L'homélie du dimanche (prochain)

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13 août 2014

Assomption : les sentinelles de l’invisible

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Assomption : les sentinelles de l’invisible

Homélie de l’ASSOMPTION / Année A
15/08/2014

 

Sentinelles de l’invisible !

C’était le 15 Août 2004.

Assomption : les sentinelles de l'invisible dans Communauté spirituelle JP-II-14-AOUT-2004-GROTTEUn vieux pape fatigué, sentant la mort approcher, effectuait son dernier pèlerinage à Lourdes. Mais Jean-Paul II – saint Jean-Paul II ! – , malade, trouvait des mots pleins de vigueur pour fêter l’Assomption de Marie.

Devant la Grotte de Massabielle, il lançait cette invitation toujours actuelle : 

« Soyez des sentinelles de l’invisible ».

« De cette grotte, je vous lance un appel spécial à vous, les femmes.
En apparaissant dans la grotte, Marie a confié son message à une fille, comme pour souligner la mission particulière qui revient à la femme, à notre époque tentée par le matérialisme et par la sécularisation : être dans la société actuelle témoin des valeurs essentielles qui ne peuvent se percevoir qu’avec les yeux du cœur.
À vous, les femmes, il revient d’être sentinelles de l’Invisible ! »

 

Sentinelles de l’invisible !

Avons-nous pris le temps de réaliser ce que cette belle formule signifie ?  

livre_galerie_13 Assomption dans Communauté spirituelleSentinelle : le mot évoque, quelqu’un qui veille sur les remparts, au nom de tous, pour les prévenir dès que quelque chose bouge. Quelqu’un qui a ce flair intérieur, cette sensibilité extrême pour détecter ce qui apparaît, pour « sentir » (sentinelle vient du latin sentire) ce qui se passe. Comme une vigie qui scrute l’horizon de la mer en haut du mât du bateau, dans la hune.

 

Et en plus : sentinelle de l’invisible, c’est-à-dire : veilleur de ce qu’on ne voit pas encore, détecteur de présence avant qu’elle ne soit manifestée, vigie entourée par un océan apparemment sans limite?

Marie a ainsi guetté l’invisible, tout au long de sa vie.

Marie, aujourd’hui élevée dans la gloire auprès de son Fils, est sans doute la plus belle sentinelle de l’invisible : tournons-nous vers elle pour commencer à le devenir nous-mêmes.

* Jeune fille juive, elle partageait intensément la folle espérance de son peuple en un Messie libérateur. Et l’Ange du Seigneur porta l’annonce à Marie, qui a su « sentir » sa présence.

* Mère de Jésus, elle a appris à voir en lui ce que les autres ne voyaient pas.

* À Cana, elle a cru en lui alors qu’il n’avait encore rien prouvé, rien manifesté. À Cana d’ailleurs, elle avait su voir l’invisible : ce vin qui allait manquer pour la noce.

* Sur les routes de Palestine, elle a accepté que son Fils la rabroue : « Qui est ma mère ? » et peu à peu, elle a deviné l’autre maternité, bien plus profonde encore que la seule maternité physique, à laquelle le Christ l’appelait.

* Lors de sa visite à Élisabeth, le bel évangile d’aujourd’hui, Marie a senti son enfant tressaillir en elle. Mieux qu’une échographie moderne, elle a su, comme Élisabeth, deviner la grandeur de celui qu’elle portait en elle. Cette échographie spirituelle est peut-être notre travail le plus urgent…

* Et au pied de la Croix, alors que tous ? et notamment les hommes, aveuglés par l’échec ? ne voyaient que désolation, Marie et quelques femmes étaient là, debout : stabat Mater dolorosa, mais debout dans la confiance malgré tout. Comme si elle contemplait l’invisible, l’invisible Résurrection, dont elle ne savait rien, sinon qu’elle l’espérait?

Les femmes d’aujourd’hui, à la suite de Marie et d’Élisabeth, continuent à être pour ce monde des sentinelles de l’invisible. Elles tricotent au fil des jours l’avenir de leurs enfants, parfois bien seules. Elles façonnent cette densité qui est le fruit de l’amour.

Dans la vie sociale également, bien des femmes nous aident à attendre, à discerner ce qui n’est pas encore visible.

- Souvenez-vous des mères de la place de Mai : depuis 1977, elles manifestent pacifiquement sur la place de Mai, à Buenos Airos, en Argentine. Elles demandent la vérité et la justice, pour les milliers d’enfants disparus pendant la dictature militaire (1976-1983)

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- Voyez  les femmes libanaises, palestiniennes ou israéliennes, aujourd’hui. Elles guettent la paix, elles sentent qu’un jour la réconciliation sera possible.

Après tout, n’est-ce pas la vocation de toute l’Église d’être, à l’image de Marie, sentinelle de l’invisible ?

- Pour discerner ce qui apparaît au lieu de se lamenter sur ce qui disparaît.

- Pour encourager ce qui germe au lieu de piétiner ce qui se fane.

- Pour guetter ce qui portera des fruits de justice et de paix dans la vie sociale.

- Pour avoir le cœur battant à force de scruter l’horizon, et ne jamais se décourager d’espérer l’imprévisible.

