L'homélie du dimanche (prochain)

  • Accueil
  • > Recherche : homelie dimanche

15 avril 2025

Vendredi Saint : Éveille-toi, ô toi qui dors !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Vendredi Saint : Éveille-toi, ô toi qui dors !

 

Homélie pour le Vendredi Saint / Année C
18/04/25


Cf. également :

Le Vendredi Saint du Serviteur souffrant
Le grand silence du Samedi Saint
Vendredi saint : les soldats, libres d’obéir
Vendredi Saint : la Passion musicale
Comme un agneau conduit à l’abattoir
Vendredi Saint : paroles de crucifié
Vendredi Saint : La vilaine mort du Christ
Vendredi Saint : les morts oubliés
Vendredi Saint : la déréliction de Marie
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

 

L’office des Lectures du Samedi Saint nous fait lire chaque année ce jour-là une homélie du IV° siècle attribuée à Saint Épiphane de Salamine (IV° siècle). Elle convient également parfaitement à la lecture de la Passion que nous venons d’entendre en ce Vendredi Saint. Qu’elle nous aide à méditer la promesse qui nous est faite aujourd’hui…


Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s’est apaisée, parce que Dieu s’est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler. 


Vendredi Saint : Éveille-toi, ô toi qui dors ! dans Communauté spirituelle 91fU2UGKiIL._AC_SL1500_C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. Oui. c’est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs. 


Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la croix, l’arme de sa victoire. Lorsqu’il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s’écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! » Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant : Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.


« C’est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils ; c’est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes : Sortez. À ceux qui sont dans les ténèbres : Soyez illuminés. À ceux qui sont endormis : Relevez-vous.


Je te l’ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t’ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.

C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c’est pour toi que moi, le Maître, j’ai pris ta forme d’esclave ; c’est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre ; c’est pour toi, l’homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c’est pour toi, qui es sorti du jardin, que j’ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j’ai été crucifié dans un jardin.


Vois les crachats sur mon visage ; c’est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.


Vois la flagellation sur mon dos, que j’ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois. 


Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t’es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Ève. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.


Lève-toi, partons d’ici. L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi. J’ai posté les chérubins pour qu’ils te gardent comme un serviteur; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un Dieu. 


Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. »

 

Homélie ancienne pour le grand et Saint Samedi

Éveille-toi, ô toi qui dors !

 

 

 

Lectures de l’Office de la Passion


Première lecture
« C’est à cause de nos fautes qu’il a été broyé » (Is 52, 13 – 53, 12)


Lecture du livre du prophète Isaïe
Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme. Il étonnera de même une multitude de nations ; devant lui les rois resteront bouche bée, car ils verront ce que, jamais, on ne leur avait dit, ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler.
Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ? Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride ; il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous.
Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à mort pour les révoltes de son peuple. On a placé sa tombe avec les méchants, son tombeau avec les riches ; et pourtant il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche. Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira.
Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.

Psaume
(30 (31), 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25)
R/ Ô Père, en tes mains je remets mon esprit.
 (cf. Lc 23, 46)

En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ;
garde-moi d’être humilié pour toujours.
En tes mains je remets mon esprit ;
tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.

Je suis la risée de mes adversaires
et même de mes voisins ;
je fais peur à mes amis,
s’ils me voient dans la rue, ils me fuient.

On m’ignore comme un mort oublié,
comme une chose qu’on jette.
J’entends les calomnies de la foule :
ils s’accordent pour m’ôter la vie.

Moi, je suis sûr de toi, Seigneur,
je dis : « Tu es mon Dieu ! »
Mes jours sont dans ta main : délivre-moi
des mains hostiles qui s’acharnent.

Sur ton serviteur, que s’illumine ta face ;
sauve-moi par ton amour.
Soyez forts, prenez courage,
vous tous qui espérez le Seigneur !

Deuxième lecture
Il apprit l’obéissance et il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel (He 4, 14-16 ; 5, 7-9)


Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères, en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair, offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect. Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.


Évangile
Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Jn 18, 1 – 19, 42)
Le Christ s’est anéanti, prenant la condition de serviteur.

Pour nous, le Christ est devenu obéissant, jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom.
Le Christ s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. (cf. Ph 2, 8-9)


La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Jean
Indications pour la lecture dialoguée : les sigles désignant les divers interlocuteurs sont les suivants :
X = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.


L. En ce temps-là, après le repas, Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples. Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis. Judas, avec un détachement de soldats ainsi que des gardes envoyés par les grands prêtres et les pharisiens, arrive à cet endroit. Ils avaient des lanternes, des torches et des armes. Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : X « Qui cherchez-vous? » L. Ils lui répondirent : F. « Jésus le Nazaréen. » L. Il leur dit : X « C’est moi, je le suis. » L. Judas, qui le livrait, se tenait avec eux. Quand Jésus leur répondit : « C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre. Il leur demanda de nouveau : X « Qui cherchez-vous? » L. Ils dirent : F. « Jésus le Nazaréen. » L. Jésus répondit : X « Je vous l’ai dit : c’est moi, je le suis. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir. » L. Ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés. » Or Simon-Pierre avait une épée ; il la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malcus. Jésus dit à Pierre : X « Remets ton épée au fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, vais-je refuser de la boire ? » L. Alors la troupe, le commandant et les gardes juifs se saisirent de Jésus et le ligotèrent. Ils l’emmenèrent d’abord chez Hanne, beau-père de Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là. Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple. » Or Simon-Pierre, ainsi qu’un autre disciple, suivait Jésus. Comme ce disciple était connu du grand prêtre, il entra avec Jésus dans le palais du grand prêtre. Pierre se tenait près de la porte, dehors. Alors l’autre disciple – celui qui était connu du grand prêtre – sortit, dit un mot à la servante qui gardait la porte, et fit entrer Pierre. Cette jeune servante dit alors à Pierre : A. « N’es-tu pas, toi aussi, l’un des disciples de cet homme ? » L. Il répondit : D. « Non, je ne le suis pas ! » L. Les serviteurs et les gardes se tenaient là ; comme il faisait froid, ils avaient fait un feu de braise pour se réchauffer. Pierre était avec eux, en train de se chauffer. Le grand prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur son enseignement. Jésus lui répondit : X « Moi, j’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné à la synagogue et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi m’interroges-tu ? Ce que je leur ai dit, demande-le à ceux qui m’ont entendu. Eux savent ce que j’ai dit. » L. À ces mots, un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : A. « C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! » L. Jésus lui répliqua : X « Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal. Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » L. Hanne l’envoya, toujours ligoté, au grand prêtre Caïphe. Simon-Pierre était donc en train de se chauffer. On lui dit : A. « N’es-tu pas, toi aussi, l’un de ses disciples ? » L. Pierre le nia et dit : D. « Non, je ne le suis pas ! » L. Un des serviteurs du grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, insista : A. « Est-ce que moi, je ne t’ai pas vu dans le jardin avec lui ? » L. Encore une fois, Pierre le nia. Et aussitôt un coq chanta. Alors on emmène Jésus de chez Caïphe au Prétoire. C’était le matin. Ceux qui l’avaient amené n’entrèrent pas dans le Prétoire, pour éviter une souillure et pouvoir manger l’agneau pascal. Pilate sortit donc à leur rencontre et demanda : A. « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » L. Ils lui répondirent : F. « S’il n’était pas un malfaiteur, nous ne t’aurions pas livré cet homme. » L. Pilate leur dit : A. « Prenez-le vous-mêmes et jugez-le suivant votre loi. » L. Les Juifs lui dirent : F. « Nous n’avons pas le droit de mettre quelqu’un à mort. » L. Ainsi s’accomplissait la parole que Jésus avait dite pour signifier de quel genre de mort il allait mourir. Alors Pilate rentra dans le Prétoire ; il appela Jésus et lui dit : A. « Es-tu le roi des Juifs ? » L. Jésus lui demanda : X « Dis-tu cela de toi-même, Ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » L. Pilate répondit : A. « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » L. Jésus déclara : X « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » L. Pilate lui dit : A. « Alors, tu es roi ? » L. Jésus répondit : X « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » L. Pilate lui dit : A. « Qu’est-ce que la vérité ? » L. Ayant dit cela, il sortit de nouveau à la rencontre des Juifs, et il leur déclara : A. « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais, chez vous, c’est la coutume que je vous relâche quelqu’un pour la Pâque : voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? » L. Alors ils répliquèrent en criant : F. « Pas lui ! Mais Barabbas ! » L. Or ce Barabbas était un bandit. Alors Pilate fit saisir Jésus pour qu’il soit flagellé. Les soldats tressèrent avec des épines une couronne qu’ils lui posèrent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau pourpre. Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : F. « Salut à toi, roi des Juifs ! » L. Et ils le giflaient. Pilate, de nouveau, sortit dehors et leur dit : A. « Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » L. Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d’épines et le manteau pourpre. Et Pilate leur déclara : A. « Voici l’homme. » L. Quand ils le virent, les grands prêtres et les gardes se mirent à crier : F. « Crucifie-le! Crucifie-le! » L. Pilate leur dit : A. « Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » L. Ils lui répondirent : F. « Nous avons une Loi, et suivant la Loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. » L. Quand Pilate entendit ces paroles, il redoubla de crainte. Il rentra dans le Prétoire, et dit à Jésus : A. « D’où es-tu? » L. Jésus ne lui fit aucune réponse. Pilate lui dit alors : A. « Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te relâcher, et pouvoir de te crucifier ? » L. Jésus répondit : X « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi porte un péché plus grand. » L. Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher ; mais des Juifs se mirent à crier : F. « Si tu le relâches, tu n’es pas un ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur. » L. En entendant ces paroles, Pilate amena Jésus au-dehors; il le fit asseoir sur une estrade au lieu dit le Dallage – en hébreu : Gabbatha. C’était le jour de la Préparation de la Pâque, vers la sixième heure, environ midi. Pilate dit aux Juifs : A. « Voici votre roi. » L. Alors ils crièrent : F. « À mort ! À mort ! Crucifie-le ! » L. Pilate leur dit : A. « Vais-je crucifier votre roi ? » L. Les grands prêtres répondirent : F. « Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur. » L. Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié. Ils se saisirent de Jésus. Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha. C’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. » Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que l’endroit où l’on avait crucifié Jésus était proche de la ville, et que c’était écrit en hébreu, en latin et en grec. Alors les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate : F. « N’écris pas : “Roi des Juifs” ; mais : “Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs.” » L. Pilate répondit : A. « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. » L. Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : A. « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. » L. Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats. Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : X « Femme, voici ton fils. » L. Puis il dit au disciple : X « Voici ta mère. » L. Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : X « J’ai soif. » L. Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : X « Tout est accompli. » L. Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. (Ici on fléchit le genou, et on s’arrête un instant.) Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus. Nicodème – celui qui, au début, était venu trouver Jésus pendant la nuit – vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges, en employant les aromates selon la coutume juive d’ensevelir les morts. À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. À cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus.

