L'homélie du dimanche (prochain)

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12 novembre 2011

Décevante est la grâce et vaine la beauté

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Décevante est la grâce et vaine la beauté


Homélie du 32° dimanche ordinaire / Année A / 13/11/2011

« Décevante est la grâce et vaine la beauté » : cet énoncé désabusé de la sagesse proverbiale biblique (Pr 31,30) pourrait nous sembler bien machiste aujourd’hui.

Émane-t-il d’un homme déçu ? d’une cour royale qui se méfie des femmes ? d’une culture sémite qui ne croit pas à l’égalité ?

 

Grâce et beauté dans la Bible

Pourtant, il y a tant de passages bibliques où la grâce féminine et sa beauté sont célébrées comme des dons divins !

Esther, grâce à sa beauté, va libérer son peuple.

Judith, en séduisant Holopherne, va lever le siège de Jérusalem.

Ruth est si belle qu’elle vainc la résistance de Booz à épouser une étrangère, et annonce ainsi l’universalité d’Israël.

Le Cantique des cantiques chante la beauté de la bien-aimée : cette contemplation de la beauté de l’autre qui réjouit l’amant est le signe et l’annonce de la contemplation de la beauté en Dieu lui-même.

La liste est longue donc des femmes mettant leur beauté au service de l’Alliance.

Dans le Nouveau Testament, on ne dit pas grand-chose de l’aspect physique de Marie, signe sans doute que l’essentiel n’est pas là. Elle est « comblée de grâce », mais on n’a aucune indication de sa beauté. Les peintres ensuite ne pourront pas l’imaginer laide : des icônes à Salvador Dali en passant par Fra Angelico, les hommes qui ont peint Marie ou les femmes de l’Évangile ont rivalisé de splendeur pour évoquer cette présence féminine autour de Jésus.

Alors, d’où vient ce scepticisme du livre des Proverbes sur la grâce et la beauté ?

Pour une part de l’expérience.

Ce sont des femmes qui ont amené Salomon à introduire l’idolâtrie en Israël. Parce qu’elles étaient étrangères, et parce que Salomon était sous le pouvoir de leur charme, elles ont fait entrer Baal et Astarté au panthéon des dieux d’Israël (1R 11).

C’est Dalila qui trompe Samson et le trahit en lui extorquant son secret, en le répétant aux Philistins. Pire encore : elle lui enlèvera sa force en lui coupant sa chevelure (Jg 16). Les Samsons ultérieurs pourront avoir des raisons de se méfier…

C’est Ève bien sûr qui se laisse tromper par le serpent, entraînant Adam dans la chute (Gn 3).

C’est Hérodiade ou Salomé unies dans l’adultère et le meurtre (Mc 6).

Le bilan de la grâce et de la beauté est donc pour le moins contrasté dans la Bible ! On pourrait d’ailleurs faire le constat symétrique pour les atouts masculins. Si bien qu’on ne sait rien non plus de la beauté physique de Jésus, sinon qu’il était défiguré et objet de mépris au moment de sa passion (cf. Is 53,1-3).

 

Le beau, le vrai, le bien

Alors, que faire de cette sentence austère : « vaine est la grâce et décevante la beauté » ?

On peut au moins lire l’éloge qui vient juste après : « chanter la louange de la femme qui craint le Seigneur ; reconnaître les fruits de son travail ; faire l’éloge de son activité sur la place publique ». C’est donc qu’il y a des réussites au-delà des apparences, des succès peu reluisants, et des fécondités peu esthétiques.

Ici-bas, le beau et le bien ne coïncident pas. Alliées ou ennemies, la grâce et la vérité doivent apprendre à compter l’une sur l’autre. La Bible aura même une préférence pour tous ceux qui ne sont pas brillants aux yeux des hommes, ceux que la laideur et le peu de charme relégueraient trop facilement aux oubliettes du désir de vivre ensemble.

