L'homélie du dimanche (prochain)

27 avril 2025

Lier responsabilité et amour

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Lier responsabilité et amour

 

Homélie du 3° Dimanche de Pâques / Année C
04/05/25


Cf. également :
Mais pourquoi diable Pierre était-il tout nu ?
Les 153 gros poissons
Quand tu seras vieux…
Le devoir de désobéissance civile
Les 7 mercenaires
L’agneau mystique de Van Eyck
Manager en servant-leader
Jesus as a servant leader


Le choix des Douze

On raconte que Jésus s’interrogeait beaucoup sur le choix de ses associés les plus proches au début de son ministère public. Pour en avoir le cœur net, il demanda à un célèbre cabinet-conseil de la capitale, expert en management, une étude sur l’équipe qu’il avait constituée. Voici la réponse qu’il a reçue :

 

Lier responsabilité et amour dans Communauté spirituelleCabinet McKinsey Palestine

3 Rue du Calvaire Jérusalem

 

Cher Monsieur Christ,

 

Nous vous remercions de nous avoir confié les CV des douze hommes que vous avez sélectionnés pour leur confier des postes de responsabilité dans votre nouvelle entreprise internationale de « pêcheurs de têtes ».

Suite à de nombreux examens et entretiens avec nos consultants en aptitude pour le ministère, ainsi qu’une rencontre avec notre psychologue spécialisé, nous vous faisons part des résultats de ce processus d’évaluation. Malheureusement, il s’avère que la plupart de vos candidats manquent d’expérience, de formation et d’aptitudes pour le genre d’entreprise dans laquelle vous comptez vous lancer. Ils n’ont pas l’esprit d’équipe et leur connaissance des langues étrangères est nettement insuffisante. Nous vous recommandons donc de continuer vos recherches en vue de découvrir des candidats qui aient de l’expérience dans la gestion des affaires et qui aient prouvé leurs compétences.

 

Afin de vous permettre de cibler qualitativement vos prochaines candidatures, voici le résultat de certains profils que vous nous avez transmis.

  • Simon Pierre est un instable émotionnel, en proie à des sautes d’humeur, un peu borné pour tout dire.
  • André n’a aucune disposition pour assumer des responsabilités.
  • Les deux frères Jacques et Jean, les fils de Zébédée, placent leur intérêt personnel au-dessus du dévouement envers la société.
  • Thomas a tendance à douter de tout et pourrait avoir une influence négative sur le groupe.
  • Nous nous voyons dans l’obligation de vous faire savoir que Matthieu figure sur la liste noire de la « commission de Jérusalem pour la transparence des affaires ».
  • Jacques a une tendance dangereuse à la radicalisation et à l’utopie, stigmatisant les riches sans raison.
  • Les relations de Simon – dit le zélote – avec des milieux extrémistes font de lui un élément difficile à contrôler et susceptible de mener des actions irresponsables.
  • Les autres postulants sont sans relief, quasiment invisibles.

 

Toutefois, un des candidats a de grandes possibilités…. Il est capable et imaginatif, a le contact facile et un sens développé des affaires, il ne manque pas de relations avec les personnalités haut placées. Son goût pour la discrétion et pour l’organisation sont de vrais atouts et les différents entretiens réalisés ont montré qu’il est motivé, ambitieux et n’a pas peur des responsabilités. Nous vous conseillons donc de prendre Judas Iscariote comme votre administrateur et bras droit. 

 

Nous vous souhaitons beaucoup de succès dans votre nouvelle aventure.

En joignant à cette étude notre facture (à régulariser sous huitaine), nous restons à votre disposition pour compléter votre recherche et vous aider dans le développement de votre organisation à laquelle nous souhaitons succès et durée.

 

Comme quoi le choix des Douze ne s’aligne pas sur les modes managériales d’une époque ! 

Ce dimanche, c’est le choix de Pierre qui est sous le feu des projecteurs (Jn 21,1-19). En répétant par trois fois : « M’aimes-tu ? » « Sois le pasteur (leader) de mes brebis », Jésus ne rappelle pas seulement à Pierre son triple reniement – trois fois pardonné – mais surtout il lui confie une mission particulière, il lui donne une responsabilité majeure : « Sois le pasteur de mes brebis ».

 

Parce qu’il aime, Pierre sera pasteur. Dans cet ordre.

Est-ce ainsi que les responsables sont nommés dans notre monde actuel ?
Passons en revue quelques fondements de l’autorité dans nos entreprises, familles ou Églises, afin de de les comparer à la pratique de Jésus envers Pierre et les Douze.

 

L’accès aux responsabilités selon les païens


– Fonder la responsabilité sur la compétence

133549680 amour dans Communauté spirituelleC’est l’une des premières raisons auxquelles on pense : confier les plus grosses responsabilités à ceux qui sont les plus compétents. En France, cela a donné Polytechnique et l’ENA ou Science-Po comme voie royale pour devenir haut fonctionnaire, député ou ministre.

Jésus a-t-il choisi des énarques de son temps ? Pas sûr que Pierre ait réussi un grand oral de quelque concours de grande école que ce soit… Car le problème du critère de compétence, c’est qu’il s’appuie sur le passé, sans préjuger du futur. Et quelle compétence ? Sur quels critères ? À quel horizon (le court-terme est souvent en contradiction avec le moyen ou le long-terme) ? Si bien que le ‘principe de Peter’ fonctionne à plein dans nos administrations et nos entreprises : on promeut de plus en plus haut quelqu’un qui a réussi, jusqu’à ce qu’il se révèle inefficace au poste confié, parce que qu’ayant dépassé son seuil de compétence maximum, et donc ayant atteint son seuil d’incompétence…
De plus, on confond souvent plusieurs types de compétences : l’expert maîtrise son sujet technique, le manager sait animer une équipe et valoriser chacun. Mais un bon expert ne fera pas forcément un bon manager ! Promouvoir un excellent expert à un poste managérial peut s’avérer désastreux (et réciproquement).