Patrick BRAUD

Mots-clés : ,

13 avril 2025

Jeudi Saint : Qu’avons-nous fait de l’Homme ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Jeudi Saint : Qu’avons-nous fait de l’Homme ?

 

Homélie pour le Jeudi Saint / Année C
17/04/25


Cf. également :

Jeudi Saint : aimer jusqu’au « telos »
Jeudi Saint : les multiples interprétations du lavement des pieds
Jeudi saint : les réticences de Pierre
« Laisse faire » : éloge du non-agir
« Laisse faire » : l’étrange libéralisme de Jésus
Jeudi Saint : pourquoi azyme ?
La commensalité du Jeudi saint
Le Jeudi saint de Pierre
Jeudi Saint / De la bouchée au baiser : la méprise de Judas
Jeudi Saint : la nappe-monde eucharistique
Je suis ce que je mange
La table du Jeudi saint
Le pain perdu du Jeudi Saint
De l’achat au don
Pâques : les 4 nuits

 

Maurice Zundel méditait ainsi sur le lavement des pieds de la dernière Cène (Lausanne – Montalivet, le Jeudi saint 7 avril 1966) :


Qu’avons-nous fait de l’Homme ? C’est la question que nous pose cette Liturgie du Jeudi Saint. Qu’avons-nous fait de l’Homme ?
Si nous avions compris l’Évangile de Jésus, est-ce que le monde serait dans l’état où il se trouve aujourd’hui ? Évidemment non !

Car justement cette liturgie du Jeudi Saint cumule, en quelque sorte, toutes les consécrations de l’Homme par Jésus-Christ. Le « Mandatum » , la dernière consigne de Jésus :   « C’est à cela que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples si vous vous aimez les uns les autres comme je vous ai aimés  » (Jn. 13, 35).
Quel paradoxe ! Le dernier mot du Christ ! Le dernier mot du suprême Prophète, le dernier mot du Fils de l’Homme et du Fils de Dieu, c’est d’aimer l’Homme et de faire de l’amour de l’Homme, le test, le critère, la pierre de touche de l’amour de Dieu.
Et cet amour de l’homme, Jésus va le manifester dans cette scène incomparable, inépuisable, bouleversante, du Lavement des Pieds. Il va nous montrer Dieu à genoux devant l’Homme, devant l’Homme qui est le Royaume de Dieu, devant l’Homme qui porte l’infini dans son cœur, comme le dit le Pape saint Grégoire, exprimant cette nouveauté merveilleuse :  « Le ciel, c’est l’âme du Juste ».

Jésus à genoux devant l’Homme ! Il n’y a plus maintenant, rien à ménager. Il ne s’agit plus de conduire les disciples par une parabole, il faut les mettre brutalement en face de la réalité, car la catastrophe est imminente : le Sauveur du monde va être immolé, la toute-puissance de Dieu va connaître ce formidable échec, en apparence. Le salut va venir par la mort sur la Croix.
Il faut donc que le vrai visage de Dieu s’imprime maintenant dans le cœur des disciples et qu’ils sachent que Dieu, justement, est au-dedans d’eux-mêmes, d’une Présence confiée à toute conscience humaine. C’est à cela que Jésus veut les conduire ses disciples, c’est ce Royaume de Dieu qu’il voulait ériger au-dedans de nous, nous révélant que le ciel est ici, maintenant, dans cette éternité de l’amour, au cœur de notre plus secrète intimité.
C’est donc là qu’il faut chercher Dieu, dans l’Homme ; et pour atteindre à la perfection chrétienne, il faut que tous les Hommes ensemble constituent un seul corps, une seule vie, une seule personne en Jésus ; et tout cela justement, que l’Eucharistie va sceller.
L’Eucharistie qui pour l’éternité, l’affirmation qu’il n’y a pas d’accès possible à Dieu, autrement que par le chemin de l’Homme, car Jésus, le Christ notre Seigneur, bien sûr, ne cesse jamais d’être avec nous. Il est toujours comme sur le chemin d’Emmaüs, le compagnon de nos vies, davantage, il est toujours au-dedans de nous, au-dedans de chacun de nous.

C’est pourquoi tout ce que nous faisons aux autres en mal ou en bien, le frappe, l’atteint, le comble ou le déchire, parce que, il est intérieur à chacune de nos humanités, parce qu’il est une attente infinie dans chacune de nos consciences.
Alors, s’il est déjà là, pourquoi l’Eucharistie ? Si toute grâce vient de lui et si ce que nous appelons l’état de grâce, c’est-à-dire cette vie divine en nous, est issue de son cœur, et nous est communiquée par sa Présence, si donc son humanité en est le canal et l’instrument inséparable, si vraiment donc Jésus est toujours avec nous, pourquoi l’Eucharistie ?