On en revient à une attitude qui n’est pas sans consonance bouddhiste : apprécier la beauté sans s’y attacher, savourer la grâce sans s’y enfermer, conjuguer le beau, le vrai et le bien sans qu’aucun des trois ne se croit autosuffisant.

 

La beauté des damnés de la terre

Si vous avez vu le film sur l’histoire du Père Joseph Wresinski et ATD Quart-monde (récemment diffusé sur France 3), vous avez remarqué ces hommes et ces femmes physiquement marqués par leur galère. Cheveux filasses, dents manquantes, trop grosses ou trop maigres, ces silhouettes des igloos des bidonvilles de Nanterre et d’ailleurs n’ont rien de la grâce et de la beauté des magazines. Mais elles incarnent la dignité due à tout être humain, dont la vraie splendeur ne sera dévoilée qu’au-delà de la mort.

Parfois, de manière fugace, des transfigurations fulgurantes nous font deviner la grâce et la beauté qui nous attendent, qui nous habitent.

Parfois, elles se superposent à la grâce et à la beauté physique ; souvent elles les contestent.

Le tout, c’est d’être assez libre pour goûter les unes en célébrant les autres.

 

Patrick BRAUD

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5 novembre 2011

L’anti terreur nocturne

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L'anti terreur nocturne

 

Homélie du 32° dimanche ordinaire / Année A / 6/11/2011

 

Terreur nocturne

Pour les parents, tout commence par un cri au milieu de la nuit.

Un cri de panique venant de la chambre d'enfant. Les yeux dans le vide, le gamin est terrifié, en larmes et fait des mouvements de terreur. Même si ses parents tentent de le rassurer, cela n'a aucun effet sur lui puisqu'il ne les reconnaît pas et continue à proférer des phrases incompréhensibles et incohérentes. L’enfant est souvent assis sur son lit, les yeux écarquillés et fixes, en mydriase. Il a l’air terrifié, hurle, et est insensible aux tentatives de ses parents pour le rassurer : il se débat, lorsqu’on tente de le toucher pour le calmer. De plus, sa respiration s'accélère, son visage devient rouge ou pâle et il est très agité. La crise dure environ 20 minutes puis l'enfant se rendort. Au matin, il ne gardera aucun souvenir des évènements de la nuit. Qui a vu un enfant tétanisé dans cette posture hypnotique en restera effrayé pour toujours.

 

 

Le cri évangélique

Dans la parabole des vierges sages et folles, il y a également un cri au milieu de la nuit. Mais justement, c’est quasiment le symétrique inverse de celui de la terreur nocturne qui réveille les parents affolés. Et la terreur nocturne peut nous permettre de comprendre, a contrario, le cri évangélique.

- Ce cri au milieu de la nuit ne provient pas de l’endormissement, mais au contraire de la veille de ceux qui persévèrent à guetter la venue de l’époux. Malgré son retard énorme – et en quelque sorte impardonnable ! – certains ne désespèrent pas de voir l'époux arriver. Ils préviennent aussitôt celles qui ont sombré dans le sommeil à cause de la longueur de l’attente (quel mufle ce mari de faire ainsi poireauter ses invités !).

- Ce cri au milieu de la nuit ne provoque pas la terreur, mais la joie.

Les yeux ne sont pas dans le vide, mais à la recherche de l’époux.

La posture n’est pas hypnotique, mais consciente et désirante.

- Ce cri au milieu de la nuit ne se résout pas par le retour au sommeil, mais par l’entrée dans la salle de noces, bien éveillées.

- Ce cri au milieu de la nuit ne se fait pas oublier. Le gamin terrorisé ne se souvient de rien au matin. Les vierges et l'époux se souviennent de tout, et personne ne pourra faire comme s’il ne s’était rien passé.