 

Les compétences passées de Pierre ne sont pas exceptionnelles : il n’avait rien pêché (même de nuit) la première fois que Jésus l’a rencontré. Il n’a rien compris à l’annonce de la Passion, jusqu’à se faire traiter de ‘Satan’ par le patron en personne. Et il a renié publiquement trois fois celui qu’il disait avec fanfaronnade être capable de suivre au bout du monde. Pas brillant ! Pourtant, Jésus ne voit pas en lui le pécheur du passé, mais le pêcheur d’hommes du futur. Il fait le pari qu’avec l’Esprit Saint, ce caractère sanguin et entier se donnera entièrement à sa mission, avec brio. On dirait aujourd’hui qu’il fait le pari de l’empowerment de son associé : il saura grandir à la hauteur de l’énorme responsabilité « papale » que le Ressuscité lui confie.

 

Fonder la responsabilité sur la seule compétence passée (et laquelle ? mesurée comment ?) est trop court.

 

– Fonder la responsabilité sur le mérite

C’est une variante de la compétence. On fait souvent l’éloge du mérite républicain pour récompenser ceux qui ont su avoir un beau parcours d’études ou d’affaires grâce à leur travail, sans rien devoir à l’héritage. Pourquoi pas ? Récompenser un talent sorti de nulle part a valeur d’exemple. À condition que ce parcours de réussite soit possible pour le plus grand nombre et pas seulement quelques-uns. Et il restera encore à vérifier que ce mérite passé se traduira bien en mérite futur, que le médaillé d’hier ne devienne pas le petit chef de demain…

- Fonder l’autorité sur le vote
C’est presque une évidence de nos démocraties occidentales. On remet à l’heureux élu les manettes du pouvoir politique (élections des maires, députés, présidents etc.), managérial (par le vote du Conseil d’administration), on attribue aux distingués une autorité morale (prix littéraires, Eurovision etc.). Pourtant, les frasques d’un certain Donald (le bien nommé !) nous montre que cette assise de l’autorité sur le vote est fragile : les élections reviennent très souvent et peuvent se contredire les unes les autres (Biden/Trump, Merkel/Merz etc.) car les opinions publiques sont versatiles, et manipulables. De plus, on sait d’expérience que le vote populaire peut se tromper et amener le pire.
Les chrétiens savent en outre que le vote de la foule a condamné Jésus lors de son procès (« Crucifie-le ! »). Le Bien ne découle pas forcement de l’avis d’une majorité, ni le Beau, ni le Vrai… Sans transcendance, le vote démocratique n’est jamais que le reflet des intérêts, des peurs, des égoïsmes des individus (Cf. par exemple la question de l’IVG).

Nécessaire, mais non suffisant : le vote est utile, mais ne peut fonder à lui seul l’autorité légitime.

 

– Fonder la responsabilité sur le copinage

copinage_tunis leadershipC’est une pratique plus courante qu’on ne le croit ! Les grenouilles se font reines les unes les autres… Au moment de recruter un collaborateur, c’est plus facile de faire appel à des gens qu’on connaît déjà par ailleurs, et avec qui le courant passe bien. C’est ainsi que les anciens élèves des grandes écoles se cooptent de promotion en promotion : on est sûr de rester dans un certain moule de pensée. C’est ainsi que Richard Ferrand a été nommé président du Conseil Constitutionnel, lui qui n’a aucune compétence juridique mais peut seulement se prévaloir du passeport de son amitié avec Emmanuel Macron. On pourrait également citer Alexandre Kohler, Emmanuelle Wargon, Christophe Castaner, Amélie de Montchalin, Jean Castex, Stéphane Séjourné etc. La République des copains !

C’est encore une des raisons de la prospérité des clubs où l’on pratique l’entre-soi (Rotary, Lions club, loges maçonniques etc.).
C’est ce qui motive certains à être de serviles béni-oui-oui des puissants, dans l’espoir de bénéficier des prochaines promotions. À l’extrême, c’est le principe mafieux de la famille, de la Cosa Nostra, des amis débiteurs, de la corruption généralisée…

 

Or les nominations par copinage affaiblissent le pouvoir : par manque d’altérité, par oubli de la compétence, par le sentiment d’injustice qu’elles génèrent. Même les monarques absolus choyaient leur fou du roi, qui les aidait à penser contre eux-mêmes.

Jésus n’a pas choisi ses amis pour devenir les Douze. Il a pris douze inconnus, il en a fait ses amis parce qu’il les avait choisis, et non l’inverse.

 

Fonder la responsabilité sur le copinage est un confort relationnel qui trop souvent finit en catastrophe (et c’est vrai dans l’Église comme ailleurs…).

 

– Fonder la responsabilité sur la richesse

Elon Musk a déjà la plus grosse fortune du monde et pourrait mettre le cap sur les 1.000 milliards de dollarsOn y pense moins, mais c’est aux riches qu’on attribue fréquemment des charges prestigieuses, des titres impressionnants. Pensez à Elon Musk : voilà un jeune ingénieur surdoué qui cumule compétences technologiques et réussite entrepreneuriale, fortune immense et copinage avec Trump. Alors qu’il n’est pas élu, le voilà à la tête d’un quasi-ministère chapeautant des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux, avec un statut de quasi vice-Président aux USA et de quasi chef d’État à l’étranger !

‘On ne prête qu’aux riches’ : il semblerait qu’on leur prête également beaucoup de responsabilités, auxquelles les citoyens modestes ont du mal à accéder. Et ne parlez pas des milliards de Donald Trump, de Vladimir Poutine ou de MBS (Mohammed Ben Salmane, Arabie Saoudite) et autres richissimes chefs d’État… !

 

Jésus a expressément choisi les Douze parmi les gens ordinaires de son peuple. Il n’a jamais méprisé les riches, mais savait combien c’est difficile pour eux d’entrer dans le royaume des cieux (Mt 19,23). Dès lors, il a conditionné l’accès aux responsabilités dans son Église à l’abandon de toute cupidité, de toute soif d’accumulation. Pierre était le petit patron d’une PME familiale de pêche, mais il ne roulait pas sur l’or. Les papes qui après lui ont cédé à la fascination de la richesse – et il y en a eu, hélas ! – ont été considérés comme des renégats par l’opinion publique ecclésiale. À juste titre.