Dans la vie de notre Église, nous avons également besoin de ces vigies d’espérance, pour éveiller les germes de renouveau dans les jeunes générations, dans nos assemblées du Dimanche, pour vivre notre pauvreté numérique actuelle dans la confiance et le retour à l’Évangile.

Dans nos familles, nous avons besoin de grands-parents qui témoignent patiemment de leur foi, en guettant sans faiblir ceux qui pourront prendre la relève dans les jeunes générations, même s’ils sont invisibles la plupart du temps.

Marie, toi qui aujourd’hui es pleinement associée à la gloire de ton Fils, cette gloire que tu as guettée avec amour sans la voir se manifester avant Pâques, apprends-nous à être, avec toi, des sentinelles de l’invisible, des veilleurs, des vigies infatigables.

 

Messe du jour

 

1ère lecture : La Femme de l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Le Temple qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple. 

Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.
Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement.
Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes,et sur chaque tête un diadème.
Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.
Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. 

Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »

Psaume : 44, 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16

R/ Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils.

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté. 

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui. 
Alors, les plus riches du peuple, 
chargés de présents, quêteront ton sourire. 

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire, 
vêtue d’étoffes d’or ; 
on la conduit, toute parée, vers le roi. 

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ; 
on les conduit parmi les chants de fête : 
elles entrent au palais du roi.

2ème lecture : Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle ( 1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

Evangile : « Heureuse celle qui a cru ! » (Lc 1, 39-56)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. »

Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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1 août 2014

2, 5, 7, 12 : les nombres au service de l’eucharistie

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2, 5, 7, 12 : les nombres au service de l’eucharistie

Homélie du XVIII° dimanche du temps ordinaire / Année A
03/08/2014

Après le rite juif du repas pascal (le Seder Pessah), les enfants autour de la table entonnent quelques comptines liées à la fête. Et notamment ce curieux « chant des nombres » qui est à lui seul une belle catéchèse sur la symbolique des nombres : 

E’HOD MI YODEA – CHANT DES NOMBRES

« Un, je sais ce qui est un.
Unique est notre Dieu, Lui qui vit et Lui qui plane sur la terre et dans les cieux.

Deux, voilà qui est plus ; je sais ce qui est deux : deux, ce sont les Tables de la Loi.

Unique est notre Dieu…

Treize, voilà qui est plus ; je sais ce qui est treize.
Treize, ce sont les attributs (divins) ;
douze, les tribus d’Israël;
onze, les songes (de Joseph);
dix, les Commandements;
neuf, les mois de la grossesse;
huit, la circoncision;
sept, la célébration du Shabbat;
six, les ordres de la Michna ;
cinq, les Livres de la Thora;
quatre, les Mères ;
trois, les Patriarches;
deux, les Tables de la Loi.

Unique est notre Dieu, Lui qui vit et Lui qui plane sur la terre et dans les cieux. »

On le voit : tout est symbolique dans le repas pascal juif, et l’eucharistie chrétienne assume pleinement cette symbolique. Les aliments (oeuf dur, os d’agneau grillé, herbes amères…), les vêtements (talith…), la lumière (la menorrah), les quatre questions de quatre enfants : tout renvoie à une lecture de l’histoire autre qu’un récit journalistique.

Le chant des nombres s’inscrit dans cette interprétation du monde où les nombres ne sont pas là par hasard, mais pour nous aider à déchiffrer l’événement raconté.

2, 5, 7, 12 : les nombres au service de l'eucharistie dans Communauté spirituelle rdv_pessah_plateau_seder_27

  

La première multiplication : 5,7 et 12

Le nombre 5

bible_4 Bible dans Communauté spirituelleIl en est bien ainsi dans cette première version de la multiplication des pains en Mt 14,13-21. Les nombres qui y sont placés ont un sens. Les 5000 hommes présents ne sont pas comptés à la manière de la préfecture de police ni des manifestants lors d’une même protestation populaire ! Ils renvoient à la signification du nombre 5, multiplié par 1000 (donc étendu à tous). D’après nos enfants du Seder Pessah, il s’agit d’une foule de la Torah (les cinq livres du Pentateuque), essentiellement juive donc. Cela est confirmé par les 5 pains dont disposent les disciples (et non un jeune garçon comme en Mc). Les rompre, c’est ouvrir ces 5 livres, les travailler, les étudier, les interpréter *. Les distribuer à la foule, c’est nourrir le peuple juif d’une interprétation renouvelée de la Torah, où le commandement de l’amour accomplit toute la Loi. La foule n’a pas besoin de s’en aller ailleurs : elle a dans l’Écriture tout ce qu’il lui faut pour nourrir sa faim de vivre et de chercher Dieu.

Le nombre 2

Et les 2 poissons ? Pourquoi sont-ils mentionnés, alors que le texte semble indiquer qu’ils ne sont pas distribués en nourriture avec les cinq pains ? (ils sont pourtant « eucharistiés » : Jésus prononce la bénédiction juive et rituelle sur eux ensemble)

D’après la comptine chantée par les enfants à Pâques, 2 est le nombre des tables de la Toi. Mais ce serait alors une symbolique redondante avec les 5 pains. Saint Augustin, le nombre 2 désigne le couple prêtre / roi qui recevaient l’onction pour gouverner le peuple. Les 2 poissons renvoient alors pour lui à la personne du Christ, l’Oint de Dieu chargé de conduire l’Église. Mais, problème : il manque le prophète, qui lui aussi reçoit l’onction de Dieu.