- La terreur nocturne  rend l’enfant affreux, quasi possédé. Le cri au milieu de la nuit rend les lampes belles et décorées (le verbe employé en grec, cosmeo, évoque la cosmétique dont les vierges usent pour orner leurs lampes, selon le texte original). Paul Claudel notait d'ailleurs avec perplexité en marge de sa Bible précieusement conservée : « Curieuse expression ! Orner sa lampe. Que faut-il entendre par là ? »

 

Le cri de la parabole n’a donc rien à voir avec celui de la terreur nocturne, ni avec le L'anti terreur nocturne dans Communauté spirituelle AFP_080521cri_munch_oslo_gcélèbre tableau plein d’angoisse du cri de Munch.

C’est une joyeuse annonce qui réveille les consciences.

C’est un signal qui met en mouvement vers l’être aimé.

C’est la fin de l’attente alors qu’elle paraissait interminable.

C’est le moment de vérité qui révèle si l’huile de chacune va suffire ou non pour éclairer le trajet qui reste à parcourir.

 

Les cris contemporains

« Debout! Pousse un cri dans la nuit au commencement des veilles; répands ton coeur comme de l’eau devant la face de Yahvé, élève vers lui tes mains pour la vie de tes petits enfants ! » (Lm 2,19)

 

Quels sont les cris au milieu de la nuit qui déchirent nos assoupissements ?

 

Des événements terribles peuvent nous crier qu’il est temps de nous réveiller : une catastrophe naturelle (cf. l’interprétation de la chute de la tour de Siloé par Jésus en Lc 13,4-5), une épreuve imprévue (deuil, maladie, séparation)…

 dans Communauté spirituelleLes événements heureux peuvent également nous faire lever. C’est d’ailleurs le verbe de la résurrection : egeirein = se lever d’entre les morts, qui est employé dans la parabole pour évoquer l’effet du cri sur les 10 vierges. Il peut s’agir d’une naissance, d’un mariage, d’une lecture, d’une musique, d’un paysage, d’une émotion indicible…

Le cri de Marie uni à celui du nouveau-né dans la nuit de Bethléem fait partie de ces signaux. Un peu comme le schofar qui sonne l'appel au rassemblement du peuple pour une fête. Un peu comme un point d'inflexion qui marque un tournant dans l'évolution d'une trajectoire.

 

Le cri vient souvent de témoins à peine connus. Le cri de l’Abbé Pierre en hiver  1954 ; celui du Père Joseph Wresinski pour réclamer la dignité due aux peuples du quart-monde ; celui de Stéphane Hessel qui provoque la révolte des « indignés » etc….

 

L’important est de se laisser réveiller par ce cri.

Alors que la tentation est de ronronner sur sa propre quiétude, en faisant comme si notre histoire n’avait pas de fin, le cri au milieu de la nuit nous remet en état de désirer, de rencontrer, de marcher vers l’autre.

Après, bien sûr, il y a la question de la provision d’huile, et c’est un autre enjeu : celui de notre responsabilité personnelle.

 

Mais, si nous sommes sourds aux cris qui nous relèvent, comment aller vers l’être aimant (l'époux) ?

Figure du Christ, l’époux vient à notre rencontre dans la nuit, et nous devons faire confiance à d’autres pour l’entendre venir et le reconnaître. À travers les visages des défigurés, sous les haillons des mal- vêtus et des mal-logés, dans l’obscurité qui enveloppe toujours les exclus de nos villes ou de nos familles, l’époux vient, méconnaissable, inattendu, imprévisible.

Seul un cri au milieu de notre nuit pourra nous lancer à sa rencontre : joie intense qu’aucune terreur nocturne ne pourra nous enlever…

 

Patrick Braud

 

 

1ère lecture : La Sagesse vient à la rencontre de ceux qui la cherchent (Sg 6, 12-16)

Lecture du livre de la Sagesse

La Sagesse est resplendissante, elle est inaltérable .Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent.
Elle devance leurs désirs en se montrant à eux la première.
Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte.
Ne plus penser qu’à elle prouve un parfait jugement, et celui qui veille en son honneur sera bientôt délivré du souci.
Elle va et vient pour rechercher ceux qui sont dignes d’elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; chaque fois qu’ils pensent à elle, elle vient à leur rencontre.