C’est justement pour affirmer que jamais, au grand jamais, il ne sera possible de l’atteindre sans prendre en charge toute l’humanité. Pourquoi ? Mais parce que Jésus, justement, est le second Adam, parce qu’il est le Fils de l’Homme dans un sens unique, parce que, il est à l’intérieur de chacun, n’ayant pas de limites, ne s’appartenant aucunement dans son humanité, qui est le sacrement diaphane, immense, de la Présence divine ; son humanité n’ayant pas de frontière peut être ouverte sur toute l’humanité, peut rassembler toutes les générations, peut rendre tous les Hommes de tous les siècles contemporains.

Et lui seul, justement, est le lien d’une humanité libérée de ses limites, d’une humanité où chacun rejoint l’autre par le dedans, où chacun rejoint l’autre par sa liberté, par son ouverture, par cette respiration de Dieu qui conditionne toute notre dignité.
Pour atteindre Dieu, il faut donc – j’entends le Dieu vivant, le vrai Dieu, le Dieu qui est au-dedans de nous un espace infini – il faut donc ouvrir nos cœurs, il faut les faire aux dimensions de son cœur, il faut nous rendre universels, il faut dépasser nos frontières et nos limites, il faut que nous devenions une Présence à tous et à chacun.
Et c’est alors que nous atteindrons, que nous rejoindrons, que nous découvrirons le vrai Dieu. Si nous en faisons une idole à notre mesure, si nous le restreignons à nos besoins, si nous réduisons Dieu à un monopole de secte ou de parti, il s’agit d’un faux dieu.
Le vrai Dieu n’a pas de frontières, le vrai Dieu est un Amour illimité, le vrai Dieu est tout entier et infiniment en chacun un don illimité.
Jésus était présent à ses Apôtres ; ils ne l’ont pas connu ; il était devant Pilate, il ne l’a pas connu ; il comparaissait devant Caïphe, il ne l’a pas connu ; parce que tous le voyaient du dehors, ils le voyaient devant eux, au lieu de le voir au-dedans d’eux-mêmes, comme le principe, comme le lien qui unit tous les Hommes et qui peut faire de tous un seul Corps, une seule vie. Et c’est cela justement que le Seigneur voulait.

A l’Eucharistie, ce n’est pas une idole où on met un morceau de pain dans sa bouche, une idole où on fait de Dieu un objet portatif dont on dispose ! C’est tout le contraire ! L’Eucharistie c’est l’impossibilité d’atteindre Dieu sans passer par toute l’humanité, sans assumer toute l’Histoire, sans s’ouvrir à toutes les douleurs, à toutes les solitudes, à tous les abandons, à tous les crimes, à toutes les misères, à toutes les, à toutes les attentes, à tous les espoirs.


Jeudi Saint : Qu’avons-nous fait de l’Homme ? dans Communauté spirituelle VISUEL+LE+CORPS+DU+CHRIST+%25282%2529Vous ne pourrez venir à moi, c’est cela que veut dire l’Eucharistie, qu’en vous faisant d’abord mon Corps.
 C’est quand vous serez tous ensemble mon Corps Mystique, quand circulera, entre vous, un même Amour qui fera de vous les membres les uns des autres, c’est alors que vous pourrez m’appeler d’une manière efficace, c’est alors que vous serez en prise sur mon intimité, parce que justement votre intimité sera devenue illimitée et universelle.
Vous m’appellerez et je répondrai. Vous m’appellerez et je serai présent. Vous m’appellerez et je serai l’aliment de ce banquet universel qui vous rassemble tous autour de ma table et où vous vous échangez les uns les autres en échangeant la Présence divine elle-même.


Oui, c’est cela l’Eucharistie, elle n’a pas pour but de rendre présent le Christ. Il est toujours déjà là, c’est nous qui ne sommes pas là
. L’Eucharistie a pour but de nous rendre présents au Christ et de fermer l’anneau d’or des fiançailles éternelles et de faire jaillir en nous la plénitude de sa vie, dans la mesure où nous lui apportons la plénitude de la nôtre. Et un immense appel qui n’a pas été entendu et qui aurait dû y être.
Si cet appel avait, avait été entendu, est-ce qu’il aurait encore un esclavage pour les deux tiers de l’humanité ? Est-ce qu’il y aurait des Stalines ? Est-ce qu’il y aurait des abandons et des trahisons, si cet appel avait été entendu ?
Nous avons fait de Dieu une idole, de l’Eucharistie une idole, nous avons processionné autour de cette idole, et nous n’avons pas vu qu’elle était une exigence formidable, qu’elle demandait de chacun de nous qu’il se surmonte, qu’il se dépasse, qu’il fasse de son cœur un cœur illimité, qu’il accueille les autres au nom du Christ, en voyant en eux le Christ et en leur donnant le Christ, par sa fraternité même.


Ah ! Il faut que nous rendions à l’Évangile son réalisme incomparable, car personne n’a jamais aimé Dieu, je veux dire, n’a jamais aimé l’Homme comme Jésus-Christ. Personne n’a la passion de l’Homme comme Jésus-Christ. Et cette Passion que nous célébrons, ce Mystère de la Foi, il signifie justement au cœur de Dieu cette passion infinie pour l’Homme.
Le prix de notre vie, c’est lui, c’est lui-même, offert pour nous. Comment donc pourrions-nous le joindre sans assumer l’Homme, sans découvrir la grandeur de l’Homme, sans comprendre que le Royaume de Dieu ne peut s’accomplir qu’au-dedans de l’Homme, sans mettre au-dessus de tous nos intérêts, cette grandeur divine de l’Homme qui est tout le Royaume de Dieu dans une Incarnation de Dieu qui se continue jusqu’à la fin des siècles.


Et voilà la question qui nous est posée ce soir : qu’avons-nous fait de l’Homme ? Qu’avons-nous fait de l’Homme ? Est-ce que nous continuerons à processionner autour d’une idole ? D’une idole que nous avons construite en méconnaissant le don de Dieu.
Bien sûr, le Christ se donne réellement à nous; par l’Eucharistie vraiment il se communique. Mais s’il se communique par l’Eucharistie, c’est en réponse à cet appel de l’Église qui, seule, peut prononcer les paroles délicates qui actualisent cette Présence.
L’Église : Corps Mystique, mais l’Église, c’est nous ! Ce Corps Mystique, nous avons tous à le former, et il faut le dire : s’il n’y avait pas ce soir dans l’humanité quelqu’un qui aime, quelqu’un qui aime l’humanité, s’il n’y avait pas ce soir dans la Communauté chrétienne quelqu’un qui s’efforce vers l’universel, s’il n’y avait pas une âme au moins, dans le monde, en état d’ouverture plénière à Jésus-Christ, eh bien, la Consécration serait impossible ; elle serait invalide, parce que elle n’est pas un acte magique. Les paroles consécratrices sont le cri de l’Église, le Christum mystique
Il n’y aurait plus de Corps Mystique, s’il n’y avait pas au moins une âme, ce soir, en état de charité, pour répondre à cette Passion de Dieu envers toute l’humanité.
Dieu fait, ce soir, nous rassembler autour de sa table pour nous transformer en lui, en se donnant à nous. Il est donc impossible de disjoindre l’Eucharistie, le Lavement des Pieds, le  « Mandatum » , le suprême commandement, car ces trois sommets ont la même signification : impossible d’aller à Dieu autrement que par le chemin de l’Homme.


 eucharistie dans Communauté spirituelle

Nous allons donc communier, tout à l’heure, à l’humanité d’abord, pour communier à la Présence divine. Nous allons essayer d’étendre notre regard à toutes les douleurs, à toutes les souffrances, à toutes les solitudes, à tous les désespoirs, à toutes les famines… Mais pour que cela soit vrai, il faudra que ce soir, nous ôtions de nos cœurs tout ce qui nous sépare de l’amour humain, de l’amour de nos frères : toutes nos rancunes, tous nos ressentiments, tous nos refus de pardonner, et il faudra que ce soir en rentrant chez nous, nous apportions à ceux que nous rencontrerons, ce soir, un autre visage, un visage qui laisse transparaître Dieu, un visage où Dieu pourra se respirer comme l’appel du plus haut Amour, un visage enfin, qui sera une Présence, c’est-à-dire, un don silencieux, un don agenouillé, un don intérieur, un don à travers lequel le vrai Dieu, enfin, pourra se manifester.