Pour Saint Ambroise de Milan, les 2 poissons renverraient aux 2 Testaments, destinés à devenir l’unique nourriture du nouvel Israël. Mais, problème : ces deux poissons ne sont justement pas distribués en nourriture…

Il faut sans doute interpréter ensemble le symbolisme du nombre 2 et celui des poissons à qui il est associé ici.

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On a retrouvé des poissons dessinés, gravés et peints sur les murs des catacombes chrétiennes des premiers siècles. C’était un signe de reconnaissance et de ralliement en période de persécutions romaines. Car le mot poisson (ictus en grec) est l’acronyme désignant la véritable identité de Jésus. Iesus Christos Theo Uïos Sôter = Jésus Christ fils de Dieu Sauveur. Le poisson cache donc l’affirmation nouvelle de la foi chrétienne : Jésus est vraiment Dieu et vraiment homme, deux  natures réunies en une seule personne. Les 2 poissons visent sans doute 

cette affirmation christologie si centrale – et si dangereuse – au moment où Mathieu écrit son évangile (70-90). On n’est pas loin de l’interprétation de Saint Augustin, mais c’est l’union du divin et de l’humain en Jésus qui est en jeu plus que celle du roi et du prêtre.

Ajoutons que dans la tradition juive, il faut toujours au moins 2 témoins pour que leurs témoignages soient pris en compte au tribunal. Les 2 poissons attestent que Jésus de Nazareth est vraiment le Christ attendu par Israël, annoncé par l’Écriture, qui conduit l’Église à travers le désert en la nourrissant de la Parole de Dieu partagée à tous.

 

Le nombre 7

 exégèseAu passage se profile le nombre 7 : 5 pains + 2 poissons. La comptine pascale l’associe à juste titre au shabbat. Ce premier récit de la multiplication des pains s’adresse donc à Israël : nulle volonté ici d’abolir le shabbat. Au contraire, Jésus veut lui donner tout son sens. Les premiers chrétiens annonçaient l’Évangile en se servant du réseau des synagogues tout autour de la Méditerranée, et donc en respectant le shabbat, en profitant de la liturgie du samedi à la synagogue pour commenter les Écritures à la lumière de la Pâque du Christ.

Ce n’est qu’après la séparation violente d’avec la synagogue (vers 90) que le dimanche chrétien (le jour du Seigneur) supplantera le shabbat, sans pour autant en perdre le sens du repos et de l’Alliance qu’il véhicule.

En Mt 14, le respect du shabbat est bien en filigrane des premières assemblées judéo-chrétiennes (les adventistes « du septième jour » s’inscrivent dans cette tradition).

 

Le nombre 12

« On ramassa 12 paniers ».

Impossible de ne pas y voir le symbole des 12 apôtres, eux-mêmes prolongeant et accomplissant les 12 tribus d’Israël (cf. les 12 portes de la Jérusalem céleste dans l’Apocalypse). C’est donc la plénitude de l’Église, « l’Israël de Dieu », que visent ces 12 paniers. Toute l’Église est nourrie en plénitude du pain partagé par Jésus : ici le premier Testament, bientôt le pain eucharistique qui y sera associé.

Comme 5 + 7 = 12, on voit que l’on retrouve ce que l’on évoquait précédemment : l’Écriture partagée lors du shabbat nourrit l’Église judéo-chrétienne et lui permet de traverser ses déserts.

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La seconde multiplication : 3, 4 et 7

Le symbolisme des nombres permet d’interpréter le deuxième récit de multiplication des pains comme s’adressant cette fois-ci aux non-juifs (Mt 15,32?39).

4000 hommes sont nourris et il reste 7 paniers (au lieu de 5000 et 12). On ne sait pas combien il y a de poissons ; par contre on sait que la foule jeûne depuis 3 jours. Le nombre 3 renvoie ici aux 3 jours du Christ au tombeau : la foule est associée à la Passion et la Résurrection de Jésus en jeûnant symboliquement 3 jours avec lui. Nul doute qu’il y ait ici un écho du cheminement catéchuménal des baptisés adultes  venant du paganisme au moment où Mathieu écrit. Les 4000 hommes évoquent alors la totalité de l’humanité nourrie par l’eucharistie (4 = les quatre points cardinaux = l’univers entier). Les 7 paniers ne renvoient plus aux tribus d’Israël, mais à tous les peuples de la terre créée lors des 7 jours symboliques de la Genèse.

Ce second récit est donc une catéchèse eucharistique et ecclésiale pour les païens, alors que le premier l’était pour les juifs.

