À grand pouvoir, grandes responsabilités
À grand pouvoir, grandes responsabilités
Homélie pour le 19° Dimanche du Temps Ordinaire / Année C
10/08/25
Cf. également :
Avec le temps…
La sobriété heureuse en mode Jésus
Restez en tenue de service
Agents de service
Manager en servant-leader
Jesus as a servant leader
Aimer Dieu comme on aime une vache ?
1. Spider-Man aurait-il écouté Jésus ?
La scène est culte : le jeune Peter Parker est dans la voiture de son oncle Ben. Il ne sait pas encore qu’il deviendra Spider-Man, mais son oncle – sans le savoir – le prépare à cette mission en lui confiant une maxime qui fera son chemin dans la tête du jeune héros aux supers pouvoirs d’araignée : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». Et Ben se fait assassiner peu après par des voyous. Comme si le prix de cette maxime était de donner sa vie… Parker ne cessera de réfléchir à cette phrase tout au long de son apprentissage de Spider-Man : ses pouvoirs ne lui ont pas été confiés pour faire des cabrioles, épater les filles ou s’enrichir facilement. Parker se découvre responsable de mettre ses pouvoirs au service de la justice, de la paix dans la cité, quitte à risquer sa vie lui aussi pour cela.
Comment ne pas y entendre un écho de la phrase de Jésus dans notre Évangile (Lc 12,32-48) : « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage » ?
L’usage de l’association « grand pouvoir » et « grande responsabilité » remonte au moins à l’époque de la Révolution française. On retrouve cette phrase :
« Ils doivent envisager qu’une grande responsabilité est la suite inséparable d’un grand pouvoir » (Comité Danton, 7 mai 1793).
En 1906, Winston Churchill, en tant que sous-secrétaire du Colonial Office, déclare : « Là où il y a un grand pouvoir, il y a une grande responsabilité ».
Pour Spider-Man, la phrase est apparue pour la première fois dans en 1962, dans une légende narrative du dernier panneau de la bande dessinée :
« Et une silhouette maigre et silencieuse s’estompe lentement dans l’obscurité croissante, consciente enfin que dans ce monde, avec un grand pouvoir doit également venir une grande responsabilité ».
Luc 12,48 nous apparaît alors comme le fondement d’une éthique de la responsabilité, dans toutes ses dimensions : individuelle, collective, pour soi-même, pour autrui, pour le monde, pour les générations futures. Comme le serviteur chanceux de la parabole des talents qui a reçu plus que les autres, ceux qui sont bourrés de qualités et de pouvoir – par héritage, par mérite, par hasard – ont comme Spider-Man l’immense responsabilité de les faire servir au bien commun. Plus tu as reçu, plus tu peux et dois donner. Paul le rappelait sans cesse : « Qu’as-tu que tu n’es reçu ? » (1Co 4,7), à la suite de Jésus : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10,8).
Le premier à avoir vécu jusqu’au bout – « jusqu’à l’extrême » – ce contre-don est Jésus lui-même : son Père l’a comblé de l’Esprit plus qu’aucune créature ; il a fait de lui l’Oint de YHWH débordant de charisme, de pouvoir, en paroles et en actes. Jésus a fait fructifier ces talents reçus de son Père jusqu’à se livrer entièrement lui-même. À la fin de sa vie, il reprend le verbe « confier » de Luc 12,48 (« celui à qui on a confié davantage ») pour rendre à son Père le centuple de ce qu’il avait reçu : « Père, entre tes mains je confie mon esprit » (Lc 23,46). Son privilège de Fils unique l’obligeait à servir.
Depuis Jésus – l’enfant gâté, comblé, héros aux supers pouvoirs divins –, nous savons que le don est une dette, la puissance une charge, la connaissance un appel à agir.
Explorons les dimensions de la responsabilité que nous confèrent les dons reçus.
2 Responsabilité personnelle
Être responsable, c’est étymologiquement être capable de répondre (à quelqu’un, de quelque chose ou de quelqu’un). L’irresponsable n’est pas jugé par la loi : on l’enferme dans un hôpital psychiatrique en espérant que les traitements lui feront trouver une certaine conscience de lui-même, afin de pouvoir répondre de ses actes.
Le premier responsable de mes actes – sauf maladie mentale – c’est bien moi, en personne. Le christianisme préfère le terme de personne à celui d’individu, car la personne n’existe qu’en relation avec d’autres (per-sona en latin = masque de théâtre = faire passer le son de la parole à travers quelqu’un pour communiquer avec autrui) alors que l’individu est un atome isolé, supposé insécable (in–divisis en latin = qu’on ne peut diviser), ce qui relève d’une conception proprement libérale de l’être humain, bien loin de la personne à l’image du Christ et des trois personnes trinitaires. Ainsi la responsabilité personnelle n’est jamais isolée du contexte ni de la communauté, tout en gardant le caractère singulier du sujet qui agit.
