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12 mai 2024

Pentecôte, où la nécessité d’une parole publique

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Pentecôte, ou la nécessité d’une parole publique

 

Homélie pour la fête de Pentecôte / Année B 

19/05/24

 

Cf. également :

Le délai entre Pâques et Pentecôte
La séquence de Pentecôte
Pentecôte : un universel si particulier !
Le déconfinement de Pentecôte
Les langues de Pentecôte
Pentecôte, ou l’accomplissement de Babel
La sobre ivresse de l’Esprit
Les trois dimensions de Pentecôte
Le scat de Pentecôte
Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie
Le marché de Pentecôte : 12 fruits, 7 dons
Et si l’Esprit Saint n’existait pas ?
La paix soit avec vous
Parler la langue de l’autre
Les multiples interprétations symboliques du buisson ardent

Parresia : le courage pascal 

 

Parole de DRH (chrétien)

En retraite depuis peu, l’ancien DRH d’Auchan France (35 000 salariés à l’époque) relit son parcours professionnel, depuis son premier poste d’employé en hypermarché, avec les lunettes de sa foi évangélique si importante pour lui :

Pentecôte, où la nécessité d’une parole publique dans Communauté spirituelle a75df2_53936b6e64c54cd7bd17c145616c971e~mv2« Qu’est-ce que je fais là ?

Pourquoi suis-je dans cette salle de réunion froide et sans âme, avec quinze personnes qui représentent une masse salariale considérable, à regarder poliment et sagement, assommé par des chiffres stériles et sans intérêt d’un PowerPoint, qui défilent interminablement sur cet écran géant ? Ce n’est pas possible que les grands dirigeants qui m’entourent, acceptent de passer docilement des heures à cogiter sur la baisse des charges, donc des effectifs, alors que le chiffre d’affaires va indubitablement dans le mur, en se targuant d’être tous de grands commerçants. Dire encore et redire encore qu’il faut, et comment, « supprimer des bras », oubliant que derrière « ces bras » se trouvent des êtres, des âmes et des cœurs, signifie que nous avons déjà perdu la tête ! Je n’entends plus le mot « client », je n’entends plus le mot « produit », l’esprit commerçant s’en est allé, je n’entends plus parler de la « culture d’entreprise », je n’entends plus parler du personnel comme d’une richesse…

Par le biais de ces quelques pages, j’affirme haut et fort, que l’Homme est une vraie richesse, plus que cela : la première richesse d’une entreprise ! » [1]

 

Chrétien passionné, Jean-André Laffitte a donné de la voix, à contre-courant quand il le fallait, pour défendre la dignité et les salaires des sans-grades de la Grande Distribution, le pouvoir d’achat des clients la plupart du temps très modestes. Cela l’a amené à contester publiquement le court-termisme de certains dirigeants trop centrés sur leur propre réussite, les calculs trop financiers de certains actionnaires… À force d’élever la voix, on lui a poliment demandé de partir. Ce qu’il a fait, car le grand écart est impossible à tenir longtemps dans ce cas.

Maintenant en retraite, il reprend la parole à nouveau, une parole publique, à travers ce livre-témoignage où il raconte comment sa foi évangélique a inspiré et animé ses grandes actions managériales : la Vision d’entreprise « bottom-up », le servant-leadership, le partage du pouvoir/savoir/avoir, la valorisation du capital humain, « l’entreprise libérée » etc.

 

C’est qu’il arrive toujours un moment où l’on ne peut plus se taire, sauf à enfouir sa foi au fond d’une dévotion si privée qu’elle sera privée … d’effets !

Comment ne pas rattacher cette parole publique à celle de Pentecôte que nous venons d’écouter dans la première lecture (Ac 2,1-11) ?

 

Pentecôte : un temps pour parler

CD S'ils se taisent... Les pierres crieront !Impossible de se taire en effet depuis Pentecôte. 

Avant, les disciples ont peur, confinés au cénacle. Après, ils s’exposent aux yeux de tous les pèlerins venus à Jérusalem. 

Avant, ils ont peur : des juifs, des romains, d’eux-mêmes. Après, ils bravent les interdictions officielles et haranguent les foules. 

Avant, c’est encore un groupe nationaliste juif qui croit avoir trouvé le Messie. Après, c’est une Église catholique (= universelle) qui parle toutes les langues de la terre et s’adresse à toutes les cultures comme en témoigne la liste bigarrée des nations présentes à Jérusalem ce jour-là.

L’Ancien Testament dit avec sagesse : « il y a un temps pour parler et un temps pour se taire » (Qo 3,7). Pentecôte est visiblement le temps de la parole publique, forte, confiante, exprimée avec assurance et courage (parresia en grec).

Il n’est pas facile de discerner quand c’est le moment de parler, et quand il faut se taire. C’est l’Esprit de Pentecôte qui le souffle à notre esprit.

 

On a trop souvent – à raison – reproché aux Églises leur silence devant les génocides en cours, ou devant l’exploitation coloniale, l’instrumentalisation du nom de Dieu par les puissants etc. Se taire dans ces situations revient à être complice.

Pourtant Jean-Paul II a osé lancer son célèbre : « N’ayez pas peur ! » à la face des régimes communistes de l’époque. Pourtant les chrétiens continuent de dénoncer la banalisation de l’IVG (1 grossesse sur 4 en France) même lorsque l’opinion majoritaire les taxe de réactionnaires. Pourtant le pape François crie haut et fort pour une politique migratoire digne et respectueuse etc.

Voilà. Il y a des sujets et des moments où il faut parler, au nom de notre foi. Sinon, notre silence annulerait Pentecôte. « Si eux se taisent, les pierres crieront ! » (Lc 19,40).

 

Mais au fait, qui prend la parole en public sous l’inspiration de l’Esprit Saint ?

 

Qui parle à Pentecôte ?

Revenons à notre récit des Actes des apôtres. Ils sont là « tous ensemble » (Ac 2,1) : « hommes et femmes » (Ac 1,14), Les Douze et les autres disciples reçoivent l’Esprit, pas seulement les Douze. Tous seront dehors pour proclamer les merveilles de Dieu dans la langue maternelle de chacun.

La première prise de parole publique de Pentecôte est donc communautaire. C’est l’accomplissement de la prophétie de Joël : « Je répandrai mon Esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon esprit en ces jours-là » (Jl 3,1-2).

Ce premier niveau communautaire est aussi celui de la présence du Christ : « là où deux ou trois seront réunis en mon nom, je serai au milieu d’eux » (Mt 18,20). C’est encore le niveau où s’exerce le pouvoir des clés (qui n’est pas réservé à Pierre seul) : « Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux » (Mt 18,18-19).

 

De nos jours, les chrétiens continuent à s’exprimer publiquement, par le biais de l’apostolat des laïcs notamment, sans passer obligatoirement par la hiérarchie. Penser à l’influence réelle que possède le quotidien La Croix, dont les journalistes exercent en toute responsabilité le charisme de prophétie de l’Esprit de leur baptême. Car la prophétie biblique n’est pas la prédiction future, mais le discernement de ce qui est en jeu dans le présent. Le journal la Croix s’y exerce chaque jour. Pensez également aux prises de parole des Semaines Sociales de France, des EDC, MCC, JOC, JIC, du Secours Catholique etc.

 

Après ce niveau communautaire, vient ensuite le groupe des Douze (Ac 2,14) qui visiblement est là comme un collège constitué, à la fois distinct de l’assemblée-Église et au cœur de celle-ci, pas séparé. Ce groupe aussi prendra part comme tel aux grandes décisions de l’Église à venir (Ac 15). C’est le niveau collégial de la parole d’Église.