L’Eucharistie, il ne faut jamais l’oublier, cette Présence communautaire par la Communauté, dans la Communauté, pour la Communauté, cette Présence est un appel constant à l’universel. On ne peut pas prendre la Communion pour soi tout seul. On communie toujours avec les autres, pour les autres, pour être le viatique de tous et de chacun, pour que personne ne soit abandonné, pour qu’aucun gâchis ne soit sans consolation, pour qu’aucune détresse ne ressuscite pas à l’espérance, pour qu’aucun malade n’éprouve un soulagement, pour que tous enfin se sentent appelés, entourés, et que s’ils passent de cette vie à l’invisible, nous ayons communié pour eux et qu’ils aient communié à travers nous.
Nous voulons demander au Seigneur, en poursuivant cette liturgie, nous voulons lui demander de sceller dans notre cœur cet appel, cette exigence infinie, afin que cette question :  « Qu’avons-nous fait de l’Homme ?  » devienne pour nous, chaque jour un programme, un désir, pour témoigner de Jésus-Christ, d’empoigner les problèmes humains avec la volonté de les résoudre.


Et surtout, puisqu’enfin il s’agit d’agir dans le plus concret et le plus immédiat, surtout que surgisse en nous, chaque jour, cette volonté de ne jamais ajouter, volontairement, à la douleur d’autrui, aujourd’hui, de ne pas ajouter à la peine de ceux qui nous entourent ; mais au contraire d’alléger leur fardeau et de leur faire apparaître Dieu comme la joie de notre jeunesse, de le leur révéler comme ce Cœur qui n’est qu’un Cœur, comme cet Amour qui n’est que l’Amour, comme celui enfin, qui a donné à l’humanité toutes ses dimensions en nous révélant cette Passion de l’Homme, infinie, qui brûle au Cœur de Jésus-Christ et qui fait qu‘il nous rassemble ce soir, autour de sa table, afin que nous devenions avec lui, en nous donnant à lui, comme il se donne à nous, pour nous donner à lui en nous donnant à toute l’humanité, afin que nous devenions en lui, un seul Corps, une seule vie, une seule personne, un seul pain vivant !


Messe du soir


1ère lecture : Prescriptions concernant le repas pascal (Ex 12, 1-8.11-14)


Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron : « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année. Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger. Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera. On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur. Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte. Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. »


Psaume : 115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18
R/ La coupe de bénédiction est communion au sang du Christ. (cf. 1 Co 10, 16)


Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu’il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du salut,
j’invoquerai le nom du Seigneur.


Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?


Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple.


2ème lecture : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur » (1 Co 11, 23-26)


Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères, moi, Paul, j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. »
Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.


Évangile : « Il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1-15)
Acclamation :
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !
Je vous donne un commandement nouveau, dit le Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (cf. Jn 13, 34)


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.
Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »
Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
Patrick BRAUD


Mots-clés : , ,

6 avril 2025

Rameaux : Fais la fête, Église du Christ !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Rameaux : Fais la fête, Église du Christ !

 

Homélie pour le Dimanche des Rameaux / Année C
13/04/25


Cf. également :

De quoi l’ânon des rameaux est-il le nom ?
Le coq défait Pierre
Rameaux : la Passion du Christ selon Mel Gibson
Rameaux : vous reprendrez bien un psaume ?
Rameaux : la Passion hallucinée de Jérôme Bosch
Rameaux : le conflit ou l’archipel
Comment devenir dépassionnés
Rameaux : assumer nos conflits
Rameaux, kénose et relèvement
Briser la logique infernale du bouc émissaire
Les multiples interprétations symboliques du dimanche des rameaux
Le tag cloud de la Passion du Christ
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
C’est l’outrage et non pas la douleur
Il a été compté avec les pécheurs
Sortir, partir ailleurs…


Quel contraste entre le Messie acclamé à la porte de Jérusalem et le criminel humilié au Golgotha !…. Un Père abbé cistercien du XII° siècle nous aide à mesurer l’écart entre les deux, que nous reproduisons trop souvent hélas dans nos vies.


« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » 

C’est sous deux aspects bien différents que la fête d’aujourd’hui présente aux enfants des hommes celui que notre âme désire (Is 26,9), « le plus beau des enfants des hommes » (Ps 44,3). Il attire notre regard sous les deux aspects ; sous l’un et l’autre nous le désirons et nous l’aimons, car en l’un et l’autre il est le Sauveur des hommes… 

 

Si on considère en même temps la procession d’aujourd’hui et la Passion, on voit Jésus, d’un côté sublime et glorieux, de l’autre humilié et douloureux. Car dans la procession il reçoit des honneurs royaux, et dans la Passion on le voit châtié comme un malfaiteur. 

Rameaux : Fais la fête, Église du Christ ! dans Communauté spirituelle mel-gibson-5f68a9d2d4522Ici, la gloire et l’honneur l’environnent ; là « il n’a ni apparence ni beauté » (Is 53,2). 

Ici, il est la joie des hommes et la fierté du peuple ; là, c’est « la honte des hommes et le mépris du peuple » (Ps 21,7). 

Ici, on l’acclame : « Hosanna au fils de David. Béni soit le roi d’Israël qui vient ! » Là, on hurle qu’il mérite la mort et on se moque de lui parce qu’il s’est fait roi d’Israël. 

Ici, on accourt vers lui avec des palmes ; là, ils le soufflettent au visage avec leurs paumes, et on frappe sa tête à coups de roseau. 

Ici, on le comble d’éloges ; là, il est rassasié d’injures. 

Ici, on se dispute pour joncher sa route avec le vêtement des autres ; là, on le dépouille de ses propres vêtements. 

Ici, on le reçoit dans Jérusalem comme le roi juste et le Sauveur ; là, il est chassé de Jérusalem comme un criminel et un imposteur. 

Ici, il est monté sur un âne, entouré d’hommages ; là, il est pendu au bois de la croix, déchiré par les fouets, transpercé de plaies et abandonné par les siens… 

 

Seigneur Jésus, que ton visage apparaisse glorieux ou humilié, toujours on y voit luire la sagesse. De ton visage rayonne l’éclat de la lumière éternelle (Sg 7,26). Que brille toujours sur nous, Seigneur, la lumière de ton visage (Ps 4,7) dans les tristesses comme dans les joies… Tu es la joie et le salut de tous, qu’ils te voient monté sur l’âne ou suspendu au bois de la croix.

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)
3° Sermon pour le dimanche des Rameaux

 

Épiphane de Salamine (IV° siècle) invite toute l’Église à fêter dans la joie celui qui hier rayonnait de gloire et aujourd’hui s’expose au mépris des foules et s’abaisse jusqu’à la croix…


« Sois en grande joie, fille de Sion » (Za 9,9), sois dans l’allégresse et l’exultation, Église de Dieu, car voici ton Roi qui vient à toi, voici ton Époux qui vient, assis sur un ânon comme sur un trône ! Allons en toute hâte au-devant de lui pour contempler sa gloire. Voici le salut du monde : Dieu vient vers la croix. Nous aussi, les peuples, crions aujourd’hui avec le peuple : « Hosanna au Fils de David, sauve-nous dans les hauteurs, ô Dieu ! » (Mt 21,9 ; Ps 117,25 hebr.). 

 

Ô nouveauté et merveille étrange ! 

web-jim-caviezel-and-dario-dambrosi-in-the-passion-of-the-christ-2004 Passion dans Communauté spirituelleHier, le Christ ressuscitait des morts Lazare ; aujourd’hui, il court à la mort. 

Hier, il donnait la vie à un autre, lui qui est la vie ; aujourd’hui le donneur de vie va à la mort. 

Hier il déliait Lazare de ses liens ; aujourd’hui il tend les mains à ceux qui veulent le ligoter. 

Hier, il arrachait un homme aux ténèbres ; aujourd’hui, pour les hommes, il s’enfonce dans les ténèbres et l’ombre de la mort. 