Reste que cette dimension personnelle de la responsabilité est inaliénable ! Je ne peux me défausser devant celui qui me demande des comptes sur la gestion de mes talents, en lui répondant : « Ce n’est pas moi ; c’est la conjoncture, la fatalité, la société, c’est les autres ». Je ne peux répondre à la place d’un autre, et personne ne peut répondre à ma place. Voilà de quoi nous rendre humbles ! Car qui peut répondre : « j’ai toujours fait le maximum en tout temps en tout lieu avec tous et chacun » ?
Origène insiste sur la responsabilité accrue de ceux qui ont reçu plus de dons spirituels ou de connaissances. Pour lui, la grâce est un appel à la vigilance et non un motif d’orgueil : « Si donc tu as reçu plus que les autres, ne t’enorgueillis pas, car on exigera de toi davantage. (…) Plus tu as reçu de grâce, plus il te faut craindre, car la mesure du don devient la mesure du jugement. »
Cette perspective du jugement (dit « particulier » par distinction du « jugement général » de tous à la fin des temps) devrait rendre simples les puissants, et modestes les grands de ce monde, comme l’y invitait Augustin : « Si l’on doit demander beaucoup à celui à qui on a beaucoup donné, que celui qui a reçu beaucoup s’humilie davantage. »
C’est pourquoi on reçoit en tremblant des nominations importantes, des promotions prestigieuses, des postes de commandement, des fortunes à gérer, des succès personnels à convertir en progrès pour tous : « La grâce augmente la charge, tandis que l’ignorance peut excuser » noter Grégoire le Grand. C’est pourquoi « les serviteurs fidèles redoutent plus la grâce que l’ignorance ». Grégoire souligne la gravité de la responsabilité morale attachée à la connaissance et à la grâce. Il voit dans Luc 12,48 un fondement de l’idée que le savoir entraîne une obligation morale.
Cyrille d’Alexandrie dit la même chose, sur le plan de la connaissance (savoir théologique, intellectuel, scientifique etc.) : « Il est juste que le Seigneur demande plus à celui à qui il a révélé davantage, car une lumière plus grande appelle une obéissance plus parfaite ». Celui qui a eu plus de lumière (révélation, connaissance, grâce) doit vivre dans une fidélité plus grande.
C’est donc une mise en garde sérieuse à tous ceux qui en ce monde ont reçu plus de pouvoir, savoir et d’avoir que les autres : ne vous endormez pas sur vos talents, ne les enfermez pas dans des greniers clos ; faites les circuler, pour le bien du plus grand nombre.
Vous allez peut-être botter en touche en objectant : « Je ne suis ni Vladimir Poutine ni Elon Musk, ni Bernard Arnault ni Van Gogh » ! Si cette dérobade vous tente, il est temps de prendre un bon coach qui vous aidera à prendre conscience des trésors qui dorment en vous. Quel être humain peut dire : « Je n’ai rien reçu » ? Même la personne la plus handicapée a des pouvoirs incroyables : liens d’affection, vie intérieure, capacité d’émouvoir, simplicité émotionnelle, appel au dépassement, à l’essentiel etc.
Chacun, dans sa vie de famille, de travail, d’amitié, d’engagements sportifs, associatifs etc. peut mobiliser en lui tel savoir/savoir-faire/savoir être qui fait de lui un Spider-Man de poche, si précieux pour le bien commun autour de lui.
3. Responsabilité collective
Le philosophe Hans Jonas (1903–1993) peut nous aider à élargir encore l’impact de Luc 12,48 en dépassant la simple dimension individuelle de la responsabilité.
Une responsabilité proportionnée à la puissance.
Dans son ouvrage majeur Le Principe responsabilité (1979), il défend l’idée que l’éthique traditionnelle — centrée sur la proximité, le court terme, et les effets visibles des actes — est devenue inadéquate face à l’échelle du pouvoir technologique moderne. Le progrès a donné à l’homme une capacité d’action sans précédent, capable d’affecter non seulement les individus contemporains, mais aussi les générations futures, les écosystèmes et l’avenir même de la planète.
Cette capacité nouvelle impose une responsabilité accrue. Jonas énonce un principe fondamental : « Le pouvoir implique un devoir ». Cela signifie que toute augmentation de notre pouvoir d’agir entraîne un accroissement corrélatif de notre responsabilité morale. « La responsabilité nous en incombe sans que nous le voulions, en raison de la dimension de la puissance que nous exerçons quotidiennement […] Cette responsabilité doit être du même ordre de grandeur que cette puissance. »
Ce principe trouve une expression claire et précoce dans Luc 12,48. En effet, la phrase de Jésus n’est pas une simple mise en garde spirituelle ; elle définit une éthique asymétrique de la justice : plus on a reçu (en savoir, en pouvoir, en ressources, en privilèges), plus on est redevable. Il n’y a pas de don sans dette, pas de privilège sans contrepartie.
Anticiper les conséquences à long terme.
