Fête de la Sainte Famille

1ère lecture : L’enfant donné par le Seigneur (1 S 1, 20-22.24-28)

Lecture du premier livre de Samuel

Le temps venu, Anne conçut et mit au monde un fils ; elle lui donna le nom de Samuel (c’est-à-dire : Dieu exauce) car, disait-elle : « Je l’ai demandé au Seigneur. »
Elcana, son mari, monta au sanctuaire avec toute sa famille pour offrir au Seigneur le sacrifice habituel et celui du v?u pour la naissance de l’enfant.
Anne, elle, n’y monta pas. Elle dit à son mari : « Quand l’enfant sera sevré, je l’emmènerai : il sera présenté au Seigneur, et il restera là pour toujours. »
Lorsque Samuel eut été sevré, Anne, sa mère, le conduisit à la maison du Seigneur, à Silo ; elle avait pris avec elle un taureau de trois ans, un sac de farine et une outre de vin.
On offrit le taureau en sacrifice, et on présenta l’enfant au prêtre Éli.
Anne lui dit alors : « Écoute-moi, mon seigneur, je t’en prie ! Aussi vrai que tu es vivant, je suis cette femme qui se tenait ici près de toi en priant le Seigneur.
C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande.
À mon tour je le donne au Seigneur. Il demeurera donné au Seigneur tous les jours de sa vie. » Alors ils se prosternèrent devant le Seigneur.

Psaume : 83, 3, 4, 5-6, 9-10

R/ Seigneur, en ta demeure, toute paix, toute joie !

Mon âme s’épuise à désirer
les parvis du Seigneur ;
mon c?ur et ma chair sont un cri
vers le Dieu vivant ! 

L’oiseau lui-même s’est trouvé une maison,
et l’hirondelle, un nid :
tes autels, Seigneur de l’univers,
mon Roi et mon Dieu !

Heureux les habitants de ta maison :
ils pourront te chanter encore !
Heureux les hommes dont tu es la force :
des chemins s’ouvrent dans leur c?ur !

Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ;
écoute, Dieu de Jacob.
Dieu, vois notre bouclier,
regarde le visage de ton messie.

2ème lecture : Dieu fait de nous ses enfants (1 Jn 3, 1-2.21-24)

Lecture de la première lettre de saint Jean

Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu ? et nous le sommes. Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu.
Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est.

Mes bien-aimés, si notre c?ur ne nous accuse pas, nous nous tenons avec assurance devant Dieu.
Tout ce que nous demandons à Dieu, il nous l’accorde, parce que nous sommes fidèles à ses commandements, et que nous faisons ce qui lui plaît.
Or, voici son commandement : avoir foi en son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé.
Et celui qui est fidèle à ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné son Esprit.

Evangile : Les parents de Jésus le retrouvent chez son Père (Lc 2, 41-52)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Vraiment, tu es un Dieu caché, Dieu parmi les hommes, Jésus, Sauveur ! Alléluia. (cf. Is 45, 15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume.
Comme ils s’en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent.
Pensant qu’il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions,
et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent stupéfaits, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! »
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être. »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son coeur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes.
Patrick Braud

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22 décembre 2012

Noël : croyance dure ou croyance molle ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Noël : croyance dure ou croyance molle ?

Homélie pour la nuit de Noël 2012

L’éditorial du mensuel Philosophie Magazine de décembre 2012 résonne comme un avertissement au milieu de ce mois consacré à la préparation de Noël.

Alexandre Lacroix, rédacteur en chef, s’y étonne à juste titre de ce que certains chrétiens aujourd’hui osent croire à des perspectives aussi radicales que la vie au-delà de la mort, le jugement dernier ou la résurrection:

 » C’est peu dire que nous vivons une époque de croyances molles. Par stratégie, par lassitude, par manque de ferveur parfois, les croyants tendent à revoir au rabais les dogmes, à polir les angles de leurs articles de foi. Ils s’en remettent ainsi à des positions vagues et consensuelles avec lesquelles l’athée, à moins d’avoir grandi dans la marmite chaude bouillante de l’anticléricalisme d’il y a un siècle, ne peut que tomber d’accord : « notre existence sur cette planète cache un mystère »; « la science n’explique pas tout »; « l’amour est impossible si l’on ne croit pas en quelque chose qui nous dépasse » Telles sont aujourd’hui les positions soft, les phrases passe-partout de ce bréviaire mou. On en oublie presque qu’il y a, dans la foi authentique, un scandale pour la raison, et dans l’idée de Dieu elle-même, un principe d’excès faisant éclater toutes les catégories de la logique ordinaire.