Les deux multiplications superposées

Nous sommes 2000 ans après l’événement. Nous gardons la mémoire de ces deux catéchèses. Et nous pouvons légitimement les superposer en une seule pour aujourd’hui : l’Église se situe bien dans le prolongement d’Israël, dont elle n’abolit pas la vocation, mais cherche à l’accomplir pour toutes les nations.art-plastique-autel-tibouchi-2 nombresAinsi le premier but de nos assemblées est de rompre le pain de la Parole de Dieu telle que les deux Testaments donnent à la ruminer. Tous doivent y avoir accès : c’est la responsabilité des apôtres. L’eucharistie est indissolublement le lieu où la Parole se multiplie en la partageant, et où le pain eucharistique nourrit la faim  spirituelle des chercheurs de Dieu actuels. « Dum dividetur, augetur » commentait Saint Augustin : lorsqu’il est partagé, le pain (de la parole, de l’eucharistie) augmente.

Il y a donc 2 tables (encore 2 !) à l’eucharistie : la table où l’Écriture se fait Parole, et la table où le corps du Christ est rompu et distribué. L’ambon et l’autel sont inséparables. À tel point que Vatican II a réaffirmé solennellement cette doctrine des deux tables que nous avions un peu oubliée dans le monde catholique :

« L’Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle l’a toujours fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles. »
Concile Vatican II, Dei Verbum 21 (cf. SL 48 ;51 ;56).

La parole et le corps / le corps et la parole : ne séparons pas dans nos assemblées ce que Dieu a uni en Jésus-Christ, comme l’atteste les deux multiplications des pains dans l’évangile de Mathieu.

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* Les 5 maris de la Samaritaine (Jn 4,18) peuvent renvoyer à ces 5 livres de la Loi, les seuls livres que les samaritains ont conservés. On pense également aux 5 vierges sages (Mt 25,2) ou aux 5 mois du mal causé par les criquets (Ap 9,10). Ou encore aux 5 portiques de Béthesda (Jn 5,8), ou aux 5 mois où Elisabeth se tient cachée (Lc 1,24) etc. 

 

1ère lecture : Dieu nourrit son peuple (Is 55, 1-3)

Lecture du livre d’Isaïe

Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer.
Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi donc : mangez de bonnes choses, régalez-vous de viandes savoureuses !
Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je ferai avec vous une Alliance éternelle, qui confirmera ma bienveillance envers David.

Psaume : Ps 144, 8-9, 15-16, 17-18

R/ Tu ouvres la main : nous voici rassasiés.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses oeuvres.

Les yeux sur toi, tous, ils espèrent : 
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main : 
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies, 
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de ceux qui l’invoquent, 
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

2ème lecture : Rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ(Rm 8, 35.37-39)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le supplice ? Non, car en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur.

Evangile : Jésus nourrit la foule (Mt 14, 13-21)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur a nourri son peuple au désert, il l’a rassasié du pain du ciel. Alléluia. (cf. Ps 77, 24)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus partit en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.
En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de pitié envers eux et guérit les infirmes.
Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent : « L’endroit est désert et il se fait tard. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter à manger ! »
Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Alors ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. »
Jésus dit : « Apportez-les moi ici. »
Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule.
Tous mangèrent à leur faim et, des morceaux qui restaient, on ramassa douze paniers pleins.
Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants.
Patrick BRAUD

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20 juin 2014

De quoi l’eucharistie est-elle la madeleine ?

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De quoi l’eucharistie est-elle la madeleine?

Homélie pour la fête du Corps et du Sang du Christ / Année A
22/06/2014

Une histoire juive

De quoi l'eucharistie est-elle la madeleine ? dans Communauté spirituelle 1118514_3059804Une histoire juive comme seuls les rabbins peuvent en raconter :

Hitler visite un jour un camp de concentration. Il voit un juif qui réfléchit, couché à même le sol.

- à quoi penses-tu ?

- je réfléchis à des problèmes de cuisine.

- ici, dans un camp de concentration, tu réfléchis à des problèmes de cuisine ?

- je voudrais vous expliquer. Il y a 3500 ans, un pharaon a voulu exterminer le peuple d’Israël. En souvenir de sa défaite, nous mangeons chaque année de la matsa (pain azyme). Il y a 2500 ans, un autre régnait sur 227 états et a voulu nous faire disparaître. Depuis, nous mangeons des beignets appelés « les oreilles de Haman » (amantaschen) lors de la fête de Pourim, en souvenir de sa défaite. Ensuite, il y a eu le roi des Grecs qui a voulu faire pareil, et chaque année, lors de la fête de Hanoukka, nous mangeons des pâtisseries spécialement cuisinées pour commémorer notre survie (soufganiot). Alors je me demandais : quel plat cuisiné va-t-on bien inventer pour fêter la défaite de Hitler qui approche ?…

 

Manger, c’est se souvenir

La tradition juive a toujours associé l’acte de manger et la mémoire. En cette fête du Corps et du Sang du Christ, il est bon de revisiter ce lien fondamental, qui joue toujours pour les chrétiens un rôle structurant (faire mémoire de la mort et de  la résurrection du Christ).

- Dès la Création, Dieu établit un ordre qui émerge du chaos, ordre dont les espèces vivantes doivent témoigner. Sont alors déclarés impurs à la consommation humaine les animaux qui transgressent cet ordre, c’est-à-dire qui ne respectent pas la différenciation originelle : le porc, le chameau, le lièvre, les poissons sans écailles etc. Certains mélanges également sont interdits par la cacherout (code réglementaire pour la nourriture) juive. Il est interdit de manger la viande avec le lait, par exemple. Il est également interdit de consommer le sang des animaux (pas de boudin !) parce que le sang c’est la vie, qui appartient à Dieu seul.