 

Psaume : Ps 62, 2, 3-4, 5-6, 7-8

R/ Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu.

Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau. 

Je t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire. 
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres ! 

Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom. 
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. 

Dans la nuit, je me souviens de toi
et je reste des heures à te parler. 
Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.

 

2ème lecture : L’espérance devant la mort (brève : 13-14) (1Th 4, 13-18)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens

Frères,
nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance.
Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils.
Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : nous les vivants, nous qui sommes encore là pour attendre le retour du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis.
Au signal donné par la voix de l’archange, à l’appel de Dieu, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et les morts unis au Christ ressusciteront d’abord.
Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur.
Retenez ce que je viens de dire, et réconfortez-vous les uns les autres.

 

Evangile : La venue du Fils de l’homme. « Voici l’époux, sortez à sa rencontre » (Mt 25, 1-13)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Soyez vigilants et demeurez prêts : vous ne connaissez pas l’heure où le Fils de l’homme viendra. Alléluia. (Mt 24, 42.44)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole :
« Le Royaume des cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles étaient insensées, et cinq étaient prévoyantes : les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l’huile en réserve.
Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : ‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe.
Les insensées demandèrent aux prévoyantes : ‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.’
Les prévoyantes leur répondirent : ‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en procurer chez les marchands.’
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l’on ferma la porte.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent : ‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’
Il leur répondit : ‘Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.’
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

29 octobre 2011

Une autre gouvernance

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Une autre gouvernance

 

Homélie du 31° dimanche ordinaire / Année A / 30/10/2011

 

Ce que dit Jésus de l’attitude des responsables de communauté de ses disciples (Mt 23,1?12) vaut également pour l’entreprise, la famille, la politique.

La recherche des honneurs peut gangrener les meilleurs.

La soif de pouvoir peut dénaturer les plus belles intelligences.

Les rapports de domination s’insinuent partout : dans l’Église avec sa hiérarchie comme dans l’entreprise avec ses petits chefs ou dans la famille avec ses tabous indiscutables.

 

Le retour à l’Évangile est un antidote sûr : le venin de la domination menace toujours la vie ecclésiale. Seule la relecture infatigable de l’attitude de Jésus convertira l’Église à l’Esprit d’humilité qui le caractérisait.

Une autre gouvernance dans Communauté spirituelleLui n’a jamais recherché les places d’honneur public, les premiers rangs à des concerts ou à des manifestations prestigieuses, les décorations faussement discrètes arborées au revers de la veste, les titres qui en imposent etc..

Pourtant, son humilité ne l’a jamais empêché de s’affirmer avec force et courage. « Vous m’appelez maître et seigneur, et vous avez raison car vraiment je le suis ». Chez Jésus, cette affirmation de soi ne se fait jamais contre un autre, mais au service de tous : « si donc moi le maître le serviteur je vous ai lavé les pieds, c’est pour que vous fassiez de même… » (Jn 13,14).

L’humilité du Christ est fondamentalement au service de la fraternité, qui exige l’égalité entre tous.

 

François d’Assise incarne merveilleusement cet état d’esprit d’humilité. Il a refusé d’être ordonné prêtre, il a voulu rester diacre pour ne pas se retrouver dans la position dominante des prêtres à l’époque (12°-13° siècle). Il a aidé l’Église à quitter la logique féodale des relations seigneur-vassal. Il s’est battu pour la fraternité à tous les étages de l’ordre franciscain. Jusqu’à connaître la « joie parfaite » de celui qui est rejeté par sa famille spirituelle et pourtant ne répond pas à l’humiliation par la vengeance où la haine…

 

Est-ce irréaliste d’espérer que nos Églises se convertissent sans cesse à cet esprit d’humilité ?