Personnellement, je suis toujours très sensible à ces rares moments où l’on entend le témoignage des croyances dures. Je ne pense pas, ici, aux manifestations inquiétantes du fanatisme, mais à des échappées sincères, qui signalent une adhésion libre autant qu’intime à une idée surnaturelle. Par exemple, il y a un an, j’étais en train de dîner avec un philosophe tout ce qu’il y a de plus sain d’esprit, lorsqu’il s’est écrié, au milieu d’un plat: « Tout de même, il faut essayer de s’imaginer la résurrection des corps. Quel spectacle ce sera !
Comment ça, tu y crois vraiment??

Mais bien sûr. Sans cela, je ne vois pas l’intérêt d’être chrétien. »

Dans le même genre, mais sur un ton plus macabre, je parlais il y a quelques années avec un religieux qui glissa dans la conversation, dans une sorte de soupir : « Quand même, j’ai hâte que tout cela soit fini, dépassé » Et il balaya d’un grand revers de la manche le jardin, les bâtiments, les promeneurs qui nous entouraient.? Comment ça va ??? Bah, a-t-il ajouté, parfois je suis impatient qu’on soit dans l’autre monde. Ceci n’est qu’un brouillon pénible, non ?? »

Dernier souvenir, un ami d’une cinquantaine d’années m’a dit, un soir : « Dieu, je ne sais pas ce que c’est. Mais je crois au Jugement dernier. » Aussi invraisemblable que cela pût paraître, il avait la conviction, pas du tout feinte – même s’il m’en a fait la confidence après quelques verres de vin – que, juste après le trépas, chacun de nous comparaîtrait devant un tribunal où il devrait répondre de ses moindres actions et pensées. Lui-même tentait de régler sa conduite selon cette perspective.

En fait, en tant qu’athée, je crois que j’aime mieux rencontrer la croyance dure que molle. Parce que la croyance molle est un coussin qu’on se met sous la tête pour mieux dormir. La croyance dure, elle, ose un saut hors du monde. Elle a quelque chose de stupéfiant, d’injustifiable et, par là même, de courageux. Comment ? nous vivons à la même époque, nous avons à peu près les mêmes connaissances générales en cosmologie, en médecine, en théorie de l’évolution, que sais-je ?? et pourtant, certains croient encore à la résurrection, à la félicité éternelle ou au Jugement dernier ?? Voilà qui est encore plus mystérieux, en un sens, que l’idée de Dieu elle-même.  »

En tant qu’athée, il exprime clairement sa préférence pour les croyants qui font ainsi « un saut hors du monde », au lieu de se cantonner à des consensus mous.

Appliquez cela à Noël, et vous aurez sans doute moins envie de sacrifier aux rites habituels qui entourent cette fête.

 

Noël façon croyance molle

Selon cette ligne de force, majoritaire et socialement bien installée, Noël est par exemple la fête des enfants. Les familles prennent prétexte du bébé de la crèche pour tout organiser autour des enfants, depuis les cadeaux jusqu’au Père Noël, quitte à le faire deux fois lorsque les parents sont séparés. Nulle célébration d’une espérance à venir dans ce déferlement d’argent pour les petits ! C’est bien plutôt une immense nostalgie de l’enfance qui saisit tout d’un coup la société, conférant au passage aux célibataires et aux autres adultes sans enfants le statut d’handicapés un peu marginaux.

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Une autre croyance molle au sujet de Noël est de le noyer dans ce qu’il est convenu d’appeler les fêtes de fin d’année. Sans doute une vieille reviviscence du solstice d’hiver, et de cette vague intuition cosmique que la lumière finira par gagner sur les ténèbres. Les deux réveillons du 24 et du 31 décembre permettent de rassembler autour du concept flou de fin d’année : le premier traditionnellement consacré à la famille, le second aux amis (ou à des mondanités du style rallye versaillais, night-club alcoolisé ou repas très chic).

Noël couplé aux 31 décembre devient alors la fête des excès culinaires, nourriture et boisson mêlées, comme pour trouver le courage de reprendre une vie sans excès après…

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Il existe bien d’autres façons d’énerver Noël de sa veine radicale : la fête des lumières, la fête de l’espérance, la fête de la générosité (façon Restos du coeur ou Téléthon) etc.

À chaque fois, c’est comme si on dépeçait l’événement de la Nativité du Christ pour n’en garder que ce qui est « commercialisable » dans les mentalités actuelles. Toute référence au transcendant sera soigneusement évitée pour ne choquer personne. La messe de minuit par exemple sera célébrée à 18 heures pour ne pas perturber le reste de la famille qui n’y va pas. Et on s’abstiendra soigneusement de faire référence à autre chose qu’à la joie d’être ensemble (ce qui n’est déjà pas si mal).