 

– Fonder la responsabilité sur la capacité d’influence

Devin AstérixChoisir des collaborateurs qui appuieront ma cause auprès des puissants, parce qu’ils sont bien introduits dans les sphères du pouvoir : la tentation du carnet d’adresses est une dérive toujours actuelle. Choisir un fils de famille pour avoir sa parenté dans la poche, un cadre du Parti pour décrocher la bénédiction de la nomenklatura, un membre de telle congrégation religieuse pour la canaliser : cela fait des siècles que l’on voit des chefs débarquer à un poste grâce à leur carnet d’adresses plus qu’à leurs compétences.

Elon Musk – encore lui – est un peu cet influenceur (réseau X, ex Twitter) incontournable que Donald Trump a intérêt à flatter en lui confiant des titres ronflants. Mieux vaut l’avoir comme allié – même encombrant – que comme ennemi, vu son incroyable impact social !

 

Ces calculs machiavéliques d’alliances et d’influences manipulatrices n’ont jamais été des critères pour le ministère dans l’Esprit de Jésus. Simon Pierre ne connaissait pas grand monde à Jérusalem, et encore moins à Rome ! Pourtant, c’est bien de lui dont on parle encore à Rome, plus que des empereurs habiles en stratégie relationnelle…

 

Fonder la responsabilité sur la capacité d’influence est un calcul païen dangereux : acquérir par ruse des alliés ne remplacera jamais les amis que Jésus s’est acquis par le lavement des pieds et le sang versé.

 

– Fonder la responsabilité sur ‘la nature des choses’

pyramide_des_castes-min Pierre

On l’a oublié, mais autrefois la naissance suffisait à fixer à chacun son poste de responsabilité. Être de sang royal suffisait à prétendre à la couronne. Appartenir à la noblesse suffisait à se voir confier des terres, du personnel domestique, des fonctions administratives. Être né paysan ne donnait comme horizon que de reprendre la ferme familiale, sans ambitionner d’autres responsabilités.

On considérait comme ‘naturel’ d’attribuer à chacun selon sa naissance, et non selon sa compétence, son mérite ou même ses richesses. Le système des castes en Inde continue à reproduire ce schéma social. Et en France, il est encore peu fréquent de voir des femmes, des personnes handicapées ou des figures issues de la diversité parmi les grands dirigeants et responsables… Ne parlons même pas de l’accès des femmes à un réel pouvoir de gestion et de décision dans l’Église ! Nous n’en sommes encore qu’à des balbutiements (même si cela progresse) !

 

Fonder la responsabilité sur ‘la nature des choses’ nous rend aveugles sur les dominations cachées, les fausses légitimations construites dans l’intérêt de quelques-uns.

 

Lier responsabilité et amour

3eme-dimanche-de-Paques-2022-1 responsabilitéArrêtons-là la liste des fondements païens de la responsabilité. Si certains sont nécessaires, ils ne sont jamais suffisants. Et Jésus les critique radicalement en mettant l’amour comme critère d’entrée : « M’aimes-tu ? » « Sois le pasteur de mes brebis ». Pas un amour vague et sentimental. Un amour de service (lavement des pieds des subordonnés) et de don de soi (Passion). Jésus voyait bien comment les hauts placés de son époque avaient obtenu leurs grades, leurs médailles, leurs titres et comment ils exerçaient leur pouvoir : « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave » (Mt 20,25-27).

 

Fonder la responsabilité sur la compétence, le mérite, la richesse, le copinage, la capacité d’influence ou la nature des choses : parmi nous, il ne doit pas en être ainsi 

Dans l’Église, ces pratiques païennes du pouvoir devraient être dénoncées, combattues, et remplacées par un authentique amour fraternel. Dans la société (l’économie, la politique, l’associatif…), les chrétiens doivent révéler l’inhumanité des pratiques courantes de l’accès aux responsabilités, et témoigner que l’amour-service est le critère le plus pertinent, le plus réaliste, le plus efficace.

 

Avant de confier ou d’accepter une responsabilité, laissons résonner en nous cette question à poser à l’autre et à nous-même : « aimes-tu ? »

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Nous sommes les témoins de tout cela avec l’Esprit Saint » (Ac 5, 27b-32.40b-41)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là, les Apôtres comparaissaient devant le Conseil suprême. Le grand prêtre les interrogea : « Nous vous avions formellement interdit d’enseigner au nom de celui-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement. Vous voulez donc faire retomber sur nous le sang de cet homme ! » En réponse, Pierre et les Apôtres déclarèrent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice. C’est lui que Dieu, par sa main droite, a élevé, en faisant de lui le Prince et le Sauveur, pour accorder à Israël la conversion et le pardon des péchés. Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. » Après avoir fait fouetter les Apôtres, ils leur interdirent de parler au nom de Jésus, puis ils les relâchèrent. Quant à eux, quittant le Conseil suprême, ils repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus.

Psaume
(Ps 29 (30), 3-4, 5-6ab, 6cd.Douze, 13)
R/ Je t’exalte, Seigneur, tu m’a relevé. ou : Alléluia.
 (Ps 29, 2a)

Quand j’ai crié vers toi, Seigneur,
mon Dieu, tu m’as guéri ;
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.


Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté, toute la vie.


Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie !
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie !


Que mon cœur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi ;
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !


Deuxième lecture
« Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse » (Ap 5, 11-14)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean, j’ai vu : et j’entendis la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens ; ils étaient des myriades de myriades, par milliers de milliers. Ils disaient d’une voix forte : « Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et louange. » Toute créature dans le ciel et sur la terre, sous la terre et sur la mer, et tous les êtres qui s’y trouvent, je les entendis proclamer : « À celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau, la louange et l’honneur, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. » Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! » ; et les Anciens, se jetant devant le Trône, se prosternèrent.