Hier, six jours avant Pâques, il rendait aux deux sœurs leur frère dans la tombe depuis quatre  jours ; aujourd’hui il va vers la croix.

Hier, il offrait à Marie un mort de quatre jours ; aujourd’hui le Christ s’offre à l’Église après trois  jours.

La seule Béthanie était alors dans l’admiration, mais ici c’est jour de fête pour toute l’Église. Elle célèbre la fête de fête, car elle reçoit au milieu d’elle le roi des êtres incorporels, qui est tout à la fois son roi et son époux.

 

C’est un jour de fête que célèbre l’Église, sous l’ombrage du Christ, olivier qui porte du fruit dans la maison de Dieu (Ps 51,10) ; elle célèbre un jour de fête avec le Christ, lis printanier du Paradis en fleur. Car le Christ se tient au milieu de l’Église, lui vrai lis en fleur, racine de Jessé qui ne juge pas le monde mais le sert (Is 11,1.3). Il se tient au milieu de l’Église, source éternelle d’où jaillissent non plus les fleuves du paradis (Gn 2,10), mais Matthieu, Marc, Luc et Jean, qui arrosent le jardin de l’Église du Christ. Aujourd’hui, nous qui sommes de jeunes plants d’olivier féconds (cf. Ps 127,3), tenant en main des rameaux d’olivier, supplions le Christ miséricordieux. « Plantés dans la maison du Seigneur », fleurissant au printemps dans « les parvis de la maison de notre Dieu », célébrons un jour de fête : « l’hiver s’en est allé ! » (Ps 91,14 ; Ct 2,11). 

 

Fais la fête, Église du Christ ! Mène la danse, non en figure ni de façon matérielle, mais fais la fête en esprit et dans ton cœur. Car pour toi, je m’écrie avec Paul d’une voix sainte et forte : « Les choses anciennes ont disparu, voici que tout est nouveau » (2Co 5,17). 

Oui, réjouis-toi dans le Seigneur, troupeau du Christ. 

Un prophète, regardant vers le roi s’écrie : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », et un autre annonce à son sujet : « Voici un homme et un Dieu tout ensemble : son nom est Orient », et David, regardant vers le Christ issu de sa race selon la chair, dit : « Le seigneur est Dieu, et il nous est apparu ».

 

Ô jour de fête admirable par sa nouveauté, surprenant et étonnant : les enfants acclament le Christ comme Dieu et les prêtres le maudissent, les enfants l’adorent et les docteurs méprisants le calomnient. 

Les enfants crient : « Hosanna ! » et les hébreux vocifèrent : « Crucifie-le ! » 

Ceux-ci se rassemblent autour du Christ avec des palmes, ceux-là se jettent sur lui avec des épées.

Ceux-ci coupent des Rameaux, ceux-là préparent une croix.

Épiphane de Salamine

Homélie pour la fête des Palmes

 

 

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

Procession des Rameaux

Entrée messianique (Lc 19, 28-40)
En ce temps-là, Jésus partit en avant pour monter à Jérusalem. Lorsqu’il approcha de Bethphagé et de Béthanie, près de l’endroit appelé mont des Oliviers, il envoya deux de ses disciples, en disant : « Allez à ce village d’en face. À l’entrée, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous demande : ‘Pourquoi le détachez-vous ?’ vous répondrez : ‘Parce que le Seigneur en a besoin.’ » Les envoyés partirent et trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit. Alors qu’ils détachaient le petit âne, ses maîtres leur demandèrent : « Pourquoi détachez-vous l’âne ? » Ils répondirent : « Parce que le Seigneur en a besoin. » Ils amenèrent l’âne auprès de Jésus, jetèrent leurs manteaux dessus, et y firent monter Jésus. À mesure que Jésus avançait, les gens étendaient leurs manteaux sur le chemin. Alors que déjà Jésus approchait de la descente du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus, et ils disaient : « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, réprimande tes disciples ! » Mais il prit la parole en disant : « Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. »

Messe de la Passion

Première lecture (Is 50, 4-7)
Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.

Psaume (21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a)
Tous ceux qui me voient me bafouent ;
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »

Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure ;
Ils me percent les mains et les pieds, je peux compter tous mes os.
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !

Tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur.

Deuxième lecture (Ph 2 6-11)
Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

Évangile (Lc 22, 14 – 23, 56)
Indications pour la lecture dialoguée : Les sigles désignant les divers interlocuteurs sont les suivants : X = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.

L. Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui. Il leur dit : X « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. » L. Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce, il dit : X « Prenez ceci et partagez entre vous. Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. » L. Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : X « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » L. Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : X « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. Et cependant, voici que la main de celui qui me livre est à côté de moi sur la table. En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux cet homme-là par qui il est livré ! » L. Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres quel pourrait bien être, parmi eux, celui qui allait faire cela. Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ? Mais il leur dit : X « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël. Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. » L. Pierre lui dit : D. « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. » L. Jésus reprit : X « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. » L. Puis il leur dit : X « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous donc manqué de quelque chose ? » L. Ils lui répondirent : D. « Non, de rien. » L. Jésus leur dit : X « Eh bien maintenant, celui qui a une bourse, qu’il la prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une. Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les impies. De fait, ce qui me concerne va trouver son accomplissement. » L. Ils lui dirent : D. « Seigneur, voici deux épées. » L. Il leur répondit : X « Cela suffit. » L. Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit : X « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » L. Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : X « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » L. Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. Il leur dit : X « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. » L. Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. Jésus lui dit : X « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? » L. Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : D. « Seigneur, et si nous frappions avec l’épée ? » L. L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. Mais Jésus dit : X « Restez-en là ! » L. Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit. Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, grands prêtres, chefs des gardes du Temple et anciens : X « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous n’avez pas porté la main sur moi. Mais c’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres. » L. S’étant saisis de Jésus, ils l’emmenèrent et le firent entrer dans la résidence du grand prêtre. Pierre suivait à distance. On avait allumé un feu au milieu de la cour, et tous étaient assis là. Pierre vint s’asseoir au milieu d’eux. Une jeune servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : A. « Celui-là aussi était avec lui. » L. Mais il nia : D. « Non, je ne le connais pas. » L. Peu après, un autre dit en le voyant : F. « Toi aussi, tu es l’un d’entre eux. » L. Pierre répondit : D. « Non, je ne le suis pas. » L. Environ une heure plus tard, un autre insistait avec force : F. « C’est tout à fait sûr ! Celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. » L. Pierre répondit : D. « Je ne sais pas ce que tu veux dire. » L. Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta. Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement. Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le rouaient de coups. Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : F. « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? » L. Et ils proféraient contre lui beaucoup d’autres blasphèmes. Lorsqu’il fit jour, se réunit le collège des anciens du peuple, grands prêtres et scribes, et on emmena Jésus devant leur conseil suprême. Ils lui dirent : F. « Si tu es le Christ, dis-le nous. » L. Il leur répondit : X « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j’interroge, vous ne répondrez pas. Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la Puissance de Dieu. » L. Tous lui dirent alors : F. « Tu es donc le Fils de Dieu ? » L. Il leur répondit : X « Vous dites vous-mêmes que je le suis. » L. Ils dirent alors : F. « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes, nous l’avons entendu de sa bouche. » L. L’assemblée tout entière se leva, et on l’emmena chez Pilate. On se mit alors à l’accuser : F. « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le trouble dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et il dit qu’il est le Christ, le Roi. » L. Pilate l’interrogea : A. « Es-tu le roi des Juifs ? » L. Jésus répondit : X « C’est toi-même qui le dis. » L. Pilate s’adressa aux grands prêtres et aux foules : A. « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. » L. Mais ils insistaient avec force : F. « Il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée ; après avoir commencé en Galilée, il est venu jusqu’ici. » L. À ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen. Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya devant ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là. À la vue de Jésus, Hérode éprouva une joie extrême : en effet, depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle. Il lui posa bon nombre de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. Les grands prêtres et les scribes étaient là, et ils l’accusaient avec véhémence. Hérode, ainsi que ses soldats, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate. Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant il y avait de l’hostilité entre eux. Alors Pilate convoqua les grands prêtres, les chefs et le peuple. Il leur dit : A. « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant d’introduire la subversion dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation. D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. » L. Ils se mirent à crier tous ensemble : F. « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. » L. Ce Barabbas avait été jeté en prison pour une émeute survenue dans la ville, et pour meurtre. Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole. Mais ils vociféraient : F. « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » L. Pour la troisième fois, il leur dit : A. « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. » L. Mais ils insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient. Alors Pilate décida de satisfaire leur requête. Il relâcha celui qu’ils réclamaient, le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir. L. Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : X « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : ‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’ Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous.’ Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? » L. Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter. Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : X « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » L. Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort. Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : F. « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » L. Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : F. « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » L. Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. » L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : A. « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » L. Mais l’autre lui fit de vifs reproches : A. « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » L. Et il disait : A. « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » L. Jésus lui déclara : X « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » L. C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure, car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri : X « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » L. Et après avoir dit cela, il expira. Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant) À la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : A. « Celui-ci était réellement un homme juste. » L. Et toute la foule des gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, observant ce qui se passait, s’en retournaient en se frappant la poitrine. Tous ses amis, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, se tenaient plus loin pour regarder. Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste, qui n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le règne de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé. C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
Patrick BRAUD