 

Après tous et les Douze, vient enfin Pierre, debout au milieu des Douze. Il se risque devant tous à un long discours pour expliquer ce qui est en train de se passer. Son argumentation est solide. Il la prononce avec autorité. On l’écoute. La petite communauté des premiers chrétiens se reconnaît en lui. Et la foule des craignant-Dieu réunis à Jérusalem pour la Pentecôte juive (Shavouot) est subjuguée par son exhortation au point de vouloir rejoindre l’Église naissante. C’est le niveau personnel de la parole d’Église.

 

On a donc trois niveaux qui s’articulent et font système dans cette parole publique de Pentecôte : le communautaire (tous ensemble) / le collégial (les Douze) / le personnel  (Pierre). C’est la structure-type de la parole ecclésiale, que nous devons pratiquer encore aujourd’hui.
Une parole qui n’est pas portée par tous sera vite abandonnée (cf. par exemple la position officielle du Magistère sur la contraception, largement délaissée par le peuple catholique).
Une parole qui n’est pas mûrie avec l’aide d’un collège de responsables (synode, concile, conseils en tous genres) dérive facilement vers le populisme et l’alignement sur l’air du temps, ou vers l’autoritarisme d’un seul.
Une parole qui ne s’incarne pas en un visage, un nom, une personnalité, deviendrait rapidement une idéologie, un système politique, une de ces ‘pensées en isme’ qui ont déjà fait tant de ravages et apporté tant de malheur aux siècles derniers.

 

61qxCVzW4BL._SL1150_ Esprit dans Communauté spirituelleTous/quelques-uns/quelqu’un : ce triptyque structure la prise de parole au nom du Christ, car elle vient de l’Esprit qui est lui-même le trait d’union entre trois personnes au sein d’une communion d’amour destinée à englober toute l’humanité !

 

Un document œcuménique de 1982 exprimait avec beaucoup de justesse ce triple niveau du ministère qui s’applique également au ministère de la parole confié à l’Église dans son ensemble (il faut juste renverser l’ordre, en partant du communautaire pour aller au personnel, si l’on veut être fidèle à l’évènement de Pentecôte) :

« Le ministère ordonné devrait être exercé selon un mode personnel, collégial et communautaire

Le ministère ordonné doit être exercé selon un mode personnel.
Une personne ordonnée pour proclamer l’Évangile et appeler la communauté à servir le Seigneur dans l’unité de la vie et du témoignage manifeste le plus effectivement la présence du Christ au milieu de son peuple. 

Le ministère ordonné doit être exercé selon un mode collégial, c’est-à-dire qu’il faut qu’un collège de ministres ordonnés partage la tâche de représenter les préoccupations de la communauté. 

Finalement, la relation étroite entre le ministère ordonné et la communauté doit trouver son expression dans une dimension communautaire, c’est-à-dire que l’exercice du ministère ordonné doit être enraciné dans la vie de la communauté et qu’il requiert sa participation effective dans la recherche de la volonté de Dieu et de la conduite de l’Esprit » [2].

La synodalité de l’Église, chère au Pape François, est justement l’art d’articuler ces trois niveaux de parole et d’autorité dans nos débats et décisions…

 

Mais comment prendre la parole publiquement ?

S’il faut parler publiquement au nom de notre foi, soit. Mais pour dire quoi ? De la morale ? De la compassion ? Des réflexions philosophiques ? Parler pour ne rien dire serait bien un péché contre l’Esprit de Pentecôte !

Pour répondre, regardons simplement notre texte des Actes des Apôtres. Relevons les éléments qui jalonnent et structurent le témoignage public de l’assemblée de Pentecôte.

 

– Une joie débordante

Il y a d’abord la glossolalie/xénolalie.. L’effusion de l’Esprit provoque dans l’assemblée une réaction bizarre : les membres de l’Église chantent leur joie de la résurrection, au-delà des mots. Ils se mettent à prêcher les merveilles de Dieu accomplies en Jésus, chacun dans sa langue maternelle ; ou plus mystérieusement dans une langue étrangère. Si bien qu’il y a un double effet de Pentecôte : on les croit ivres, car ils chantent des louanges inintelligibles, et on est stupéfait d’entendre leur message chacun dans sa langue maternelle, qu’on soit arabe ou crétois, égyptien ou romain !

Louer, s’émerveiller, chanter, exulter de joie est ainsi la première parole publique de Pentecôte. Tout le contraire de ‘tristes chrétiens’ ! L’Esprit de Pentecôte nous irradie de la joie de la résurrection, dès maintenant. Le premier témoignage - à l’instar du Magnificat de Marie - est de se réjouir, de tressaillir d’allégresse : au milieu des difficultés de ce monde, la victoire sur la mort acquise en Jésus transfigure déjà nos combats, nos sacrifices, nos espérances, et nous en exultons de joie !


Comment nourrissez-vous votre joie de croire / joie de vivre ?

 

– Un signe

Cette exaltation de la petite communauté intrigue la foule. Elle constitue en soi un signe, une question : sont-ils ivres ? Comment se fait-il que chacun des entendent dans sa culture, dans sa langue maternelle ?

S’appuyer sur un signe qui interroge les foules est la deuxième étape de la parole de Pentecôte. S’il n’y a pas de signe, il n’y aura pas d’attente, pas d’attention, pas de soif de comprendre. Essayez donc de catéchiser des enfants sans les captiver au départ par un jeu, un film, une actualité, un fait divers, un événement qui les marque.…

 

Quels sont les signes sur lesquels vous pouvez vous appuyer pour développer votre annonce ?

 

– Interpréter le signe à la lumière des Écritures

Pierre part du signe du chant en langues et l’interprète en y voyant l’accomplissement de la prophétie de Joël, ce qui lui permet ensuite de revisiter les Écritures en dévoilant le filigrane qu’elles portent en elle : la résurrection de Jésus.

Impossible d’annoncer le Ressuscité sans ouvrir la Bible ! On le sait bien dans les groupes de catéchuménat des adultes : lire la Bible avec le regard neuf des catéchumènes est d’une densité humaine et spirituelle extraordinaire !

En ce sens, faire chaque année ce parcours biblique avec les 7 000 baptisés de Pâques est une chance pour revitaliser notre vieille Église française.

 

Ajoutons que cette catéchèse biblique est à chaque fois inculturée : chacun dans sa langue/culture maternelle doit pouvoir entendre l’Évangile et le comprendre

La vingtaine de kérygmes (= annonces explicites du Christ ressuscité) dans le livre des Actes montre que l’argumentation, le style, les mots et le ton employés tiennent compte à chaque fois du public à qui l’on s’adresse. Si elle puise dans le génie d’un peuple, l’annonce de l’Évangile sera entendue et portera du fruit. Si au contraire elle est plaquée de l’extérieur, elle ne sera qu’un vernis passager se délitant bien vite. La sociologue Danièle Hervieu-Léger diagnostique de façon terrible que l’exculturation du christianisme en France est sans doute le plus grave des dangers qui nous menace [3].


Comment avez-vous recours à la Bible pour éclairer les interrogations de vos proches ?