On le voit, ces interdits alimentaires n’ont pas de visées sanitaires ou hygiéniques comme voudraient le croire l’Occident trop rationnel, comme pour se rassurer en se disant qu’il peut s’en passer désormais. Le but est bien théologique : faire mémoire de la Création, qui est apparue grâce à la différenciation, et donc refuser toute confusion qui symboliquement ferait régresser celui qui mange vers l’état du chaos primitif.

 

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Du coup la commensalité (cum-mensa = partager la même table) a pris une importance considérable : manger avec un non-juif, c’est risquer de manger des aliments impurs, et donc c’est interdit. Les musulmans ne feront que reprendre plus tard ce communautarisme alimentaire juif, dont la fonction première est de préserver l’identité du groupe en l’empêchant de se dissoudre par le mélange avec les autres.

On voit mieux ce que l’eucharistie chrétienne a de révolutionnaire par rapport aux repas juifs ou musulmans. En faisant table commune avec les païens, pour le repas ordinaire comme pour le « repas du Seigneur » (1Co 11,20), les premiers chrétiens instaurent une rupture fondatrice : communier avec tous les peuples en s’appuyant sur la mémoire de la mort du Christ « pour la multitude » (Mc 14,24). 

 Paul ‘engueulera’ sérieusement Pierre en public à cause de son hésitation à faire table commune avec des non-circoncis :

« Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort.  En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, il prenait ses repas avec les païens; mais quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l’écart, par peur des circoncis.  Et les autres Juifs l’imitèrent dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux.  Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde: « Si toi qui es Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser ? » » (Ga 2, 11-14)

- D’autres particularismes alimentaires bibliques font le lien entre l’histoire du peuple et sa situation présente.

Depuis son combat contre Dieu lui-même (Gn 32, 22-33), Jacob-Israël ne mange plus de nerf sciatique (il n’y a là rien qui concerne l’hygiène ou la santé !). Car sa hanche a été démise pendant le combat à la hauteur de ce nerf, et il boîte depuis ce temps-là. Cet interdit bizarre (ne pas manger de nerf sciatique) est en fait une mémoire très concrète du combat qu’Israël mène contre Dieu depuis longtemps (en se roulant dans la poussière avec lui, durant la nuit..), et de la bénédiction qui en découle.

 

- Notre histoire juive du début évoque les plats et confiseries spéciales liées à des événements où le peuple a été sauvé de la persécution et du génocide (déjà…) : manger ces beignets, c’est faire mémoire de l’amour de Dieu qui a déjà libéré Israël et le libérera encore.

Le repas le plus sacré de la foi juive, le Seder Pessah (= le rituel du repas pascal) est lui-même une catéchèse alimentaire. L’oeuf signifie à la fois la mort et la vie  qu’a traversées Israël ; l’os grillé rappelle l’agneau de la sortie d’Égypte (« pas un de ses os ne sera brisé » Ex 12,46 ; cf. Jn 19,36) ; les herbes amères sont le symbole de l’amertume de l’esclavage ; la quatrième coupe de vin annonce le retour du prophète Élie etc.

 Bref : le lien entre l’alimentaire et le mémorial est si fort pour un juif que Jésus a instinctivement prolongé cette tradition à travers le pain et le vin de la Cène. Il a chargé ses aliments d’un pouvoir symbolique extraordinairement fort, et en même temps très simple : faire mémoire de son corps livré, de son sang versé, qui nous associent à sa victoire pascale sur la mort.

 

De quoi l’eucharistie est-elle la madeleine ?

Le premier événement dont l’eucharistie est la mémoire est bien sûr la résurrection du Christ. C’est essentiel et fondateur.

Pourtant, tant que je n’ai pas mis ma propre chair sur cet événement, tant que je n’ai pas vu mon propre sang couler avec celui du Christ, comment faire mémoire ? Car personne n’a vécu physiquement de ses yeux l’événement pascal, personne après l’Ascension n’a renouvelé l’expérience des Onze ou celle de Thomas mettant ses mains dans les plaies du crucifié ressuscité.

Puis-je faire mémoire de quelque chose que je n’ai pas vécu en direct ? Évidemment oui, si l’on fait confiance aux témoignages de ceux qui y étaient. Pensez aux commémorations du débarquement des Alliés en Normandie le 6 juin 44 : les témoins oculaires se font rares, mais nous les croyons assez pour continuer à faire mémoire des milliers de morts dont le sang a été versé pour notre liberté. Combien plus faisons-nous confiance pour l’eucharistie au témoignage des quatre évangiles et du Nouveau Testament ! Mais cela risque de nous rester extérieur tant que nous en restons là, comme les commémorations militaires dont la ferveur s’émousse avec les siècles. Qui fait encore mémoire de 1871 (guerre franco-allemande), de 1648 (traité de Westphalie), de 313 (édit de Milan) etc. ?

La mémoire eucharistique ne sera vive et vivante que si chacun de nous y associe ses propres souvenirs, les événements de son parcours où quelque chose s’est joué de l’ordre du corps livré, du sang versé, du passage (c’est le sens du mot Pâques) sur une autre rive.