Mots-clés : ,

30 mars 2025

Le doigt de Dieu

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Le doigt de Dieu

 

Homélie pour le 5° Dimanche de Carême / Année C
06/04/25


Cf. également :

Une spiritualité zéro déchet
La première pierre
Lapider : oui, mais qui ?
L’adultère, la Loi et nous
L’oubli est le pivot du bonheur
Le Capharnaüm de la mémoire : droit à l’oubli, devoir d’oubli
Comme l’oued au désert
Jésus face à la violence mimétique
Les sans-dents, pierre angulaire
Lapidation : le retour !

 

1. Rendre le mal éphémère

Le doigt de Dieu dans Communauté spirituelle Pierre-sableDeux amis marchaient dans le désert. À un moment donné, ils se disputèrent et l’un des deux donna une gifle à l’autre. Ce dernier, endolori mais sans rien dire, écrivit dans le sable : « Aujourd’hui mon meilleur ami m’a donné une gifle ».

Ils continuèrent de marcher, puis trouvèrent une oasis, dans laquelle ils décidèrent de se baigner. Mais celui qui avait été giflé manqua de se noyer et son compagnon le sauva. Quand il eut recouvré ses esprits, il écrivit sur une pierre : « Aujourd’hui mon meilleur ami m’a sauvé la vie ». 

Celui qui avait donné la gifle et avait sauvé son camarade lui demanda : 

- « Quand je t’ai blessé, tu as écrit sur le sable et maintenant tu écris sur la pierre. Pourquoi ? » Son ami lui répondit : 

- « Quand quelqu’un nous blesse, nous devons l’écrire dans le sable, où les vents du pardon peuvent l’effacer. Mais quand quelqu’un nous fait du bien, nous devons le graver dans la pierre, où aucun vent ne peut l’effacer ».

 

Cette vieille parabole de Lao Tseu semble rejoindre le sens global de notre évangile dit « de la femme adultère » (Jn 8,1-11) de ce dimanche. Jésus écrit quelque chose sur le sable, et au IV° siècle saint Jérôme imaginait contre Pélage que c’était les péchés de la femme que Jésus écrivait ainsi, afin que le vent les disperse et les efface pour toujours. 

Pourquoi pas ? C’est bien la miséricorde que le Christ est venu annoncer. Contre Pélage qui voulait faire son salut à la force du poignet, par les mérites et les vertus, Jérôme lisait dans le pardon accordé à la femme adultère la gratuité absolue du salut offert en Jésus.

 

Rendre le mal éphémère en pratiquant l’oubli des offenses : avouons que ce n’est guère à la mode en notre époque de judiciarisation forcenée (MeToo, CPI, Conseil constitutionnel, nouveaux crimes et délits etc.), qui favorise paradoxalement le retour de la loi du plus fort (Poutine, Trump, Xi Jinping, Kim Jong-un …) au mépris du droit. On peut tout à fait suivre Jérôme en interprétant le pardon accordé à la femme adultère comme un droit à l’oubli que Dieu nous octroie, sans conditions.

 

Le texte biblique est cependant plus complexe que cette seule interprétation (déjà révolutionnaire !).
Car on ne sait pas vraiment ce que Jésus écrivait.
Et il écrivait sur la terre, pas sur le sable ; et pas une fois, mais deux fois. 

Comment comprendre ce double geste étrange ?

 

2. Name and shame

 adultère dans Communauté spirituelleComme toujours, une allusion à l’Écriture vient éclairer le geste de Jésus. Il s’agit du seul passage de l’Ancien Testament qui fasse explicitement référence au fait d’écrire sur le sol : « Seigneur, espoir d’Israël, tous ceux qui t’abandonnent seront couverts de honte ; ils seront inscrits sur la terre, ceux qui se détournent de toi, car ils ont abandonné le Seigneur, la source d’eau vive » (Jr 17,13). Selon ce passage, on verrait plutôt Jésus écrire les noms des accusateurs, ces hommes endurcis qui instrumentalisent la Loi pour garder leur pouvoir de domination (sur les femmes ici), préférant ainsi l’eau croupie (la lettre de la Loi) à la source d’eau vive (l’Esprit de Jésus). Un peu à la manière de Wikileaks, Jésus écrivant sur le sol dit aux accusateurs : ‘J’ai une fiche et des documents sur chacun de vous. Votre dossier est rempli de turpitudes. Je suis prêt à le rendre public si vous persévérez à vouloir lapider cette femme’.

Processus un peu terroriste ! Mais la peur n’est-elle pas le commencement de la sagesse (Pr 9,10 ; Ps 111,10) ? Si ces ‘fous de la Loi’ n’entendent rien à la miséricorde, ils seront peut-être sensibles à la menace ! Aujourd’hui, les campagnes de Name and shame prennent  le relais de cette pression exercée par Jésus. En dévoilant médiatiquement le nom des entreprises qui ont des pratiques économiques, éthiques ou écologiques peu reluisantes, on les force à changer d’attitude, sous peine de boycott des consommateurs et des clients. Malin ! « Soyez intelligents comme des serpents » (Mt 10,16) avait conseillé Jésus à ses disciples, en leur demandant d’être plus habiles que les fils de ce monde (Lc 16,8). Et c’est efficace : le boycott de Tesla a déjà coûté des milliards de dollars à Elon Musk !  [1]


Menacer de Name and shame (et de boycott) est encore aujourd’hui un moyen évangélique, non-violent, de lutter contre l’impunité des méchants, en dévoilant publiquement leurs contradictions, leurs crimes.

À l’inverse, Jésus invite ses disciples à se réjouir de ce que leurs noms sont écrits (ἐγγράφω, engrafō) dans les cieux (Lc 10,20) : c’est donc qu’il y a une manière divine d‘écrire  les noms humains pour les graver à jamais en lui.
Name and rejoice en quelque sorte, au lieu de Name and shame
Ce que nous pouvons faire nous aussi avec ceux que nous aimons à jamais.
À la manière du grand-prêtre qui portait sur sa poitrine les noms des douze tribus d’Israël : « Les pierres étaient aux noms des fils d’Israël ; comme leurs noms, elles étaient douze, écrites (gravées) dans la pierre à la manière d’un sceau ; chacune portait le nom de l’une des douze tribus » (Ex 39,14).
À la manière également de Paul qui chérit les communautés qu’il a engendrées, et les compare à une lettre écrite par le Christ dans le cœur des fidèles : « Notre lettre de recommandation, c’est vous, elle est écrite dans nos cœurs, et tout le monde peut en avoir connaissance et la lire. De toute évidence, vous êtes cette lettre du Christ, produite par notre ministère, écrite non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non pas, comme la Loi, sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs » (2Co 3,2-3).
Nos noms sont inscrits dans les cieux, gravés sur le pectoral du Grand-Prêtre, écrits en nos cœurs par l’Esprit du Dieu vivant, formant en nous une lettre de chair au lieu de la Loi de pierre…
À la fin des temps, nous auront la surprise de découvrir notre vrai nom écrit sue la caillou que Dieu remettra en chacun en signe de sa véritable identité divine : « Au vainqueur je donnerai de la manne cachée, je lui donnerai un caillou blanc, et, écrit sur ce caillou, un nom nouveau que nul ne sait, sauf celui qui le reçoit » (Ap 2,17).
Pour la Bible, écrire le nom de quelqu’un sur la pierre, dans les cieux, dans les cœurs ou sur la terre – comme Jésus pourrait l’avoir fait face à ses accusateurs –  est donc lourd de sens !