 

Peinture de la prédication de saint Pierre à Jérusalem par Charles Poërson– Une annonce explicite

C’est la pointe du discours de Pierre : « Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié » (Ac 2,36). On peut passer des heures à déblayer le terrain pour quelqu’un qui ignore tout de Jésus. Vient un moment où il faut aller droit au but, au cœur de la foi. Nous n’annonçons pas une morale, une doctrine, un système politique, une institution, mais quelqu’un : Jésus le vivant. Tout élan missionnaire qui ne se centrerait pas tôt ou tard sur cette annonce kérygmatique deviendrait du bavardage.

 

– Un appel à la conversion

Pierre annonce que le pardon est offert dans la Pâque de Jésus. Croire en lui, c’est adhérer  à sa personne, se tourner vers lui, en se détournant des idoles qui jusque-là nous faisaient courir à leur suite.

 

– Un appel à la vie ecclésiale/sacramentelle

Rejoindre l’assemblée-Église est la conséquence logique de la conversion. Impossible de devenir chrétien tout seul, même devant son écran. Le baptême est l’incorporation à une communauté nous somme membres les uns des autres.

 

– Un appel à une vie éthique

La dernière étape de la parole publique de Pentecôte est l’appel à changer nos  comportements, pour mettre notre vie en accord avec notre foi. L’éthique chrétienne est intimement liée à l’Esprit de Pentecôte qui devient notre boussole intérieure pour discerner ce qui est cohérent avec la résurrection de Jésus, et ce qui ne l’est pas. Rappelons que c’est une éthique de réponse (au don reçu par la foi, le baptême, les Écritures, l’Église) et non pas une éthique de préalable (liste de conditions nécessaires pour ‘mériter’ le titre de chrétien).

 

Lorsque nous devrons prendre la parole en public pour témoigner de notre foi, souvenons-nous du discours de Pierre :

- sur quels signes m’appuyer ?

- comment l’interpréter avec l’aide de la Bible ?

- annoncer explicitement la résurrection de Jésus, dans la culture de l’autre

– appeler la conversion au Christ (pas à une institution ou autre)

– appeler à rejoindre une communauté locale, et y accueillir chaleureusement les ‘nouveaux’

– chercher ensemble à quelles conversions éthiques la vie nouvelle de Pâques nous appelle.

 

Qu’en tout cela l’Esprit de Pentecôte nous aide et nous conduise !

___________________________________________________

[1]. Jean-André LAFFITTE, Le Capital, c’est l’humain ; l’humain est Capital, 2024.

[2]. Document œcuménique Baptême-Eucharistie-Ministère, n° 26, 1982.

[3]. Danièle Hervieu-Léger, Catholicisme français : la fin d’un monde, Bayard, 2003.

 

 

 

MESSE DU JOUR

PREMIÈRE LECTURE
« Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler » (Ac 2, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »
 
PSAUME
(103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)
R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !
ou : Alléluia ! (cf. 103, 30)

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.


DEUXIÈME LECTURE
« Le fruit de l’Esprit » (Ga 5,16-25)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
Frères, je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. On sait bien à quelles actions mène la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. En ces domaines, la Loi n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit.

SÉQUENCE
Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous les fidèles.
Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.
À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen.

ÉVANGILE
« L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)
Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Emplis le cœur de tes fidèles ! Allume en eux le feu de ton amour ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement.
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Patrick Braud

 

 

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9 mai 2024

Être dans le monde sans être du monde

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Être dans le monde sans être du monde

 

Homélie du 7° Dimanche de Pâques / Année B 

12/05/24

 

Cf. également :

Je viens vers toi…
Remplacer Judas aujourd’hui
Quand Dieu appelle
Les saints de la porte d’à côté
Conjuguer le « oui » et le « non » de Dieu à notre monde
Dieu est un trou noir
Poupées russes et ruban de Möbius…
Le dialogue intérieur
Le petit reste d’Israël, ou l’art d’être minoritaires

 

Yeshiva : une exception militaire ?

Des juifs ultra-orthodoxes manifestent contre le service militaire

Des juifs ultra-orthodoxes manifestent contre le service militaire

Il a 19 ans. Il porte la kippa sur sa tête et les tsitsits à sa taille. À Jérusalem, il fréquente assidûment une yeshiva (école juive) où il étudie la Torah et le Talmud. À ses yeux, cela doit le dispenser d’accomplir son service militaire, et encore plus de porter les armes sous le drapeau israélien à Gaza ou en Cisjordanie. D’ailleurs, il appartient à un parti radical, le Peleg Yerushalmi, en première ligne dans le refus de la conscription.

« Ces lois sur la conscription n’existent pas à nos yeux, affirme-t-il. Ce que les Juifs ont en commun, c’est leur religion, pas un pays. Depuis deux mille ans, c’est la Torah qui unit les juifs. Nous sommes prêts à accepter les lois de nos gouvernants, quels qu’ils soient, à condition qu’elles n’aillent pas à l’encontre de la religion ». Il risque la prison, mais dit s’en moquer (Le Figaro 20/03/24, p.8). 

 

De manière surprenante – et même choquante à nos yeux – le privilège d’exemption militaire jusque-là accordée aux étudiants des yeshivot en Israël illustre la dialectique que Jésus lui aussi – en bon juif qu’il était – a dû affronter au sein de l’empire romain : se montrer bon citoyen, par exemple en payant l’impôt dû à César (Lc 20,20-26) ainsi que l’impôt dû au Temple de Jérusalem (Mt 17,24-27), tout en restant libre de contester les conventions ou les lois. L’épisode de l’impôt du Temple montre bien la double appartenance de Jésus ‑ ‘binational’ en quelque sorte – qui fait de lui un sujet respectueux de la société dans laquelle il vit, mais libre par rapport à ses obligations. Ainsi, en tant que fils de Dieu, il pourrait s’exempter de payer l’impôt des sujets de l’empire, mais il ne veut pas s’y soustraire afin que les conséquences ne retombent pas sur ses disciples, « pour ne pas scandaliser les gens »

Paul prolongera cette dialectique de la double appartenance dans le domaine des interdits alimentaires : normalement, les chrétiens pourraient manger de tout, car « seul ce qui sort de la bouche de l’homme est impur » avait déclaré Jésus (Mt 15,11). Mais, par égard pour les judéo-chrétiens, mieux vaut ne pas manger de viandes consacrées aux idoles si cela les choque (Ac 15,29 ; 1Co 10,27-28).

 

L’évangile de notre dimanche (Jn 11,11-19) énonce cette problématique en termes simples : être dans le monde sans être du monde, dont l’interprétation et la mise en œuvre ont pourtant extraordinairement varié au fil des siècles :

« Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. 

Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. 

Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. 

Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. 

De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde ».

 

Résiste ! Ce monde n’est pas le tien !

Les paroles de Michel Berger résonnent toujours aux oreilles des fans de France Gall :

Résiste !

Prouve que tu existes.

Cherche ton bonheur partout, va

Refuse ce monde égoïste

Résiste !

Suis ton cœur qui insiste.

Ce monde n’est pas le tien, viens

Bats-toi, signe et persiste

Résiste !

La foi chrétienne est un moteur pour résister à ce qui dégrade la vocation humaine. Elle fait de nous des « saumons » remontant vers la source de vie à contre-courant, et non des poissons morts au fil de l’eau… 

Il y a des moments où, au nom du Christ, nous devons dire non.

Non à la guerre du Vietnam dans les années 60-70, non à la guerre d’Irak en 2003. 

Non aux lois scélérates de la III° République étouffant la liberté d’expression et d’opinion. Non aux lois raciales américaines des années 1877 à 1964. Heureusement que Rosa Parks et Martin Luther King ont su s’allier pour boycotter les bus de Montgomery jusqu’à ce que la ségrégation raciale soit abolie !