Proust a immortalisé le pouvoir mémoriel d’une simple madeleine.

 madeleine« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé ; les formes – et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot – s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. »

Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913.

Eh bien : l’eucharistie sera pour nous un vrai trésor personnel si nous en faisons la madeleine de nos passages (Pâques) les plus forts.

Communier peut en effet nous remettre en mémoire les événements pascals qui ont jalonné notre histoire, et nous donner ainsi la force de continuer la route, appuyés sur la fidélité de Dieu à son action pour nous.

Ce sont souvent d’autres eucharisties qui reviennent en mémoire lorsque nous allons communier : celle d’un mariage, de funérailles, ou une messe célébrée autour d’un feu lors d’un camp d’aumônerie, devant une chaîne de montagnes ou dans le cockpit d’un voilier au mouillage…

Ce sont d’autres souvenirs encore que les textes du dimanche peuvent faire remonter à la surface : tel combat dont nous gardons les traces, tel éblouissement qui nous a marqué à tout jamais, telle parole biblique qui a joué un rôle particulier à un moment donné pour nous…

La musique et les chants se chargent de venir compléter cette mobilisation de la mémoire. Claudel lui-même ne sait pas pourquoi il a pleuré en entendant le Magnificat chanté à Notre-Dame de Paris. Mais il est ressorti chrétien de la cathédrale où il était entré athée, et il n’a cessé à chaque eucharistie d’entretenir ce feu intérieur dont il savait qu’il avait pris naissance là, au milieu du chant, derrière ce pilier à Notre-Dame…

Chacun de nous a ses madeleines eucharistiques !

Il suffit de travailler la présence de soi à soi, ou plutôt à son histoire : quels sont les événements de communion/de rupture qui m’ont fait devenir ce que je suis ? quelles sont les personnes qui m’ont donné de prendre de vrais virages, me sauvant  d’une mort certaine ? Quelles sont les paroles qui m’ont fait passer du désespoir à l’envie de vivre ?

Si vous laissez la liturgie eucharistique coudre ces points de suture entre votre passé et votre présent, alors faire mémoire du Christ ressuscité en allant communier deviendra faire mémoire de votre propre résurrection, dès maintenant.

Ainsi, quand bien même un nouvel Hitler s’avancerait, dominateur, pour vous humilier au milieu d’une concentration d’épreuves insupportables, répondez-lui avec humour : quelle nourriture vais-je inventer pour faire mémoire de ta défaite qui approche ?…

 

1ère lecture : Dieu nourrit son peuple (Dt 8, 2-3.14b-16a)

Lecture du livre du Deutéronome

Moïse disait au peuple d’Israël :
« Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire connaître la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le c?ur : est-ce que tu allais garder ses commandements, oui ou non ?
Il t’a fait connaître la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à manger la manne ? cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue ? pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur.
N’oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.
C’est lui qui t’a fait traverser ce désert, vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif.
C’est lui qui, pour toi, a fait jaillir l’eau de la roche la plus dure. C’est lui qui, dans le désert, t’a donné la manne ? cette nourriture inconnue de tes pères. »

Psaume : Ps 147, 12-13, 14-15, 19-20

R/ Peuple de Dieu, célèbre ton Seigneur !

Glorifie le Seigneur, Jérusalem !
Célèbre ton Dieu, ô Sion !
Il a consolidé les barres de tes portes,
dans tes murs il a béni tes enfants.

Il fait régner la paix à tes frontières, 
et d’un pain de froment te rassasie. 
Il envoie sa parole sur la terre : 
rapide, son verbe la parcourt.

Il révèle sa parole à Jacob, 
ses volontés et ses lois à Israël. 
Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ; 
nul autre n’a connu ses volontés.

2ème lecture : Le sacrement de l’unité (1Co 10, 16-17)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
La coupe d’action de grâce que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ?
Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain.

sequence : La séquence est facultative et ad libitum : ()

Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.

Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
   tu ne peux trop le louer…

Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
   qu’on ne peut jeter aux chiens…

Evangile : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde» (Jn 6, 51-58)

Acclamation : Alléluia.Alléluia. Tu es le pain vivant venu du ciel, Seigneur Jésus. Qui mange de ce pain vivra pour toujours. Alléluia. (cf. Jn 6, 51.58)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait :
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi.
Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Patrick BRAUD
 

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6 juin 2014

Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie

 

Homélie pour la fête de Pentecôte
08/06/2014

 

Que fête-t-on à Pentecôte ?

- Une fête agraire où on se réjouit des premières gerbes de la moisson ?

C’était le cas il y a des milliers d’années. Et après tout, pourquoi ne pas se réjouir de la générosité de la nature en marquant symboliquement par l’offrande des prémices que c’est elle qui nous nourrit ?

- Le don de la Torah à Israël au Sinaï ?

Sans aucun doute, les chrétiens ne renieront pas cette interprétation historique de l’antique fête rurale. Oui, la sortie d’Égypte est un événement fondateur pour nous tous. Ou ici, le don des tables de la Loi à Moïse au sommet du Sinaï continue à structurer la vie des croyants et plus largement encore.