Évangile
« Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson » (Jn 21, 1-19)
Alléluia. Alléluia.
Le Christ est ressuscité, le Créateur de l’univers, le Sauveur des hommes. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. » Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau. Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres. Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré. Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson. C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. » Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »
Patrick BRAUD

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22 avril 2025

Quand les papes choisissent le jour de leur mort

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 10 h 58 min

Quand les papes choisissent le jour de leur mort

On connaît tous ça dans nos familles : le grand-père qu’on donne mourant tient bon jusqu’au mariage de sa petite-fille où il veut être présent absolument. Puis il se laisse partir…

Mort du Pape FrançoisIl y a un peu de cela peut-être dans la mort du pape François. Il a conduit l’Église jusqu’à la fête de Pâques, après trois semaines de combat contre une double pneumonie meurtrière. Puis il meurt le Lundi 21 Avril 2025, dans la plénitude de l’octave de Pâques qui commence, après avoir béni la foule du balcon de Saint-Pierre la veille. Mourir un Lundi de Pâques, ce n’est pas banal pour un pape !

Il n’est pas le seul pape à « choisir » symboliquement le jour de sa mort.

– Le 3 juin 1963, le pape Jean XXIII meurt à 81 ans. C’est le pape du concile Vatican II, véritable Pentecôte sur l’Église, dont les fruits spirituels continuent d’être récoltés dans les « périphéries » du monde. Or le 3 juin 1963, c’était un Lundi de Pentecôte ! Comme si Jean XXIII disait : « J’ai conduit l’Église jusqu’à ce renouveau de l’Esprit saint en elle. Je peux désormais m’en aller ».

– Son successeur le pape Paul VI est mort le jour de la fête de la Transfiguration, le 6 août 1978. Or la Transfiguration était la fête préférée de Paul VI, à tel point que sa première encyclique (Ecclesiam suam) en plein concile Vatican II est datée et signée du 6 août 1964. La mort n’est-elle pas la transfiguration ultime ?

Jean-Paul II semble également avoir choisi le jour de sa mort : le 2 avril 2005 est en effet cette année-là le Dimanche de la Miséricorde, institué justement par Jean-Paul II pour clôturer l’octave de Pâques, selon l’intuition d’une religieuse polonaise sœur Faustine. L’ex « athlète de Dieu » a attendu le Dimanche de la Miséricorde pour s’effondrer entre les bras de son Créateur…

Benoît XVI – dont la postérité retiendra sa renonciation exemplaire – a choisi quant à lui de partir un 31 décembre 2022. Symbole de la transition d’une année à l’autre. Il avait voulu affirmer la continuité de l’Église à travers la réception de Vatican II, et être le pape de cette transition apaisée.

– Il n’y a que Jean-Paul Ier à avoir échappé à cette symbolique du choix du jour de sa mort. Il faut dire que le pontificat de « l’étoile filante » au sourire irrésistible n’a duré que… 33 jours, ce qui est finalement une symbolique tout aussi forte !

Bref : comme les papes, apprenons à choisir l’heure de notre mort ! Celle où nous pourrons exulter, comme Siméon : « Maintenant, ô maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole… »

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20 avril 2025

Un seul cœur, une seule âme

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Un seul cœur, une seule âme

 

Homélie du 2° Dimanche de Pâques / Année C
27/04/25


Cf. également :
 
Croire sans voir : la pédagogie de l’inconditionnel
Quand vaincre c’est croire
Thomas, Didyme, abîme…
L’esprit, l’eau et le sang 
Quel sera votre le livre des signes ?
Lier Pâques et paix
Deux utopies communautaires chrétiennes
Le Passe-murailles de Pâques
Le maillon faible
Que serions-nous sans nos blessures ?
Croire sans voir
Au confluent de trois logiques ecclésiales : la communauté, l’assemblée, le service public
Trois raisons de fêter Pâques
Riches en miséricorde ?


1. La France éparpillée, façon puzzle

« Moi les dingues, j’les soigne, j’m’en vais lui faire une ordonnance, et une sévère, j’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins d’Paris qu’on va l’retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle… Moi, quand on m’en fait trop, j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, j’ventile ».

L'Archipel français: Naissance dune nation multiple et diviséeLes cinéphiles auront reconnu une des répliques-cultes ciselées par Michel Audiard dans le film « les Tontons Flingueurs » (1963) ! Eh bien, il faut croire que la France est devenue un peu dingue, plus dingue que Raoul ! En effet, les sociologues et politologues analysant depuis des décennies l’évolution de notre société cumulent des diagnostics de plus en plus inquiétants sur les fractures françaises. Le sentiment d’insécurité culturelle (Laurent Bouvet, 2015) se répand de plus en plus dans certaines catégories populaires ou rurales. C’est un sentiment diffus de dilution de l’identité nationale dans un melting-pot de communautarisme à l’anglo-saxonne. Certaines enclaves paraissent même vivre à l’écart des autres et en dehors du mode de vie traditionnel : ce sont les fameux territoires perdus de la de la république (Georges Bensoussan, 2002).

Cet éparpillement façon puzzle – pour reprendre les mots d’Audiard – conduisent à une dangereuse archipélisation de la France (Jérôme Fourquet, 2019) en de multiples îlots juxtaposés, mais étrangers les uns aux autres. La société française apparaît de plus en plus clivée, où les fractures territoriales, sociales, culturelles, politiques et religieuses s’imbriquent mutuellement. La France périphérique (Christophe Guilluy, 2014) a engendré les manifestations des ‘Gilets jaunes’ en octobre 2018, et continue à dériver loin des métropoles, loin des banlieues et quartiers populaires. Ces oppositions rejoignent les clivages repérés par David Goodhart (The road to somewhere, 2017) entre les Somewhere et les Anywhere, les enracinés et les cosmopolites, les perdants et les gagnants de la mondialisation…

 

Bref : depuis l’effondrement après-guerre de la matrice catholique qui maintenait une certaine unité sociale, la cohésion de la société française est mise à rude épreuve, source de profonds changements à venir, et des violences qui vont avec…

 

2. Un unanimisme de façade ?

Cette archipélisation touche-t-elle l’Église de France ? Les catholiques ne sont-ils pas unis, et ce d’autant plus qu’ils se savent minoritaires ?