Est-ce utopique de croire en entreprise que chacun peut adopter ce style de conduite sans rien renier de sa valeur personnelle ?

Est-ce anarchiste d’inviter nos familles à réviser les relations parents-enfants, frères-soeurs, mari-femme, pour se mettre au service les uns des autres ?

 

Les grands leaders en entreprise sont rarement ceux qui s’affichent ostensiblement comme tels, ou qui s’appuient sur leur voiture de fonction, leur Blackberry, leurs stock-options ou leur grade hiérarchique pour imposer le respect.

 

Regardez Bill Gates ou Steve Jobs : patrons nouvelle génération, leur autorité leur venait naturellement, sans artifice, avec une simplicité désarmante.

 « Je ne l’ai pas vu tout de suite, mais il apparaît maintenant clairement qu’être viré d’Apple fut la meilleure chose qui me soit arrivé. Le poids de devoir être un facteur de succès pour l’entreprise a été remplacé par la légèreté d’être un petit nouveau, moins sûr de tout savoir. » 

 « Être l’homme le plus riche du cimetière ne m’intéresse pas… Aller au lit en se disant qu’on a fait quelque chose de magnifique… C’est ce qui m’importe. » (Steve Jobs)

 

Il existe des managements dits concurrentiels où l’on dresse les salariés les uns contre les autres.

D’autres managements d’inspiration ultralibérale prônent la réussite individuelle à tout prix, en récompensant le parcours des meilleurs dans la recherche de la distinction, comme s’ils étaient isolés des autres.

Rares sont les managements de type coopératif, où l’esprit d’humilité donne à chacun sa chance, porté par le collectif.

Pourtant, montrer du respect pour ses troupes ne signifie pas abdiquer son leadership. Au contraire, c’est ce qui différencie le vrai manager du petit chef

 

Un auteur connu dans le monde du management, Jim Collins, a repéré dans un ouvrage célèbre : « De la performance à l’excellence » les points communs de 11 entreprises américaines cotées en Bourse, sélectionnées selon les critères suivants : elles ont toutes connu de bons résultats pendant au minimum une quinzaine d’années avant de connaître un changement radical et des performances excellentes (au moins trois fois le marché, en surpassant nettement les entreprises comparables) et ce pendant au moins 15 ans en continu. Ce livre présente le travail méticuleux de plusieurs années de recherche de Jim Collins et sa quinzaine de chercheurs en management.

Selon eux, la première des raisons principales du passage à l’excellence est le caractère du dirigeant. Outre son talent, son savoir, ses compétences et ses méthodes de travail, il est au service de son entreprise via un savant mélange entre ambition forte pour son entreprise et humilité sur le plan personnel. En cela, ce livre s’oppose à la croyance couramment répandue qu’un patron charismatique est forcément plus performant qu’une personnalité plus effacée.

 

Rien n’empêche donc de conjuguer humilité et performance, fraternité et émulation, égalité et différence.

Le rôle chacun est différent et il sera d’autant mieux accepté qu’il s’exercera sur fond de service et d’humilité.

 

Prions l’Esprit du Christ : qu’il nous donne de vivre intégralement cet évangile où les plus grands aux yeux du monde s’agenouillent devant les plus petits…

 

 

1ère lecture : Dieu reproche aux prêtres de son Temple leur infidélité (Ml 1, 14b; 2, 2b.8-10)

Lecture du livre de Malachie

Je suis le Grand Roi, dit le Seigneur de l’univers, et mon Nom inspire la crainte parmi les nations.
Maintenant, prêtres, à vous cet avertissement :
Si vous n’écoutez pas, si vous ne prenez pas à c?ur de glorifier mon Nom – déclare le Seigneur de l’univers – j’enverrai sur vous la malédiction, je maudirai les bénédiction que vous prononcerez.
Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude, vous avez perverti mon Alliance avec vous, déclare le Seigneur de l’univers.