La Pentecôte chrétienne hérite de la fête juive de Shavouot le rôle central de la Loi dans l’Alliance (mais vécu dans l’Esprit).

 

- Le don de l’Esprit Saint aux disciples ?

Bien sûr, car la venue de l’Esprit Saint sur les Douze (reconstitués grâce à l’élection de Mathias à la place de Judas) marque l’accomplissement de l’Alliance pour les 12 tribus d’Israël, et l’accomplissement de la Loi dans l’amour.

 

Y a-t-il autre chose à fêter à Pentecôte en plus de ces trois dimensions pourtant majeures et monumentales ?

Peut-être…

 

Si on regarde de près le texte des Actes des Apôtres (Ac 2, 12-42), on peut deviner qu’il est en fait la jonction de deux interprétations d’un même événement. Il reste encore les points de suture de la fusion des deux récits.

 

La glossolalie

Un premier récit témoigne de l’effet de la Pentecôte sur les disciples eux-mêmes : des gens qui les entendaient ne les comprenaient pas, et pensaient qu’ils étaient ivres ! « Ils sont pleins de vin doux » raillent-t-il avec cynisme (Ac 2,13).  Et Pierre est obligé de préciser : « Ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez, car c’est la troisième heure du jour (9h du matin) » (Ac 2,15). C’est donc que les Douze  ne parlaient pas dans des langues étrangères, mais dans un méta-langage si l’on peut dire, au-delà des mots. Pour dévaloriser la libre expression des disciples chantant et parlant au-delà de la grammaire et du vocabulaire, on les accuse de délirer ; mais c’est bien une réelle expression de libre louange qui jaillit de la gorge des disciples. C’est le fameux scat de Pentecôte !

Selon ce premier récit, la venue de l’Esprit en nous produit une telle explosion de joie que les mots ne suffisent pas à exprimer cette intense expérience. Alors on se met à prier sans paroles, mais avec jubilation. Comme le jazzman oublie sa partition et se lance dans une brillante improvisation, telle Ella Fitzgerald inventant le scat  avec ses onomatopées célèbres, ou plus simplement comme il vous arrive de fredonner sous la douche ou en voiture un air dont pourtant vous n’avez plus les paroles.

Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie dans Communauté spirituelle Pentecostals_PraisingCe phénomène est mieux connu maintenant que des chrétiens protestants américains – qui se sont justement appelés pentecôtistes à cause de cela – ont redécouvert cette effusion de l’Esprit à la fin du XIX° siècle. Le renouveau charismatique a relayé cette expérience à l’intérieur du catholicisme.

Ce phénomène peut légitimement s’appeler glossolalie = parler en langue (au singulier : la langue de l’Esprit Saint, qui ne se réduit à aucune langue particulière).

 

C’est cette glossolalie qu’évoque Paul dans ses lettres aux corinthiens :

« Celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu; personne en effet ne comprend: il dit en esprit des choses mystérieuses.  Celui qui prophétise, au contraire, parle aux hommes; il édifie, exhorte, réconforte.  Celui qui parle en langue s’édifie lui-même, celui qui prophétise édifie l’assemblée.  Je voudrais, certes, que vous parliez tous en langues, mais plus encore que vous prophétisiez; car celui qui prophétise l’emporte sur celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n’interprète, pour que l’assemblée en tire édification.

 (..) C’est pourquoi celui qui parle en langue doit prier pour pouvoir interpréter.  Car, si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence n’en retire aucun fruit.

  Que faire donc? Je prierai avec l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence. Je dirai un hymne avec l’esprit, mais je le dirai aussi avec l’intelligence.  (?) Si donc l’Église entière se réunit ensemble et que tous parlent en langues, et qu’il entre des non-initiés ou des infidèles, ne diront-ils pas que vous êtes fous?  Mais si tous prophétisent et qu’il entre un infidèle ou un non-initié, le voilà repris par tous, jugé par tous;  les secrets de son coeur sont dévoilés, et ainsi, tombant sur la face, il adorera Dieu, en déclarant que Dieu est réellement parmi vous. » (1 Co 14, 2-24)

Rappelons à nouveau le témoignage de St Augustin sur ce chant au-delà des paroles :

« Chantez-lui le cantique nouveau, chantez bien. Chacun se demande comment chanter pour Dieu. Chante pour lui, mais évite de chanter mal. [?] Eh bien, il te donne cette méthode de chant : ne cherche pas des paroles, comme si tu pouvais expliquer ce qui plaît à Dieu. Chante par des cris de jubilation. Bien chanter pour Dieu, c’est chanter par des cris de jubilation. En quoi cela consiste-t-il ? C’est comprendre qu’on ne peut pas expliquer par des paroles ce que l’on chante dans son c?ur. En effet ceux qui chantent, soit en faisant la moisson, soit en faisant les vendanges, ou n’importe quel travail enthousiasmant, lorsqu’ils se mettent à exulter de joie par les paroles de leurs chants, sont comme gonflés par une telle joie qu’ils ne peuvent la détailler par des paroles, ils renoncent à articuler des mots, et ils éclatent en cris de jubilation. [?] Que ton c?ur se réjouisse sans prononcer de paroles et que l’infinité de tes joies ne soit pas limitée par des syllabes. Chantez bien avec des cris de joie. » 

Aujourd’hui encore, la glossolalie de Pentecôte nous livre un message libérateur : n’ayez pas peur de laisser éclater votre joie ; ne vous retenez pas lorsque vous percevez la beauté du monde ou de quelqu’un. Chantez votre bonheur de vivre, fredonnez votre admiration de la nature, « scattez » votre émerveillement devant l’harmonie de l’univers autour de vous et en vous. Improvisez votre louange à partir des belles choses dont vous êtes témoins : cela décuplera votre sentiment de communion, et cela enracinera ses effets au plus intime de vous, pour longtemps.