La première lecture de ce dimanche (Ac 4,32-35) nous fait rêver. Elle dépeint une communauté chrétienne n’ayant qu’« un seul cœur et une seule âme », partageant ses richesses pour prendre soin des pauvres, rendant témoignage à la résurrection de Jésus « avec grande puissance »… Trop beau pour être vrai ?

Acts 4:33-35 Ananie et SaphireLuc lui-même montre à plusieurs reprises dans les Actes des Apôtres que cette vision de l’Église unie est idyllique. Cela commence tout de suite après le beau tableau précédent avec Ananie et Saphire (Ac 5,1-11) qui trichent dans le partage de leurs biens, ce qui leur vaut une mort symbolique (une excommunication sans doute) par Pierre en personne. Certains dans la communauté avaient donc le cœur trop près du portefeuille ! Visiblement, tous ne jouent pas le jeu de ce communisme ecclésial idéal, et ce dès le début…


Les fractures internes s’aggravent avec les conflits opposant Grecs et Hébreux dans l’Église de Jérusalem : « En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagées dans le service quotidien » (Ac 6,1). Le risque de division est si fort, si grave, qu’on invente alors le ministère diaconal – sous l’inspiration de l’Esprit Saint – pour éviter la rupture (Ac 6,5-6).


Plus tard, un autre conflit opposera les partisans de la circoncision qui veulent l’imposer aux nouveaux baptisés non juifs. Conflit redoublé avec la question des viandes provenant des sacrifices d’animaux faits aux idoles : peut-on les manger ou non ? Il faudra convoquer une assemblée de crise avec tous les courants représentés ; il faudra l’autorité collégiale des Douze, l’autorité singulière que Pierre mettra dans la balance, et la prière et le discernement de tous pour que ce premier concile de Jérusalem apaise quelque peu les tensions (Ac 15).


Le problème n’est pas réglé pour autant, car les judéo-chrétiens continuent de s’attacher aux prescriptions alimentaires et rituelles de la Torah, ce qui les coupent des autres (séparatisme religieux, déjà !). Paul est obligé de tonner contre Pierre en lui reprochant cette complicité avec des pratiques fragmentant la communauté (aujourd’hui, il tournerait contre la cacherout, le halal et autres coutumes séparatistes !) : « Quand Pierre est venu à Antioche, je me suis opposé à lui ouvertement, parce qu’il était dans son tort. En effet, avant l’arrivée de quelques personnes de l’entourage de Jacques, Pierre prenait ses repas avec les fidèles d’origine païenne. Mais après leur arrivée, il prit l’habitude de se retirer et de se tenir à l’écart, par crainte de ceux qui étaient d’origine juive. Tous les autres fidèles d’origine juive jouèrent la même comédie que lui, si bien que Barnabé lui-même se laissa entraîner dans ce jeu. Mais quand je vis que ceux-ci ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Pierre devant tout le monde : “Si toi qui es juif, tu vis à la manière des païens et non des Juifs, pourquoi obliges-tu les païens à suivre les coutumes juives ?” » (Ga 2,11-15).

Le même Paul, au caractère visiblement irascible, va se fâcher avec son collègue Barnabé ‑ à cause de Marc –, si bien qu’on faillit en venir aux mains : « L’exaspération devint telle qu’ils se séparèrent l’un de l’autre » (Ac 15,39) ! Même entre apôtres, on peut avoir de telles incompatibilités d’humeur qu’il vaut mieux rester loin l’un de l’autre pour éviter les clashs !

 

Tout cela lézarde significativement le bel unanimisme de façade proclamé dans notre première lecture…

Ces lézardes s’élargiront jusqu’à constituer des gouffres, des schismes, des oppositions meurtrières générant des guerres de religion et massacres en tout genre dans l’histoire des Églises. Le schisme de 1054 entre l’Orient et l’Occident déchire pour longtemps le tissu ecclésial. La réforme de Luther au XVI° siècle a mis l’Europe à feu et à sang. Et depuis, les protestants ne cessent de s’éparpiller façon puzzle : à chaque fois qu’un leader ne pense pas comme les autres, il fonde sa propre Église, à côté. Il existe plus de 45 000 dénominations protestantes dans le monde, d’après le Center for the Study of Global Christianity (ces dénominations incluent des Églises évangéliques, luthériennes, réformées, baptistes, pentecôtistes, adventistes etc.)

 

On voit que le rêve d’être « un seul cœur, une seule âme » s’est évanoui avec les siècles !

 

Le pape François parle de polarisation pour décrire les forces antagonistes et centripètes qui ont malmené l’Église catholique dans la réception du concile Vatican II :

« Le Concile nous rappelle que l’Église, à l’image de la Trinité, est communion (cf. Lumen gentium, n. 4.13). Le diable, au contraire, veut semer l’ivraie de la division. Ne cédons pas à ses flatteries, ne cédons pas à la tentation de la polarisation. Combien de fois, après le Concile, les chrétiens se sont-ils efforcés de choisir un camp dans l’Église, sans se rendre compte qu’ils déchiraient le cœur de leur Mère ! Combien de fois a-t-on préféré être « supporter de son propre groupe » plutôt que serviteurs de tous, progressistes et conservateurs plutôt que frères et sœurs, « de droite » ou « de gauche » plutôt que de Jésus ; s’ériger en « gardiens de la vérité » ou « solistes de la nouveauté », plutôt que de se reconnaître comme enfants humbles et reconnaissants de la Sainte Mère l’Église. Le Seigneur ne nous veut pas ainsi. Tous, nous sommes tous fils de Dieu, tous frères dans l’Église, tous Église, tous. »

Homélie du Pape François pour le 60° anniversaire du Concile Vatican II, 

Basilique Saint-Pierre, Mardi 11 octobre 2022, 

Mémoire de Saint Jean XXIII, Pape.

Un seul cœur, une seule âme dans Communauté spirituelle verresPolaClassiques
Polarisation
est un terme des sciences de l’optique : la lumière blanche du soleil est comme filtrée à travers les verres polarisants, qui ne laissent passer qu’une partie des spectres de cette lumière, en absorbant ou réfléchissant les autres. Une communauté polarisée filtre les lumières qu’elle tire de l’Écriture ou de l’Église, en ne laissant passer que les couleurs qui la conforte dans ses opinions a priori. La polarisation religieuse rejoint ainsi l’enfermement algorithmique par lequel les abonnés des réseaux sociaux ne vont aller regarder que les vidéos qui vont dans leur sens, poussés par les algorithmes qui ont détecté leur préférence.