Non aux lois d’apartheid en Afrique du Sud de 1948 à 1991. Heureusement que Mandela et Desmond Tutu  ont su s’allier pour refuser d’obéir à un État de droit qui était profondément injuste.

 

On voit facilement ce que « ne pas être du monde » peut impliquer.

En France, il semblerait que la force de contestation qui était plutôt la marque des chrétiens de gauche se soit perdue dans le tourbillon de la chute du mur de Berlin. Les chrétiens d’aujourd’hui ne sont plus guère contestataires. Sauf peut-être en matière d’éthique (IVG, mariage homosexuel, euthanasie, théories du genre etc.), et encore : les sondages montrent que seule une minorité de chrétiens n’est pas alignée sur l’opinion majoritaire française…

 

Avant, au commencement du christianisme, il n’en était pas ainsi.

Être dans le monde sans être du monde dans Communauté spirituelle La-tradition-apostoliqueUn texte du III° siècle – la Tradition Apostolique, d’Hippolyte de Rome [1] – énumère les métiers jugés incompatibles à l’époque avec le baptême. Et l’on charge l’Église locale d’examiner les candidats au baptême : s’ils pratiquent un métier en contradiction avec la foi, « qu’ils cessent ou qu’on les renvoie ». La liste est longue des métiers concernés, et elle nous ferait bondir aujourd’hui : souteneurs, sculpteurs ou peintres d’idoles, acteurs de théâtre, gladiateurs ou acteurs des jeux du cirque, prêtres d’idoles, soldats, prostituées, sodomites, magiciens, sorciers, astrologues, devins, prestidigitateurs, concubin(e)s non marié(e)s etc. Le même refrain revient inlassablement : si le catéchumène ou le fidèle fait ceci, « qu’il  cesse ou qu’on le renvoie ».

 

Aujourd’hui encore, comment ne pas souligner des contradictions flagrantes entre la foi au Christ et certaines professions ? ou au moins certaines manières de pratiquer certaines professions ? Comment peut-on se dire par exemple chrétien et mafieux ? Ou faire travailler des enfants dans des mines africaines ou des usines chinoises ? Ou organiser la traite d’esclaves en tout genre ? Ou vendre des armes de destruction massive à n’importe quel client ? Etc. etc.

Faites l’exercice de lister les valeurs les plus importantes pour vous (la beauté, l’innovation, l’amitié, la justice…). Si votre métier ne vous permet pas d’honorer et de vivre ces valeurs au travail, alors ayez le courage de démissionner ! Changez de métier ou d’entreprise avant qu’il ou elle ne vous change à son image. Car tous les métiers ne sont pas humanisants. Car toutes les entreprises ne sont pas au service du bien commun.

 

Au-delà de cette liste des métiers de la Tradition d’Hippolyte (qui aurait besoin d’être actualisée !), l’esprit du catéchuménat de l’époque est clairement inspiré par les paroles de Jésus : « dans le monde, pas du monde ». Devenir chrétien, c’est changer sa vie. L’appartenance au Royaume de Dieu prime sur l’appartenance à la cité, sans l’abolir. Ainsi les apôtres, fouettés après avoir désobéi à l’ordre du Sanhédrin de ne plus parler de Jésus, sont tout joyeux de leur de désobéissance : « Quant à eux, quittant le Conseil suprême, ils repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus » (Ac 5,41).

Devenir chrétien ne peut s’accommoder de toutes les compromissions avec l’esprit du monde.

 

Il faut donc savoir dire non. Et tant pis pour les politiques qui s’indignent que des jeunes ‑ musulmans ou catholiques – mettent leurs convictions religieuses au-dessus des lois de la République ! C’est la nature même d’une religion – et sa grandeur – d’empêcher le politique d’occuper tout le champ du légal et du pensable. C’est la grandeur d’une religion de ne pas se laisser confiner à la seule sphère du privé et de l’intime, comme le voudraient les libéraux à droite et les autoritaires à gauche. Sinon, il n’y aurait jamais eu de martyrs  chrétiens heureux de désobéir à Rome sur des questions aussi graves que l’avortement, le culte des idoles ou la liberté de croire. C’est la spécificité du christianisme cependant de préférer mourir martyr que djihadiste, d’aimer ses ennemis plutôt que de devenir kamikaze, de pratiquer la non-violence plutôt que d’imposer la charia. Les disciples du Christ qui ne respectent pas ces repères sont en contradiction flagrante avec leurs textes fondateurs…

 

Le baptême fait de nous des signes de contradiction, empêchant le monde de tourner en rond, en boucle sur ses logiques idolâtres.
Ne pas être du monde : à quelles contestations nous appelle aujourd’hui notre foi au Christ ? à quelles désobéissances ?

 

Ce monde est pourtant le tien

Contester les dérives de notre monde ne doit cependant pas nous conduire à faire sécession, à la manière des juif ultra-orthodoxes se regroupant dans le même quartier de Mea Sharim à Jérusalem, ou bien comme les musulmans pensant que seul un État islamique imposant la charia à tous leur permettrait d’être pleinement musulmans.

Les chrétiens n’ont pas d’alya à effectuer, sinon le retour au royaume de Dieu à venir, déjà présent en nous.

Les chrétiens n’ont pas de charia ni de lois spécifiques, sinon la boussole de l’Esprit qui les aide à discerner en conscience.

Dès le II° siècle, un auteur anonyme décrivait ce paradoxe chrétien : être dans le monde sans être du monde.

Epitre à Diognète« Les chrétiens se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle

Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. 

Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers. 

Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. 

Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. 

Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. 

Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. 

Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. 

Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l’emporte en perfection sur les lois ».

Lettre à Diognète

 

Ce monde tel qu’il est est bien le nôtre, car c’est lui que l’Esprit de Dieu travaille pour l’ouvrir à son royaume. 

Il n’y a pas de monde si parfait qu’il faille l’approuver sans conditions  ou suivre ses lois en toute chose, car le royaume de Dieu transcende les réalisations partielles. 

Mais il n’y a pas non plus de monde si mauvais qu’il faille s’en abstraire, tels des survivalistes religieux. C’est la tentation des fondamentalistes, évangéliques notamment.

 

Aimer le monde et ceux qui y travaillent est notre passion, sans l’absolutiser ni l’éliminer. Être dans le monde nous oblige : solidarité avec ceux qui y donnent le meilleur d’eux-mêmes, participation loyale à sa transformation, fidélité et obéissance à ce qui ne contredit pas l’Évangile.

Ne pas être du monde nous mobilise : dénonciation des dérives inhumaines, contestation des lois injustes, ouverture à d’autres pensées que les croyances officielles etc.

 

Que l’Esprit du Christ nous invite à ce discernement subtil : savoir quand et comment participer de toutes nos forces, quand et comment oser être différents…

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LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Il faut que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de la résurrection de Jésus » (Ac 1, 15-17.20a.20c-26)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères qui étaient réunis au nombre d’environ cent vingt personnes, et il déclara : « Frères, il fallait que l’Écriture s’accomplisse. En effet, par la bouche de David, l’Esprit Saint avait d’avance parlé de Judas, qui en est venu à servir de guide aux gens qui ont arrêté Jésus : ce Judas était l’un de nous et avait reçu sa part de notre ministère. Il est écrit au livre des Psaumes : Qu’un autre prenne sa charge. Or, il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection. » On en présenta deux : Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias. Ensuite, on fit cette prière : « Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne. » On tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias, qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres.