 

 

La xénolalie

En plus de la glossolalie, un autre phénomène vient se greffer à cette fête de Pentecôte. La seconde version de l’évènement contenue dans notre texte évoque le « parler en d’autres langues » (xéno-lalie) comme un fruit de la venue de l’Esprit Saint sur nous.

« Tous, nous les entendons parler dans notre langue maternelle » (Ac 2,8) : la xénolalie a donc pour but de parler la langue de l’autre, afin de le toucher au coeur, avec sa culture, son histoire, son génie propre. Ce phénomène est quant à lui beaucoup plus rare aujourd’hui ! Et depuis longtemps. À tel point que les Pères de l’Église, constatant sa disparition, l’ont transposé dans la capacité de l’Église à parler  toutes les langues de la Terre, puisqu’elle est catholique (= universelle). Elle s’enracine grâce aux missionnaires dans chaque peuple pour lui traduire l’Évangile et lui parler avec ces mots.

L’intention reste alors très actuelle : l’Esprit nous pousse à apprendre à parler la langue de l’autre, à nous ouvrir à sa culture, à lui annoncer l’Évangile dans sa sagesse spécifique, son vocabulaire, sa grammaire propre.

 

Conjuguer glossolalie et xénolalie

L’enjeu de Pentecôte serait alors de ne plus séparer ce que le texte des Actes a uni : la libre louange au-delà des mots (glossolalie) et l’élan missionnaire avec son exigence d’inculturation (xénolalie).

 

Savoir se réjouir sans aucune honte de le manifester / se décentrer pour parler à l’autre à partir de sa culture : les deux mouvements ne fonctionnent que lorsqu’ils ont leur source dans une vie intérieure, dans une vie spirituelle authentique.

S’émerveiller va de pair avec dialoguer.

Savourer la beauté du monde engage à aller vers l’étranger pour habiter son monde à lui.

Exulter de joie et apprendre la langue de l’autre sont deux mouvements qui s’impliquent mutuellement (pour la présence de Dieu en soi, pour mille autres raisons…)

Bref : l’intériorité maximum et l’altruisme le plus exigeant sont deux faces d’une même monnaie, celle de Pentecôte, celle de l’Esprit en nous.

Comment aller vers l’autre jusqu’à apprendre sa langue si on n’est pas capable de s’émerveiller, de se réjouir de tout ce qu’il y a de vrai, de beau et de bien dans sa culture, son histoire, sa personne ?

Et comment apprécier vraiment le bonheur de vivre si je n’apprends pas à déchiffrer ce monde, à en mesurer la beauté, l’harmonie, la complexité ?

 

Même en entreprise, ce double mouvement est extraordinairement fécond. Lorsqu’on est employé au cadre, apprendre à parler la langue de l’autre est fondamental si on veut travailler ensemble. Cela demande beaucoup de bienveillance, et une grande faculté de se réjouir de ce que l’autre est en lui-même, différent de soi. Celui qui est capable de voir avec bonheur le positif du collègue, du N+1 ou N-1, sera souvent le même qui sait comment s’adresser à lui, comment le respecter dans ce qu’il est tout en lui adressant sa demande et son désir de travailler ensemble.

 

Glossolalie et xénolalie : au-delà de ces termes techniques, ce sont des expériences très concrètes qui sont liées à notre fête de Pentecôte. Porter attention à soi et à l’autre, ou plutôt à la présence de Dieu en soi (effusion de l’Esprit, glossolalie) et à la qualité de ma présence à l’autre (lui parler dans sa culture, xénolalie)…

 

Chantez, fredonnez, scattez comme Ella, tout en traduisant, en bon interprète passionné de la culture de l’autre : que Pentecôte nous s’apprenne à unir la joie intérieure et la communion avec l’étranger…

 

 

 

Messe du jour

1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Ac 2, 1-11)

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux.
Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.
Déconcertés, émerveillés, ils disaient : 
« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

 

Psaume : Ps 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34

R/ O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! 
Quelle profusion dans tes ?uvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, il expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses oeuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.

 

2ème lecture : L’Esprit du Christ fait l’unité de l’Église dans la diversité (1Co 12, 3b-7.12-13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. »
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit.
Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous.
Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.

Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.

sequence : ()

Viens, Esprit-Saint, en nos c?urs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos c?urs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le c?ur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu
donne le salut final
donne la joie éternelle.

Evangile : Jésus ressuscité donne l’Esprit Saint à ses Apôtres(Jn 20, 19-23)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Pénètre le c?ur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »

Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Patrick BRAUD

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