 

Alors, « un seul cœur et une seule âme » ?

Il se pourrait que le portrait dressé par Luc de la communauté de Jérusalem ne soit pas un reportage journalistique, mais plutôt ce que le sociologue allemand Max Weber appelait un « idéal-type ». Autrement dit un modèle théorique rassemblant des éléments partiellement vécus (ici : l’unité, le partage, l’élan missionnaire) dans une construction « idéale » où s’exprime la vocation de la communauté.

« On obtient un idéal-type en accentuant unilatéralement un ou plusieurs points de vue et en enchaînant une multitude de phénomènes donnés isolément, diffus et discrets, que l’on trouve tantôt en grand nombre, tantôt en petit nombre et par endroits pas du tout, qu’on ordonne selon les précédents points de vue unilatéralement, pour former un tableau de pensée homogène. On ne trouvera nulle part empiriquement un pareil tableau dans sa pureté conceptuelle : il est une utopie. » [1]

 

Par exemple, la visée du partage des richesses pour venir en aide aux pauvres est une caractéristique incontournable pour qu’un groupe se dise Église. Mais les modalités pour la réaliser pourront varier dans le temps. À Antioche, les chrétiens ne pratiquent déjà plus le communisme ecclésial de Jérusalem, mais l’entraide, la solidarité, l’aumône, sans vendre la totalité de leurs biens (Ac 11,29). Et dans les Actes des Apôtres, on voit Paul organiser une collecte pour les pauvres de l’Église de Jérusalem sans demander aux baptisés de se déposséder de tout (Ac 11,30 ; 1Co 16,1-3 ; 2Co 8).

 

Prendre soin des pauvres est essentiel. La manière de le faire variera.

Être unis dans la communauté est au cœur du message du Christ. La manière de vivre cette unité variera.

Rendre témoignage à la Résurrection est capital. Les visages de l’activité missionnaire de l’Église seront multiples et changeants.

 

3. La méthode du « consensus différencié »

En matière d’unité, les chrétiens ont très vite abandonné un modèle unitaire unique. Il y avait dans les cinq premiers siècles une pentarchie, c’est-à-dire une communion entre cinq sièges apostoliques (Jérusalem, Rome, Antioche, Constantinople, Alexandrie) qui chacun avait une primauté et une certaine indépendance. On était alors loin du monolithisme ecclésial ! Cette communion entre différents patriarcats ne s’est pas imposée par pragmatisme, mais sous l’influence de l’Esprit Saint, qui puise au cœur de Dieu une communion trinitaire rejaillissant en communion différenciée au sein des Églises et entre elles.


La doctrine de la justification ; déclaration communeLe mouvement œcuménique né du Congrès des Sociétés missionnaires protestantes d’Édimbourg en 1920 a très vite renoncé à la restauration d’une seule Église, pour promouvoir des liens d’affection, de connaissance et reconnaissance mutuelle, de charité entre toutes les Églises.

Depuis 1937, il existe un dialogue non officiel entre des théologiens catholiques et protestants francophones, fondé par l’abbé Paul Couturier (1881-1953) et quelques pasteurs réformés suisses. En 1942, ce groupe prit le nom de Groupe des Dombes. Il a publié, depuis, un certain nombre de rapports de haute valeur comme « Un seul maître. L’autorité doctrinale dans l’Église » en 2006. La méthode est le « consensus différencié » où chacun expose sa foi dans un souci de spécificité pour « entrer dans le point de vue de son frère, pour le mieux comprendre dans sa cohérence et pour s’en enrichir ».


Le 31 octobre 1999, catholiques et luthériens signaient la Déclaration commune sur la doctrine de la justification, mettant fin au conflit théologique sur le salut qui provoqua la Réforme. Le document précise comment chaque Église comprend le rôle premier de la foi dans le salut offert en Christ, tout en reconnaissant que la compréhension des autres Églises, exprimée en des termes différents, n’est pas incompatible avec la sienne.

Les artisans de la Déclaration commune peuvent se féliciter non seulement d’un geste historique, mais aussi d’avoir démontré la pertinence de la méthode du « consensus différencié ». Elle consiste à chercher et trouver les termes d’un consensus dans les vérités fondamentales, sans interdire que subsistent des différences dans le langage et les accentuations de chaque Église. On pourrait dire que les deux doctrines différentes ‑ catholique et luthérienne – représentent deux perspectives différentes sur le même Évangile. De la même manière que si je regarde la cathédrale de Strasbourg de deux côtés différents, je vois des choses différentes, néanmoins, c’est la même Église. Cette approche implique une compréhension de la vérité qui n’impose pas l’uniformité. Le pasteur André Birmelé aime ainsi parler de « consensus différenciant ». « C’est une manière de bien montrer que la différence fait partie du consensus. Que le consensus est lui-même ouvert à la différence, précise-t-il. Le texte biblique nous montre l’exemple d’un consensus différenciant : Matthieu, Jean ou Paul disent la même vérité en se servant de langages tout à fait différents. »

Cette méthode évite les pièges du relativisme comme du dogmatisme. C’est tout à fait différent d’une compréhension postmoderne qui dirait “tout se vaut”. Accepter les différences nécessite d’abord d’identifier ce qui est commun.

 

Les catholiques auraient intérêt à retrouver pour eux-mêmes la pratique de ce consensus différencié et différenciant !

En paroisse, c’est l’acceptation de pratiques liturgiques autres (répertoire de chants, styles de prière, gestes et expressions de foi etc.) sans imposer un seul style à tous les pratiquants, ni fuir ailleurs dès que quelque chose (ou quelqu’un) ne me convient plus…

Entre Églises, c’est la valorisation du charisme particulier propre à chacune. Les Églises orientales catholiques par exemple nous rappellent que les prêtres et diacres peuvent être mariés, que la vénération de l’icône peut avoir autant d’importance que l’adoration eucharistique etc.