Jonas plaide pour une éthique téléologique, orientée vers l’avenir : l’homme doit anticiper les conséquences de ses actes sur le long terme, en particulier dans leur impact sur la survie de l’humanité et la biosphère. Il réforme ainsi l’impératif kantien en le projetant dans l’avenir : « Agis de manière que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre »
Cette éthique de la prévoyance résonne avec l’exigence morale exprimée par Jésus : rendre compte de ce qui nous a été confié. Le verbe « confier » dans Luc 12,48 renvoie à une idée de gestion, de mandat, voire de délégation sacrée. Qu’il s’agisse de l’âme, de la connaissance, des autres, ou de la nature, le don reçu est une charge. Il est confié à notre liberté, mais nous devrons en répondre. Jonas et Luc se rejoignent dans l’idée d’une responsabilité orientée vers le futur, exigeante et asymétrique : celui qui a le plus doit le plus.
Une responsabilité pour le vivant et pour l’humanité, pour tout ce qui est vulnérable.
Jonas étend la sphère morale au-delà du présent et au-delà de l’humain : il nous oblige à penser notre responsabilité vis-à-vis du vivant, des êtres vulnérables, et des générations à venir. C’est là un point décisif dans sa pensée : la morale ne peut plus se limiter au « vis-à-vis » classique des éthiques anciennes ; elle doit inclure ceux qui ne peuvent encore ou plus parler pour eux-mêmes. Cela inclut les enfants à naître, les espèces animales menacées, les équilibres naturels.
Luc 12,48 peut ainsi être compris non seulement comme une maxime spirituelle, mais aussi comme une règle d’éthique environnementale ou politique : le privilège de la connaissance, du pouvoir ou de la richesse est inséparable d’un devoir envers ce qui est fragile, vulnérable, en dépendance. Le passage biblique anticipe ainsi une idée centrale chez Jonas : la responsabilité comme catégorie centrale de l’éthique future.
Ainsi, bien que Hans Jonas ne commente pas explicitement Luc 12,48, sa pensée en constitue une actualisation philosophique puissante. Dans un monde où l’homme dispose de capacités décisives pour l’avenir de la vie, cette parole de Jésus trouve un écho profond : le don est une dette, la puissance une charge, et la connaissance un appel à agir. La réflexion de Jonas permet de lire ce verset non seulement comme une exhortation spirituelle, mais comme une clé de lecture pour notre condition moderne : celle d’être responsables non seulement de ce que nous faisons, mais de ce que nous sommes devenus capables de faire.
Il s’agit de rendre compte, non seulement à Dieu, mais aussi à la postérité, à la communauté humaine, et même à la nature.
Nos générations ont des supers pouvoirs inconnus des précédentes. La 4° Révolution industrielle que nous traversons avec le numérique et l’intelligence artificielle (après le charbon, l’électricité, l’informatique) va conférer à l’humanité des possibilités d’évolution vertigineuses.
Le progrès technique, « ce Prométhée définitivement déchaîné, auquel la science confère des forces jamais encore connues et l’économie son impulsion effrénée », nous rend capables d’affecter la Terre et les vivants dans des proportions inédites. Il est urgent de penser « les nouvelles obligations correspondant au pouvoir nouveau ». Cette capacité nouvelle impose une responsabilité accrue.
Jésus ne pouvait évidemment pas prévoir que sa petite phrase aurait des répercussions aussi vastes pour l’avenir de l’humanité. Mais, si nous voulons être fidèles à l’Esprit qui l’animait, nous devons élargir la notion biblique de responsabilité à tout l’homme, tous les hommes, ainsi qu’à notre planète et même à l’univers entier, et aux siècles qui viennent.
Répétons-le : le don est une dette, la puissance une charge, la connaissance un appel à agir.
« À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage » : comment puis-je être Spider-Man façon Jésus cette semaine, cet été et au-delà ?
Lectures de la messe
Première lecture
« En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire » (Sg 18, 6-9)
Lecture du livre de la Sagesse
La nuit de la délivrance pascale avait été connue d’avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie. Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis. En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire. Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d’un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.
Psaume
(Ps 32 (33), 1.12, 18-19,20.22)
R/ Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu. (Ps 32, 12a)
Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu,
heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine !
Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.
Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !
Deuxième lecture
« Abraham attendait la ville dont le Seigneur lui-même est le bâtisseur et l’architecte » (He 11, 1-2.8-19)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères, la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi.
Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait.
Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré dans la Terre promise, comme en terre étrangère ; il vivait sous la tente, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse, car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable.
C’est dans la foi, sans avoir connu la réalisation des promesses, qu’ils sont tous morts ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs. Or, parler ainsi, c’est montrer clairement qu’on est à la recherche d’une patrie. S’ils avaient songé à celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d’y revenir. En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux. Aussi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, puisqu’il leur a préparé une ville.
Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration.
Évangile
« Vous aussi, tenez-vous prêts » (Lc 12, 32-48)
Alléluia. Alléluia. Veillez, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra. Alléluia. (cf. Mt 24, 42a.44)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si le serviteur se dit en lui-même : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Patrick BRAUD
Mots-clés : Hans Jonas, pouvoir, responsabilité, Spider-Man

