PSAUME
(102 (103), 1-2, 11-12, 19-20ab)

R/ Le Seigneur a son trône dans les cieux. ou : Alléluia ! (102, 19a)

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint ;
aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés.

Le Seigneur a son trône dans les cieux :
sa royauté s’étend sur l’univers.
Messagers du Seigneur, bénissez-le,
invincibles porteurs de ses ordres !

DEUXIÈME LECTURE
« Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui » (1 Jn 4, 11-16)

Lecture de la première lettre de saint Jean
Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection. Voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné part à son Esprit. Quant à nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde.
Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.

 
ÉVANGILE
« Qu’ils soient un, comme nous-mêmes » (Jn 17, 11b-19)

Alléluia. Alléluia. Je ne vous laisserai pas orphelins, dit le Seigneur ; je reviens vers vous, et votre cœur se réjouira. Alléluia. (Jn 14, 18 ; 16, 22)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.»

Patrick Braud

 

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5 mai 2024

La case vide de l’Ascension

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

La case vide de l’Ascension

 

Homélie pour la fête de l’Ascension / Année B 

09/05/24

 

Cf. également :

Ascension : sur la terre comme au ciel
Ascension : apprivoiser la disparition
Ascension : la joyeuse absence
Ascension : les pleins pouvoirs
Désormais notre chair se trouve au ciel !
Jésus : l’homme qui monte
Ascension : « Quid hoc ad aeternitatem ? »
Ascension : la joyeuse absence
Ascension : l’ascenseur christique
Une Ascension un peu taquine : le temps de l’autonomie
Les vases communicants de l’Ascension
Ton absence
Le messianisme du trône vide
Se réjouir d’un départ

 

La circoncision et l’icône

Des amis m’ont raconté récemment la circoncision de leur petit-fils, car leur fille a épousé un juif américain. Belle fête familiale le 8e jour, avec un symbolisme religieux très fort tournant autour de l’Alliance (la circoncision se dit « brit milah » en hébreu = coupure d’alliance). Un détail les a intrigué et amusé : pendant tout le repas, une place est restée vide, avec sa chaise et ses couverts mis, sans que personne n’ose s’y asseoir ni encore moins l’enlever. La case vide de l’Ascension dans Communauté spirituelle icone_pentecote_novgorodOn a demandé pourquoi, et le rabbin a répondu : « c’est la chaise du prophète Élie, qui doit rester vide jusqu’à son retour à la fin des temps ».

Cette histoire d’Élie emporté au ciel par un chariot de feu (2R 2,11) fait irrésistiblement penser à notre récit de l’Ascension (Ac 1,1-11). Les supporters anglais qui chantent à tue-tête : « swing low, sweet chariot », sur les gradins du temple du rugby qu’est Twickenham ne savent pas tous qu’ils chantent pour être eux aussi enlevés au ciel grâce à ce chariot doux et bringuebalant, « coming for to carry me home »…

Comme Élie, Jésus ressuscité est élevé au plus haut ; comme lui il reviendra à la fin des temps ; comme pour lui, sa place à la table de l’Église depuis lors doit rester vide. Il s’agit de ne pas occulter le manque fondamental qui nous constitue comme êtres de désir et d’attente (du retour d‘Élie/du Christ ici).

 

Contemplez l’icône de la Pentecôte. Les Douze sont en arc de cercle autour du vieillard couronné enfermé dans le noir qui représente l’humanité captive. L’Esprit est posé sur chacun des Douze, faisant ainsi de l’Église l’accomplissement des promesses faites à cette humanité.

Le plus curieux est ce trou béant au sommet. 

Il y a comme un passage de cheminée qui coupe l’arc de cercle en deux, en l’empêchant d’être complet. 

Il y a une chaise vide entre les 6 de droite et les 6 de gauche. 

Il y a une brèche, une ouverture par laquelle l’Esprit va se diffuser à toute l’humanité à travers les Douze. 

Ce vide spirituel est celui de l’Ascension, car la place du Christ élevé au plus haut des cieux doit rester inoccupée ici-bas. Il n’est plus ici devant nos yeux, et personne ne doit prendre sa place. L’Église pratique la politique de la chaise vide, jusqu’à la fin des temps !

 

Explorons quelques-unes des significations de cette place vide de l’Ascension pour nous aujourd’hui.

 

1. Une histoire ouverte

71vKtn8quCL._SL1318_ absence dans Communauté spirituelleL’icône est ouverte : grâce à ce vide, l’Église ne forme pas un cercle fermé. Le vieillard captif peut entrevoir le ciel à travers cette ouverture. Et l’Esprit peut descendre sur tous sans que les Douze fassent obstacle.

À l’image du cercle des Douze, notre histoire elle aussi est ouverte. 

En topologie, on dit d’un espace qu’il est ouvert s’il existe en lui une suite convergente dont la limite n’appartient pas à cet espace [1]. Notre histoire est topologiquement ouverte, car la suite de nos moments avec Dieu converge vers un avenir au-delà de l’histoire. 

À l’inverse, une société se ferme lorsqu’elle ne connaît pas d’autres limites que celles qu’elle se choisit [2]. Les idoles individualistes et libérales de l’Occident réduisent leurs citoyens à leur liberté et leur intérêt individuels, sans autre horizon qu’eux-mêmes. Les idoles communistes, nationalistes, ethniques ou musulmanes ne font pas mieux, avec leurs sociétés totalitaires où seules comptent la masse, la nation, l’ethnie, l’Oumma.

 

Depuis l’Ascension, notre histoire est ouverte. Elle est parcourue par un souffle de transcendance qui nous appelle à lever la tête, à regarder au-delà de l’horizon, à discerner les trouées par lesquels l’Esprit du Christ vient en nous. La mort de Jésus a déchiré le rideau du Temple, et les cieux se sont ouverts. Voilà pourquoi nous sommes partisans d’une société ouverte, qui ne boucle pas sur elle-même. La liturgie, l’art, l’émerveillement, la beauté de la nature, l’humilité, la communion amoureuse etc. sont des ouvertures où soudain le ciel se déchire et laisse entrevoir un au-delà de nous-mêmes.

 

Fêter l’Ascension, c’est donc pratiquer des brèches pour nous ouvrir à l’Esprit du Christ ; c’est construire une société ouverte qui ne boucle pas sur elle-même.

 

2. La réserve eschatologique

9782227486041 AscensionUne première conséquence de l’ouverture historique est de ne jamais établir de jugement définitif, ni de savoir éternel. L’histoire n’est pas finie. Il peut arriver tant d’autres choses encore… Ne croyez pas ceux qui vous disent que la monarchie/la république/l’empire/la démocratie/le parti sont indépassables. Ne croyez pas que quelque chose est écrit dans le marbre pour toujours ! Il n’y a rien d’éternel ici-bas. Ce qui a été fait par les hommes aujourd’hui sera défait par eux demain. Ce qui paraît solide va s’écrouler. Ce qui devait durer s’achèvera. Les règnes de 1000 ans sont des cauchemars…

« Elle passe la figure de ce monde » (1Co 7,31). On l’a déjà dit : une vérité est provisoire, en attendant que d’autres vérités l’englobent ou l’effacent. Une vérité est négative, car elle ne peut dire ce qui est vrai, seulement ce qui est faux ; elle reconnaît ne pas savoir encore en plénitude : ce sera seulement ‘à la fin’…

 

En théologie, on appelle cela la réserve eschatologique. Puisque l’histoire n’est pas fermée, bien malin qui pourrait prétendre avoir le dernier mot, le mot final, le mot ultime ! Les chrétiens ont un devoir de réserve qui les empêche d’adhérer totalement aux idéologies de leur temps, car elles ne sont que passagères. Puisque l’Ascension a ouvert une brèche dans les systèmes fermés, nous avons toujours une réserve à émettre dans les obéissances que réclame notre époque. Nous ne sommes jamais libéraux à 100 %, ni démocrates à 100 %, ni partisans à 100 %. Nous avons toujours une double appartenance : l’une, loyale, à la conduite de ce siècle la moins mauvaise possible, et l’autre, fondamentale, au royaume de Dieu qui transcende toute réalisation partielle.