Ce consensus différencié se concentre d’abord sur ce qui est commun, le noyau dur de la foi en quelque sorte, et opère un discernement entre les différents niveaux d’importance et de vérité des pratiques et des croyances de chacun.

 

Ce concept de consensus différencié et différenciant pourrait d’ailleurs être une source d’inspiration en entreprise également : cultiver une vision commune de la raison d’être et des valeurs de l’entreprise, tout en promouvant les initiatives diverses sans les aligner sur un seul modèle hiérarchique.

 

Avoir « un seul cœur, une seule âme » suppose de rester plusieurs ! C’est l’enjeu trinitaire de toute évangélisation : « qu’ils soient un comme nous sommes UN » (Jn 17,22), non pas à la manière des sociétés totalitaires, mais à la manière du Dieu-Trinité, dont l’unité résulte des relations d’amour entre les Trois. Sans cette visée « idéaltypique », malgré nos fractures actuelles, nous manquerions à notre vocation chrétienne : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13,35). Cette unité de cœur et d’âme n’est pas une construction humaine, mais un don de Dieu, à accueillir activement : « Je leur donnerai un seul cœur, un seul chemin, afin qu’ils me craignent chaque jour, pour leur bonheur et celui de leurs fils après eux » (Jr 32,39). Ézéchiel annonçait cette unité comme le fruit de l’Esprit de Dieu : « Je leur donnerai un même cœur, et je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de leur corps le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair » (Ez 11,19). Et les chroniqueurs de la royauté en Judas attribuent à « la main de Dieu » l’élan enthousiaste qui unissait le peuple dans l’exécution de la parole de YHWH : « Dans Juda aussi la main de Dieu se déploya pour leur donner un même cœur et leur faire exécuter l’ordre du roi et des chefs, selon la parole de YHWH » (2Ch 30,12).

 

Être un seul cœur, une seule âme : aspirer à ce don de Dieu demeure la ligne d’horizon de tout groupe se disant chrétien !

 

4. Thomas, ou l’unité par la foi

 archipel dans Communauté spirituelleRevenons à nos lectures de ce dimanche, en regardant Thomas parmi les Douze (Jn 20, 19-31). Curieusement, il n’était pas avec eux « en ce premier jour de la semaine » ; on dirait aujourd’hui qu’il a séché la messe du dimanche ! Ou plus exactement : il a manqué à l’Église en n’étant pas présent. Or déserter l’assemblée, c’est priver le Corps du Christ d’un de ses membres, irremplaçable. Thomas est le premier d’une longue série d’absences qui fracturent l’unité de l’Église : « Ne désertons pas nos assemblées, comme certains en ont pris l’habitude » (He 10,25). Comme quoi l’absentéisme dominical ne date pas d’aujourd’hui… Or c’est un coup de canif dans la tunique sans couture du Christ qu’est l’Église !

 

Thomas fait l’effort d’être là le dimanche suivant, sans doute intrigué par le récit des autres. C’est la rencontre avec le Ressuscité qui le convertira définitivement à l’unité ecclésiale. En touchant ses plaies, Thomas touchait le Corps du Christ (l’Église) et désormais ne le quittera plus.

Sans cette rencontre pascale, comment aimer l’Église, la pratiquer, vivre en communion avec elle ? C’est bien dans cet ordre que nous devons examiner à frais nouveaux l’absence de tant de baptisés à nos assemblées : non pas d’abord l’impératif moral ou une exigence autoritaire (‘aller à la messe’) mais d’abord une expérience pascale, dont découle l’amour de l’Église, en Église (faire corps avec le Christ, comme Thomas).

 

« Un seul cœur, une seule âme » : nous n’avons pas fini de laisser résonner cet appel de Luc ! Dans nos couples, nos familles, nos entreprises, nos paroisses… : où et comment pourrais-je pratiquer la méthode du consensus différencié pour progresser vers cet horizon de communion ?

__________________________________

[1]. Max Weber, L’objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique sociales (1904) in Essais sur la théorie de la science, Paris, Pocket, 1992, p. 181.

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32-35)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.

PSAUME
(117 (118), 2-4, 16ab-18, 22-24)
R/ Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! ou : Alléluia ! (117,1)


Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !


Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !
Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !


Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.
Il m’a frappé, le Seigneur, il m’a frappé,
mais sans me livrer à la mort.


La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !


DEUXIÈME LECTURE
« Tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde » (1 Jn 5, 1-6)

Lecture de la première lettre de saint Jean
Bien-aimés, celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.


ÉVANGILE
« Huit jours plus tard, Jésus vient » (Jn 20, 19-31)
Alléluia. Alléluia.Thomas, parce que tu m’as vu, tu crois, dit le Seigneur. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! Alléluia. (Jn 20, 29)


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.
Patrick Braud

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16 avril 2025

Le baptême est notre Pâque

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 20 h 00 min

Le baptême est notre Pâque

 

Homélie pour le Dimanche de Pâques / Année C
20/04/25


Cf. également :

La danse pascale du labyrinthe

Conjuguer Pâques au passif
Incroyable !
La Madeleine de Pâques
Pâques : le Jour du Seigneur, le Seigneur des jours
Pâques : les 4 nuits
Pâques : Courir plus vite que Pierre
Pâques n’est décidément pas une fête sucrée
Comment annoncer l’espérance de Pâques ?
Trois raisons de fêter Pâques
Le courage pascal
La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société
Faut-il shabbatiser le Dimanche ?


Cyrille, évêque de Jérusalem au IV° siècle, est connu pour ses catéchèses mystagogiques, c’est-dire des catéchèses qui partaient de la célébration des sacrements pour expliquer, après coup, ce qui était en jeu dans les gestes et symboles. Car pour lui, l’expérience prime sur le contenu, l’adhésion personnelle conditionne l’intelligence du cœur. Il célébrait d’abord, et expliquait ensuite.

Nous qui faisons – hélas – souvent l’inverse (expliquer, puis célébrer), méditons avec Cyrille comment la Pâque du Christ est devenue la nôtre, par le baptême, par toutes les Passions qui nous unissent à Lui.