A mon tour je vous ai déconsidérés, abaissés devant tout le peuple, puisque vous n’avez pas suivi mes chemins, mais agi avec partialité en accommodant la Loi.

Et nous, le peuple de Dieu, n’avons-nous pas tous un seul Père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? Pourquoi nous trahir les uns les autres, profanant ainsi l’Alliance de nos pères ?

 

Psaume : 130, 1, 2, 3

R/ Garde mon âme dans la paix près de toi, Seigneur.

Seigneur, je n’ai pas le coeur fier
ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent. 

Non, mais je tiens mon âme
égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.

Attends le Seigneur, Israël,
maintenant et à jamais.

 

2ème lecture : L’Apôtre et la communauté (1 Th 2, 7b-9.13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens

Frères,
avec vous nous avons été pleins de douceur, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons.

Ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes, car vous nous êtes devenus très chers.

Vous vous rappelez, frères, nos peines et nos fatigues : c’est en travaillant nuit et jour, pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous, que nous vous avons annoncé l’Évangile de Dieu.

Et voici pourquoi nous ne cessons de rendre grâce à Dieu. Quand vous avez reçu de notre bouche la parole de Dieu, vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement : non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’oeuvre en vous, les croyants.

 

Evangile : Reproches de Jésus aux scribes et aux pharisiens (Mt 23, 1-12)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Vous n’avez qu’un seul Père, votre Père au ciel ; vous n’avez qu’un seul maître, c’est le Christ. Alléluia. (cf. Mt 23, 9-10)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus déclara à la foule et à ses disciples :

« Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.

Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.

Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ;

ils aiment les places d’honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues,

les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.

Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul enseignant, et vous êtes tous frères.

Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.

Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.

Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »
Patrick Braud

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22 octobre 2011

L’amour du prochain et le « care »

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’amour du prochain et le « care »


Homélie du 30° dimanche ordinaire / Année A
23/10/2011

 

Une tentation du catholicisme en France pourrait bien être de devenir une religion de la « relation courte ». Devenue minoritaire, la communauté catholique pourrait tomber dans le piège d’un repli sur des relations interpersonnelles chaleureuses entre les happy few de petites communautés très identitaires.

 

L'amour du prochain et le « care » dans Communauté spirituelleDans ce contexte, le deuxième commandement cité par Jésus en Mt 22,34-40 serait interprété selon une logique très individualiste. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » serait traduit par : souris à ton voisin ; prend soin de tes collègues ; fais attention à tes proches. Les théoriciens du « care » aux États-Unis se sont engouffrés dans cette voie. « To take care » en anglais, c’est prendre soin de l’autre, individuellement, être attentif à lui dans les multiples services que je peux lui rendre. C’est déjà énorme. Le deuxième commandement biblique ne nie pas le care, mais ne veut pas l’absolutiser non plus. Aimer son prochain ne se réduit pas à restaurer des petits îlots communautaires où l’on guérit les blessures de la vie de quelques-uns. Si l’Église se laissait réduire à ce rôle d’atelier de réparation pour quelques accidentés de la vie, elle s’éloignerait de sa grande tradition sociale. Même minoritaire, elle s’est toujours considérée comme sel de la terre et levain dans la pâte pour la transformation de la société tout entière.

Et c’est là où l’Ancien Testament demeure irremplaçable. Le Nouveau Testament n’a pas eu le temps ni l’espace pour développer toutes les conséquences sociales de la foi en Jésus-Christ. D’ailleurs pour l’essentiel, il assume tout ce que l’Ancien Testament a déjà établi comme repères sociaux et politiques en la matière. La première lecture de ce dimanche vient ainsi en complément indispensable de notre évangile.