« Ils croyaient leur maison éternelle, leur demeure établie pour les siècles ; sur des terres ils avaient mis leur nom » dit le psaume (Ps 49,12) : n’imitons pas ces hommes comblés de leurs possessions, car « l’homme comblé ne dure pas, il ressemble au bétail qu’on abat ».

 

L'hétimasie représentée dans les fresques de Giotto à Assise

L’hétimasie représentée dans les fresques
de Giotto à Assise

3. La dénonciation de toute usurpation du pouvoir « au nom de… »
La place du Christ demeure vide depuis son départ vers le Père. Celui qui voudrait s’asseoir à sa place serait donc un usurpateur ! Même le vicaire du Christ ne devrait pas – en théorie – se substituer à lui. On voit que cette place vide sur l’icône est une puissante contestation de toute usurpation du pouvoir « au nom de »…
Au nom du peuple, que de crimes n’a-t-on pas commis !
Au nom de Dieu, que de croisades et d’inquisitions n’a-t-on pas légitimé !
Au nom de la justice, que de vengeances et de représailles !

Un rite liturgique symbolise cette contestation avec force : dans une basilique orthodoxe, le trône du patriarche est toujours au-dessous d’un autre trône, qui reste vide celui-là. C’est le trône du Christ parti auprès du Père, et ce vide préside à toute célébration.
Si quelqu’un prend sa place, comment se laisser guider par le Christ ? Belle contestation de l’usurpation du pouvoir « au nom de… » !
Ainsi, même avec leurs incroyables chasubles d’or et d’argent, leurs couronnes rutilantes, leur air grave et important, les patriarches reconnaissent qu’ils ne sont pas au centre. Car le centre de l’Église est vide depuis l’Ascension, comme était vide le Saint des Saints du Temple de Jérusalem. Ceux qui prétendent parler au nom du Christ en son absence doivent vérifier constamment qu’ils ne prennent pas sa place, qu’ils n’usurpent pas son trône, qu’ils ne lui volent pas la vedette.

Pour nous, citoyens ordinaires, fidèles sans habit chamarré, sa place vide est notre légitimité pour contester toute tyrannie dans la société ou dans l’Église. Elle fonde notre égale dignité, car par elle l’Esprit est répandu sur chacun, et pas sur quelques-uns seulement.

 

4. L’acceptation joyeuse de l’absence

Parle-moi de ton absenceC’est donc une bonne nouvelle que cette place vide !

C’est donc une joyeuse absence que l’absence du Christ ! 

Il avait reproché à ses disciples d’être trop possessifs dans leur attachement à lui : « si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je pars vers le Père ». « Il est bon pour vous que je m’en aille ». Lorsque vous accepterez l’absence comme cette ouverture vers le ciel, alors « votre joie sera parfaite ».

Depuis l’Ascension, il nous est offert de vivre les absences qui nous marquent comme de joyeuses promesses. La plupart des gens pleurent sur eux-mêmes en pleurant leurs morts. Si nous les aimions vraiment pour eux-mêmes, nous nous réjouirions de les espérer en Dieu.

 

Ce parti-pris d’espérance ne vaut pas que pour les êtres qui nous manquent. Il joue aussi dans les situations apparemment sans issue, dans les souffrances insupportables, dans les tyrannies qui n’en finissent pas. L’espérance en un au-delà de l’histoire nous dit que ni les tyrans, ni la souffrance, ni les impasses ne seront éternels. Le mal n’aura pas le dernier mot. Avec cette espérance chevillée au corps, qu’avons-nous à craindre ?

À la mesure des 3,8 milliards d’années de notre Terre et des 4,6 milliards d’années du système solaire, quelle folie d’appeler éternelles des aventures de quelques décennies, siècles ou millénaires ?

 

Le rite orthodoxe évoqué plus haut, qui laisse vide le trône du Christ dans la cathédrale au-dessus de celui de l’évêque, s’appelle hétymasie, du grec ἑτοιμασία = etoimasia = préparer, selon les termes de Jésus dans l’Évangile de Jean : « Je pars vous préparer une place. Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi » (Jn 14,2-3). La chaise vide nous rappelle que le Christ est parti nous préparer une place auprès de son Père, et que personne ne doit prendre sa place d’ici là…

 

La place vide de l’Ascension garantit notre place personnelle avec le Christ en Dieu. Si un ami véritable me promet une place gratuite avec lui le long de la Seine pour la cérémonie d’ouverture des JO, je n’irai certainement pas prendre d’autres rendez-vous ce jour-là : je laisserai mon agenda vide et disponible pour profiter de l’aubaine…

L’espérance maintient ouverte notre histoire, notre société.

La désespérance nous replie, nous recroqueville sur nous-mêmes.

Depuis l’Ascension, toutes les absences qui nous taraudent deviennent sources de joie et d’espérance.

 

5. La part du pauvre

Une forme ‘dégradée’ de l’Ascension est la place laissée vide à la table des repas familiaux.

Quand j’étais enfant, j’ai souvent vu la table de mes grands-parents comporter une assiette de plus que le nombre de membres de la famille réunis autour du repas. Ma grand-mère disait : « il faut toujours garder la part du pauvre. Si quelqu’un arrive à l’improviste, un mendiant ou un employé qui n’a rien prévu, l’assiette en plus est pour lui ». Laisser une place vide au repas familial empêche la famille de croire qu’elle est au complet : il lui manque toujours quelqu’un. Le pauvre qui a là sa part figure le Christ qui arrivera à la fin des temps à l’improviste et s’invitera à notre table.

 

Café Suspendu : le plaisir du partageCette belle coutume de la part du pauvre a disparu depuis l’individualisation à outrance de la prise de nos repas : sur le pouce, tout seul, sans conversation avec les autres, trop souvent vissé devant un écran. Pas tout à fait cependant, comme en témoigne la pratique généreuse des « cafés suspendus », où des clients payent un café ou plat en plus que ce qu’ils ont consommé, afin que le restaurateur l’offre aux plus démunis ensuite…

De manière émouvante, la communauté juive de Tel-Aviv a célébré le shabbat du vendredi 20 octobre 2023 en dressant une immense table de shabbat devant le Musée d’Art avec 203 chaises vides. Ces vides garantissaient à chacun des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre qu’ils ont toujours leur place au milieu des leurs.

 

Inventons d’autres « parts du pauvre » à laisser vides, comme doit rester vide le trône du Christ élevé au ciel, que les puissants n’ont pas le droit d’occuper. 

Dans l’atelier, l’open-space, à l’hypermarché, au restaurant… : comment pourrions-nous continuer à garder la part du pauvre pour ne pas oublier ceux qui nous manquent ? Pour ne pas oublier le Christ qui nous manque encore davantage ? Inviter ceux qui sont seuls à Pâques, à Noël ou autre fête commune est une façon de prolonger cette tradition.