Cyrille s’adresse aux nouveaux baptisés dans les termes suivants :


Vous avez été conduits par la main à la piscine du baptême, comme le Christ est allé de la croix au tombeau qui est devant vous.


On a demandé à chacun s’il croyait au nom du Père et du Fils, et du Saint-Esprit. Vous avez proclamé la confession de foi qui donne le salut et vous avez été plongés trois fois dans l’eau, et ensuite vous en êtes sortis. C’est ainsi que vous avez rappelé symboliquement la sépulture du Christ pendant trois jours.


De même, en effet, que notre Sauveur a passé trois jours et trois nuits au cœur de la terre, c’est ainsi que vous, en sortant de l’eau pour la première fois, vous avez représenté la première journée du Christ dans la terre ; et la nuit, en étant plongés. Celui qui est dans la nuit ne voit plus rien, tandis que celui qui est dans le jour vit dans la lumière. C’est ainsi qu’en étant plongés comme dans la nuit vous ne voyiez rien ; mais en sortant de l’eau vous vous retrouviez comme dans le jour. Dans un même moment vous mouriez et vous naissiez. Cette eau de salut est devenue à la fois votre sépulture et votre mère.


Ce que Salomon dit à un autre sujet pourrait s’appliquer à vous : Il y a un temps pour enfanter, et un temps pour mourir. Mais pour vous c’était l’inverse : un temps pour mourir et un temps pour naître. Un seul temps a produit les deux effets, et votre naissance a coïncidé avec votre mort.


Le baptême est notre Pâque dans Communauté spirituelle tous-deux-dans-l-eau-de-la-piscine-baptismale-installee-dans-le-choeur-de-l-eglise-saint-vallier-a-messigny-et-vantoux-le-pere-oscar-ruiz-baptise-etienne-31-ans-l-un-des-six-adultes-ayant-recu-ce-sacrement-par-immersion-samedi-photo-lbp-s-t-1681060903Chose étrange et incroyable ! Nous n’avons pas été véritablement morts ni véritablement ensevelis, et nous avons ressuscité sans être véritablement crucifiés. Mais si la représentation ne réalise qu’une image, le salut, lui, est véritable.


Le Christ a été réellement crucifié, réellement enseveli, et il a ressuscité véritablement. Et tout ceci nous est accordé par grâce. Unis par la représentation de ses souffrances, c’est en toute vérité que nous gagnons le salut.


Bonté excessive pour les hommes ! Le Christ a reçu les clous dans ses mains toutes pures, et il a souffert ; et moi, qui n’ai connu ni la souffrance ni la peine, il me fait, par pure grâce, participer au salut !


Personne donc ne doit penser que le baptême consiste simplement dans le pardon des péchés et la grâce de la filiation adoptive ; il en était ainsi pour le baptême de Jean, qui ne procurait que le pardon des péchés. Mais nous savons très précisément que notre baptême, s’il est purification des péchés et nous attire le don de l’Esprit Saint, est aussi l’empreinte et l’image de la passion du Christ. C’est pourquoi saint Paul proclamait : Ne le savez-vous pas ? Nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Nous avons donc été mis au tombeau avec lui par le baptême.

 

Catéchèse de Jérusalem aux nouveaux baptisés

Baptisés dans la mort et la résurrection du christ

 


Point statistique sur les baptêmes en France


Une hausse des baptêmes d’adultes et d’adolescents

Baptêmes adultes 2016-2025
En deux ans, le nombre de demandes volontaires de baptême a été multiplié par deux : 10 384 en 2025, contre 5 423 en 2023. Une formation pourtant exigeante, qui dure deux ans. Pour l’Église, cet afflux « n’est pas un épiphénomène ». Le nombre de baptêmes catholiques d’adultes en France ne cesse de progresser. En deux ans, il a même doublé. Aux chiffres de cette année s’ajoutent les baptêmes d’adolescents (entre 12 et 18 ans), qui connaissent, eux aussi, une progression spectaculaire : ils étaient 2 953 en 2023, ils seront 7 404 en 2025. En tout, 17 788 adolescents et adultes seront baptisés, à leur demande, dans l’Église catholique cette année.


Le contrepoint du recul des baptêmes d’enfants

Baptêmes enfants 2000-2023
L’autre facteur de fond expliquant cette hausse des baptêmes d’adolescents et d’adultes est celui de la chute, en France, des baptêmes de petits enfants : en l’an 2000, un bébé sur deux était baptisé ; en 2024, seul un sur trois l’est.


MESSE DU JOUR DE PÂQUES

1ère lecture : « Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » (Ac 10, 34a.37-43)

 Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là, quand Pierre arriva à Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole et dit : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés.


Psaume : Ps 117 (118), 1.2, 16-17, 22-23
R/ Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! (Ps 117, 24)


Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !


Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai,
pour annoncer les actions du Seigneur.


La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.


2ème lecture : « Purifiez-vous des vieux ferments, et vous serez une Pâque nouvelle » (1 Co 5, 6b-8)


Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères, ne savez-vous pas qu’un peu de levain suffit pour que fermente toute la pâte ? Purifiez-vous donc des vieux ferments, et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. Car notre agneau pascal a été immolé : c’est le Christ.
Ainsi, célébrons la Fête, non pas avec de vieux ferments, non pas avec ceux de la perversité et du vice, mais avec du pain non fermenté, celui de la droiture et de la vérité.


Séquence :
À la Victime pascale, chrétiens, offrez le sacrifice de louange.
L’Agneau a racheté les brebis ;
le Christ innocent a réconcilié l’homme pécheur avec le Père.
La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux.
Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne.
« Dis-nous, Marie Madeleine, qu’as-tu vu en chemin ? »
« J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, j’ai vu la gloire du Ressuscité.
J’ai vu les anges ses témoins, le suaire et les vêtements.
Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! Il vous précédera en Galilée. »
Nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts.
Roi victorieux, prends-nous tous en pitié !
Amen.


Évangile : « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 1-9)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Notre Pâque immolée, c’est le Christ ! Célébrons la Fête dans le Seigneur ! Alléluia. (cf. 1 Co 5, 7b-8a)


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Patrick BRAUD

 

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