 

Noël façon croyance dure

Alexandre Lacroix devrait pouvoir rencontrer des chrétiens lui disant : « à Noël, l’éternité est entrée dans le temps. Dieu a pleinement habité un être de chair. Je crois que Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu (cf. saint Irénée de Lyon) et que depuis Noël la justice de Dieu est à l’oeuvre (« il renverse les  puissants de leur trône, il élève des humbles »). »

C’est le genre de conviction qui tranche, et qui ne s’aligne pas sur la majorité mais sur une certaine conception de la vérité ; pas sur le consensus mais sur des paroles ou des actes prophétiques.

Cette ligne plaît visiblement à saint Jean qui fait dire au Christ dans son Apocalypse :

« Je connais ta conduite: tu n’es ni froid ni chaud. Que n’es-tu l’un ou l’autre ! Ainsi, puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. » (Ap 3,15-16)

Selon cette ligne « dure », fêter Noël ne passe pas par les réveillons, ni par l’exaltation de l’enfance, ni par la ruée commerciale, ni même par l’invitation à une vague générosité.

Un Noël façon croyance dure serait plutôt :

- participer à une messe de la nuit, et rejoindre ensuite un foyer de SDF, de personnes âgées ou de malades mentaux qui seraient seuls autrement.

- rester volontairement sobre dans le choix des cadeaux et de la nourriture

- rechercher la solitude des abbayes

- proclamer la folle nouvelle de l’Incarnation divine à qui veut l’entendre.

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Déjà, notre France multiculturelle, beaucoup de nos concitoyens fêtent Noël autrement :

- des musulmans et des athées refusent de se plier aux coutumes d’origine chrétienne, et encore davantage aux coutumes païennes (le Père Noël, les réveillons).

- des esseulés, des séparés, des oubliés se mettent en apnée sociale, pour ne  réapparaître qu’après ces festivités obligatoires en mode famille impératif.

 

Autre conséquence de l’amollissement des croyances des uns et du durcissement des autres : pourquoi continuer à imposer à toute la population des jours fériés qui sont spécifiquement chrétiens ?

Ainsi l’ANDRH (Association Nationale des Directeurs de Ressources Humaines) a évoqué l’idée en Juin dernier que trois jours fériés annuels (la Pentecôte, l’Ascension, et l’Assomption) pourraient devenir des jours banalisés, pour que les salariés désirant célébrer des fêtes non chrétiennes puissent les prendre à d’autres moments de l’année. Cette idée, avancée en présence du ministre du travail Michel Sapin, vise avant tous les travailleurs musulmans, qui en entreprise demandent de plus en plus à pouvoir s’absenter pour fêter l’Aïd El Kébir, l’Aïd El Fitr ou autres fêtes musulmanes.

Viendra le temps où Noël, même vidé de sa substance chrétienne, ne fera plus l’unanimité dans une société multiconfessionnelle où les chrétiens ne représentent déjà plus que 6 % de la population (nombre de pratiquants réguliers, sondage du journal La Croix du 11/10/2012 ; 6 % seulement des enfants se font confirmer alors que 35 % des enfants d’une classe d’âge sont baptisés).

Il faudra alors avoir la foi chevillée au corps, comme dans l’empire soviétique autrefois, en Chine ou dans les pays musulmans aujourd’hui, pour oser célébrer Noël en vérité.

Et pourquoi pas ?

Alors, pourquoi ne pas inventer de nouvelles et radicales Nativités, remplies de convictions fortes et de comportements différents ?

Allez-vous fêter Noël façon croyance molle ou croyance dure ?

 

 

Messe de la nuit

1ère lecture : Le prince de la paix (Is 9, 1-6)

Lecture du livre d’Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi.
Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus.
Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane.
Toutes les chaussures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés.
Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».
Ainsi le pouvoir s’étendra, la paix sera sans fin pour David et pour son royaume. Il sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers.

Psaume : 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a.c

R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né :
c’est le Christ, le Seigneur.

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
pour gouverner le monde avec justice.

2ème lecture : La grâce de Dieu s’est manifestée (Tt 2, 11-14)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.
C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnable, justes et religieux,
et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur.
Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien

Evangile : Naissance de Jésus (Lc 2, 1-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Je vous annonce une grande joie. Aujourd’hui nous est né un Sauveur : c’est le Messie, le Seigneur !Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre ? ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. ?
Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David.
Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur s’approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte,
mais l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur.
Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »
Patrick Braud

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