3. Le doigt de Dieu

Moïse reçoit les Tables de la Loi de Dieu sur le mont SinaïUne autre particularité de ce texte est le fameux doigt avec le Christ écrit sur le sol. Et seulement la première fois, pas la seconde… Comment ne pas y voir une référence explicite à l’écriture des tables de la Loi au Sinaï ?

Le verbe « lapider » (lithazein Jn 8,5) et le substantif « pierre » (lithos Jn 8,7), qui en grec sont de même racine, font référence au même matériau que celui des « tables de pierre » (plakes lithinai) décrites dans l’Exode. La première fois, Moïse reçoit sur le Sinaï deux tables de pierre écrites par Dieu lui-même, « avec son doigt » (Ex 32,1-35). Mythe fondateur de l’origine transcendante de la Loi juive (un peu comme le mythe de Gabriel censé révéler le Coran à Mohamed). Mais après l’idolâtrie du veau d’or, Moïse brise ces deux premières tables, de colère. Il est obligé de monter à nouveau au Sinaï pour en obtenir deux autres. Seulement, cette fois-ci, le texte ne dit pas que ces tables soient écrites du doigt de Dieu. C’est simplement Moïse qui les réécrit sur la pierre.


Le parallèle avec la femme adultère est frappant : le peuple a commis un adultère en trompant YHWH avec le veau d’or, ce qui oblige Moïse à réécrire la Loi pour tenir compte de leur infidélité. Jésus rappelle aux accusateurs qu’ils sont adultères, comme cette femme, lorsqu’ils instrumentalisent la Loi en idolâtrant la lettre de la Loi (lapider l’adultère) au lieu d’en suivre l’Esprit (pardonner aux pécheurs). Il réécrit alors la Loi (deuxième geste d’écriture), comme Moïse, en évitant de la figer dans une interprétation fixiste, intégriste (d’où l’écriture « sur la terre »).

 

Les rabbins aujourd’hui encore se souviennent des deux Tables brisées écrites par le doigt de Dieu : elles représentent pour eux la Torah orale, celle qui n’est pas dans les textes, mais dans l’interprétation, dans la tradition orale, qui n’est jamais figée une fois pour toutes dans la pierre, car sans cesse façonnée et renouvelée par l’intelligence spirituelle. Les multiples commentaires de la Torah (Talmud, Michna, Guémara, Zohar, Kabbale etc.) témoignent de cette interprétation infinie qui invite les juifs à « lire aux éclats » selon la belle formule de Marc Alain Ouaknin.

Les chrétiens prolongent cette exégèse en voyant dans l’Esprit Saint la « seconde Loi »  communiquée par Jésus. C’est l’Esprit qui fait vivre (cf. le Credo) la lettre gravée dans le texte. C’est l’Esprit qui peut tirer sans cesse du neuf à partir de l’ancien. C’est lui qui met le vin nouveau dans des outres neuves.

 

 doigtEn se penchant vers la terre, Jésus ne fait pas seulement un geste d’humilité (s’abaisser). Par ce geste, il montre que la Loi nouvelle n’est pas en surplomb, et n’est pas faite pour humilier. Il dessine par ce geste le parcours même de son Incarnation, de sa kénose : se baisser à terre jusqu’à rejoindre l’humanité dans son péché. Plus encore, il a été pour nous « identifié au péché » (2Co 5,21) afin d’offrir aux pécheurs leur salut. 


D’ailleurs, le récit identifie Jésus et la femme adultère.
- Dans la première partie tous deux se trouvent coincés : la femme est déjà inculpée d’adultère (8,4-5), et contre Jésus les accusateurs cherchent une raison pour l’
« accuser » (8,6). L’Apocalypse de Jean utilisera ce terme d’accusateur pour désigner Satan lui-même : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! Car il est rejeté, l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait, jour et nuit, devant notre Dieu » (Ap 12,10). Voilà les ‘fous de la Loi’ ramenés au rang de Satan (« Vous, vous êtes du diable, c’est lui votre père » Jn 8,44) ! …

- Dans la dernière partie, Jésus et la femme sont tous deux libérés : il n’est personne pour condamner la femme (8,11) et pour l’instant Jésus est « laissé seul » et en paix, après le départ silencieux des accusateurs (8,9). 

Voilà pourquoi Jésus s’identifie sans peine à la femme adultère, lui qui n’a jamais commis de péché. Jésus subira même plusieurs tentatives de lapidation (Jn 8,59 ; 10,31 ; 11,8).

Il « mime » son incarnation en se mettant en-dessous de la pécheresse, pour la sauver. Le grain de blé tombé en terre porte ainsi beaucoup de fruit (Jn 12,24).

 

La première fois qu’il écrit sur la terre, Jésus s’ancre dans la révélation faite à Moïse : le doigt de Dieu écrit la Loi de salut pour ceux qui l’accueillent. Jésus a déjà expérimenté cette équivalence lorsqu’il libérait les possédés de leur aliénation : « En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous » (Lc 11,20). Alors que les spécialistes des textes de la Torah – eux – ne veulent même pas pratiquer ce qu’ils enseignent : « Vous aussi, les docteurs de la Loi, malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux d’un seul doigt » (Lc 11,46). 

Tout cela est donc bien une affaire de doigté

 

LE FESTIN DE BALTHAZARDans l’Ancien Testament, le seul passage où l’on parle de doigt [2] qui écrive – hors Sinaï – est le fameux banquet royal ou le prophète Daniel déchiffre pour le roi de Babylone (Balthazar) les inscriptions mystérieuses inscrites par « les doigts d’une main d’homme » (mais le message vient de YHWH) sur le mur de la salle du festin, et cela dans un contexte d’idolâtrie (qui fait penser à l’adultère d’Israël) : « Après avoir bu, ils entonnèrent la louange de leurs dieux d’or et d’argent, de bronze et de fer, de bois et de pierre. Soudain on vit apparaître, en face du candélabre, les doigts d’une main d’homme qui se mirent à écrire sur la paroi de la salle du banquet royal. Lorsque le roi vit cette main qui écrivait, il changea de couleur, son esprit se troubla, il fut pris de tremblement, et ses genoux s’entrechoquèrent » (Dn 5,4–6). Les doigts écrivent ici un message d’avertissement salutaire, ou funeste si on l’ignore (Balthazar sera tué lors de la prise de Babylone par les Perses). 

Jésus dénonce l’idolâtrie des ‘fous de la Loi’ voulant lapider les pécheurs au nom de la Loi. Comme Daniel avec Balthazar, son écriture sur la terre est un avertissement : ‘changez votre rapport à la Loi, sinon c’est vous qui périrez !’

 

En point d’orgue de ce développement sur le doigt de Dieu, rappelons que c’est bien ainsi que la liturgie catholique appelle l’Esprit Saint dans le Veni Creator ! 

Donne-nous les sept dons de ton amour,
Toi le doigt qui œuvres au Nom du Père 

  (digitus paternae dexterae : le doigt de la droite du Père),
Toi dont il nous promit le règne et la venue,
Toi qui inspires nos langues pour chanter.