Si l’affamé est une figure du Christ, ne pas lui faire de la place à notre table serait le renier aux yeux de tous. Le Christ de l’Ascension n’est pas localisé ici ou là, il peut surgir à l’improviste où il veut. S’il n’y a pas d’espace libre pour l’accueillir, comment pourra-t-il nous nourrir comme il a fait pour les disciples d’Emmaüs ? La part du pauvre nous appelle à garder du temps, de l’attention, de l’amour pour l’imprévu, pour l’événement. Un agenda rempli à ras bord ne saura pas nous rendre disponibles. Une vie sans vide est un espace fermé sur lui-même, fermé à Dieu. Offrez « un café suspendu », laissez une part du pauvre à votre table, une case vide dans votre agenda, une disponibilité à l’événement.…

 

L’Ascension du Christ possède toutes ces harmoniques et bien plus encore : une histoire ouverte, avec un devoir de réserve qui nous rend libres face aux puissants ; une acceptation joyeuse de l’absence, dans l’espérance ; une part du pauvre qui ouvre le cercle familial, amical ou social.

Pour une fois, faisons l’éloge de cette case vide, et ne la remplissons avec rien ! 

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[1]. Espace ouvert

[2]. Cf. Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (2 tomes).

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva » (Ac 1, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
Cher Théophile, dans mon premier livre j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le moment où il commença, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu.
Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »
 
PSAUME
(46 (47), 2-3, 6-7,8-9)

R/ Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor. ou : Alléluia ! (46, 6)
Tous les peuples, battez des mains,
acclamez Dieu par vos cris de joie !
Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable,
le grand roi sur toute la terre.

Dieu s’élève parmi les ovations,
le Seigneur, aux éclats du cor.
Sonnez pour notre Dieu, sonnez,
sonnez pour notre roi, sonnez !

Car Dieu est le roi de la terre,
que vos musiques l’annoncent !
Il règne, Dieu, sur les païens,
Dieu est assis sur son trône sacré.
 
DEUXIÈME LECTURE
« Parvenir à la stature du Christ dans sa plénitude » (Ep 4, 1-13)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte donc à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. C’est pourquoi l’Écriture dit : Il est monté sur la hauteur, il a capturé des captifs,il a fait des dons aux hommes. Que veut dire : Il est monté ? – Cela veut dire qu’il était d’abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers. Et les dons qu’il a faits, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude.
 
ÉVANGILE
« Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu » (Mc 16, 15-20)

Alléluia. Alléluia. Allez ! De toutes les nations faites des disciples, dit le Seigneur. Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Alléluia. (Mt 28, 19a.20b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »

Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
Patrick Braud

 

 

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28 avril 2024

Dieu premier Aimant

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Dieu premier Aimant

 

Homélie du 6° Dimanche de Pâques / Année B 

05/05/24

 

Cf. également :

Êtes-vous entourés d’amis ou des serviteurs ?
L’Esprit nous précède
Conjuguer le verbe aimer à l’impératif
Le communautarisme fait sa cuisine
Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie
Les chrétiens sont tous des demeurés
Jésus que leur joie demeure
Aimer ses ennemis : un anti-parcours spirituel
« Passons aux barbares »…


La puce et l’éléphant

Dieu premier Aimant dans Communauté spirituelle dessin_de_mila_cpcUne puce voyageait avec une de ses amies dans l’oreille d’un éléphant. L’éléphant passe sur une passerelle en bois qui tremble sous le poids de l’animal. Arrivé à l’autre bout de la passerelle, la puce dit à son amie : « Tu as vu comme on a fait trembler le pont ! »

 

Nous sommes souvent cette puce enivrée d’exploits qui ne sont pas les siens. Et le risque est grand d’être excité comme une puce en entendant le commandement central du christianisme en ce dimanche (Jn 15,9-17) : « aimez-vous les uns les autres ». Nous croyons un peu trop vite que c’est un à nous d’abord d’aimer en premier. Nous faisons de ce commandement une morale d’injonction, alors que c’est une morale de réponse. Pour les chrétiens, aimer n’est pas un préalable (au salut, au pardon, à la communion) mais une conséquence. La preuve ? Notre Évangile commence par rappeler que le Christ nous a aimés d’abord, sans aucun mérite de notre part : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ». Et notre deuxième lecture (1Jn 4,7-10) enfonce le clou : « ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés ».

Jean insiste avec force sur l’antériorité divine : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ».

 

On ne le répétera jamais assez, surtout dans notre culture occidentale volontariste et pélagienne : aimer pour la Bible est un passif, car nous sommes aimés avant que de pouvoir aimer en retour. Ce passif est très actif, car il suscite une réponse d’amour à la hauteur du don reçu.

 

Se laisser choisir

i-want-you amour dans Communauté spirituelleOn présente quelquefois la Confirmation des adolescents comme le sacrement de leur engagement chrétien adulte. Grossière erreur ! L’intention pastorale est d’instrumentaliser ce sacrement pour maintenir les jeunes au caté ou à l’aumônerie le plus longtemps possible, ou pour sacraliser leur adhésion supposée pleinement volontaire. Mais les trois sacrements de l’initiation chrétienne sont normalement conférés en une seule fois. Cela est manifeste lors du baptême d’adultes qui sont confirmés pour être solidement ancrés dans l’Esprit de Dieu, puis eucharistiés pour nourrir la vie divine en eux, dans cet ordre (baptême-confirmation-eucharistie). Les orthodoxes donnent ces trois sacrements aux bébés qu’ils baptisent, pour souligner que la grâce divine est vraiment gratuite, donnée sans condition avant même que nous puissions répondre.

Bref : nous sommes choisis par Dieu avant que de le choisir en réponse. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ».

Les termes : militant, engagement, effort, impératif moral etc. sont ambigus, et même dangereux s’ils conduisent à faire comme la puce de l’éléphant en s’attribuant une capacité de croire/aimer/pardonner qui n’est pas la nôtre.

Le cardinal Jean-Marie Aaron Lustiger a explicité comment « le choix de Dieu » [1] a bouleversé sa vie. Le jeune juif Aaron Lustiger a été choisi par Dieu pour devenir le cardinal de Paris : il ne l’a pas obtenu à force de le vouloir, il a accepté le choix fait par Dieu en sa faveur. De même, selon Lustiger, le choix de Dieu envers le peuple juif n’est pas une performance d’Israël qui aurait fait le bon choix, mais une responsabilité confiée par Dieu à Israël de témoigner de son Alliance afin que toutes les nations entrent dans leur alliance propre et singulière.

Autrement dit : le choix de Dieu est un génitif subjectif (c’est Dieu qui en est le sujet) qui engendre ensuite un génitif objectif (Dieu fait l’objet d’un choix). Mais l’action de Dieu est première, comme le barrit l’éléphant à sa puce…

 

Le Choix de Dieu - LustigerSe laisser choisir par Dieu a des conséquences très concrètes :

- ne pas tout décider dans sa vie mais accueillir ce que l’Esprit nous dit à travers les événements

- ne pas tout décider par soi-même mais accepter que d’autres interviennent

- ne pas tout programmer ni planifier, mais laisser une ouverture pour l’imprévu, l’étrange

- ne pas s’enorgueillir du chemin déjà parcouru mais rendre grâce pour ce qui m’a été donné.