 

 

« Aimer son prochain comme soi-même », ce n’est pas seulement prendre soin de ses  amour dans Communauté spirituelleproches (ce qui déjà est énorme, répétons-le), mais c’est ordonner la vie sociale autour de la protection des plus faibles. Ne pas maltraiter l’immigré, ne pas accabler la veuve et l’orphelin, ne pas prêter à des taux usuraires, ne pas dépouiller les pauvres pour des raisons financières : avouons-le, ces impératifs divins énoncés dans le livre de l’Exode (22,20-26) constituent un programme politique qui est toujours d’actualité. Quand on compile toutes les protestations sociales des prophètes, toutes les prescriptions légales de la Tora, tous les principes de gouvernement énoncés par les sages, on se dit que le commandement de l’amour du prochain est décidément beaucoup plus large que le care anglo-saxon !

 

L’ultralibéralisme ambiant voudrait transformer le christianisme en thérapie individuelle. La recherche du bien-être personnel devient un petit dieu, et fait perdre de vue le bien commun, les réformes structurelles, une vision globale. Bien des chrétiens tombent dans ce piège de la « relation courte » quasi exclusive. D’après eux, les changements collectifs seraient illusoires. Seule compterait la transformation du coeur de chacun.

Mais pourquoi opposer les deux ? Que devient la grande histoire de la doctrine sociale de l’Église, depuis le ?communisme’ des premières communautés chrétiennes (cf. le livre des Actes des Apôtres) jusqu’à la dénonciation des « structures de péché » par Jean Paul II, en passant par les vigoureuses interpellations des Pères de l’Église (ex : « la terre est à tous » ; « en cas de nécessité tout est commun » etc…).

 

Les trois amours que Jésus unit dans sa célèbre réponse de Mt 22,34-40 ont donc d’immenses conséquences sociales. La philosophie personnaliste qui sous-tend depuis lors l’action des chrétiens ne limite pas l’amour du prochain à la « relation courte » avec ses voisins.

 

À l’approche des présidentielles de 2012, il faut le redire : les chrétiens sont dépositaires d’une vision profondément originale de la société, d’une force de proposition et de transformation.

Tout en jouant le jeu du pluralisme moderne, légitime et nécessaire, les Églises sauront-elles prendre part à ces débats d’avenir ? Les chrétiens sauront-ils élargir l’amour du prochain à la réforme du vivre ensemble ?

 

 

1ère lecture : Dieu exige qu’on aime les pauvres (Ex 22, 20-26)

Lecture du livre de l’Exode

Quand Moïse transmettait au peuple les lois du Seigneur, il disait : « Tu ne maltraiteras point l’immigré qui réside chez toi, tu ne l’opprimeras point, car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Égypte. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin. Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée : vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins.

Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n’agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d’intérêts. Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ; c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir. S’il crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant ! »

Psaume : 17, 2-3, 4.20, 47.51ab

R/ Je t’aime, Seigneur, Dieu qui me rends fort !

Je t’aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon roc, ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite,
mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !

Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur,
je suis sauvé de tous mes ennemis.
Et lui m’a dégagé, mis au large,
il m’a libéré, car il m’aime.

Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher !
Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire,
Il donne à son roi de grandes victoires,
il se montre fidèle à son messie pour toujours.

2ème lecture : L’annonce de l’Évangile et la conversion (1Th 1, 5-10)

lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens

Frères,
vous savez comment nous nous sommes comportés chez vous pour votre bien. Et vous, vous avez commencé à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves avec la joie de l’Esprit Saint. Ainsi vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et de toute la Grèce. Et ce n’est pas seulement en Macédoine et dans toute la Grèce qu’à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti, mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout que nous n’avons plus rien à en dire. En effet, quand les gens parlent de nous, ils racontent l’accueil que vous nous avez fait ; ils disent comment vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles, afin de servir le Dieu vivant et véritable, et afin d’attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient.

 

Evangile : Amour de Dieu et amour du prochain (Mt 22, 34-40)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Dieu est amour. Celui qui aime est né de Dieu : il connait Dieu. Alléluia. (1 Jn, 8.7) 

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans l’Écriture – dans la Loi et les Prophètes – dépend de ces deux commandements. »
Patrick Braud 

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