Car c’est bien l’Esprit divin qui communique à l’Église son pouvoir de remettre les péchés, grâce au souffle reçu par les apôtres de la bouche-même du Christ au soir de sa résurrection…

 

L’Esprit est la ‘deuxième Loi’ communiquée par Jésus, et cette Loi n’est pas écrite sur la pierre mais sur la terre, afin que sans cesse le vent de l’Esprit la modèle, la façonne et la renouvelle…

 

4. La nouvelle Suzanne au bain

 lapidationL’exégèse du récit n’est pas pour autant épuisée par cette piste du doigt de Dieu ! Car un autre récit de l’Ancien Testament est singulièrement comparable : le fameux épisode de Suzanne au bain, échappant au viol de deux vieillards, mais accusée par eux en représailles. À tel point que l’air de famille entre les deux donne matière à réfléchir. Les ressemblances sont en effet nombreuses. Les deux femmes sont accusées par les chefs spirituels du peuple (Dn 13,41 et Jn 8,3), qui sont présentés d’une manière très négative (voir Jn 8,6) ; enfin toutes deux sont sauvées, grâce à la sagesse d’un homme de Dieu (Daniel / Jésus).


On sait qu’il faut deux témoins au minimum pour porter une accusation ou un plaidoyer devant un tribunal juif (Dt 19,15 ; Jn 8,17 ; 2Co 13,1 ; Ap 11,3). Les deux vieillards témoins contre Suzanne sont aussi véreux que les docteurs de la Loi traînant la femme adultère en comparution immédiate devant Jésus. Leur accusation ne tient pas la route. Pire, elle se retourne contre eux, qui sont en réalité les vrais coupables. Il n’en reste pas un seul à la fin ! Jésus crée une situation dans laquelle il n’y a pas deux témoins pour attester contre la femme, ce qui serait requis par la Loi pour que quelqu’un soit mis à mort. Donc même ainsi, en évitant le piège, il demeure fidèle à la Loi de Moïse. Autrement dit, il violerait la Loi s’il prenait une pierre et la lapidait avec seulement une personne. Ce serait enfreindre la Loi : il faut deux témoins publics pour attester. Si l’on veut un parallèle, souvenons-nous du procès devant le sanhédrin : ils essaient de trouver deux témoignages sur le fait que Jésus aurait dit vouloir détruire le Temple (Mt 26,60-61), car ils ne peuvent le condamner à mort sans au moins deux personnes prêtes à attester publiquement d’un crime. Et c’est ce qui ne se passe pas ici pour cette femme. Il peut donc lui dire : « moi non plus, je ne te condamne pas ».

 

La femme adultère n’est pas innocente comme Suzanne, mais – comme Suzanne – elle dévoile l’iniquité de ceux qui se servent de la Loi pour leurs intérêts. Jésus est le nouveau Daniel qui, prophétiquement, dévoile la perversité de ceux qui veulent la mort du pécheur (pécheresse).

 

Révéler la malice des accusateurs : telle est bien ici la vocation prophétique de Daniel et de Jésus, qui devient la nôtre par le baptême…

 

5. La main de justice

140px-Hand_of_justice_Louvre_MS85 loiAllez ! Encore une dernière pour la route : il se peut que cet épisode de la femme adultère ait une fécondité sociale inattendue dans l’histoire de France ! En effet, nous avons tous en tête une image de notre manuel scolaire d’histoire où l’on voit saint Louis (Louis IX) rendre la justice sous un chêne à Vincennes. Mais, contrairement à la gravure d’Épinal de nos manuels, le roi n’était en réalité pas assis sur un trône, en majesté. La bulle Gloria et laus du pape Boniface VIII canonisant Louis IX précise que Sa Majesté rendait souvent la justice en s’asseyant à même le sol, par terre, sous un chêne à Vincennes. Cette scène du roi rendant justice humblement, sans trône ni faste, est restée célèbre. Elle illustre son souci de proximité avec ses sujets et son engagement en faveur d’une justice équitable et accessible à tous. Comment ne pas y voir un écho du geste de Jésus se penchant à terre, assis à même le sol, pour écrire la nouvelle justice du royaume de Dieu ? D’autant plus que Louis IX a innové en faisant en sorte que la justice royale supplante celle des barons et des seigneurs locaux, empêtrés dans leurs conflits d’intérêts. Il est même allé jusqu’à autoriser à porter plainte contre les abus de l’administration royale, un peu comme Jésus se plaint de la Loi au nom de la Loi… Il généralisa la procédure d’appel à la justice royale et desserra  l’étau féodal au double profit des individus et de l’État. De fait, son désir de justice a contribué à affermir l’État comme représentant de la volonté générale, ce qui permet de comprendre que la III° République – ‘la laïque’ de Jules Ferry – ait pu se reconnaître en lui.


Cette justice royale est symbolisée par un bâton de bois surmonté d’une main d’ivoire avec trois doigts ouverts, le pouce symbolisant le Roi, l’index, la raison et le majeur la charité, c’est la main de justice, une variante du sceptre, reçue comme lui au moment du sacre. La main de justice est apparue pour la première fois lors du sacre du jeune Louis IX en 1226. Il jura de faire régner la paix, la justice et d’être miséricordieux. Le symbole a été repris par Napoléon qui fit réaliser pour son sacre une main de justice incorporant l’anneau du trésor de Saint Denis. Elle se trouve aujourd’hui au Louvre.

 

Cette main de justice, avec ses doigts prêts à écrire, fait furieusement penser à la main de justice de Jésus tendant le doigt pour écrire sur la terre la nouvelle justice de son royaume, faite de droiture, de pardon et d’amour inconditionnel.

Ah, si la justice des hommes pouvait s’inspirer du récit de la femme adultère ! La main de justice de saint Louis devrait orner nos tribunaux et guider nos délibérations…

 

Ces quelques pistes d’interprétation ne sont pas exhaustives : il y en a bien d’autres ! Que celles-là nous encouragent à discerner ce que le doigt de Dieu écrit dans notre histoire personnelle et collective…

 

_________________________

[1] La part de marché de Tesla dans les voitures électriques est tombée à 9,6 %, au premier trimestre 2025 contre 21,6 % l’année précédente. Sur le marché global de l’automobile européenne, Tesla ne pèse désormais plus que 1,8 %.

[2] Un autre passage y fait allusion, à propos des prodiges accomplis par le bâton de Moïse : « Les magiciens dirent alors à Pharaon : “C’est le doigt de Dieu !” Mais Pharaon s’obstina ; il n’écouta pas Moïse et Aaron, ainsi que l’avait annoncé le Seigneur » (Ex 8,15). Luc y fait sans doute référence en Lc 11,20 : « Si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous ».

 

 

Lectures de la messe

Première lecture

« Voici que je fais une chose nouvelle, je vais désaltérer mon peuple » (Is 43, 16-21)


Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit un chemin dans la mer, un sentier dans les eaux puissantes, lui qui mit en campagne des chars et des chevaux, des troupes et de puissants guerriers ; les voilà tous couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, consumés comme une mèche. Le Seigneur dit : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. Les bêtes sauvages me rendront gloire – les chacals et les autruches – parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer mon peuple, celui que j’ai choisi. Ce peuple que je me suis façonné redira ma louange. »

Psaume
(Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6)
R/ Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête !
 (Ps 125, 3)

Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.

Alors on disait parmi les nations :
« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !

Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.

Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.

Deuxième lecture
« À cause du Christ, j’ai tout perdu, en devenant semblable à lui dans sa mort » (Ph 3, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Frères, tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ, et, en lui, d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la Loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ, la justice venant de Dieu, qui est fondée sur la foi. Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts. Certes, je n’ai pas encore obtenu cela, je n’ai pas encore atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. Frères, quant à moi, je ne pense pas avoir déjà saisi cela. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus.

Évangile
« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre » (Jn 8, 1-11)
Gloire à toi, Seigneur.
 Gloire à toi. Maintenant, dit le Seigneur, revenez à moi de tout votre cœur, car je suis tendre et miséricordieux. Gloire à toi, Seigneur. Gloire à toi. (cf. Jl 2, 12b.13c)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , ,
1...34567...220