« Qui donc t’a mis à part ? As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1Co 4,7). Ce n’est pas à la force du poignet que je réussirai ma vie ! Ce n’est pas en serrant les dents et en me calant sur le mythe prométhéen du self-made-man (ou woman !) que je réaliserai vraiment ma vocation. On voudrait nous faire croire que l’indépendance et l’autonomie sont la clé de voûte de notre dignité : grossière erreur à nouveau ! C’est dans la relation, donc dans l’interdépendance et dans l’échange mutuel don/contre-don que nous devenons plus humains.

 

Un débat dans l’histoire a marqué la réception de cette phrase de l’Évangile : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ». C’est le débat sur la prédestination, que Calvin a porté à son incandescence. Le réformateur est tellement obnubilé par la gratuité du salut que seule la foi permet d’accueillir qu’il en conclut que Dieu librement nous destine au ciel ou à l’enfer, et que nous ne pouvons rien y faire, même si cela nous paraît incompréhensible :

« Nous appelons prédestination le conseil éternel de Dieu, par lequel il a déterminé ce qu’il voulait faire de chaque homme. Car il ne les crée pas tous en pareille condition, mais ordonne les uns à la vie éternelle, les autres à l’éternelle damnation. Ainsi, selon la fin à laquelle est créé l’homme, nous disons qu’il est prédestiné à mort ou à vie » (Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, 1541).

 

Cette doctrine de la prédestination a même – selon le grand sociologue allemand Max Weber – encouragé le développement du capitalisme occidental. En effet, le calviniste veut savoir – avec angoisse – de quel côté de la prédestination Dieu l’a rangé. Il va chercher à se rassurer en regardant si sa richesse augmente. Car Dieu bénit ses élus en leur accordant prospérité et réussite, selon l’Ancien Testament tel que Calvin le lit. Donc travailler dur, s’enrichir, vivre sobrement dans l’esprit des Béatitudes, épargner pour réinvestir à nouveau etc. : voilà la martingale du calviniste qui vérifie dans ses affaires que Dieu l’a bien prédestiné au ciel et non à l’enfer. Voilà pourquoi, selon Max Weber, il y a une « affinité élective » entre « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ».

 

On le voit : durcir à l’extrême l’antériorité du choix de Dieu est aussi dangereux que l’annulation de la grâce par la morale du mérite.

Le juste milieu est sans doute de garder le cap de la passivité-active tenant ensemble l’initiative première de Dieu et la libre réponse nécessaire de l’homme. La passivité-active de Marie reste à cet égard le modèle qui conjugue grâce divine et coopération humaine. Et il nous faut maintenir avec Paul que Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1 Tm 2,4).

Se laisser choisir est alors le chemin proposé à tout homme, quelle que soit sa religion, sa culture, son histoire.

 

Se laisser aimer

Accepter-de-se-laisser-aimer-692x415 choisir« Celui qui aime est né de Dieu » (1Jn 4,7) Or naître ne relève pas d’abord de notre volonté. Ce sont nos parents qui en premier ont voulu nous faire naître, ou qui n’ont pas voulu, comme le rappelle avec désolation le chiffre des 245 000 IVG en France en 2022. Le premier, Dieu nous fait naître, en nous aimant inconditionnellement. Nos parents humains ont pour vocation de participer à cet amour premier : hélas, ils faillissent souvent, allant même jusqu’à ne pas faire naître… Les enfants non-nés ne nous manquent pas, et c’est bien là le drame. En Dieu, l’amour est offert, du début à la fin, sans reniement.

 

Se laisser aimer n’est pas si facile en réalité. On sait que beaucoup ont du mal dans un couple à se laisser aimer par l’autre, physiquement, émotionnellement, intellectuellement… Se raidir sous la caresse, se refuser à l’invitation amoureuse, croire qu’on n’est pas digne, s’épuiser à vouloir ‘être à la hauteur’, ou au contraire se laisser aller par amertume et déception… : les voies sont multiples qui reviennent à se dérober à l’amour de l’autre ! Il en est de même dans notre relation à Dieu, et d’ailleurs les deux vont ensemble : se raidir sous l’impulsion de l’Esprit, imaginer un Dieu-surmoi inatteignable, ou désespérer de lui, ou se croire indigne de lui…

En fait, se laisser aimer n’est pas le résultat de notre volonté : c’est là encore le fruit de l’accueil du don gratuit que Dieu nous fait de nous-mêmes.

Recevoir de Dieu la capacité de nous laisser aimer est une forme d’abandon spirituel, mobilisant activement toutes nos ressources.

 

Se laisser aimanter

 LustigerUne image peut nous aider à visualiser comment Dieu nous façonne à travers son choix et son amour. Prenez un tas de limaille de fer, informe et gris, sur une feuille de papier. Passez au-dessus de lui un fort aimant. Vous verrez se dessiner des lignes de force qui tout d’un coup transforment le tas de limaille en figure géométrique ordonnée et structurée. C’est l’attraction magnétique de l’aimant qui opère cette métamorphose. Ainsi fait Dieu avec nous : par la force de son attraction d’amour, il nous fait émerger de l’animalité, il dessine en nous des lignes de force spirituelles. En nous choisissant, il nous structure à son image et à sa ressemblance.

En nous laissant faire par cette attraction amoureuse, nous prenons forme divine, nous devenons nous-mêmes, nous naissons à la vie véritable.

 

Dieu est en ce sens le premier Aimant de l’homme, de tout l’homme, tous les hommes.

Le Christ, élevé de terre, nous attire à lui mieux que l’aimant la limaille ; il nous suscite comme des êtres de désir, capables d’aimer en réponse à son amour, jusqu’à aimer ceux qui ne nous aiment pas comme il le fit lui-même. Jusqu’à aimer nos ennemis. Pour un palestinien ou un ukrainien, cela résonne comme un appel impossible, sauf si cela ne vient pas de nous mais nous est donné par un autre…

 

Nous sommes la petite puce dans l’oreille de l’éléphant qui peut s’émerveiller : « tu vois comment nous avons fait trembler le pont ! », en sachant bien que l’éléphant a fait le plus gros…

 

La pucelle d’Orléans avait choisi comme devise : Dieu premier servi. Nous pouvons la paraphraser : Dieu premier Aimant est la devise des artisans de paix, des martyrs, des champions des Béatitudes…

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[1]. Jean-Marie Lustiger, Le choix de Dieu, Ed. de Fallois, 1987.

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Même sur les nations païennes, le don de l’Esprit Saint avait été répandu » (Ac 10, 25-26.34-35.44-48)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
Comme Pierre arrivait à Césarée chez Corneille, centurion de l’armée romaine, celui-ci vint à sa rencontre, et, tombant à ses pieds, il se prosterna. Mais Pierre le releva en disant : « Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. » Alors Pierre prit la parole et dit : « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. » Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Les croyants qui accompagnaient Pierre, et qui étaient juifs d’origine, furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l’Esprit Saint avait été répandu. En effet, on les entendait parler en langues et chanter la grandeur de Dieu. Pierre dit alors : « Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? » Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux.
 
PSAUME
(Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4)
R/ Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations. ou : Alléluia ! (Ps 97, 2)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s’est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d’Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !

DEUXIÈME LECTURE
« Dieu est amour » (1 Jn 4, 7-10)

Lecture de la première lettre de saint Jean
Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour.
Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés.
 
ÉVANGILE
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 9-17)
Alléluia. Alléluia. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ; mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui. Alléluia. (Jn 14, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »
Patrick Braud

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